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jeudi 24 octobre 2013

Arrêt sur christianisme (80)

Saint Paul affirme : « L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c'est un Esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l'appelant : “Abba !” » (Rm 8, 15). Le christianisme n’est pas une religion de la peur, mais de la confiance et de l’amour au Père qui nous aime. Ces deux affirmations denses nous parlent de l’envoi et de l’accueil du Saint Esprit, le don du Ressuscité, qui fait de nous des fils dans le Christ, le Fils unique, et nous place dans une relation filiale avec Dieu, une relation de profonde confiance, comme celle des enfants ; une relation filiale semblable à celle de Jésus, même si son origine et son importance sont différentes : Jésus est le Fils éternel de Dieu qui s’est fait chair, en revanche, nous devenons fils en Lui, dans le temps, à travers la foi et les sacrements du baptême et de la confirmation ; grâce à ces deux sacrements, nous sommes plongés dans le Mystère pascal du Christ. Benoît XVI, Audience générale, 23 mai 2012.

mardi 22 octobre 2013

Arrêt sur christianisme (79)

Arrêt sur christianisme (79)

Ni le subtil intellectualisme de la démythologisation ni le pragmatisme de l’aggiornamento [la mise à jour] n’arrivent à emporter la conviction. N’est-ce pas la preuve que cette déviation du scandale sur lesquelles ni théories ni recettes n’ont directement prise. En un certain sens, l’on saisit ici sur le vif l’originalité du scandale « chrétien », ce que l’on pourrait appeler le positivisme chrétien, le positivisme irréductible du christianisme. je veux dire : la foi chrétienne n’a pas seulement pour objet, comme on pourrait d’abord le supposer, ce qui est éternel et en vertu de son altérité resterait totalement en dehors de notre monde et en dehors du temps ; son objet immédiat, c’est plutôt le Dieu qui est entré dans l’histoire, Dieu fait homme. En paraissant ainsi combler le fossé entre l’éternel et le temporel, entre le visible et l’invisible, en nous faisant rencontrer Dieu comme un homme, l’Éternel comme un être soumis au temps, la foi se reconnait comme révélation. Sa prétention d’être révélation est fondée dans le fait qu’elle introduit pour ainsi dire l’Éternel dans notre monde : « Nul n’a jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1, 18) ; il est devenu « exégèse » de Dieu, aurait-on presque envie de dire suivant l’expression grecque. Mais restons au mot allemand (aus-legen = en-poser) que l’original nous autorise à prendre au pied de la lettre : Jésus a « ex-posé » Dieu, il l’a sorti de lui-même ; ou comme le dit Jean d’une manière encore plus frappante dans sa première Épître : « Il l’a donné à voir, à toucher, à tel point que Celui que personne n’ a jamais vu, nous pouvons maintenant le toucher de nos mains » (1 Jean 1, 1-3). Joseph Ratzinger, La Foi chrétienne hier et aujourd’hui, Paris, Les Éditions du Cerf, 2005, p. 18.

samedi 12 octobre 2013

Arrêt sur christianisme (78)

Arrêt sur christianisme (78)

Prétendre que le monothéisme haïsse l’intelligence suggère une ignorance surprenant des œuvres de génie produites à travers les siècles par les croyants juifs, chrétiens et musulmans. Étienne Gilson relève même une innovation du christianisme à cet égard, qui va au-delà des réalisations individuelles peut-être indépendantes de la foi de leur sauteurs : « C’est seulement dans la théologie spéculative judéo-chrétienne que se produisit enfin la rencontre et qu’une alliance durable fut scellée entre l’être de la philosophie et le dieu de la religion. Les choses se firent d’ailleurs avec une remarquable lenteur, mais un événement important rendait la chose finalement inévitable. On en trouve la description chez Lactance, homme sans génie philosophique mais observateur d’une remarquable perspicacité. Il annonçait simplement, comme un événement dont les suites devaient être considérables, la jonction de la fonction sacerdotale et de la fonction philosophique. Jusqu’à l’avènement du christianisme, jamais prêtre d’aucune religion n’avait été ce qu’on nomme aujourd’hui un philosophe, jamais un philosophe de quelque renom n’avait été un prêtre, or Lactance voyait au contraire s’ouvrir avec le christianisme une ère nouvelle dans laquelle les prêtres seraient aussi les philosophes et inversement » (Constantes philosophiques de l’être, Paris, Vrin, 1983, p. 10). Fr. Ch. Morerod, O. P., « Quelques athées contemporains (Comte-Sponville, Dawkins, Le Poidevin, Onfrray) à la lumière de S. Thomas d’Aquin », Nova et Vetera 77 (2007), p. 159-160.

vendredi 11 octobre 2013

Jésus et les petits enfants (6)

Jésus et les petits enfants (6)

Jésus complète sa pensée, à l'adresse des hommes de toutes les générations : - « En vérité, je vous le dis : Quiconque ne reçoit pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n'y entrera pas ! » (Marc 10, 15 ; Luc 18, 17). Voilà qui est sérieux et donne à réfléchir, se disent les apôtres. Nous ne pouvons pas prendre à la légère cette affirmation du Maître. Nous voyons à quel point il est essentiel de se faire enfant de Dieu, ou plutôt, puisque nous le sommes, de vivre notre filiation divine, de bien comprendre que Dieu est notre Père et qu'il agit continuellement envers nous comme le Père très aimant et très attentionné qu'il est. D'ailleurs, Jésus ne nous a-t-il pas appris à prier en disant : (lire la suite) - « Notre Père, qui est aux cieux... » (Matthieu 6, 9). La petite voie de l'enfance spirituelle est donc la clé qui ouvre l'accès au ciel. Si nous ne vivons pas en enfants de Dieu, nous dit notre Seigneur, nous n'aurons pas droit d'entrée au paradis. Autrement dit, nous nous en fermerons volontairement la voie. Car c'est à nous de décider, en somme. De décider d'agir en conformité avec ce que le Seigneur nous fait devenir en nous prenant avec lui. « Ni la chair ni le sang ne peuvent entrer en possession du royaume » (1 Corinthiens 15, 50). En revanche, « si quelqu'un est dans le Christ, c'est une créature nouvelle : l'ancienne a disparu, un être nouveau est là » (2 Corinthiens 5, 17). Pour cela, il faut être « créé par Dieu » (2 Corinthiens 5, 24). Oui, c'est bien de cela dont il s'agit : « Soyez des imitateurs de Dieu comme des enfants bien-aimés » (Éphésiens 5, 1). Ils ont battu en retraite et se sont réfugiés dans les jupes de leur mère. - Maman, maman ! - Qu'y a-t-il, mon chéri ? - Le monsieur m'a embrassé. - Pas le monsieur, le rabbi. - Le monsieur... - Non, le rabbi. C'est un grand monsieur. - Le rabbi m'a embrassé sur le front ! - Formidable; C'est tout ? - Non. Euh !... il m'a donné aussi une bénédiction. - Une bénédiction ? Tu en as de la chance, mon chéri. C'est merveilleux. Maman est très contente et très fière de toi ! - Je voudrais retourner avec lui. - Cela n'est pas possible. Tu vois qu'il est en train de partir. - Dis, maman, il va revenir ? - Certainement. Mais viens maintenant, nous rentrons à la maison. - Oui, maman. Parle-moi de ce rabbi. D'où vient-il ? Et sa maman lui raconte en chemin tout ce qu'elle sait, lui expliquant tout en l'adaptant à son âge, ce qu'elle a compris en parcourant tous les prophètes, à commencer par Moïse (Luc 24, 27). (fin)

jeudi 10 octobre 2013

Jésus et les petits enfants (5)

Jésus et les petits enfants (5)

Jésus nous invite donc à imiter les enfants, c’est-à-dire à nous faire petits, à ne pas nous pavaner ni tirer avantage pour nous-mêmes des qualités que Dieu nous a données. Il faut vivre en enfants de Dieu. « Pour être petit, il faut croire comme croient les enfants, aimer comme aiment les enfants, s’abandonner comme s’abandonnent les enfants…. prier comme prient les enfants » (st Josémaria, Saint Rosaire, prologue). Les enfants vont être récompensés de leur persévérance et de leur innocence, car le Seigneur prend la parole et s'adresse aux disciples en disant : - « Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent » (Matthieu 19, 14). Les apôtres ne comprennent pas l'allusion au royaume des cieux. Mais ils ont bien saisi en revanche que Jésus veut avoir les petiots auprès de lui. Avec la spontanéité propre à la prime jeunesse, ils laissent éclater leur joie en criant, tournées vers la foule : - Maman, Jésus de Nazareth dit que je peux aller avec lui ! Les mères adressent un sourire à leur marmot et rendent grâce au Tout-Puissant qui les a exaucées. (à suivre…)

mardi 8 octobre 2013

Jésus et les petits enfants (3)

Jésus et les petits enfants (3)

Résolus à ce qu'on laisse Jésus en paix un instant et à lui éviter l'assaut des marmousets, qui voudront tous grimper sur ses genoux, les apôtres - Pierre le premier - ont décidé d'utiliser la manière forte et de menacer les enfants de châtiment s'ils ne s'écartaient pas sur le champ. À l'aide de leur bâton de route, ils forment une barrière qu'ils croient infranchissable. Mais ils ont bien de la peine à calmer un peu ce flot impétueux et à éviter qu'il engloutisse le Maître ! Sans doute les apôtres s'adressent-ils d'abord aux mamans, dont ils espèrent qu'elles feront cas de leur remontrance? Mais leur mécontentement qui, comme toujours dans ce cas, déforme leur visage, impressionne les enfants, qui regardent Jésus en quête d'un signe en leur faveur. (lire la suite) Pauvres enfants, écartelés entre le désir d'obéir à leur maman - ce que, pour une fois, ils sont plus que disposés à faire - et les menaces terrifiantes des apôtres... Jésus va profiter de la circonstance pour, comme toujours, en tirer un enseignement positif et ouvrir des horizons nouveaux à des esprits, certes bons et pleins de bonne volonté, mais souvent bornés. « Voyant cela, Jésus fut indigné » (Marc 10, 14). Cela ne lui arrive pas souvent que Jésus s’indigne du comportement de ses disciples. D’ordinaire, cela arrive parce qu’il se heurte à l’opposition farouche et irraisonnée des pharisiens. Comme le jour où un homme à la main desséchée se tenait devant lui dans la synagogue, inévitablement un jour de sabbat : « Après avoir promené son regard sur eux avec colère, contristé de l'endurcissement de leur cœur, il dit à l'homme : « Étends la main. » Il l'étendit, et sa main redevint saine » (Marc 3, 5). Jésus est donc indigné du comportement de ses disciples. Il dit fermement aux siens : « Laissez les petits enfants venir à moi, ne les en empêchez pas, car c’est à leurs pareils qu’appartient le royaume de Dieu » (Marc 10, 14). Voilà quelque chose à quoi ils ne s’attendaient pas. C’est une belle découverte. Ils ont peut-être cru un moment qu’ils risquaient d’être exclus de ce royaume dans lequel ils escomptaient bien jouer un rôle important : « Seigneur, est-ce dans l’immédiat que tu vas rétablir le royaume au profit d’Israël ? » (Actes 1, 6). Oui, « c’est à leurs pareils qu’appartient le royaume des cieux » (Luc18, 16). Et « c’est la volonté de votre Père qui est dans les cieux que pas un seul de ces petits ne se perde » (Matthieu 18, 14), mais « que je les ressuscite au dernier jour » (Jean 8, 39). « En vérité, je vous le dis : Celui qui n’accepte pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera pas » (Luc 18, 17 ; Marc 10, 15). Cela a valeur d’avertissement. (à suivre…)

dimanche 6 octobre 2013

Jésus et les petits enfants (2)

Jésus et les petits enfants (2)

Ce sont sans doute des enfants en bonne santé, puisqu’il n’est pas question de guérison. Leur foi est émouvante. Leurs mamans savaient que « les gens qui avaient des malades dans leur famille priaient Jésus de leur laisser toucher ne serait-ce que la houppe de son vêtement, et tous ceux qui pouvaient la toucher étaient guéris » (Matthieu 6, 56). Elles sont convaincues que si le Maître, comme on l'appelle communément, touche et bénit leurs enfants, ils en ressentiront du bien, ils bénéficieront d'une protection contre les forces du mal. Elles sollicitent aussi une prière, qui sera plus efficace que la leur. Elles mettent ainsi leur progéniture en quelque sorte sous la protection du rabbi de Nazareth, dont on murmure en cachette, par peur des chefs des synagogues, qu'il serait le Messie, « le Fils de David » (Luc 20, 41). (lire la suite) Donc, « on lui présentait des petits enfants pour qu’il les touchât » (Marc 10, 13), parce que tous savaient qu’une « force émanait de lui et […] guérissait tous » (Luc 6, 19) ceux qu’on lui amenait et que l’on déposait sur son passage : « Partout où il entrait, bourgs, ou villes, ou fermes, on mettait les malades sur les places, et on le priait de leur laisser seulement toucher la houppe de son manteau ; et tous ceux qui pouvaient toucher étaient guéris » (Marc 6, 56). Mais voilà que l’affaire n’est pas du goût des apôtres, qui sont toujours très préoccupés de la fatigue de leur Maître et veulent le ménager. Des enfants, c’est supposé être turbulent. Pourtant, comparé à la foule qui se presse partout et l’assaille, ce n’est rien. Quoi qu’il en soit, « les disciples les grondaient durement » (Marc 10, 13). Nous trouvons la même remarque chez saint Luc (18, 15), sans que nous sachions précisément s’ils rabrouent les enfants ou leurs mères. Et saint Matthieu laisse lui aussi planer le doute (Matthieu 19, 13). Pourtant, la requête était pacifique et toute spirituelle : « On lui présenta des petits enfants, pour qu’il leur imposât les mains et fît une prière » (Matthieu 19, 13). C’est une demande on ne peut plus pacifique et noble. Mais les apôtres ne l’entendent pas de cette oreille. Il faut qu'ils soient bien fatigués et très énervés pour reprendre énergiquement les enfants qui veulent s'approcher de Jésus. Les trois évangiles synoptiques utilisent la même expression et disent que les apôtres « gourmandaient durement » les enfants, poussés en avant par leur mère. Ils ont dû essayer de les repousser gentiment au début. Mais ils ont vite été débordés par une ribambelle de petits qui glissaient entre leurs jambes et leur échappaient avec souplesse. Ils voulaient être avec le rabbi dont maman leur avait dit qu'il est très gentil et qu'il aime beaucoup les enfants. (à suivre…)

samedi 5 octobre 2013

Jésus et les petits enfants (1)

Jésus et les petits enfants (1)

Laissez venir les petits enfants à moi, « car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 18, 12). Quand ils ont été baptisés, ils sont innocents. Ils n’ont pas l’usage de la raison et ne commettent donc pas de péché. Ce sont de « petits anges ». Ils sont chers à mon cœur. Je me retrouve en eux. Je retrouve en eux quelque chose de ma sainteté. Des traces de ma sainteté. Des traces importantes. De vraies traces. Parce que, ne l’oubliez pas, avec mon Père et notre Esprit commun, nous avons créé l’homme, chaque homme, à notre image et à notre ressemblance (cf. Genèse 1, 26). Vous, vous êtes un peuple « à la nuque raide, incirconcis de cœur et d'oreille, vous résistez toujours à l'Esprit-Saint : tels vos pères, tels vous-mêmes » (Actes 7, 51). Je suis « au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22, 27), mais vous ne voulez rien savoir. Vous êtes entêtés dans votre péché. « Par ton endurcissement et ton cœur impénitent, tu t'amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres » (Romains 2, 5-6). (lire la suite) Eux, en revanche, ces petits de mon Père, ils sont « simples comme les colombes » (Matthieu 10, 16). Ne leur interdisez pas de m’approcher. Ah ! puissiez-vous leur ressembler ! Et avoir autant de simplicité et d’affection qu’ils en ont. Mais ils ne me dérangent pas le moins du monde. Bien au contraire. Avez-vous oublié que je suis le Fils de l’homme (cf. Matthieu 26, 64) ? « Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14, 6). Alors laissez, parce qu’ainsi ils peuvent rejoindre notre Père. « On lui présentait aussi de tout petits enfants pour qu’il les touchât » (Luc 18, 15). « Aussi » est une allusion au fait qu’on lui amenait « tous les mal portants, atteints de maux et de tourments divers, des possédés, des épileptiques et des paralytiques, qu’il guérit » (Matthieu 5, 24). Nous comprenons que, encouragés par de tels prodiges, les mères de famille recherchaient la bénédiction du rabbi de Nazareth afin d’obtenir pour leurs enfants une protection d’en-haut, car, comme le déclare Nicodème, qui ne faisait qu’exprimer des sentiments largement répandus parmi le bon peuple : « Personne ne peut faire les miracles que tu fais, si Dieu n’est pas avec lui » (Jean 3, 2). Alors que Jésus monte à Jérusalem, des Pharisiens lui ont posé une question qui lui a permis de rappeler et de préciser l’indissolubilité du lien du mariage, qui remonte à son institution par Dieu « au début ». C’est ce que rapportent les évangélistes Matthieu (19, 3-12) et Marc (10, 2-12). Alors, écrit saint Matthieu, sans qu’il y ait lien de cause à effet, « alors on lui présenta des petits enfants pour qu’il leur imposât les mains et fît une prière » (Matthieu 10, 13) « pour qu’il les touchât » (Marc 10, 13 ; Luc 18, 15). (à suivre…)

vendredi 4 octobre 2013

Arrêt sur christianisme (77)

Arrêt sur christianisme (77)

[constatant que dans le judaïsme « une totale universalité n’était pas possible, parce qu’il n’y avait pas une entière appartenance », le cardinal Ratzinger ajoute :] Seul le christianisme finit par ouvrir la brèche, en « détruisant la barrière » (Ephésiens 2, 14) de trois façons. Les liens du sang avec son ancêtre ne sont plus nécessaires, parce que la relation à Jésus réalise la véritable appartenance, la véritable parenté : chacun peut désormais appartenir pleinement à Dieu, tous les hommes doivent et peuvent devenir un seul peuple. Les prescriptions particulières du droit et de la morale n’obligent plus ; elles sont devenues un exemple historique, parce que tout est récapitulé dans la personne de Jésus-Christ, et que celui qui se met à sa suite, porte en lui et accomplit toute l’essence de la Loi. L’ancien culte est caduc et aboli dans l’offrande de lui-même au Père et aux hommes qu’a accomplie Jésus : celui-ci apparaît désormais comme le vrai sacrifice, comme le culte en esprit dans lequel Dieu et les hommes s’embrassent et sont réconciliés, par lequel le repas du Seigneur, l’Eucharistie, reste comme certitude réelle et présente à tout instant. La plus belle et plus significative expression de cette nouvelle synthèse chrétienne se trouve dans une confession de la première épître de Jean : « Nous avons cru à l’amour » (1 Jn 4, 16). Pour ces hommes, le Christ leur découvrait l’amour créateur ; la raison de l’univers se révélait comme étant l’amour – cette rationalité supérieure qui assume et guérit aussi l’obscurité et l’irrationnel. J. Ratzinger, Foi, vérité, tolérance, Le Muveran, Parole et Silence, p. 163-164.

jeudi 3 octobre 2013

Jésus et les petits enfants (4)

Jésus et les petits enfants (4)

Un avertissement utile, nécessaire et salutaire parce que, si les apôtres rudoient ainsi les tout petits, c’est peut-être parce qu’ils sont imbus d’eux-mêmes et qu’il « leur vint à l’esprit de savoir qui d’entre eux pouvait bien être le plus grand » (Luc 9, 46). Et ils en venaient à se chamailler comme des gamins à ce sujet. « Jésus, connaissant leur pensée intime, prit un petit enfant qu’il plaça auprès de lui, et il leur dit : Celui qui accueille en mon nom ce petit enfant, c’est moi qu’il accueille ; et celui qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé, car celui qui est le plus petit parmi vous, c’est lui qui est le plus grand » (Luc 9, 47-48). C’est une logique paradoxale, qui opère un renversement de valeurs. « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir et donner ma vie en rançon pour la multitude » (Marc 10, 45). (lire la suite) Un autre jour, quand ils furent rendus chez la belle-mère de Simon-Pierre, à Capharnaüm, Jésus interroge ses apôtres : « De quoi vous entreteniez-vous en chemin ? » (Marc 9, 33). La question leur fait comprendre à quel point ils sont stupides. Ils ont honte de s’être chamaillés une fois de plus, et ils en rougissent. « Ils se taisaient, car en chemin ils avaient discuté de qui était le plus grand » (Marc 9, 34), parmi eux bien entendu. Et chacun pensait avoir de bonnes raisons pour croire que c’était lui… Voilà où conduit la soif de pouvoir, l’envie de paraître. Puisqu’ils ne veulent pas se décider à reconnaître leur mesquinerie, Jésus s’assied. Il appelle les Douze afin de les aider à rectifier leur intention, à la purifier, et de former aussi leur conscience. Il leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, il devra être le dernier de tous et le serviteur de tous » (Marc 9, 35). Voilà une encore une recommandation paradoxale, qui les laisse pantois. Mais Jésus ne se paye pas de mots. Il donne l’exemple : « Je suis parmi vous comme celui qui sert » (Luc 22, 27). Ce service l’a conduit très loin, puisque lui, qui était de condition divine s’est anéanti en prenant la condition humaine (cf. Philippiens 2, 7). Et, pour illustrer son propos, « prenant un petit enfant, il le plaça au milieu d’eux » (Marc 9, 36) qui, comme à l’accoutumée, se sont rassemblés en cercle autour de lui pour bien le voir et l’entendre. Puis Jésus le serre dans ses bras (cf. Marc 9, 36), comme il le faisait souvent avec les enfants (cf. Marc 10, 16), et il leur dit : « Celui qui accueille en mon nom un petit enfant comme ceux-là, c’est moi qu’il accueille ; et qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais celui qui m’a envoyé » (Marc 9, 37). Et qui « reçoit un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; celui qui recevra un juste en tant que juste recevra une récompense de juste » (Matthieu10, 41). (à suivre…)

mercredi 2 octobre 2013

Arrêt sur christianisme (76)

Arrêt sur christianisme (76)

Personne n’a cru en Socrate au point de mourir pour sa doctrine, mais les artisans et les ignorants, non seulement ont méprisé l’opinion du monde, mais ils n’ont pas craint de mourir pour le Christ. Saint Justin, Deuxième Apologie 10.

mardi 1 octobre 2013

Les plans de Dieu (25)

Les plans de Dieu (25)

Libre donc, et rapide, ceint du baudrier, le glaive sur la cuisse, dans sa beauté, sa force et son prestige il s’avance, triomphe et règne (Psaume 45). Quand l’ennemi universel rampe à ses pieds, il le frappe comme le psalmiste l’avait chanté : « Par la force de ton bras, tu as jeté à terre le superbe. » Alors s’accomplissent pour la femme, en sa descendance prédestinée, ces paroles divines : « Elle t’écrasera la tête » (Rupert de Deutz, De Trinitate 3, 19). C’est la victoire de mon Fils – et la propre victoire aussi – grâce à la Vierge de Nazareth et à son acceptation du plan que je lui ai proposé. Ca n’allait pas vraiment de soi. Parce que, ce que je lui demandais, c’était rien de moins que de disparaître totalement à elle-même et de s’offrir en holocauste dès le premier instant pour permettre l’Holocauste de mon Fils sur la Croix. Je l’avais préparée, certes. Je l’ai dit. Mais enfin, elle aurait tout aussi bien pu dire non. Et je ne lui en aurais pas voulu. Je l’aurais comprise. Et j’aurais respecté sa liberté. Mais j’étais sûr que je pouvais compter sur elle. Mon saint Bernard a écrit que l’univers tout entier était suspendu aux lèvres de Marie, dans l’attente de sa réponse, qui l’adjurait de se prononcer sans délai. Moi, dit Dieu, je n’étais pas inquiet. Parce que, de toute façon, mes plans finissent toujours par s’accomplir, même si les hommes se mettent en travers, par malice ou par faiblesse. Mais de malice et de faiblesse il ne pouvait en être question chez l’Immaculée Conception, puisque tel est son nom. (fin)