Arrêts sur christianisme (74)
« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1, 14). Le Logos se fait chair : nous sommes tellement habitués à cette parole que nous ne nous rendons plus compte de la synthèse divine inouïe accomplie entre ce qui était séparé de façon apparemment infranchissable, synthèse que les Pères ont pénétrée pas à pas par la pensée. Ici résidait et réside la véritable nouveauté chrétienne qui était absurde et impensable pour l’esprit grec.
Ce qui est affirmée ici n’est pas tiré – comme on le postule aujourd’hui trop souvent sans avoir réfléchi – d’une culture précise, qu’elle soit sémitique ou grecque. Cette affirmation s’oppose au contraire à tous les types de culture que nous connaissons. Elle était aussi déroutante pour le Juif que pour le Grec, quoique pour d’autres raisons. Il en est de même pour l’Indien ou encore pour l’esprit moderne qui considère la synthèse entre le monde des phénomènes et celui des noumènes comme complètement irréelle et la conteste avec toute l’assurance de la rationalité moderne. ce qui est dit ici est « nouveau » puisque cela vient de Dieu et ne pouvait être opéré que par lui-même. Pour toute l’histoire et toutes les cultures, c’est une complète nouveauté dans laquelle nous pouvons entrer par la foi, uniquement par la foi, et qui nous ouvre des horizons tout à fait nouveaux de pensée et de vie.
J. Ratzinger,
Dieu nous est proche. L’Eucharistie au cœur de l’Église, Le Muveran, Parole et Silence, 2003, p. 16-17.
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