Chez Simon le lépreux (5)
Le récit du même événement par saint Jean diffère quant à la date, « six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare, que Jésus avait ressuscité des morts » (Jean 12, 1), et quant au lieu, car il semble se dérouler chez Marthe, Marie et Lazare. C’est d’ailleurs l’hypothèse que n’hésite pas à retenir le même commentateur, saint Jean Chrysostome : « Comment douter de la résurrection de Lazare en le voyant manger et agir plusieurs jours après ? Il s’ensuit manifestement que le repas se donna alors dans la maison même du ressuscité ; car ses sœurs et lui reçoivent Jésus comme des amis tendrement aimés. […] Marie, elle, ne servait pas ; elle était toute occupée à écouter Jésus. Ici aussi elle nous offre une conduite beaucoup plus spirituelle. Si elle ne servait pas, si elle ne vaquait pas aux soins ordinaires de la maison, c’est qu’elle était appelée : son unique dessein était d’honorer le Sauveur, de l’honorer non comme un homme, mais comme un Dieu. Voilà pourquoi elle répand sur sa tête un parfum et elle l’essuie avec ses cheveux, preuve évidente qu’elle a de Jésus une idée toute autre que le vulgaire » (saint Jean Chrysostome,
Homélies sur saint Jean 65, 2).
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Pour le reste, nous avons aussi une différence notable en ce que, cette fois-ci, c’est Judas l’Iscariote qui se révolte contre le « gaspillage » apparent de cette femme versant de l’huile. Cette femme est appelée ici Marie. C’est donc la sœur de Lazare et de Marthe, ce qui milite bien en faveur du déroulement de l’action chez elle… « Marie prit alors un parfum de nard vrai, d’un grand prix, en oignit les pieds de Jésus – et non plus la tête, comme chez saint Matthieu et saint Marc – et lui essuya les pieds avec ses cheveux : toute la maison fut pleine de l’odeur du parfum » (Jean 12, 3). Matthieu et Marc parlaient d’un flacon. Pour un flacon, c’est un grand flacon, puisqu’il contient une livre de parfum…
Cette fois-ci donc c’est Judas qui proteste. Sans doute reçoit-il le consentement, l’approbation des autres apôtres et peut-être même de tus les convives scandalisés par le comportement insensé de cette femme. mais Jean fait remarquer qu’en critiquant Marie, « il dit cela, non qu’il eut souci des pauvres, mais parce qu’étant voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu’on y mettait » (Jean 12, 5). « Si l’on demande la raison pour laquelle le Sauveur avait confié au disciple infidèle l’argent destiné aux pauvres, et choisi pour trésorier le disciple que dévorait l’avarice, nous répondrions que Dieu seul connaît ce mystère ; tout au plus oserions-nous dire par conjecture qu’il voulait le rendre ainsi de tout point inexcusable. En effet, Judas ne pouvait plus alléguer comme mobile de sa trahison l’amour de l’argent, puisqu’il lui était si facile de satisfaire sa cupidité : il n’obéissait donc qu’à la noirceur et à la perversité de son âme, à cette même perversité que le Christ, dans son indulgence inépuisable, s’efforçait de réprimer » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 65, 2).
(à suivre…)
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