L'amour de Dieu (1)
L'amour de Dieu (1)
La vie chrétienne, qui s'inscrit tout entière sous le signe de la croix, n'a rien de masochiste ni de puéril. Certes, du fait de la Croix glorieuse, elle reste et restera toujours « scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Corinthiens 1, 23). Or, elle est essentiellement fondée sur l'Amour. L'Amour dont Dieu nous a aimés le premier (« Nous donc, aimons Dieu, puisque Dieu nous a aimés le premier », 1 Jean 4, 19), et l'amour que nous nous efforçons de donner en retour.Moyennant quoi, ce qui compte dans notre existence, ce n'est pas tant de faire de très grandes choses que (lire la suite) d'accomplir les tâches de la vie ordinaire avec le plus d'amour de Dieu et du prochain dont nous sommes capables. Le Seigneur le donnait à entendre à sainte Catherine de Sienne quand il lui disait : « Je récompense tout bien que l'on fait suivant la mesure de l'amour de celui qui reçoit la récompense » (Dialogue, chap. 68).
L'étalon qui sert à mesurer l'importance aux yeux de Dieu, et donc pour notre vie éternelle, de tout ce que nous faisons est l'amour que nous y mettons. La perfection, la sainteté ne consiste pas à débiter un millier de « Je vous salue » à toute vitesse, pour battre un record ou pour gagner des bons points comme on pouvait en distribuer jadis dans les écoles catholiques, mais peut-être à ne réciter qu'un seul « Je vous salue » avec une intense piété, le cœur et la tête pris par ce que nous disons et en pensant à qui nous le disons, faisant attention au sens des mots, contemplant la scène évangélique et mettant tout notre affection, notre tendresse et à redire à Marie les mots que la Sainte Trinité a chargé l'archange saint Gabriel de lui annoncer.
« Doucement. — Considère ce que tu dis, qui le dit et à qui c’est dit. — Car ce parler hâtif, qui ne laisse place à aucune réflexion, n’est que concert de casseroles. Et je te dirai, avec sainte Thérèse d’Avila, que je n’appelle pas cela prier, même si tu remues abondamment les lèvres » (saint Josémaria, Chemin, n° 84). Saint François de Sales développe la même idée quand il disait en chaire : « Ils sont des avares spirituels ceux qui se nourrissent de beaucoup d'actes de piété pour obtenir plus rapidement la perfection, comme ils disent ; comme si la perfection consistait dans la réalisation de beaucoup de choses et non dans la perfection avec laquelle nous les faisons » (Sermon du premier dimanche de Carême). Des « avares spirituels », car ils pensent thésauriser. Mais ils remplissent des bourses percées : « Vous avez semé beaucoup et recueilli peu ; vous mangez, mais non jusqu'à être rassasiés ; vous buvez, mais non jusqu'à votre soûl ; vous êtes vêtus, mais non jusqu'à être réchauffés ; et le salarié gagne son salaire pour une bourse trouée (Aggée 1, 6).
(à suivre...)
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