La résurrection de Lazare (6)
Jésus « manifeste son humanité ; il pleure, il est ému. D’ordinaire, le regret éveille en nous la sensibilité. Contenant ensuite son émotion, réprimant le trouble qu’il éprouvait – et c’est là ce que veulent dire les mots ‘il frémit intérieurement’ – il demande à ceux qui l’entourent : ‘Où l’avez-vous déposé ?’ Il ne voulait pas verser des larmes en posant cette question ; mais cette question, quelle en est l’utilité ? Le Seigneur tenait à ne pas se mettre en avant, à tout apprendre de leur bouche et à n’intervenir que sur leur prière, afin que le miracle fut au-dessus de toute suspicion ; on lui répondit : ‘Venez et voyez. Et Jésus pleura’.
Jusqu’ici rien n’apparaît qui présage une résurrection ; si le Maître s’approche du tombeau, c’est pour pleurer, semble-t-il, et non pour rappeler le mort à la vie. Ainsi le comprirent les Juifs qui disaient : ‘Voilà comme il l’aimait ; quelques-uns d’entre eux ajoutaient : Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle-né, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ?’ » (saint Jean Chrysostome,
Homélies sur saint Jean 63, 1).
(lire la suite) « Et il dit : « Où l'avez-vous mis ? » « Seigneur, lui répondirent-ils, venez et voyez. » Et Jésus pleura » (Jean 11, 34-35). Nous ne pouvons pas rester insensibles face à la douleur de notre Seigneur. Elle n’est pas feinte. C’est sa très Sainte Humanité qui s’exprime de la sorte. « Il a été éprouvé en tout de la même manière que nous, le péché exclu » (Hébreux 4, 15). Nous le voyons bien ici. Et c’est très beau. Jésus nous est ainsi très proche. Il nous comprend dans notre détresse, parce qu’il l’a connue personnellement, il l’a partagée.
« Les Juifs dirent : « Voyez comme il l'aimait. » Mais quelques-uns d'entre eux dirent : « Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux d'un aveugle-né, faire aussi que cet homme ne mourût point? » (Jean 11, 36-37). Attendez donc un peu ! Patientez. Ayez l’humilité de ne pas juger Dieu, de ne pas lui dicter ce qu’il doit faire…
« Jésus donc, frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre » (Jean 11, 38). Son émotion n’est pas passagère, mais profonde, comme profond était son lien d’amitié avec Lazare et ses deux sœurs. Il souffre aussi pour elles, à cause de leur propre douleur. « Jésus donc, frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre: c'était un caveau, et une pierre était posée dessus » (Jean 11, 38). C’est le style de tombeau de l’époque, obstrué par une pierre que l’on fait rouler, et qu’il est fort difficile ensuite de déplacer. L’on se souvient de la réflexion que se font les saintes femmes au matin de Pâques ; tandis qu’elles se rendent au Saint-Sépulcre pour achever d’embaumer le corps du Seigneur : « Elles se disaient entre elles : « Qui va nous rouler la pierre de devant l’entrée du tombeau ? » (Marc 16, 3). Ce jour-là, la question était superflue, car la pierre avait déjà été roulée…
(à suivre…)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire