ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

jeudi 30 avril 2009

Pécher en toute impunité ?

Pécher en toute impunité ?

Ils disent : « Comment Dieu saurait-il ? Comment le Très-Haut connaîtrait-il ? » (Psaume 73 (72), 11). Et ils insistent, pour se donner une assurance d'impunité : « Yahvé ne le voit pas, le Dieu de Jacob ne le remarque pas » (Psaume 94 (93), 7).
Tiens donc. C'est nouveau. Comme si j'étais devenu sourd ! Mais puisque j'interviens pour les corriger chaque fois qu'ils fautent, ils se croient à l'abri du châtiment en s'enhardissant. « Dieu a oublié ! » Il détourne la tête, il ne voit jamais rien ! » (Psaume 10, 11). Ils me considèrent maintenant coupable ! (lire la suite) sourd et aveugle, ils en ont de bonnes !
Mais il en est qui poussent le bouchon plus loin. « Dans son arrogance, le méchant dit, en parlant de moi : « Il ne punit pas ! » (Psaume 10, 4), d'où il tire comme conséquence, absurde s'il en est : « Il n'y a pas de Dieu ». Voilà toutes ses pensées » (Ibid.). C'est leur dernière trouvaille. Avant, ils me prenaient encore pour le Très-Haut, ils croyaient en moi. Mais il se sont tellement endurcis et obstinés dans le mal qu'ils en sont arrivés à nier jusqu'à mon existence. Je ne suis plus sourd ni aveugle, mais néant à leurs yeux !
Ils ont pensé : « Il ne punira pas » (Psaume 10, 13). Et moi, je les attends de pied ferme. Ils me verront un jour. Nous aurons un entretien en face à face. On verra bien quelle tête ils feront alors. Il faut que l'on sache que « Yahvé est le Dieu des rétributions : il ne manque pas de payer » (Jérémie 51, 56).
On dit que tu accordes à chacun selon ses œuvres » (Romains 2, 6), que tu tiens un compte strict de tous nos faits et méfaits, et que rien n'échappe à ta sagacité. « Nulle créature ne peut se dérober à (tes) regards ; tout est à nu et sans masque aux yeux de celui dont nous parlons » (Hébreux 4, 13). « Comprenez bien, vous stupides entre tous ! (...) Celui qui a planté l'oreille n'entendrait-il pas ? Celui qui a formé l'œil ne verrait-il pas ? » (Psaume 94 (93), 8-9).
Comment voudrais-tu qu'il en aille autrement ? C'est le contraire qui devrait t'étonner. J'ai donné la terre à l'homme ut operaretur, pour qu'il la cultive et la travaille (Genèse 2, 15), avec tous ses produits et toutes ses ressources. Libre à chacun de bien les utiliser ou pas. Mais je ne peux pas ne pas constater que les fils d'homme « rugissent tous ensemble comme des lions ; ils grondent comme les petits des lionnes » (Jérémie 51, 38), comme des lionceaux. Puisqu'il en est ainsi, « tandis qu'ils sont en fièvre, je leur servirai une beuverie, et je les enivrerai pour qu'ils soient en joie ; et ils s'endormiront d'un sommeil éternel ; et ils ne se réveilleront pas » (Jérémie 51, 39).

mercredi 29 avril 2009

Être chrétien (5)

Être chrétien (5)

Nous avons examiné quatre personnages tirés des Évangiles, deux provenant des paraboles et les deux autres de la vie de Jésus : le frère aîné du fils prodigue, le pharisien qui méprise le publicain, le jeune homme riche, et Marthe, la sœur de Lazare et de Marie. Et nous nous sommes demandés dans quelle mesure ils pouvaient nous aider à comprendre ce qu'être chrétien veut dire.
Quatre exemples qui ont du bon, mais à n'imiter que partiellement. Oui, il faut être fidèle sans rien demander pour soi en échange. Oui, il faut prier Dieu et se montrer généreux envers son prochain. Oui, il faut observer les commandements. Oui, (lire la suite) il faut travailler au service du Seigneur.
Mais attention : il se pourrait que la colère, l'orgueil, la tristesse, la jalousie ou d'autres vices couvent sous les apparences du bien, et soient prêts à se manifester à la moindre contrariété... « Il fallait mettre ceci en pratique sans omettre cela » (Luc 11, 42), dira Jésus. Il convient, en effet, d'agir comme ces personnages, réels ou fictifs, peu importe, mais en rectifiant l'intention et en ne visant que la gloire de Dieu.
Être chrétien, en définitive, c'est être sur nos gardes pour éviter ces écueils qui risquent de conduire droit au naufrage de la vie intérieure ; c'est avoir l'humilité de reconnaître nos imperfections et nos limites, et les confesser ; c'est rectifier aussi l'intention aussi souvent que de besoin afin de suivre le précepte de l'apôtre : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10, 31).

(fin)

mardi 28 avril 2009

Être chrétien (4)

Être chrétien (4)

J'ajoute un quatrième personnage, également pris sur le vif. Il s'agit cette fois-ci de quelqu'un qui sert Dieu directement, qui travaille pour le Seigneur. C'est une amie de Jésus, Marthe, une des sœurs de Lazare chez qui il est descendu comme chaque fois qu'il passe par Béthanie. Jésus sait qu'il y trouvera toujours le gîte et le couvert, mais surtout l'affection de la famille. Ses arrivées ne sont pas vraiment programmées. Elles dépendent de ses virées évangélisatrices qui le sollicitent parfois plus que prévu et (lire la suite) se prolongent, car « partout où il entrait, dans les bourgs, dans les villes comme dans les fermes, on mettait les malades sur les places. Ils le priaient de les laisser toucher ne fût-ce que le bord de son vêtement, et tous ceux qui pouvaient le toucher étaient guéris » (Marc 6, 56).
Dès qu'elle a su que Jésus arrivait avec ses apôtres, Marthe s'est mise au travail. Cela faisait beaucoup de bouches à nourrir. Il n'y avait pas de temps à perdre. Elle s'active donc, et Marie avec elle. Mais une fois le Seigneur dans leurs murs, et les salutations et les signes de bienvenue échangés, Marthe retourne à son fourneau tandis que Marie « s'était assise aux pieds du Seigneur et l'écoutait parler » (Luc 10, 39). Marthe a beau lui lancer des clins d'œil et traîner les pieds quand elle passe à proximité, rien n'y fait. Sa sœur l'ignore complètement. Elle boit les paroles du Maître.
Alors, voyant qu'elle n'arriverait pas à bout de tout le travail en temps voulu, excédée, Marthe, sans aucun ménagement - ce qui est malgré témoigne du degré de confiance qu'elle a avec Jésus -, « dit brusquement : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse faire le service toute seule ? » (Luc 10, 40). Elle s'enhardit même à commander : « Dis-lui donc de me venir en aide » (Ibid.).
Jésus s'est amusé de son manège puéril. Mais là, il ne laisse pas passer l'occasion de former ses amis - et nous-mêmes - en montrant quel est l'ordre des priorités : « Marthe, Marthe, tu t'inquiètes pour bien des choses, alors qu'il n'est besoin que d'une seule » (Luc 10, 41-42), sous-entendu la sainteté, vivre dans ma compagnie. Le reste peut attendre, et même doit attendre. Si tu m'écoutais comme Marie, nous aurions tous mis la main à la pâte avec toi, et tout aurait été réglé en un quart de tour. Mais au lieu de cela, te voilà jalouse. « C'est Marie qui a choisi la meilleure part, et elle ne lui sera pas enlevée » (Luc 10, 42).
Marthe pensait bien faire et mettait tout son cœur à préparer le repas, ou presque tout son cœur, parce que la jalousie y nichait, qui enlevait toute valeur surnaturelle à son travail. Elle agissait en définitive plus pour être contente d'elle-même que pour Jésus, pour montrer ce dont elle était capable que pour permettre au Seigneur de se reposer.
Là non plus, nous n'avons pas un exemple de christianisme. Cette fois, nous voyons qu'il ne suffit pas de travailler réellement pour Dieu pour lui plaire. Il faut le faire dans une droiture d'intention totale, vraiment pour la gloire de Dieu, de façon désintéressée, non pour briller aux yeux des hommes, fussent-ils Jésus et ses apôtres.

(à suivre...)

lundi 27 avril 2009

Être chrétien (3)

Être chrétien (3)

Le troisième exemple est tiré, cette fois-ci, de la vie. Un jour, un jeune homme, dont les évangélistes nous disent qu'il est un riche notable du lieu, aborde Jésus en lui demandant : « Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » (Matthieu 19, 16). Cela commence bien. Par rapport aux deux exemples précédents, nous avons là au moins quelqu'un qui est désireux de progresser sur la voie de la perfection. La suite du récit le confirme. Jésus lui rappelle les commandements. Ce à quoi l'homme répond : « Tout cela, je l'ai observé depuis ma jeunesse » (Luc 18, 21). « Que me manque-t-il encore ? » (Matthieu 19, 20). Il ressent vraiment une soif d'absolu, de dépassement, qui l'honore. (lire la suite)
C'est encourageant. Enfin, serions-nous enclins à dire, voici un exemple positif. Oui, mais... Jésus répond à cette attente qui est, soulignons-le, un fort désir de faire plus, d'aller au-delà de ce que les commandements de Dieu exigent. Il lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donnes-en le produit aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; puis, viens et suis-moi » (Matthieu 18, 21).
Voilà qui est clair et qui répond parfaitement à la question. Une exigence avec, à la clé, une promesse : celle d'entrer dans le royaume des cieux, qui était précisément l'aspiration du jeune homme. Mais voilà, ce dernier ne s'attendait pas à cela. Il n'avait pas envisagé un seul instant que la sainteté dont il rêvait pouvait passer par le dépouillement de ses richesses : « Ayant entendu ces paroles, le jeune homme s'en alla tout affligé, car il avait beaucoup de biens » (Matthieu 18, 22).
Le christianisme n'est évidemment pas cela. Ce n'est pas un service à la carte, selon nos penchants et qui flatte nos goûts. Le christianisme c'est, comme Jésus l'indique à ce pauvre jeune déjà vieilli, suivre le Christ en renonçant à soi-même et aux biens de ce monde, pour s'attacher à lui et recevoir les biens impérissables.
Quand on refuse de franchir le pas, d'accomplir en tout la Volonté sainte de Dieu, alors l'âme s'emplit de tristesse et d'amertume. Elle laisse passer ici le trésor incalculable des cieux pour accorder plus de valeur aux pacotilles de la terre. Ce danger de nous attacher aux choses matérielles existe bel et bien. La société de consommation fait entièrement pression sur nous en ce sens.
Il ne suffit donc pas d'être un homme droit et sincère. Car le risque de blocage est réel : si l'on nous demande au nom de Dieu ce à quoi nous ne nous attendons pas, ce que nous n'avons ni prévu ni programmé, alors c'est « tout, mais pas cela » ! Eh bien si ! C'est justement cela que Dieu demande. Et si nous refusons de le suivre dans sa logique, l'âme broie du noir et perd espoir. Quel gâchis !

(à suivre...)

dimanche 26 avril 2009

Être chrétien (2)


Le deuxième exemple provient, lui aussi, d'une parabole. Un pharisien monte au Temple de Jérusalem en même temps qu'un publicain, « et il se mit à prier ainsi en lui-même : « Ô Dieu ! Je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, malhonnêtes, adultères, ni encore comme ce publicain » (Luc 18, 11), sous-entendu un voleur et un pécheur de première catégorie, dont il est exclu qu'il puisse se sauver, Moi, « je jeûne deux fois la semaine, je paye la dîme sur tout ce que j'acquiers » (Luc 18, 12). Il aurait pu ajouter : (lire la suite) « En plus de cela, je monte régulièrement au Temple pour prier. »
Vu de l'extérieur, nous avons affaire à quelqu'un d'exemplaire, à un modèle de fidélité à la Loi et de sainteté. Telles sont les apparences, en effet. Mais tout cela est ruiné par un orgueil fou, démesuré, par la prétention - ridicule en elle-même, mais l'orgueil aveugle toujours sur son propre cas - d'être un exemple unique de perfection. Tous les autres hommes ne sont que des chenapans et des misérables, alors que moi, et moi seul, je suis quelqu'un de bien !
Là aussi la fidélité est réelle, comme dans le cas du frère aîné du fils prodigue. Le pharisien va même au-delà de ce que la Loi lui demande. Ce n'est sans doute pas par nature qu'il jeûne et se montre généreux avec ses biens. Mais s'il se prive de nourriture et d'argent, ce n'est nullement pour rendre gloire à Dieu et lui offrir un sacrifice d'agréable odeur (cf. Éphésiens 5, 2), pas plus que pour venir en aide aux besoins de son prochain. C'est uniquement pour pouvoir se gargariser de ses actes, se déclarer satisfait de ce qu'il a accompli, s'ériger en juge bienveillant et complaisant de sa vie. Aussi ne redescendit-il pas justifié chez lui (cf. Luc 18, 14).
Être chrétien, ce n'est évidemment pas cela. Ce n'est pas un vernis trompeur qui recouvre de la vermine. Mais nous courrons le risque de nous décerner des satisfecit au prétexte que nous prions plus, que nous nous sacrifions plus que tel ou tel, sans nous soucier de savoir si Dieu n'attend pas autre chose, davantage, ni de faire à Dieu une petite place dans notre vie pour détrôner notre superbe. À quoi bon être infatué de soi et jouer au paon, si c'est pour se condamner ! Quel profit tirera-t-il de ses jeûnes, de ses aumônes et de ses prières s'ils n'ont servi quà aiguiser son appétit d'égocentrisme ?

(à suivre...)

samedi 25 avril 2009

Être chrétien (1)

Être chrétien (1)

Que veut dire « être chrétien » ? Être bon ? Non, cela vaut pour tout le monde. Être très bon alors ? Non plus. Qu'est-ce donc ? Être chrétien, c'est viser la sainteté, la perfection en toute chose, l'héroïsme dans toutes les vertus. C'est chercher à se dépasser, à progresser. C'est donc ne pas se contenter d'être ce que l'on est. Car qui n'avance pas recule. Que je sache, la stagnation n'est pas l'objectif d'un chef d'entreprise, d'un sportif, d'un étudiant...
Nous trouvons dans l'Évangile des exemples de personnes, bonnes en apparence, (lire la suite) mais qui manquent d'ambition ou qui se sentent incapables de suivre l'ambition de la sainteté à laquelle elles aspirent. Arrêtons-nous à trois personnages, pour voir les conséquences qu'entraînent un tel comportement frileux et une commodité répréhensible.
Tout d'abord le fils aîné de la parabole du « fils prodigue ». Nous apprenons de sa bouche qu'il a toujours été fidèle à son père : « Voilà tant d'annnées que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé un de tes ordres » (Luc 15, 29). Cest est bien, très bien, mais insuffisant. Il eût peut-être été préférable qu'il transgressât ses ordres de temps à autre, plutôt que de se croire supérieur à son cadet : « À moi, tu ne m'as jamais donné un chevreau pour festoyer avec mes amis ! Mais quand est revenu ton fils que voilà, lui qui a dévoré ton avoir avec des courtisanes, pour lui tu as fait tuer le veau gras ! » (Luc 15, 29-30).
Et alors même que son père, son propre père qu'il prétendait servir sans jamais lui désobéir, le prie instamment de prendre part au banquet et de se « réjouir, puisque ton frère que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » (Luc 15, 32), « il se mit en colère, et il ne voulait pas entrer » (Luc 15, 28).
Sa fidélité est réelle. Mais ce n'est qu'une apparence de vertu, une façade qui cache un cœur orgueilleux, fier de lui, impitoyable envers son frère, incapable de pardonner. Un cœur froid, dur, de pierre.
Cela n'est évidemment pas être chrétien. Mais c'et un danger auquel nous sommes exposés, de nous croire parfaits et de ne voir des défauts que chez les autres. Ce n'est pas ainsi que l'on devient saint et que l'on est agréable à Dieu.

(à suivre...)

vendredi 24 avril 2009

Une conférence sur le rôle de la papauté

Une conférence sur le rôle de la papauté


qui est d'actualité !

I. Le successeur de saint Pierre : l'existence d'une primauté dans l'Église.
A) Les fonctions d'enseignement et de sanctification du pape

B) La fonction de gouvernement dans l'Église

II. L'apôtre de la paix
A) Les relations avec les gouvernements

B) Les organisations et conférences internationales

III. Le Pontife universel
A) L'œcuménisme

B) Le dialogue interreligieux

Suivre Jésus

Suivre Jésus

« Or, comme la foule se pressait vers lui pour entendre la parole de Dieu, et qu'il se tenait sur le bord du lac de Génésareth, il vit deux barques qui stationnaient sur le bord ; les pêcheurs étaient descendus et lavaient les filets. Il monta dans une des barques, qui était à Simon, et le pria de s'éloigner un peu de terre ; et s'étant assis, de la barque il enseignait les foules » (Luc 5, 1-3). Jésus monte dans la barque de Pierre, d'où il enseigne la foule massée sur les bords d'une crique herbeuse qui renvoie parfaitement l'écho de ses paroles. C'est le souci permanent de Jésus : annoncer la Bonne Nouvelle partout. (lire la suite)
« Il faut que j'annonce aussi aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu, car j'ai été envoyé pour cela » (Luc 4, 41). Mais sa mission n'a qu'un temps, bien qu'elle doive se poursuivre tant qu'il y aura des hommes sur terre. C'est pourquoi Jésus va instituer un groupe d'hommes auxquels il donnera le pouvoir de parler et d'agir en son nom.
Il a commencé par demander à Pierre de lui prêter sa barque et, une fois qu'il a fini de parler, il l'invite à aller en eau profonde et à lâcher les filets (cf. Luc 5, 4). Le moment de la journée n'est guère propice pour pêcher. En outre, comme Pierre le lui répond, « Maître, toute la nuit nous avons peiné sans rien prendre; mais, sur votre parole, je jetterai les filets » (Luc 5, 5). Et voilà qu'ils ramènent dans leurs filets une quantité impressionnante de poissons comme jamais, au point qu'ils en remplissent deux barques à ras bord. C'est tout juste si elles ne coulent pas sous le poids. Alors « Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus en disant : « Éloignez-vous de moi, parce que je suis un pécheur, Seigneur ! » (Luc 5, 8). La réponse de Jésus lui ouvre des perspectives nouvelles : « Ne crains point ; désormais ce sont des hommes que tu prendras » (Luc 5, 10).
Il a lui a demandé sa pauvre barque. Il lui demande maintenant sa vie, tout ce qu'il est. Il l'invite à le suivre, à travailler avec lui désormais dans une pêche nouvelle, la conquête des âmes pour le royaume de Dieu. Et Pierre, et ses compagnons, relictis omnibus, « laissant tout, ils le suivirent » (Luc 5, 11).
Jésus a le droit de nous demander tout, parce qu'il est « le Maître et le Seigneur » (Jean 13, 13) ; parce que c'est lui qui, dans sa bienveillance, produit en nous « le vouloir et le faire » (Philippiens 2, 13) ; parce que « nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour faire de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions » (Éphésiens 2, 10). Ne craignions pas, n'ayons pas peur : « Tu verras de plus grandes choses que celle-là » (Jean 1, 50). En suivant le Christ, nous verrons Dieu un jour.

jeudi 23 avril 2009

Prière d'une mère pour ses enfants

Prière d'une mère pour ses enfants

Seigneur, conserve à Pancho sa rectitude, le jugement équilibré dont tu l'as doté. Qu'il soit toujours un homme d'honneur, comme son père. Accorde-lui le nécessaire pour se marier, si cela lui convient, sinon libère-le de ces relations si cela n'est pas ta divine volonté.

Seigneur, Ignacio me donne du souci. Il est si jeune et au milieu de dangers... Garde-le dans cette pureté de conscience que Tu lui as donnée.

Seigneur, que Pablo soit tout à Toi. Développe son humilité et son obéissance. (...)
Ô Marie, Mère de mon âme, protectrice des orphelins, fais croître en Pancho sa dévotion à ton égard ; qu'elle grandisse aussi dans tous mes enfants ; je te le donne comme tiens. Couvre-les de ton manteau ; garde-les toujours purs, garde-les dans le Cœur de ton Fils, accorde-leur de bonnes inclinations et l'amour de la Croix. Tu le sais, je ne sais pas les éduquer, je ne sais pas être mère, toi, tu le sais, ô Marie. Cache-les dans ton sein, conserve-les purs pour Jésus, pour Lui seul.

Michel-Marie Philippon, o. p., Conchita. Journal spirituel d'une mère de famille, Éditions de l'Emmanuel, 2003, p. 115-116.

mercredi 22 avril 2009

Jésus-Christ et la souffrance

Jésus-Christ et la souffrance

(Jésus) n’a pas pris de l’incarnation l’apparence, mais la réalité ; il devait donc aussi prendre la douleur, afin de triompher de la tristesse, et non de l’écarter : on ne saurait être loué pour son courage si l’on n’a connu des blessures que l’étourdissement sans la douleur. « Homme de douleurs, est-il dit, et sachant porter les souffrances » (Isaïe 53, 3), il a voulu nous instruire. Joseph nous avait appris à ne pas craindre la prison ; dans le Christ nous apprendrions vaincre la mort ; mieux encore : comment vaincre l’angoisse de la mort à venir. Aussi bien comment vous imiterions-nous, Seigneur Jésus, à moins de vous suivre comme homme, de croire que vous êtes mort, d’avoir vu vos blessures ? Comment les disciples auraient-ils cru qu’il allait mourir, s’ils n’avaient constaté l’angoisse d’un mourant ? Ainsi ils dorment encore et ignorent la douleur, eux pour qui le Christ était dans la douleur. C’est ce que nous lisons : « Il porte nos péchés, et pour nous il souffre » (Isaïe 53, 4). Vous souffrez donc, Seigneur, non de vos blessures, mais des miennes, non de votre mort, mais de notre infirmité ; et nous vous regardions, nous, comme en proie à la douleur, quand vous souffriez non pour vous, mais pour moi. Car vous êtes devenu infirme, mais à cause de nos péchés (Isaïe 53, 5), parce que cette infirmité, vous ne l’avez pas reçue de votre Père, mais prise pour moi ; parce qu’il m’était bon que « l’enseignement de notre paix fût en vous, et que vos meurtrissures guérissent nos plaies » (Ibid.).

Saint Ambroise de Milan, Traité sur l’Évangile de Luc 2, 10, 56-57.

mardi 21 avril 2009

Le temps et la liturgie

Le temps et la liturgie

La liturgie a mis, au nom du Christ, sa marque sur toutes les unités de temps qui rythment la vie humaine : journée (avec la liturgie des heures mais aussi la succession des trois Angelus), semaine (avec le dimanche, mais aussi les autres repères que sont le vendredi, jour de pénitence, et le samedi, jour marial), mois (avec les rendez-vous des premiers vendredi ou samedi du mois en l’honneur du Cœur de Jésus ou celui de Marie), année (avec le cycle annuel des mystères, mais aussi avec les mois consacrés à Marie, au sacré Cœur, au Rosaire, aux âmes du purgatoire), et finalement siècles (avec le jubilé). C’est toute une organisation du temps chrétien qui, notons-le, n’a pas grand chose à voir avec l’observation des cycles de la nature. (lire la suite) La célébration chrétienne du temps, nourrie de repères pris à l’his-toire du Salut, n’a que peu de rapport avec une religion naturelle : Pâques ne tombe au printemps que pour une moitié de la planète et Noël est célébré aussi bien sous la chaleur tropicale. Seule la liturgie quotidienne met en valeur l’aube et la tombée de la nuit, mais non sans rappeler (et certains hymnes le disent) que notre soleil à nous ne se couche pas avec l’autre. Le matin surtout a une signification pascale comme on le voit bien avec les laudes du dimanche (surtout le dimanche I) qui utilisent les psaumes de Pâques, notamment le Cantique des Créatures du livre de Daniel manifestant ce nouveau regard sur la création arrachée à la mort.

Michel Gitton, Initiation à la liturgie romaine, Genève, Ad solem, 2003, p. 36-37.

lundi 20 avril 2009

Un peu de pub...


Un peu de pub...


(de Notre Vie, journal des paroisses du Loir-et-Cher)

La lutte contre le sida en Afrique

La lutte contre le sida en Afrique


Revenant au préservatif et au sida en Afrique, on verra l'exemple de deux pays, l'Ouganda et la Zambie apporté par un Père Blanc.

Se méfier de notre « moi »

Se méfier de notre « moi »

Nous connaissons les boîtes à surprise. On les ouvre et il en jaillit un personnage plus ou moins grotesque et effrayant, propulsé par un ressort qui se détend alors.
Ce mannequin taille miniature au bout d'un ressort à boudin, c'est notre « moi ». Il faut le maintenir comprimé en l'écrasant fortement du pied, en exerçant sur lui une pression constante. Autrement, si nous relâchons un tant soit peu l'effort, ou si nous déplaçons notre pied ne serait-ce que de quelques millimètres, le ressort entre en action, et nous le voyons se contorsionner et commencer (lire la suite) à montrer le « bout du nez », sous la forme d'une espèce de bourrelet, de boursouflure.
Et si nous levons le pied, alors le pantin du « moi » se redresse brusquement de toute sa hauteur et sa superbe, et vient nous narguer. C'est l'affaire d'une fraction de seconde. Il n'attend pas. Il est on ne peut plus réactif.
En revanche, comme il en coûte de le faire plier, en l'écrasant de sorte qu'il s'emboîte sur lui-même ! Car, à la moindre déformation, le contrôle nous échappe, et il nous faut recommencer à écraser le émoi » envahissant qui ignore la morte saison. Par des actes d'humilité répétés, tenons-le bien résolument rapetissé, replié sur lui-même, pour qu'il soit inoffensif.

dimanche 19 avril 2009

La laïcité positive

La laïcité positive

Contrastant fortement avec l'attitude des députés belges, on trouvera un signe de la laïcité postitive à la française dans la lettre que le ministre de l'Intérieur, en charge des cultes, vient d'adresser au président de la Conférence des évêques de France, à l'occasion de la fête religieuse de Pâques.

Anniversaire de l'élection de Benoît XVI

Anniversaire de l'élection de Benoît XVI

Voici quatre ans le cardinal Josef Ratzinger était élu pour succéder au pape Jean-Paul II à la tête de l'Église catholique. Dans un manifeste, l'Association Écouter avec l'Église témoigne de son attachement au Pontife romain. Des événements médiatisés à l'excès, non sans mauvaise foi, risquent de faire passer à l'arrière-plan l'action constante du pape comme pasteur de l'Église universelle, mais aussi comme artisan de paix et dans la recherche de l'unité de l'Église et du dialogue avec les autres religions. Or, il fait beauoup. Quand il a été élu, il a demandé de prier pour lui, « afin que je ne prenne pas la fuite par peur des loups », avait-il précisé. Les loups hurlent facilement. Nous devons toutefois les respecter et les aimer, « car la dignité de chacun mérite respect et estime ; tous sont appelés à la gloire des enfants de Dieu » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 70), c'est pour tous que le Christ a donné sa vie. Et il ne convient pas d'ajouter le mal au mal, de répondre au mal par le mal.

samedi 18 avril 2009

Une messe pour Benoît XVI

Une messe pour Benoît XVI

« Les impies ont dit : Traquons le juste, car il s'oppose à notre manière d'agir. »
(Antienne aux Vêpres du mercredi saint ; cf. Sagesse 2, 12)

L'Association Écouter avec l'Église,
que j'ai co-fondée l'an dernier et dont j'assume la vie-présidence,
organise une messe solennelle
le dimanche 19 avril 2009, à 18 heures,
en la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
à l'occasion du quatrième anniversaire de l'élection de Benoît XVI.

Venons nous unir nombreux à lui par la prière et manifester ainsi notre attachement filial à sa personne. Transmettez l'information autour de vous.

La sincérité (4)

La sincérité (4)

L'enseignement de la parabole des deux fils à qui leur père demande d'aller travailler à la vigne qui a servi de trame à notre réflexion de ces jours-ci (Matthieu 21, 28-32), vaut aussi pour nous. Nous nous disons catholiques, mais les sondages d'opinion montrent que beaucoup ne croient pas en l'existence de la Sainte Trinité, à la présence réelle de Dieu dans l'Eucharistie, à la virginité perpétuelle de la très Sainte Vierge, à l'existence du diable et de l'enfer, etc.
Nous sommes alors comme le fils qui dit « oui » et qui ne bouge pas, une pure façade, mais une façade qui, sans doute, scandalise (lire la suite) les autres, car ils sont en droit de trouver la vérité auprès de nous. « Voyant un figuier sur le chemin, il s'en approcha, mais il n'y trouva que des feuilles, et il lui dit : « Que jamais plus aucun fruit ne naisse de toi ! » Et sur le champ le figuier se dessécha » (Matthieu 21, 19). En réalité, comme le pape Benoît XVI le souligne dan son encyclique sur l'espérance Spe salvi, « nos existences sont en profonde communion entre elles, elles sont reliées l'une à l'autre au moyen de multiples interactions. Nul ne vit seul. Nul ne pèche seul. Nul n'est sauvé seul » (n° 48). Autrement dit, « notre agir n'est pas indifférent devant Dieu et il n'est donc pas non plus indifférent pour le déroulement de l'histoire » (Ibid., n° 35).
Apprenons donc à nous méfier de nous et de nos réactions. Ayons la sagesse de faire chaque soir un examen de conscience pour identifier nos torts, nos réactions trop humaines, et rectifier en demandant pardon à Dieu, qui nous l'accordera toujours, et en prenant une petite résolution.

(fin)

vendredi 17 avril 2009

Une histoire belge ?

Une histoire belge ?

Communique de la Secrétairerie d'État, le ministère des Affaires Étrangères du Saint-Siège, en date du 17 avril 2009 :

« L'Ambassadeur du Royaume de Belgique, sur instructions du Ministre des Affaires Étrangères, a fait part au Secrétaire pour les Relations du Saint-Siège avec les Etats de la Résolution par laquelle la Chambre des Représentants de son pays a demandé au gouvernement belge de « condamner les propos inacceptables du pape lors de son voyage en Afrique et de protester officiellement auprès du Saint-Siège ». L'entretien a eu lieu mercredi 15 avril.

La Secrétairerie d'État prend acte avec regret de cette démarche, inhabituelle dans les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Belgique. Elle déplore qu'une Assemblée parlementaire ait cru bon de critiquer le Saint-Père sur la base d'un extrait d'interview tronqué et isolé de son contexte, qui a été utilisé par certains groupes avec une claire intention intimidatrice, comme pour dissuader le Pape de s'exprimer sur certains thèmes, dont les implications morales sont pourtant évidentes, et d'enseigner la doctrine de l'Église.

Comme on sait, le Saint-Père, répondant à une question sur l'efficacité et le caractère réaliste des positions de l'Eglise en matière de lutte contre le SIDA, a déclaré que la solution est à rechercher dans deux directions : d'un côté une humanisation de la sexualité, et, de l'autre, une authentique amitié et disponibilité envers ceux qui souffrent, soulignant l'engagement de l'Eglise dans l'un et l'autre domaine. Sans cette dimension morale et éducative, la bataille contre l'épidémie ne sera pas gagnée.

Alors que, dans certains pays d'Europe, se déchaînait une campagne médiatique sans précédent sur la valeur prépondérante, pour ne pas dire exclusive, d'un certain moyen prophylactique dans la lutte contre le SIDA, il est réconfortant de constater que les considérations d'ordre moral développées par le Saint-Père ont été comprises et appréciées, en particulier par les Africains, par les vrais amis de l'Afrique et par certains membres de la communauté scientifique. Comme on peut lire dans une récente déclaration des évêques de la Conférence épiscopale régionale de l'Ouest de l'Afrique (CERAO) : « Nous savons gré [au Saint-Père] pour le message d'espérance qu'il est venu nous livrer au Cameroun et en Angola. Il est venu pour nous encourager à vivre unis, réconciliés dans la justice et la paix, pour que l'Église d'Afrique soit elle-même une flamme ardente d'espérance pour la vie de tout le continent. Et nous le remercions pour avoir reproposé à tous, avec nuance, clarté et pénétration, l'enseignement commun de l'Église en matière de pastorale des malades du SIDA. »

La sincérité (3)

La sincérité (3)

Reconnaître ses limites, ses faiblesses, les tentations, est salutaire, parce que, en nous connaissant et en nous acceptant tels que nous sommes, nous pouvons, à l'aide des moyens surnaturels, réagir, rectifier et nous replonger intensément dans la tâche qui nous revient, et qui n'est pas seulement, le cas échéant, une nécessité inéluctable, mais avant tout, pour celui qui sait aimer, une occasion sans cesse renouvelée de se sanctifier, de sanctifier les autres et de sanctifier le monde, comme saint Josémaria n'a cessé de l'enseigner.
Le père de famille de la parabole ayant essuyé un refus de la part d'un de ses fils, adresse la même requête à l'autre, qui lui répond : « Je (vais), seigneur, » et il n'alla pas » (Matthieu 21, 29). (lire la suite)
Voici quelqu'un qui est tout feu tout flamme, mais velléitaire. Il se peut qu'il manque aussi de sincérité, c'est-à-dire qu'il n'ait pas le courage de dire franchement à son père ce qu'il pense, à savoir qu'il n'a nullement l'intention de se rendre à la vigne parce qu'il a, par exemple, rendez-vous avec des amis. S'il le disait, tout serait clair et la confiance régnerait. Son père l'aurait compris et lui aurait dit de ne pas s'en faire. Face au premier qui refuse et au second qui est pris, il se serait peut-être résigné à aller lui-même travailler à la vigne, ou aurait attendu le lendemain pour reposer sa question.
« Coepit facere et docere », Jésus se mit d'abord à agir et, ensuite, à enseigner. Toi et moi, nous devons rendre ce témoignage de l'exemple, parce que nous ne pouvons mener une double vie : nous ne pouvons pas enseigner ce que nous ne pratiquons pas. En d'autres termes, nous devons enseigner ce que, pour le moins, nous nous efforçons de pratiquer » (saint Josémaria, Forge, n° 694). La cohérence de vie va de pair avec la sincérité. « Lequel des deux a fait la volonté du père ? demande Jésus à son auditoire — « Le dernier », disent-ils » (Matthieu 21, 30). La conclusion est abrupte : « Jésus leur dit : « Je vous le dis en vérité, les publicains et les courtisanes vous devancent dans le royaume de Dieu » (v. 31). Il s'explique : « Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n'avez pas cru en lui ; mais les publicains et les courtisanes ont cru en lui ; et vous, qui avez vu, vous ne vous êtes pas repentis même par la suite pour croire en lui » (v. 32). Les pharisiens disent qu'ils attendent le Messie. Mais quand celui-ce se présente à eux et réalise des prodiges qui accomplissent manifestement les promesses messianiques, ils refusent de croire en lui.

(à suivre...)

jeudi 16 avril 2009

La sincérité (2)

La sincérité (2)

Le fils reconnaît qu'il a mal fait de refuser d'obéir à son père dans quelque chose qui, au fond, est simple à faire. Des pensées égocentriques lui étaient venues à l'esprit, comme autant de justifications, de bonne raisons pour agir à sa guise. Il a compris qu'il a tort. « Obéis sans toutes ces « cogitations » inutiles… Manifester de la tristesse ou un manque d’envie devant ce qui est commandé est une faute de taille. Mais le ressentir, sans plus, non seulement ce n’est pas une faute mais ce peut être l’occasion d’une grande victoire, le couronnement d’un acte de vertu héroïque. Ce n’est pas moi qui l’invente. Tu te rappelles ? L’Évangile raconte qu’un père de famille donna la même charge à ses deux fils… Et malgré les difficultés (lire la suite) qu’il avait lui-même soulevées, celui des deux qui l’accomplit remplit Jésus de joie ! Et il le réjouit parce que la discipline est le fruit de l’Amour » (saint Josémaria, Sillon, n° 378).
« Par la suite, s'étant repenti, il y alla » (Matthieu 21, 30). Il remporte une grande victoire sur lui-même et démontre, dans les faits, qu'en dépit de ses défauts évidents il sait aimer pour de bon, il sait rectifier.
Parfois, cette rébellion contre l'autorité, contre les dispositions concernant notre travail ou notre apostolat, peut intervenir alors que nous nous sommes déjà mis à la tâche. C'est l'envie de tout envoyer promener, de faire tout sauf ce que nous avons à faire, d'arrêter plus tôt que prévu ou de bâcler le travail, d'en faire le moins possible... Beaucoup de gens « envisagent leurs occupations comme une nécessité dont ils ne peuvent s’évader. Face à cette vision des choses étriquée, égoïste, terre à terre, nous devons, toi et moi, nous rappeler et rappeler aux autres que nous sommes des enfants de Dieu auxquels notre Père a adressé une invitation identique à celle que reçurent les personnages de la parabole évangélique : Mon enfant, va-t’en aujourd’hui travailler à ma vigne (Matthieu 21, 28) Je vous assure que si nous nous efforçons, jour après jour, d’envisager nos obligations personnelles comme une requête divine, nous apprendrons à terminer notre travail avec la plus grande perfection humaine et surnaturelle dont nous serons capables. Il se pourrait que nous nous rebellions, un jour, comme l’aîné qui répondit : Je ne veux pas (Matthieu 21, 29). Mais nous saurons réagir, repentis, et nous nous consacrerons alors avec une ardeur renouvelée à l’accomplissement de notre devoir » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 57).

(à suivre...)

mercredi 15 avril 2009

La sincérité (1)

La sincérité (1)

Jésus nous demande de réfléchir, à l'aide d'une parabole : « Que vous en semble ? Un homme avait deux fils. Abordant le premier, il lui dit : « Mon fils, va travailler aujourd'hui dans la vigne. Il répondit : « Je ne veux pas » ; mais par la suite, s'étant repenti, il y alla » (Matthieu 21, 28.30). La demande de son père n'est pas du goût de son fils. Celui-ci avait envie de se reposer, il était occupé à une autre tâche ou, tout simplement, il n'avait pas envie de se fatiguer et de travailler à ce moment-là. Il n'éprouve pas de goût pour ce qui constitue souvent son occupation. Mais la vigne ne peut pas attendre, (lire la suite) il faut s'en occuper, aujourd'hui aussi. Et il le sait. Il a dit « non », mais il se ravise, « s'étant repenti ». Le texte latin dit paenitentia motus, poussé par un esprit de pénitence, c'est-à-dire regrettant profondément sa réponse précipitée. Il se rend compte qu'il a agi par égoïsme. Et il s'en veut d'avoir été aussi irréfléchi, aussi primaire. « La pénitence intérieure est une réorientation radicale de toute la vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre cœur, une cessation du péché, une aversion du mal, avec une répugnance envers les mauvaises actions que nous avons commises. En même temps, elle comporte le désir et la résolution de changer de vie avec l’espérance de la miséricorde divine et la confiance en l’aide de sa grâce. Cette conversion du cœur est accompagnée d’une douleur et d’une tristesse salutaires que les Pères ont appelées animi cruciatus (affliction de l’esprit), compunctio cordis (repentir du cœur) (cf. Concile de Trente ; Catéchisme du concile de Trente).

lundi 13 avril 2009

Coopérer avec Dieu

Coopérer avec Dieu

Saint Luc décrit par le menu le voyage qui conduit saint Paul de Césarée maritime à Pouzzoles, d'où il gagna Rome. Les précisions topographiques et les détails techniques abondent et montrent que Luc, qui rédige au pluriel, faisait partie du voyage. Or, lorsqu'ils approchaient de la Crète, cherchant à y hiverner à une époque où la navigation était déjà fort périlleuse et alors que Paul, qui avait fait trois fois naufrage dans sa vie (cf. 2 Corinthiens 11, 25) avait vivement déconseillé de reprendre la mer (cf. Actes des apôtres 27, 10). Voici que « bientôt un vent impétueux, (lire la suite) nommé Esquilon, se déchaîna sur l'île. Le navire fut entraîné, sans pouvoir lutter contre l'ouragan, et nous nous laissâmes aller à la dérive » (Actes des apôtres 27, 14-15).
Comme la tempête, loin de se calmer, prenait encore de l'ampleur, ils jetèrent la cargaison à la mer, puis les agrès, les mâts, les barres, bref tout ce dont ils pouvaient se débarasser dans l'espoir d'avoir au moins la vie sauve (cf. Actes des apôtres 27, 18-19).
Cette attitude en quelque sorte désespérée de l'équipage et des passagers nous montre le comportement que nous devons adopter lorsque nous rencontrons des difficultés de navigation dans notre voyage vers le ciel, c'est-à-dire au cours de notre vie en ce monde toute orientée vers l'éternité d'Amour avec Dieu.

dimanche 12 avril 2009

Pâques

Pâques

Pour les chrétiens, Pâques est la « fête des fêtes » de toute l'année liturgique, la « solennité des solennités », le grand dimanche. C'est la commémoration de la Résurrection de Jésus-Christ, le « troisième jour » comme il l'avait annoncé : « Il commença à exposer à ses disciples qu'il devait se rendre à Jérusalem, beaucoup souffrir de la part des Anciens, des grands prêtres et des scribes, être mis à mort et ressusciter le troisième jour » (Matthieu 16, 21).
Comme le Catéchisme des évêques de France le précise, (lire la suite) « le Christ a fondé l'Église, rassemblement de ses disciples, en confiant au groupe des apôtres la charge de continuer son œuvre. Plus largement, cette fondation repose sur la vie de Jésus, sur tous les actes qui font apparaître la puissance d'amour qui habitait son cœur, et surtout sur l'œuvre de sa Pâque.
Avant la fête de la Pâque, « quand l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père » (Jean 13, 1), Jésus laissa à ses disciples, afin qu'ils puissent continuer son œuvre, un triple héritage : l'eucharistie, sacrement de la Nouvelle alliance ; son « commandement », celui d'un amour fraternel et humble, semblable au sien ; la promesse de la venue de l'Esprit Saint. L'Église procède de ces trois dons, étroitement unis.
Le commencement et le développement futur de l'Église, évoqués par Jésus lui-même (cf. Jean 12, 32), sont signifiés par « le sang et l'eau sortant du côté de Jésus crucifié » (concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 3). Quant à la mission de l'Église, elle fait l'objet d'un ordre formel du Ressuscité : « De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jean 20, 21) » (n° 281).

samedi 11 avril 2009

Les conséquences du péché

Les conséquences du péché

Le règne de Satan sur nous, aveuglant qui en est la conséquence, n’est qu’une suite du péché. Et cette suite est un jugement : c’est le jugement de Dieu. La volonté même par laquelle Dieu mettait la vie et la liberté dans son amour met dans le rejet de cet amour la sujétion et la mort.
Cette exigence de l’amour divin vue du dehors, c’est la loi comme la comprend saint Paul. Révélée à ceux qui n’ont pas en eux les moyens d’y adhérer comme au mouvement même de leur être, la loi devient, par dessus le démon, le premier ennemi de l’homme pécheur. On s’explique, dans cette perspective, que saint Paul n’hésite pas à la traiter comme telle tout en persistant à la déclarer bonne et parfaite, puisque divine (cf. en particulier Romains 7 en entier. De même Romains 10, 4 ; 1 Corinthiens 15, 56 ; Ga 3, 10-13 ; Colossiens 2, 14).
Plus profondément encore, notre grand ennemi, si osé que soit le paradoxe, il ne faut pas hésiter à l’énoncer, c’est l’amour même de Dieu. Car c’est en définitive la colère divine qui condamne le péché en nous comme Satan ; et cette colère, redisons-le, n’est que l’amour contristé.

Louis Bouyer, Le mystère pascal, Paris, Les Éd. du Cerf, 1950, p. 287-288.

vendredi 10 avril 2009

Vendredi Saint

Vendredi Saint

[Dans le camp de concentration de Gusen] le Vendredi Saint, un prêtre de Linz est appelé à trois heures de l’après-midi par le commandant du camp :

— « Sais-tu quel jour c’est aujourd’hui ? »
— « Le Vendredi Saint. »
— « Qu’est-ce qui est arrivé ce jour-ci ? »
— « Ils ont crucifié Jésus-Christ. »
— « Et il est mort ? »
— « Il est mort. »
— « À quelle heure ? »
— « À trois heures. »
— « Il est justement trois heures et tu vas rejoindre ton Christ. »
Le commandant sortit son revolver et tira sur le cœur du prêtre. Et il ne se contenta pas de l’avoir tué sur le coup. En brave officier des SS, il fit emmener aussitôt le cadavre du prêtre au « four crématoire », voulut aider et assister à sa crémation. Et pour finir, il a ramassé les cendres encore chaudes et, riant à gorge déployée, il les dispersées à tout vent.

Cité par A. Riccardi, Il secolo del martirio. I cristiani del novecento, Milan, Mondadori, 2000, p. 129.

Aider les chrétiens de Terre Sainte

Aider les chrétiens de Terre Sainte

"Le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, a adressé une lettre à l'épiscopat mondial à l'occasion de la collecte du Vendredi Saint en faveur de la Terre Sainte. Co-signé par le secrétaire du dicastère, Mgr Antonio Maria Vegliò, actuellement président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrations, le document souligne la vive préoccupation de l'Église face à la situation des chrétiens de la région, notamment après le conflit de Gaza. Il rappelle aussi les gestes et les paroles de solidarité de Benoît XVI envers tous les habitants de la Terre Sainte, où il s'apprête à venir sur les traces de Jésus. (lire la suite)
"Les blessures infligées par la violence aggravent une émigration qui prive inexorablement la communauté chrétienne de ses meilleurs éléments d'avenir. Le berceau du christianisme risque de se retrouver privé de chrétiens". C'est pourquoi il est fait appel à aider "nos frères chrétiens de Terre Sainte qui, comme tous les habitants du Proche et du Moyen Orient, aspirent depuis longtemps à une paix tellement menacée... Se faisant l'écho de l'attention du Saint-Père, la Congrégation pour les Églises orientales renouvelle son pressant appel aux catholiques pour contribuer matériellement aux besoins des Lieux Saints... Les Églises de rite latin comme de rites orientaux, bénéficiaires de cette aide indispensable, expriment dans la prière leur reconnaissance envers les Églises particulières de par le monde".
Un document conjoint de la Custodie de Terre Sainte et de la Congrégation détaille les œuvres réalisées grâce à la collecte 2008. Outre des bourses pour les prêtres et séminaristes de Terre Sainte étudiant dans les universités pontificales, on trouve des travaux d'entretien et de restauration de lieux saints situés principalement à Jérusalem, Béthanie, Bethléem, Haïfa, Nazareth ou Naplouse. D'autres aides vont aux paroisses et aux écoles, et au soutien familial. Des subventions sont également fournies par la Custodie à des institutions culturelles comme la Faculté de science et d'archéologie bibliques ou le Studium Biblicum franciscain de Jérusalem. Pour sa part, le Patriarcat latin de Jérusalem a préparé une prière en vue du pèlerinage de Benoît XVI (8-15 mai), pour que cette visite soit pour la Terre Sainte une occasion de grâces particulières."

jeudi 9 avril 2009

Le mystère eucharistique

Le mystère eucharistique

[C’est le Christ qui accomplit le Sacrifice] Cependant, c’est nous aussi qui l’accomplissons. En tant que baptisés dans le Christ, ayant revêtu le Christ (Ga 3, 27), nous sommes nous-mêmes représentés dans notre évêque, par le fait qu’il représente notre chef à tous pour réitérer aujourd’hui SON eucharistie avec NOTRE pain, pour unir son sacrifice à notre banquet. Car c’est ce pain, que nous mêmes allons / manger pour nous l’assimiler, que l’évêque offre au Père, et que nous offrons par lui, comme le corps du Fils crucifié.
Autrement dit, le signe où le Christ a voulu que son offrande immolée ne cessât pas d’être présente jusqu’à la fin des temps pour tous les siens, c’est notre propre aliment. C’est sous les espèces de notre propre nourriture que le Fils de Dieu fait homme s’offre maintenant à son Père. L’ayant offerte, il nous la rend ; mais elle n’est plus simplement du pain et du vin. Elle est devenue, selon sa parole, sa propre humanité, victorieuse sur la mort par l’immolation qui vient de se reproduire mystérieusement. Et c’est pour que nous la mangions qu’il nous la rend, c’est-à-dire pour que lui-même, dans son état éternel et divin d’offrande, état incarné en notre humanité par son immolation, ne fasse plus qu’un avec nous.

Louis Bouyer, Le mystère pascal, Paris, Les Éd. du Cerf, 1950, p. 127-128.

mercredi 8 avril 2009

La suppression des crucifix

La suppression des crucifix

Ils avaient dit là-bas, au prétoire : Pas celui-ci ! Délivrez, délivrez Barabbas, nous ne voulons pas de Jésus. Aujourd'hui, même alors que Jésus a passé près de vingt siècles sur la terre et dans notre France en faisant le bien, je les entends, les ennemis du Christ, crier encore : Crucifiez-le ! crucifiez-le ! Non, ce n'est pas lui, c'est Barabbas que nous voulons. Mais à ces clameurs insensées, vos vingt mille voix ont répondu, et ces vallées, et ces montagnes retentissent encore de vos accalmations : Vive Jésus, notre Roi ! Il faut le crucifier, (lire la suite) disaient les juifs. Et ils dressèrent la croix. Et Jésus sur cette croix attire tout à lui. Les siècles sont tombés à genoux, et le monde l'adore. Satan a enfin appris ces choses. Il a compris que la croix est le signe de la victoire. Et aussitôt il a modifié sa tactique. Plus de croix ! Plus de croix ! Nous n'en voulons plus sur nos places publiques, nous n'en voulons plus sur le Panthéon, nous n'en voulons plus dans nos écoles, nous n'en voulons plus au chevet des mourants, ni dans les tribunaux des juges. Plus de croix ! Plus de croix ! Ah ! vous ne voulez plus de croix ! Eh bien ! nous, les enfants de la France, nous voulons la croix ! Nous plantons la croix ! Nous l'avons plantée là-haut sur la montagne, nous l'avons plantée en bas dans la vallée, nous l'avons plantée sur les mâts de nos vaisseaux, au milieu de la mer. Nous l'avons portée à Jérusalem, nous l'avons placée à Rome, près du trône du grand pontife. Et aujourd'hui, nous la plantons encore ici, en face de ces grottes et à l'abri de ces vieux rochers. Et remarquez bien que nous ne la plantons pas sur la poussière mouvante, mais sur un piédestal de granit. Que dis-je ? Nous la plantons plus solidement encore : nous la plantons dans nos cœurs de Français, plus fermes dans la foi, plus fermes dans l'amour que le granit et le diamant. Et tous ensemble nous crions : Vive la Croix ! Et c'est au moment où tout croule que nous élevons cette croix. C'est au moment où le monde est ébranlé que nous, nous construisons. C'est à ce moment qu'à l'ombre de cette croix, nous fondons une France nouvelle, un monde nouveau. Cette croix sera la croix de la France.

Jacqueline Baylé, Le saint de Toulouse s'en est allé... P. Marie-Antoine de Lavaur Capucin (1825-1907), Toulouse, Éditions du Carmel, 2006, p. 456-457 (Sermon au moment de l'érection du Christ au sommet des Espélugues, le 22 août 1890).

mardi 7 avril 2009

Le silence nécessaire

Le silence nécessaire

Notre monde ne connaît guère le silence, même si, ici ou là, l'homme en redécouvre la nécessité. Il peut, certes, y avoir un silence lourd et pesant, tel celui que Ramuz décrit : « On avait senti grandir autour de soi une chose tout à fait inhumaine et à la longue insupportable : le silence. Le silence de la haute montagne, le silence de ces déserts d'hommes, où l'homme n'apparaît que temporairement : alors, pour que par hasard il soit silencieux lui-même, on a beau prêter l'oreille, on entend seulement qu'on n'entend rien. (lire la suite) C'était comme si aucune chose n'existait nulle part, de nous à l'autre bout du monde, de nous jusqu'au fond du ciel. Rien, le néant, le vide, la perfection du vide ; une cessation totale de l'être, comme si le monde n'était pas créé encore, ou ne l'était plus, comme si on était avant le commencement du monde ou bien après la fin du monde. Et l'angoisse se loge dans votre poitrine où il y a comme une main qui se referme autour du cœur » (C. F. Ramuz, Derborence, Paris, 1968, p. 12-13).
Mais il existe un silence bénéfique, de celui qui fait taire les sollicitations du monde pour se recueillir et écouter Dieu. « Le silence est comme le portier de la vie intérieure » (saint Josémaria, Chemin, n° 281). Autrement dit, sans le retrait des soucis du monde, il est difficile de prier. Cela ne signifie pas qu'il soit impossible de prier en pleine rue ou dans le brouhaha des activités, mais que l'oraison, le dialogue intime avec Dieu, implique de s'occuper de lui. En effet, « nous autres, enfants de Dieu, nous devons être des contemplatifs : des personnes qui, au milieu du grondement de la foule, savent trouver le silence d'une âme qui s'entretient sans cesse avec le Seigneur ; et le regarder comme on regarde un Père, comme on regarde un Ami que l'on aime à la folie » (saint Josémaria, Forge, n° 738).
Chacun d'entre nous devrait pouvoir dire : « Ma prière intime, qui est comme un grand silence qui crie » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 35), qui crie, car elle réclame la grâce de Dieu pour être plus saint et pour être vraiment apôtre dans les milieux de notre existence.
Pour ne pas avoir la tête troublée aux moments les plus inopportuns par les préoccupations terre à terre, il convient d'« essayer d’obtenir des moments de silence intérieur » tout en tâchant de maîtriser aussi les « sens externes et internes » (saint Josémaria, Sillon, n° 670).

lundi 6 avril 2009

Jésus-Christ veut librement la mort

Jésus-Christ veut librement la mort

Quelques analogies permettront à nos contemporains de comprendre pourquoi Ieschoua va librement au supplice de la croix. Lorsqu’un « résistant », dans un pays occupé quelconque, travaille pour libérer sa patrie, il sait ce qu’il risque : tomber entre les mains de la police d’occupation, être torturé, être exécuté. S’il poursuit néanmoins sa tâche, Ce n’est pas qu’il aime la torture ou la mort. C’est qu’il ne peut pas accomplir sa tâche sans encourir ce risque, dans les conditions historiques où il se trouve placé.
Autre exemple : Lorsqu’un médecin, un chercheur, (lire la suite) choisit de travailler sur des problèmes médicaux qui impliquent qu’on se serve, dans les expériences, de substances radioactives, il sait, il savait surtout il y a quelques années encore, ce qu’il risque. Si cependant il poursuit ses recherches dans cette voie, avec les risques que cela comporte, ce n’est pas qu’il aime la leucémie provoquée par les substances radioactives. C’est qu’il veut aboutir à un certain résultat, et pour obtenir ce résultat, il faut faire ce qu’il fait, et cela comporte des risques.
Il en était de même pour Ieschoua. L’humanité étant ce qu’elle est, à partir du moment où l’on veut lui communiquer un enseignement, un ensemble de vérités, projeter une lumière, qui dérangent certains intérêts puissants, on soulève une haine, on provoque une réaction, qui est violente et souvent meurtrière. Ieschoua n’est pas, loin de là, la seule victime de cette loi générale. Tout homme, encore une fois, qui essaie de faire passer la vérité, dans l’ordre scientifique, dans l’ordre politique, dans l’ordre historique, dans l’ordre économique, ou ailleurs — en médecine, en pédagogie, dans tous les domaines de l’existence humaine — tout homme qui travaille pour la justice, rencontre des intérêts, politiques, économiques, intellectuels, ou autres, qui font obstacle et qui résistent. La résistance est d’autant plus violente que les intérêts en jeu sont plus puissants et que la lumière introduite est plus bouleversante, plus révolutionnaire.
Ieschoua a assumé librement cette loi. Encore une fois, il pouvait se dispenser de l’assumer, et il pouvait finir ses jours tranquillement. Il pouvait aussi, pourquoi pas ? se marier et « faire des affaires », avoir une « bonne situation », devenir un personnage honorable dans son milieu. Il a choisi d’être vagabond, sans feu ni lieu, sans propriété, et il a choisi la fin des criminels, la potence. Il pouvait se dispenser de faire ces choix, mais alors il fallait aussi renoncer à enseigner ce qu’il enseignait. Il fallait renoncer à communiquer à l’humanité ce qu’il lui avait communiqué. L’humanité étant ce qu’elle est, si on veut lui communiquer cet enseignement, il faut savoir qu’on rencontre une résistance. Ieschoua le savait, et il a choisi.

Claude Tresmontant, L’Enseignement de Ieschoua de Nazareth, Paris, Seuil, 1970, p. 246-247.

dimanche 5 avril 2009

Le sida et l'Afrique : des chiffres

Le sida et l'Afrique : des chiffres

Divers sites sur l'internet donnent des statistiques émanant de l'Organisation mondiale de la santé, auxquels ils ajoutent l'indication de la religion majoritaire dans chaque pays. Les explications sont en général déficientes. Les chiffres portent sur le taux d'incidence du sida sur la population adulte. Le tableau ci-contre indique ce taux pour les années 1991 et 2001. La colonne de gauche indique la variation sur la période considérée.
L'on remarquera une hausse important dans des pays animistes ou protestants, dans lesquelles le taux de distribution du préservatif a été le plus élevé. En revanche, dans les pays à majorité catholique, où la distribution du préservatif a été nettement plus restreinte, le sida a regressé dans la population adulte ou augmenté faiblement.
De quoi conforter ce que Benoît XVI a déclaré dans l'avion qui le conduisait au Cameroun. Il n'est d'ailleurs pas du genre à parler de ce qu'il ne connaît pas...


La valeur de la souffrance et de la mortification

La valeur de la souffrance et de la mortification

Le Serviteur souffrant offre sa vie comme un 'aschâm, un sacrifice d'expiation. Il est difficile de préciser dans quelle mesure exacte ce texte reflète déjà, ou bien a contribué à produire, ou tout au moins à encourager, une idée que nous trouvons certainement dans le judaïsme contemporain de Jésus. En premier lieu, les souffrances acceptées dans la foi par les Israélites pieux contribuent, d'une manière quasi sacrificielle, à l'expiation de leurs propres fautes. Mais, dans la mesure où ils sont plus saints et où leur épreuve est plus innocente, c'est pour les autres aussi qu'elles prennent valeur expiatoire. Il n'est pas douteux que c'était là une vue communément admise en Israël au Ier siècle de notre ère.

Louis Bouyer, Le Fils éternel. Théologie de la Parole de Dieu et christologie, Paris, Les Éditions du Cerf, 1974, p. 148-149.

samedi 4 avril 2009

Patience envers les autres

Patience envers les autres

« Le jour où le roi René conduisit à Saint-Amadour la belle Aude de Toulouse, qu'il venait d'épouser dans Arles, les consuls voulurent lui offrir la régalade d'un pendu... (nous sommes en plein Moyen Âge). Quand la reine voit le condamné, les mains liées derrière le dos, la tête engagée dans la corde, elle pousse un cri et cache sa tête dans ses mains.
« Messieurs les consuls, dit le roi René à haute voix, Madame la reine vous demande en souhait de bienvenue de lui accorder la grâce de cet homme. » Les consuls répondent : « Cet homme a fabriqué de la fausse monnaie la loi veut qu'il soit pendu. » Le conseiller du roi intervient et dit que, suivant la coutume (lire la suite) de Saint-Amadour, un condamné pouvait racheter sa vie pour la somme de mille ducats; « Il est vrai, répondirent les consuls, mais où voulez-vous que ce gueux les prenne, ces mille ducats ? »
« Le roi fouilla dans son escarcelle, il en sortit huit cents ducats. La reine cherche dans son aumônière, elle était pauvre, elle n'y trouva que cinquante ducats. « N'est-ce pas assez, Messieurs, supplia-t-elle, que huit cent cinquante ducats pour sauver la vie de ce pauvre homme ? » « La loi exige mille ducats, répondirent les consuls. Tous les seigneurs de la suite vidèrent leurs poches dans les mains des magistrats. « Neuf cent quatre-vingt-dix-neuf ducats », annoncèrent les consuls. Il manque encore trois ducats.
« Pour trois ducats, cet homme sera-t-il pendu ? », s'écrie la reine, indignée.
« Cet homme sera pendu », répondent les consuls inflexibles, et ils firent signe au bourreau.
« Arrêtez, arrêtez s'écrrie la reine. Qu'on fouille ce malheureux, il a peut-être sur lui trois ducats ! » Le bourreau fouille la culotte du pendu, il en retire trois ducats. Alors les consuls saluent la reine : « Madame, cet homme est libre ! »

Cité par Bernard Bro, Paraboles, tome 1. La Tour Eiffel et le Bottin, Paris, 2007, p. 107.

vendredi 3 avril 2009

Vouloir se sauver

Vouloir se sauver

Si nous nous damnons, nous n'aurons point d'excuses, quand Jésus-Christ nous montrera lui-même que sa miséricorde a toujours été assez grande pour nous pardonner de quelque manière que nous soyons coupables...
Non, ce n'est pas la grandeur de nos péchés, ni leur nombre, qui doivent nous effrayer ; mais seulement les dispositions que nous devons avoir... En effet, qu'est-ce que nos péchés, si nous les comparons à la miséricorde de Dieu ? C'est une graine de navette devant une montagne. Ô mon Dieu ! comment peut-on consentir à être damné, puisqu'il en coûte si peu pour se sauver et que Jésus-Christ désire tant notre salut ?...

Saint Curé d'Ars, Homélie pour le IIIe dimanche après la Pentecôte.

jeudi 2 avril 2009

Reconnaissance à Benoît XVI

Reconnaissance à Benoît XVI

Merci Très Saint Père !

Ce cri de reconnaissance, jailli de nos cœurs après le voyage en France du Pape en septembre dernier, nous le renouvelons encore plus haut et plus fort aujourd’hui
“Le jugement le voici : la lumière est venue dans le monde, mais les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises” (Jean 3, 19). Ecoute, Israël, combien la Parole de Dieu est actuelle : “Vivante en effet est la Parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants … elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur” (Hébreux 4, 12).
La lumière est venue dans le monde, “et le monde ne l’a pas reconnu” (Jn 1, 10), (lire la suite) et il l’a prise en haine (cf. Jean 15, 18) ; “Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas accueilli” (Jeean 1, 11), et même, “ils le poussèrent hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline … pour l’en précipiter. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin” (Luc 4, 29-30).
Le lynchage médiatique dont l’Église et le Saint-Père ont fait l’objet ces dernières semaines sont comme une illustration de ces paroles toujours actuelles : “Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, vous aussi, ils vous persécuteront” (Jean 15, 20). Les juges ont besoin aujourd’hui comme hier de “faux témoins”, comme ceux qui se levèrent devant le Sanhédrin pour condamner Jésus, en déformant ses propos (cf. Marc 14, 57-58). Si Jésus, le communiquant par excellence, n’a pas échappé à la mauvaise foi des hommes, pourquoi nous étonner que l’Eglise soit traitée ainsi ? Loin de se soumettre aux lois de la communication humaine que l’on prétend lui imposer, l’Église ne peut se soustraire à sa mission prophétique. N’appelons pas “bourde” ou “gaffe”, ce qui n’est rien d’autre qu’un témoignage rendu à la Vérité.
Ainsi en est-il des propos, remplis de vérité et de compassion, du Saint-Père sur les moyens de combattre le Sida. Les journalistes, dont certains appartiennent à la presse dite catholique, se sont emparés une fois de plus d’une petite phrase ; des politiques, souvent esclaves de l’opinion, ont renchéri, sans aucun discernement, et dénoncé les “propos irrecevables” du Saint-Père et le “discours irresponsable de l’Église”.
Fils et filles de l’Église, nous pouvons garder la tête haute, car les propos du Pape ont été confirmés par les évêques d’Afrique et par les chefs d’État de ces pays où le Sida fait des ravages, dénonçant le “racisme latent” de ces occidentaux qui voudraient leur imposer leurs schémas mortifères, au nom de la sacro-sainte licence sexuelle ou bien du matérialisme mercantile dont on voit bien à qui il profite. Un discours qui ne résiste pas à l’évidence des faits : selon les statistiques de l’OMS, les pays d’Afrique où le taux de distribution des préservatifs est le plus fort, la progression du SIDA est la plus élevée ; là où les catholiques sont plus nombreux et où l’on prône en priorité l’abstinence et la fidélité - y compris dans les programmes gouvernementaux- , et le préservatif en dernier recours, le SIDA est en très nette baisse, comme au Burundi ou en Angola. Devant la partialité, voire la falsification de certains medias, les catholiques doivent aller à la source de l’information et communiquer autour d’eux par tous les moyens, à commencer par l’Internet.
Mais, en dernière analyse, il faut accepter de souffrir pour le nom du Christ et ne pas s’étonner de ces campagnes de dénigrement : “Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour cette raison, le monde vous hait” (Jn 15, 19). “Mais gardez courage, nous dit Jésus, j’ai vaincu le monde” (Jn 16, 33).

+ Marc Aillet,

évêque de Bayonne, Lescar et Oloron

24 Mars 2009