Les plans de Dieu (21)
D’Adam et d’Ève, j’attendais qu’ils portâssent du fruit précisément. Celui que je leur destinai, un nouveau don gratuit de ma part, « et le meilleur – qui viendrait à son Heure et qu’il fallait attendre l’homme étant libre toutefois, l’arbre et son fruit à portée de la main. Son attitude à cet égard serait décisive pour sa propre destinée. Et la façon dont il y goûterait - l’acte privilégié de « connaissance » à travers lequel il y parviendrait – serait aussi révélateur de l’orientation « bonne ou mauvaise » de sa liberté. Ou bien, en vrai fils de Dieu, il attendrait du Père « de qui procède toute paternité au ciel et sur la terre » (Éphésiens 3, 15) de recevoir le Fruit, c’est-à-dire de devenir père lui-même dans l’écoute et le prolongement de la Parole créatrice :
(lire la suite) et ce serait alors un fruit de vie, un race d’enfants du Dieu vivant… Ou bien il ne saurait pas attendre le don : il le devancerait, il ferait ses propres œuvres indépendamment du Père, et pour ainsi dire il le volerait, non sans avoir trafiqué pour l’obtenir par des moyens pseudo-scientifique : hélas ! le fruit ainsi extorqué se révélerait un fruit de mort, un fruit pourri, une race d’enfants du diable : car cette impatience orgueilleuse et possessive de créer la vie, d’être « comme Dieu », venait du « père du mensonge », elle venait en droite ligne de l’« envie du diable » (D. Debuisson, Mangeuse d’hommes).
J’avoue que j’étais fier de ma création, et il y avait de quoi, à vrai dire. Elle est comme « le premier livre de ma Révélation » (G. de Menthière, Dix raisons de croire, p. 102). « Les cieux racontent la gloire de Dieu » (Proverbes 18, 1), et tous les autres êtres aussi d’ailleurs. Sauf les malheureux anges qui se sont rebellés contre moi, qui sont entrés dans une dissidence affichée à tout jamais. Sauf l’homme aussi, quand la folie le prend de me tourner le dos et de m’expulser de son horizon. Mais celui-là, sa faiblesse me fait pitié et je sors à sa rencontre pour lui pardonner et le serrer bien fort dans mes bras, afin qu’il comprenne bien qu’il est mon enfant et que je suis son Père (cf. Luc). je vous ai créés parce que je vous ai créés. C’est comme cela. C’est une conséquence de mon Amour fou et infini. Je vous ai créés pour ma gloire. Il ne pouvait pas en aller autrement, car, moi, je suis la Perfection infinie, dit Dieu. Je ne manque de rien. Or, si, par pure hypothèse, j’avais agi pour un autre motif que ma gloire, vous auriez cru que j’étais déficient, qu’il me fallait satisfaire un besoin quelconque. Mais tel n’est pas le cas. Je me suffis à moi-même, et largement. Car je ne suis pas seul : nous sommes Trois de la Trinité. Il ne m’était donc pas possible, métaphysiquement parlant, d’agir pour une cause qui me serait externe. Penser cela, ce serait m’enfermer dans des limites et des imperfections. Or moi, dit Dieu, je suis la Perfection absolue.
(à suivre…)
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