Ils sont l’étoile de Noël
Ils sont l’étoile de Noël
Fadi Daou fadi@adyanvillage.netLors d’un récent passage dans une librairie en France, j’ai remarqué que le rayon sur les chrétiens d’Orient occupe la place de choix et il est bien rempli d’anciennes et de nouvelles publications. Sans doute les tristes nouvelles qui arrivent d’Irak et parfois d’autres pays du Moyen-Orient suscitent ce regain d’intérêt pour ce sujet. Tant mieux, sauf si ce n’est que la plupart des livres exposés portent dans leur titre le verbe « disparaître » ou l’une de ses déclinaisons funestes. (lire la suite)
Selon la logique des hommes, ce pessimisme blessant pourrait se justifier. Mais Dieu a une autre logique. Le foi chrétienne nous situe dans le temps de Dieu et nous invite à l’accueillir dans l’enfant de la crèche et le Christ de la croix, et à y percevoir sa puissance d’amour et sa gloire.
C’est pourquoi, celui qui regarde les chrétiens d’Orient avec les yeux de la foi voit en eux la révélation la plus authentique du corps mystique du Christ et de sa présence dans le monde. Comme lui qui n’était accueilli lors de sa venue au monde que dans une crèche, eux aussi sont « en séjour » sur une terre qui la partage avec d’autres sans jamais se l’approprier. Comme lui, manifestant dans son enfance, la fragilité de son existence, eux aussi assument le dénuement de toute logique de puissance. Comme lui qui, face au mal en perspective, s’ouvre dès sa naissance au mystère salvifique du don ultime de soi sur la croix, eux aussi, face à la haine aveugle et à la terreur absurde, ils refusent de s’enfermer dans une logique de rejet de l’autre ou de repli sur soi ; ils s’abandonnent plutôt à la providence en restant inébranlables dans leur fidélité au Père et leur mission d’être le sel de la terre, cette terre qui recueille le sang de leurs martyrs et fait germer les semences de leurs saints.
Aussi, leur disparition n’en est-elle pas une. Elle serait plutôt comme celle du Christ : une croix glorieuse ou un tombeau vide, source de vie. Les chrétiens d’Orient sont donc dans la nuit de ce monde comme l’étoile de Noël qui indique le lieu de la véritable présence de Dieu et guide vers lui. Comme l’étoile, ils ne disparaitront que quand le soleil se lèvera et que le monde tout entier sera illuminé par « le jour du Seigneur ». Ce qui est considéré comme « disparition » n’est donc qu’une forme de transfiguration pour l’Eglise et pour le monde.
C’est pourquoi, je fus bouleversé et attristé devant ce rayon de livres, non pour la situation des chrétiens d’Orient, mais pour la mécompréhension de leur message et de leur mission, pour l’étiolement de l’horizon d’espérance chez ces auteurs et lecteurs, et la disparition pour eux de la lumière de Pâques et du feu de la Pentecôte. Il ne s’agit pas de nier la réalité, mais de refuser de tuer deux fois ces martyrs de la foi. Après leur mort physique, le danger est de dénigrer le sens de leur vie et de leur martyre. Je ne crains pas pour les chrétiens d’Orient de celui qui tue le corps, mais plutôt de celui qui leur fait perdre leur âme et leur force intérieure. Et ce dernier, cet ennemi, peut être en chacun de nous, à chaque fois que nous oublions que dans tout ce qu’ils vivent, ces chrétiens sont pour le monde ainsi que pour l’Eglise universelle l’étoile de Noël. Sinon, comment trouvera-t-on aujourd’hui la crèche du Verbe fait chair si on ne sait plus lire les signes des temps et du ciel ?
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