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vendredi 5 juillet 2013

Aimer ses ennemis (2)

Aimer ses ennemis (2)

« Qu’y a-t-il de commun dans ces deux cas ? Essentiellement la dissymétrie de la relation. Dans le premier cas, je dois traiter l’autre (l’inférieur) non pas comme un inférieur, ce qui pervertit la charité, mais comme un égal : s’il ne l’est pas, il doit le devenir. Dans le deuxième cas, je dois considérer l’autre non pas sous l’angle de l’ennemi, ce qui rend la charité impossible, mais du frère : il ne l’est pas encore, il est appelé à le devenir, et la charité anticipe sur cet avenir espéré. Pour Augustin, la sollicitude pour l’autre sans l’estime est une aliénation qui menace aussi de pervertir la charité » (M. Neusch, Saint Augustin. L’amour sans mesure, Le Muveran, Parole et Silence, 2001, p. 150. « Si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Mt 5, 20). Le Seigneur s’élève contre la justice purement légaliste, formelle, consistant à s’acquitter d’obligations sans y mettre le cœur, à accomplir des devoirs par crainte des châtiments qui accompagneraient inéluctablement leur non observance. (lire la suite) Comme il venait tout juste de le déclarer, « ne pensez pas que je sois venu abroger la Loi et les Prophètes. Je ne suis pas venu abolir, mais parfaire » (v. 17). Or, cette perfection que notre Seigneur apporte, cette correction qu’il introduit n’est autre que l’Amour. La loi nouvelle est une Loi d’Amour. Dieu se révèle, non pas comme un vengeur ou un justicier impitoyable, mais comme un Père qui aime tendrement ses enfants et qui veut que tous soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, grâce à son Fils dans l’effusion de l’Esprit d’Amour. C’est pourquoi le Christ nous donne une indication pratique : « Si donc tu viens présenter ton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, reviens présenter ton offrande » (v. 23-24). Le Seigneur ne nous dit pas : « Si tu te souviens que toi, tu as quelque chose contre ton frère », ce qui, en soi, serait un bon motif pour déposer notre offrande et offrir la réconciliation à notre frère. Mais il inverse les termes du rapport : « Si tu te souviens que ton frère à quelque chose contre toi … » La démarche est encore plus engageante et plus héroïque. Cela n’est en rien chose aisée. Parce que le frère dont il est question, et qui est celui qui a quelque chose contre nous, ce n’est pas seulement un membre de notre famille, de notre communauté paroissiale…, mais c’est tout homme. La demande poignante de Jésus à son Père concerne tous les hommes de toutes les générations : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). (à suivre…)

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