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mardi 8 mars 2011

Le statut de la femme à Paris (1)

Le statut de la femme à Paris (1)

En réagissant avec une passion qui agite le Tout-Paris de l’époque contre le deuxième Roman de la Rose de l’universitaire Jean de Meung, Christine de Pisan, la femme de lettres humaniste de la cour de Charles V, fait preuve de perspicacité. Elle y perçoit, avec raison, la manifestation et la propagation d’un radical bouleversement des mentalités qui sera à la source d’idéologies, de mœurs, de législations qui considèrent et traitent la femme comme un être inférieur. Nous avons du mal à saisir les termes et les enjeux du débat, car il se situe, au sein de la longue histoire du monde occidental, au niveau des effets sociaux d’une mutation spirituelle et théologique. Or, spontanément, nous refusons d’admettre qu’une spiritualité puisse engendrer des conséquences sociales fondamentales (depuis un siècle notre pensée se fonde sur le principe que c’est la société qui créée et modifie les spiritualités) et les idées reçues de nos jours attribuent souvent à la foi chrétienne très précisément les conceptions et les comportements qu’elle combat. (lire la suite)
Quand intervient Christine de Pisan, alors que s’élaborent une organisation des Etats et de nouvelles conceptions de la société en Occident, des résurgences païennes profondes, portées à l’Université par Aristote et même l’Art d’aimer d’Ovide, à la ville et à la cour par le droit romain, remettent en cause les patientes et persévérantes, fragiles et encore partielles conquêtes de la foi chrétienne qui tendent à faire reconnaître et respecter la femme à l’égal de l’homme. Ce qui est en jeu est fondamental. Les dynamismes fondamentaux de la société sont-ils ceux de la foi ou ceux du paganisme ? On ne s’étonnera donc pas de trouver aux côtés de Christine de Pisan et des « féministes » un théologien et un pasteur d’envergure, Gerson le chancelier de l’Université. La vigueur et l’importance de la polémique à Paris s’expliquent par la place que tiennent, du XIVe au XVIIe siècles, l’Université et le roi de France dans l’élaboration de la civilisation que l’on appellera moderne.
Sans donner tous les éléments d’un débat toujours complexe et parfois ambigu, il vaut la peine d’en donner quelques traits éclairants pour nous aujourd’hui.
Quand elle s’installe en Gaule du Nord, à Paris en particulier, la foi chrétienne se trouve confrontée à la civilisation romaine et à celle des Barbares, bientôt à celle des Francs. Il faut bien nous représenter la situation de la femme dans ces civilisations pour comprendre le scandale que provoque la foi, les bouleversements sociaux (une véritable révolution) qu’elle engendre, les résistances qu’elle doit vaincre, lorsqu’elle affirme et veut faire passer dans les mœurs que la femme est l’égale de l’homme, en se fondant sur une conception spirituelle de la femme comme créée comme l’homme à l’image de Dieu et comme lui sauvée en Jésus-Christ.

(à suivre…)

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