Zachée (4)
Zachée (4)
Mais cet arrêt n’est ni fortuit ni forcé. Jésus a vu Zachée de loin, et il le connaît à fond. Il veut transformer sa curiosité en quelque chose de plus profond. Il lui réserve une surprise de taille : « Zachée », lui dit-il. Zachée est doublement interloqué. D’abord, que Jésus s’adresse à lui. Ensuite, qu’il le désigne par son prénom, comme s’ils étaient de vieilles connaissances. De fait, Zachée est une connaissance de toujours pour Jésus. Mais le publicain ne peut imaginer ni d’où ni comment.« Qu'un autre vienne en son propre nom, et vous le recevrez » (Jean 5, 43). Jésus a une vision nettement plus positive de la nature humaine que nous. Il la connaît bien, car c’est lui qui l’a créée. Et il l’a créée bonne (lire la suite) (cf. Genèse 1, 31). Il la connaît de l’intérieur, parce qu’il l’a créée « à son image et à sa ressemblance » (Genèse 1, 27). C’est pourquoi, contrairement à nous, qui jugeons facilement les autres irrécupérables, lui, il est d’avis que tout homme peut se convertir et racheter sa vie. C’est la raison même de son Incarnation. Autrement celle-ci serait dépourvue de sens.
Aux yeux des pharisiens, Zachée est condamné irrémédiablement. Pour Jésus, il peut devenir un saint. Là est toute la différence. Et il veut lui donner l’occasion de s’engager sur la voie du repentir et de la rectification. Deux logiques s’affrontent, deux regards sur l’homme. C’est Jésus, bien sûr, qui nous montre combien l’amour devrait guider notre démarche quotidienne et notre appréciation des autres. Il semble parfois que nous nous réjouissons du mal d’autrui au lieu de nous poser la question de savoir si nous ne pourrions pas faire quelque chose pour lui venir en aide et contribuer à un changement profond de sa vie.
« Quand il arriva à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, hâte-toi de descendre, car aujourd'hui il faut que je demeure dans ta maison » (Luc 19, 5). « Il faut. » Jésus présente sa venue chez Zachée comme un impératif. Ile ne lui laisse pratiquement pas le choix, tout en ne le forçant pas. Mais il lui fait comprendre qu’il existe au moins un rabbi qui ne le méprise pas, qui ne l’exclut pas de sa société et qui n’a pas peur de se mêler aux pécheurs dont il fait partie. Une lumière de bonheur s’allume en lui. Il découvre comme une nouvelle raison de vivre. Il n’est pas l’homme que l’on évite et à qui l’on ne s’adresse qu’en tremblant, mais quelqu’un qui est pris en considération tout simplement dans son humanité, quelqu’un qui semble accepté et reconnu dans sa dignité, indépendamment de sa fonction sociale.
(à suivre…)
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