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samedi 30 juin 2012

Confiance en Dieu (2)

Confiance en Dieu (2)

« Béni soit l’homme qui se confie dans le Seigneur. Le Seigneur répondra à sa confiance ! » (Jérémie 17, 7), quand il l’estimera opportun et de la façon qu’il jugera la plus appropriée. Ce qui est certain, c’est qu’il interviendra positivement. Et voici à quoi ressemble cet homme qui se confie en Dieu : « Il est comme un arbre planté au bord des eaux, qui étend ses racines vers le courant ; il ne sent pas quand vient la canicule, mais son feuillage reste vert ; il ne s’inquiète point en une année de sécheresse, n’arrêtant pas de porter du fruit » (Jérémie 17, 8), et donc de se sanctifier de plus en plus et de réaliser un apostolat fécond, faisant bénéficier les autres de l’abondance qu’il reçoit de l’eau vive de la grâce sanctifiante, laquelle jaillit pour la vie éternelle (cf. Jean 4, 14). Voilà pour l’homme qui met sa confiance en Dieu. Mais les autres ne doivent pas se décourager ni désespérer. (lire la suite) Car « le Christ qui est mort pour tous les hommes, veut que, dans son Église, les portes du pardon soient toujours ouvertes à quiconque revient du péché » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 982). Et, de fait, « il n’est personne, si coupable qu’il soit, qui ne doive espérer avec assurance son pardon, pourvu que son repentir soit sincère » (Catéchisme du concile de Trente 1, 11, 5). Quelle assurance nous devons tirer de semblables affirmations ! Elles ne sont pas peu de chose. En plus elles touchent à l’essentiel des intérêts de l’homme, à ce qui concerne sa vie future, c’est-à-dire son sort éternel. Il se peut, malgré tout, que des doutes surgissent au vu des obstacles auxquels nous nous heurtons et de la permanence de nos défauts en dépit du fait que nous les combattons depuis longtemps. « La confiance filiale est mise à l’épreuve quand nous avons le sentiment de n’être pas toujours exaucés. L’Évangile nous invite à nous interroger sur la conformité de notre prière au désir de l’Esprit » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2756). C’est ce doute qui assaille le Seigneur sur la Croix et qu’il manifeste en entamant la récitation du psaume 22. Mais il se rappelle tout de suite l’histoire de la bonté de son Père envers son peuple, toutes les magnalia Dei (Exode 14, 13). « En toi se sont confiés nos pères ; ils se sont confiés et tu les as délivrés. Ils ont crié vers toi et ils ont été sauvés ; ils se sont confiés en toi, et ils n’ont pas été déçus » (Psaume 22, 5-6). Leur prière n’a donc pas été vaine, bien loin de là. Jésus ajoute, et la prière du juste souffrant correspond mot à mot à ce qu’il expérimente dans sa chair, « pour moi, je ne suis qu’un ver, et non un homme, l’opprobre des hommes et le rebut du peuple. Tous ceux qui me voient se moquent de moi ; ils agitent les lèvres, ils branlent la tête : « Il s’en remet au Seigneur : qu’il le sauve, qu’il le délivre, puisqu’il l’aime ! » (Psaume 22, 7-8). Bien triste blasphème… (à suivre…)

jeudi 28 juin 2012

Confiance en Dieu (1)

Confiance en Dieu (1)

Le psaume 22 que Jésus récite alors qu’il est cloué sur la Croix, ne traduit pas la désespérance mais, au contraire, la confiance en Dieu. Si le Seigneur se sent abandonné de son Père en cette heure suprême, il peut faire appel au témoignage des anciens : « Pourtant tu résides dans le sanctuaire, ô gloire d’Israël ! En toi se sont confiés nos pères ; ils se sont confiés, et tu les as délivrés. Ils ont crié vers toi, et ils ont été sauvés ; ils se sont confiés en toi, et ils n’ont pas été déçus » (Psaume 22, 4-6). Comment ne pas puiser en cela une grande assurance à l’heure de l’épreuve ? La Providence divine compte sur les difficultés de la vie pour faire progresser son plan de salut. Il a fallu que Jésus passe par l’anéantissement et l’abjection de la Croix. Mais Dieu ne laisse pas seul celui qui crie vers lui dans sa détresse, qui le prie avec confiance. (lire la suite) Si bien que « même quand je marche dans une vallée pleine d’ombre, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi » (Psaume 23, 4). Tu es avec moi quand bien même je n’ai pas conscience de cette présence, quand bien même j’ai oublié que tu es effectivement présent et agissant dans mon âme en état de grâce. D’où l’exhortation du prophète Isaïe (50, 10) : « Quiconque chemine dans les ténèbres, sans voir aucune lueur, qu’il se confie dans le nom du Seigneur, et qu’il s’appuie sur son Dieu. » En vérité, « Seigneur des armées, heureux l’homme qui se confie en toi » (Psaume 84, 13), ou, comme l’affirme le psaume 2, psaume de la filiation divine, « heureux tous ceux qui mettent en lui leur confiance » (Psaume 2, 12), car ils ne seront pas déçus. L’assurance que donne la confiance en Dieu parcourt toute la Révélation : « Non, aucun de ceux qui espèrent en toi ne sera confondu », alors que « ceux-là seront confondus qui sont infidèles sans cause » (Psaume 25, 3), c’est-à-dire sans raison valable, tout simplement par malice, parce qu’ils préfèrent le péché à l’amour de Dieu. « Voici que ceux qui s’éloignent de toi périssent ; tu extermines tous ceux qui te sont infidèles » (Psaume 73, 27). Ils se condamnent eux-mêmes irrémédiablement aux peines de l’enfer, à la mort éternelle. Ils s’excluent de l’Amour. Ils se placent volontairement en dehors de la vie de Dieu, qui nous est offerte si généreusement par le Christ, qui est lui-même la Vie (Jean 14, 6). (à suivre…)

mardi 26 juin 2012

Fête de saint Josémaria

Fête de saint Josémaria

Aujourd'hui, alors que l'Eglise fête saint Josémaria Escriva, fondateur de l'Opus Dei, je propose de l'écouter nous dire la raison d'être de cette institution de l'Eglise catholique. "L'Œuvre est née pour contribuer à ce que ces chrétiens, insérés dans le tissu de la société civile — par leur famille, leurs amitiés, leur travail professionnel, leurs nobles aspirations —, comprennent que leur vie, telle qu'elle est, peut être l'occasion d'une rencontre avec le Christ, c'est-à-dire qu'elle est un chemin de sainteté et d'apostolat. Le Christ est présent à toute tâche humaine honnête : l'existence d'un chrétien ordinaire — qui paraît peut-être quelconque et mesquine à d'aucuns — peut et doit être une vie sainte et sanctifiante. (...) (lire la suite) Et comme la plupart des chrétiens reçoivent de Dieu la mission de sanctifier le monde du dedans, en demeurant au milieu des structures temporelles, l'Opus Dei s’attache à leur faire découvrir cette mission divine, en leur montrant que la vocation humaine — la vocation professionnelle, familiale et sociale — ne s'oppose pas à la vocation surnaturelle ; bien au contraire, elle en est partie intégrante. L'Opus Dei a pour mission unique et exclusive de diffuser ce message — qui est un message évangélique — parmi les gens qui vivent et travaillent dans la société, en quelque milieu et en quelque profession que ce soit. Et à ceux qui comprennent cet idéal de sainteté, l’Œuvre fournit les moyens spirituels et la formation doctrinale, ascétique et apostolique qui sont nécessaires pour l'atteindre" (Entretiens avec Mgr Escriva, n° 60).

lundi 25 juin 2012

Une parole de vie (2)

Une parole de vie (2)

(((Début de la note))). (lire la suite) Comme le pape Benoît XVI l’a déclaré, sur le mode du constat bien expérimenté, là où Jésus-Christ « arrive, le découragement cède le pas à l’espérance, la bonté chasse les incertitudes et une force vigoureuse ouvre l’horizon à des perspectives inhabituelles et bénéfiques » (Benoît XVI, Discours à l’aéroport de La Havane, 28 mars 2012). Tout change, en effet, avec la présence de Jésus-Christ. « Seigneur, à qui irions-nous ? », à qui d’autre que toi ? Tu es notre Dieu et notre Sauveur. Nous croyons que « c’est de la part de Dieu que tu es venu en docteur. Personne, en effet, ne peut faire les miracles que tu fais, si Dieu n’est pas avec lui » (Jean 3, 2). Tu as donné ta vie pour notre rachat : Jésus-Christ « s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire, en nous purifiant, un peuple qui lui appartienne, et qui soit zélé pour les bonnes œuvres » (Tite 2, 14). Tu as tenu parole, Seigneur. Tu avais promis, en effet : « Je suis venu pour que l’on ait la vie, et qu’on l’ait en abondance (cf. Jean 10, 10), surabondante même. Ta Parole qui a été créatrice au commencement de notre monde – « Dieu dit : « Que la lumière soit » et la lumière fut » (Genèse 1, 3) – a été recréatrice : Jésus « la lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le monde » (Jean 1, 9). « Je t'adjure par le Dieu vivant de nous dire, si tu es le Christ, le Fils de Dieu ? » La réponse est nette, sans détour, une réponse qui résonne dans le palais du grand prêtre : « Jésus lui dit : « Tu l'as dit » (Matthieu 25, 63-64). Cette parole va conduire Jésus au gibet de la Croix. En même temps elle nous ouvre les portes du paradis. Oui, à qui d’autre pourrions-nous aller si nous voulons posséder la vie, et la vie éternelle ? Nous écoutons avec joie et reconnaissance cette parole à l’efficacité éprouvée. Une parole qui est non seulement communication d’un message, comme la parole humaine, qui transmet un savoir, une information ou qui donne un avis, une orientation. Mais une parole qui est vivante : « Oui, elle est vivante, la Parole de Dieu, efficace, plus affilée qu’un glaive à deux tranchants, démêlant les sentiments et les pensées du cœur. Nulle créature ne peut se dérober à ses regards, tout est à nu et sans masque aux yeux de celui dont nous parlons » (Hébreux 4, 12-13). Et cette vie qu’elle nous donne, c’est la Vie avec un « v » majuscule, la Vie même du père, que nous sommes invités à partager pour les siècles sans fin. (fin)

dimanche 24 juin 2012

Une parole de vie (1)

Une parole de vie (1)

Dans son long discours apologétique devant le sanhédrin, le diacre Étienne, qui va devenir le protomartyr, le premier d’une interminable litanie de martyrs qui fleurissent siècle après siècle, rapporte que Moïse « fut un intermédiaire entre l’ange qui lui parlait sur le mont Sinaï et nos pères » et qu’il a reçu de lui, pour nous les donner, « des paroles pleines de vie » (Actes 7, 38). La Parole de Dieu ne peut que donner la vie et la vie éternelle : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (Jean 6, 63). Ce que Simon-Pierre reconnaît explicitement : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 68), et toi seul les prononces. Les apôtres, puis tous les baptisés de toutes les époques sous toutes les latitudes, sont dépositaires de cette Parole. Nous annonçons Jésus, (lire la suite) le Fils de Dieu, venu parmi nous et ressuscité. Et nous proclamons que le « salut n’est en aucun autre, car il n’est sous le ciel, d’entre les noms qui se donnent chez les hommes, aucun autre qui doive nous sauver » (Actes 4, 12), car Jésus est « le chef de la vie » (Actes 3, 15). En effet, « en lui était la Vie, et la Vie était la lumière des hommes » (Jean 1, 4). Une Vie que le Seigneur tient de son Père : « De même, en effet, que le Père a la vie en lui, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui » (Jean 5, 26). C’est pourquoi il pourra proclamer : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6). Nous possédons Jésus par la foi. Nous le possédons plus encore par le baptême. Nous le recevons de façon encore plus intime et étroite dans l’auguste sacrement de l’Eucharistie. Cette Parole devient pour nous source de vie éternelle. Elle se fait vivante en nous. Nous la recevons pour la transmettre. La vie chrétienne est indissociablement par nature appel à la sainteté et à l’apostolat (concile Vatican II, décret Apostolicam actuositatem, n° 2). C’est la mission reçue par les apôtres qui nous échoit à nous aussi : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28, 19). Lorsque certains des apôtres ont été incarcérés par le grand prêtre et par les Sadducéens, un ange de Dieu vient nuitamment leur ouvrir les portes de la prison et leur dit : « Allez et tenez-vous dans le Temple pour annoncer au peuple toutes ces paroles de vie » (Actes 5, 20), car « le juste vit de la foi » (Romains 1, 17). « Ayez foi en moi » (Jean 14, 1). Ajoutons foi dans le Maître qui affirme qu’il est allé nous « préparer une place » (Jean 14, 3) auprès de son Père et notre Père (cf. Jean 20, 17). Le Seigneur veut nous prendre avec lui : « Je veux que là où je serai, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils puissent voir ma gloire, cette gloire dont tu m’as fait don, parce que tu m’as aimé avant la création du monde » (Jean 17, 23-24), cette gloire qu’un « fils unique tient de son Père, tout plein de grâce et de vérité » (Jean 1, 14). Il veut que nous partagions son existence, parce qu’il sait bien que c’est la source de notre vrai bonheur, d’une félicité garantie envers et contre tout. (à suivre…)

samedi 23 juin 2012

Dieu ne fait pas acception des personnes (3)

Dieu ne fait pas acception des personnes (3)

Paul, l’apôtre des Gentils, sera amené à dresser un constat identique. Il annonce que ce seront « tribulations et angoisse pour toute âme d’homme qui fait le mal, Juif d’abord, puis Grec ; mais gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien, Juif d’abord, puis Grec, car Dieu ne fait pas acception de personnes » (Romains 2, 11). Pierre reviendra à la charge en écrivant « aux élus qui résident comme étrangers dans la Diaspora du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie » (1 Pierre 1, 1). Il les exhorte en ces termes : « Si vous invoquez comme Père celui qui, sans faire acception de personne [puisqu’il a appelé à son Église des hommes et des femmes de toutes origines], juge chacun selon ses œuvres, (lire la suite) vivez dans la crainte tant que durera votre pèlerinage [sur la terre], sachant que vous avez été tirés du genre de vie insensé que vous teniez de vos pères, non par des choses périssables, argent ou or, mais par le sang précieux de l’agneau sans défaut et sans tache qu’est le Christ » (1 Pierre 1, 17-19), qui « est apparu pour ôter les péchés » (1 Jean 3, 5). Puissions-nous, avec eux, avec les premiers chrétiens, ne pas faire nous non plus acception de personnes, n’exclure personne de notre prière et de notre action évangélisatrice – « toutes les âmes nous intéressent, cent âmes sur cent, sans discrimination d’aucune sorte, convaincu que Jésus-Christ nous a tous rachetés, et qu’il veut se servir d’un petit nombre, malgré notre nullité personnelle, pour faire connaître ce salut » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 9) -, faisant nôtre en définitive de façon très concrète la prière poignante du Christ en Croix rapportée plus haut (cf. Luc 23, 34), une supplication qui, de toute évidence, met en pratique de façon héroïque ce principe fondamental de ne pas faire acception de personnes. (fin)

vendredi 22 juin 2012

Dieu ne fait pas acception des personnes (2)

Dieu ne fait pas acception des personnes (2)

Saint Paul nous raconte qu’il est monté à Jérusalem « à la suite d’une révélation » (Galates 2, 2) et qu’il y est allé pour exposer aux notables, c’est-à-dire les « colonnes de l’Église » que sont Pierre, Jacques et Jean, l’Évangile qu’il prêchait aux païens. Il leur expose le contenu de sa prédication « de peur de courir ou d’avoir couru pour rien » (Galates 2, 2) pendant les quatorze premières années écoulées (cf. Galates 2, 1). Il s’adresse à eux parce que ce sont eux qui peuvent assurer l’authenticité de son message. Mais, souligne-t-il, « peu m’importe ce qu’ils pouvaient être : Dieu ne fait pas acception des personnes » (Galates 2, 6). Certes, les apôtres sont constitués en autorité, mais tous et chacun ont leur place et leur rôle à tenir dans l’Église et dans la proclamation de l’Évangile. C’est une idée qui vient de loin et qui a une longue tradition derrière elle. Même si elle est loin d’avoir été comprise par les hommes. Et les Juifs pieux du temps de Jésus ont jeté l’anathème sur tous ceux qui n’appartenaient pas au peuple élu, ainsi que sur certaines catégories de la population considérées comme impures, tels que les lépreux ou les publicains. (lire la suite) Or, le Seigneur Dieu les avait invités à circoncire leur cœur (Deutéronome 10, 16), car, révélait-il, « le Seigneur votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, vaillant et redoutable, qui ne fait pas acception de personnes » (Deutéronome 10, 17). Il aime son peuple, tout son peuple. Et s’il est obligé de châtier ses infidélités, il ne lui retire pas pour autant son Amour. Mais il envoie ses messagers et ses prophètes pour essayer de le remettre à chaque fois sur le droit chemin et d’assurer ainsi son bonheur. De tous, il attend le repentir, car, proclame-t-il, « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs au repentir » (Luc 5, 32). Quand Simon-Pierre a été invité, au cours d’une vision, à se rendre chez le centurion Corneille, un « homme pieux et craignant Dieu » (Actes 10, 2), mais un païen tout de même, résidant à Césarée Maritime, pour l’instruire, lui et toute sa maisonnée, il prend la parole à l’invitation de son hôte : « Maintenant nous sommes tous réunis en présence de Dieu pour entendre tout ce que le Seigneur t’a prescrit de dire » (Actes 10, 33). Ses premiers mots sont l’expression de son émerveillement devant la nouvelle mission qui l’attend, face aux perspectives d’évangélisation élargie au monde païen : « En vérité, je me rends compte que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais que, dans toute nation, celui qui le craint et qui pratique la justice dans ses œuvres lui est agréable » (Actes 10, 34). C’est comme une découverte inattendue qui le remplit d’aise et de joie. Car « nous savons que Dieu n’exauce pas les pécheurs ; mais si quelqu’un est pieux et fait sa volonté, celui-là, il l’exauce » (Jean 9, 31). Corneille n’appartient-il pas justement à cette catégorie de personnes pieuses, lui qui « faisait beaucoup d’aumônes au peuple et priait Dieu continuellement » (Actes 10, 2) ? (à suivre…)

jeudi 21 juin 2012

Dieu ne fait pas acception des personnes (1)

Dieu ne fait pas acception des personnes (1)

Quand le Seigneur Dieu envoie Samuel chez Jessé le Bethléemite pour qu’il choisisse parmi ses fils le roi qu’il s’est réservé comme successeur de Saül, « qu’il a rejeté pour qu’il ne règne plus sur Israël » (1 Samuel 16, 1), Samuel est séduit par la prestance du premier des enfants qui se présente, le dénommé Éliab. Mais Dieu lui fait comprendre que ce n’est pas lui son élu : « Ne considère pas son apparence ni la hauteur de sa taille, car je l’ai écarté. Les vues de Dieu ne sont pas comme les vues de l’homme, car l’homme regarde à l’apparence, mais Dieu regarde au cœur » (1 Samuel 16, 7). De fait, ce ne sera que le tout petit dernier, le huitième fils d’Éliab, pour lequel le Tout-Puissant dira : « C’est lui » (1 Samuel 16, 12). Il s’agit de David, qui sera un serviteur particulièrement cher au Cœur de Dieu, car c’est de sa lignée que devra descendre le Messie, le Rédempteur de l’homme. (lire la suite) Cet épisode de l’histoire d’Israël, si lourd de signification et de conséquences, renferme un enseignement précieux : Dieu ne fait pas acception de personne. Il ne juge pas d’après les apparences, selon l’extérieur de l’homme, mais en fonction de son cœur. Il ne rejette personne, à moins d’être lui-même rejeté par les hommes. Car « celui qui vous rejette me rejette ; or celui qui me rejette, rejette celui qui m'a envoyé » (Luc 10, 13). Et encore… Il enverra précisément son Fils, le Messie, pour tenter de ramener au bercail les brebis perdues et dispersées (cf. Michée 4, 6). Ce sera une grande découverte qui s’imposera aux apôtres et aux premières communautés chrétiennes quand ils comprendront qu’ils sont chargés d’annoncer l’Évangile non seulement à leurs compatriotes juifs mais aussi aux gentils, c’est-à-dire aux païens de l’époque, au monde non juif. Car Dieu ne regarde pas la condition humaine, mais veut que « tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4). Il apporte le salut à tous, sans exception, quelles que soient leur origine, leur situation, leur culture. Indépendamment même de leur credo. Et c’est pour tous, pour l’humanité tout entière, qu’il implore du haut de la croix le pardon de son Père : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34), ils ne se rendent pas compte des conséquences de leurs péchés. (à suivre…)

L’âme de la France

Comment dire, mes frères, tout ce qu’évoque en mon esprit, en mon âme, comme dans l’âme et dans l’esprit de tout catholique, je dirais même dans toute âme droite et dans tout esprit cultivé, le seul nom de Notre-Dame de Paris ! Car ici c’est l’âme même de la France, l’âme de la fille aînée de l’Église, qui parle à mon âme. Âme de la France d’aujourd’hui qui vient dire ses aspirations, ses angoisses et sa prière ; âme de la France de jadis dont la voix, remontant des profondeurs d’un passé quatorze fois séculaire, évoquant les Gesta Dei per Francos, parmi les épreuves aussi bien que parmi les triomphes, sonne aux heures critiques comme un chant de noble fierté et d’imperturbable espérance. Voix de Clovis et de Clotilde, voix de Charlemagne, voix de saint Louis surtout, en cette île où il semble vivre encore et qu’il a parée, en la Sainte Chapelle, de la plus glorieuse et de la plus sainte des couronnes ; voix aussi des grands docteurs de l’Université de Paris, des maîtres dans la foi et dans la sainteté… Cardinal Pacelli (futur Serviteur de Dieu Pie XII), Discours dans la cathédrale Notre-Dame-de-Paris
, 13 juillet 1937.

mercredi 20 juin 2012

L’âme de la France

Comment dire, mes frères, tout ce qu’évoque en mon esprit, en mon âme, comme dans l’âme et dans l’esprit de tout catholique, je dirais même dans toute âme droite et dans tout esprit cultivé, le seul nom de Notre-Dame de Paris ! Car ici c’est l’âme même de la France, l’âme de la fille aînée de l’Église, qui parle à mon âme. Âme de la France d’aujourd’hui qui vient dire ses aspirations, ses angoisses et sa prière ; âme de la France de jadis dont la voix, remontant des profondeurs d’un passé quatorze fois séculaire, évoquant les Gesta Dei per Francos, parmi les épreuves aussi bien que parmi les triomphes, sonne aux heures critiques comme un chant de noble fierté et d’imperturbable espérance. Voix de Clovis et de Clotilde, voix de Charlemagne, voix de saint Louis surtout, en cette île où il semble vivre encore et qu’il a parée, en la Sainte Chapelle, de la plus glorieuse et de la plus sainte des couronnes ; voix aussi des grands docteurs de l’Université de Paris, des maîtres dans la foi et dans la sainteté… Cardinal Pacelli (futur Serviteur de Dieu Pie XII), Discours dans la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, 13 juillet 1937.

mardi 19 juin 2012

La vocation de la France

Nous avons une responsabilité, celle de jouer le rôle de la France ; ce rôle, dans mon esprit comme dans le vôtre, se confond avec un rôle chrétien. Notre pays ne serait pas ce qu'il est, c'est presque banal de le dire, s'il n'était pas d'abord un pays catholique. Partout où il m'est donné de passer, non seulement dans la métropole, mais à travers les pays de la Communauté, et souvent aussi en terre étrangère, les Françaises et les Français religieux sont présents. Je constate et salue leurs efforts, leurs mérites, et je prends acte de ce que servant Dieu, il servent aussi notre patrie. De tout cela je voudrais vous remercier très simplement, en ajoutant comme dernier mot, l'affirmation de mon entière confiance dans les destinées de notre pays. Je pense que si Dieu avait voulu que la France mourût, ce serait fait. Il ne l'a pas voulu, elle vit, l'avenir est à elle. Charles de Gaulle, Discours au pape Jean XXIII, 27 juin 1959.

lundi 18 juin 2012

Amour de Dieu et du prochain (3)

Amour de Dieu et du prochain (3)

Le Christ n’avait-il pas lancé cette invitation pressante et exigeante : « Bienheureux serez-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on vous calomniera de toute manière à cause de moi ! Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux » ? (Matthieu 5, 11-12). Comment dans ces conditions en vouloir à ceux qui s’en prennent ainsi à Jésus à travers notre modeste personne, s’ils nous aident à accéder à la patrie céleste ? N’est-il pas logique que le Seigneur nous demande de les aimer et de prier pour eux ? Ne deviennent-ils pas en quelque sorte nos bienfaiteurs, peut-être même plus que ceux qui nous veulent du bien ?
Nous constatons souvent que notre foi catholique (lire la suite) nous fait entrer dans une logique qui n’est pas celle du monde et qui, surtout, échappe à la « prudence de la chair » (Romains 8, 6) que dénonce saint Paul. Si notre Seigneur a précisé ainsi le rayon d’action de notre amour du prochain, il en a aussi indiqué la mesure : « Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres, et que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés », ajoutant, pour que l’idée pénètre bien à fond dans le cœur et dans l’esprit de ses apôtres : « C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13, 34-35). Tous le reconnaîtront, même ceux qui sont mus par la haine de Dieu et qui, de ce fait, se déchaîneront peut-être contre nous, comme ils s’en sont pris au Seigneur pour le clouer sur la Croix. « Comme je vous ai aimés », pas seulement vous, mes apôtres, mais tous les hommes de toutes les générations. « C’est à cela que nous avons reconnu l’amour : Celui-là a donné sa vie pour nous » (1 Jean 3, 16). Et « c’est quand nous étions encore pécheurs que le Christ est mort pour nous » (Romains 5, 8). C’est pourquoi l’Apôtre nous exhorte : « Vivez dans la charité, à l’exemple du Christ qui vous a aimés et s’est livré lui-même pour vous en offrande et en Sacrifice d’agréable odeur fait à Dieu » (Éphésiens 5, 2). Par suite, « nous aussi nous devons donner notre vie pour nos frères » (1 Jean 3, 16). Or, nos frères, ce ne sont pas seulement ceux avec qui nous partageons la même foi et qui le sont à un titre tout spécial et privilégié, mais aussi tous les hommes, que le Seigneur a aimés, jusqu’au bout » (Jean 13, 1). Il a prié pour ses bourreaux et pour tous ceux qui, à un degré ou un autre, ont été responsables de sa mise à mort : « Père, pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 12, 34). Aimer comme le Christ nous a aimés implique donc d’avoir cette même magnanimité et de savoir pardonner, car, loin de penser à nous-mêmes, nous voulons ardemment et sincèrement le salut des autres. (fin)

dimanche 17 juin 2012

Amour de Dieu et du prochain (2)

Amour de Dieu et du prochain (2)

Comment serait-il possible que nous nous en rendions compte et que nous percevions combien Dieu nous aime, sans devenir à notre tour fous d’amour ? Il faut laisser ces vérités de notre foi imprégner notre âme jusqu’à ce qu’elles transforment toute notre vie. Dieu nous aime ! Lui, le Tout-Puissant, l’Omnipotent, qui a fait le ciel et la terre » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 144). Nous nous rendons compte ainsi que l’amour de Dieu nous ouvre à l’amour du prochain et que si nous critiquons celui-ci, si nous en pensons et en disons du mal, si nous participons à la médisance, si nous avons du mal à l’accepter tel qu’il est, avec ses défauts, c’est le signe que notre amour de Dieu est trop faible. C’est par là qu’il faut commencer : « Augmente en nous la foi » (Luc 17, 5), ainsi que la charité et l’espérance. (lire la suite)
« Un second [commandement] lui est égal : Tu aimeras ton proche comme toi même » (Matthieu 22, 39). Ce commandement invite donc à aimer le prochain quel qu’il soit. Le Seigneur a lui-même illustré son propos pour bien nous en faire comprendre la portée en quelque sorte illimitée. Comparant la Loi nouvelle qu’il vient instaurer et qui est une Loi d’Amour, à la Loi ancienne, qui vient aussi de lui et garde son actualité, il précise en quel sens elle doit être perfectionnée. Pour le point qui nous intéresse directement ici, il proclame : « Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton proche, et tu haïras ton ennemi. Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous deveniez enfants de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et descendre la pluie sur les justes et sur les injustes. Si en effet vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? » (Matthieu 5, 43-47). Puis il ajoute, en conclusion de tout l’enseignement prodigué ce jour-là sur la montagne, « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5, 48), c’est-à-dire soyez saints comme votre Père du ciel est saint. Aimer son prochain, tout prochain indistinctement, est donc un gage de sainteté, et indéniablement aussi un signe de sainteté. Parce que ce n’est ni évident ni facile. « Bénissez ceux qui vous persécutent ; bénissez, mais ne maudissez pas » (Romains 12, 14). Comme saint Paul l’écrira, recueillant l’expérience des communautés chrétiennes : « Insultés, nous bénissons ; persécutés, nous supportons ; calomniés, nous encourageons » (1 Corinthiens 4, 12-13). (à suivre…)

samedi 16 juin 2012

Amour de Dieu et du prochain (1)

Amour de Dieu et du prochain (1)

« Les Pharisiens, ayant appris que Jésus avait réduit au silence les Sadducéens, se rassemblèrent. Et l'un d'eux, docteur de la loi, lui demanda pour l'embarrasser : « Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? » Il lui dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. C'est là le plus grand et le premier commandement. Un second lui est égal : Tu aimeras ton proche comme toi-même. En ces deux commandements tient toute la Loi, et les Prophètes » (Matthieu 22, 34-40). La question lui est posée pour l’embarrasser. Les pharisiens se sont réunis pour réfléchir au piège à lui tendre. Ils pensent avoir trouvé un cas particulièrement épineux et compromettant. Pourtant la réponse à la question posée va de soi pour n’importe quel Juif pratiquant, un tant soit peu au fait de la Loi. Peut-être s’attendaient-ils à ce que Jésus énonce une nouveauté, un enseignement non orthodoxe à leur goût. Mais il n’est pas venu abolir la Loi ou les prophètes, « mais les parfaire » (Matthieu 5, 17).
(lire la suite) Or, du mal Dieu peut tirer du bien. Jésus réunit deux commandements épars dans le Deutéronome et le Lévitique et montre qu’ils résument toute la Loi et les prophètes. Saint Marc met la question dans la bouche d’un scribe et apporte comme conclusion que Jésus, « voyant qu'il avait répondu judicieusement, lui dit : « Tu n'es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n'osait plus lui poser de questions » (Marc 12, 34). Selon saint Luc, il « lui dit : « Tu as bien répondu : fais cela et tu vivras » (Luc 10, 28). Ce que Dieu attend de nous, c’est donc que nous essayions de vivre ces priorités, d’en faire notre nourriture quotidienne. Nous savons que nous avons en Jésus-Christ le modèle de l’Amour parfait, total, sans exclusive, inébranlable, infini, de Dieu comme du prochain. Ce n’est qu’en regardant le Fils unique de Dieu qui s’est incarné par amour pour nous, que nous apprendrons « à comprendre un petit peu ce qu’il y a dans ce cœur de Dieu qui s’anéantit, qui renonce à manifester son pouvoir et sa majesté, pour se présenter à nous sous la forme d’un esclave (cf. Philippiens 2, 6-7). En employant le langage de tous les jours, nous pourrions dire que Dieu dépasse les bornes, puisqu’il ne se limite pas à ce qui serait essentiel ou indispensable pour nous sauver ; il va plus loin. L’unique forme de conduite ou de mesure qui nous permet de comprendre tant soit peu cette manière d’agir de Dieu, c’est de nous rendre compte qu’elle manque de mesure, de concevoir à quel point elle naît d’une folie d’amour qui le pousse à prendre notre chair et à se charger du fardeau de nos pêchés. (à suivre…)

jeudi 14 juin 2012

Pèlerinage sur les pas de Jeanne d’Arc


Pèlerinage sur les pas de Jeanne d’Arc

à l’occasion du 600e anniversaire de sa naissance

9 septembre
7 octobre
11 novembre
16 décembre


Départ : basilique Sainte-Jeanne-d’Arc
16 rue de La Chapelle 75018 Paris (lire la suite)


Messe à 10h30

Pique-nique tiré du sac

14h : départ de la marche
Récitation du chapelet avec arrêts dans les églises Saint-Bernard,
Saint-Vincent-de-Paul, Saint-Eugène-Sainte-Cécile, Notre-Dame-des-Victoires,
rue Saint-Honoré, église Saint-Roch.

Organisé par l’Association Universelle Jeanne d’Arc
Renseignements www.amis-jeanne-darc.org

mercredi 13 juin 2012

Sociologie d’Israël

Sociologie d’Israël

La société juive est dominée par quatre grands groupes : les Ashkénazes (originaires des pays d’Europe de l’Est), les Sépharades (originaires d’Afrique du Nord), les Juifs orientaux ou Mizrahim (originaires du Proche-Orient) et les Sabras (pour désigner les populations juives nées avant 1948 en Palestine). À cette division culturelle et géographique s’ajoutent des subdivisions selon le degré de pratique religieuse.
Depuis le XVIIe siècle, la société juive de la Diaspora est rentrée dans un processus de sécularisation lié à la nécessité pour les Juifs d e s’adapter à leur environnement. Ce phénomène a donné lieu à l’apparition au XIXe siècle de nouveaux courants religieux comme le Judaïsme réformiste ou les Ultra-Orthodoxes. En outre, le Judaïsme a été exposé à différentes idéologies du monde moderne, notamment le nationalisme et le socialisme, qui ont sensiblement marqué son évolution. L’écart s’est peu à peu creusé entre Ultra-Orthodoxes, Orthodoxes modernes ou Datiim et Laïques – pour qui le Judaïsme correspond davantage à une identité nationale et culturelle qu’à une religion. La création de l’État d’Israël en 1948 est l’œuvre de pionniers russes sionistes. Amis si les bases de l’État sont indéniablement sionistes, le besoin urgent d’obtenir un consensus social au moment de définir la forme de l’État en 1948, contraignit les différentes parties à trouver un compromis. Et il fut décidé que chaque minorité avait droit à la représentation. C’était le début d’un Statu Quo encore en vigueur aujourd’hui. La Terre Sainte, n° 618, mars-avril 2012, p. 24.

mardi 12 juin 2012

Sodome et Gomorrhe (3)

Sodome et Gomorrhe (3)

« Abraham s'approcha et dit : « Est-ce que vous feriez périr aussi le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville : les feriez-vous périr aussi, et ne pardonnerez-vous pas à cette ville à cause des cinquante justes qui s'y trouveraient ? Loin de vous d'agir de la sorte, de faire mourir le juste avec le coupable ! Ainsi il en serait du juste comme du coupable ! Loin de vous ! Celui qui juge toute la terre ne rendrait-il pas justice ? » Le Seigneur dit : « Si je trouve à Sodome cinquante justes dans la ville, je pardonnerai à toute la ville à cause d'eux » (Genèse 18, 23-26). Abraham connaît bien la situation réelle des deux villes. En habile négociateur, il place la barre relativement haut, à un niveau qu’il sait être irréaliste. Mais il a sa petite idée et sait où il veut en venir. Et surtout, il a foi en Dieu. (lire la suite)
Abraham obtient la réponse qu’il escomptait. Alors « Abraham reprit et dit : « Voilà que j'ai osé parler au Seigneur, moi qui suis poussière et cendre. Peut-être que des cinquante justes il en manquera cinq ; pour cinq hommes détruirez-vous toute la ville ? » Il dit : « Je ne la détruirai pas, si j'en trouve quarante-cinq. » Abraham continua encore à lui parler et dit : « Peut-être s'y trouvera-t-il quarante justes. » Et il dit : « Je ne le ferai pas, à cause de ces quarante. » Abraham dit : « Que le Seigneur veuille ne pas s'irriter, si je parle ! Peut-être s'en trouvera-t-il trente. » Et il dit : « Je ne le ferai pas, si j'en trouve trente. » Abraham dit : « Voilà que j'ai osé parler au Seigneur. Peut-être s'en trouvera-t-il vingt. » Et il dit : « À cause de ces vingt, je ne la détruirai pas » (Genèse 18, 27-31). Abraham continue sur sa lancée. Il ne peut plus s’arrêter maintenant. Il doit aller jusqu’au bout de son entreprise, de son « marchandage », qui est une véritable prière, et une prière prononcée en faveur d’autrui. Il donne l’impression de savoir qu’il s’agit d’une cause désespérée. Mais, qui sait si Dieu revenait sur sa décision… il faut tenter le tout pour le tout. « Abraham dit : « Que le Seigneur veuille ne pas s'irriter, et je ne parlerai plus que cette fois : Peut-être s'en trouvera-t-il dix. » Et il dit : « À cause de ces dix, je ne la détruirai point. » Le Seigneur s'en alla, lorsqu'il eut achevé de parler à Abraham, et Abraham retourna chez lui » (Genèse 18, 32-33). Il ne perd rien à essayer. Ce sera vain pourtant, parce que les hommes ne veulent pas écouter Dieu. Nous retirons au moins de cet épisode l’exemple d’une prière fidèle et confiante, d’une prière audacieuse et persévérante, d’une prière franche et désintéressée. (fin)

lundi 11 juin 2012

Sodome et Gomorrhe (2)

Sodome et Gomorrhe (2)

Nous voyons que cela correspond à la réalité et que Dieu nous traite vraiment en amis et engage la conversation avec nous. Il recherche notre compagnie. Il nous parle au fond de notre âme, et attend une réponse amoureuse de notre part, une réponse à sa grâce, une coopération à ses plans, qui sont des plans de bonheur pour l’homme.
« Amis de Dieu ! » Jésus est notre grand Ami en qui nous pouvons mettre toute notre confiance, l’Ami par excellence qui ne trahit pas… Le voyons-nous comme cela ? Avons-nous cette foi en Dieu qui fait que nous sommes persuadés qu’il peut tout, qu’il est Tout-Puissant, qu’il nous aidera toujours, qu’il veut notre bien et non nous châtier, qu’auprès de lui « se trouve[nt] le pardon » (Psaume 129, 4) et la paix ? « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai » (Matthieu 11, 28). Nous allons à Jésus par la prière, une prière pleine de foi : « Le juste vivra par la foi » (Romains 1, 17). (lire la suite) La foi n’est pas passive. Bien au contraire, elle est dynamique. Elle nous conforte dans l’idée qu’avec Dieu rien n’est impossible : « Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu » (Luc 18, 27). Abraham a foi en Dieu. Il n’ignore pas la situation exacte de Sodome et de Gomorrhe et le comportement scandaleux et gravement peccamineux de la plupart de ses habitants. Il en souffre lui-même, bien sûr, et ce spectacle lui est insupportable. Ces hommes pèchent au su et au vu de tout le monde. Abraham ne le sait que trop bien ? il pourrait donc dire à Dieu : ce n’est hélas que trop vrai, Seigneur, et je comprends que tu veuilles faire justice. Pourtant telle n’est pas sa réponse. Non. Il a foi en Dieu. Il sait que Dieu est le Tout-Puissant. Il est convaincu que Dieu est Miséricordieux et qu’il peut pardonner à son peuple. Alors, plutôt que de recenser les fautes, les nombreuses fautes de ses compatriotes, ou de demander directement le pardon de ce qui semble impardonnable, il joue la carte de cet amour et de cette Miséricorde de Dieu. Il fait appel à sa Justice et à sa Bonté. C’est malgré tout un raisonnement humain, parce que Dieu ne doit rien à l’homme. Et s’il condamne, ce ne sera que justice. (à suivre…)

dimanche 10 juin 2012

Sodome et Gomorrhe (1)

Sodome et Gomorrhe (1)

« Le Seigneur dit : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ? Car Abraham doit devenir une nation grande et forte, et toutes les nations de la terre seront bénies en lui. je l'ai choisi, en effet, afin qu'il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie du Seigneur, en pratiquant l'équité et la justice, et qu'ainsi le Seigneur accomplisse en faveur d'Abraham les promesses qu'il lui a faites. » Et le Seigneur dit : « Le cri qui s'élève de Sodome et de Gomorrhe est bien fort, et leur péché bien énorme. Je veux descendre et voir si, selon le cri qui est venu jusqu'à moi, leur crime est arrivé au comble ; et s'il n'en est pas ainsi, je le saurai » (Genèse 18, 17-21).
La première chose que nous constatons, c’est que le péché des hommes ne laisse pas Dieu indifférent. Le péché, certes, ne peut pas écorner sa sainteté, ni diminuer sa gloire. (lire la suite) Dieu est parfait dans toutes ses qualités et immuable. Il ne manque de rien. L’homme ne peut ni lui apporter ni lui ôter quelque chose. Et pourtant, Dieu n’est pas insensible à ce que nous faisons, en bien ou en mal. Parce qu’il « est Amour » (1 Jean 4, 16). Parce qu’il est une Personne, ou plutôt trois Personnes. Parce qu’il est le Vivant, celui qui est « Je suis » (Exode 3, 14). Le Seigneur se sent si directement concerné par nos péchés que, dans une effusion d’Amour inimaginable, il décide d’envoyer son Fils à notre rescousse, il lui demande de s’incarner, de devenir un homme « semblable aux hommes » (Philippiens 2, 7), qui « a dû se faire semblable en tout à ses frères » (Hébreux 2, 17), pour sauver notre nature gâtée par le péché et nous rétablir dans la dignité première d’enfant de Dieu. Cependant, malgré les appels à la conversion, au repentir, malgré les alliances passées avec son peuple, dont la dernière a été scellée dans le Sang de l’Agneau, l’homme reste pécheur. Et la clameur de nos péchés monte vers le ciel. Et ce péché ne peut pas rester impuni. « Le Seigneur dit : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ? […] Je veux descendre et voir si, selon le cri qui est venu jusqu'à moi, leur crime est arrivé au comble ; et s'il n'en est pas ainsi, je le saurai. » (Genèse 18, 17.21). Il est admirable de voir cette confiance de Dieu en un homme, à quel point il lui fait part de son projet pour voir ce qu’il en pense. Le Seigneur dit à ses apôtres qu’il ne les appelle plus serviteurs « parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître. » (Jean 15, 15). (à suivre…)

vendredi 8 juin 2012

Jésus n’est pas seul (3)

Jésus n’est pas seul (3)

Réuni avec ses apôtres pour la dernière Cène, Jésus leur annonce que « voici venir l’heure – et elle est déjà venue – où vous vous disperserez, chacun pour son compte, et vous me laisserez tout seul [ce qui laisse entendre un « sauve qui peut » généralisé au moment de l’épreuve]. Cependant, je ne suis pas seul, car le Père est avec moi » (Jean 16, 32). C’est vrai du fait de l’union hypostatique, du fait que Dieu est un Dieu unique.
Quand ses apôtres l’auront effectivement abandonné, quelques instants plus tard, Jésus s’adresse à son Père, avec qui il garde le contact : « Père, si c’est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non comme je veux, moi, mais comme tu veux, toi » (Matthieu 26, 30). Et dans la détresse du Calvaire, alors que le Père semble s’être retiré et ne pas prêter attention à son Fils qui, pourtant, accomplit sa Volonté parfaite, le Christ continue de prier son Père. (lire la suite) Il dit, avec le peu de force qui lui reste, « Eli, Eli, lama sabacthani, c’est-à-dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27, 46). Il prononce à haute voix ce premier verset du psaume 22, dont il poursuit la récitation en silence, psaume qui débouche sur un cri de victoire et l’assurance de la Rédemption. C’est l’heure où le monde va être jugé : « Je suis venu en ce monde pour un jugement afin que ceux qui ne voient pas voient et que ceux qui voient deviennent aveugles » (Jean 9, 39). Car un jugement doit intervenir. Un jugement prononcé du haut de la Croix : « Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi, dissipe » (Luc 11, 23). « Celui qui vous rejette, c’est moi qu’il rejette ; or celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé » (Luc 10, 16). C’est un jugement définitif, qui s’exprime au cas par cas au moment de la mort de chaque homme, et qui sera récapitulé à la fin des temps. « Si moi je viens à juger, mon jugement à moi a valeur de vérité, parce que je ne suis pas seul : il y a moi et le Père qui m’a envoyé » (Jean 8, 16). Et de fait, « je juge d’après ce que j’entends ; et le jugement que je rends est juste, parce que je m’applique à faire non pas ma volonté à moi ; mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 5, 30). Car « ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin » (Jean 4, 34), ce qui intervient au Calvaire. Jésus n’est pas seul. Nous ne serons pas davantage seuls si nous nous appliquons de toutes nos pauvres forces à accomplir à notre tour en tout la Volonté de celui qui nous a créés un par un, avec Amour, et envoyés dans le monde pour que nous travaillions à « rassembler les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11, 52). (fin)

jeudi 7 juin 2012

Jésus n’est pas seul (2)

Jésus n’est pas seul (2)

Jésus n’est pas seul parce qu’il est étroitement, indissociablement uni au Père et au Saint-Esprit. De même pour nous. si nous restons bien unis à notre Dieu, présent dans notre âme en état de grâce ; si nous cultivons le sens profond de notre filiation divine ; si nous nous mettons à l’écoute habituelle du Saint-Esprit, nous ne pouvons pas nous sentir seuls, quoi qu’il arrive dans notre vie. Mais nous sentirons toujours l’appui inconditionnel de Dieu, son aide de tous les instants, sa proximité de l’enfant que nous sommes.
Jésus n’est pas seul. Et cependant son Père a pu permettre qu’il éprouve un sentiment de solitude absolue, dans sa très Sainte Humanité, à l’heure effroyable de sa Passion, alors qu’il se trouve cloué sur la Croix, face à l’humanité pécheresse rassemblée dans son esprit. Ce fut une nouvelle mise à l’épreuve. Ce fut un doux abandon que son Père lui demandait pour nous sauver. (lire la suite) Jésus y répondit en récitant le psaume 22, psaume de confiance absolue en Dieu au milieu des tribulations. Cet autre exemple du Christ doit nous rassurer si jamais nous faisons également l’expérience d’un certain éloignement de Dieu, et si nous n’arrivons pas, momentanément, à sentir combien il est proche de nous. Non seulement proche, mais bien installé à demeure dans notre âme ! Il pourra nous reprocher d’avoir douté : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (Matthieu 14, 31). Le doute peut être une épreuve permise par Dieu, pour nous grandir dans la foi. Mais elle peut être également le résultat d’un manque de confiance dans l’efficacité des moyens surnaturels et dans le fait que Dieu ne nous abandonne jamais. Notre Seigneur annonce encore que, une fois dressé sur la Croix face à l’univers, « vous reconnaîtrez alors que c’est Moi, et que je ne fais rien de mon propre chef, mais que ce que je dis est cela-même que le Père m’a enseigné » (Jean 8, 28) et m’a chargé de vous transmettre pour que, en m’écoutant, vous voyiez que je « suis sorti du Père » (Jean16, 27). « Et celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (Jean 8, 29), ce qui est évidemment essentiel. Le même saint Jean nous montre qu’accomplir la Volonté de Dieu est gage de fécondité spirituelle : « Quoi que nous demandions, nous l’obtenons de Lui, parce que nous gardons ses commandements et nous faisons ce qui est agréable à ses yeux » (1 Jean 3, 22). Voilà donc une ligne de conduite toute tracée. (à suivre…)

mercredi 6 juin 2012

Jésus n’est pas seul (1)

Jésus n’est pas seul (1)

Saint Jean est le chantre incontestable de l’union du Christ à son Père. Il est le seul des évangélistes à souligner avec insistance cette union en rapportant l’affirmation réitérée de Jésus comme quoi il n’est pas seul, à toutes les étapes de sa vie sur terre. Et ce fait essentiel conditionne le comportement du Seigneur et le contenu de sa prédication.
« Je ne puis rien de moi-même. Je juge d’après ce que j’entends, et le jugement que je rends est juste, parce que je m’applique à faire non ma volonté à moi, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 5, 30). Il est beau et encourageant d’entendre notre Seigneur dire qu’il s’applique à suivre les instructions de son Père et à ne pas en faire à sa tête. Certes, Jésus-Christ vit dans l’union hypostatique, et rien ne peut l’en écarter. Mais, en tant qu’homme, il nous montre quelle doit être notre attitude : ne pas nous laisser guider par nos caprices ou nous propres idées, voire nos sentiments, mais nous atteler en toute chose à faire la Volonté de Dieu, à ne pas laisser les aspirations humaines prendre le pas sur les aspirations surnaturelles. À ne pas nous tromper sur la source inspiratrice de nos actions. Celle-ci ne peut être que la Révélation et la loi morale inscrite dans notre nature. (lire la suite) « Alors Jésus prit la parole et leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même qu’il ne le voie faire au Père, car ce que fait celui-ci, le Fils aussi le fait pareillement » (Jean 5, 19). C’est la limite que notre Seigneur s’est volontairement fixée de toute éternité. Il est la Parole vivante du Père. Il exprime donc ce qui se dit au sein de la Très Sainte Trinité. Il n’a rien à inventer ou à apporter de son propre chef : il nous transmet fidèlement tout ce que le Père veut que nous sachions et rien que ce qu’il veut en ce sens. Avec lui, la Révélation est complète. Nous n’avons besoin de rien d’autre pour croire en Dieu, pour vivre de la foi et gagner le moment venu la patrie céleste. Le Christ nous donne une explication raisonnable de son attitude : « Car je suis descendu du ciel pour faire non ma volonté à moi, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 6, 38). C’est sous cet éclairage que nous comprenons toute action du Fils de Dieu sur terre. C’est la volonté du Père qu’il vienne à notre rescousse et nous ouvre le chemin du salut, de la réconciliation avec Dieu. Il a été envoyé auprès des hommes pour proclamer : « Repentez-vous et croyez à l’Évangile » (Marc 1, 15), à la Bonne Nouvelle que je vous annonce. « Il vous est né un Sauveur, qui est le Messie Seigneur » (Luc 2, 11). Il insiste auprès de ses apôtres qui reviennent de la ville avec les provisions qu’ils sont allés acheter tous ensemble : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et mener son œuvre à bonne fin » (Jean 4, 34), c’est-à-dire de la mener « jusqu’au bout » (Jean 13, 1). Mais c’est l’œuvre conjointe des trois Personnes divines. (à suivre…)

mardi 5 juin 2012

Dureté de cœur (5)

Dureté de cœur (5)

Il faut bien voir que, « par ton endurcissement et par l’impénitence de ton cœur, tu amasses pour toi la colère pour le Jour de la colère où se révélera le juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres » (Romains 2, 5-6). Mieux vaut s’abstenir de juger indûment les autres et, plus grave encore, de les condamner parce qu’ils font un bien que nous sommes incapables de réaliser ou auquel nous n’avons pas pensé. Quand un homme à la main desséchée se tient devant lui dans la synagogue – donc un jour de sabbat – le Seigneur demande aux Juifs pieux présents : « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de sauver un être ou de le faire mourir ? » (Marc 3, 4), ils auraient dû répondre unanimement : « De faire le bien. De sauver un homme. » Or, tous gardèrent le silence. Alors Jésus, « attristé par l’endurcissement de leur cœur » (Marc 3, 5), réalise quand même le miracle, parce que le bien de l’infirme passe avant son propre bien à lui et ce que les hommes peuvent en penser.
(lire la suite) Mais cette dureté de cœur n’est hélas pas l’apanage des seuls pharisiens auxquels Jésus se heurte constamment ou d’une partie du peuple qui les suit. Nous la retrouvons également chez des disciples du Christ. C’est le cas des deux disciples dits d’Emmaüs, auxquels le Seigneur dit, après les avoir écouté parler de leur tristesse et étaler leur découragement : « Ô gens sans intelligence, esprits lents à croire tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! » (Luc 24, 25). Pire encore est l’incrédulité des apôtres, qui ont pourtant vécu près de trois ans dans la compagnie quotidienne du Maître, mais qui n’ont pas retenu en profondeur ses enseignements. Il se montre à eux au soir de sa Résurrection et « il leur reprocha leur incrédulité et leur entêtement, parce qu’ils n’avaient pas cru à ceux qui l’avaient vu après sa Résurrection d’entre les morts » (Marc 16, 15). Pareille attitude nous paraît, en effet, incompréhensible, mais nous disposons d’éléments d’appréciation qu’ils n’avaient pas. Et ne parlons pas de l’apôtre Thomas… Là, c’est le pompon. Ce qui ressort de toutes ces situations variées, c’est que l’homme possède une grande capacité à se montrer dur envers les autres, à les juger hâtivement, à être insensible à leurs besoins et à leurs malheurs, et à se montrer ingrat envers Dieu. Demandons au Seigneur de ramollir notre cœur, de nous apprendre à aimer les autres et à saisir le sens des événements, pour y découvrir sa main amoureuse et l’orientation vers le salut qui s’y trouve toujours enfermée. Et donc, en définitive, pour nous adapter à la Volonté de Dieu, quelle qu’elle soit, et l’adopter volontiers. (fin) )

lundi 4 juin 2012

Dureté de cœur (4)

Dureté de cœur (4)

« Va vers ce peuple et dis-lui : Vous entendrez de vos oreilles et vous ne comprendrez pas ; vous regarderez de vos yeux et vous ne verrez pas. Le cœur de ce peuple, en effet, est devenu insensible ; ils sont devenus durs d’oreille et ils ont fermé leurs yeux, de peur de voir de leurs yeux, d’entendre de leurs oreilles, de comprendre avec leur cœur et de se convertir pour que je les guérisse » (Actes 28, 26-27). C’est là le hic, le fait de devoir se convertir. C’est à cela que l’homme résiste, qu’il freine des quatre fers, comme s’il avait à craindre Dieu. Voilà donc un « peuple insensé et sans cœur ! Ils ont des yeux pour ne pas voir, des oreilles pour ne pas entendre ! » (Jérémie 5, 21).
N’imputons pas cela le cœur léger aux seuls Israélites, (lire la suite) comme si cela ne nous concernait pas. Parce que notre monde se ferme à Dieu, se durcit considérablement face à toute référence surnaturelle, à tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, a trait à Dieu. Sous couvert de liberté de conscience, c’est la manifestation la plus grande qui soit d’intolérance, le plus grand orgueil jamais vu sur terre depuis les origines. L’homme est son propre dieu. Peut-être est-ce que « le Seigneur ne vous a pas donné jusqu’à ce jour un cœur qui comprenne, des yeux qui voient, des oreilles qui entendent » (Deutéronome 29, 3), ou alors que « Dieu leur a donné un esprit de torpeur, des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre, jusqu’à aujourd’hui » (Romains11, 8). C’est un épais mystère. Nous pourrions donc penser que s’il en est ainsi, ce n’est pas entièrement de la faute des hommes. Détrompons-nous. si Dieu a obstrué le cœur et l’entendement des hommes, c’est parce qu’ils ne veulent rien savoir de lui. Il a tout fait pour essayer que son peuple marche sur le droit chemin. Il a tout tenté. Il a envoyé Moïse et les prophètes. Mais « Il en envoya un autre : celui-là, ils le tuèrent; puis beaucoup d'autres qui furent les uns battus, les autres tués par eux » (Marc 12, 5). Saint Jean expliquera le fait que beaucoup de Juifs ne croyaient pas en Jésus malgré les nombreux miracles qu’il avait opérés devant eux par la prophétie d’Isaïe (6, 9-10) : « Il leur a aveuglé les yeux et endurci le cœur, afin qu’ils ne voient pas de leurs yeux, ne comprennent pas avec leur cœur et ne se convertissent pas. Et je les eusse guéris ! » (à suivre…)

dimanche 3 juin 2012

Dureté de cœur (3)

Dureté de cœur (3)

Le Seigneur a en horreur cette duplicité, cette façon qu’ils ont d’arranger les choses selon leur convenance, en faisant jouer le nom de Dieu, en le prenant à témoin : « Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit : Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi. Vain est le culte qu'ils me rendent, donnant des enseignements (qui sont) des préceptes d'hommes » (Mattieu 15, 7-9). « Et il leur dit : Vous avez bel et bien annulé le commandement de Dieu pour observer votre tradition ! » (Marc 7, 9). Voilà le drame. Il nous arrive à nous aussi d’accommoder la vie à notre sauce, de composer notre menu dans ce que nous sommes appelés à vivre. Nous pouvons ainsi trouver des accommodements avec la morale
(lire la suite) qui nous arrangent tout en obscurcissant notre conscience de ce que qui est objectivement bon ou mauvais. Si Moïse a permis d’établir un acte de répudiation de la femme, comme les pharisiens le rappellent à Jésus pour savoir s’il accepte, lui aussi, cette façon de procéder, le Seigneur répond : « C’est à cause de votre dureté de cœur qu’il a écrit pour vous cette prescription. Mais, au moment de la création, Dieu les fit homme et femme. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Si bien qu’ils ne sont plus deux, mais une seule chair. En conséquence, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » (Marc 10, 5-9 ; cf. Matthieu 19, 3-8). Cette dureté de cœur ne date pas d’aujourd’hui. Elle s’est manifestée à bien des reprises. Par exemple, lors de l’exode du peuple juif après sa sortie d’Égypte sous la conduite de Moïse. « Toute l'assemblée éleva la voix et poussa des cris, et le peuple pleura pendant cette nuit-là. Tous les enfants d'Israël murmurèrent contre Moïse et Aaron, et toute l'assemblée leur dit : « Que ne sommes-nous morts dans le pays d'Égypte, ou que ne sommes-nous morts dans désert ? Pourquoi le Seigneur nous fait-il aller dans ce pays, pour que nous tombions par l'épée ? Nos femmes et nos enfants deviendront une proie. Ne vaut-il pas mieux pour nous retourner en Égypte ? » Et ils se dirent les uns aux autres : « Nommons un chef, et retournons en Égypte » (Nombres 14, 1-4). Nous pouvons être vraiment insensibles à tous les bienfaits reçus de Dieu et rester « le nez dans le guidon », incapables de percevoir les interventions permanentes de Dieu dans notre vie et de lui en manifester de la gratitude. Nous sommes des éternels insatisfaits. (à suivre…)

samedi 2 juin 2012

Dureté de cœur (2)

Dureté de cœur (2)

À nombre de ceux qui l’écoutent, le Seigneur peut dire : « Qui est aveugle, sinon mon serviteur ; et sourd comme mon messager que j'envoie ? Qui est aveugle comme celui dont j'avais fait mon ami, aveugle comme le serviteur du Seigneur ? Tu as vu beaucoup de choses, et tu n'as rien retenu ; il a eu ses oreilles ouvertes, et il n'a rien entendu » (Isaïe 42, 19-20). Ceux-là ne saisissent ni le sens ni la portée de la prédication. Elle leur passe par-dessus la tête. L’Évangile est voilé « pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’esprit, afin qu’ils ne voient pas l’éclat du glorieux Évangile du Christ, qui est l’image de Dieu » (2 Corinthiens 4, 4). Tous ceux qui n’ont pas « accueilli l’amour de la vérité qui les eût sauvés », mais qui ont préféré « les séductions qu’offre le mal », « Dieu leur envoie une puissance active d’égarement qui les porte à croire au mensonge,
(lire la suite) afin que soient condamnés tous ceux qui n’auront pas cru à la vérité, mais se sont complus dans le mal » (2 Thessaloniciens 2, 10-12), donc de façon consciente et coupable, et dont ils doivent assumer la responsabilité. Alors que toi, Seigneur, « en vérité, je reconnais que [tu…] ne fais pas acception de personne, mais qu’en toute nation celui qui te craint et qui pratique la justice, [t’est] agréable » (Actes 10, 34-35). La dureté du cœur de certains, de beaucoup, ne se manifeste pas seulement quand ils se ferment à l’enseignement du Seigneur et que leur cœur se dessèche (cf. Nombres 11, 6). Elle intervient aussi dans la conduite quotidienne. Un jour, « des Pharisiens et des scribes venus de Jérusalem s'approchent de Jésus, disant : « Pourquoi vos disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? Car ils ne se lavent pas les mains lorsqu'ils mangent » (Matthieu 15, 1-2). La belle affaire ! Ils aimeraient bien les condamner, si c’était en leur pouvoir, et ils attendent que le rabbi le fasse. Mais il leur répond en les remettant à leur place et en essayant de leur faire comprendre leurs propres transgressions, autrement graves que manger les mains non purifiées : « Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu par votre tradition ? Car Dieu a dit : Honore ton père et ta mère; et : Quiconque maudira son père ou sa mère, qu'il soit puni de mort. Mais vous, vous dites : « Quiconque dit à son père ou à sa mère : Ce dont j'aurais pu vous assister est offrande, — n'a pas à honorer (autrement) son père ou sa mère. » Et vous avez mis à néant la parole de Dieu par votre tradition » (Matthieu 15, 3-6). (à suivre…)

vendredi 1 juin 2012

Dureté de cœur (1)

Dureté de cœur (1)

« Fils d’homme, tu habites dans une maison de rebelles, qui ont des yeux pour voir et ne voient pas, qui ont des oreilles pour entendre et n’entendent pas ; car ils sont une maison de rebelles » (Ézéchiel 12, 2). Ce reproche intervient comme un leitmotiv qui parcourt tout l’Ancien Testament. Mais ce n’en est malheureusement pas une exclusivité. Le Seigneur Jésus se plaint fréquemment qu’il se heurte à un mur d’incompréhension, et il cite à plusieurs reprises librement ce passage d’Isaïe : « Va, et dis à ce peuple : Entendez, et ne comprenez point ; voyez, et n'ayez point l'intelligence. Appesantis le cœur de ce peuple, et rends dures ses oreilles, et bouche-lui les yeux, en sorte qu'il ne voie point de ses yeux et n'entende point de ses oreilles, et qu'il ne se convertisse point et ne soit point guéri » (Isaïe 6, 9-10). (lire la suite) Cela nous fait de la peine. Car nous aimerions que tout le monde accueille la parole libératrice du Christ, se laisse attirer et gagner par son Amour. Le problème est que nous sommes nous aussi bien souvent rétifs, que notre cœur est lui aussi endurci, comme imperméable à la grâce que Dieu voudrait y déverser. C’est pour cela que nous trouvons parfois la vie amère, que nous ne voyons que difficultés… « Que celui qui a des oreilles entende ! » (Matthieu 13, 9). Ne faut-il pas avoir un cœur bien disposé ? « Pourquoi est-ce en paraboles que tu leur parles ? » (Matthieu 13, 10). Cela ne rend apparemment pas la compréhension facile dans certains cas. Les disciples ont l’avantage de pouvoir interroger leur Maître : « Explique-nous la parabole » (Matthieu 13, 35). « Je leur parle en paraboles, parce que voyant ils ne voient pas, et entendant ils n'entendent ni ne comprennent » (Matthieu 13, 13). Et il ajoute, comme pour justifier sa façon d’agir - même s’il n’a pas besoin de se justifier : il est le Tout-Puissant ! – que c’est pour que s’accomplisse ce que le prophète Isaïe a annoncé : « Vous entendrez de vos oreilles et vous ne comprendrez point; vous verrez de vos yeux, et vous ne verrez point. Car le cœur de ce peuple s'est épaissi, et ils sont durs d'oreilles, et ils ferment leurs yeux : de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur cœur ne comprenne, qu'ils ne se convertissent et que je ne les guérisse » (Matthieu 13, 14-15). Donc eux, ils ne pénétreront pas le sens de la parabole du semeur, qui sème à la volée, le bon grain tombant parfois dans une terre sèche et aride qui ne peut l’accueillir et produire du fruit, contrairement à la bonne terre où il produit « l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente pour un » (Matthieu 13, 8). (à suivre…)