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mercredi 28 février 2007

L'epreuve et la grace


L’épreuve et la grâce

Saint Paul affirme que Dieu ne permet pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces (cf. 1 Corinthiens 10, 13), c’est-à-dire que la grâce de Dieu vient toujours à notre secours dans les épreuves. De sorte que nous pouvons dire, d’une certaine façon, que toutes les situations se valent : la grâce est proportionnée à l’effort nécessaire pour vivre chrétiennement. (lire la suite)
Sainte Rose de Lima, patronne de l’Amérique, l’exprime avec profondeur dans une lettre au Docteur Castillo, dans laquelle elle fait part de ce que le Seigneur lui disait dans sa prière :
« Le Seigneur notre Sauveur éleva la voix et dit, avec une incomparable majesté : « Tous doivent savoir qu’après l’épreuve vient la grâce ; tous doivent connaître que, sans le poids des afflictions, on ne peut parvenir au sommet de la grâce ; tous doivent comprendre que la mesure des charismes [ou des dons surnaturels] augmente avec l’accroissement des peines. Les hommes doivent se garder d’errer ou de se tromper. C’est la seule véritable échelle du paradis, et hors de la croix, on ne trouve pas de chemin pour monter au ciel. »
Lorsque j’entendis ces paroles, un élan très fort m’emporta, comme pour me faire venir au milieu de la rue, afin que je dise, avec de grands cris, à tous les gens de tout âge, sexe et condition : « Écoutez, peuples ; écoutez, tout le monde. Sur l’ordre du Christ, en employant les paroles sorties de sa bouche, je vous en avertis : nous ne pouvons acquérir la grâce si nous ne souffrons pas d’afflictions ; il faut que les peines s’accumulent les unes sur les autres pour obtenir de participer intimement à la nature divine, à la gloire des fils de Dieu, à la parfaite félicité de l’âme. »
[…] Il me semblait que mon âme […] devait, après avoir rompu ses liens, s’en aller dans le monde entier, avec agilité et sans entrave, parfaite, et toujours plus grande, en disant : « Si les mortels pouvaient connaître l’importance de la grâce divine, combien elle est belle, noble et précieuse ; combien de richesses elle recèle, combien de trésors, d’allégresses et de délices ? Sans aucun doute ils s’appliqueraient, de toute leur activité et de tous leurs soins, à se procurer peines et afflictions ! Tous, à travers le monde, rechercheraient, au lieu de richesses, ennuis, maladies et tourments, pour acquérir l’inestimable trésor de la grâce. C’est là le butin et le profit ultime de la patience. Personne ne se plaindrait de la croix ni des peines qui pourraient advenir, si l’on connaissait la balance où elles sont pesées pour la rétribution des hommes. »

mardi 27 février 2007

Jean-Jacques Le Tourneau, mon pere

Jean-Jacques Le Tourneau, mon père


Jean-Jacques Le Tourneau est né le 24 juin 1908, à Paris VIIème arrondissement. Il appartenait à une famille d’architectes de père en fils depuis avant la Révolution jusqu’à son père, Marcel Le Tourneau, architecte et archéologue (auparavant ils avaient surtout été maîtres charpentiers à Angers), originaire de Saint-Sylvain d’Anjou, qui s’était installée en 1846 à Paris, 27 rue de l’Université, où il est né. Sa mère, Marie Grouvelle (1883-1969) était elle-même fille d’Antoine Grouvelle (1843-1917), directeur général des manufactures des tabacs, président de la société entomologiste de France. (lire la suite)
Parmi ses ancêtres figurent le chimiste Guillaume Rouelle (1703-1770, membre de l’Académie des sciences ; le chimiste Hilaire Rouelle (1718-1799) ; Jean d’Arcet (1725-1801), directeur de la Manufacture de Sèvres, membrée l’Académie des sciences ; Jean d’Arcet (1777-1844), membre de l’Académie des sciences ; l’écrivain et diplomate Philippe-Antoine Grouvelle (1758-1806).
Il a épousé le 3 avril 1934 Melle Geneviève Barbe-Abeille, dont il a eu sept enfants.
Il était ingénieur de l’école nationale des mines de Paris (promotion 1928) et licencié en Droit, lieutenant d’artillerie de montagne (sur le front des Alpes du Sud en 1939-1940).
Entré à Saint-Gobain en 1932, chef du service administratif puis des transports (1942-1948), adjoint au directeur du département des produits chimiques (1948-1955), il fonda en 1955 le service des accords techniques et des affaires extérieures en vue de procéder à des transferts de maîtrise industrielle, par des projets sains et profitables pour toutes les parties. Il réalisa dans cet esprit des complexes industriels dans le monde entier. Il fut le directeur de ce service des accords techniques et des affaires extérieures à Saint-Gobain puis, à la suite de fusions, à Péchiney-Saint-Gobain, enfin à Rhône-Poulenc jusqu’en 1973. Président (1973-1978) de la Compagnie pour la cession de licences par lui fondée (Cofral), puis président d’honneur. Il avait été administrateur de sociétés en Espagne, France, Grèce, Hollande, Inde, Italie, au Mexique et au Pakistan, conseiller du commerce extérieur et président de sa commission d’Europe méridionale (1967-1973).
Selon Jacques Hertz, son plus proche collaborateur pendant de nombreuses années, Jean-Jacques Le Tourneau « était un homme brillant, non conformiste, enthousiaste, ouvert aux autres, entreprenant, parfois aux limites de ce qui était possible. Il ne s'est pas soumis aux normes de la réussite. Dans de nombreux pays, il a fait rayonner l'éclat de notre créativité, de notre humanisme et de notre foi dans une solidarité universelle : l’Italie, la Grèce, l’Afrique du Sud, le Maroc, l'Algérie, l’Union Soviétique, le Canada, le Liban, la Jordanie, le Pakistan, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Yougoslavie et d'autres pays encore ont été marqués de son empreinte ». Il ajoute qu’avec « l'appui sans faille de la Compagnie de Saint-Gobain, puis dans le cadre d'une entreprise créée de toutes pièces, J.J. Le Tourneau et l'équipe qui lui a été fidèle, ont mis en oeuvre dès les années 1950 la pratique la plus nécessaire à notre temps, le PARTAGE : partage du savoir, partage de la technique, partage du management, partage des marchés, partage de la formation, partage des risques. Il fallait un esprit de grande classe pour convaincre les pouvoirs de faire dans leurs stratégies une place pour le service des autres et pour faire passer sur leurs entreprises ce souffle vivifiant. Les nombreux ingénieurs, techniciens, financiers, juristes et commerçants auxquels J.J. Le Tourneau a ouvert de nombreux horizons lui en sont toujours reconnaissants. Ils lui doivent une bonne part de leur épanouissement personnel. Ils ne l'oublieront pas. »
Jean-Jacques Le Tourneau a été administrateur de la Caisse centrale d’allocations familiales de la région parisienne (1946-1954), membre de la commission administrative de l’URSSAF de la région parisienne (1948-1954) et président de la commission de contrôle de l’URSSAF (1952-1954).
Il fut également membre fondateur de la Confédération générale des cadres (CGC), de la Fédération nationale des cadres des industries chimiques et du Syndicat des cadres des industries chimiques. Membre du comité directeur et de la commission de doctrine de la CGC (1945-1954), secrétaire général du Syndicat des cadres de la chimie (1950-1954), membre d’honneur du comité confédéral et du comité directeur de la CGC (à partir de 1954). À l’époque où Jean-Jacques Le Tourneau était à la CGC, celle-ci avait la culture de propositions constructives et la recherche de l’intérêt général.
Il milita toujours pour une réelle participation (et pas simplement pour l’intéressement des salariés). Auteur de nombreux articles économiques publiés dans Le Creuset, Cadres de France, Le Creuset-La Voix des cadres, Le Bulletin du Syndicat national des cadres de la chimie. Professeur à l’Essec (1973-1977). Il était Chevalier de la Légion d’honneur.

lundi 26 février 2007

16. Le « merite »


16. Le « mérite »


« Le terme « mérite » désigne, en général, la rétribution due par une communauté ou une société pour l’action d’un de ses membres éprouvée comme un bienfait ou un méfait, digne de récompense ou de sanction. Le mérite ressort à la vertu de justice conformément au principe de l’égalité qui la régit » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2006). Et la justice veut que l’on rende à chacun ce qui lui est dû. Il saute aux yeux que Dieu, « Créateur du ciel et de la terre », comme nous le confessons dans le « Je crois en Dieu », par qui « nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes 17, 28) et en qui tout subsiste (cf. Colossiens 1, 17), ne doit absolument rien à ses créatures en stricte justice. (lire la suite)
Alors que les hommes lui doivent tout. Sans l’âme créée par lui, ils n’existeraient pas. Sans le don de la grâce, ils ne pourraient pas progresser dans le domaine spirituel : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5).
C’est pourquoi l’homme n’obtient pas par lui-même de mérites devant Dieu par ses bonnes œuvres : « Entre Lui et nous, l’inégalité est sans mesure, car nous avons tout reçu de Lui, notre Créateur » (Ibid., n° 2007), qui est Infini par essence. Cependant, par le baptême, Dieu fait des hommes ses enfants. Ainsi « l’adoption filiale, en nous rendant participants par grâce à la nature divine, peut nous conférer, suivant la justice gratuite de Dieu, un véritable mérite. C’est là un droit par grâce, le plein droit de l’amour, qui nous fait cohéritiers du Christ et dignes d’obtenir l’« héritage promis de la vie éternelle » (concile de Trente) » (, n° 2009). Il ne s’agit donc pas d’un « mérite » à proprement parler, mais d’une « récompense » promise gratuitement par Dieu, dans son infinie Bonté, à ceux qui le suivent. Au jugement dernier, le « Roi » enverra les hommes selon ce qu’ils auront fait, soit « à la droite » de Dieu, c’est-à-dire au ciel, soit loin de lui, « au feu éternel, préparé pour le diable et pour ses anges », l’enfer (cf. Matthieu 25, 31-46).
Par suite, « le mérite de l’homme auprès de Dieu dans la vie chrétienne provient de ce que Dieu a librement disposé d’associer l’homme à l’œuvre de sa grâce. L’action paternelle de Dieu est première par son impulsion, et le libre agir de l’homme est second en sa collaboration, de sorte que les mérites des bonnes œuvres doivent être attribués à la grâce de Dieu d’abord, au fidèle ensuite » (Ibid., n° 2008).
Ayant expliqué ce que sont la loi morale, la liberté humaine avec la responsabilité correspondante, la conscience et la moralité des actes humains, nous pouvons nous pencher sur des situations concrètes, telles que l’avortement et l’euthanasie, pour savoir si leur pratique peut se justifier dans certains cas, c’est-à-dire être moralement licite.

(à suivre…)

dimanche 25 février 2007

Encore l'apostolat


Encore l'apostolat


Je continue à donner quelques idées sur l’apostolat, en m’appuyant sur des textes de saint Josémaria.

« Ce n’est pas notre apostolat que nous faisons. Si c’était le cas, qu’aurions-nous à dire ? C’est l’apostolat du Christ que nous faisons, parce que Dieu le veut, parce que c’est ainsi qu’il nous l’a ordonné : Allez par le monde entier pour prêcher l’Évangile (Marc 16, 15). Les erreurs sont nôtres ; les fruits appartiennent au Seigneur » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 267).
(lire la suite)
« Et comment réaliserons-nous cet apostolat ? Avant tout par l’exemple, en vivant conformément à la Volonté du Père, comme Jésus nous l’a montré par sa vie et son enseignement. La vraie foi, c’est celle qui ne permet pas que les actes soient en contradiction avec les paroles. Nous devons mesurer l’authenticité de notre foi en examinant notre conduite personnelle. Nous ne sommes pas sincèrement croyants si nous ne nous efforçons pas de mettre en pratique ce que nous prêchons » (Ibid., n° 268).

« Il m’est très difficile de croire à l’efficacité surnaturelle d’un apostolat qui n’est pas appuyé, solidement centré, sur une vie d’intimité avec le Seigneur. Et cela, au milieu du travail ; chez moi ou en pleine rue, avec tous les problèmes plus ou moins importants qui se présentent chaque jour. Là, et non ailleurs, mais avec le cœur en Dieu. Nos paroles, nos actes, et même nos misères ! répandront alors le bonus odor Christi (2 Corinthiens 2, 15), la bonne odeur du Christ, que les autres hommes remarqueront obligatoirement en se disant : voilà un chrétien » (Ibid., n° 271).

« Qui a disposé que, pour parler du Christ, pour répandre sa doctrine, il faille faire des choses étranges, bizarres ? Vis ta vie ordinaire ; travaille là où tu te trouves, en t’efforçant d’accomplir tes devoirs d’état, les obligations de ta profession ou de ton métier, en progressant, en te dépassant chaque jour. Sois loyal, compréhensif envers les autres et exigeant envers toi-même. Sois mortifié et joyeux. Tel sera ton apostolat. Et sans que tu saches pourquoi, misérable comme tu l’es, ceux qui t’entourent viendront à toi et, dans une conversation naturelle, simple, à la sortie du travail, dans une réunion de famille, dans l’autobus, au cours d’une promenade, n’importe où, vous parlerez de ces inquiétudes qui existent dans l’âme de tout le monde, bien que certains ne veuillent pas les admettre : ils le comprendront quand ils commenceront à chercher Dieu pour de bon » (Ibid., n° 273).

samedi 24 février 2007

La Sainte Vierge et le careme


La Sainte Vierge et le carême

L’union du Christ crucifié et de la Vierge des douleurs dans le projet de salut de Dieu (cf. Luc 2, 34-35) a pour effet de les associer dans la Liturgie et la piété populaire.
Tout comme le Christ est "l’homme des douleurs" (Isaïe 53, 3), par lequel il a plu à Dieu "de tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix" (Colossiens 1, 20), Marie est aussi la "femme douloureuse", que Dieu a voulu associer à son Fils comme une mère unie à sa Passion (socia passionis). (lire la suite)
Dès l’enfance du Christ et jusqu’à sa mort, la vie de la Vierge Marie fut associée au rejet que subissait son Fils, et elle fut donc marquée tout entière par le signe de l’épée, annoncée par Siméon (cf. Luc 2, 35). La piété du peuple chrétien a donc distingué dans cette vie douloureuse de la Mère, sept épisodes principaux, auxquels elle a donné le nom des "sept douleurs" de la Vierge Marie.
Le pieux exercice de la Via Matris dolorosa, ou plus simplement de la Via matris, s’est formé sur le modèle de la Via Crucis, et il fut approuvé par le Saint-Siège. Des ébauches de la Via Matris existent depuis le XVIème siècle, mais la forme actuelle de ce pieux exercice ne remonte pas au-delà du XIXème siècle. L’intuition fondamentale de la Via Matris est de présenter la vie entière de la Vierge, depuis l’annonce prophétique de Siméon (cf. Luc 2, 34-35) jusqu’à la mort et la sépulture de son Fils, comme un chemin de foi et de souffrances: il s’agit d’un chemin marqué par sept "stations", qui correspondent aux "sept douleurs" de la Mère du Seigneur.
Le pieux exercice de la Via Matris s’harmonise bien avec certains thèmes propres à l’itinéraire du Carême. De fait, étant donné que les souffrances de la Vierge Marie ont été causées par le rejet du Christ de la part des hommes, il est inévitable que la Via Matris fasse constamment référence au mystère du Christ en tant que serviteur souffrant du Seigneur (cf. Isaïe 52, 13 - 53, 12), et rejeté par son peuple (cf. Jean 1, 11 ; Luc 2, 1-7 ; 2, 34-35 ; 4, 28-29 ; Matthieu 26, 47-56 ; Actes 12, 1-5). De plus, ce pieux exercice renvoie aussi au mystère de l’Église: les stations de la Via Matris constituent, en effet, les étapes de ce chemin de foi et de souffrances, sur lequel la Vierge Marie a précédé l’Église, et que cette dernière devra suivre jusqu’à la consommation des siècles.
La "Pietà", qui est un thème inépuisable de l’art chrétien depuis le Moyen Âge, peut être considérée comme l’expression majeure de la Via Matris.

Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie, 17 décembre 2001, n°136-137.

vendredi 23 février 2007

Les reliques de la Passion


Les reliques de la Passion


Je me propose de présenter les reliques de la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ conservées à Notre-Dame de Paris. Voici le plan suivi :
1. Présentation
2. L’historique des reliques
3. L’acquisition des reliques par saint Louis
4. L’authenticité des reliques
5. L’ostension de nos jours (lire la suite)
1. Présentation
Du latin reliquiæ, « ce qui reste », la relique est un souvenir de la Passion du Seigneur, le corps ou fragment du corps d’un saint, un objet lui ayant appartenu ou ayant été en contact avec son corps, qui fait l’objet d’une dévotion de la part des fidèles. Cette dévotion remonte aux origines mêmes de l’Église. En effet, il est dit de saint Paul « qu’il suffisait d’appliquer sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché son corps : alors les maladies les quittaient et les esprits mauvais s’en allaient » (Actes 19, 12).
Je parle ici des reliques de la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ conservées dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, abstraction faite, par conséquent, de celles qui se trouvent ailleurs, notamment dans l’église Sainte-Croix de Jérusalem, à Rome.
Le trésor de la cathédrale de Paris contient la couronne d’épines, un morceau du bois de la Croix et un clou par lequel Jésus a été attaché à cette Croix.
L’histoire de la sainte Couronne et du bois de la Croix a été racontée dans la cathédrale Notre-Dame elle-même par Monsieur Jannic Durand, Conservateur en chef du Département des objets d’Art du Musée du Louvre, conférence qui a été publiée dans les Cahiers du Chapitre, n° 2, octobre 2001. Je la résume, étant donné l’intérêt de ces reliques insignes, qui sont régulièrement présentées à la vénération des fidèles. Je m’inspirerai aussi de l’ouvrage de Ch. Rohault de Fleury, Mémoire sur les instruments de la Passion de N.-S. J.-C., Paris, L. Lesort, 1970, qui apporte beaucoup de précisions intéressantes.

(à suivre…)

jeudi 22 février 2007

Le careme


Le carême


Le Carême est le temps liturgique qui précède Pâques et prépare les fidèles à célébrer cette solennité. C’est un temps d’écoute attentive de la Parole de Dieu et de conversion, de préparation ou de rappel du baptême, de réconciliation avec Dieu et avec les frères, et une occasion de recourir plus fréquemment aux "diverses armes de la pénitence chrétienne" : la prière, le jeûne et l’aumône (cf. Matthieu 6, 1-6. 16-18).
Faute d’avoir pu percevoir facilement les grands mystères de la foi exprimés par le Carême, les expressions de la piété populaire répercutent peu (lire la suite) les valeurs et les thèmes principaux de ce temps liturgique: il convient de citer, en particulier, le rapport entre le "signe des quarante jours" et les sacrements de l’initiation chrétienne, ainsi que le mystère de "l’exode" qui est présent tout au long de l’itinéraire du Carême. En revanche, la tendance constante de la piété populaire à évoquer les mystères de l’humanité du Christ, a incité les fidèles à concentrer leur attention sur la Passion et la Mort du Seigneur.
Dans le Rite romain, le début des quarante jours de pénitence est marqué par le signe austère des cendres, qui caractérise la Liturgie du Mercredi des Cendres (voir la note d'hier). Ce signe a pour origine le rite antique au cours duquel les pécheurs convertis se soumettaient à la pénitence canonique ; de fait, le geste qui consiste à se couvrir de cendres signifie la reconnaissance de la fragilité et de la condition mortelle de l’homme, qui ressent le besoin de se tourner vers la miséricorde de Dieu pour obtenir de lui le salut. Ainsi, loin de le réduire à un geste purement extérieur, l’Église a voulu le conserver pour exprimer cette attitude de pénitence, à laquelle chaque baptisé est appelé durant l’itinéraire du Carême. Il est donc nécessaire d’aider les nombreux fidèles, qui viennent recevoir les cendres, à comprendre le sens profond de ce geste, destiné à ouvrir leurs cœurs à la conversion et au renouveau pascal.
En dépit de la sécularisation de la société contemporaine, il faut expliquer clairement au peuple chrétien que le Carême est un temps privilégié, qui vise à orienter les âmes des fidèles vers les seules réalités qui comptent vraiment. Cette attitude comporte l’engagement à suivre l’Évangile et à lui conformer sa propre vie, ce qui se traduit par l’accomplissement de bonnes œuvres, qui prennent la double forme d’un renoncement à tout ce qui est superflu et luxueux, et de gestes de solidarité envers les pauvres et tous ceux qui souffrent.
Les fidèles qui ne s’approchent que rarement des sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie savent bien que le temps du Carême et de Pâques est lié au commandement de l’Église, issu d’une longue tradition, qui leur impose de confesser au moins une fois par an leurs propres péchés mortels et de recevoir la Sainte Communion, de préférence durant le temps pascal.
Les approches différentes de la Liturgie et de la piété populaire concernant le Carême ne doivent pas constituer un obstacle pour considérer le temps des "Quarante jours" comme un moment propice permettant d’établir des relations étroites et fécondes entre ces deux aspects du culte chrétien.
À titre d’exemple destiné à illustrer cette interaction, la piété populaire privilégie des jours et des pieux exercices bien précis, ainsi que des activités apostoliques et caritatives déterminées, que la Liturgie de Carême elle-même prévoit et recommande. La pratique du jeûne, qui caractérise ce temps liturgique depuis les premiers siècles de l’Église, est un "exercice" qui libère volontairement des désirs liés à la vie sur cette terre ; il permet donc de redécouvrir la nécessité d’aspirer à la vie qui vient du ciel : "ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (cf. Deutéronome 8, 3 ; Matthieu 4, 4 ; Luc 4, 4 ; antienne de la communion du premier Dimanche de Carême).

Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie, 17 décembre 2001, n°124-126.

mercredi 21 février 2007

21 février : Mercredi des cendres


21 février : Mercredi des cendres


C'est aujourd'hui l'entrée en carême, c'est-à-dire dans la période de quarante jours (carême vient du latin quadragesima dies, quarante jours) par laquelle les chrétiens se préparent à revivre la Passion et la mort de Jésus-Christ pour racheter tous les hommes de leurs péchés, et sa Résurrection glorieuse au matin de Pâques.
Le carême commence par le mercredi appelé "des cendres", car au cours de la messe ou en dehors de celle-ci le prêtre impose des cendres sur la tête des fidèles en disant : "Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière", faisant allusion (lire la suite) au texte du Livre de la Genèse (3, 19), où Dieu dit cela à Adam et Ève au moment où il les punit de leur péché (le "péché originel") et les expulse du paradis terrestre. C'est aussi le rappel de cette autre réalité, exprimée par saint Paul : "Nous n'avons pas ici-bas de cité permanente" (Hébreux 13, 14), et l'invitation à faire pénitence et à se convertir. "Convertissez-vous et croyez à l'Évangile", dit Jean-Baptiste, le cousin de Jésus-Christ, dont la mission est de préparer sa venue (Marc 1, 15).
Les évêques de France ont rappelé le sens du jeûne et des privations volontaires, en général : "Les catholiques doivent traduire en actes, d'une manière habituelle, leur volonté de se conformer à Jésus-Christ, notre Sauveur, d'approfondir la conversion baptismale, de rejoindre tous ceux qui, près de nous et à travers le monde, sont dans la souffrance et le besoin" (Bulletin officiel de la conférence des évêques de France, 28 janvier 1986). Pour le carême, ils précisent que les catholique, "tous les vendredis, doivent s'abstenir de viande s'ils le peuvent ; le mercredi des cendres, jour où commence le carême, et le Vendredi Saint, jour de la mort du Sauveur, ils s'abstiennent de viande, ils jeûnent en se privant susbtantiellement de nourriture selon leur âge et leurs forces, et réservent un temps notable pour la prière".
Le monde dans lequel nous vivons éprouve du mal à comprendre le sens de la mortification. Pourtant, Jésus a dit que "quand il ne sera plus là, ses disciples jeûneront (Matthieu 9, 14.15 ; Marc 2, 18-20 ; Luc 5, 33-35). Lui-même donne l'exemple (Matthieu 4, 2 ; Marc 1, 1Œ3 ; Luc 4, 1), et c'est pour honorer son jeûne dans le désert que l'Église a institué le carême ou jeûne de quarante jours. Le Seigneur enseigne aussi à ses apôtres que certains démons ne peuvent être chassés que par le jeûne et la prière (Matthieu 17, 20 ; Marc 9, 28). Mais il veut que, quand on jeûne, on se dispense des démonstrations extérieures que recherchaient les pharisiens hypocrites. (...) Après la Pentecôte, la pratique du jeûne fut familière aux chrétiens. Pendant qu'on jeûne, le Saint-Esprit fait connaître sa volonté sur Saul et Barnabé, et c'est encore après avoir jeûné que les apôtres ordonnent ces deux disciples (Actes 13, 2.3). Saint Paul jeûnait fréquemment (2 Corinthiens 6, 5 ; 11, 27). (...° Cette pratique recommandée par notre Seigneur (Matthieu 4, 2) était une des conditions nécessaires de la vertu de mortification et du combat contre les convoitises de la chair" (A. Lesetre, "Jeûne", Dictionnaire de la Bible, Paris, t. III, 1926, col. 1532).

mardi 20 février 2007

15. La responsabilite

15. La responsabilité


Dans le premier texte sur « le mal peut-il devenir bon ? », nous sommes partis de la liberté humaine. C’est à elle qu’il faut revenir maintenant. « La liberté rend l’homme responsable de ses actes dans la mesure où ils sont volontaires » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1734), c’est-à-dire où il s’agit bien d’actes humains au sens où nous l’avons défini. L’exercice de la liberté comporte toujours (lire la suite) une responsabilité devant Dieu : dans tout acte libre, l’homme accepte ou refuse la volonté de Dieu d’une certaine façon, qui n’a pas besoin d’être explicitement formulée. Le péché est aversio a Deo et conversio ad creaturas : il consiste toujours à éprouver de l’aversion pour Dieu et donc à se détourner de lui pour se « convertir », se tourner vers les créatures. Il ne peut donc pas exister de liberté sans responsabilité concomitante. La responsabilité accompagne toujours la liberté. Les expressions du genre « ce n’est pas de ma faute, « je ne le voulais pas », « c’était au-dessus de mes forces », sont une fuite devant ses responsabilités. La faute est la responsabilité que l’homme contracte devant Dieu en péchant, et en devenant passible d’un châtiment.
Puisque la bonté de l’objet que l’on recherche en agissant est importante pour que l’acte soit bon, « le progrès dans la vertu, la connaissance du bien et l’ascèse accroissent la maîtrise de la volonté sur ses actes » (Ibid.), l’ascèse étant un effort spirituel tendant au perfectionnement de la personne.
« L’imputabilité et la responsabilité d’une action peuvent être diminuées voire supprimées par l’ignorance, l’inadvertance, la violence, la crainte, les habitudes, les affections immodérées et d’autres facteurs psychiques ou sociaux » (Ibid., n° 1735). Encore faut-il, comme nous l’avons dit, que la conscience ne soit pas volontairement dans l’erreur.
Quelles sont les conséquences de cette responsabilité ? Elle entraîne un « mérite » ou un « démérite ».

(à suivre…)

lundi 19 février 2007

Apostolat


Apostolat

« Ceux qui me mettent en lumière auront la vie éternelle », promet le Seigneur (Ecclésiastique 24, 31 Vulgate). Il affirme aussi par la bouche du prophète que « ceux qui auront rendu justes des multitudes seront comme les étoiles, éternellement et toujours » (Daniel 12, 3).
Faire connaître Dieu et la vérité est une tâche essentielle et principale du baptisé. (lire la suite) C’est l’apostolat ou l’évangélisation. Saint Paul, qui invitait à « insister à temps et à contre-temps » (2 Timothée 4, 2), s’exclamait : « Malheur à moi si je ne prêchais pas l’Évangile ! » (1 Corinthiens 9, 16).
Voici quelques textes du fondateur de l’Opus Dei qui montrent comment faire de l’apostolat.
« Le premier apostolat que nous devons réaliser dans le monde en tant que chrétiens, le meilleur témoignage de Foi, est de contribuer à ce que l’on respire dans l’Église le climat d’une charité authentique. S’il nous arrive de ne pas nous aimer vraiment, s’il y a parmi nous des attaques, des calomnies et des ressentiments, qui pourra se sentir attiré par ceux qui affirment prêcher la Bonne Nouvelle de l’Évangile ? » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 226).
« Considérant, il y a de nombreuses années déjà, cette façon d’agir de mon Seigneur, je suis arrivé à la conclusion que l’apostolat, quel qu’il soit, n’est que le débordement de la vie intérieure. C’est pourquoi le passage qui raconte comment le Christ a décidé de choisir pour toujours ses douze premiers disciples me paraît à la fois si naturel et si surnaturel. Saint Luc rapporte qu’il commença par passer toute la nuit à prier Dieu (Luc 6, 12) . Observez-le aussi à Béthanie, quand il se prépare à ressusciter Lazare, après avoir pleuré son ami : il lève les yeux au ciel et s’écrie : Père, je te rends grâces de m’avoir exaucé (Jean 11, 41). Tel fut son enseignement précis : si nous voulons aider les autres, si nous prétendons sincèrement les pousser à découvrir le sens véritable de leur destinée terrestre, nous devons nous appuyer sur la prière » (Ibid., n° 239).

« L’apostolat, ce désir brûlant qui consume le cœur de tout chrétien, est intimement lié à son travail de tous les jours : il se confond avec le travail même, qui devient une occasion de rencontrer personnellement le Christ. Unissant nos efforts, au coude à coude avec nos compagnons, nos amis, nos parents, dont nous partageons les aspirations, nous pourrons au moyen de cette tâche les aider à arriver au Christ qui nous attend sur la rive du lac. Pêcheur avant d’être apôtre. Et une fois apôtre, pêcheur. La même profession après qu’avant. Et alors, qu’est-ce qui change ? Ce qui change, c’est que l’âme, parce que le Christ est entré en elle, comme il est monté dans la barque de Pierre, voit s’ouvrir des horizons de service plus vastes, plus ambitieux et ressent un désir irrésistible d’annoncer à toutes les créatures les magnalia Dei (Actes 2, 11), les merveilles que le Seigneur réalise, si nous le laissons faire » (Ibid., n° 264-265).

(à suivre…)

dimanche 18 février 2007

9. Les processions (suite)


9. Les processions (suite)


Afin que la procession conserve dans chaque cas son caractère authentique de manifestation de la foi, il est nécessaire que les fidèles soient instruits de sa nature particulière du point de vue théologique, liturgique et anthropologique.
Sur le plan théologique, il faut mettre en évidence le fait que la procession est un signe de la nature profonde de l’Église: celle-ci est le peuple de Dieu qui chemine avec le Christ, et derrière lui, tout en étant conscient de (lire la suite) ne pas avoir de demeure définitive dans ce monde (cf. He 13, 14), ou encore un peuple qui marche sur les routes de la cité terrestre vers la Jérusalem céleste. La procession est aussi le signe du témoignage de foi que la communauté chrétienne doit rendre à son Seigneur à l’intérieur des structures de la société civile. Elle est, enfin, le signe de l’engagement missionnaire de l’Église, qui, depuis ses débuts, et selon le commandement du Seigneur (cf. Mt 28, 19-20), s’est lancée sur toutes les routes et les chemins du monde entier pour annoncer l’Évangile du salut.
Du point de vue liturgique, les processions, y compris celles qui ont un caractère plus populaire, doivent être orientées vers la célébration de la Liturgie: ainsi, il convient de présenter une procession organisée d’une église jusqu’à une autre église, comme le signe du chemin que doit accomplir la communauté vivant dans le monde pour rejoindre la communauté, qui demeure dans les cieux. De même, il est important que la procession soit organisée par l’Église, et que ce soit elle qui la préside, afin d’éviter des manifestations irrespectueuses et dégradantes. Il faut faire en sorte de prévoir, au début de la procession, un moment de prière, qui doit nécessairement inclure la proclamation de la Parole de Dieu. Le chant doit être mis en valeur, de préférence celui des psaumes, avec l’apport éventuel des instruments de musique. Durant la procession, il est opportun de munir les fidèles de cierges ou de flambeaux allumés, et de prévoir des haltes, qui doivent alterner avec la marche, donnant ainsi l’image de toute vie humaine, qui comporte elle aussi des moments de marche, ponctués par des arrêts. La procession doit se conclure par une prière doxologique, adressée à Dieu, source de toute sainteté, et par la bénédiction de celui qui la préside, l’Évêque, le prêtre ou le diacre.
Enfin, du point de vue anthropologique, il faut insister sur le sens de la procession en tant que "chemin accompli ensemble"; en effet, unis par la prière et par les chants, et tendus vers le même but, les fidèles découvrent qu’ils sont solidaires les uns des autres; cette expérience les incite à mettre en pratique, dans leur propre vie, les résolutions chrétiennes qu’ils ont formulées dans leur cœur au cours de la procession.

Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie, 17 décembre 2001, n. 226-247.

samedi 17 février 2007

14. Les actions indirectement volontaires


14. Les actions indirectement volontaires


« Tout acte voulu est imputable à son auteur » (Catéchisme de l’Église catholique, n°1736). Mais « une action peut être indirectement volontaire quand elle résulte d’une négligence à l’égard de ce qu’on aurait dû connaître ou faire, par exemple un accident provenant d’une ignorance du code de la route » (lire la suite) (Ibid.). Dans l’exemple cité, si l’on ignore — volontairement et de façon coupable — des normes élémentaires du code de la route, on peut dire que l’on veut de façon indirecte les conséquences de cette ignorance
Une autre situation est celle de l’action à conséquences multiples, certaines bonnes, d’autres mauvaises. « Un effet peut être toléré sans être voulu par l’agent, par exemple l’épuisement d’une mère au chevet de son enfant malade. L’effet mauvais n’est pas imputable s’il n’a été voulu ni comme fin ni comme moyen de l’action, ainsi la mort reçue en portant secours à une personne en danger. Pour que l’effet mauvais soit imputable, il faut qu’il soit prévisible et que celui qui agit ait la possibilité de l’éviter, par exemple dans le cas d’un homicide commis par un conducteur en état d’ivresse » (Ibid., n° 1737).
On dit aussi qu’un effet a été réalisé d’une volonté indirecte lorsqu’on ne le désirait ni comme fin ni comme moyen pour autre chose, mais en sachant qu’il accompagne de manière nécessaire ce que l’on désire réaliser. Par exemple, celui qui prend un comprimé pour guérir un rhume sait qu’il sera un peu somnolent, mais ce qu’il veut c’est guérir le rhume, et indirectement le sommeil. À proprement parler les effets indirects d’une action ne sont pas « voulus », mais tolérés ou permis dans la mesure où ils sont inévitablement unis à ce que l’on doit faire. Ceci est important dans la vie morale, car il arrive souvent que l’acte posé aient deux effets, l’un bon et l’autre mauvais, et il peut être licite de le réaliser pour obtenir le bon effet, bien que l’on ne puisse éviter le mauvais. Il s’agit parfois de situations très délicates, dans lesquelles il est prudent de demander conseil à quelqu’un qui soit en mesure de le donner. Dans de telles situations, l’effet bon doit être voulu directement et en premier, et l’effet ou les effets négatifs seulement indirectement, en vertu du principe selon lequel « on ne peut jamais faire un mal pour obtenir un bien », ou, dit d’une autre façon, « la fin ne justifie pas les moyens ».
Enfin un acte est volontaire (et par conséquent, imputable) in causa, « dans sa cause », lorsqu’il n’est pas choisi pour lui-même, mais qu’il découle fréquemment d’une conduite directement voulue. Cela suppose donc une répétition, une habitude de l’acte vertueux ou vicieux. Par exemple celui qui ne maîtrise pas la vue convenablement en face d’images obscènes est responsable (car il l’a voulu in causa) du désordre (non directement choisi) de son imagination. Pareillement, celui qui lutte pour vivre la présence de Dieu veut les actes d’amour de Dieu et du prochain qu’il réalise sans apparemment se les proposer. L’imputabilité renvoie aux notions de responsabilité et de mérite.

(à suivre…)

jeudi 15 février 2007

7. Les saintes images (suite)


7. Les saintes images (suite)

Il est nécessaire avant tout d’enseigner aux fidèles le caractère relatif du culte chrétien des images. En effet, les images ne sont pas vénérées pour elles-mêmes, mais pour ceux qu’elles représentent. C’est pourquoi "on doit leur rendre l’honneur et la vénération qui leur sont dus, non qu’on croie qu’il y a en elles du divin (lire la suite)
ou quelque vertu qui justifieraient leur culte, ou qu’on doive leur demander quelque chose, ou qu’on doive mettre fermement sa confiance dans les images, comme il arrivait autrefois aux païens qui mettaient leur espérance dans les idoles, mais parce que l’honneur qu’on leur rend remonte aux modèles originaux qu’elles représentent".
À la lumière de ces enseignements, les fidèles doivent éviter de commettre l’erreur d’établir des comparaisons entre les saintes images. Le fait que certaines images soient l’objet d’une vénération particulière, jusqu’à devenir le symbole de l’identité religieuse et culturelle d’un peuple, d’une ville ou d’un groupe, doit être expliqué à la lumière de la grâce particulière qui est à l’origine du culte rendu à ces images, et à partir des événements historiques et des éléments culturels qui ont concouru à les établir dans cette fonction de représentation: il est compréhensible que le peuple veuille commémorer fréquemment un événement de ce genre; une telle célébration renforce sa foi, glorifie Dieu, sauvegarde sa propre identité culturelle, et lui permet d’adresser avec confiance des prières incessantes, que le Seigneur, selon sa parole (cf. Mt 7, 7; Lc 11, 9; Mc 11, 24) est prompt à exaucer; ainsi, par ce moyen, l’amour de Dieu et du prochain augmente, l’espérance se dilate et la vie spirituelle du peuple chrétien ne cesse de croître.
Les saintes images sont, par nature, autant des signes sacrés que des œuvres d’art. De fait, "surtout quand elles sont remarquables de beauté artistique et de noblesse religieuse, elles sont comme un écho de cette beauté qui vient de Dieu et conduit à Dieu". Toutefois, l’image sacrée n’a pas d’abord pour fonction de procurer une satisfaction esthétique, mais d’introduire au Mystère. […]
En Occident, la production iconographique, dont les thèmes sont très variés, n’est pas soumise, à la différence de l’Orient, à des normes strictes contenues dans des canons vénérables, qui sont en vigueur depuis des siècles. Cela ne signifie pas pour autant que l’Église latine ait négligé d’exercer une certaine vigilance sur la production iconographique: ainsi, elle a interdit à de nombreuses reprises d’exposer dans les églises des images, qui seraient contraires à la foi, de même que celles qui ne seraient pas dignes ou qui pourraient induire les fidèles en erreur, ou encore qui seraient l’expression d’une abstraction désincarnée ou déshumanisante […].
La piété populaire est attachée aux saintes images, en qui les fidèles reconnaissent des éléments de leur propre culture: ils sont donc sensibles aux représentations réalistes, aux personnages, qu’ils peuvent facilement identifier, et aux évocations des différents aspects de la vie de l’homme: la naissance, la souffrance, le mariage, le travail et la mort. Il convient, toutefois, d’éviter que l’art religieux populaire ne dégénère en des représentations superficielles ou mièvres, qui seraient privés de contenu véritable […].
L’usage cultuel des images des Saints incite l’Église à les bénir, surtout celles qui sont destinées à la vénération publique des fidèles. L’Église demande donc que, en suivant l’exemple des Saints, "nous imitions leur exemple pour suivre le Seigneur et parvenir à la plénitude de l’homme parfait, qu’est le Christ". De même, l’Église a promulgué des normes concernant l’accueil et la disposition des images dans les édifices du culte ; celles-ci doivent être strictement suivies. […]

(à suivre…)

mercredi 14 février 2007

Le 14 fevrier et l'Opus Dei


Le 14 février et l'Opus Dei


La Saint-Valentin est la fête des amoureux. Il se trouve que c'est aussi un anniversaire important dans la fondation de l'Opus Dei, qui a aussi à voir avec l'amour, celui de Dieu envers les hommes et des hommes envers Dieu. Il faudrait plutôt dire "des femmes". En effet, le 2 octobre 1928, l'abbé Josémaria Escriva avait "vu" l'Opus Dei, projeté dans les siècles, il en avait reçu une idée claire et générale, comme il devait l'écrire. Mais il n'avait pas compris que les femmes étaient appelées elles aussi à participer à "la mobilisation de sainteté" que suscite l'esprit de sanctification à partir du travail et des réalités de la vie quotidienne dans le monde. (lire la suite)
Mais cédons-lui la parole : "J'avais écrit : jamais il n'y aura de femmes dans l'Opus Dei, pas même pour plaisanter." Or, le Seigneur se chargea de le faire changer rapidement d'avis : peu après, alors qu'il célébrait la messe chez une dame âgée, "immédiatement après la communion, toute l'Œuvre féminine ! Je ne peux pas dire que je vis, mais bien qu'intellectuellement, en détail (j'ai ajouté ensuite d'autres choses, en développant cette vision intellectuelle), je saisis ce que devait être la section féminine de l'Opus Dei. Je rendis grâces et j'allai, en son temps, au confessionnal du Père Sanchez (son confesseur). Il m'écouta et me dit : ceci est autant de Dieu que le reste" (Cahiers intimes, n° 1871). C'était le 14 février 1930.
Nous avons dans ce fait une preuve de l'affirmation que le Serviteur de Dieu Jean-Paul II fera au moment d'ériger l'Opus Dei en prélature personnelle, à savoir qu'il a été fondé "sous l'inspiration divine" (constitution apostolique Ut sit, 28 novembre 1982). Le futur saint Josémaria répugnait à fonder quoi que ce soit, mais il était prêt à suivre les inspirations divines : "J'ai toujours cru, et je crois encore que le Seigneur, comme en d'autres occasions, m'a mené à son gré, afin qu'il reste une preuve extérieure objective que l'Œuvre était sienne. Moi : je ne veux pas de femmes dans l'Opus Dei ! Dieu : eh bien moi, je les veux !" (Cahiers intimes, ibid.).
Depuis lors, de nombreuses initiatives ont été prises pour assurer la promotion de la femme dans le monde entier, en lui reconnaissant le rôle qui est le sien dans la famille et la société, dans laquelle elle possède les mêmes droits que les hommes, et pour favoriser son développement social, professionnel et spirituel. Des exemples de réalisations sociales sont préséntés, entre autres, sur le site opusdei.
On trouvera de nombreuses précisions dans le volume II de la biographie écrite par Vazquez de Prada, Le fondateur de l'Opus Dei, et publiée par les Éditions Le Laurier (Paris) et Wilson & Lafleur (Montréal).

Le 16 fevrier 1932

Saint Josémaria Escriva, fondateur de l'Opus Dei, a écrit, en date du 16 février 1932, ce qu'il a ressenti ce jour-là, une "locution divine" qui, parmi tant d'autres, l'a aidé à mieux se connaître et à se livrer encore plus généreusement à la Volonté de Dieu : "16 février 1932 : Je suis assez (lire la suite)1
enrhumé depuis quelques jours, et cela a permis à mon manque de générosité envers mon Dieu de se manifester par un relâchement dans ma prière et dans les mille petites choses qu'un enfant, et plus est un enfant-âne, peut chaque jour offrir à son Maître. Je m'en étais déjà aperçu et je voyais bien que je remettais à plus tard certaines résolutions d'accorder plus d'intérêt et de temps à mes pratiques de piété, mais je me rassurais en me disant : plus tard, quand tu iras mieux, lorsque la situation financière des tiens s'arrangera... alors ! - Et aujourd'hui, après avoir distribué la sainte communion aux religieuses, après la sainte Messe, j'ai dit à Jésus ce que je lui dis tant et tant de fois, jour et nuit : (...) "Je t'aime plus que celles-ci." Immédiatement, et sans bruit de paroles, j'ai entendu : "Les œuvres sont amour, et non les beaux discours." Sur-le-champ, j'ai nettement perçu mon grand manque de générosité, et j'ai repensé à de nombreux détails, insoupçonnés, auxquels je n'avais pas donné d'importance, qui l'ont fait vivement comprendre mon manque de générosité. Jésus ! Aide-moi et que ton petit âne (c'est ainsi que Josémaria se voyait devant Dieu) soit vraiment généreux. Des œuvres ! des œuvres !

Cahiers, n° 606, du 16 février 1932, cité par A. Vazquez de Prada, Le fondateur de l'Opus Dei. Vie de Josémaria Escriva, Pais-Montréal, vol. I, 2001, p. 414.

mardi 13 février 2007

La diffamation


La diffamation


La diffamation est toute atteinte injuste à l’honneur, la renommée de quelqu’un. Cela peut avoir lieu par calomnie ou par médisance
La calomnie consiste à attribuer au prochain, ou à une institution, des péchés ou des défauts inexistants, portant ainsi atteinte à la justice et à la véracité.
La médisance, du latin malum dicere, « dire du mal », ou détraction, est l’action consistant à dévoiler, sans un motif suffisamment grave, les défauts et les fautes réellement existants de quelqu’un à qui les ignore.
Nous voyons qu’il est facile de tomber dans l’une comme dans l’autre (lire la suite) de ces fautes, dont la gravité morale est proportionnelle à la gravité de l’atteinte portée à l’honneur d’autrui.
La calomnie recouvre une double malice : contre la véracité et contre la justice, malice qui est d’autant plus grave que la calomnie est plus grande et a été plus largement diffusée.
De nos jours, les atteintes à la vérité et à la bonne réputation sont fréquentes dans les moyens de communication. C’est pourquoi, il est nécessaire de faire preuve d’un sain esprit critique en lisant les nouvelles dans les journaux ou sur l’internet, dans les revues ou en regardant la télévision, etc. Il ne faut pas tout prendre « pour argent comptant ».
Chaque fois que quelqu’un a diffamé, que ce soit par la médisance ou par la calomnie, il est tenu par l’obligation de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour restituer au prochain la bonne réputation qu’il a injustement lésée. Cette réparation doit être, autant que possible, aussi large que la diffamation. Pour donne un exemple, si la diffamation a eu lieu au cours du journal télévisé de 20 heurs, la rectification devrait avoir lieu également au cours d’un journal télévisé de la même chaîne à la même heure.
S’il faut éviter de médire du prochain, il faut également veiller à ne pas coopérer aux péchés de calomnie et de médisance. Coopèrent à la diffamation, à différents degrés, celui qui écoute avec plaisir le diffamateur et qui se réjouit de ce qu’il dit ; le supérieur qui n’empêche pas les racontars sur un de ses sujets, et quiconque par crainte, négligence ou honte, ne corrige pas ou ne rejette pas le diffamateur ou le calomniateur — même si le péché de dénigrement lui déplaît — et celui qui lance à la légère des insinuations d’autres personnes contre la réputation d’un tiers…
« Nous ressentons moins d’éloignement pour ceux qui ont des infirmités que pour celui qui les dévoile quand on voudrait les dissimuler. Celui-là n’offense pas seulement la personne dont il parle, cette offense rejaillit sur lui-même ainsi que sur l’humanité : il a blessé ceux qui l’écoutaient, il n’a donc fait que du mal. Saint Paul dit à ce sujet : « Que vos discours soient bons et édifiants, afin d’inspirer la piété à ceux qui vous écoutent » (Éphésiens 4, 29). Veillons à ce que notre langue ne dise que du bien, afin qu’on nous recherche et qu’on nous aime » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur les Actes des apôtres 31, 4).
Rappelons-nous ce principe plein de sagesse : « Ne faisons pas aux autres ce que nous ne voudrions pas qu’ils nous fassent. »

lundi 12 février 2007

13. Les circonstances

13. Les circonstances

Les circonstances « sont les éléments secondaires d’un acte moral. Elles contribuent à aggraver ou à diminuer la bonté ou la malice morale des actes humains (par exemple le montant d’un vol). Elles peuvent aussi atténuer ou augmenter la responsabilité de l’agent (ainsi agir par crainte de la mort) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1754). Ce n’est pas la même chose de voler à l’étalage que de voler un objet dans une église, qui est un lieu sacré ; de voler par cupidité ou en cas d’extrême nécessité. (lire la suite)
En elles-mêmes, les circonstances ne peuvent pas modifier la qualification morale d’un acte, c’est-à-dire qu’elles « ne peuvent rendre ni bonne, ni juste une action en elle-même mauvaise » (Ibid.).
« Si les actes sont intrinsèquement mauvais, une intention bonne ou des circonstances particulières peuvent en atténuer la malice, mais ne peuvent pas la supprimer. Ce sont des actes « irrémédiablement » mauvais ; par eux-mêmes et en eux-mêmes, ils ne peuvent être ordonnés à Dieu et au bien de la personne. […] De ce fait, les circonstances ou les intentions ne pourront jamais transformer un acte intrinsèquement malhonnête de par son objet en un acte « subjectivement » honnête ou défendable comme choix » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 81).
En conclusion de tout ce qui a été dit sur la moralité des actes humains, il faut dire que « l’acte moralement bon suppose à la fois la bonté de l’objet, de la fin et des circonstances. Une fin mauvaise corrompt l’action, même si son objet est bon en soi (comme de prier et de jeûner « pour être vu des hommes ») (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1755). Par conséquent, pour qu’un acte libre soit ordonné à sa vraie fin ultime il faut : a) qu’il puisse être ordonné à la fin : c’est la bonté objective (par l’objet), de l’acte moral ; b) qu’il soit effectivement ordonné à sa fin dans les circonstances de lieu, temps, etc., où il est réalisé ; c) que la volonté du sujet l’ordonne effectivement à sa vraie fin ultime : c’est la bonté subjective, ou par l’intention.
L’appréciation n’est pas toujours simple à porter, car il est fréquent qu’un acte découle indirectement d’une décision antérieure. Ce sont les actions indirectement volontaires, dont il faut dire un mot maintenant.

(à suivre…)

dimanche 11 février 2007

6. Les saintes images


6. Les saintes images

Le Concile de Nicée II a défendu avec vigueur la vénération envers les saintes images en déclarant : "Conformément à la doctrine divinement inspirée de nos Saints Pères et à la tradition de l’Église catholique... nous définissons avec certitude que comme les représentations de la Croix précieuse et vivifiante, aussi les vénérables et saintes images, qu’elles soient peintes, en mosaïque ou de quelque autre matière appropriée, doivent être placées dans les saintes églises de Dieu, sur les saints ustensiles et les vêtements, sur les murs et les tableaux, dans les maisons et les chemins, aussi bien l’image de Dieu notre Seigneur et sauveur Jésus-Christ que celle de notre Dame immaculée, la sainte Mère de Dieu, des saints anges, de tous les saints et des justes." (lire la suite)
Les Saints Pères reconnaissaient dans le mystère du Christ, le Verbe incarné, "l’image du Dieu invisible" (Colossiens 1, 15) et aussi le fondement du culte adressé aux saintes images : "l’incarnation du Fils de Dieu a inauguré une nouvelle "économie" des images".
La vénération des images, qu’elles soient peintes, ou réalisées sous la forme de statues, de bas-reliefs ou d’autres représentations, est importante aussi bien dans le cadre de la Liturgie que dans le domaine de la piété populaire : les fidèles prient devant elles, tant dans les églises que dans leurs propres maisons. Ils les ornent de fleurs, de lumières et de pierres précieuses; ils emploient des formes diverses pour leur rendre un hommage religieux, ils les portent en procession, ils accrochent auprès d’elles des ex-voto en signe de reconnaissance; ils les déposent dans des cavités ou des petits monuments érigés dans les champs ou le long des routes. […]
Selon l’enseignement de l’Église, les images sacrées sont :
- la traduction iconographique du message évangélique, dans la mesure où l’image et la parole révélée s’éclairent mutuellement ; la tradition ecclésiale exige, en effet, que la sainte image "s’accorde avec la lettre du message évangélique" ;
- des signes saints, qui, comme tous les signes liturgiques, ont comme référence ultime le Christ ; de fait, les images des Saints "renvoient à la figure du Christ qui est glorifié en eux" ;
- une évocation de nos frères les Saints, "qui continuent à participer à l’histoire du salut du monde et auxquels nous sommes unis, spécialement dans la célébration des sacrements";
- une aide pour la prière : la contemplation des saintes images facilite la supplication et stimule la prière de reconnaissance pour les grâces insignes que Dieu a accomplies dans la vie des Saints ;
- une exhortation à imiter les Saints, car "plus les yeux se posent sur ces images, plus le souvenir et le désir d’imiter ceux qui y sont représentés sont vifs et augmentent chez celui qui les contemple" ; le fidèle est appelé à imprimer dans son cœur ce qu’il contemple avec les yeux : le Saint est une "vraie image de l’homme nouveau", transformé dans le Christ par l’action de l’Esprit Saint, qui est demeuré fidèle à sa propre vocation ;
- une forme de catéchèse : "le peuple est instruit et confirmé dans la foi à travers l’histoire des mystères de notre Rédemption, qui sont exprimés au moyen des images peintes ou d’autres formes de représentation, et il dispose ainsi des moyens qui lui permettent de se rappeler et de méditer assidûment les articles de la foi".

(à suivre…)

samedi 10 février 2007

12. L'intention dans les actes humains


12. L’intention dans les actes humains


Dans l’agir humain, « la fin est le terme premier de l’intention et désigne le but poursuivi dans l’action. L’intention est un mouvement de la volonté vers la fin ; elle regarde le terme de l’agir » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1752). L’objet moral se réfère à ce que la volonté souhaite par un acte concret (par exemple, (lire la suite)
tuer une personne, donner une aumône), tandis que l’intention se réfère au pour quoi il le veut (par exemple, pour hériter, pour donner une bonne image de soi aux autres ou pour venir en aide à un pauvre). Un acte qui peut, par son objet, être ordonné à Dieu « accède à sa perfection ultime et décisive quand la volonté l’ordonne effectivement à Dieu par la charité » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 78). L’intention du sujet qui agit « est un élément essentiel dans la qualification morale de l’action » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1752).
L’intention « ne se limite pas à la direction de nos actions singulières, mais peut ordonner vers un même but des actions multiples ; elle peut orienter toute la vie vers la fin ultime. Par exemple, un service rendu a pour fin d’aider le prochain, mais il peut être inspiré en même temps par l’amour de Dieu comme fin ultime de toutes nos actions. Une même action peut aussi être inspirée par plusieurs intentions, comme de rendre service pour obtenir un faveur ou pour en tirer vanité » (Ibid.).
Il est très important de voir qu’« une intention bonne (par exemple, aider le prochain) ne rend ni bon ni juste un comportement en lui-même désordonné (comme le mensonge et la médisance). La fin ne justifie pas les moyens » (Ibid., n° 1753). « Il arrive fréquemment que l’homme agisse avec une bonne intention mais sans profit personnel, car il lui manque la bonne volonté. Par exemple, si quelqu’un vole pour donner aux pauvres : dans ce cas si l’intention est bonne il manque la rectitude de la volonté, car ses œuvres sont mauvaises. En conclusion, la bonne intention n’autorise pas à faire une œuvre mauvaise. « Certains disent : faisons le mal pour qu’en sorte le bien. Ceux-ci méritent leur propre condamnation » (Romains 3, 8) » (Saint Thomas d’Aquin, In duo præcepta caritatis, Opuscula theologica, II, n° 1168).
En revanche, une intention mauvaise surajoutée (ainsi la vaine gloire) rend mauvais un acte qui, de soi, peut être bon » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1753). « Quand donc tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme le font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, pour être loués par les hommes. En vérité je vous le dis, ils ont reçu leur récompense » (Matthieu 6, 2).

(à suivre…)

vendredi 9 février 2007

Jesus aujourd'hui

Jésus aujourd'huiJ'ai reçu hier le texte des Béatitudes qui se poursuit sur un ton humoristique :

JESUS AUJOURD'HUI

Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s’assit et ses disciples s’approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :
Bienheureux les pauvres par l’esprit : le Royaume des Cieux est à eux ! (lire la suite)
Bienheureux, les doux : ils obtiendront la terre en héritage !
Bienheureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice : ils seront rassasiés !
Bienheureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !
Bienheureux les cœurs purs : ils verront Dieu !
Bienheureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !
Bienheureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des Cieux est à eux !

Alors, Simon Pierre dit : « est-ce qu’on doit apprendre tout ça ? »
Et André dit : « est-ce qu’il fallait l’écrire ? »
Et Philippe dit : « j’ai pas de feuille ! »
Et Jean dit : « les autres disciples n’ont pas eu à l’apprendre, eux ! »
Et Thomas commença à faire des exercices de mathématiques.
Et Barthélémy dit : « est-ce qu’on l’aura en devoir ? »
Et Jacques dit : « est-ce qu’on sera interrogé sur tout ? »
Et l’autre Jacques dit : « ça sera noté ? »
Et Matthieu quitta la montagne sans attendre et dit : « je peux aller aux toilettes ? »
Et Simon le zélote dit : « quand est-ce qu’on mange ? »
Et Jude dit enfin : « vous avez dit quoi après « pauvres » ? »

Alors un Grand Prêtre du Temple s’approcha de Jésus et dit :
« Quelle était ta problématique ?
Quels étaient tes objectifs de savoir-faire ?
Pourquoi ne pas avoir mis les disciples en activité de groupe ?
Pourquoi cette pédagogie frontale ? »

Alors Jésus s’assit et pleura.

jeudi 8 février 2007

Le desir de Dieu


Le désir de Dieu

Le psalmiste manifeste le désir de Dieu qui est inhérent à l’âme humaine, créée « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Genèse 1, 27) et donc faite pour vivre avec lui : « Mon cœur te parle ; mes yeux te cherchent ; je cherche ton visage, Dieu. Ne me cache pas ton visage. » Le prophète Osée (5, 15) met sur les lèvres de Dieu la résolution suivante : « Je vais retourner chez moi, jusqu’à ce qu’ils se reconnaissent coupables et qu’ils cherchent mon visage. Dans leur détresse, ils me chercheront. » (lire la suite) Dans son , saint Anselme développe cette idée sous la forme d’une prière pressante adressée à Dieu. Elle est utile à toute époque, mais peut-être plus encore dans la nôtre, marquée par l’activisme : « Allons, courage, pauvre homme ! Fuis un peu tes occupations, dérobe-toi un moment au tumulte de tes pensées. Rejette maintenant tes lourds soucis et laisse de côté tes tracas. Donne un petit instant à Dieu et repose-toi un peu en lui. Entre dans la chambre de ton esprit, bannis-en tout, sauf Dieu ou ce qui peut t’aider à le chercher. Ferme la porte et mets-toi à sa recherche.
À présent, parle, mon cœur, ouvre-toi tout entier et dis à Dieu : Je cherche ton visage ; c’est ton visage, Seigneur, que je cherche.
Et maintenant, toi, mon Seigneur, enseigne à mon cœur où et comment te chercher, où et comment te trouver. Seigneur, si tu n’es pas ici, où te chercherai-je en ton absence ? Et si tu es partout, pourquoi ta présence m’est-elle invisible ? Certes, tu habites une lumière inaccessible. Mais où est-elle, cette lumière inaccessible ? Comment accéder à une lumière inaccessible. Qui donc m’y conduira et m’y introduira pour que je t’y voie ? Et puis, à quels indices, sous quels traits te chercher ?
Je ne t’ai jamais vu, Seigneur, mon Dieu, je ne connais pas ton visage. Que peut faire, très haut Seigneur, que peut dire ton lointain exilé ? Que peut faire ton serviteur tourmenté de ton amour et rejeté loin de ta face ? Il aspire à te voir, et ta face est trop éloignée de lui. Il désire t’aborder et ta demeure est inabordable. Il souhaite te trouver et il ne sait où tu es. Il ambitionne de te chercher, et il ignore ton visage. Seigneur, tu es mon Dieu, tu es mon Maître, et je ne t’ai jamais vu. Tu m’as créé et recréé, tu m’as pourvu de tous mes biens, et je ne te connais pas encore. Bref, j’ai été créé pour te voir, et je n’ai pas encore réalisé ce pour quoi j’ai été créé.
Et toi, Seigneur, jusques à quand ? Jusques à quand, Seigneur, nous oublieras-tu ? Combien de temps nous cacheras-tu ton visage ? Quand nous regarderas-tu et nous exauceras-tu ? Quand éclaireras-tu nos yeux et nous montreras-tu ta face ? Quand reviendras-tu à nous ? Regarde-nous, Seigneur, exauce-nous, éclaire-nous, montre-toi à nous. Rends-nous ta présence, pour notre bonheur, toi dont l’absence est pour nous un tel malheur. Aie pitié de nos laborieux efforts vers toi, nous qui ne pouvons rien sans toi.
Enseigne-moi à te chercher et montre-toi quand je te cherche ; car je ne puis te chercher si tu ne me l’enseignes, ni te trouver si tu ne te montres. En mon désir, puissé-je te chercher, et, dans ma rencontre, te désirer ; dans mon amour, puissé-je te trouver et, en te trouvant, t’aimer. »

mercredi 7 février 2007

11. L’objet moral (suite)


11. L’objet moral (suite)


Certains actes sont intrinsèquement mauvais, parce qu’ils sont mauvais « toujours et en eux-mêmes, c’est-à-dire en raison de leur objet même, indépendamment des intentions ultérieures de celui qui agit et des circonstances ». (lire la suite)
Le concile Vatican II donne des exemples d’attentats à la vie humaine : « Toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement, l’euthanasie et même le suicide délibéré ; tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les contraintes psychologiques ; tout ce qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie infra-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes ; ou encore les conditions de travail dégradantes, qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable : toutes ces pratiques et d’autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu’elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s’y livrent plus encore que ceux qui les subissent et insultent gravement à l’honneur du Créateur » (concile Vatican II, constitution sur l’Église dans le monde Gaudium et spes, n° 27). Le Seigneur nous a clairement prévenus : « Ne vous y trompez pas ! Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de mœurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs ou rapaces, n’hériteront du Royaume de Dieu » (1 Corinthiens 6, 9-10).
Le conséquentialisme et le proportionnalisme sont des théories erronées sur la notion et la formation de l’objet moral d’une action. Le premier courant de pensée « entend définir les critères de justesse d’un agir déterminé à partir du seul calcul des conséquences prévisibles de l’exécution d’un choix. Le second, qui pondère entre eux les valeurs de ces actes et les biens poursuivis, s’intéresse plutôt à la proportion qu’il reconnaît entre les effets bons et les effets mauvais, en vue du « plus grand bien » et du « moindre mal » réellement possibles » (Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendor, n° 75). Selon ces théories, on ne peut pas dire qu’il y ait des comportements qui soient toujours mauvais, car cela dépend dans chaque cas de la « proportion » entre les biens et les maux qui découlent de l’acte et les « conséquences » que celui-ci entraîne. Un exemple de proportionnalisme ne serait pas que « l’on puisse faire une escroquerie pour une bonne fin », mais d’examiner si ce que l’on fait est une escroquerie ou non (si ce que l’on a « objectivement choisi » est ou non une escroquerie) en tenant compte de toutes les circonstances et de l’intention. En fin de compte, il pourrait en arriver à dire que ce qui est en réalité une escroquerie ne l’est pas, et il pourrait justifier cette action.

(à suivre…)

mardi 6 février 2007

4. Les litanies et les reliques des saints


4. Les Litanies des Saints

Au cours de certaines grandes célébrations des sacrements, et à d’autres moments où la prière de l’Église se fait plus instante, celle-ci invoque les Saints par le chant simple et populaire des Litanies des Saints, dont l’existence est attestée depuis le début du VIIème siècle. La prière des Litanies est prévue, en particulier, lors de la Vigile pascale, avant la bénédiction de l’eau baptismale, et aussi au cours de la célébration du baptême et des ordinations à l’ordre sacré de l’épiscopat, du presbytérat et du diaconat, de même que dans le rite de (lire la suite) la consécration des vierges et de la profession religieuse, dans le rite de la dédicace d’une église et d’un autel, au cours des rogations, durant les messes comportant des stations et durant les processions pénitentielles, pour ordonner au Malin de s’éloigner dans le cadre des exorcismes, et enfin pour recommander les agonisants à la miséricorde de Dieu.
Les Litanies des Saints, qui contiennent des éléments provenant à la fois de la tradition liturgique et de la piété populaire, illustrent la confiance de l’Église dans l’intercession des Saints, et elles mettent en valeur son expérience de la communion qui unit l’Église de la Jérusalem céleste et l’Église qui est encore en pèlerinage sur la terre. Il est permis d’invoquer, dans les Litanies des Saints, les noms de ceux qui sont inscrits dans les Calendriers liturgiques des diocèses et des Instituts religieux. Il est évident qu’il est interdit d’insérer dans les Litanies les noms de personnes, dont le culte n’est pas reconnu.

5. Les reliques des Saints

Le Concile Vatican II rappelle que "selon la Tradition, les saints sont l’objet d’un culte dans l’Église, et l’on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images". L’expression "reliques des Saints" indique surtout les corps - ou des éléments significatifs de ces corps - de tous ceux qui, par la sainteté héroïque de leur vie, se révélèrent sur cette terre des membres éminents du Corps mystique du Christ et des temples vivants de l’Esprit Saint (cf. 1 Corinthiens 3, 16; 6, 19; 2 Corinthiens 6, 16). De plus, les objets qui ont appartenu aux Saints sont aussi considérés comme des reliques: il s’agit des objets personnels, des vêtements, des lettres, et des objets qui ont été mis en contact avec leurs corps ou leurs tombeaux (huiles, morceaux d’étoffe (brandea)), et aussi des objets qui ont touché les images vénérées du Saint.
Le Missel Romain rénové recommande de "garder l’usage de déposer sous l’autel à consacrer des reliques de saints, même non martyrs". Cette place des reliques, par rapport à l’autel, indique donc que le sacrifice des membres de l’Église a pour origine et prend tout son sens, à partir de l’unique sacrifice de la Tête de cette même Église; de plus, les reliques expriment symboliquement la communion de toute l’Église à l’unique sacrifice du Christ, et donc la mission qui est confiée à cette Église de témoigner, même au prix du sang, de sa fidélité à son Époux et Seigneur. […]
Les différent actes de la dévotion populaire envers les reliques des Saints doivent être accomplis avec une grande dignité, et dans un climat de foi authentique. Parmi les principales expressions de la piété populaire, on peut citer le fait d’embrasser les reliques, de les illuminer et de les orner de fleurs, de les employer pour bénir ou de les porter en procession, et aussi de les apporter aux malades pour les réconforter et mettre ainsi en valeur leur demande de guérison. Il faut éviter dans les tous les cas d’exposer des reliques sur la table de l’autel, car celle-ci est réservée au Corps et au Sang du roi des martyrs.

(à suivre…)

lundi 5 février 2007

3. Le jour de la fete des saints


3. Le jour de la fête des saints


Le jour de la fête du saint revêt une grande importance tant du point de vue de la Liturgie que de la piété populaire. Dans un laps de temps très bref, de nombreuses expressions cultuelles de nature liturgique ou populaire concourent à donner une physionomie propre à ce "jour du Saint" (lire la suite) […].
Les divergences éventuelles doivent être résolues à la lumière des normes du Missel Romain et du Calendrier Romain Général concernant les degrés de célébrations des Saints et des Bienheureux, qui sont fixées en fonction de leur relation avec la communauté chrétienne (Patron principal du lieu, Titulaire de l’Église, Fondateur ou Patron principal d’une famille religieuse). Il faut aussi tenir compte du transfert éventuel de la fête du Saint au dimanche suivant, et des dispositions concernant la célébration des fêtes des Saints durant certains temps particuliers de l’Année liturgique. […]
Le "jour du Saint" a aussi une grande valeur anthropologique : c’est un jour de fête. Et il est notoire que la fête répond à une nécessité vitale de l’homme, et qu’elle se fonde en der-nière instance sur son aspiration à la transcendance. Par ses manifestations empreintes de joie et de gaieté, la fête affirme la valeur de la vie et de la création. En rompant avec la monotonie de la vie quotidienne et avec certaines formes de vie trop conventionnelles, en libérant aussi momentanément les fidèles de leur asservissement à l’égard de trop nombreuses contraintes matérielles, la fête exprime à la fois la recherche d’une liberté sans entraves, l’aspiration à un bonheur parfait et l’exaltation de la pure gratuité. Sur le plan culturel, la fête met en évidence le génie particulier d’un peuple, c’est-à-dire les valeurs qui le caractérisent et le distinguent des autres peuples, et les expressions les plus réussies de sa propre culture, y compris de son folklore. La fête est aussi un moyen de socialisation qui permet d’étendre le cercle de ses amis, et d’ouvrir ses relations de voisinage à de nouveaux membres de la communauté.
Divers facteurs menacent la qualité de la "fête du Saint" tant du point de vue religieux qu’anthropologique:
Du point de vue religieux, il peut arriver que la "fête du Saint", appelée "fête patronale" dans le cadre de la paroisse, soit progressivement vidée du contenu spécifiquement chrétien qui était le sien à l’origine - et qui consistait à honorer le Christ dans l’un de ses membres -, et qu’elle devienne surtout une manifestation sociale ou folklorique, et, dans le meilleur des cas, une occasion privilégiée de rencontre et de dialogue entre les membres d’une même communauté.
Du point de vue anthropologique, il convient de noter qu’il n’est pas rare que des groupes ou des personnes, en croyant "faire la fête", se détachent en réalité du véritable sens de cette expression en raison de leurs comportements. En effet, la fête est la participation de l’homme à la domination de Dieu sur la création et à son "repos" actif, qui est toute autre chose qu’une oisiveté stérile; elle est aussi la manifestation d’une joie simple et communicative, et non la la soif démesurée d’un plaisir égoïste; enfin, elle est l’expression d’une vraie liberté, et non la recherche de formes de divertissement ambiguës, qui génèrent elles-mêmes sournoisement de nouvelles formes d’esclavage. On peut donc affirmer avec certitude que la transgression des normes éthiques, non seulement contredit la loi du Seigneur, mais encore constitue une blessure à la signification anthropologique de la fête.

(à suivre…)