Chez Simon le lépreux (2)
Pour le moment toutefois, elle fait l’objet de la réprobation générale. En effet, « il y en eut qui s’indignèrent entre eux » (Marc 14, 4). Saint Matthieu, qui était présent, va jusqu’à dire que, « ce voyant, les disciples dirent avec indignation : À quoi bon ce gaspillage ? » (Matthieu 26, 8). Ils sont unanimes à déplorer le geste de la femme qui leur apparaît comme scandaleux. « Et d’où vint aux disciples une telle pensée ? C’est qu’ils avaient entendu le Maître leur dire : ‘Je veux la miséricorde, et non le sacrifice’ (Osée 6, 6) ; reprocher aux Juifs de laisser de côté les choses importantes, le jugement, la miséricorde et la foi ; recommander notamment l’aumône dans son sermon sur la montagne. Recueillant tous ces faits, ils pensaient
(lire la suite) en eux-mêmes que, si le Seigneur n’admettait pas les holocaustes et les cérémonies de l’ancienne loi, à plus forte raison devait-il réprouver l’effusion de ce parfum. Voilà quelle était leur appréciation ; mais lui qui voyait les sentiments de cette femme, approuva son action. Elle était animée d’une piété sincère, d’une admirable ferveur : il lui permit donc, avec une condescendance non moins admirable, de lui verser sur la tête l’huile qu’elle portait » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Matthieu 80, 1).
Le raisonnement n’est pas le même. L’approche n’est pas identique. Le Seigneur se place d’ordinaire sur un autre plan que ses apôtres, qui en restent encore à des considérations très humaines. Ils ont vite fait de jauger le vase et son contenu pour en estimer la valeur : « On aurait pu vendre ce parfum bien cher et en donner le prix aux pauvres » (Matthieu 26, 9), un prix évalué à « plus de trois cents deniers » (Marc 14, 5). C’est-à-dire, précise ma version de la Bible, le prix d’un esclave. Cela ne nous dit rien de nos jours, fort heureusement. Mais enfin, l’on n’achetait pas un esclave tous les jours. C’était manifestement une dépense très coûteuse, à en juger par la réaction des disciples du Seigneur qui « grondaient contre elle » (Marc 14, 5), la dénigrant et lui en voulant.
(à suivre…)
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