Chez Simon le lépreux (3)
« Mais Jésus, s’étant aperçu de la chose, leur dit : ‘Pourquoi peiner cette femme ? Car c’est une bonne action qu’elle a faite à mon endroit’ » (Matthieu 26, 10). Voilà pour commencer. Bien loin de lui reprocher son comportement, notre Seigneur en souligne le côté positif. « C’est une bonne action. » Et puisqu’ils se sont montrés soucieux des pauvres, ce qui est sentiment noble, Jésus ajoute : « Toujours, en effet, vous aurez des pauvres avec vous », et vous aurez donc tout le loisir de leur venir en aide, « mais moi, vous ne m’aurez pas toujours » (Matthieu 26, 11). Ne vous ai-je pas dit : « La Pâque, comme vous le savez, a lieu dans deux jours, et le Fils de l’homme va être livré pour être crucifié » (Matthieu 26, 2) ? Moi, vous ne m‘aurez pas toujours avec vous. « Encore un peu, et vous ne me verrez plus » (Jean 16, 16). « En vérité,
(lire la suite) en vérité, je vous le dis : Vous pleurerez et vous vous lamenterez, vous autres, alors que le monde sera dans la joie » (Jean 16, 20). Laissez donc cette femme tranquille, car, « en mettant ce parfum sur mon corps, c’est pour m’ensevelir qu’elle l’a fait » (Matthieu 26, 12). « Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait : elle a, par avance, parfumé mon corps pour mon ensevelissement » (Marc 14, 8).
Jésus « nous apprend à tous par un tel langage que nous devons accueillir et favoriser un bien quelconque, n’importe quel en sera l’auteur, et tâcher de le conduire à la perfection, au lieu d’exiger qu’il soit parfait dès le principe. […] De même que, si quelqu’un eût posé la question avant l’acte de cette femme, il aurait déclaré que cela ne devait pas se faire ; de même, l’acte une fois accompli, il ne se propose qu’une chose ; de mettre cette femme à l’abri des pénibles récriminations de ses disciples, et de l’acheminer par ses encouragements vers un plus grand bien. Quand l’huile était déjà répandue, leur réprimande devenait intempestive. […] Il n’a pas voulu refroidir la piété de cette femme, et tout ce qu’il dit tend à l’encourager. Puis, comme il avait prononcé cette parole : ‘Elle l’a fait pour ma sépulture’, craignant de l’avoir jetée dans l’anxiété par cette image funèbre, en évoquant les idées de sépulture et de mort, voyez comment il la relève, en ajoutant : ‘Ce qu’elle a fait sera raconté dans le monde entier’ » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Matthieu 80, 2).
(à suivre…)
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