La prière de Jésus (2)
La prière de Jésus (2)
Tu me laisses seul. « Pourtant tu résides dans le sanctuaire, ô gloire d’Israël » (Psaume 22, 4). Et moi, je n’ai pas déserté ton sanctuaire. « Tous les jours j’étais près de vous dans le Temple, où j’enseignais » (Marc 14,49). J’ai essayé de faire comprendre à ceux que tu m’as donné pour parents sur terre, qu’il me fallait « être dans la maison de mon Père » (Luc 2, 49), mais tout bons et saints qu’ils fussent, ils « ne comprirent pas la parole » que je leur dis (Luc 2, 50). C’était le zèle pour ta maison qui me dévorait déjà (Psaume 69, 10). (lire la suite)Et lorsque j’ai chassé les vendeurs, les changeurs et les marchands du Temple, c’est parce qu’ils avaient fait de notre maison de prière « une caverne de brigands » (Luc 19, 46). C’est en ce lieu saint que « en toi se sont confiés nos pères ; ils se sont confiés, et tu les as délivrés » (Psaume 22, 5). Ils s’étaient mis pourtant dans de mauvaises passes à de nombreuses reprises. Il a fallu que tes saints serviteurs bataillent avec toi, argumentent et insistent avec véhémence pour que tu te laisses convaincre de leur pardonner, de les délivrer du mal qui, autrement, se serait abattu sur eux. Et moi, vas-tu me laisser seul, désemparé ? N’y aura-t-il personne pour prendre ma défense ? Hélas ! Nul ne s’intéresse à moi. L’on dirait que tous se sont ligués contre moi. Et comme si cela ne suffisait pas, pour faire bonne mesure, tu te retires, et me laisses seul avec moi-même, avec mon angoisse : « Mon âme est triste à en mourir » (Matthieu 26, 38).
Eux, « ils ont crié vers toi, et ils ont été sauvés ; ils se sont confiés en toi, et ils n’ont pas été déçus » (Psaume 22, 6). Nous avions affirmé et garanti : « Non, aucun de ceux qui espèrent en toi ne sera confondu ; ceux-là seront confondus qui sont infidèles sans cause » (Psaume 25, 3). Tu leur as remis leur dette. Tu as fait table rase du passé. Tu t’es montré un Père pour eux. « Pour moi, je ne suis qu’un ver, et non un homme, l’opprobre des hommes et le rebut du peuple » (Psaume 22, 7). Vois à quelle extrémité je suis réduit. De quoi ai-je l’air, sur cette Croix, entouré de deux brigands ? Ah ! Pilate a eu beau faire clouer un écriteau avec l’inscription « Jésus de Nazareth Roi des Juifs » (Jean 19, 19) et prendre la peine de le faire rédiger « en hébreu, en latin et en grec » (Jean 19, 20), cela ne change rien à ma situation, si ce n’est que les sarcasmes redoublent : « Ils en a sauvés d’autres ; ne peut-il pas se sauver lui-même ? Il est roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la Croix, et nous croirons en lui » (Matthieu 27, 42-43). Ils se rappellent que je suis ton Fils. Et toi, tu sembles l’oublier. Tu ne me réponds pas. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Psaume 22, 2).
(à suivre…)
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