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lundi 31 août 2009

Marie et l'Église (2)

Marie et l'Église (2)

Marie accompagne l'Église au long se don pèlerinage sur la terre. « Au milieu de tous les croyants, elle est comme un «miroir» dans lequel se reflètent « les merveilles de Dieu » (Actes 2, 11) de la manière la plus profonde et la plus limpide » (Jean-Paul II, enc. Redemptoris Mater, n° 25). Marie a cru la première. Son itinéraire de foi est donc plus long que celui des disciples et des saintes femmes rassemblés au Cénacle dans l'attente de l'effusion de l'Esprit. Là « l'itinéraire de Marie croise le cheminement de l'Église dans la foi ». D'abord en étant « un témoin unique du mystère de Jésus, de ce mystère qui s'était dévoilé et confirmé sous leurs yeux par la Croix et la Résurrection. (lire la suite) Dès le premier moment, l'Église « regardait » donc Marie à travers Jésus, comme elle « regardait » Jésus à travers Marie. Celle-ci fut pour l'Église d'alors et de toujours un témoin unique des années de l'enfance de Jésus et de sa vie cachée à Nazareth, alors qu'« elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Luc 2, 19 ; cf. Luc 2, 51). Ensuite parce que la foi de Marie « précède » l'annonce de l'Évangile et « demeure au cœur de l'Église, cachée comme un héritage spécial de la révélation de Dieu. Tous ceux qui participent à cet héritage mystérieux de génération en génération, acceptant le témoignage apostolique de l'Église, participent, en un sens, à la foi de Marie » (Redemptoris Mater, n° 27).
Marie est à la fois fille de l'Église et mère de l'Église : « La Vierge fait partie de l'Église, elle est fille de l'Église, elle est notre sœur, puisque, comme nous, bien que d'une manière privilégiée et éminente, elle a été elle aussi rachetée par le Christ ; mais sous un autre aspect, parce qu'elle a engendré le Fils de Dieu fait homme, elle est la Theotokos, la Mère de Dieu, la Reine de l'Église, la Mère du Corps mystique selon la foi et l'amour » (Paul VI, Allocution, 2 février 1965).
L'Église est le fruit de la Croix et de la Résurrection de Jésus. « Marie qui depuis le début s'était donnée sans réserve à la personne et à l'œuvre de son Fils, ne pouvait pas ne pas reporter sur l'Église, dès le commencement, ce don maternel qu'elle avait fait de soi. Après le départ de son Fils, sa maternité demeure dans l'Église, comme médiation maternelle : en intercédant pour tous ses fils, la Mère coopère à l'action salvifique de son Fils Rédempteur du monde » (Redemptoris Mater, n° 40).
De son côté, « comme Marie qui a cru la première, accueillant la Parole de Dieu qui lui était révélée à l'Annonciation et lui restant fidèle en toutes ses épreuves jusqu'à la Croix, ainsi l'Église devient Mère lorsque, accueilalnt avec fidélité la Parole de Dieu, « par la prédication et par le baptême, elle engendre à une vie nouvelle et immortelle, des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu » (Ibid., n° 43). En outre, « la maternité de l'Église se réalise non seulement selon le modèle et la figure de la Mère de Dieu mais aussi avec sa « coopération ». L'Église puise abondamment dans cette coopération, c'est-à-dire dans la médiation maternelle qui est caractéristique de Marie en ce sens que déjà sur terre elle coopérait à la naissance et à l'éducation des fils et des filles de l'Église, comme Mère de ce Fils « dont Dieu a fait le premier-né parmi beaucoup de frères » (Ibid., n° 44).

(fin)

dimanche 30 août 2009

Marie et l'Église (1)

Marie et l'Église (1)

La maternité spirituelle de Marie ne s'exerce pas uniquement à l'égard des hommes pris un un par un. Elle n'existe comme telle que parce que Marie est Mère de l'Église. Au Calvaire s'accomplit la promesse du protévangile (Genèse 3, 15). « De fait, par sa mort rédemptrice, Jésus- Christ vainc à sa racine même le mal du péché et de la mort. Il est significatif que, s'adressant à sa Mère du haut de la Croix, il l'appelle « femme » et lui dit : « Femme, voici ton fils. » D'ailleurs, il avait aussi employé le même mot pour s'adresser à elle à Cana (cf. Jean 2, 4). Comment douter qu'ici spécialement, sur le Golgotha, cette parole n'atteigne la profondeur (lire la suite) du mystère de Marie, en faisant ressortir la place unique qu'elle a dans toute l'économie du salut ? Comme l'enseigne le Concile, avec Marie, « la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s'accomplissent les temps et s'instaure l'économie nouvelle, lorsque le Fils de Dieu prit d'elle la nature humaine pour libérer l'homme du péché par les mystères de sa chair » (Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen Gentium, n° 55). Les paroles que Jésus prononce du haut de la Croix signifient que la maternité de sa Mère trouve un «nouveau» prolongement dans l'Église et par l'Église symbolisée et représentée par Jean. Ainsi celle qui, «pleine de grâce», a été introduite dans le mystère du Christ pour être sa Mère, c'est-à-dire la Sainte Mère de Dieu, demeure dans ce mystère par l'Église comme «la femme» que désignent le livre de la Genèse (3, 15) au commencement, et l'Apocalypse (12, 1) à la fin de l'histoire du salut. Selon le dessein éternel de la Providence, la maternité divine de Marie doit s'étendre à l'Église, comme le montrent les affirmations de la Tradition, pour lesquelles la maternité de Marie à l'égard de l'Église est le reflet et le prolongement de sa maternité à l'égard du Fils de Dieu (saint Léon le Grand, Tractatus 26 de natale Domini 2) » (Jean-Paul II, encyclique Redemptoris Mater, n° 24).
Tertullien (v. 156-v. 220) est le premier à faire un rapprochement entre la Vierge Marie et l'Église : « La même Bonté, pour que rien ne lui manquât, songea à donner à l'homme une aide : il n'est pas bon que l'homme soit seul ! Elle savait que la « Femme », en Marie et ensuite en l'Église, serait bienfaisante pour l'humanité » (Contre les Valentiniens 2, 4). Dans des sermons sur le Cantique des cantiques, saint Bernard montre l'époux et l'épouse comme ne faisant qu'une seule chair. Marie « est donc l'Église tout autant que la Mère de l'Église, parce qu'en elle le Verbe de Dieu a pris chair et a pu entrer en communion avec le genre humain » (Michel Viot, Le Vrai et le faux, Paris, 2009).

(à suivre...)

samedi 29 août 2009

Action de grâces (4)

Action de grâces (4)

« Seigneur, tu nous as créées pour toi, et comme notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose pas en toi » (saint Augustin, Confessions 1, 1, 1). Et maintenant, alors que tu es venu à cette étable qu’est mon âme, en quête d’un toit, c’est moi qui me repose dans ta Bonté et ta Toute-Puissance. Tu es avec moi, et rien de ce qui est extérieur, rien du monde qui nous environne ne doit m’inquiéter. Car c’est avec toi, et toi avec moi, que je vais œuvrer. Je ne vais pas me contenter d’agir — ce qui reviendrait souvent à me battre contre des moulins à vent, comme don Quichotte, dans un activisme stérile — mais je vais agir avec toi, étant comme ton bras, pour accomplir des tâches humaines, certes, mais divinisées, (lire la suite) mais sublimées, replacées dans le cadre de la Rédemption. Ô valeur transformante de ta présence dans mon âme ! Ma vie acquiert une transcendance admirable et étend son action au monde entier, à toutes les générations.
« Tu as donné à mes jours la longueur de quelques palmes, et ma vie est comme un rien devant toi » (Psaume 39, 6). Mais elle est loin d’être insignifiante, puisque tu n’hésites pas à venir la partager pour me transformer et me faire entrer dans ta propre Vie qui, elle, est Tout et est Éternelle. Oui, tu m’as créé pour toi. Tu as choisi les voies et les moyens. Mais tu es toujours au terme de mon chemin.
Oui, mon cœur repose en toi, où il trouve toute la quiétude dont il a besoin pour ne se laisser ni impressionner ni troubler par les mirages du milieu ambiant, dont le Malin sait user astucieusement pour essayer de m’arracher à ton emprise amoureuse. Je me livre entièrement à toi. Passe-moi des menottes de fer — je ne mérite pas qu’elles soient en or — pour que je te suives partout et que je te serve par toute ma vie, toi et avec toi la Trinité tout entière. Je ne me reconnais aucun droit, si ce n’est celui de t’aimer, et de t’aimer toujours plus, jusqu’à me perdre dans ton Amour. Jusqu’à m’y perdre corps et bien pour renaître à une vie nouvelle, « revêtu des habits d’allégresse » (Judith 10, 3), du « vêtement de noces » (Matthieu 22, 12) que le Seigneur veut que nous ayons endossé, après l’avoir tissé par nos efforts persévérants de chaque jour, par les recommencements incessants de notre lutte menée par amour de Dieu, ce Dieu qui se caractérise par le fait qu’il « aime l’homme » (Benoît XVI, enc. Dominus caritas est, n° 9).

vendredi 28 août 2009

La prière à Marie

La prière à Marie

Une femme, naguère dévote, s'était si malheureusement laissée envenimer par la rancune contre son propre frère, qu'elle avait juré de ne lui pardonner ni en ce monde ni dans l'autre. Elle avait laissé pour cela les sacrements et même la prière. Or, une maladie mortelle survint qui la minait sans pitié.
Le curé de la paroisse essaya de lui arracher un mot de pardon. Il y épuisa vainement tout son zèle.
Quand la mission eut été commencée, il me pria (lire la suite) (le P. Bouchage) d'essayer à mon tour. Cette pauvre femme me dit des choses terribles. « Voyez, ajouta-t-elle, je veux que sur ma tombe on grave ces paroles : Ci-gît une femme qui s'est vengée ! - Et l'enfer ? lui répliquai-je avec compassion. - L'enfer ? la pensée de m'être vengée me consolera de tous mes tourments. » C'est dire à quel point la malheureuse s'était fait une idée fixe de sa vengance. Ne sachant plus que faire à mon tour, je conseillai à cette malheureuse de prier pour obtenir la force de pardonner. - « Je sais, répondit-elle, que j'obtiendrais cette grâce, mais je ne veux pas l'obtenir. » - Et pour moi, repris-je, consenteriez-vous à prier ? - Oh ! pour vous, tant que vous voudrez ! » Je me mis à genoux, et, tirant de mon bréviaire une image de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, je la lui mis entre les mains en récitant l'Ave Maria... Au second Ave, cette pauvre pécheresse m'arrêta. « Père, dit-elle, n'allez pas plus loin. Je pardonne ! Confessez-moi ! » On ne saurait peindre le rayonnement qui éclaira ensuite son visage, mais j'aime à attester, à la gloire de la très Sainte Vierge, que ce jour-là, je vis de mes yeux que la prière, surtout présentée par la Sainte Vierge, est une flèche qui transperce les cœurs.

Cité dans La Vierge Marie enseignée à la jeunesse, Lyon, 1937, p. 56-57.

jeudi 27 août 2009

L'efficacité de la prière

L'efficacité de la prière

(Sœur Solana à l'auteur) « Tu vois : tu es un cas spécial. Dans l'Écriture, il est dit et répété que Dieu exauce nos prières. Tu recevras donc l'ordination sacerdotale l'année prochaine ! » Un peu mal à l'aise, je répondis : « Ma sœur, quand vous avez commencé à prier, en vertu de votre contrat un peu particulier (qu'il devienne prêtre vingt ans plus tard), personne ne savait qu'une affreuse guerre allait tout remettre en question. » Elle se fâcha : « La guerre ! La Bible n'en parle pas ! Nulle part, il n'est dit que Dieu n'avance qu'en temps de paix. Est-il écrit que tout est possible, sauf en cas de guerre ? Dieu entend. Il exauce, quelles que soient les circonstances suscitées par la folie des hommes. »

Géréon Goldman, Un Franciscain chez les SS, Paris, Éditons de l'Emmanuel, 2008, p. 91.

mercredi 26 août 2009

Action de grâces (3)

Action de grâces (3)

Te revois-là donc, Seigneur. Je t’aime, je t’aime. Je t’ai attendu plus que le veilleur n’attend l’aurore (cf. Psaume 130, 6), comme l’amoureux attend avec impatience sa dulcinée. Je guettais ta venue avec impatience, regardant à travers les volets de la fenêtre (cf. Cantique des cantiques 2, 9). Or, toi, tu ne te fais pas attendre. Mes sautes d’humeur, mes manques d’égard ne suscitent pas de caprices chez toi. Tu reviens. Ce sont nos retrouvailles quotidiennes, à l’heure que tu as toi-même fixée.
Je t’ai désiré, moi aussi — du moins m’y suis-je essayé — d’un grand désir, (lire la suite) pour manger cette Pâque avec toi, la Pâque de l’Alliance éternelle qui apporte le Pain de Vie pour le salut du monde.
Vois-le, ce monde, plongé dans les ténèbres de l’erreur, de l’ignorance, de la haine, ce monde qui te rejette. Je ne sais pas comment tu fais pour l’aimer malgré tout. Ou plutôt, je le comprends un peu en constatant que tu continues de m’aimer et de te faire aimer de moi, tout avorton que je sois.
Je t’aime. Aie pitié de ton peuple qui peine sur cette terre, en proie à la lutte sans trêve que lui imposent les sectateurs du semeur de haine, du père du mensonge. « Mon nom est Légion », disent-ils (Marc 5, 9). Et cela fait beaucoup de légions. Mais tes anges se comptent par « myriades de myriades » (Daniel 7, 10).
Et toi, Seigneur, tu es le Tout-Puissant. Tu peux tout. Si tu es capable de descendre dans ce vase d’argile et d’ignominie qu’est mon âme, comment douter un seul instant que tu peux retourner le monde, le faire revenir à la Vérité, à la splendeur de la Vérité.
Que tu es Grand. Merci. Encore mille fois merci ! Je ne le mérite pas. Mais reviens, continue de revenir, ne te lasses pas, je t’en supplie, par l’intercession de Marie, ta Mère et ma Mère, si Douce et au Cœur immaculé.

mardi 25 août 2009

La mesure du temps

La mesure du temps

Tu veux comprendre ce qu'est une année de vie : pose la question à un étudiant qui vient de rater son examen de fin d'année. Un mois de vie : parles-en à une mère qui vient de mettre au monde un enfant prématuré et qui attend qu'il sorte de sa couveuse pour serrer son bébé dans ses bras, sain et sauf. Une semaine : interroge un homme qui travaille dans une usine ou dans une mine pour nourrir sa famille. Un jour : (lire la suite) demande à deux amoureux transis qui attendent de se retrouver. Une heure : questionne un claustrophobe, coincé dans un ascenseur en panne. Une seconde : regarde l'expression d'un homme qui vient d'échapper à un accident de voiture, et un millième de seconde : demande à l'athlète qui vient de gagner la médaille d'argent aux jeux Olympiques, et non la médaille d'or pour laquelle il s'était entraîné toute la vie.
Marcel Lévy, Et si c'était vrai..., Paris, Robert Laffont, 2000, p. 228.

lundi 24 août 2009

Marie et le monde d'aujourd'hui

Marie et le monde d'aujourd'hui

Tous les âges sont marqués par les combats et les glorieux triomphes de l'auguste Marie. Depuis que le Seigneur a soufflé l'inimitié entre elle et le serpent, elle a constamment vaincu le monde et l'enfer. Toutes les hérésies, nous dit l'Église, ont incliné leur front devant la Très Sainte Vierge, et peu à peu elle les a réduites au silence du néant. Or, aujourd'hui, la grande hérésie régnante est l'indifférence religieuse, qui va engourissant les âmes dans la torpeur de l'égoïsme et le marasme des passions. Le puits de l'abîme vomit à grands flots une fumée noirâtre et pestilentielle qui menace d'envelopper toute la terre dans une nuit ténébreuse, vide de tout bien, grosse de tout mal, et impénétrable pour ainsi dire aux rayons vivifiants du Soleil de Justice. Ainsi, le divin flambeau de la foi pâlit et se meurt dans le sein de la chrétienté ; la vertu fuit devenant de plus en plus rare, et les vices se déchaînent avec une effroyable fureur. Il semble que nous touchons au moment prédit d'une défection générale et comme d'une apostasie de fait presque universelle.
Cette peinture si tristement fidèle de notre époque est loin toutefois de nous décourager. La puissance de Marie n'est pas diminuée. Nous croyons fermement qu'elle vaincra cette hérésie comme toutes les autres, parce qu'elle est, aujourd'hui comme autrefois, la Femme par excellence, cette Femme promise pour écraser la tête du serpent ; et Jésus-Christ, en ne l'appelant jamais que de ce grand nom, nous apprend qu'elle est l'espérance, la joie, la vie de l'Église et la terreur de l'enfer. À elle donc est réservée de nos jours une grande victoire ; à elle appartient la gloire de sauver la foi du naufrage dont elle est menacée parmi nous.

P. Chaminade (1761-1850), Lettre du 24 août 1839. Ce texte d'il y a exactement 170 ans n'a guère perdu de rides ! mm

dimanche 23 août 2009

La beauté de Marie

La beauté de Marie

Les hommes recherchent la beauté. « Or, Marie est le sommet de la beauté. Les chefs-d'œuvre ne sont jamais des beautés partielles, mais une synthèse du beau : Marie est la créature la plus transparente de la divine présence trinitaire : « Celui que les cieux n'ont pu contenir, tu l'as renfermé dans ton sein. » (...) La beauté est expression transparente : tous les arts ont cherché à l'exprimer et l'ont exprimé dans les chefs-d'œuvre de tous les siècles. La beauté est un don reposant : Marie, au milieu des tourments de la vie, apaise toutes les inquiétudes de la chair, de l'esprit et de la vie sociale » (Paul VI, Allocution, 12 septembre 1963). Marie est le « chef-d'œuvre de Dieu, (lire la suite) même si, comme la lune, elle est belle d'une beauté reflétée : pulchra ut luna (Cantique des cantiques 6, 9) » (Pie XII, Allocution aux Congrégations mariales d'Italie, 26 avril 1958).
Le futur pape Paul VI, un mois après son installation comme archevêque de Milan, publie une première lettre pastorale, Omnia nobis Christus est (« le Christ est tout pour nous »), dans laquelle il parle de la Vierge Marie comme incarnation de la beauté.
Son prédécesseur sur le siège de Milan écrivait : « Quoi de plus noble que la Mère de Dieu ? Quoi de plus resplendissant que celle qu'a choisie la Splendeur ? » (saint Ambroise, De Virginibus 2, 2, 7). Dante Alighieri vit au Paradis, au milieu « de plus de mille anges en fête », « s'épanouir une beauté qui était une joie - dans les yeux de tous les autres saints » (Paradis, chant 31, 130-135) : Marie ! »
Cependant « sur ce visage ne se révèle pas la beauté surnaturelle. Dieu a déversé la plénitude de ses richesses par un miracle de sa toute-puissance et alors il fait passer dans le regard de Marie quelque chose de sa dignité surhumaine et divine. Un rayon de la beauté de Dieu resplendit dans les yeux de sa Mère. Ne pensez-vous pas que le visage de Jésus, ce visage que les anges adorent, devait reproduire en quelque manière les traits du visage de Marie ? (...) Pulchra ut luna » (Pie XII, encyclique Fulgens Corona, 8 septembre 1953).

samedi 22 août 2009

Le culte de Marie

Le culte de Marie

Marie semble avoir pévu qu'un culte lui sera rendu à travers les âges quand elle affirme : « Désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse ! » (Luc 1, 48).
Le futur pape Benoît XVI faisait remarquer que « cette parole de la Mère de Dieu rapportée par saint Luc, comporte tout à la fois une prophétie et une mission confiée à l'Église de tous les temps. (...) L'Église n'a pas d'elle-même inventé quelque chose de nouveau lorsqu'elle a commencé à exalter Marie ; elle n'est pas descendue du sommet de l'adoration du Dieu unique pour tomber dans une simple louange humaine. Elle fait ce qu'elle doit faire et ce qui lui a été demandé depuis le début. Lorsque Luc rédigea ce texte, on était déjà à la deuxième génération ; à la « race » des Juifs s'était ajoutée celle des païens, qui étaient devenus l'Église du Christ. Les expressions « toutes les générations », (lire la suite) « toutes les races », trouvaient un début de réalisation historique. L'évangéliste n'aurait sûrement pas transmis la prophétie de Marie si elle lui était apparue sans intérêt ou dépassée » (cardinal Ratzinger).
Le devoir incombe à tous les fidèles de « rendre un culte de louange, de reconnaissance et d'amour à cette toute fidèle servante du Seigneur, car (...) le libre acquiescement et l'activité généreuse qu'elle a donnés à la réalisation des desseins de Dieu ont concouru et concourent encore à rendre aux hommes le salut » (Paul VI, exhortation apostolique Signum magnum, 13 mai 1967).
Mais il faut soulignetr que le culte rendu à Marie « ne nous détache nullement de la source unique, transcendante et divine de vérité, de vie et de grâce qu'est Jésus-Christ, car il nous conduit, nous lie et nous associe à lui comme au seul Saint, au seul Seigneur, au seul Très-Haut, notre Maître et notre Rédempteur ». Ce culte doit être « intime, personnel, humain, et vraiment pieux » (Paul VI, Allocution, 2 février 1965). Le bientôt bienheureux John Newman faisait remarquer que partout où la Vierge Marie est dans l'ombre, son Fils l'est aussi.

vendredi 21 août 2009

Action de grâces (2)

Action de grâces (2)

« Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob, tes demeures, ô Israël » (Nombres 24, 5). Je veux demeurer avec toi tous les jours de ma vie, établir ma demeure en toi pour vivre éternellement avec toi et par toi. Ta présence en moi est déjà une graine d’éternité, un commencement d’éternité, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi. Les mots sont toujours pauvres pour décrire les réalités surnaturelles. Les grands saints ont toujours été dépassés par ce que tu leur as fait voir, Seigneur. Et moi, je n’ai pas la sensibilité suffisante pour saisir ce qui se passe quand tu es en moi, au centre de mon être…
« Même quand je marche dans une vallée pleine d’ombre, (lire la suite) je ne crains aucun mal, car tu es avec moi » (Psaume 23, 4). Il est impossible d’être plus uni que nous le sommes présentement. Tu es avec moi. Mieux encore, tu m’appartiens, tu es mon bien supérieur, car tu t’es donné à moi pleinement dans le sacrement de l’Eucharistie. Je peux dire à bon droit que meus es tu (Psaume 2, 7). Tu es mon Dieu. Tu es mon Tout. Auprès de toi je ne manque de rien. Tu viens à moi pour que je sois fort de ta force et que je puisse vivre en digne enfant de notre Père commun, que je puisse surmonter les obstacles du chemin et que je les surmonte effectivement. Avec toi, je serai victorieux, car la victoire est à toi, est le résultat de ta grâce. C’est toi qui mènes avec succès le combat contre les puissances infernales. Et « ton bras ne s’est pas raccourci » (Isaïe 59, 1). Tu es et seras toujours victorieux. Auprès de toi se trouvent le pardon et le rachat, la force et le réconfort. En toi je trouve ma raison d’être. « Tu es mon rocher, ma forteresse, mon libérateur, mon Dieu, mon roc où je trouve un asile, mon bouclier, la corne qui me sauve, ma citadelle ! » (Psaume 18, 3), ô mon Dieu, mon Souverain Bien. Oui, quelles sont belles tes demeures, mon Dieu, qu’il est vraiment bon et salutaire d’être avec toi, de partager ton existence, de prendre part à ta Vie.
Fais en sorte, Seigneur, que ma vie s’imprègne de ta Vie que tu viens de me donner une fois de plus dans ton immense bonté, malgré mon indignité. Mais puisque tu es venu quand même, je veux en profiter au maximum, me saouler, m’enivrer de toi, pour ne vivre que de toi et par toi, pour n’aimer que toi, de toutes mes forces, de toute mon âme, de tout mon cœur, de tout mon esprit (cf. Matthieu 22, 37), bref de tout mon être.

jeudi 20 août 2009

Je vous salue Marie (2)

Je vous salue Marie (2)

Suivent des mots tirés de la salutation de sa cousine sainte Élisabeth, lorsque Marie lui a rendu visite (la « Visitation ») : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni » (voir Lc 1, 42). « Certains préféreraient la traduction « ventre » ou « sein » plus proche du grec et du latin (ventris tui). Mais outre qu'il souligne avec force le réalisme de l'Incarnation, le mot « entrailles » a pour lui qu'il évoque en français la profondeur des sentiments : « on est pris aux entrailles », « nos entrailles s'émeuvent ». Or c'est une affirmation constante de la Tradition que Marie (lire la suite) « conçut d'abord son Fils dans la foi avant de le concevoir dans la chair ». Autrement dit, Jésus est d'abord le fruit de la foi viscérale de Marie, avant d'être le fruit de sa chair » (abbé de Menthière). L’expression « fruit de vos entrailles » marque ainsi bien la part active de Marie dans l’Incarnation. Elle est de loin préférable « et Jésus ton Enfant est béni », qui tend à se répandre. Jésus n’est pas que l’enfant de Marie, il est véritablement le fruit de ses entrailles, le résultat de son travail de femme qui peut concevoir un être humain. La chair humaine de Jésus est celle de Marie. Voilà pourquoi les catholiques ne peuvent ni ne doivent révérer l’Incarnation sans révérer Marie.
Saint Pie V (1566-1572) ajoute une invocation filiale à la Sainte Vierge, qui mentionne le titre de Theotokos « Mère de Dieu » : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen. » La précisions très ancienne en français de « pauvres » pécheurs signifie, dans la terminologie bilbique, l'attitude de foi de celu qui est totalement pleinement détaché de lui-même.
Cette prière, récitée en Orient dès le ve siècle, s’est généralisée en Occident au xie siècle.

(fin)

mercredi 19 août 2009

Je vous salue Marie (1)

Je vous salue Marie (1)

Prière la plus courante adressée à la Sainte Vierge. Elle commence par les mots de l'archange saint Gabriel à la Vierge Marie le jour de l'Annonciation, quand il est venu lui annoncer que Dieu l’avait choisie pour devenir la Mère de son Fils Jésus-Christ : « Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous » (voir Lc 1, 28). Le nom « Pleine de grâce », car c'est bien le nom que saint Gabriel donne à Marie, appelle quelques précisions : « Marie est appelée Pleine de grâce. Le terme grec de « grâce » (charis) vient de la même racine que les mots joie et se réjouir (chara, chairein). (...) La joie vient de la grâce. (lire la suite). Celui qui est en état de grâce peut se réjouir de cette joie constante, jusque dans le tréfonds de son être » (cardinal Ratzinger). Nous disons en français : « Je vous salue Marie ». Mais le mot grec correspondant, Kaire, « signifie en soi « réjouis-toi », « sois contente ». Et il y a là un premier élément qui surprend : le salut entre les juifs était "Shalom", "paix", alors que le salut dans le monde grec était "Kaire", "réjouis-toi". Il est surprenant que l'Ange, en entrant dans la maison de Marie, salue avec le salut des Grecs : "Kaire", "réjouis-toi, sois contente". Et les Grecs, lorsqu'ils lurent cet Évangile quarante ans plus tard, ont pu voir ici un message important : ils ont pu comprendre qu'avec le début du Nouveau Testament, auquel cette page de Luc faisait référence, avait également eu lieu l'ouverture au monde des peuples, à l'universalité du Peuple de Dieu, qui désormais n'embrassait plus seulement le peuple juif, mais également le monde dans sa totalité, tous les peuples. La nouvelle universalité du Royaume du vrai Fils de David apparaît dans ce salut grec de l'Ange » (Benoît XVI, Homélie, 18 déc 2005).

(à suivre...)

mardi 18 août 2009

L'Angélus

L'Angélus

C'est une prière que l'on récite à midi, parfois aussi à 7 heures le matin et à 19 h, en souvenir de l'annonce faite à Marie par l'archange saint Gabriel que Dieu l'avait choisie pour être la Mère de son Fils, notre Sauveur.
Évoquant l'origine de cette prière, le pape Paul VI disait : « Il semble que ce soit une fleur spontanée de la piété médiévale. Une modeste cloche, aux accents bien connus et discrets, sonnait le matin, à midi et le soir, à une époque où il n'y avait pas encore d'horloge pour indiquer les heures de la journée ; et cette cloche invitait chacun à jalonner (lire la suite) la course du temps d'une prière sanctifiant le travail. Souvenez-vous de la maxime de saint Benoît : « Prie et travaille. »
Sur le conseil de saint Bonaventure au XIIIème siècle, le pape
Jean XXII contribua à répandre cette dévotion mariale, suivi par Calixte III, qui la recommanda « de manière pressante en 1456, au moment où des menaces de guerre pesaient sur l'Europe », et tant d'autres papes par la suite, spécialement Benoît XIV et Léon XIII.
L'Angélus revêt « une signification commune : associer à notre vie vécue le souvenir du double mystère chrétien, l'Incarnation et la Rédemption, en invoquant la Vierge comme associé privilégiée du Christ et comme fille, elle-même, puis Mère spirituelle de l'humanité ; l'Angélus est une prière qui d'habitude se récite non pas à l'église, mais chez soi, à la maison, et partout où notre activité le permet : la vie chrétienne n'est jamais entièrement profane ; elle est toujours ouverte au colloque de l'Esprit. Et alors le but de cette simple prière familiale est très clair lui aussi : par l'exemple et l'intercession de Marie, Mère de Dieu et mystiquement Mère de l'Église et notre Mère à nous, porter au Seigneur le déroulement de notre existence quotidienne, en mettant l'accent particulièrement sur les grandes causes du monde (...), par exemple, la (...) justice sociale, la fraternité des peuples, et surtout la paix libre et vraie » (Paul VI, Angélus, 15 août 1975).

lundi 17 août 2009

Action de grâces (1)

Action de grâces (1)

Je crois que « tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matthieu 16, 16). Et pendant que j’étais à la messe, tu as réalisé le prodige admirable de revenir une fois de plus parmi nous, pour nous. Je te disais dans ma prière, comme le larron repentant, le Bon larron cloué à la croix, à ta droite, au Golgotha, je te demandais donc : « Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume » (Luc 23, 42). Il n’a pas eu à attendre longtemps, puisque tu lui as répondu : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis » (ibid.). Moi non plus, je n’ai pas eu à attendre, car tu es venu dans mon âme, dont tu as fait un paradis sur terre. (lire la suite) Aujourd’hui même ! Comme hier, et comme demain si tu me prêtes vie.
Tu t’es empressé de répondre à mon appel, comme si tu n’attendais que cela, un geste, un mot maladroit de ma part, comme si j’étais seul au monde aussi, et que tu n’avais à t’occuper que de moi. En fait, c’est un peu cela. C’est même tout à fait cela. Car tu n’es pas limité par l’espace et par le temps. Et c’est à chacun personnellement que tu dis : « Tu es à moi, tu m’appartiens » (Psaume 2, 7), tu es mon fils, « aujourd’hui je t’ai engendré » (Psaume 2, 7) une nouvelle fois à la vie de la grâce, je t’ai introduit dans les arcanes de ma vie intratrinitaire infinie et illimitée.
Je te dis : « Me voici, ô Dieu, pour faire ta volonté » (Hébreux 10, 9). La tienne, je n’en ai pas d’autre. Je ne veux pas en avoir d’autre. Me voici, mon Dieu, parce que tu m’as appelé à t’aimer et à te servir par ma vie tout entière, à t’aimer et à te faire aimer par mon exemple et ma parole, en aimant les autres comme tu les aimes — c’est-à-dire en cherchant leur vrai Bien, celui de leur âme, en les aidant au moins à te découvrir comme leur vrai Bien —, en les regardant comme tu les regardes, c’est-à-dire avec un amour sans limite, avec une affection débordante, avec compassion, miséricorde et compréhension, animé du désir actif de leur pardonner leurs fautes. Tu leur pardonnes, tu me pardonnes, parce que fondamentalement tu aimes. Merci, et apprends-moi aussi à aimer.

dimanche 16 août 2009

Arrêts sur christianisme (36)

Arrêts sur christianisme (36)

Le christianisme n’est pas une sorte de moralisme, un simple système éthique. Ni notre action ni notre capacité morale n’en sont à l'origine. Le christianisme est avant tout un don : Dieu se donne à nous — il ne donne pas quelque chose, mais il se donne lui-même. Et cela n’arrive pas seulement au début, au moment de notre conversion. Il reste en permanence celui qui donne. Il nous offre en permanence ses dons. Il nous précède en permanence. De ce fait l’acte central de l’être chrétien est l’Eucharistie : la gratitude d’avoir été gratifié, la joie pour la vie nouvelle qu’il nous donne.

Benoît XVI, Homélie, 20 mars 2008.

samedi 15 août 2009

L'impasse sur Marie

L'impasse sur Marie

En s'abstenant de vénérer Marie, l'Église négligerait un des aspects de sa mission. Elle s'écarterait ainsi de la Parole biblique en omettant de rendre un culte à Marie. Car alors elle cesserait de glorifier comme il conviendrait Dieu lui-même. En effet, nous le connaissons d'une part par sa création : Ce qu'il y a d'invisible depuis la création du monde se laise voir à l'intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité (Romains 1, 20). Mais d'autre part et de façon plus profonde, nous connaissons Dieu par l'histoire qu'il a vécue avec les hommes. Comme la nature de l'homme se manifeste dans l'histoire de sa vie et dans les relations qu'il noue, de même Dieu se rend-il visible dans une histoire, dans des personnes humaines, à travers lesquelles transparaît sa propre nature, de façon qu'à travers elle on puisse le nommer et qu'en eux on puisse le connaître.

J. Ratzinger, « Marie, Mère de l'Église », dans card. J. Ratzinger-H. U. von Balthasar, Marie, première Église, Paris-Montréal, Médiaspaul, 1998, p. 62-63.

vendredi 14 août 2009

Nietzsche et l'Évangile

Nietzsche et l'Évangile

(En face de l'Évangile) la réaction immédiate, profonde, chez Nietzsche, fut, il faut bien le dire, la jalousie. Il ne me paraît pas que l'on puisse bien comprendre l'œuvre de Nietzsche sans tenir compte de ce sentiment. Nietzsche a été jaloux du Christ, jaloux jusqu'à la folie. En écrivant son Zarathoustra, Nietzsche reste tourmenté du désir de faire pièce à l'Évangile. Souvent il adopte la force même des Béatitudes pour en prendre le contre-pied. Il écrit l'Antéchrist, et dans sa dernière œuvre l'Ecce homo, se pose en rival victorieux de Celui dont il prétendait supplanter l'enseignement.

André Gide, Dostoïevski, Œuvres complètes, t. XI, p. 185.

jeudi 13 août 2009

L’action de grâces après la messe

L’action de grâces après la messe

L’attitude la plus logique quand nous recevons un cadeau est de manifester de la reconnaissance envers le donateur, une reconnaissance d’autant plus grande que le présent est d’importance. Dans l’Eucharistie, nous ne percevons pas un bien quelconque, mais l’auteur même de notre vie et de la grâce. Notre foi nous dit que Jésus-Christ est « vraiment, réellement et substantiellement présent » dans le Saint-sacrement, dans chaque hostie consacrée, et qu’il s’y trouve en entier, avec son corps, son sang, son âme et sa divinité. (lire la suite)
De plus, l’« espèce sacramentelle » du pain consacré et devenu vrai corps de notre Seigneur ne se dissout en nous qu’au bout d’une dizaine de minutes. Pendant ce temps-là, notre âme est un véritable tabernacle qui abrite réellement le Dieu fait Homme. Il est donc logique que nous tâchions de consacrer ces dix minutes à remercier le Seigneur d’être descendu dans notre âme, qui, quelle que soit notre préparation, ressemblera toujours davantage à l’étable de Bethléem qu’au palais d’un grand roi.
Les textes que je mettrais dans les semaines à venir se lisent en bien moins de dix minutes. Ils ne prétendent pas se substituer à la prière personnelle, mais ont pour finalité d’aider à vivre ce moment d’action de grâces après la communion, en proposant des idées propres à amorcer notre réflexion personnelle. Ils sont à prendre comme de simples suggestions, à lire posément, à répéter pour que, sous l’action de l’Esprit Saint, chacun parte dans la direction que celui-ci lui fera voir.
Ils n’ont donc pas prétention de remplacer notre propre action de grâces, mais de la nourrir, si besoin est, en ayant recours fréquemment à des textes de la Sainte Écriture, c’est-à-dire à une forme de présence divine autre que l’Eucharistie qu’est le Verbe de Dieu, sa Parole.
Le contenu de ces réflexions doit sans doute beaucoup à saint Josémaria Escriva, fondateur de l’Opus Dei, à qui je suis redevable de m’avoir appris à faire précisément une prière pétrie de cette Parole divine : « Notre amour pour le Christ qui s’offre à nous, nous pousse à savoir trouver, à la fin de la Messe, quelques minutes pour une action de grâces personnelle, intime, qui prolonge dans le silence du cœur cette autre action de grâces qu’est l’Eucharistie » (Quand le Christ passe, n° 92).

mercredi 12 août 2009

Sauvegarder le dimanche

Sauvegarder le dimanche

Mes frères, il faut mourir le dimanche et ressusciter le lundi. Le dimanche, c'est le bien du Bon Dieu ; c'est son jour à lui, le jour du Seigneur. Il a fait tous les jours de la semaine ; il pouvait tous les garder ; il vous en a donné six, il ne s'est réservé que le septième. De quel droit touchez-vous à ce qui ne vous appartient pas ? Vous savez que le bien volé ne profite jamais. Le jour que vous volez au Seigneur ne vous profitera pas non plus. Je connais deux moyens bien sûrs de devenir pauvre : c'est de travailler le dimanche et de prendre le bien d'autrui.

Mgr René Fourrey, Ce que prêchait le Curé d'Ars, Dijon, L'Échelle de Jacob, 2009, p. 323.

mardi 11 août 2009

Des Juifs pour Pie XII (2)

Des Juifs pour Pie XII pendant la guerre (2)


Voici une lettre envoyée depuis le front italien par le soldat Eliyahu Lubisky, membre du kibboutz socialiste Bet Alfa. Elle a été publiée dans l'hebdomadaire « Hashavua » le 4 août 1944 : « Tous les réfugiés évoquèrent l'aide louable du Vatican. Des prêtres ont mis leur propre vie en danger pour cacher et sauver des juifs. Le Pape lui-même a participé à l'opération de sauvetage des juifs. »
Un autre document, du 15 octobre 1944, (lire la suite)le rapport du commissaire extraordinaire des communautés juives de Rome, Silvio Ottolenghi : « Des milliers de nos frères ont été sauvés dans les couvents, les églises, les zones extra-territoriales. Le 23 juillet, on m'a donné l'ordre d'être reçu par Sa Sainteté, que j'ai remerciée au nom de la communauté de Rome pour l'assistance héroique et bienveillante que nous avons reçue du clergé dans les couvents et les collèges. (...) J'ai fait part à Sa Sainteté du désir de nos coreligionnaires de la capitale de venir le remercier en masse. Mais cette manifestation ne pourra avoir lieu que lorsque la guerre sera finie, pour ne pas nuire à tous ceux qui ont encore besoin de protection dans le monde. »

Entretien avec Paolo Mieli, directeur du Corriere della Sera, L'Osservatore Romano en Langue Française, 14 octobre 2008

Les Lumières et le protestantisme

Les Lumières et le protestantisme

(suite du texte d'hier) Tout comme le catholicisme, la Réforme protestante du XVIe siècle et ceux qui lui demeurèrent fidèles n'ont jamais affirmé qu'on pouvait être chrétien tout seul et considérer comme accessoire la participation aux assemblées dominicales et aux sacrements. La philosophie des Lumières française fut la vraie cause de l'individualisme chrétien et de la dérive du libre examen transformant chaque protestant en pape, bible en main. C'est aussi à cette philosophie qu'il faut attribuer la contestation de l'autorité des confessions de foi. C'est dans ces conditions qu'apparut le piétisme protestant. Cependant comprenons bien que ce n'est pas le dogme lui-même qui était rejeté mais sa froideur et l'esprit rationaliste hérité des Lumières.

Michel Viot, Le Vrai et le faux. Comprendre la pensée de Benoît XVI, Paris, L'œuvre spirituelle, 2009, p. 84.

lundi 10 août 2009

Luthéranisme, calvinisme et magistère

Luthéranisme, calvinisme et magistère

Il faut tout de même se demander pourquoi ce dernier avait été amener à les formuler (les critiques de Luther). Quoi qu'il en soit, c'est mal comprendre le luthéranisme, tout comme le calvinisme, que de lui attribuer le réflexe individualiste, et d'y joindre le libre examen comme preuve. Cette exigence protestante n'a en fait concerné que le libre accès à la parole de Dieu par sa traduction en langue vernaculaire et non la libre interprétation du texte sacré. Dans l'Allemagne luthérienne comme dans la Genève de Calvin, il n'était permis à personne d'interpréter la Bible comme bon lui semblait : au moins jusqu'à la fin du XVIIIe siècle il existait bel et bien un magistère protestant représenté par les confessions de foi, les consistoires, les synodes, les facultés de théologie, et malheur à qui y contrevenait.

(à suivre...)

Michel Viot, Le Vrai et le faux. Comprendre la pensée de Benoît XVI, Paris, L'œuvre spirituelle, 2009, p. 83.

dimanche 9 août 2009

L'amour au-delà de la mort

L'amour au-delà de la mort

Celui qui est attaché à Dieu n'est qu'un même esprit avec lui, et tout est transformé dans son amour. Il ne peut avoir de pensée ni de goût que pour Dieu, et tout ce qu'il goûte et pense est Dieu même, parce qu'il est tout plein de lui. Or Dieu est amour, et plus une personne est unie à Dieu, plus elle est remplie d'amour. Et quoique Dieu soit impassible, il n'est pas incapable de compassion, puisque c'est une qualité qui lui est propre de faire toujours grâce et de pardonner. Il faut donc aussi, mon cher frère, que tu sois miséricordieux, puisque tu es uni à celui qui l'est si fort. Il est vrai que tu ne peux plus être malheureux, mais bien que tu sois incapable de souffrir, tu ne laisses pas de compatir aux souffrances des autres. (...) Tu as quitté ce qu'il y avait d'infirme en toi mais tu n'as pas perdu ce qu'il y avait de charitable ; car la charité ne se perd point (1 Co 13, 8), tu ne m'oublieras jamais.

Saint Bernard, Sermons sur le Cantique des cantiques 26, 5 (après la mort de son frère, en 1138).

samedi 8 août 2009

Le monde de la méga bombe

Le monde de la méga bombe

Le positivisme d'Auguste Comte au XIXe siècle croyait à l'émergence d'une nouvelle morale issue de la science. C'était en fait un des conséquences des idées de Bacon concernant le progrès. Aujourd'hui l'échec de ce raisonnement est patent. On est passé de « la fronde à la méga bombe » comme le disait précédemment l'encyclique (Spe salvi de Benoît XVI, sur l'espérance chrétienne). Mais cela les adversaires de la foi chrétienne ne veulent pas le voir, tant ils sont aveuglés par la haine du Christ et de sa parole. À leurs yeux rien ne doit entraver le règne de l'homme, et ce malgré les échecs sanglants des deux royautés de ce type au XXe siècle : le communisme et le nazisme. De plus, on n'a pas encore tiré les leçons de la Seconde Guerre mondiale ainsi que de la Guerre Froide.

Michel Viot, Le Vrai et le faux. Comprendre la pensée de Benoît XVI, Paris, L'œuvre spirituelle, 2009, p. 186.

vendredi 7 août 2009

Savoir rectifier ses erreurs : Newman

Savoir rectifier ses erreurs : Newman

Le cardinal Newman (1801-1890), dont le pape Benoît XVI vient de reconnaître un miracle, ce qui ouvre la voie à sa béatification prochaine, écrivait ce texte, toujours très actuel :
« Je sens profondément, et c'est à tout jamais que je professerai que, dans les questions du juste et du faux, et je peux faire appel au témoignage de l'histoire pour me soutenir, il n'y a rien, dans le monde entier, de vraiment sûr, de décisif ni de déterminant que la voix de celui a qui ont été confiées les clefs du Royaume et la garde du troupeau du Christ. La voix de Pierre est ajourd'hui ce qu'elle a toujours été : une autorité véritable, (lire la suite) infaillible quand elle enseigne, vivifiante quand elle commande, prenant toujours l'initiative avec sagesse et clarté dans le domaine qui est le sien, ajoutant la certitude à ce qui est probable et la conviction à ce qui est certain. Avant qu'elle ne parle, l'homme le plus saint peut se tromper ; ensuite, le plus parfait doit obéir. Pierre n'est pas un reclus, il n'est pas un étudiant absorbé dans l'abstrait, ni un rêveur tourné vers le passé, ni un rabâcheur de ce qui est mort et enterré, ni un illuminé projetant ses visions. Pierre, depuis dix-huit siècles (vingt désormais), vit dans le monde, il a connu toutes les fortunes, il s'est mesuré à tous les adversaires, il s'est préparé à toutes les éventualités. S'il y eut jamais sur terre, dans toute l'histoire, une puissance qui ait jamais eu le regard fixé sur son temps, qui s'en soit tenue au possible, qui se trouve justifiée dans ses anticipations, dont les paroles soient des actes et les commandements des prophéties, c'est bien celle qui, de génération en génération occupe la chair des apôtres, comme Vicaire du Christ et Docteur de son Église. »

My Campaign in Ireland, Aberdeen, 1896, cité par Michel Viot, Le Vrai et le faux. Comprendre la pensée de Benoît XVI, Paris, L'œuvre spirituelle, 2009, p. 188-189.

jeudi 6 août 2009

Une jeunesse active

Une jeunesse active

3° Promettez à Marie d'une une jeunesse catholique active. Ces derniers temps, la position sociale de la femme a subi une évolution non moins rapide que profonde. Il serait vain de réagir et de récriminer contre une telle transformation, mais il faut conjurer le péril qu'elle comporte. Et c'est à cela que doit tendre aussi votre action.
Ayez avant tout le courage de vos convictions, le courage de professer ouvertement votre foi, quel que soit le poste où la Providence vous a placées. Que ce soit dans une administration publique ou dans un commerce, (lire la suite) dans un service domestique ou dans une usine, dans une école, un bureau, une clinique : partout où vous êtes, donnez l''exemple d'une jeune catholique, consciente de sa foi, qui en conaît la doctrine, qui en observe la loi, qui sait la soutenir et, au besoin, la défendre. Certes, cela exige de la sûreté et de la maîtrise de soi, de la force pour repousser tout attrait humain malsain, pour supporter tout renoncement nécessaire et tout sacrifice fécond. Mais c'est le moins qu'on puisse attendre d'une jeune fille chrétienne.
En second lieu, vous devez avoir à cœur d'attirer les autres à vous : il y a tant de jeunes filles, partout, qui sentent le besoin de quelque grande amie auprès de laquelle elles trouveraient affection, conseil, réconfort ; il y en a tant qui se trouvent seules, timides égarées ; il y en a tant qui sont en danger et qui seraient désireuses d'être secourues dans leur fragilité. Vous aurez pour chacune d'elles la parole persuasive, affectueuse, opportune, adaptée à chaque cas. Pratiquez auprès d'elles les œuvres de miséricorde, aussi bien corporelles - le champ en est très vaste - que spirituelles. Parlez-leur du Christ, conduisez-les au Christ ; dévoilez à leur esprit, à leur âme, la vérité catholique dans sa beauté, les horizons radieux de la morale catholique, mais aussi l'idéal de la pureté dans sa plus exquise perfection, de la pureté qui renonce aux noces terrestres, pour se donner entièrement à l'amour du Christ, au service du Christ, pour aimer et servir le prochain dans le Christ, par l'apostolat dans ses diverses formes, au milieu de la jeunesse daans les écoles, au milieu des infirmes et des malades. Faites-leur connaître le message social de l'Église catholique : il assure réellement et garantit la dignité et le véritable bien des individus, des familles et de tout le peuple.

Pie XII, Allocution à la jeunesse féminine de Rome, 12 mai 1946.

mercredi 5 août 2009

Une jeunesse pure

Une jeunesse pure

2° Promettez à Marie d'être une jeunesse pure. Il vous appartient, chères filles, de faire lever à votre suite une nouvelle génération de jeunesse féminine qui présente au Créateur, intact, le trésor de sa pureté. Cela signifie que chacune de vous doit s'enrôler pour la lutte contre les corrupteurs publics de l'innocence et de la pureté juvéniles. Sans doute, tous les bons se réjouiront si l'État combat au moyen de lois sages les gravures et les représentations immorales dans la presse, dans les spectacles cinématographiques, sur les scènes, à la radio ; mais c'est à vous de donner âme et vie à ces lois ; à vous de raviver (lire la suite) la croisade pour la moralité chrétienne par la dignité et la pureté de votre esprit et de votre cœur ; par la maîtrise de vos sens, par la modestie chrétienne dans vos attitudes et votre habillement, par vos paroles et dans votre conduite, par le respect envers vos parents, par votre industrieuse délicatesse, attentive à rendre la vie au sein du foyer domestique, non seulement supportable pour tous, mais encore rayonnante de sérénité et de joie.
Offrez donc aujourd'hui à Marie, toujours Vierge et Mère, votre inébranlable promesse de sainte pureté ! Et elle, qu'elle daigne vous aider par son puissant secours à l'observer fidèlement jusqu'à la fin !

Pie XII, Allocution à la jeunesse féminine de Rome, 12 mai 1946.

mardi 4 août 2009

Une jeunesse croyante

Une jeunesse croyante

Voici ce que Marie attend de vous ; voici ce que réclame de vous l'heure présente.
Promettez à Marie d'être une jeunesse croyante. Une jeunesse croyante est une jeunesse qui sait réagir contre la laïcisation et la vulgarité de la vie, contre son abaissement désordonné vers les choses matérielles et terrestres, contre l'oubli et la négation de Dieu. C'est une jeunesse pour laquelle le centre de la vie est Dieu, Jésus-Christ, l'éternité ; une jeunesse qui prend comme règle de sa conduite l'exhortation de Tobie à son fils : « Tous les jours de ta vie, aie Dieu présent à ta pensée ; et garde-toi de consentir jamais au péché et de transgresser les préceptes du Seigneur notre Dieu » (4, 5) ; une jeunesse qui chemine et agit constamment sous le regard (lire la suite) de Dieu, qui prie, qui sanctifie les fêtes, qui se rassemble le dimanche autour de l'autel du Seigneur pour louer et puiser dans la sainte Eucharistie la force de remplir en tout sa volonté. C'est une jeunesse qui, éloignée d'un christianisme purement extérieur, formaliste, de simple habitude, s'efforce de saisir toujours plus clairement et de s'assimiler toujours plus intimement et plus profondément les inépuisables richesses de la vérité catholique et des principes chrétiens, et avance ainsi d'un pas assuré et ferme sur le sentier de la foi. C'est une jeunesse qui, dès les premières années, tâche de faire passer cette foi dans l'action et dans la vie et tend de cette façon vers la maturité et la plénitude de la personne chrétienne. Telle est la véritable jeunesse croyante ; voilà à quoi vous vous obligez devant votre céleste Mère et devant son divin Fils.

Pie XII, Allocution à la jeunesse féminine de Rome, 12 mai 1946.

lundi 3 août 2009

L'âme sacerdotale du chrétien (3)

L'âme sacerdotale du chrétien (3)

(À côté de l'âme sacerdotale et par opposition au cléricalisme, saint Josémaria) désire une mentalité laïque, par laquelle il tente d'exprimer la forma mentis, la façon de voir les éralités séculières à la lumière de la foi, en en reconnaissant et en en respectant la valeur. Le texte suivant résume quelques caractéristiques de cette mentalité laïque : « Vous devez diffuser partout une véritable mentalité laïque, qui conduit aux trois conclusions suivantes : être suffisamment honnête pour assumer sa responsabilité personnelle ; être suffisamment chrétien pour respecter les frères dans la foi, qui proposent, dans les matières de libre opinion, des solutions différentes de celles que défend chacun d’entre nous ; (lire la suite) être suffisamment catholique pour ne pas se servir de notre Mère l’Église en la mêlant à des factions humaines » (Entretiens, n° 117).
L'esprit de liberté et de responsabilité qui caractérise la mentalité laïque est ici envisagée d'un triple point de vue :
- individuel (« accepter personnellement le poids de ses responsabilités popres »)
- intersubjectif (respecter le pluarlsime légitime des « frères dans la foi »)
- ecclésial (« ne mêler l'Églie à aucune faction humaine »).
L'importance que le fondateur de l'Opus Dei reconnaît à la liberté et à la responsabilité personnelle est manifeste (...) : « Il en ressort clairement que, sur ce terrain, comme sur tous les autres, vous ne pourrez accomplir ce programme qui consiste à vivre saintement la vie ordinaire, si vous ne jouissez pas de toute la liberté que vous confèrent l’Église ainsi que votre dignité d’hommes et de femmes créés à l’image de Dieu. La liberté personnelle est essentielle dans la vie chrétienne, mais n’oubliez pas, mes enfants, que je parle toujours d’une liberté qui assume ses responsabilités.
Prenez donc mes paroles pour ce qu’elles sont : une exhortation à exercer vos droits, tous les jours, et pas seulement dans les situations difficiles; à vous acquitter noblement de vos obligations de citoyens — dans la vie politique, dans la vie économique, dans la vie universitaire, dans la vie professionnelle — en assumant hardiment toutes les conséquences de vos décisions libres, en endossant vos actes avec l’indépendance personnelle qui est la vôtre. Et cette mentalité laïque de chrétiens vous permettra d’éviter toute intolérance, tout fanatisme, et pour le dire positivement, elle vous permettra de vivre en paix avec tous vos concitoyens et d’encourager la bonne entente entre les différents ordres de la vie sociale » (Ibid.).

Arturo Cattaneo, « Alma sacerdotal y mentalidad laical. La relevancia eclesiológica de una expresión del Beato Josemaría Escrivá », Romana 18, n° 34, p. 176-177.

dimanche 2 août 2009

L'âme sacerdotale du chrétien (2)

L'âme sacerdotale du chrétien (2)

(Saint Josémaria) était particulièrement attiré par les enseignements et la vie de saint Paul, appréciant surtout son effort pour imiter le Seigneur, pour avoir « les sentiments mêmes qui étaient ceux de Jésus-Christ » (Philippiens 2, 5). Il voyait dans l'apôtre un exemple lumineux d'âme sacerdotale et apostolique, qui se manifeste par exemple quand il écrivait aux Corinthiens : « Je me suis fait tout pour tous, afin d'en sauver de toute manière quelques-uns » (1 Corinthiens 9, 22) ; ou encore lorsqu'il affirme : « Quant à moi, je dépenserai volontiers, et je me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes » (2 Corinthiens 12, 15). (lire la suite)
Sous cet éclairage, (le bx) Josémaria a souvent rappelé qu'avoir une âme sacerdotale implique d'aimer la Croix, de vouloir répandre dans le monde le feu d'amour que Jésus est venu apporter sur la terre (cf. Luc 12, 49), en nous sachant appelés, en un certain sens, à coracheter avec lui. « D’où la responsabilité apostolique de l’âme sacerdotale, pressée par l’urgence divine, baptismale, de coracheter avec le Christ » (Aimer l'Église). Dans la mesure où chaque homme s'unit au Christ, il participe de sa mision salvifique universelle. Chaque activité du chrétien revêt alors une dimen-sion apostolique, comme l'enseigne le concile Vatican II, par laquelle « tous les hommes participent à la rédemption salvifique, et par eux elle (l'Église) ordonne en vérité le monde entier au Christ » (AA, n° 2).
(Le bx) Josémaria a indiqué le chemin pour éviter le spiritualisme désincarné et le sécularisme fermé à l'esprit, deux écueils qui, (...) menacent de nous faire faire naufrage en nous attirant vers eux. La synthèse des divers aspects que nous avons considérés jusqu'ici se trouve dans le texte suivant : « Unir le travail professionnel à la lutte ascétique et à la contemplation - ce qui peut paraître impossible, mais qui est nécessaire pour contribuer à réconcilier le monde avec Dieu -, et transformer le travail ordinaire en instrument de sanctification personnelle et d'apostolat, n'est-ce pas là un idéal noble et grand, pour lequel il vaut la peine de donner sa vie ? (Instruction 19.03.34, n° 33). Texte auquel l'idée d'unité de vie est sous-jacente.

Arturo Cattaneo, « Alma sacerdotal y mentalidad laical. La relevancia eclesiológica de una expresión del Beato Josemaría Escrivá », Romana 18, n° 34, p. 174.

samedi 1 août 2009

L'âme sacerdotale du chrétien (1)

L'âme sacerdotale du chrétien (1)

L'âme sacerdotale est un principe vital présent en nous, qui nous porte à agir chrétiennement en tout. Saint Josémaria nous exhorte en ces termes : « Si tu agis — si tu vis et travailles — face à Dieu, par amour et par esprit de service, et avec une âme sacerdotale, même si tu n'es pas prêtre, toute ton action s'imprègne d'un sens surnaturel authentique : et voilà qui permet à la vie de rester unie à la source de toutes les grâces » (Forge, n° 369). Dans ce même ordre d'idées, il ajoute qu'« il nous a été donné une nouvelle source d’énergie, une racine puissante, greffée sur le Seigneur » (n° 155). « On comprend ainsi que la Messe soit le centre et la racine de la vie spirituelle du chrétien » (Quand le Christ passe, n° 87).
Il rappelait en ce sens que toules les « tâches civiles, matérielles, (lire la suite) séculières de la vie humaine », « l’immense panorama du travail », « les situations les plus ordinaires », « même ce qui semble le plus prosaïque », tout cela est compris dans « un mouvement ascendant que le Saint-Esprit, partout présent en nos cœurs, entend provoquer dans le monde : à partir de la terre, jusqu’à la gloire du Seigneur », mouvement ascendant qui tend à « récapituler toute chose dans le Christ » (Ep 1, 10). Par son âme sacerdotale, le chrétien se trouve donc appelé à sanctifier le travail, à se sanctifier dans le travail et à sanctifier les autres à partir de son travail. Toute son existence se transforme ainsi en prière et en apostolat.

Cf. Arturo Cattaneo, « Alma sacerdotal y mentalidad laical. La relevancia eclesiológica de una expresión del Beato Josemaría Escrivá », Romana 18, n° 34, p. 172.