Souffrir et aimer
Souffrir et aimer
« Je comprends que, par Amour, tu désires souffrir avec le Christ » (saint Josémaria, Forge, n° 758). Seul l’Amour, en effet, peut parvenir à la folie de la souffrance, de la Croix, que le monde ne comprend pas, « scandale pour les Juifs, folie pour les païens » (1 Corinthiens 1, 23). Mais si nous aimons quelqu’un que nous voyons souffrir, et qu’en outre il nous est possible d’alléger sa souffrance, pouvons-nous rester insensibles et ne rien faire ? Si de plus cette personne souffre pour venir en aide à d’autres, pour les aider à se titrer d’affaire, pour alléger leurs propres douleurs, n’avons-nous pas là un motif supplémentaire de participer joyeusement à cette douleur ? Celle qu’un père ou une mère de famille supporte allègrement pour ses enfants. (lire la suite)Si nous pouvons éviter à l’autre de recevoir des coups, en les détournant sur nous, allons-nous hésiter à le faire ? Si ces coups étaient destinés à notre père ou à notre mère, nous tenterions sans doute l’impossible pour les leur épargner, et serions prêts à consentir tous les sacrifices nécessaires pour leur éviter ce qui nous atteindrait aussi dans notre être. Mais il s’agit de Jésus. Il s’agit de notre Sauveur, qui vient nous racheter de nos péchés. Il s’agit de Celui qui aime les siens jusqu’au bout (Jean 13, 1), prêt à tout endurer. Et nous pouvons, oui il est en notre pouvoir d’alléger le fardeau qui pèse sur ses épaules. « Je comprends que, par Amour, tu désires souffrir avec le Christ : que tu veuilles interposer tes épaules entre lui et les bourreaux qui le fouettent ; que tu offres ta tête, à la place de la sienne, pour recevoir la couronne d'épines ; et tes pieds et tes mains pour les clous... » (Ibid.). Nous substituer à Jésus en quelque sorte. Or, « pour nous c’est justice, car nous recevons ce que nos actes nous ont valu » (Luc 23, 41). Car c’est précisément pour nos péchés que Jésus se trouve malmené méchamment puis cloué sur la Croix. C’était nos péchés qu’il portait. La logique voudrait que le châtiment retombe sur nous puisque nous sommes les coupables, les vrais coupables. « Lui n’a rien fait de répréhensible » (Luc 23, 41). Au contraire, les foules s’extasiaient en reconnaissant qu’il « a tout bienfait » (Marc 7, 37).
Notre courage ne va peut-être pas jusque là. Nous avons sans doute peur de prendre une volée de bois vert, de souffrir dans notre chair. Alors nous pouvons adopter une situation moins exigeante, qui traduit quand même notre amour de Dieu. Je comprends « pour le moins, que tu veuilles accompagner notre Mère Sainte Marie, au Calvaire, et t'accuser toi-même de déicide pour tes péchés.. » (Ibid.).Car jésus est vrai Homme, mais d’abord et avant tout vrai Dieu. Et le châtiment qui le frappe a été décidé par l’ensemble des pécheurs réunis contre lui. Nul, en dehors de Marie, même le très saint Joseph, n’est étranger à la condamnation qui a été prononcée à son encontre. Nous savons, nous reconnaissons que toi seul « a les paroles de la Vie éternelle » (Jean 6, 68). Et pourtant, au final, nous participons avec tous les autres à la Passion du Seigneur… Il nous faut « souffrir et aimer » (Ibid.), mener une vie pénitente, d’expiation, participer à la Passion que nous avons provoquée en souffrant avec notre Seigneur, et prouver ainsi notre amour, tant il est vrai rien n’est plus grand que l’amour.
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