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mercredi 31 décembre 2008

Fin d'année et au-delà

Fin d'année et au-delà

Alors qu'une année se termine, l'an 2008 de la Rédemption, nous pouvons faire un bilan face à l'éternité qui est notre objectif final, et penser au retour du Christ qui interviendra à la « fin des temps ».
Depuis les origines de l'Église, l’attente de la seconde venue du Christ, pour établir son royaume définitif, a toujours occupé une place ce choix dans sa prière. Certains rites, actualisés après le Concile du Vatican II, ont repris une formule de la liturgie hispanique : « Toutes les fois que (lire la suite) vous mangerez de ce pain et que vous boirez de ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne glorieux du ciel. » La forme ordinaire du rite romain prévoit, entre autres acclamations après la consécration, « nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Nous trouvons aussi cette attente eschatologique dans certaines liturgies eucharistiques d’Orient, telle la liturgie de saint Jacques : « Nous célébrons la mémoire de sa passion vivifiante, de sa croix salvifique, de sa mort et son ensevelissement, de sa résurrection d’entre les morts au troisième jour, de son ascension, de sa place à la droite du Père, de sa deuxième venue glorieuse et terrible, lorsqu’il viendra dans sa gloire pour juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses œuvres. »
Cet accord de liturgies nées dans des lieux et à des époques différents témoigne de la fermeté de l’attente chrétienne de la parousie. La pensée du deuxième avènement du Christ doit nous amener à rester vigilants, à nous tenir spirituellement prêts, sachant, avec une sagesse enracinée dans la foi, garantie des biens que l’on espère (Hébreux 11, 1) que l’Évangile est « une communication qui produit des faits et qui change la vie », parce que « celui qui a l’espérance vit différemment ; une vie nouvelle lui a déjà été donnée » (Benoît XVI, encyclique Spe salvi, n° 2). Il sait que son existence a un sens d'éternité, et que sa foi et son espérance actuelles prépatent une vie d'Amour sans fin.

mardi 30 décembre 2008

Étienne, le Protomartyr (4)

Étienne, le Protomartyr (4)

Luc note en particulier que les lapidateurs d'Étienne « avaient mis leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul » (Actes 7, 58), le même qui, de persécuteur, deviendra un éminent apôtre de l'Évangile. Cela signifie que le jeune Saul devait avoir entendu la prédication d'Étienne, et qu'il connaissait donc ses contenus principaux. Et saint Paul était probablement parmi ceux qui, suivant et entendant ce discours, « s'exaspéraient contre lui, et grinçaient des dents » (Actes 7, 54). Et nous pouvons alors voir les merveilles de la Providence divine. Saul, adversaire acharné de la vision d'Étienne, (lire la suite), le Protomartyr (4) après sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, reprend la lecture christologique de l'Ancien Testament effectuée par le Protomartyr, il l'approfondit et la complète, et devient ainsi l'« Apôtre des Nations ». La Loi est accomplie, ainsi enseigne-t-il, dans la Croix du Christ. Et la foi en Christ, la communion avec l'amour du Christ est le véritable accomplissement de toute la Loi. Tel est le contenu de la prédication de Paul. Il démontre ainsi que le Dieu d'Abraham devient le Dieu de tous. Et tous les croyants en Jésus-Christ, en tant que fils d'Abraham, participent de ses promesses. Dans la mission de saint Paul s'accomplit la vision d'Etienne.
L'histoire d'Étienne nous dit beaucoup de choses. Par exemple, (...) qu'il ne faut jamais dissocier l'engagement social de la charité de l'annonce courageuse de la foi. Il était l'un des sept, chargé en particulier de la charité. Mais il n'était pas possible de dissocier la charité et l'annonce. Ainsi, avec la charité, il annonce le Christ crucifié, jusqu'au point d'accepter également le martyre. Telle est la première leçon que nous pouvons apprendre de la figure de saint Étienne : charité et annonce vont toujours de pair. Saint Etienne nous parle surtout du Christ, du Christ crucifié et ressuscité comme centre de l'histoire et de notre vie. Nous pouvons comprendre que la Croix reste toujours centrale dans la vie de l'Église et également dans notre vie personnelle. Dans l'histoire de l'Église ne manquera jamais la passion, la persécution. Et c'est précisément la persécution qui, selon la célèbre phrase de Tertullien, devient une source de mission pour les nouveaux chrétiens. Je cite ses paroles : « Nous nous multiplions à chaque fois que nous sommes moissonnés par vous : le sang des chrétiens est une semence » (Apologeticum 50, 13). Mais dans notre vie aussi la croix, qui ne manquera jamais, devient bénédiction. Et en acceptant la croix, en sachant qu'elle devient et qu'elle est une bénédiction, nous apprenons la joie du chrétien également dans les moments de difficulté. La valeur du témoignage est irremplaçable, car c'est à lui que conduit l'Évangile et c'est de lui que se nourrit l'Église. Que saint Étienne nous enseigne à tirer profit de ces leçons, qu'il nous enseigne à aimer la Croix, car elle est le chemin sur lequel le Christ arrive toujours à nouveau parmi nous.

Benoît XVI, Audience générale, 10 janvier 2007.

lundi 29 décembre 2008

Étienne, le Protomartyr (3)

Étienne, le Protomartyr (3)

Saint Luc nous transmet le dernier discours du saint, une synthèse de sa prédication. Comme Jésus avait montré aux disciples d'Emmaüs que tout l'Ancien Testament parle de lui, de sa croix et de sa résurrection, de même saint Étienne, suivant l'enseignement de Jésus, lit tout l'Ancien Testament d'un point de vue christologique. Il démontre que le mystère de la Croix se trouve au centre de l'histoire du salut raconté dans l'Ancien Testament, il montre que réellement Jésus, le crucifié et le ressuscité, est le point d'arrivée de toute cette histoire. (lire la suite) Et il démontre donc également que le culte du temple est fini et que Jésus, le ressuscité, est le nouveau et véritable « temple ». C'est précisément ce « non » au temple et à son culte qui provoque la condamnation de saint Étienne, qui, à ce moment-là - nous dit saint Luc -, fixant les yeux vers le ciel vit la gloire de Dieu et Jésus qui se trouvait à sa droite. Et voyant le ciel, Dieu et Jésus, saint Étienne dit : « Voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l'homme est debout à la droite de Dieu » (Actes 7, 56). Suit alors son martyre, qui, de fait, est modelé sur la passion de Jésus lui-même, dans la mesure où il remet au « Seigneur Jésus » son esprit et qu'il prie pour que les péchés de ses meurtriers ne leur soient pas imputés (cf. Actes 7, 59-60).

Le lieu du martyre de saint Étienne à Jérusalem est traditionnellement situé un peu à l'extérieur de la Porte de Damas, au nord, où s'élève à présent précisément l'église Saint-Étienne, à côté de la célèbre École Biblique des Dominicains. La mort d'Étienne, premier martyr du Christ, fut suivie par une persécution locale contre les disciples de Jésus (cf. Actes 8, 1), la première qui ait eu lieu dans l'histoire de l'Église. Celle-ci constitua l'occasion concrète qui poussa le groupe des chrétiens juifs d'origine grecque à fuir de Jérusalem et à se disperser. Chassés de Jérusalem, ils se transformèrent en missionnaires itinérants : "Ceux qui s'étaient dispersés allèrent répandre partout la Bonne Nouvelle de la Parole" (Ac 8, 4). La persécution et la dispersion qui s'ensuit deviennent mission. L'Évangile se diffusa ainsi en Samarie, en Phénicie et en Syrie, jusqu'à la grande ville d'Antioche, où selon Luc il fut annoncé pour la première fois également aux païens (cf. Actes 11, 19-20) et où retentit aussi pour la première fois le nom de « chrétiens » (Actes 11, 26).


(à suivre...)

dimanche 28 décembre 2008

28 décembre : les saints Innocents

28 décembre : les saints Innocents

Au-delà des nourrissons massacrés par Hérode pour se débarrasser du rival qu'il voyait en l'Enfant Jésus, ce sont tous les enfants tués par violence et haine à toutes les époques de l'humanité, au nom parfois de principes soi-disant « humanitaires », comme dans le cas de l'avortement, que nous fêtons aujourd'hui. Voici un commentaire sur les événements d'il y a deux mille ans :
« Le berceau de l'Emmanuel, auprès duquel nous avons vénéré le Prince des Martyrs et l'Aigle de Pathmos, nous apparaît aujourd'hui environné d'une troupe (lire la suite) gracieuse de petits enfants, vêtus de robes blanches comme la neige, et tenant en main des palmes verdoyantes. Le divin Enfant leur sourit ; il est leur Roi, et toute cette petite cour sourit aussi à l'Église de Dieu. La force et la fidélité nous ont introduits auprès du Rédempteur ; l'innocence aujourd'hui nous convie à rester près de la crèche.
Hérode a voulu envelopper le Fils de Dieu même dans un immense massacre d'enfants ; Bethléem a entendu les lamentations des mères ; le sang des nouveau-nés a inondé toute la contrée ; mais tous ces efforts de la tyrannie n'ont pu atteindre l'Emmanuel ; ils n'ont fait que préparer pour l'armée du ciel une nombreuse recrue de Martyrs. Ces enfants ont eu l'insigne honneur d'être immolés pour le Sauveur du monde ; mais le moment qui a suivi leur immolation leur a révélé tout à coup des joies futures et prochaines, bien au-dessus de celles d'un monde qu'ils ont traversé sans le connaître. Le Dieu riche en miséricordes n'a pas demandé d'eux autre chose qu'une souffrance de quelques instants ; et ils se sont réveillés au sein d'Abraham, francs et libres de toute autre épreuve, purs de toute souillure mondaine, appelés au triomphe comme le guerrier qui a donné sa vie pour sauver celle de son chef.
Leur mort est donc un Martyre, et c'est pourquoi l'Église les honore du beau nom de Fleurs des Martyrs, à cause de leur âge tendre et de leur innocence. »

Dom Prosper Guéranger, L'Année liturgique.

samedi 27 décembre 2008

Étienne, le Protomartyr (2)

Étienne, le Protomartyr (2)

Le geste de l'imposition des mains peut avoir diverses significations. Dans l'Ancien Testament, ce geste a surtout la signification de transmettre une charge importante, comme le fit Moïse avec Josué (cf. Macchabées 27, 18-23), désignant ainsi son successeur. Dans ce sillage, l'Église d'Antioche utilisera également ce geste pour envoyer Paul et Barnabé en mission aux peuples du monde (cf. Actes 13, 3). C'est à une imposition analogue des mains sur Timothée, pour lui transmettre une fonction officielle, que font référence les deux épîtres de Paul qui lui sont adressées (cf. 1 Timothée 4, 14 ; 2 Timothée 1, 6). Le fait qu'il s'agisse d'une action importante, devant être accomplie avec discernement, se déduit (lire la suite) de ce que l'on lit dans la Première épître à Timothée : « Ne te hâte pas d'imposer les mains à qui que ce soit. Ne te fais pas complice des péchés d'autrui » (5, 22). Nous voyons donc que le geste d'imposition des mains se développe dans la lignée d'un signe sacramentel. Dans le cas d'Étienne et de ses compagnons, il s'agit certainement de la transmission officielle, de la part des Apôtres, d'une charge et, dans le même temps, d'une façon d'implorer la grâce de Dieu pour qu'ils l'exercent.
La chose la plus importante à souligner est que, outre les services caritatifs, Étienne accomplit également une tâche d'évangélisation à l'égard de ses compatriotes, de ceux qu'on appelle « hellénistes », Luc insiste en effet sur le fait que celui-ci, « plein de grâce et de puissance » (Actes 6, 8), présente au nom de Jésus une nouvelle interprétation de Moïse et de la Loi même de Dieu, il relit l'Ancien Testament à la lumière de l'annonce de la mort et de la résurrection de Jésus. Cette relecture de l'Ancien Testament, une relecture christologique, provoque les réactions des Juifs qui perçoivent ses paroles comme un blasphème (cf. Actes 6, 11-14). C'est pour cette raison qu'il est condamné à la lapidation.

(à suivre...)

vendredi 26 décembre 2008

Étienne, le Protomartyr (1)

Étienne, le Protomartyr (1)

(Avec Benoît XVI, nous) nous arrêtons sur la figure de saint Étienne, fêté par l'Église le lendemain de Noël. Saint Étienne est le plus représentatif d'un groupe de sept compagnons. La tradition voit dans ce groupe la semence du futur ministère des « diacres », même s'il faut souligner que cette dénomination est absente du Livre des Actes. L'importance d'Étienne découle dans tous les cas du fait que Luc, dans son livre important, lui consacre deux chapitres entiers.
Le récit de Luc part de la constatation d'une sous-division établie au sein de l'Église primitive de Jérusalem : celle-ci était certes entièrement composée de chrétiens d'origine juive, mais certains d'entre eux étaient originaires de la terre d'Israël (lire la suite) et étaient appelés « Hébreux », tandis que d'autres de foi juive vétérotestamentaire provenaient de la diaspora de langue grecque et étaient appelés « Hellénistes ». Voici le problème qui se présentait : les plus démunis parmi les hellénistes, en particulier les veuves dépourvues de tout soutien social, couraient le risque d'être négligés dans l'assistance au service quotidien. Pour remédier à cette difficulté, les Apôtres, se réservant la prière et le ministère de la Parole comme devoir central propre, décidèrent de charger « sept hommes de bonne réputation, remplis de l'Esprit et de sagesse » afin d'accomplir le devoir de l'assistance (Actes 6, 2-4), c'est-à-dire du service social caritatif. Dans ce but, comme l'écrit Luc, sur l'invitation des Apôtres, les disciples élirent sept hommes. Nous connaissons également leurs noms. Il s'agit de : « Étienne, homme rempli de foi et de l'Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas prosélyte d'Antioche. On les présenta aux Apôtres et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains » (Actes 6, 5-6).

(à suivre...)

jeudi 25 décembre 2008

Le premier roi du monde

Le premier roi du monde

Sous le regard du bœuf et de l'âne
Cet enfant respirait dans son premier sommeil
Les bêtes calculant dedans leur double crâne
Attendaient le signal de son premier réveil.

Et ces deux gros barbus et ces deux gros bisons
Regardaient s'éclairer la lèvre humide et ronde.
Et ces deux gros poilus et ces deux gros barbons
Regardaient sommeiller le premier roi du monde. (lire la suite)

Et ces deux mal tondus et ces sortes d'oursons
Regardaient s'éclairer la face rose et blonde.
Et ces museaux pointus et ces deux gros garçons
Regardaient respirer le premier roi du monde.

Et ces deux tard-venus et ces deux vieux garçons
Regardaient s'éclairer la face humide et fraîche.
Et tous deux s'avançant au-dessus de la crèche
Regardaient reposer le roi des nations.

Et ces deux vieux bourrus et ces parfaits notaires
Regardaient cette face internelle et profonde.
Et ces deux jouffus et ces protonotaires
Regardaient sommeiller le plus beau roi du monde.

Et ces pattes pelus et ces ambassadeurs
Considéraient la bouche ouverte et toute ronde.
Et ces deux gros zébus et ces deux commandeurs
Considéraient cet être où tout être se fonde.

Charles Péguy, Les Tapisseries – Ève.

mercredi 24 décembre 2008

Ton Dieu n'existe pas

Ton Dieu n'existe pas

Le pape Benoît XVI s'en était à peine retourné chez lui qu'un de nos intellectuels prenait sa plume pour attaquer bec et ongle dans un quotidien national son discours aux Bernardins. Un discours sur l'existence de Dieu. Une invitation pressante à chercher Dieu pour ne pas travailler en vain, dans le vide...
Si j'étais Benoît XVI, je répondrais (mais il le ferait avec tellement plus de force que moi !) :
- Cela me fait drôle que vous me fassiez la leçon ! (lire la suite)
- Je ne vous fais pas la leçon. Je rectifie votre orientation unilatérale.
- Vous me rectifiez dans l'essentiel. Vous oubliez peut-être que je suis professeur d'Université. Je sais qui m'a appelé. Je sais qui m'a envoyé. Je suis ici parce que j'ai été appelé et envoyé.
Et je connais Celui pour qui je travaille. Certes, c'est pour une multinationale... Mais j'en suis le n° 2. C'est dire que je connais bien le patron. Nous nous fréquentons depuis fort longtemps. Nous nous voyons tous les jours e ntête-à-tête, lui avec moi et moi avec lui. Les décisions, nous les prenons ensemble. Ce que je dis, c'est en son Nom que je le dis. C'est comme si c'était lui qui parlait.
Mon patron, c'est Dieu, qui m'a appelé et qui m'a envoyé. À lui, on ne fait pas la leçon. Ce n'est pas sérieux.
- Je vois que vous vous prenez pour Dieu le Père.
- Tiens, vous croyez en lui ? À votre place, je me proposerai un seul objectif, intéressant et utile de surcroît : chercher Dieu. C'est ce que je vous ai dit aux Bernardins. C'est le cœur de mon message.
- Pour l'avoir entendu, je l'ai entendu. Et c'est bien ce sur quoi je ne puis être d'accord.
- Vous ne pouvez être d'accord que si vous décidez unilatéralement, pour reprendre votre terme, de ne pas être d'accord ! Renvoyer la question sur Dieu dans « le domaine subjectif, comme non scientifique », ce « serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc l'échec de l'humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. Ce qui a fondé la culture de l'Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à l'écouter, demeure aujourd'hui le fondement de toute culture véritable » (Benoît XVI, Discours aux Bernardins, 12 septembre 2008).

mardi 23 décembre 2008

Le silence de Jésus (3)

Le silence de Jésus (3)

Mais revenons à la Cananéenne. Face au silence de Jésus, elle ne mollit pas, elle ne s'avoue pas vaincue. L'amour de sa fille est plus fort que le respect humain. Sa foi se moque des remontrances de l'entourage du Maître et de l'ordre de se tenir tranquille et de cesser de les importuner. Elle est convaincue que sa cause est bonne et que Jésus peut chasser le démon comme il en a déjà chassés tant, à ce que l'on dit. Et pourquoi en douterait-elle ?
La raison avancée pour la faire taire est la même que pour Bar Timée, très humaine, égoïste. Les apôtres pensent à leur tranquillité plus qu'à la misère d'autrui. Nous ne valons sans doute pas mieux qu'eux. Ils n'ont pas encore compris les implications de la charité qui, entre autres, « supporte tout » (1 Corinthiens 13, 7). (lire la suite)
Une autre forme de silence est l'absence de réaction apparente de Jésus quand lui parvient la nouvelle que son ami Lazare est sérieusement malade et qu'il est sur le point de mourir. Au lieu de partir séance tenante et d'aller le guérir - c'est bien ce que Marthe et Marie espéraient de lui en lui envoyant le message - il temporise et reste encore « deux jours à l'endroit où il se trouvait » (Jean 11, 6). Il ne donne pas signe de vie. Ce n'est qu'une fois ce délai écoulé qu'il décide enfin de se rendre à Béthanie. Les saintes femmes lui reprochent avec affection et confiance qu'il ne soit pas venu plus tôt : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ! » (Jean 11, 21), car le retard a été fatal au malade.
Dans tous les cas, Jésus sait ce qu'il fait. Cela va de soi, car il est Dieu et tout ce qu'il fait, il le fait à la perfection. Nous devons apprendre que la logique de Dieu n'est pas la nôtre ; que le silence de Dieu n'est qu'apparent ; que ce qu'il nous réserve est mieux que nos aspirations ; qu'en le laissant faire nous ne sommes jamais déçus ; qu'en définitive, il sait mieux que nous ce qui convient dans chaque cas, pour chacun et en toute circonstance. Non seulement la Cananéenne obtient la guérison de sa fille, mais elle a eu l'occasion de faire un acte de foi que Jésus admire : « Ô femme, grande est ta foi ! Qu'il te soit fait comme tu le désires » (Matthieu 15, 28). Quant au fils de Timée, il persévère lui aussi dans une prière pleine de foi et, à Jésus qui finit par lui demander ce qu'il veut, il répond : « Seigneur, que je voie ! » sans la moindre hésitation (Luc 18, 42). Jésus lui dit : « Vois ! » et précise la raison pour laquelle il réalise ce miracle : « C'est ta foi qui t'a sauvé » (Luc 28, 43). Quant à Marthe et à Marie qui se seraient contentées de la guérison de leur frère, après être passée par l'épreuve du deuil elles obtiennent un miracle beaucoup plus spectaculaire, « afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé » (Jean 12, 42), précise Jésus. Faisant face au tombeau dans lequel Lazare se trouve depuis quatre jours déjà, « il cria à pleine voix : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains entourés de bandelettes et le visage enveloppé d'un suaire. Jésus dit : « Défaites-le et laissez-le aller » (Jean 11, 43-44). C'est toujours une question de foi. « Lazare a ressuscité parce qu'il a entendu la voix de Dieu : il n'eut de cesse de sortir aussitôt de l'état où il se trouvait. S'il n'avait pas « voulu » bouger, il serait mort de nouveau. Prendre cette résolution sincère : avoir toujours foi en Dieu ; mettre toujours son espérance, toujours son amour en Dieu..., lui qui ne nous abandonne jamais, même si nous sommes aussi décomposés que Lazare » (saint Josémaria, Forge, n° 211).

(fin)

lundi 22 décembre 2008

Le silence de Jésus (2)

Le silence de Jésus (2)

Rappelons-nous ce qui s'est passé aussi un jour où Jésus sortait de Jéricho. Un mendiant se trouvait au bord du chemin, probablement au même endroit que les autres jours. Lui aussi il a entendu parler du rabbi de Nazareth. Il entend une rumeur grandissante, le bruit d'une foule et « s'enquit de ce que ce pouvait être » (Luc 18, 36). Apprenant que c'est Jésus en personne qui passe, accompagné de ses disciples et d'une bonne partie des habitants de la ville, qui le suivent avec enthousiasme, « il s'écria : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi » (Luc 18, 38). « Toi que voilà arrêté au bord du chemin de la vie, qui est si courte, n’as-tu pas envie de crier, (lire la suite) toi aussi ? toi qui manques de lumières, qui as besoin de nouvelles grâces pour te décider à rechercher la sainteté. Ne ressens-tu pas un besoin irrésistible de crier : Jésus, fils de David, aie pitié de moi. Une belle oraison jaculatoire, à répéter souvent ! » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 195). Et ce, même si nous avons l'impression que Jésus ne fait aucun cas de notre prière. Ce n'est qu'une impression, qui ne correspond nullement à la réalité, car le Seigneur nous a invité très clairement à le prier : « Demandez et l'on vous donnera; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et l'on ouvrira à qui frappe » (Matthieu 7, 7-8).
Le mendiant reconnaît lui aussi en Jésus le fils de David, le Messie annoncé et attendu. Il est quand même frappant de voir que les esprits simples ne s'y trompent pas, ils le reconnaissent aux signes qu'il réalise, alors que les savants, les princes des prêtres et les scribes refusent de se rendre à l'évidence (« vous ne me croyez pas : les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi », Jean 10, 25).
Bar Timée crie, hurle. Mais Jésus fait comme s'il n'entendait pas et poursuit son chemin. « Beaucoup rabrouaient Bartimée pour lui imposer silence (Luc 18, 39). Toi aussi, quand tu as senti que Jésus passait près de toi, ton cœur a battu plus fort et tu t’es mis à crier, en proie à une agitation profonde. Alors tes amis, tes habitudes, ton confort, ton milieu t’ont conseillé de te taire, de ne pas crier. « Pourquoi appeler Jésus ? Ne l’importune pas ! » Le malheureux Bartimée, lui, ne les écoutait pas. Il criait au contraire encore plus fort : Fils de David, aie pitié de moi. Le Seigneur, qui l’avait entendu dès le début, le laissa persévérer dans sa prière. Il en va de même pour toi. Jésus perçoit instantanément l’appel de notre âme, mais il attend. Il veut que nous soyons bien convaincus que nous avons besoin de lui. Il veut que nous le suppliions, avec obstination, comme cet aveugle au bord du chemin à la sortie de Jéricho. Imitons-le. Même si Dieu ne nous accorde pas à l’instant ce que nous lui demandons, même si la multitude essaie de nous détourner de notre prière, ne cessons pas de l’implorer (Saint Jean Chrysostome, In Matthæum homiliæ 66, 1) » (saint Josémaria,
Amis de Dieu, n° 195). « Quand on se trouve dans les ténèbres, quand on a l’âme aveugle et inquiète, il faut aller, comme Bartimée, vers la Lumière. Répète, crie, insiste avec plus de force, « Domine, ut videam ! » — Seigneur, que je voie !… Et sur tes yeux se lèvera le jour, et tu pourras te réjouir des lumières qu’il t’accordera » (saint Josémaria, Sillon, n° 862).

(à suivre...)

dimanche 21 décembre 2008

Le silence de Jésus (1)

Le silence de Jésus (1)

Jésus se rend aux confins de Tyr et de Sidon, au Liban actuel. Et les Libanais n'en sont pas peu fiers, voyant dans leur pays une partie de la Terre Sainte. Bien qu'en pays étranger, la figure du rabbi qui accomplit des miracles est connue de tous. La nouvelle de son arrivée se répand donc rapidement. Or, « voici qu'une Cananéenne, venue de ces territoires, criait : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon » (Matthieu 15, 22). (lire la suite)
On ne peut pas dire que Jésus ne l'a pas entendue. L'évangéliste note bien qu'elle se mit à crier à tue-tête. De plus elle reconnaît que Jésus est le fils de David tout comme, plus tard, les foules qui l'acclameront lors de son entrée à Jérusalem, ce qui a le don de mettre les princes des Juifs en fureur, car il s'agit d'un titre messianique qu'ils dénient pour leur part au Christ. Enfin elle ne demande rien pour elle : elle intercède pour sa fille, qui est non pas malade mais possédée par l'Ennemi.
Cependant « Jésus ne répondit rien » (Matthieu 15, 23). Ce n'est pas la première fois que le Seigneur laisse les gens s'époumoner sans prêter attention, au point que ce sont ses disciples qui doivent intervenir et lui demander de faire quelque chose, car ils en ont assez du vacarme, le quémandeur les importune trop. Cette fois-là, « s'étant approchés, ses disciples lui firent cette prière : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris » (Matthieu 15, 23). Le Seigneur se tait, les apôtres veulent qu'elle s'en aille, au lieu de demander à Jésus d'accéder à la pétition de la femme, ce qui était le meilleur moyen que tout le hourvari cesse.

(à suivre...)

samedi 20 décembre 2008

L'humilité (3)

L'humilité (3)

« Et puis, dans ce même songe, l’écrivain découvrait un troisième itinéraire : étroit, lui aussi plein d’aspérités et de pentes raides comme le second. Quelques personnes y cheminaient au milieu de mille épreuves, mais avec une allure solennelle et majestueuse. Cependant, elles débouchaient sur le même précipice horrible auquel le premier sentier conduisait. C’est le chemin que parcourent les hypocrites, ceux qui manquent de droiture d’intention, ceux qui sont mûs par un faux zèle, ceux qui pervertissent les œuvres divines en les mêlant à des égoïsmes temporels. C’est de la folie que de s’engager dans une dure entreprise dans le but d’être admiré ; d’observer les commandements de Dieu au prix d’un effort pénible, pour aspirer à une récompense terrestre. Celui qui prétend retirer des profits humains de l’exercice des vertus est semblable à (lire la suite) celui qui ferait une mauvaise affaire en vendant un objet de valeur pour quelques sous : il aurait pu gagner le ciel et, au lieu de cela, il s’est contenté d’une louange éphémère... C’est pourquoi l’on dit que les espérances des hypocrites sont comme une toile d’araignée : il faut beaucoup d’efforts pour la tisser et à la fin le vent de la mort l’emporte d’un souffle (Saint Grégoire le Grand, Moralia, 2, 8, 43-44) » (saint Josémaria, Amis de Dieu, nos 130-131).
N'oublions pas que « Dieu résiste aux orgueilleux, mais c'est aux humbles qu'il donne sa grâce » (Matthieu 11, 29). Telle est la logique divine. C'est pourquoi le parabole des talents termine le récit du jugement du serviteur qui n'a pas fait fructifier les biens de son maître en disant : « Enlevez-lui donc le talent et donnez-le à celui qui en a dix. Car à celui qui a on donnera, et il y aura pour lui surabondance ; mais à celui qui n'a pas on enlèvera même ce qu'il a » (Matthieu 25, 28-29). L'orgueil fait perdre les talents reçus, les grâces reçues. Inefficaces chez lui, ils sont utilisés au profit d'autrui, qui saura en faire un bon usage.
La conclusion est positive, comme il se doit : toute conversion est possible, même si elle est très difficile pour l'orgueilleux, précisément parce qu'il se croit un individu supérieur, qui détient la vérité, ne reconnaît pas ses erreurs et accepte à grand peine les conseils ou de devoir changer d'opinion et se rétracter. Ce qui est pourtant faire preuve de sagesse. Méfions-nous de l'orgueil qui peut s'infiltrer en tout, car le diable chercher à tout pourrir. Examinons fréquemment notre conscience pour y déceler la moindre « mauvaise herbe » d'orgueil et pour l'arracher aussitôt afin qu'elle n'étouffe pas notre âme.

(fin)

vendredi 19 décembre 2008

L'humilité (2)

L'humilité (2)

Jésus nous indique par là que l'humilité est une voie d'accès pour entrer au ciel, pour partager sa vie éternelle. Tout disciple doit emprunter ce chemin. Autrement il se perd. « Je me rappelle (...) le rêve d’un écrivain du siècle d’or espagnol. Deux chemins s’ouvrent devant lui. Le premier apparaît large et carrossable, aisé, bien pourvu en auberges, hôtelleries et autres endroits agréables et plaisants. Des gens y avancent à cheval ou en carrosse, au milieu de musiques et de rires — des éclats de rire fous ; l’on y découvre une foule enivrée par des plaisirs apparents, éphémères, car cette route conduit à un précipice sans fond. C’est le chemin qu’empruntent les mondains, (lire la suite) les éternels embourgeoisés ; ils affichent une joie qu’en fait ils n’ont pas ; ils cherchent insatiablement toutes sortes de commodités et de plaisirs... ; la douleur, le renoncement, le sacrifice leur font horreur. Ils ne veulent pas entendre parler de la Croix du Christ, qui leur paraît être une affaire de fous. En réalité, ce sont eux les fous : esclaves de l’envie, de la gourmandise, de la sensualité, ils finissent par souffrir bien davantage et ils se rendent compte trop tard qu’ils ont vendu leur bonheur terrestre et éternel à vil prix, pour une bagatelle insipide. Le Seigneur nous prévient : Qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. Que servira-t-il donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il ruine sa propre vie ? (Matthieu 16, 25-26).
Dans ce songe, un autre sentier prend une direction différente : il est si étroit et sa pente est si raide qu’il est impossible de le parcourir à cheval. Tous ceux qui l’empruntent avancent à pied, peut-être en zigzaguant, mais le visage serein, foulant des chardons et contournant des rochers. Par endroits, ils abandonnent des lambeaux de leurs vêtements et même leur chair. Mais un verger les attend au bout, le bonheur pour toujours, le ciel. C’est le chemin des âmes saintes qui s’humilient ; qui, par amour pour Jésus-Christ, se sacrifient avec joie pour les autres ; la route de ceux qui ne craignent pas de grimper, chargés amoureusement de leur Croix, aussi lourde soit-elle, car ils savent que si le poids les renverse, ils pourront se relever et continuer l’ascension : le Christ est la force de ces voyageurs.
Qu’importe de trébucher si nous trouvons dans la douleur de la chute l’énergie qui nous aide à nous relever et nous pousse à continuer avec un courage renouvelé ? N’oubliez pas que le saint n’est pas celui qui ne tombe jamais, mais celui qui se relève toujours, humblement et avec une sainte opiniâtreté. S’il est écrit au livre des Proverbes que le juste tombe sept fois par jour (cf. Proverbes 24, 16), toi et moi, pauvres créatures, nous ne devons pas nous étonner ni nous décourager devant nos misères personnelles, devant nos faux pas. Nous irons toujours de l’avant si nous cherchons la force d’âme auprès de Celui qui nous a promis : Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai (Matthieu 11, 28). Merci, Seigneur, quia tu es, Deus, fortitudo mea (Psaume 42, 2), car tu as toujours été, toi, et toi seul, mon Dieu, ma force, mon refuge, mon appui. (...) » (saint Josémaria, Amis de Dieu, nos 130-131).

(à suivre...)

jeudi 18 décembre 2008

L'humilité (1)

L'humilité (1)

Le Seigneur a fait comprendre un jour à sainte Gertrude quelque chose qui l'a sidérée et plongée dans la confusion. Il lui a dit : « Toutes tes œuvres me plaisent de manière absolument parfaite. » Il y a de quoi s'étonner, en effet, d'une telle affirmation, car ce que nous faisons est bien loin d'être parfait. Et pourtant Jésus a dit qu'elles lui « plaisent de manière absolument parfaite » (cf. sainte Gertrude, Le Héraut de l'Amour divin 4, 31, 1).
En présence d'une telle déclaration, sainte Gertrude était perplexe. D'une part, elle voyait bien que la perfection n'était pas son fort ; de l'autre, elle ne pouvait pas douter de ce que Jésus disait. (lire la suite) Dieu sait ce qu'il dit et ne peut ni se tromper ni nous tromper. Elle pensait, dans son humilité, que toutes ses œuvres réunies n'auraient pu plaire à aucun homme, tant elle y découvrait parfois de défauts cachés. Comment pouvaient-elles alors plaire à Dieu, et de façon absolue de surcroît ? Lui qui pénètre les cœurs, comme un glaive à double tranchant (cf. Hébreux 4, 2). Lui qui voit tous les défauts et toutes les imperfections qui restent cachés à nos yeux. Comme une vive lumière dans une pièce fait apparaître tous les grains de poussière qui n'apparraissent pas sous un éclairage plus doux.
Sainte Gertrude s'ouvrit au Seigneur des sentiments contradictoires qui l'agitaient. En présence d'un doute, c'est toujours ce qu'il convient de faire : aller à la source, interroger Dieu dans la prière pour savoir quelle est sa Volonté, pour connaître ses plans et mieux les comprendre. Alors le Seigneur lui répondit : « Si tu avais en ta possession quelque objet avec le savoir et le pouvoir de l'améliorer sans peine et de le rendre ainsi agréable à tous, tu ne négligerais évidemment pas de le faire. »
C'est comme cela qu'un père ou une mère agit envers son petit enfant. Celui-ci est bien maladroit et limité dans ce qu'il accomplit et, en définitive, le travail est plus le fait du papa ou de la maman que de l'enfant. Or, nous sommes un tout-petit enfant auprès de Dieu. Et il convient de se voir plus petit qu'un petit : « Auprès de Dieu qui est éternel, tu es un enfant plus petit qu’un petiot de deux ans auprès de toi. Et outre ta qualité d’enfant, tu es fils de Dieu. — Ne l’oublie pas » (Chemin, n° 860).

(à suivre...)

mercredi 17 décembre 2008

Le muet

Le muet

« Ils s'en allaient » (Matthieu 9, 32). Il s'agit de deux aveugles qui, ayant eu foi dans le pouvoir du Christ, ont recouvré la vue. Ils s'en allaient quand on lui présenta un muet qui était possédé du démon » (ibid.). Comme un possédé, même muet, cela crée de l'agitation, les ex-aveugles sont peut-être revenus sur leurs pas pour voir ce qui allait se passer.
Le cas est différent du leur, car il s'agit d'une double infirmité, une corporelle (le mutisme), l'autre spirituelle (la possession démoniaque).
Comme bien souvent, ce sont des membres de la famille ou des amis qui (lire la suite) conduisent le malade pour le présenter au Seigneur et implorer de lui sa guérison. En elle-même, cette simple démarche est une manifestation de foi. S'ils ne croyaient pas que Jésus peut venir à bout des maladies en tout genre, ils ne se seraient pas donné tant de peine. Se frayer un passage dans la cohue n'a pas été une mince affaire. Ils ont cru qu'ils n'y parviendraient jamais jusqu'au moment où, de façon inespérée, une faille s'est produite dans la foule, dans laquelle ils se ont engoufrés. Et ils se sont retrouvés juste aux pieds du Seigneur, eux et le muet...
Le malade n'a sans doute pas opposé beaucoup de résistance quand ils lui ont dit qu'ils allaient l'amener au rabbi de Nazareth, qui lui rendrait l'usage de la parole. Comme il en avait entendu parler - qui n'avait pas ouï conter les prodiges opérés par cet homme partout où il passait ? - il n'a a fait ni une ni deux. Il ne perdait rien à se laisser conduire à lui. Qui sait si... ? Mais quand ils lui ont parlé aussi de leur espoir que Jésus expulse le démon qui l'habitait, celui-ci ne l'a pas entendu de cette oreille et a fait son possible pour dissuader son hôte de se rendre auprès de Jésus. Mais la foi l'a emporté. Mais la charité a vaincu.
Cette homme était possédé contre son gré. Le démon lui rendait la vie infernale, et lui désirait retrouver la sérénité, revenir à une vie normale.
Matthieu, qui rapporte cet événement, ne précise pas si Jésus a demandé un acte explicite de foi à l'intéressé et à ceux qui l'accompagnaient. Mais c'est probable, car il voulait habituellement souligner ainsi la liberté et la libre coopération volontaire de l'homme à l'action de la grâce, de sa grâce. Et cela servait à l'édification et à l'instruction des foules.

mardi 16 décembre 2008

L'avent et la deuxième venue du Seigneur (2)

L'avent et la deuxième venue du Seigneur (2)

Nous trouvons des formules merveilleuses — de véritables résumés d’eschatologie — dans les messes pour les défunts. Par exemple : « Dieu d’amour, source de tout amour […], tu veux pardonner à tout homme pécheur et tu fais vivre ceux que tu sanctifies. Accorde à notre ami le bonheur que tu réserves à tes fidèles : Délivre-le totalement de ce qui le retient loin de toi, et donne-lui de se tenir devant ta face au jour de la résurrection » (messe de funérailles hors du temps pascal B). Ou bien, à l'occasion d'un anniversaire de décès : « Seigneur, nous t’offrons cette eucharistie en priant pour ton serviteur : (lire la suite) Tu lui as donné cette lumière intérieure qui permet dès ici-bas de te connaître ; donne-lui maintenant le bonheur de vivre en toi pour toujours. » Ou encore, aux messes de funérailles : « Seigneur, nous te prions avec confiance, toi qui peux donner la vie qui dépasse la mort : Tu sais bien que ton serviteur, notre frère, a vécu en croyant à la résurrection de ton Christ : Délivre-le maintenant de tous ses péchés, pour qu’il soit revêtu de ta gloire quand viendra le jour de la résurrection. »
Dès les premiers temps, les chrétiens, comme les Juifs, ont prié pour les défunts et offert des suffrages pour leur repos éternel. Cette tradition témoigne non seulement de la foi en la vie au-delà de la mort mais aussi de la confiance en un Dieu miséricordieux et juste et en l’efficacité des prières de la famille de Dieu. Commentant la tradition de prier pour les morts, Benoît XVI dit que, « grâce à l’Eucharistie, à la prière et à l’aumône, « repos et fraîcheur » peuvent être donnés aux âmes des défunts » et il ajoute « que l’amour puisse parvenir jusqu’à l’au-delà, que soit possible un mutuel donner et recevoir, dans lequel les uns et les autres demeurent unis par des liens d’affection au-delà des limites de la mort – cela a été une conviction fondamentale de la chrétienté à travers tous les siècles et reste aussi aujourd’hui une expérience réconfortante. Qui n’éprouverait le besoin de faire parvenir à ses proches déjà partis pour l’au-delà un signe de bonté, de gratitude ou encore de demande de pardon ? » (Benoît XVI, encyclique Spe Salvi, n° 48).
La conviction que le défunt, ayant franchi le voile de la mort, ouvre ses yeux devant le Juge miséricordieux et qu’il reçoit de lui sa rétribution est utile pour stimuler chez le croyant un sens profond de solidarité et de responsabilité. « Nul ne vit seul. Nul ne pèche seul. Nul n’est sauvé seul […]. En tant que chrétiens nous ne devrions jamais nous demander seulement : comment puis-je me sauver moi-même ? Nous devrions aussi nous demander : que puis-je faire pour que les autres soient sauvés et que surgisse aussi pour les autres l’étoile de l’espérance ? Alors j’aurai fait le maximum pour mon salut personnel » (Benoît XVI, Ibid.).

(fin)

lundi 15 décembre 2008

L'avent et la deuxième venue du Seigneur (1)

L'avent et la deuxième venue du Seigneur (1)

L’attente de la seconde venue du Christ, pour établir son royaume définitif, a toujours occupé une place privilégiée dans les prières de l’Église. Certains rites, actualisés après le Concile du Vatican II, ont repris une formule de la liturgie hispanique : « Toutes les fois que vous mangerez de ce pain et que vous boirez de ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne glorieux du ciel. » La forme ordinaire du rite romain prévoit, parmi les acclamations possibles, à réciter aussitôt après la consécration, celle-ci : (lire la suite) « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Nous trouvons aussi cette attente eschatologique dans certaines liturgies eucharistiques d’Orient, telle la liturgie de saint Jacques : « Nous célébrons la mémoire de sa passion vivifiante, de sa croix salvifique, de sa mort et son ensevelissement, de sa résurrection d’entre les morts au troisième jour, de son ascension, de sa place à la droite du Père, de sa deuxième venue glorieuse et terrible, lorsqu’il viendra dans sa gloire pour juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses œuvres. »
Les prières que l’Église récite pour les mourants et pour les défunts projettent des lumières importantes sur l’énigme de la mort. Elles font allusion à la rencontre avec un Dieu dont la miséricorde et la justice déterminent la destinée du défunt, « soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel, soit pour se damner immédiatement pour toujours » (Catéchisme de l'Église catholique, n° 1002). Elles expriment, en outre, l’espérance en la résurrection à la fin des temps.
Par exemple, le rituel pour l'onction des malades prévoit de réciter cette belle prière pour le mourant : « Maintenant tu peux quitter ce monde, âme chrétienne. Quitte-le, au nom de Dieu, le Père tout-puissant qui t’a créée, au nom de Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, qui a souffert la mort pour toi, au nom du Saint-Esprit qui a fait sa demeure en toi ; qu’aujourd’hui tu vives dans la paix, et que ta demeure soit auprès de Dieu dans l’Église du ciel. » Voici également une des prières qui peut être récitée au moment de la fermeture du cercueil : « Accueille, Seigneur, l’âme de ton serviteur que tu as voulu appeler de ce monde vers toi. Brise les liens de ses péchés : qu’il reçoive le bonheur éternel dans le repos et la lumière, et qu’il se relève au milieu des élus et des saints dans la gloire de la résurrection. »

(à suivre...)

dimanche 14 décembre 2008

Le pont du diable

Le pont du diable

Les habitants de Chalencon, en Ardèche, étaient fatigués de reconstruire le pont sur l'Ance, que les crues détruisaient chaque année.
Un jour, le Seigneur du village fut accosté par le diable qui lui dit : « Je reconstruirai le pont cette nuit, tout en pierres, à condition que la première âme qui le franchira m'appartienne. » Le Seigneur, qui était bon, décida de se sacrifier lui-même.
Le lendemain, il descendit et il vit le pont magnifique.
Ce que le diable, qui se tenait de l'autre côté de l'Ance, n'avait pas prévu, c'est (lire la suite) que le chien du Seigneur, qui gambadait autour de lui, passe le premier. Le diable, surpris, dut prendre l'âme de l'animal et furieux, fit tomber, en disparaissant, une grosse pierre du parapet.
Chaque fois que les habitants de Chalencon remettaient cette pierre à sa place, ils la retrouvaient le lendemain dans la rivière. Ils finirent par la laisser et si vous la cherchez, sous le pont, vous pourrez y voir l'empreinte du visage du diable en colère.

Légence recueillie par l'Association « Les habitants de Chalencon », et citée par Bertrand Le Tourneau, Les Temples Sacrés de Pierre Taillée. Des lieux-dits Chalencon et Chalancon. Le monde perdu des Celtes en Drôme-Ardèche et Haute-Loire, Valence, Éditions La Bouquinerie, 2008, p. 215 )

samedi 13 décembre 2008

La vie sans Dieu (3)

La vie sans Dieu (3)

« À quels critères peut-on discerner le chrétien qui est en authentique communion avec Dieu de celui qui vit dans l'illusion ? La réponse de Jean est la suivante. Dieu est lumière (1, 5) ; le chrétien attaché aux ténèbres du péché, et dans l'existence duquel Dieu-lumière ne se reflète pas, vit dans l'illusion. Dieu est amour (4, 8.10) ; le chrétien qui n'aime pas, et dans l'existence duquel le Dieu d'amour ne se reflète pas, vit dans l'illusion » (A. Feuillet, Le sacerdoce du Christ et de ses ministres, Paris, 1997, p. 116). C'est bien ce que dit Jésus :
« Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme les sarments, (lire la suite) et il deviendra sec : les sarments secs sont ramassés et jetés au feu, où ils brûlent » (Jean 15, 6). Pas dans n'importe quel feu. La description que Jésus fait du jugement dernier ou universel montre de quel feu il s'agit : « Allez-vous-en loi de moi, maudits » (puisque vous n'avez pas voulu demeurer en moi », « au feu éternel » (qui a pour nom « enfer »), « préparé pour le diable et pour ses anges » (Matthieu 25, 41). Celui qui n'a pas fait fructifier le talent reçu - qui n'a pas porté de fruits malgré les grâces qui lui ont été octroyées en abondance - s'entendra dire : « Jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matthieu 25, 30).
Prions pour que tous ceux qui préfèrent les ténèbres à la Lumière (cf. Jean 1, 5) deviennent une lumière qui éclaire la conscience des hommes et des femmes de notre temps, les conduisant sur le chemin de l'accomplissement de la vraie vocation de l'homme et du bien commun véritable.

(fin)

vendredi 12 décembre 2008

La vie sans Dieu (2)

La vie sans Dieu (2)

Jésus précise sa pensée par une affirmation qui est d'une extraordinaire utilité : « C'est moi qui suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruits. C'est que sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5), rien, absolument rien qui tienne la route de la vie éternelle.
Il faut nous convaincre de ce que la vie sans Dieu est un non-sens. Pour tout homme, car tout homme porte en lui l'aspiration à Dieu, l'ouverture sur Dieu. Son âme, qui a été créée à l'image et à la ressemblance de Dieu (lire la suite)) (cf. Genèse 1, 26), lui fait une ardente obligation de rechercher ses racines spirituelles, d'effectuer une recherche en paternité. « Tous les hommes, d'autre part, sont tenus de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Église ; et, quand ils l'ont connue, de l'embrasser et de lui être fidèles » (concile Vatican II, déclaration Dignitatis humanae sur la liberté religieuse, n° 1).
Mais la vie sans Dieu est bien plus grave pour celui qui a reçu la grâce du baptême et qui est devenu chrétien. Celui qui renie la foi qui lui a été octroyée gratuitement par Dieu avec tant d'Amour, celui qui, sans la renier explicitement, la rejette de fait parce qu'elle n'inspire pas ses décisions et son comportement, celui-là porte une énorme responsabilité. « Celui qui m'aura renié devant les hommes, je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 10, 33). « De celui qui aura eu honte de moi et mes paroles au sein de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi en aura honte, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges » (Marc 8, 38).

(à suivre...)

jeudi 11 décembre 2008

La vie sans Dieu (1)

La vie sans Dieu (1)

Alors qu'il s'entretient pour la dernière fois avec ses apôtres avant de se livrer à la Passion, Jésus-Christ développe l'allégorie de la vigne et des sarments. Il explique : « C'est moi qui suis la vraie vigne », sous-entendu : « Il existe des vignes qui ne sont pas d'authentiques vignes et qui, au lieu de donner du bon vin, ne produisent que du verjus (cf. Isaïe 5, 2). » « Et mon Père est le vigneron » (Jean 15, 1). Et il ajoute : « Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut donner du fruit par lui-même, s'il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi » (Jean 15, 4).
L'affirmation est claire (lire la suite) et ne laisse pas place à des demi-teintes. Celui qui n'est pas uni au Christ ne produira pas des fruits secs ou verts, ou pourris, ni en petite quantité, ni même du verjus : il ne donnera aucun fruit. Aucun ! L'avertissement est à prendre au sérieux. En dehors de Dieu, c'est la stérilité garantie, absolue. L'homme ne produit rien qui vaille la peine de s'y arrêter : ce n'est que de la paille, de la pacotille, du cliquant, mais rien qui ait une valeur d'éternité.
On aura beau s'époumoner, se défoncer, s'activer sur tous les fronts à la fois, chercher à être médiatiquement intéressant et donc vu et connu par des millions de téléspectateurs et d'internautes, des milliards si possible même, si l'on est un sarment coupé de la vigne, dans lien avec Dieu, cela ne sert à rien. On est une brindille de bois mort, tout juste bonne à être jetée au feu, et qui, le plus souvent, est écrasée par les hommes en marchant. « Vanité des vanités, disait l'Ecclésiaste, vanité des vanités ! Tout est vanité » (Ecclésiaste 1, 2 ; 12, 8). « J'ai regardé toutes les actions qui se font sous le soleil : et voici, tout est vanité et poursuite du vent » (Ibid. 1, 14). « J'ai vu que tout travail et que toute réussite dans les activités est jalousie contre un homme de la part de nos proches ; cela aussi est vanité et poursuite du vent » (Ibid. 4, 4).

(à suivre...)

mercredi 10 décembre 2008

Vocation à la sainteté (2)

Vocation à la sainteté (2)

Il faut que le Seigneur s'adresse enfin à eux, d'une voix qui domine le bruit des flots en furie et du vent qui hurle, pour qu'ils le reconnaissent, ou du moins aient un début d'espoir. « Confiance ! dit-il, c'est moi ! N'ayez pas peur ! » (Matthieu 14, 27).
Pierre, toujours spontané et rapide, prend la parole pour s'assurer qu'il ne rêve pas. Il demande, peut-être sans trop y réfléchir comme à l'accoutumée - l'heure n'est pas propice aux grandes délibérations - « Seigneur, si c'est toi, (lire la suite) commande que j'aille à toi sur les eaux » (ibid., 28). Les autres restent dans l'expectative, avec une lueur d'espoir au cœur. D'un seul coup l'agitation de la barque, les vagues qui continuent de déferler, ne les inquiètent plus. « Et si c'était le Seigneur ! » Ils ont confiance en Lui. Ils ont déjà été témoins de tant de miracles...
Stupéfiés, ils voient Pierre enjamber le rebord de la barque et se mettre à marcher sur la mer démontée ! La tempête n'a pas diminué d'intensité. La situation reste dramatique. Mais Pierre avance vers ce personnage qu'ils distinguent mal. Et puis, tout à coup, ses compagnons voient qu'il chancelle, qu'il commence à s'enfoncer. « Mon Dieu, Pierre va se noyer ! » Et nous allons tous périr, pensent-ils.
C'est que, « voyant la violence du vent », Pierre avait pris peur. « Comme il commençait à enfoncer, il s'écria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt Jésus tendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (ibid., 30-31). En un clin d'œil ils sont dans la barque. Et alors, mais alors seulement, Jésus commande au vent et à la mer et « le vent tomba » (ibid., 32).
Quelle belle leçon pour les tempêtes de notre vie. dans notre âme par toutes sortes de tentations ; celles aussi qui surgissent dans le monde, où il a beaucoup d'amis. « S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront, vous aussi » (Jean 15, 20). Mais « bienheureux serez-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on vous calomniera de toute manière à cause de moi ! Soyez dans la joie et l'allégresse, car Celles que le démon suscitevotre récompense sera grande dans les cieux » (Matthieu 5, 11-12). Les tempêtes se calment tôt ou tard, et celui qui reste fidèle à Dieu, celui qui garde la foi en lui, en l'efficacité de sa grâce, est assuré de la victoire. Et ainsi, de petite victoire en petite victoire, son existence le rapproche de plus en plus du modèle qu'est Jésus-Christ. Il est en passe de devenir saint. Car, en définitive, comme le Seigneur l'a déclaré, « tout est possible à celui qui croit » (Marc 9, 22). La vie chrétienne, la recherche de la sainteté, est et sera toujours une affaire de foi, de foi vivante.

mardi 9 décembre 2008

Vocation à la sainteté (1)

Vocation à la sainteté (1)

Tout homme, mais à plus forte raison, tout baptisé est appelé à la sainteté. Il peut être certain que Dieu l'aideras à l'atteindre. C'est une certitude qui naît de la foi, car le Seigneur est fidèle à ses promesses : « Fidèle est le Seigneur : c'est lui qui le fera » (1 Thessaloniciens 5, 24), que nous soyons gardés irréprochables pour la venue de notre Seigneur Jésus-Christ (ibid., 23).
Or, Dieu a dit qu'il restait avec nous à jamais : « Et maintenant, moi, je sera avec vous pour toujours, jusqu'à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). De plus, l'Esprit Saint est la « force d'en haut » (Luc 24, 49) qui fait de nous des évangélisateurs. (lire la suite) En outre Dieu « ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces » (1 Corinthiens 10, 13).
Nous avons donc toutes les raisons d'être optimistes et de nous engager dans les combats qui semblent les plus insensés, car « tout est possible à celui qui croit » (Marc 9, 22). Et nous croyons en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, nous voulons croire comme celui qui croit le plus, ainsi que le désirait saint Josémaria. Et pareillement, il nous invitait à aimer comme celui qui aime le plus, à espérer comme celui qui espère le plus.
De quels combats s'agit-il ? Tout au plus une tempête, comme celle qui s'est abattue sur la mer de Galilée, alors que les apôtres du Seigneur cherchaient à gagner le rivage. Le Seigneur est allé vers eux au moment où la barque était sur le point de couler. Pas avant. Eux qui étaient pour la plupart des marins pêcheurs de métier, qui connaissaient le lac de Gennésareth comme leur poche, qui avaient déjà essuyé plus d'une bourrasque, se croient perdus. Leurs ressources humaines ne leur suffisent plus : ni leurs forces physiques qui s'épuisent, ni l'art de la navigation, pris en défaut. Humainement parlant, la situation est devenue soudainement désespérée. Ils ne s'y attendaient pas. Ils n'ont pas vu le coup venir. Et les voilà à toute extrémité.
Jésus les observe de loin, de la montagne où il s'est retiré pur prier (cf. Matthieu 14, 23), ou peut-être du rivage. Il les laisse peiner jusqu'au point de rupture. Et in extremis, au moment crucial, le voilà à côté d'eux, prêt à les secourir. Dans leur affolement et leur épuisement cette présence, loin de réconforter les apôtres, ajoute à leur confusion : "En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent pris d'effroi : « C'est un fantôme ! », dirent-ils, et ils poussèrent des cris d'effroi" (ibid., 26), qui prennent le relais des cris de panique. Comme les façons d'agir de Dieu sont déconcertantes pour notre petite cervelle... !

(à suivre...)

lundi 8 décembre 2008

Lettre à Notre-Dame de Lourdes

Lettre à Notre-Dame de Lourdes

En ce jour où s'achèvent les célébrations commémoratives du 150e anniversaire des apparitions de Lourdes, je restranscris un passage d'une lettre à Marie du Père Antoine-Marie de Lavaur, le 1er janvier 1870.

« Aujourd'hui, la première pensée d'un enfant appartient à sa mère. Mon cœur s'est donc tout naturellement envolé vers vos saintes montagnes, ô douce Mère du ciel, ô notre chère Dame de Lourdes, (lire la suite) ô brillante étoile de notre France, ô perle, ô diamant de notre Église, ô sainte Immaculée Conception, notre espérance, notre gloire, et bientôt notre résurrection et notre triomphe ! C'est l'univers tout entier qui répète avec moi, en contemplant les blanches cimes de vos montagnes toutes dorées des célestes rayons du soleil de justice et d'amour : J'ai levé les yeux vers les montagnes d'où me viendra le secours.. Je veille auprès de vous depuis le jour... Mon âme a soif de vous. Oui, il me tarde de venir de nouveau contempler les traits si doux de ma Mère du ciel, de conduire à vos pieds de nouvelles caravanes d'heureux pèlerins et d'y chanter avec eux les saints cantiques. »

Jacqueline Baylé, Le saint de Toulouse s'en est allé. P. Marie-Antoine de Lavaur Capucin (1825-1907), Toulouse, Éditions du Carmel, 2006, p. 244-245.

dimanche 7 décembre 2008

Dieu rend à chacun selon ses œuvres (5)

Dieu rend à chacun selon ses œuvres (5)

Ils n'osent pas regarder la Vie en face. Ils ont pensé la tuer jadis. Et de nos jours ils font tout pour l'empêcher d'exister et pour y mettre un terme dès que possible. Ils ont la vie en horreur celle des autres, bien sûr, qu'ils veulent à tout prix empêcher d'être heureux. Cela leur serait insupportable. Alors comment pourraient-ils aimer Celui qui a dit : « Je suis la Vie » (Jean 14, 6). Comment pourraient-ils aimer Dieu ? C'est inconciliable, sauf intervention du Saint-Esprit, qui reste toujours possible, et conversion.
Faire le pari de l'inexistence de Dieu est tout simplement absurde. (lire la suite) On ne peut parier que sur ce qui n'existe pas et sa probabilité de se produire. Pas sur ce qui existe. On dit que c'est faire « l'esprit fort », mais la formule est malheureuse, car c'est une preuve d'esprit faible, incapable de se faire à la réalité la plus réelle et de s'ouvrir à ce qui seul peut satisfaire sa légitime curiosité. Il y a un dévoyement profond chez ceux qui réagissent avec si peu de bon sens.
Certes, il est toujours possible de jouer avec le feu (au sens propre du terme, en l'occurrence !). Mais c'est un jeu dangereux et irraisonnable, contrairement aux apparences : les beaux raisonnements ne sont que des sophismes, appelés à endormir sa conscience sous le poids des péchés.
Or, Dieu rend à chacun selon ses œuvres. N'oublions pas que « qui sème pour sa chair, de la chair récolte la corruption ; qui sème pour l'esprit, de l'esprit récolte la vie éternelle » (Galates 6, 8). Il n'existe pas d'autre alternative.
Alors la vie est à prendre au sérieux. Avec l'aide de la grâce de Dieu, qui ne manque jamais à celui qui la demande.

(fin)

samedi 6 décembre 2008

Dieu rend à chacun selon ses œuvres (4)

Dieu rend à chacun selon ses œuvres (4)

Si nous y pensions ne serait-ce que deux secondes, nous agirions bien différemment, nous aurions davantage souci du vrai bien, non des vanités de ce monde, mais de ce qui permet de nouer des liens d'amitié infrangible avec Dieu. Certains ricanent en entendant parler de « vanités ». Pauvres gens. Oublient-ils qu'ils tombent facilement en disgrâce, malgré tous les équilibres imposés à leur conscience ? Ou qu'un revers de fortune les guette au détour des ans ? Quand ce n'est pas la maladie, la décrépitude, l'accident et, inexorablement, la mort ? Malgré toutes les protestations, (lire la suite) les gens ne sont guère réalistes ni objectifs. Ils se créent un monde artificiel, une sorte de bulle. Mais le tribunal de Dieu est à deux pas. Et quand il y convoque, aucune résistance, aucun retard n'est possible.
On y va avec ses dossiers. Le dossier des bonnes œuvres et celui des mauvaises. Quelle tête allons-nous faire ? Chanter Jésus-Christ et la très Sainte Vierge, et mettre notre confianec en eux ? Nous enflammer de colère et prétendre trouver de bonnes justifications à tous nos errements ? Pourquoi les gens ne regardent-ils pas la vie en face ?
Regarder la vie en face, c'est se rappeler qu'elle ne dure qu'un temps, et que nous devons être prêts pour le « grand oral ». La convocation partaît au « J.O. » et est exécutable séance tenante. Chaque jour, chaque matin, notre nom peut figurer au « J.O. ». Il n'y a pas moyen de le savoir avant. Mais cela viendra. Je ne peux pas vivre comme si le « J.O. » n'existait pas. Car il existe ! Il est tout ce qu'il y a de plus officiel, comme son nom l'indique.
Ils ne le regardent pas en face, parce qu'ils se livrent à leurs plus bas instincts, au point d'en être totalement esclaves, prisonniers des milieux qu'ils fréquent. Ils ne le regardent pas en face parce que, tout intelligents qu'ils soient, ils ne prennent pas le temps de s'arrêter et de réfléchir : ils vendent leur âme au diable qui se charge très vite de l'anesthésier pour qu'ils ne fassent pas machine arrière. Ils ne la regardent pas en face parce qu'ils contemplent éperdument leur nombril et font semblant de croire dur comme fer à la nouvelle théorie qu'ils ont élaborée et qui est censée remplacer définitivement toutes les précédentes, car c'est la seule « valable », l'unique ! Que de prétention ridicule, que d'orgueil et de sottise derrière une telle attitude ! L'histoire ne leur a donc rien appris ! Il n'y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Il n'y a pas non plus de pire aveugle que celui qui ne veut pas regarder la vérité telle qu'elle est.

(à suivre...)

vendredi 5 décembre 2008

Dieu rend à chacun selon ses œuvres (3)

Dieu rend à chacun selon ses œuvres (3)

Mais il faut pour cela que je me convertisse, en effet, chaque jour et, je peux le dire, à tout moment. Toi, tu es toujours juste, et moi, je ne suis qu'iniquité. Aide-moi à me convertir et à ne pas retomber dans le péché. Élihou disait à Job, en parlant de toi : « Suivant l'action de l'homme il le rétribue, et selon les voies de chacun il lui remet » (Job 31, 11).
L'enseignement est le même. Comment ne pourrait-il pas l'être ? À moi d'être prêt. Tout comme un élève attend dans le couloir de passer devant l'examinateur,(lire la suite) je dois être en mesure aujourd'hui, maintenant de répondre à tes questions. Elles ne portent pas sur les sciences abstraites ni sur un savoir spéculatif. Non. Ce sera moi le sujet. Ma vie. Mes œuvres. Mon histoire. Mon expérience existentielle. Mon amour de la Croix et du prochain. Mon amour de Dieu.
Je sais que ton Fils viendra dans la gloire, « avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon ses œuvres » (Matthieu 16, 27). Mais cela, c'est à la fin des temps. La confrontation personnelle aura lieu avant, et elle sera décisive, définitive. « À chacun selon ses œuvres. » C'est le leit-motiv. C'est l'idée-force que tu veux faire entrer dans notre tête et, surtout, dans notre cœur si endurci et, de ce fait, insouciant du lendemain.
Nous sommes bien prévenus pourtant. Je « sonde les cœurs, dis-tu, et éprouve les reins, et cela pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses œuvres » (Jérémie 17, 10), ce qui, soit dit en passant, rappelle que je dois porter du fruit, faire œuvre utile, laisser une empreinte chrétienne là où je suis et dans tout ce que je fais (cf. Jean 15, 16). Des œuvres ! « Les œuvres sont amour, non les beaux discours ! » s'entendait dire un jeune prêtre qui prétendait aimer le Seigneur plus que les religieuses auxquelles il distribuait la sainte communion.
« Il faut que tous, tant que nous sommes, nous comparaissions devant le Tribunal du Christ, pour que chacun soit rétribué suivant ce qu'il aura fait en bien ou en mal pendant qu'il était dans son corps » « 2 Corinthiens 5, 10). « Il faut ! » C'est une loi de notre nature. C'est une loi à laquelle nul ne peut se soustraire. Ceux qui prétendent s'exempter de Dieu, devront alors ouvrir les yeux et se rende à l'évidence : Dieu existe, et il connaît tout, il les connaît à fond, mieux qu'eux-mêmes !

(à suivre...)