Mission impossible (3)
Le comble, pour ainsi dire, est que le Béni fait une annonce on ne peut plus déconcertante : « Moi, j’ai endurci son cœur » (Exode 4, 21). C’est comme si Dieu demandait à Moïse et à Aaron d’aller s’adresser de sa part à pharaon et qu’il se rangeait du côté de ce dernier, tout en leur promettant qu’il leur indiquera tout ce qu’ils devront faire (cf. Exode 4, 16). C’est d’une logique déroutante, assez impénétrable, il faut le reconnaître. Mais comme il s’agit de la logique de Dieu, nous devons l’accepter par principe sans barguigner. Parce que Dieu assure quand même que sa Volonté finira par l’emporter.
Le Seigneur nous enseigne par là qu’il est raisonnable contre toute apparence de lui faire confiance envers et contre tout. Mais aussi qu’être à son service suppose immanquablement de se laisser clouer avec lui sur la Croix. Car le Serviteur n’est pas au-dessus de son maître (cf. Jean 13, 16).
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Il lui en a coûté à notre Seigneur de nous racheter. Il est au fond bien normal qu’il nous en coûte aussi à nous de coracheter avec lui. D’autant que nous nous heurtons aux mêmes obstacles que lui, notamment à l’action du diable se servant lui aussi de la médiation d’être humains, que nous appelons ses suppôts.
Moïse ne réussira donc pas à convaincre pharaon du premier coup, loin de là, et surtout pas par ses propres forces. Il doit en être bien conscient. Nous aussi. Car le principe fondamental « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5) ne perdra jamais de son actualité. Et ce n’est pas sans conséquences négatives pour les coreligionnaires de Moïse, dont la condition est aggravée après les mesures de rétorsion prises par pharaon : « Ce sont des paresseux. C’est pourquoi ils crient : ‘Allons sacrifier à notre Dieu.’ Qu’on alourdisse le travail de ces gens, qu’ils le fassent et ne prêtent plus attention à ces paroles trompeuses » (Exode 5, 8-9), celles de Moïse et d’Aaron, au nom du Dieu de leurs pères.
Cette situation vaut la peine d’être méditée, pour ne pas nous rebeller quand la tournure des événements est nettement défavorable, et que cela ne s’arrête pas rapidement. Cela aussi fait partie du plan salvifique de Dieu.
Dieu est « notre bouclier » (Psaume 59, 12), le rempart de notre vie (cf. Psaume 27, 1), « notre refuge et notre force » (Psaume 46, 2). Il est le « Dieu avec nous » (Matthieu 1, 23). Et « si Dieu est avec nous, qui est contre nous ? » (cf. Romains 8, 31). Il nous envoie « grâce sur grâce » (Jean 1, 16). La tentation ne surpassera jamais nos forces (cf. 1 Corinthiens 10, 13), nous assure-t-il.
(à suivre…)
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