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mercredi 29 février 2012

Arrêts sur christianisme (71)


Arrêts sur christianisme (71)

Est un admirateur du christianisme celui qui sait que le christianisme a changé le monde, qu’il nous a apporté une révolution morale d’amour, d’égalité et de dignité sans précédents, et que cette révolution déploie ses effets aujourd’hui encore ; que sans cette révolution le monde serait pire, la vie parmi les hommes plus sauvage, les droits moins garantis, l’espérance moins fondée. (…) Tous deux [les chrétiens religieux et les « chrétiens culturels »] ont un don. Pour les croyants au premier sens, le « don de Dieu » est la grâce, la gratuité et l’espérance mystérieuse d’une rencontre, d’une présence : la Sienne. Pour les croyants au second sens, le « don de dieu » est un patrimoine de vertus, de coutumes, de culture, de civilisation : la nôtre.

M. Pera, Perché dobbiamo dirci cristiani : Il liberalismo, l’Europa, l’etica, Milan, Mondadori, 2008, p.56-57.

lundi 27 février 2012

Humilité (7)


Humilité (7)

Mais Jésus n’arrête pas là ses remarques. Après s’être adressé aux invités, il se tourne vers le maître de maison : « Il dit aussi à celui qui l’avait invité : « Lorsque tu donnes un déjeuner ou un dîner, ne convoque pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu'ils ne t'invitent à leur tour et que ce ne soit pour toi un rendu » (Luc 14, 12).
Car « si vous faites des prêts à ceux dont vous attendez un remboursement – qu’ils vous invitent à leur tour – quel gré vous en saura-ton ? (lire la suite) Des pécheurs aussi font des prêts à des pécheurs, pour en recevoir l’équivalent » (Luc 6, 34). L’on invite pour être invité, l’on donne pour recevoir quelque chose d’égal. C’est le « renvoi d’ascenseur » attendu, faute de quoi l’on rompt les relations avec la personne qui devient ainsi non grata.
« Mais, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et heureux seras-tu de ce qu'ils n'ont pas de quoi te rendre, car cela te sera rendu lors de la résurrection des justes » (Luc 14, 12-13). Parce que, en effet, ils seraient bien embarrassés, non seulement pour organiser un festin plantureux, mais tout simplement pour préparer un repas normal, ordinaire.
Le Seigneur présente ainsi une exigence de charité authentique, désintéressée. Il nous invite à nous occuper des pauvres et des démunis. Sans doute sans négliger pour autant ceux de notre rang, à qui nous devons annoncer la foi chrétienne, que nous devons évangéliser. Mais il ne faut oublier les « laissés pour compte » de la société.

(fin)

dimanche 26 février 2012

Humilité (6)


Humilité (6)

« Voici que tu veux que la sincérité soit dans le cœur, au dedans de moi, fais-moi connaître la sagesse. Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur ; lave-moi, et je serai plus blanc que 1a neige » (Psaume 51, 8-9). « Venez à moi et discutons ensemble, dit le Seigneur : si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine » (Isaïe 1, 18). Vous voyez bien qu’il n’y a pas lieu d’avoir honte de les confesser en toute sincérité. C’est une invitation à confronter notre conscience à la loi de Dieu, à ses commandements, à procéder à un examen de conscience sérieux, objectif, profond, exigeant aussi… Puis à venir en parler au Seigneur - « Venez à moi et discutons ensemble » - dans le sacrement de la réconciliation. Il nous dit ici les sentiments qui l’animent alors. Il ne veut pas nous condamner, mais nous pardonner et nous donner une forte accolade. Il ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il vive et qu’il vive éternellement avec lui dans la gloire ! (lire la suite)
« Prends garde de te laisser égarer et de te faire écraser par ta sottise » (Siracide 13, 8). « Humiliez-vous donc sous la main puissante de Dieu pour qu’il vous élève en temps voulu » (1 Pierre 5, 6). Sa main n’est pas pesante, mais nous bénit. C’est une main secourable : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons : je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes, car mon joug est doux et mon fardeau léger » (Matthieu 11, 28-30). Et où existe-t-il un plus grand fardeau que celui de nos péchés ?
« Quiconque s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 14, 11). Et Dieu veut nous élever en temps voulu, au moment qu’il a fixé de toute éternité dans son Amour, nous élever jusqu’à Lui, là où notre Seigneur est remonté nous préparer une place ; notre place (cf. Jean 14, 3-4).
« Au contraire, quand on t’invitera, va te mettre à la dernière place, si bien que, lorsqu’arrivera celui qui t’a invité, il te dira : « Mon ami, monte plus haut ! » (Luc 14, 10). Nous imaginons le regard que Jésus porte sur nous, les hommes, et à quel point l’attitude des humbles lui va droit au cœur. Il découvre aussitôt celui qui s’est mis volontairement à la dernière place, persuadé de n’être rien, qu’un pauvre pécheur, de ne rien mériter, et il s’empresse de lui attribuer la meilleure place, de le mettre tout près de lui pour qu’il soit plus heureux encore, pour qu’il puisse bénéficier de cette proximité et de ne rien perdre de ses gestes et de ses paroles. « Ce sera alors un honneur pour toi aux yeux de tous les convives » (Luc 14, 10).

(à suivre…)

samedi 25 février 2012

Humilité (5)


Humilité (5)

« Ne prends pas des airs superbes devant le roi » (Proverbe 25, 6), ni devant qui que ce soit, car, de roi, il n’y en a point chez nous, et nous ne nous trouvons pas à ce rang. « Ne prends pas des airs superbes devant le roi, et ne te mets pas à la place des grands, car il vaut mieux qu’on te dise : « Monte ici », que si l’on t’humilie devant le prince que tes yeux ont vu » (Proverbes 25, 6-7).
Le prince dont il est question, au fond, n’est autre que notre Dieu. Dieu dont l’Écriture dit qu’il « résiste aux orgueilleux et accorde sa grâce aux humbles » (Jacques 4, 6). C’est fort. Mais c’est bien l’attitude qu’il réprouve le plus, car c’est l’antique prétention de devenir comme des dieux, carrément « comme Dieu » (Genèse 3, 5), ainsi que le diable l’insinue à Adam et Ève. (lire la suite)
Et c’est aussi, selon les théologiens, ce qui a entraîné dans leur chute Lucifer et les anges qui l’ont suivi, au lieu de rester fidèles au Dieu qui les avait créés et tirés du néant. Dans ce cas, le châtiment de l’orgueil est éternel, sans rémission possible. Cela devrait nous faire réfléchir quelque peu.
Par contraste, nous savons que notre Dieu, qui se présente lui-même, qui s’auto-définit comme « doux et humble de cœur » (Matthieu 11, 29), fait bon accueil aux pécheurs. C’est ce qui scandalisait les pharisiens : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » (Matthieu 9, 11). Voilà ce qui les scandalise, non leur comportement extravagant. Oui, Dieu écoute celui qui revient à lui avec un cœur contrit et lui demande pardon. « Aie pitié de moi, ô Dieu, dans ta bonté ; selon ta grande miséricorde efface mes transgressions. (…) Voici que je suis né dans l'iniquité et ma mère m'a conçu dans le péché » (Psaume 51, 3.7). Il convient de battre sa coulpe. Il n’y a rien d’humiliant à cela. C’est le propre de quelqu’un de bien éduqué. J’ai déjà raconté lorsque saint Josémaria enfant se cachait sous son lit pour ne pas avoir à embrasser les amies trop fardées de sa mère, celle-ci venait frapper le sol avec la canne de son mari et le faire sortir en lui disant : « Josémaria, la honte uniquement pour pécher. » C’est un conseil d’une très grande sagesse. C’est à l’heure de la tentation qu’il faut avoir honte d’offenser le Seigneur, qui est si bon pour nous. le péché une fois commis, c’est le diable qui nous tente de nouveau en faisant monter en nous la honte d’aller nous confesser. Envoyons-le promener et ne nous laissons pas abuser une nouvelle fois !

(à suivre…)

vendredi 24 février 2012

Humilité (4)


Humilité (4)

Ayant donc assisté au manège des invités, Jésus « dit une parabole à leur adresse » (Luc 14, 7). Il s’agit cette fois d’une parabole on ne peut plus claire. En effet, le Seigneur s’exprime en ces termes : « Quand on t’invitera à un repas de noces, ne vas pas occuper la place d’honneur » (Luc 14, 8). Que de fois n’avait-il pas dit à ses disciples : « Méfiez-vous des scribes qui se plaisent à circuler en longues robes et aiment à recevoir les salutations sur les places publiques et à avoir les sièges d’honneur dans les synagogues et la première place dans les repas ? » (Luc 20, 46), ajoutant pour bien mettre en valeur le caractère à la fois scandaleux et dérisoire ce tels comportements : « Eux qui dévorent les biens des veuves, tout en affectant de faire de longues prières » (Luc 20, 47). La sentence est inexorable : « Ce sont ces gens-là qui seront condamnés plus sévèrement » (Marc 12, 39). (lire la suite)
Il n’avait d’ailleurs pas hésité à réprouver en public un tel manque d’humilité, semblable hypocrisie. Parlant cette fois-ci des pharisiens – nous voyons que le défaut est généralisé, profondément ancré dans les mœurs -, il déplore que « tout ce qu’ils font, ils le font pour se donner en spectacle aux gens. (…) Ils aiment à avoir les premières places dans les repas, les sièges d’honneur dans la synagogue et les salutations sur les places publiques, et à se faire appeler par les gens rabbi » (Marc 23, 6-7).
D’où les invectives qui pleuvront un jour sur eux : « Malheur à vous, Pharisiens hypocrites, qui fermez le royaume des cieux devant les hommes ! Car vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui se présentent » (Matthieu 23, 13).
La solution est limpide : « Le plus grand d’entre vous sera votre serviteur : celui qui s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (Matthieu 23, 11-12).
Mais revenons à la parabole que Jésus propose au cours du repas. Après avoir recommandé de ne pas s’installer à la meilleure place, il ajoute que « quelqu’un de plus considérable que toi pourrait avoir été invité, et celui qui vous aurait invités l’un et l’autre viendrait redire : « Cède-lui la place ! » Et alors tu irais, tout confus, occuper la dernière place » (Luc 14, 8-9). Une confusion bien méritée, somme toute. Les hommes, les femmes aussi, aiment habituellement bien se mettre en valeur, se faire mousser, comme on dit. Nous pouvons nous interroger sur notre propre comportement. Le goût de l’apparence, les racontars, la vantardise, l’art de déguiser la vérité pour qu’elle nous soit favorable et suscite des compliments flatteurs… ce n’est peut-être pas se mettre à la première place d’un banquet, d’autant qu’il est sans doute « placé », avec un carton au nom de chaque convive. Mais c’est quand même nous mettre à la première place de la conversation, et vouloir monopoliser l’attention.

(à suivre…)

jeudi 23 février 2012

Humilité (3)


Humilité (3)

- « Allons, allons, dit Pierre, calmez-vous. Vous vous trompez tous, en vous croyant plus important que les autres. Je voudrais bien savoir à qui le Rabbi a dit, il y a quelques jours seulement : Tu es Pierre, et c’est sur cette pierre que je bâtirai mon Église, et les portes de l’Hadès ne l’emporteront pas sur elle (Mt 16, 18). L’auriez-vous déjà oublié ? En tout cas, pas moi. »
— « Ce que tu oublies, Pierre, dit André, son frère, c’est que si je n’étais pas venu te dire : Nous avons trouvé le Messie (Jn 1, 41), tu serais encore à réparer tes filets et à trimer sur le Lac de Tibériade. »
— « Mais pas du tout ! Je serais venu voir le nouveau Maître à qui tu t’étais attaché, et je me serais uni aussi à lui. » (lire la suite)
— « C’est facile à dire après coup, mais rien ne le prouve. »
L’autre Simon ne veut pas être de reste.
— « Je vous entend tous vanter vos soi-disant mérites. Eh bien, je vous rappelle que je suis le seul parmi vous à m’être engagé dès mon adolescence dans le parti des Zélotes. Moi, j’attendais le Messie avec impatience, et j’avais déjà embrassé sa cause, sans le connaître encore. Ma vocation ne date donc pas de la veille. Elle remonte loin dans le temps bien avant la vôtre. »
— « Ça c’est un comble ! Comment peux-tu dire une telle ineptie, Simon ? demande Judas. Moi, je me méfie des Zélotes, ce sont des gens violents. »
— « Ils savent ce qu’ils font, et veulent libérer notre pays de l’envahisseur romain. Tu ne vas tout de même pas me dire que tu souhaites le voir continuer de nous imposer son joug. Tu n’est quand même pas à la solde de Rome ! »
— « Ce n’est pas ce que je voulais dire, reprend Judas. Mais je vous ferai remarquer que c’est moi à qui Jésus fait le plus confiance, car c’est à moi qu’il a confié les cordons de la bourse. Il est vrai qu’il n’y a pas toujours grand chose dans cette bourse… »
— « On se demande pourquoi », lance l’un d’entre eux.
— « Qui a dit cela ? Qu’est-ce que cela veut dire ? »
— « Calme-toi, Thomas, dit Pierre. Dois-je vous rappeler chez qui nous allons ? »
— « À Capharnaüm », répond Jude.
— « Je n’ai pas dit : « où nous allons », mais « chez qui nous allons ? ». Jésus va descendre chez ma belle-mère, comme chaque fois qu’il vient à Capharnaüm. Qui d’entre vous a reçu le Maître dans sa famille ? Qui ? Personne ? Alors, tirez-en la conclusion qui s’impose. Et restons-en là. »

(à suivre…)

mercredi 22 février 2012

Humilité (2)


Humilité (2)

Matthieu ignore la remarque déplacée : « Parfaitement, j’ai travaillé dur pour obtenir ce poste. Je vous dépasse tous. »
— « Ce n’est pas parce que tu t’en es mis plein les poches sur notre dos que tu es plus important que nous », dit Jacques, le fils d’Alphée.
— « Dois-je vous rappeler que je suis le cousin du Seigneur ? » dit l’autre Jacques, fils de Zébédée.
— « Et moi aussi », s’empresse d’ajouter Jean.
— « Oui, mais c’est moi l’aîné », reprend Jacques le Majeur.
— « C’est vrai, mais c’est moi qui ai suivi le Maître le premier. »
— « Et moi, alors, tu m’oublies », dit André avec vivacité.
— « J’ai suivi le premier l’Agneau de Dieu que Jean le Baptiste nous a désigné, et toi tu n’as fait que me suivre. » (lire la suite)
— « Ce n’est pas vrai. Tu es un menteur. C’est moi qui ai emboîté le pas de Jésus le premier. »
— « De toute façon, il a une préférence pour moi. Cela, aucun d’entre vous ne peut le nier. C’est visible. »
— « Regardez-moi le petit chouchou, comme il est attendrissant ! dit Thomas, tu vas nous faire pleurer. »
Les esprits s’échauffent. Des bribes de la dispute puérile parviennent à Jésus. Il laisse faire. Il connaît bien ses apôtres, et sait qu’il faudra du temps pour qu’ils soient bien formés, pour dégrossir leur caractère. Jésus est patient. Il a son temps.
Le vieux Nathanaël ne peut se retenir d’intervenir à son tour :
— « N’oubliez quand même pas l’éloge que Jésus a fait de moi : Voici un Israélite en qui il tout est droit (Jn 1, 47). Qui peut en dire autant ? »
Philippe n’a rien dit. Il ne voit pas très bien quoi revendiquer d’autre que d’être originaire de « Bethsaïde, la ville d’André et de Pierre » (Jn 1, 44). C’est plutôt maigre. Alors il dit, à l’adresse de Jacques et de Jean :
— « Il n’y a pas de mérite à être les cousins du Seigneur. Vous n’y êtes pour rien. Cela vous a été donné par les liens du sang. Moi je suis de la famille de Jésus par les liens de l’appel. »
Les protestations fusent de tous côtés :
— « Et nous alors ?
— « Nous pouvons tous en dire autant. »
— « Il n’y a pas que toi. »
— « Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! »

(à suivre…)

mardi 21 février 2012

Humilité (1)


Humilité (1)

Jésus est un fin observateur de la vie sociale. Rien ne lui échappe, parce que Dieu « connaît le cœur de tous » (Actes 1, 24). « Dieu connaît les cœurs » (Actes 15, 8). Il « sonde les cœurs et connaît quels sont les désirs de l’Esprit » (Romains 8, 27). « Nulle créature n'est cachée devant Dieu, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte » (Hébreux 4, 13). C’est lui qui attire l’attention de ses apôtres sur la pauvre veuve qui met deux piécettes dans le trésor du Temple, qui représentent tout son avoir (Marc 13, 41-44).
Or donc, un jour il remarque « comment les invités choisissaient les places d’honneur » (Luc 14, 7). Lui-même avait été invité probablement par un pharisien, un notable de la ville, qui a lancé une invitation large à tous ses amis et connaissances (lire la suite) pour qu’ils partagent le repas avec le rabbi de Nazareth qui fait tant parler dans les chaumières. Et les gens se bousculent et se disputent pour être le plus près possible du Maître. Chacun trouve un prétexte pour arguer de son bon droit à être à la meilleure place. Nous avons tous tendance à nous croire très important, à nous juger au-dessus de ce que nous sommes vraiment, alors que nous sommes bien peu de chose…
Nous voyons les apôtres eux-mêmes se perdre à plusieurs reprises en des discussions stériles et puériles pour savoir lequel d’entre eux est le plus important ! Et chacun a ses bonnes raisons, ou qu’il croit telles, de revendiquer le maximum.
— « Vous voulez que je vous le dise ? Eh bien, c’est moi ! »
Cette déclaration suscite les protestations de tous :
— « Au nom de quoi, je me demande. »
— « Voyez quel toupet ! »
— « Mais enfin, pour qui se prend-il le Thaddée ? »
— « Tu es comme nous, un pêcheur. »
— « Ah non ! intervient Matthieu. Je ne suis pas pêcheur, mais collecteur d’impôts. »
— « Bah, quel sale métier, il n’y a pas de quoi se vanter », lance Judas, d’Iscariote.
— « Tu peux dire ce que tu veux, mais moi, j’ai dû faire des études, pour apprendre mon métier… »
— « … à voler les autres ! »

(à suivre…)

dimanche 19 février 2012

Le rayonnement du Christ (7)


Le rayonnement du Christ (7)

Notre Seigneur se chargera lui-même de rappeler à ses disciples fuyards et lâches qui se rendaient à leur village d’Emmaüs que Jésus de Nazareth « était un prophète puissant en œuvres et en paroles, devant Dieu et devant tout le peuple » (Luc 24, 19). C’était bien le sentiment de la foule, par exemple après la résurrection du fils de la veuve de Naïm : « Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu en disant : « Un grand prophète a surgi parmi nous » et « Dieu a visité son peuple ». Et le bruit s’en répandit dans toute la Judée et dans tout le pays d’alentour » (Luc 7, 16-17). Et encore, quand le paralytique que l’on avait fait descendre par une ouverture pratiquée dans le toit aux pieds de Jésus, à Capharnaüm, a été guéri, là aussi, et « prit ce sur quoi il était étendu et s’en alla chez lui en glorifiant Dieu. Tous alors furent pris de stupeur et se mirent à glorifier Dieu. Remplis de crainte, ils dirent : « Nous avons vu des merveilles aujourd'hui » (Luc 5, 25-26). Cela aurait très certainement été aussi notre réaction si nous avions été témoins de la scène. (lire la suite)
Nous comprenons alors aisément l’enthousiasme de la foule qui réserve un accueil triomphal à Jésus de Nazareth quand il fait son entrée solennelle dans la Cité Sainte : « Toute la foule des disciples, dans la joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus, en disant : « Béni soit celui qui vient, le roi, au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux » (Luc 19, 37-38). Il y avait vraiment de quoi être enthousiaste.
Oui, les foules sont enthousiastes ! Et c’est on ne peut plus logique. Car « enthousiasme » vient du grec « en » et « theos », c’est-à-dire du fait « d’être en Dieu ». Être avec Jésus nous plonge dans l’intimité du Père et du Saint-Esprit. Cela donne un sens, un coloris, une saveur à la vie que rien d’autre ne peut nous apporter. Les hommes peuvent s’enthousiasmer pour des projets ou des aventures humaines, des exploits techniques ou sportifs. Mais le seul enthousiasme véritable, c’est celui qui est typiquement chrétien, celui qui naît et se développe au contact de Dieu et qui n’est pas conditionné par les « changements climatiques » ou les « variations saisonnières », qu’ils se fassent sentir en dehors ou au-dedans de l’âme. « Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort » (Jean 8, 51). L’union à Dieu suffit largement à nourrir et à développer cet enthousiasme surnaturel avec la joie qu’il entraîne automatiquement.

(fin)

samedi 18 février 2012

Le rayonnement du Christ (6)


Le rayonnement du Christ (6)

Jésus nous a rendu Dieu accessible. Il s’est fait proche de nous, un de nous. moyennant quoi, nous sommes impardonnables si nous refusons de le reconnaître et de l’accueillir. D’autant que « tu nous a faits pour toi, seigneur, et comme notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose pas en toi » (saint Augustin, Confessions 1, 1, 1). Ce cœur inquiet est celui qui « ne se contente de rien de moins que de Dieu et, précisément ainsi, devient un cœur qui aime. Notre cœur est inquiet à l’égard de Dieu et il le reste, même si aujourd’hui on s’efforce, avec des « narcotiques » très efficaces, de libérer l’homme de cette inquiétude » (Benoît XVI, Homélie pour l’Épiphanie, 6 janvier 2012). (lire la suite)
Le pape ajoute une considération très profonde et très encourageante à la fois. À cette inquiétude humaine correspond une inquiétude divine. Ou, pour être plus exact, l’inquiétude divine précède celle qu’il a lui-même fait naître dans le cœur de l’homme. « Ce ne sont pas seulement nous, les êtres humains, qui sommes inquiets par rapport à Dieu. Le cœur de Dieu est inquiet pour l’homme. Dieu nous attend. Il nous cherche. Il n’est pas tranquille lui non plus tant qu’il ne nous a pas trouvés. Le cœur de Dieu est inquiet, et c’est pour cela qu’il s’est mis en chemin vers nous – vers Bethléem, vers le Calvaire, de Jérusalem à la Galilée et jusqu’aux confins du monde » (Ibid.). C’est, certes, une façon humaine de parler. Mais nous sommes bien obligés de faire appel à nos catégories humaines pour essayer de nous expliquer l’Amour que Dieu nous porte. Nous ne pouvons le comprendre, faiblement, qu’en raisonnant de la sorte.
Cet empressement de Dieu à venir nous rejoindre dans notre existence humaine est vraiment impressionnante. « Dieu est inquiet à notre égard, il est à la recherche de personnes qui se laissent gagner par son inquiétude, par sa passion pour nous. De personnes qui portent en elles la recherche qui est dans leur cœur et, en même temps, qui se laissent toucher dans leur cœur par la recherche de Dieu à notre égard » (Ibid.). Il attend donc de nous que nous écoutions sa voix, que nous nous laissions toucher par sa tendresse, que nous répondions à son appel. Et ce, afin de faire comprendre à nos semblables à quel point Dieu les aime, de les amener à découvrir cette inquiétude divine à leur endroit.
« Chers amis, c’est la tâche des Apôtres d’accueillir l’inquiétude de Dieu à l’égard de l’homme et de porter Dieu lui-même aux hommes. Et c’est votre tâche sur les pas des Apôtres de vous laisser toucher par l’inquiétude de Dieu afin que le désir de Dieu à l’égard de l’homme puisse être satisfait » (Ibid.). Nous devrions nous sentir impliqués très directement dans cette tâche, qualifiée de nos jours de « nouvelle évangélisation ».
Mais revenons à l’environnement dans lequel Jésus évolue.

(à suivre…)

vendredi 17 février 2012

Le rayonnement du Christ (5)


Le rayonnement du Christ (5)

Il était écrit : « Ton Dieu te suscitera du milieu de toi, d’entre tes frères, un prophète tel que moi : vous l’écouterez » (Deutéronome 18, 15). Cette annonce s’est réalisée : « Aujourd’hui se trouve accompli devant vous ce passage de l’Écriture » (Luc 4, 21). Moïse et les prophète sont parlé au nom de Dieu, en tant qu’il les avait envoyés auprès des hommes pour leur faire connaître sa Volonté. Avec Jésus, c’est différent. Il est lui-même la Parole de Dieu. Ses auditeurs « admiraient surtout son pouvoir, [… parce qu’] il ne leur parlait pas avec des paroles d’autrui, comme les prophètes et Moïse, mais qu’à chaque arole il montrait qu’il possédait cette autorité par lui-même » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur l’Évangile de saint Matthieu 25, 1). (lire la suite)
Ce n’est pas une parole austère et menaçante. Dieu n’est plus un Dieu caché et lointain. Il s’adresse directement aux hommes. Et ceux-ci peuvent à leur tout entrer en relation avec lui, lui parler, lui ouvrir leur cœur, lui poser des questions en toute confiance, et recevoir de lui lumière, orientations pratiques et réconfort.
Jésus est le dernier des prophètes qui devait venir au monde, comme la foule le reconnaît avec émerveillement (Jean 6, 14). Il nous enseigne les mystères de al vie intime de Dieu et ce que doivent être les relations entre les hommes, empreintes d’une charité exquise et de pardon mutuel, à l’image de l’Amour qu’il nous porte : « Je vous donne un commandement nouveau : Que vous vous aimiez-vous les uns les autres, et que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13, 34).
Comme nous comprenons l’enthousiasme des foules : « N’avions-nous pas le cœur tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, nous expliquant les Écritures ? » (Luc 24, 32). Ce devait être le sentiment profond des gens en l’entendant : ils repartaient en glorifiant Dieu, le cœur joyeux et pacifié. Du moins les gens au cœur droit. Parce que certains se fermaient à la Vérité. À eux s’appliquent ces paroles divines : « Si quelqu’un n’écoute pas mes paroles qu’il dira en mon nom, c’est moi qui lui en demanderait des comptes » (Deutéronome 18, 19).

(à suivre…)

jeudi 16 février 2012

Le rayonnement du Christ (4)


Le rayonnement du Christ (4)

Les gens sont saisis de stupeur à un tel spectacle, en soi terrifiant. Et ils se disaient l’un à l’autre : « Qu’est-ce que cette parole, qu’il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs ? » (Luc 4, 36), ce qui, en soi, est, en effet, bien extraordinaire, du jamais vu. Mais il y a plus : comment se fait-il que, l’ayant entendu, ces esprits mauvais « s’en aillent ? » (Luc 4, 36). Cela pose encore plus d’interrogations. Il s’agit en vérité d’un « enseignement nouveau, donné d’autorité » (Marc 1, 27). C’est bien ce qui tranche avec les prêches habituels du sabbat et le rappel lancinant et étouffant des innombrables prescriptions à observer et des interdits sans nombre rajoutés par les rabbins, qui coupent les ailes à la liberté et enferment les hommes dans une attitude craintive face à Dieu. Avec Jésus, c’est tout autre chose. « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres « (Jean 8, 32). C’est bien Jésus en Personne qui nous libère de l’esclavage, de l’esclavage du péché, et lui seul. (lire la suite)
« Et sa renommée se répandit tout de suite partout, dans tous les alentours de la Galilée » (Marc 1, 28). Si nous en croyons saint Marc, cet épisode se situe au début du ministère public du Seigneur. Donc sans doute peu après le miracle de l’eau changée en vin aux noces de Cana (cf. Jean 2, 1-12). Et il est probable qu’en plus des premiers disciples, qui deviendront ses apôtres (cf. Marc 1, 16-20), d’autres disciples aient commencé à s’attacher alors au Maître. D’autant que « les gens étaient dans l’admiration pour l’enseignement qu’il donnait, car il le faisait en homme qui détient l’autorité, non comme les scribes » (Marc 1, 22). C’est la même idée. L’on sent que cette réaction unanime a frappé l’évangéliste et qu’il tient à la consigner plusieurs fois, pour qu’il soit bien clair qu’il ne s’agit pas d’un épisode isolé, mais bien d’un émerveillement permanent et que la présence de Jésus et la force de sa Parole emportent la conviction des auditoires les plus variés, au point même, avons-nous vu, que nombre de notables étaient gagnés à sa cause.
Et lorsque le Seigneur redonne la vue à l’aveugle qui « était assis au bord du chemin, [et] qui mendiait » (Luc 18, 35), aux abords de Jéricho, « tout le peuple, à cette vue, célébra les louanges de Dieu » (Luc 18, 43), tout comme, dans la nuit de Noël, alors qu’ils n’avaient contemplé qu’un « nouveau-né emmailloté et couché dans une crèche » (Luc 1, 12), les bergers « s’en retournèrent en glorifiant et en louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été dit » (Luc 2, 22).

(à suivre…)

mercredi 15 février 2012

Le rayonnement du Christ (3)


Le rayonnement du Christ (3)

La réaction et le commentaire des gens qui écoutent Jésus parler et qui le voient agir et opérer des miracles sont identiques quand Jésus s’arrête à « Capharnaüm, ville de Galilée » et qu’il « leur donnait l’enseignement les jours de sabbat » (Luc 4, 31) dans la synagogue de la ville, « selon sa coutume » (Luc 4, 16) partout où il se rendait. Saint Luc note, en effet, que « les gens étaient dans l’admiration pour l’enseignement qu’il donnait parce que sa parole était pleine d’autorité » (Luc 4, 32). Or, voici qu’un jour de sabbat, alors qu’il est en train de prêcher dans la synagogue, il s’y trouve « un démoniaque possédé d’un esprit impur qui se mit à crier très fort : « Ah ! laisse-moi tranquille, Jésus de Nazareth ! Tu es venu pour notre ruine ! Je sais qui tu es : le Saint de Dieu ! » (Luc 4, 33-34). La scène a dû être impressionnante. Les gens ont les sangs glacés en entendant cet homme possédé du démon, qui devait être repoussant à voir et à l’air menaçant.(lire la suite)
Remarquons que Jésus ne lui a rien dit. Il ne lui a pas adressé la parole. Et pourtant le démoniaque se sent agressé par la seule présence du Maître. Dieu et le diable ne font pas bon ménage. Et il est manifeste que le démon ne peut pas supporter la présence de Dieu. Il faut qu’il s’enfuie.
La scène a d’autant plus frappé les esprits que tous entendent cet homme répugnant qualifier Jésus de « Saint de Dieu ! » Les Pharisiens et les docteurs de la Loi ne reconnaissent pas en lui le Messie, et il faut que ce soit le diable en personne qui le proclame ! C’est bouleversant. La Vérité s’impose même aux démons qui ignorent pourtant ce que vrai veut dire. Mais il faut bien proclamer que Jésus est le Christ Sauveur. « Je vous le dis, si ceux-ci se taisent, les pierres crieront » (Luc 19, 40).
Alors « Jésus lui dit d’un ton impératif : « Tais-toi et sors de lui ! » (Luc 4, 35). Il n’est pas question pour lui d’obtempérer à l’injonction du démon. Il est effectivement venu pour sa perte. Et nul ne peut résister à la Parole de Dieu qui peut revêtir une force incroyable dans certaines circonstances, comme à Gethsémani, quand, ayant répondu : « C’est moi ! » à ceux qui disaient chercher Jésus de Nazareth, afin de l’arrêter, à ces mots tous « reculèrent et tombèrent à terre » (Jean 18, 6).
Jésus commande avec force. « Alors le démon, après l’avoir jeté à terre devant tout le monde, sortit de lui sans lui faire aucun mal » (Luc 4, 35), ce qui est digne d’être souligné, parce que le diable est plutôt du genre violent. Il se contente ici de secouer son possédé « frénétiquement et, poussant un grand cri, il sortit de lui » (Marc 1, 26). Ce qui a dû être effroyable à entendre. C’est un cri de rage de devoir décamper de cette âme dont le diable s’était emparée et qu’il croyait désormais sienne à tout jamais.

(à suivre…)

lundi 13 février 2012

Le rayonnement du Christ (2)


Le rayonnement du Christ (2)

Oui, il existe des notables qui croient en Jésus-Christ, mais les Pharisiens l’ignorent. C’est le cas de Nicodème, qualifié précisément de « notable parmi les Juifs », venu « trouver Jésus de nuit » (Jean 3, 1-2). C’est également le cas de Joseph d’Arimathie, qui était disciple – il croit en Jésus au point d’être devenu un de ses disciples – mais en secret, par crainte des Juifs » (Jean 20, 38), c’est-à-dire des autorités juives qui, si elles l’avaient appris, l’auraient excommunié illico. Sans compter que, après la Pentecôte, « des prêtres, en masse, adhéraient à la foi » (Actes 6, 7). Nous pouvons penser que certains au moins s’étaient intérieurement rangés du côté du Christ, en secret également. (lire la suite)
« Ou parmi les Pharisiens » (Jean 7, 48) y en a-t-il qui croient en lui ? Là encore, ils méconnaissent la réalité : « Parmi les notables, beaucoup crurent en lui ; mais, à cause des Pharisiens, ils ne se déclaraient pas, de peur d’être exclus de la synagogue » (Jean 12, 42), comportement qui, souligne saint Jean, montre qu’ils préféraient, du moins à ce moment-là, « la gloire humaine à la gloire de Dieu » (Jean 12, 43).
La réponse des gardes irrite d’autant plus les grands prêtres et les Pharisiens qu’elle leur rappelle la réaction fréquente des foules, qu’ils méprisent parce qu’ils jugent qu’elles n’ont pas « la science de la Loi, ce sont des maudits » (Jean 7, 49). Or, « les gens étaient dans l’admiration pour l’enseignement qu’il donnait, car il le faisait en homme qui détient l’autorité, et non comme les scribes » (Marc 1,22), ce qui n’est guère flatteur pour ces derniers. Mais c’est la triste vérité, ou la vérité joyeuse, si l’on regarde les faits du côté du Seigneur.
Un jour, alors que Jésus venait de conclure la parabole de la maison bâtie sur le roc, qui ne s’est pas écroulée, mais qui a tenu bon à l’emprise du torrent et du vent violent qui s’était déchaîné contre elle (Matthieu 7, 24-27), « les foules étaient dans l’admiration pour l’enseignement qu’il donnait » (Matthieu 7, 28). Elles n’avaient jamais rien entendu de pareil, d’aussi simple et d’aussi profond, d’aussi parlant également. Tout le monde pouvait comprendre et tirer un enseignement concret pour sa propre vie. Entendre le Seigneur donnait envie d’être plus fidèle à la Loi transmise par Moïse, d’aimer davantage le Tout-Puissant, d’améliorer l’un ou l’autre point de son comportement. Ils n’étaient pas envoûtés par une sorte de gourou avant la lettre aux pouvoirs magiques. Non ! Ils sentaient la force de l’Amour authentique. Ils voyaient quelqu’un qui s’intéressait sincèrement aux gens, qui venait les rejoindre dans ce qui constitue leur vie quotidienne, pour les élever vers le Père. À son contact, les individus éprouvaient l’envie d’être meilleurs. En même temps, le Seigneur sait se montrer exigeant. Ce qui n’est pas pour déplaire quand on en voit la raison surnaturelle. La foule reconnaît que notre Seigneur enseigne « en homme qui détient l’autorité, et non comme leurs scribes » (Matthieu 7, 29).

(à suivre…)


Oui, il existe des notables qui croient en Jésus-Christ, mais les Pharisiens l’ignorent. C’est le cas de Nicodème, qualifié précisément de « notable parmi les Juifs », venu « trouver Jésus de nuit » (Jean 3, 1-2). C’est également le cas de Joseph d’Arimathie, qui était disciple – il croit en Jésus au point d’être devenu un de ses disciples – mais en secret, par crainte des Juifs » (Jean 20, 38), c’est-à-dire des autorités juives qui, si elles l’avaient appris, l’auraient excommunié illico. Sans compter que, après la Pentecôte, « des prêtres, en masse, adhéraient à la foi » (Actes 6, 7). Nous pouvons penser que certains au moins s’étaient intérieurement rangés du côté du Christ, en secret également.
« Ou parmi les Pharisiens » (Jean 7, 48) y en a-t-il qui croient en lui ? Là encore, ils méconnaissent la réalité : « Parmi les notables, beaucoup crurent en lui ; mais, à cause des Pharisiens, ils ne se déclaraient pas, de peur d’être exclus de la synagogue » (Jean 12, 42), comportement qui, souligne saint Jean, montre qu’ils préféraient, du moins à ce moment-là, « la gloire humaine à la gloire de Dieu » (Jean 12, 43).
La réponse des gardes irrite d’autant plus les grands prêtres et les Pharisiens qu’elle leur rappelle la réaction fréquente des foules, qu’ils méprisent parce qu’ils jugent qu’elles n’ont pas « la science de la Loi, ce sont des maudits » (Jean 7, 49). Or, « les gens étaient dans l’admiration pour l’enseignement qu’il donnait, car il le faisait en homme qui détient l’autorité, et non comme les scribes » (Marc 1,22), ce qui n’est guère flatteur pour ces derniers. Mais c’est la triste vérité, ou la vérité joyeuse, si l’on regarde les faits du côté du Seigneur.
Un jour, alors que Jésus venait de conclure la parabole de la maison bâtie sur le roc, qui ne s’est pas écroulée, mais qui a tenu bon à l’emprise du torrent et du vent violent qui s’était déchaîné contre elle (Matthieu 7, 24-27), « les foules étaient dans l’admiration pour l’enseignement qu’il donnait » (Matthieu 7, 28). Elles n’avaient jamais rien entendu de pareil, d’aussi simple et d’aussi profond, d’aussi parlant également. Tout le monde pouvait comprendre et tirer un enseignement concret pour sa propre vie. Entendre le Seigneur donnait envie d’être plus fidèle à la Loi transmise par Moïse, d’aimer davantage le Tout-Puissant, d’améliorer l’un ou l’autre point de son comportement. Ils n’étaient pas envoûtés par une sorte de gourou avant la lettre aux pouvoirs magiques. Non ! Ils sentaient la force de l’Amour authentique. Ils voyaient quelqu’un qui s’intéressait sincèrement aux gens, qui venait les rejoindre dans ce qui constitue leur vie quotidienne, pour les élever vers le Père. À son contact, les individus éprouvaient l’envie d’être meilleurs. En même temps, le Seigneur sait se montrer exigeant. Ce qui n’est pas pour déplaire quand on en voit la raison surnaturelle. La foule reconnaît que notre Seigneur enseigne « en homme qui détient l’autorité, et non comme leurs scribes » (Matthieu 7, 29).

(à suivre…)

dimanche 12 février 2012

Le rayonnement du Christ (1)


Le rayonnement du Christ (1)

Les grands prêtres et les Pharisiens avaient envoyé des gardes avec l’ordre exprès d’arrêter Jésus. « Le dernier jour de la fête, le plus solennel », il venait de s’écrier : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ! » (Jean 7, 37). En l’écoutant parler certains disaient : « C’est vraiment lui le Prophète. » D’autres disaient ; « C’est lui le Messie » (Jean 7, 45). Mais il n’emportait pas l’unanimité, car d’autres encore restaient sceptiques, abusés par le titre de « Jésus de Nazareth » sous lequel ils le connaissaient. Aussi se demandaient-ils : « Est-ce de Galilée que doit venir le Messie ? L’Écriture n’a-t-elle pas dit que le Messie doit venir de la descendance de David et de Bethléem, le bourg d’où était David ? » (Jean 7, 41-42). Ils ont raison et tort à la fois. Raison, parce que leur affirmation scripturaire est véridique. Tort, parce que leur raisonnement est faussé, du fait qu’ils ignorent que Jésus est né précisément à Bethléem (Matthieu 2, 1), et que ses parents, Joseph et Marie, sont tous deux de la lignée davidique (Matthieu 1, 20 ; Luc 2, 5). (lire la suite)
Dans le Temple, ce jour-là, « certains d’entre eux voulaient l’appréhender ; mais personne ne mit la main sur lui » (Jean 7, 44), y compris, ce qui est plus extraordinaire, les gardes diligentés expressément pour se saisir de lui. Le rayonnement personnel de Jésus est exceptionnel. Il s’est manifesté tout au long de sa vie. Les cœurs droits, les âmes simples se sont laissés toucher par la grâce qui émane de lui. « Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ? » (Jean 7, 45) demandent les grands prêtres et les Pharisiens, passablement irrités et déçus d’échouer une fois de plus dans leur intention perfide d’en finir avec le rabbi. La réponse des gardes est désarmante de simplicité : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jean7, 46). Ce qui sous-entend que l’enseignement prodigué chaque sabbat à la synagogue fait bien pâle figure face à la puissance de conviction de Jésus, à la profondeur de sa pensée, à la richesse du contenu de sa prédication, à l’accessibilité de son propos au tout venant grâce au recours aux paraboles qui parlent de la vie courante de tout un chacun.
« Sur quoi, les Pharisiens leur répliquèrent : « Est-ce que vous aussi, vous vous seriez laissés tromper ? » (Jean 7,47) ou abuser par son discours qu’ils considèrent pernicieux et dangereux pour la préservation de la Loi… et de leur pouvoir. Ils ajoutent : « Est-ce que, parmi les notables, il en est un qui ait cru en lui ? » (Jean 7, 48).

(à suivre…)

samedi 11 février 2012

Arrêts sur christianisme (70)


Arrêts sur christianisme (70)



Pour l’autocompréhension normative de la modernité, le christianisme a représenté plus qu’un simple précédent ou canalisateur. L’universalisme égalitaire – dont on découlé les idées de liberté et de solidarité sociale, conduite autonome de la vie et émancipation, conscience morale individuelle, droits de l’homme et démocratie – est un héritier direct de l’éthique juive de la justice et de l’éthique chrétienne de l’amour. Ce legs a fait l’objet d’une appropriation constante et d’une interprétation critique, sans subir de transformations substantielles. À l’heure où nous sommes, il n’existe aucune alternative. (...). Nous continuons de nous nourrir à cette source.

J. Habermas, « A Conversation about God and the World », Time of Transition, Londres, Polity Press, 2006, p. 150-151.

vendredi 10 février 2012

La valeur des difficultés (3)


La valeur des difficultés (3)

« Or, à la quatrième veille de la nuit, il vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent pris d’émoi : « C’est un fantôme ! » dirent-ils, et ils poussèrent des cris d’effroi » (Matthieu 14, 25-26). Le Christ vient à leur aide et eux, ils s’affolent ! Ils y trouvent une source supplémentaire de tracas et de fatigue. Le Christ se présente à nous avec la Croix mais pour apporter la paix à notre âme, non pour nous troubler ; pour nous aider à résoudre nos problèmes humains, non pour nous surcharger ; pour donner à l’ensemble un sens surnaturel, non pour nous enfoncer dans notre misère. « Mais tout de suite Jésus leur parla : « Confiance ! dit-il. C’est moi ! N’ayez pas peur ! » (Matthieu 14, 27). Alors Pierre, tout feu tout flamme, (lire la suite) toujours spontané et éprouvant du mal à réprimer ses réactions primaires, « lui dit : « Seigneur ! si c’est toi, commande que j’aille à toi sur les eaux » (Matthieu 14, 28). Ce sera la preuve indéniable qu’il s’agit bien de Jésus. « Viens ! dit-il. Et Pierre, quittant la barque, marcha sur les eaux et alla vers Jésus. Mais, en voyant la violence du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il s’écria : « Seigneur, sauve-moi ! » (Matthieu 14, 29-30).
Cela a bien commencé, mais Simon-Pierre a douté, a vu sa foi diminuer en présence d’une difficulté objective. Marcher sur les eaux, qui plus est d’un lac fortement agité par un vent violent, n’a rien de banal évidemment. Mais n’était-ce pas la preuve qu’il avait demandé ? N’était-ce pas la preuve qu’il s’agissait bien du Seigneur ? Cela ne lui suffit pas, ou ne lui suffit plus. L’eau est agitée, les vagues se creusent… De vrais problèmes, des tracas non inventés… « Quand quelque désagrément ou peine vous atteindra, souvenez-vous du Christ crucifié et taisez-vous. Vivez en foi et en espérance ; bien que ce soit dans le noir ; dans ces ténèbres Dieu protège l’âme » (saint Jean de la Croix, Lettre n° 20). Tel est le bon système. « Il s’écria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt Jésus tendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (Matthieu 14, 30-31). Oui, pourquoi ?
« Et, lorsqu’ils furent montés dans la barque, le vent cessa » (Matthieu 14, 32). Il ne cesse qu’à ce moment-là. Mais Jésus était déjà avec lui avant. « Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui en disant : « Vraiment tu es le Fils de Dieu ! » (Matthieu 14, 33). La difficulté va servir à les faire grandir dans la foi en Jésus-Christ. Elle a donc un côté positif. Et c’est le propre de tous les soucis que nous avons dans notre vie et de toutes les épreuves que traverse aussi notre mère la sainte Église.
Elles nous font grandir. Elles contribuent à ce que nous suivions librement le Seigneur et à ce que nous produisions de bonnes œuvres qui manifestent la gloire de Dieu. Elles nous font beaucoup de bien. « Bouillac, dans le Lot, où il est en mission en janvier 1897. Se plaindre des épreuves que le Seigneur nous envoie, c’est changer l’or en étain. Les peines, les contradictions, les souffrances, les humiliations, voilà le trésor des trésors ! Quel mérite y a-t-il à tout souffrir et à tout quitter par force ? Mais tout souffrir, tout quitter, tout supporter, tout endurer joyeusement et librement pour l’amour de Jésus qui a tout quitté, tout enduré, tout souffert pour l’amour de nous, voilà le mérite, voilà aussi le bonheur » (J. Baylé, Le saint de Toulouse s’en est allé… P. Marie-Antoine de Lavaur Capucin (1825-1907), Toulouse, Éditions du Carmel, 2006, p. 441).

(fin)

jeudi 9 février 2012

La valeur des difficultés (2)


La valeur des difficultés (2)

Pour qui aime Dieu, tout concourt à son bien (cf. Romains 8, 28). La croix n’est plus une croix. D’autant que nous disposons toujours de toutes les grâces nécessaires pour la porter d’aplomb avec notre Seigneur. « On a dit que du dictionnaire français, il faudrait rayer le mot « impossible » ; du dictionnaire chrétien, il faut rayer le mot « difficile ». Il n’y a pas de difficulté dans la vertu, ou s’il y en a, c’est simplement parce que vous abordez votre devoir actuel avec une volonté insuffisante ; vous hésitez, vous tremblez devant lui, vous ne l’abordez pas ; ou si vous l’abordez, c’est en rechignant, de loin, en vous tâtant. Mais, voyons donc… essayez… le devoir ne se fera pas tout seul… Mettez-y du courage. Croyez-moi, les choses ne sont difficiles que de loin, et s’il y a dans votre cœur de l’amour, gros comme un grain de sénevé, il n’est pas possible que les difficultés y résistent : (lire la suite) elles s’évanouissent et disparaissent » (Dom Paul Delatte, Contempler l’invisible, Solesmes, 1964, p. 107).
Telle est la situation réelle pour une âme vraiment donnée à Dieu. Nous n’allons donc pas nous plaindre si le Seigneur nous demande un effort supplémentaire, comme aux apôtres en ce jour de la multiplication des pains. Nous n’allons pas rechigner s’il s’appuie sur nous en nous demandant ce que nous pouvons lui donner et qui, en définitive, est bien peu : « Nous n’avons là (…) que cinq pains et deux poissons » (Matthieu 14, 17).
Si nous sommes des hommes et des femmes de Dieu ; comment pouvons-nous traîner les pieds si le Père nous traite comme il traite son Fils, bien que beaucoup moins durement ? Il a le droit d’exiger beaucoup parce qu’il nous donne beaucoup. Mais il le fait pour nous avec une grande modération. Les difficultés ne sont des difficultés qu’à une vision humaine de la vie.

(à suivre…)

mercredi 8 février 2012

La valeur des difficultés (1)


La valeur des difficultés (1)

« Aussitôt après [il s’agit de la première multiplication des pains], il força les disciples à remonter en barque, et à passer avant lui sur l’autre rive » (Matthieu 14, 22). Et ce, « le temps de renvoyer les foules. Quant il eut renvoyé les foules, il gagna la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il s’y trouvait seul » (Matthieu 14, 22-23). Jésus prie. Que pourrait-il faire d’autre ? Il ne peut pas ne pas prier. Toute sa vie est une prière continuelle, ininterrompue. J’allais dire qu’il ne sait pas faire autre chose que prier. Il prie pour ces foules qu’il vient de nourrir d’un aliment matériel, afin qu’elles accueillent la nourriture spirituelle de son enseignement. Il prie pour ses apôtres, qui sont encore bien mal dégrossis. « Le soir venu, (lire la suite) il s’y trouvait seul. Quant à la barque, elle était déjà loin de la terre, à pas mal de stades, tourmentée par les vagues, le vent étant contraire » (Matthieu 14, 23-24). Cette difficulté vient s’ajouter à la fatigue d’une journée bien remplie, avec la gestion d’une foule évaluée à « environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants » (Matthieu 14, 21) à laquelle ils avaient dû distribuer les pains et les poissons multipliés par le Seigneur, dont ils avaient de surcroît ramassé les morceaux qui restaient, soit « douze corbeilles toutes pleines » (Matthieu 14, 20). La tempête vient rajouter à la fatigue.
Nous rencontrons nous aussi des difficultés dans la traversée de notre vie. Nous nous en passerions bien, suivant un raisonnement très humain, un calcul à courte vue. Alors qu’il est bon que des difficultés se présentent à nous pour que nous puissions offrir quelque chose à Dieu et recourir à son aide. Ces problèmes sont le maillet de l’artiste qui donne des coups afin de faire sauter les éclats inutiles et parvenir à la statue, au chef-d’œuvre qu’il porte en lui. Si nous sommes unis au Christ, que nous recevons dans l’Eucharistie, si nous visons sincèrement la sainteté, alors la croix que nous rencontrons ne devrait pas peser, ni nous affoler. Elle n’est pas une calamité, mais plutôt une bénédiction céleste. Car ce qui nous rend irrémédiablement malheureux, c’est précisément de refuser la croix, de vouloir l’esquiver, car cela revient à vouloir nous passer de Jésus-Christ, à vouloir vivre comme s’il n’existait pas, comme si sa vie n’avait aucune incidence sur la nôtre. Si nous imitions notre Seigneur, c’est-à-dire si nous nous efforcions de penser aux autres au lieu de nous regarder le nombril, nous serions très heureux et bien engagés sur la voie de la sainteté.

(à suivre…)

mardi 7 février 2012

Optimisme (4)


Optimisme (4)

Mais aussi quelle joie chez Marie. Quelles allégresses, célébrées aussi par la piété populaire. Les difficultés existent. Le monde occidental vit loin de Dieu. Certains passent leur temps à attaquer l’Église et le pape : ils perdent leur temps, leur temps temporel et leur éternité. Ce genre de gens existait déjà quand Jésus prêchait l’avènement du royaume des cieux, qui fait l’objet des béatitudes. Marie se rendait compte de la haine que suscitait le passage de son Fils chez plus d’un. Mais elle comprenait en même temps qu’elle entrait dans les plans de Dieu, faisait partie de la Rédemption de l’humanité. Nous n’allons pas nous décourager ni baisser les bras si les « loups hurlent » encore de nos jours. D’un mot, d’une flèche enflammée d’amour, le Seigneur et sa très Sainte Mère peuvent retourner la situation et les gens. (lire la suite)
« En vérité, en vérité, je vous le dis : celui qui croit possède la vie éternelle. (…) C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde » (Jean 6, 47.51). Toute notre force est là. Ces affirmations renferment la raison de notre optimisme et de notre joie. Nous ne sommes pas orphelins. Dieu est avec nous et nous avec lui. Ce Dieu qui nous a donné sa propre Mère. Nous voyons combien Dieu intervient dans l’histoire et agit dans la vie des gens. Dieu a ses plans, son temps, sa méthode. Il a ses moyens, qu’il nous a légués : les sacrements, sources de grâce, la prière, à l’imitation de son Fils et de sa Mère, Marie. Dieu ne connaît pas l’échec. Une femme ou un homme de Dieu pas davantage. Avec Marie, en l’accompagnant jusqu’à la Croix, « notre travail n’est pas vain devant Dieu » (1 Corinthiens 15, 58). Tout porte ses fruits, parce que « le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde » (Jean 6, 51). Nous y joignons nos efforts, que Marie présente au Seigneur, en demeurant au pie de la Croix, en étant active dans chaque messe, en s’offrant avec son Fils pour notre salut. Elle est sans conteste « Cause de notre joie ».

(fin)

lundi 6 février 2012

Optimisme (3)


Optimisme (3)

La venue du Seigneur nous remplit de joie, tout comme elle a comblé de joie la Vierge Marie dès le jour de l’Annonciation et, par elle, sa cousine Élisabeth puis Jean-Baptiste dans le sein de sa mère : « Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint » (Luc 1, 41). Et la joie de Marie éclate, fuse dans son Magnificat, qu’elle ne peut contenir, tant il s’impose à elle, tant il lui est nécessaire de louer Dieu et de le remercier pour tous ses bienfaits. La joie de Dieu est une joie communicative. Dieu est Joie. Dieu se donne à nous. Et en se donnant à nous, il nous communique ce qu’il est : (lire la suite) il nous transmet cette joie que rien dès lors ne peut altérer. C’est une joie qui est très présente dans le Cœur du Seigneur : « À cette même heure, [Jésus] tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et il dit : « Je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Luc 10, 21). C’est une joie commandée dans tous les cas par l’Esprit Saint, par l’Amour que Dieu se porte à lui-même et qui ne peut que causer bonheur et enthousiasme pérennes.
C’est une joie envahissante, telle une inondation qui emporte tout sur son passage, et qui balaye donc tous nos doutes, toutes nos hésitations, toutes nos difficultés, tous nos soucis. Il ne nous reste que l’essentiel, le bonheur débordant d’être assumés par Dieu en lui. « Je suis plein d’allégresse dans le Seigneur, mon âme exulte en Dieu », chante Isaïe (61, 10). Et le prophète Habacuc (3, 18) de surenchérir : « Mais moi je me réjouirai dans le Seigneur, j’exulterai en Dieu mon Sauveur. »
Joie donc d’être avec Dieu, nourris de Dieu, remplis de Dieu, de tout faire avec le Seigneur, grâce à l’intervention toujours efficace du Saint-Esprit, de tout faire pour le Seigneur et au nom du Seigneur. Joie de l’âme qui vit, non dans la proximité de celui qu’elle aime, de Dieu, ce qui serait encore trop peu, mais plongée en Dieu. Joie de voir que Dieu est vainqueur du mal. Avec lui, la victoire arrive tôt ou tard, mais elle se produit immanquablement. Après l’épreuve de la Croix, après le dépouillement total de soi, c’est la conquête de l’absolu. Marie en a une grande expérience, elle qui est « Cause de notre joie », comme nous le disons dans les litanies de Lorette, à l’issue de la récitation du chapelet. Mais nous la prions aussi en tant que Notre-Dame-des-Douleurs, ce qui correspond bien à la réalité d’une vie vécue dans l’union étroite à son Fils. La piété chrétienne l’a représentée le Cœur transpercé d’un ou de sept glaives de douleur, ou dans la scène de la mise au tombeau, ou encore comme Vierge de pitié ou Pietà.

(à suivre…)

dimanche 5 février 2012

Optimisme (2)


Optimisme (2)

Ou, comme le disait le bienheureux Jean-Paul II, « en Jésus la joie prend toute sa force dans l’élan vers le Père. Il en est ainsi pour les joies provoquées et soutenues par l’Esprit Saint dans le vie des hommes : leur force vitale secrète les oriente dans le sens d’un amour rempli de gratitude envers le Père. Chaque vraie joie a le Père comme fin ultime » (Audience générale, 19 juin 1991). Et, si nous partons de l’exhortation du livre de Néhémie (8, 10), « ne vous affligez pas, car la joie de Dieu est votre forteresse », nous constatons que la joie est un puissant allié pour remporter la victoire dans la lutte (cf. 1 Macchabées 3, 2ss), un remède souverain pour noyer le mal dans le bien. De fait, le même Pontife déclarait un autre jour que « le service authentique du chrétien s’apprécie selon la présence agissante de la grâce en lui et par lui. (lire la suite) La paix dans le cœur du chrétien, par conséquent, est inséparablement unie à la paix (…). Quand la joie d’un cœur chrétien se déverse dans les autres hommes, elle y engendre l’espérance, l’optimisme, des élans de générosité dans la fatigue quotidienne, et se communique à toute la société. Mes enfants, ce n’est que si vous avez en vous cette grâce divine qui est joie et paix que vous pourrez construire quelque chose qui en vaille la peine pour les hommes » (Jean-Paul II, Discours, 10 avril 1979). Il s’agit donc d’une joie communicative, d’une joie qui transmet un message, celui de l’amour de Dieu pour nous et celui de la possibilité d’être unis à Dieu dans la vie courante, et d’aborder celle-ci avec une mentalité positive, enthousiaste même, car c’est cette vie qui nous est donnée par Dieu pour que nous parvenions à ne faire qu’un avec lui, pour que nous nous sanctifions pour de bon.
« C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde » (Jean 6, 51). C’est l’annonce d’une grande nouveauté, l’annonce de l’existence d’un pain supersubstantialis, qui n’est pas seulement une nourriture quotidienne, mais un aliment pour la vie éternelle, qui nous donne dès à présent une participation anticipée à cette vie éternelle. Le mot grec correspondant a été inventé par les évangélistes : il ne s’agit pas du pain de tous les jours, pour lequel inventer un mot n’aurait pas de sens. C’est le pain qui permet de vivre éternellement, à tout jamais dans l’union avec Dieu. C’est la nourriture eucharistique, que, dans le « Notre Père », nous demandons pour nous et pour les autres : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. » À nous tous, et pas uniquement à moi.

(à suivre…)

samedi 4 février 2012

Optimisme (1)


Optimisme (1)

« C’est moi qui suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. Tel est le pain qui descend du ciel que celui qui en mange ne mourra pas. C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde » (Jean 6, 48-51). C’est la grande annonce, l’annonce surprenante que Jésus fait, non seulement à ses apôtres, mais à tous ceux qui se sont réunis pour l’écouter dans la synagogue de Capharnaüm, à nous tous qui voulons aussi nous mettre à son école et apprendre de lui les vérités qui apportent la vie éternelle. C’est la Bonne nouvelle qui ne cesse de retentir depuis dans le monde et que l’Église répand continuellement. C’est la cause d’une joie profonde pour tout baptisé conscient de sa dignité et de la réalité de la présence réelle du Seigneur dans l’Eucharistie. (lire la suite) Dieu vient à notre rencontre et se donne à nous pour que nous ne fassions qu’un avec lui et pour que, comme il déclare ici, nous ne mourrions pas, mais possédions la vie éternelle.
C’est le pain de vie qui nous divinise et nous transforme de l’intérieur, afin que reluise notre condition d’enfant de Dieu, notre ressemblance avec le Père dans le Fils par l’Esprit. Le fait de savoir cela fait de nous les plus heureux des hommes, des gens optimistes, car nous savons que si nous perdons parfois des batailles, nous pouvons repartir de l’avant en comptant avec la force de Dieu et sur sa miséricorde. Nous ne sommes pas ingénus pour autant, mais réalistes. Rien n’est acquis d’avance ni définitivement. Mais « si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ». Cette promesse nous suffit.
La joie vient de la victoire et provient aussi de la lutte. La joie. « D’où vient-elle ? Comment s’explique-t-elle ? Il y a certainement de nombreux facteurs qui agissent ensemble. Mais celui qui est décisif est, à mon avis, la certitude qui provient de la foi : je suis voulu. J’ai une mission dans l’histoire. Je suis accepté, je suis aimé. Josef Pieper, dans son livre sur l’amour, a montré que l’homme peut s’accepter lui-même seulement s’il est accepté de quelqu’un d’autre. Il a besoin qu’il y ait un autre qui lui dise, et pas seulement en paroles : il est bien que tu existes. C’est seulement à partir d’un « tu » que le « je » peut se trouver lui-même. C’est seulement s’il est accepté que le « je » peut s’accepter lui-même. Celui qui n’est pas aimé ne peut pas non plus s’aimer lui-même. Ce fait d’être accueilli vient d’abord de l’autre personne. Mais tout accueil humain est fragile. En fin de compte, nous avons besoin d’un accueil inconditionnel. C’est seulement si Dieu m’accueille et que j’en deviens sûr, que je sais définitivement : il est bien que j’existe. Il est bien d’être une personne humaine » (Benoît XVI, Vœux aux membres de la Curie romaine, 22 décembre 2021).

(à suivre…)

vendredi 3 février 2012

Présentation de Jésus au Temple (2)


Présentation de Jésus au Temple (2)

Vous allez vous offrir, et vous êtres l’hostie, l’oblation et le prêtre même ; car c’est vous qui vous offrez, et cette fête est la première cérémonie et la dédicace de cette oblation que vous faites de vous-même à Dieu le Père, que vous avez commencée au jour de votre incarnation, que vous avez continuée au ventre de la Vierge, comme au premier Temple de votre gloire (…). Vous êtes toujours aimant, regardant et adorant votre Père, vous êtes toujours le regardant et le contemplant. Et comme dans votre éternité, vous êtes le produit et le produisant du Père éternel, le Fils et la filiation même, par la perfection éminente de ces choses, distinguées dans les créatures par leur imperfection, et réduite en unité dans l’être divin par leur perfection propre ; aussi dans votre vie humaine (…) (lire la suite) vous êtes l’hostie, l’offrande, l’oblation même (…). Et il est de notre devoir (…) d’entrer dans ces grandes pensées de Jésus, et dans l’oblation qu’il fait de soi-même à Dieu son Père pour nous.

Cité par B. Violle, Paris, son Eglise, 1. Histoire, Paris, Cerf, 2004, p. 155-157.

(fin)

jeudi 2 février 2012

Présentation de Jésus au Temple (1)


Présentation de Jésus au Temple (1)

Le Fils de Dieu vient en l’univers pour l’univers. Le ciel, la terre et toutes les créatures ont part à l’effet de ce voyage. Ce voyage est signalé, car c’est le Père éternel qui envoie, et c’est son Fils qui est envoyé ; les deux premières personnes de la Divinité… Le premier pas du Fils de Dieu est à Nazareth ; le deuxième est à Bethléem ; le troisième en Jérusalem et au Temple, par la présentation de Jésus au Temple, entre les bras de sa Mère (…).
Nazareth, ce n’est que silence, mais ce n’est que grandeur. Un ange parle, et un des plus grands anges ; et parle à la Vierge avec tant de respect, et ne lui parle que de choses célestes et grandes ; de la plénitude de la grâce, de la présence du Seigneur avec elle ; de la descente du Saint-Esprit en elle ; de la vertu du Très-Haut qui doit être son Fils, et doit régner une éternité. Il ne se parle que de Dieu, que du royaume, que de grandeur (…). (lire la suite)
En Bethléem, je vois à la vérité quelque bassesse ; une étable, une crèche, un bœuf et un âne. Mais je vois choses si grandes, que ces bassesses presque n’apparaissent pas, tant elles sont absorbées de grandeur et de gloire. J’y vois un Dieu naissant, et une Vierge Mère de Dieu. Je vois les anges, le ciel, la terre fondant en cette crèche. Je vois les rois adorant la majesté de ce divin enfant, et les grandeurs du ciel et de la terre inclinées devant lui. Tant de lumière et de splendeur m’éblouissent et m’empêchent ; le ciel par ses lumières, et la terre par ce qui est de plus grand, de plus sage, de plus saint, de plus relevé en elle, conspirant unanimement à reconnaître, à publier et à adorer l’abaissement et la grandeur, la divinité et l’humanité de cet enfant (…).
Mais ce mystère est plus de douleur que de joie, plus d’humiliation que de grandeur (…). C’est le premier voyage de Jésus sur la terre en sa propre personne, porté entre les bras de sa très sainte Mère, ses jambes ne lui pouvant pas encore rendre cet office (…). Il va au Temple pour s’offrir à Dieu son Père ; il va en Jérusalem comme pour prend repossession, dès l’heure même de son entrée au monde, de ce lieu où il doit souffrir pour le monde (…). Il connaît Dieu soi-même et les souffrances auxquelles il est destiné ; et le mouvement de son esprit le porte en cette ville, comme pour reconnaître à l’heure même le champ de bataille où il doit vaincre l’ennemi, le diable et le péché, et où il doit mourir pour donner vie au monde. De tout les lieux, le plus important à Jésus vivant, et à nous en Jésus, c’est Jérusalem où il doit consommer sa vie pour son peuple, et d’où il doit partir pour descendre aux enfers et monter au ciel, consommer les choses prédites de lui dedans les prophètes. Or c’est ce lieu que Jésus visite le premier sur la terre (…) il regarde (…) ce Temple où il va s’offrir ; ce Calvaire destiné à sa mort, ce mont d’Olivet d’où il partira dans peu d’années pour achever son voyage de la terre au ciel (…).

(à suivre…)