Complainte de l’exilé (4)
Complainte de l’exilé (4)

Comment être triste, alors même que c’est le sacrifice de la Croix qui est rendu présent ? Mais il est victoire sur le monde. Il signifie la défaite cuisante du diable, dont nous subissons les derniers soubresauts, comme l’hydre dont on a coupé la tête continue de se tordre dans des convulsions dérisoires. Ô mon âme, « espère en Dieu, car je le louerai encore, lui, le salut de ma face et mon Dieu » (Psaume 42, 6-7). Oh ! vraiment, « Yahvé est ma lumière et mon salut : qui craindrais-je ? Yahvé est le rempart de ma vie : de qui aurais-je peur ? » (Psaume 27, 1). Rien ne peut m’inquiéter. « Même quand je marche dans une vallée pleine d’ombre, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ; ta houlette et ton bâton, c’est mon réconfort » (Psaume 23, 4).
Moi avec toi et toi avec moi. Ma compagnie ne t’effraie pas. Tu sais surmonter la répugnance que j’inspire parce que « tu es mon Berger » (Psaume 23, 1). « Asperge-moi avec l’hysope » (Psaume 51, 9). Mon Dieu, « aie pitié de moi ! Guéris mon âme, car j’ai péché contre toi ! » (Psaume 41, 5). « Agis envers ton serviteur selon ta miséricorde » (Psaume 119, 124). Je ne te demanderai jamais assez d’avoir pitié de moi, de me pardonner mon péché. « C’est contre toi, toi seul, que j’ai péché » (Psaume 51, 6). « En moi mon âme est abattue » (Psaume 42, 7), en considérant cette masse d’iniquité. « En moi mon âme est abattue ; aussi je pense à toi, du pays du Jourdain et de l’Hermon, du Mont Miçar » (Psaume 42, 7), du pays de l’Eucharistie, du Cénacle où nous nous retrouvons et où je viens refaire mes forces. « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime » (Jean 21, 17).
Je ne le prouve peut-être pas beaucoup. Pourtant, tu le sais mieux que moi. Si je t’aime, c’est d’ailleurs parce que tu m’apprends à aimer, et que tu me donnes l’amour avec lequel tu veux que je t’aime ! Autrement, j’en serais bien incapable. Tu sais donc que ce sont des sentiments sincères. Mais que je puisse faire mieux, mille fois mieux, voilà qui est clair ! C’est pourquoi « je pense à toi ».Ta simple évocation réjouit mon cœur, me stimule. Alors ta fréquentation produit de tous autres effets.
(à suivre…)