La prière de Jésus (5)
La prière de Jésus (5)
Bien sûr, je ne peux pas ne pas aimer. Et même aimer tous ceux qui, tels des chacals, hurlent à mes pieds. Et tous ceux qui au long des siècles brandiront leurs poings menaçants et profèreront toutes sortes d’injures. Je ne peux que les aimer. Tu sais bien que je ne sais rien faire d’autre. Et que c’est ce qui m’a conduit ici… Tu n’as pas oublié, j’espère, la demande que je t’ai adressée il y a un instant : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34). J’espère que tu l’as entendue. Qu’à défaut de me soutenir, tu m’exauces dans les autres…Vois à quel état ils m’ont réduit, « car des chiens m’environnent, une troupe de scélérats rôde autour de moi ; ils ont lié mes mains et mes pieds » (Psaume 22, 17). Regarde donc moi si tu peux me voir. (lire la suite) Je sais que tu me vois. Car « tout est nu et sans masque » à tes yeux (Hébreux 4, 13). C’est pour cela que je ne comprends pas que tu n’interviennes pas. « Père, si tu le veux bien, écarte de moi cette coupe ! Cependant que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne » (Luc 22, 42). Toi, mon Père, tu sais ce qui convient. « Quant à ce jour-là et à cette heure-là, nul n’en sait rien » hormis toi (Matthieu 24, 36). Je suis entre tes mains « comme l’argile entre les mains du potier » (Jérémie 18, 6).
Cela me fait tout drôle que tu ne t’occupes pas de moi, car tu affirmes : « Mon enfant, tu es constamment avec moi, et tout ce qui es tout ce qui est à moi est à toi » (Luc 15, 31). Mon Cœur a besoin de se sentir aimé. Cet amour ne va pas venir des hommes. En effet, le monde « moi, il m’a en haine, parce que je rends de lui ce témoignage que ses œuvres sont mauvaises » (Jean 7, 7). L’Amour ne peut venir que de toi. Eux ils me maltraitent. Toi, tu me traites avec bonté.
C’est habituel. C’est dans ta nature. Cela ne se remarque pas nécessairement. C’est tout un climat, tout un ensemble d’attentions qui rendent la vie aimable. Mais là, j’ai besoin de sentir tes prévenances paternelles. « Hâte-toi, Yahvé, de me secourir » (Psaume 70, 2).
« Je puis compter tous mes os » (Psaume 22, 18). Je suis devenu squelettique. Ce n’est pas grave en soi. Que m’importe ! Mais mes forces m’abandonnent, je sens la vie me délaisser peu à peu. Ne viendras-tu pas à mon secours ? « Maintenant, mon être est en émoi, et que dire ? Père, préserve-moi de cette heure. Mais c’est pour cela que je suis arrivé à cette heure »… (Jean 12, 27). Je ne sais plus où j’en suis. « Aussi bien le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Marc 10, 45). Oui, c’est bien cela.
(à suivre…)
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