Chez Simon le lépreux (6)
Dans le récit de Jean, c’est ce Judas, « un des disciples, celui qui devait le livrer, [qui] dit : Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, qu’on aurait donné à des pauvres ? » (Jean 12, 5). « Judas, dans un semblant de charité, reprend Marie de son action. Le Christ lui répond : ‘Elle a fait une excellente chose, en vue de ma sépulture.’ Pourquoi ne le reprend-il pas vivement au sujet de cette femme, et ne déclare-t-il pas, ainsi que le fait l’Évangéliste, quel était le motif secret de son observation ? Il voulait par sa patience le pousser à changer. Qu’il connût ses projets de trahison, il le lui avait montré ouvertement en disant que tous ses disciples ne voyaient pas ‘que l’un d’entre eux était un démon’ (Jean 6, 71). Qu’il connût donc les projets de Judas, il le fit voir clairement ; toutefois,
(lire la suite) il ne les lui reproche pas formellement, et il use d’indulgence, afin de l’amener à de meilleurs sentiments. Un autre évangéliste ne dit-il pas que tous les disciples se récrièrent en même temps ? Ils se récrièrent tous, Judas comme les autres, mais ceux-ci dans une autre intention que celui-là » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 65, 2).
Marie a bien agi. C’est elle qui a raison, comme Jésus tient à le souligner. Le dénouement est le même que chez l’autre évangéliste. Marie ne pensait pas faire quelque chose d’extraordinaire, car, quand l’on aime vraiment, l’on ne calcule pas. Et, quand celui que l’on aime est Dieu, rien n’est trop beau. Marthe et Marie n’avaient-elles pas reconnu quelques jours plus tôt la divinité de Jésus quand il était venu chez elles et qu’il avait ressuscité leur frère Lazare ? « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Messie, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde » (Jean 11, 27).
Marie a peut-être eu l’intuition que, le moment venu, elle n’aura pas le temps suffisant pour oindre le corps de Jésus et l’embaumer comme il faut. Elle prend les devants : « Elle a, par avance, parfumé mon corps pour l’ensevelissement » (Marc 14, 8).
« Des Juifs en foule considérable surent qu’il était là, et ils y vinrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir Lazare qu’il avait ressuscité d’entre les morts » (Jean 12, 9). La curiosité s’y mêle sans doute. Mais ces gens ne peuvent que louer le Tout-Puissant qui a donné un tel pouvoir à un homme.
Ils rappliquent de partout. C’est que ce miracle n’a rien de banal. C’est en quelque sorte la « mère des miracles », et comme une annonce de la Résurrection à venir du Christ. s’il a le pouvoir de ressusciter des morts, il pourra bien revenir lui aussi de la mort. Il l’a d’ailleurs annoncé clairement : « Je donne ma vie pour la reprendre. Personne ne me l’enlève ; mais je la donne de moi-même. J’ai pouvoir de la donner et j’ai pouvoir de la reprendre » (Jean 10, 17-18).
(à suivre…)
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