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samedi 30 mai 2015

Sainte Jeanne d'Arc

Sainte Jeanne d'Arc

En ce jour de la fête liturgique de sainte Jeanne d'Arc, la lecture proposée du livre de la Sagesse est particulièrement bien adaptée à la personnaité de Jeanne et à ses exploits : "J’ai donc résolu d’amener la Sagesse à partager ma vie, car je savais qu’elle serait ma conseillère pour bien agir, mon réconfort dans les soucis et la tristesse. Grâce à elle, j’aurai la gloire auprès des foules, et l’honneur auprès des anciens, malgré ma jeunesse. Au tribunal, on reconnaîtra ma perspicacité ; devant moi les puissants seront dans l’admiration. Si je me tais, ils attendront ; si je parle, ils prêteront l’oreille ; si je prolonge mon discours, ils se garderont de m’interrompre. Grâce à la Sagesse, j’aurai l’immortalité, je laisserai à la postérité un souvenir éternel. Je dirigerai des peuples, et des nations me seront soumises. S’ils entendent parler de moi, des souverains redoutables prendront peur. Je montrerai ma valeur dans l’assemblée du peuple, et ma bravoure à la guerre" (Sagesse 8, 9-15).

vendredi 29 mai 2015

Saint Jean (2)

Saint Jean (2)

Jean, qui reposait sa tête contre le Cœur de notre Seigneur, comme il nous le fait savoir lui-même (cf. Jean 13, 23), a ainsi appris à aimer sans retour. Il est le seul à avoir assimilé d’emblée le commandement nouveau de l’amour (cf. Jean 13, 34-35). Et il le vit d’abord envers Marie, dont il a pitié de la douleur. Pour prix de sa fidélité et de son amour tendre et plein de délicatesse envers sa Mère, il se voit confier celle-ci au moment où Jésus remet son âme à son Père. « Près de la croix de Jésus se tenait sa Mère, et la sœur de sa Mère, Marie femme de Clopas, et Marie la Magdaléenne. Jésus alors, voyant sa Mère et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa Mère : ‘femme, voici ton fils.’ Puis il dit au disciple : ‘Voilà ta Mère.’ Et, à partir de ce moment, le disciple la prit chez lui » (Jean 19, 25-27). (lire la suite) Après le testament de la Dernière Cène, c’est le codicille que Jésus y apporte à l’adresse de Jean, et aussi à l’intention de chacun d’entre nous. Jean disposait-il d’un logement à Jérusalem ? Il « était connu du grand prêtre » (Jean 18, 15) et avait ses entrées chez lui, ce qui lui permit de faire entrer Simon-Pierre dans la cour du palais d’Anne (cf. Jean 18, 16). Cela laisse supposer qu’il avait effectivement où habiter dans la Ville Sainte. Cependant, peut-être que, dans un premier temps, ils se sont retrouvés au Cénacle, où les apôtres se sont rassemblés progressivement, le premier moment de terreur passé. Par la suite, Jean restera fidèle à l’engagement contracté en notre nom au Calvaire, et il prendra Marie avec lui dans ses déplacements, entre autres à Éphèse. Il aura même le privilège unique – nous aurions tendance à dire bien mérité – de redonner sous forme sacramentelle le Fils de Dieu à Celle qui l’avait porté neuf mois dans son sein ! Privilège merveilleux et redoutable, qui devait le faire trembler d’émotion à chaque fois ! (fin)

mercredi 27 mai 2015

Saint Jean (1)

Saint Jean (1)

Nous avons contracté une dette de reconnaissance spéciale envers saint Jean. En effet, dès le soir du Jeudi Saint, alors que Jésus est arrêté au jardin de Gethsémani puis transféré chez Anne et Caïphe, Jean reste auprès de Marie, qui se retrouve seule pour la deuxième fois de sa vie. La première se fut quand Jésus la quitta pour aller se faire baptiser par son cousin sur les rives du Jourdain (cf. Luc 3, 21-22). Il a sans doute expliqué alors à sa Mère ce qu’il allait faire, la longue retraite et le jeûne de quarante jours qu’il comptait suivre dans le désert (cf. Luc 4, 1-13) avant de commencer son ministère public. Nous pouvons imaginer que Marie a fait de son côté (lire la suite) une retraite de la même durée, unissant sa prière à celle de son divin Fils, et demandant au Père tout ce que Jésus lui demandait, lui présentant tous les besoins de tous les hommes, les nôtres aussi. Mais cette solitude, une solitude toute relative, parce qu’une âme sainte n’est jamais seule, mais reste unie à Dieu par les liens de la foi, de l’espérance et de la charité, ce qui était éminemment le cas de Notre Dame. Cette solitude relative n’a pas duré longtemps, car Jésus venait à peine d’engager sa prédication et de se gagner ses premiers disciples, parmi lesquels figurait précisément Jean, jusque-là disciple de Jean-Baptiste (cf. Jean 1, 35-37), « il y eut des noces à Cana de Galilée, et la Mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples » (Jean 2, 1-2). Nous supputons aisément qu’à compter de ce jour, Marie n’a plus quitté son Fils et qu’avec les saintes femmes, qui ne vont pas tarder à le suivre et dont plus d’une sont de sa parenté proche (cf. Luc 8, 2-3), elle assurera l’intendance du groupe fluctuant, mais constant, qui accompagne notre Seigneur sur les routes de Palestine. Cette aventure sainte touche à son terme toutefois quand Jésus lui est arraché par le prince des prêtres pour être traduit en jugement, dans un simulacre de jugement serait-il plus exact de dire, et, elle le soupçonne, elle le sait bien en réalité, être mis à mort. Elle a bien compris, elle, qu’il doit mourir. Mais aussi qu’il ressuscitera au troisième jour. Jean reste donc auprès d’elle au cours de ces heures douloureuses entre toutes. Je ne reviens pas sur ce que j’ai écrit à ce sujet dans Vivre la Passion avec ses acteurs (éd. Parole et Silence). (à suivre…)

vendredi 22 mai 2015

Le Psaume 2 (15)

Le Psaume 2 (15)

L’auteur sacré nous presse de nous placer sous la juridiction paternelle de Dieu sans tarder. « Apprehendite » signifie l’impatience de s’emparer du royaume de Dieu, la hâte, le zèle à apporter à cette conquête : « Le royaume de Dieu souffre violence, les violents s’en emparent » (Luc 16, 16). Saint Paul écrira qu’il court pour saisir : « Ce n’est pas que j’aie déjà atteint le but ou que je sois parvenu déjà à la perfection ; je cours après pour le saisir, parce que j’ai été saisi moi-même par le Christ Jésus » (Philippiens 3, 12). Dieu a saisi l’homme par l’Incarnation et, à notre tour, nous devons nous hâter de saisir Dieu, dira saint Hilaire de Poitiers. (lire la suite) La promesse de la royauté s’est accomplie en notre Seigneur, comme les apôtres l’affirment dans leur prédication : « Nous aussi, nous vous en faisons l’heureuse annonce : la promesse faite à nos pères, Dieu l’a remplie pour nous, ses enfants, en ressuscitant Jésus, suivant ce qui est écrit au psaume second : ‘Tu es mon Fils ; c’est moi qui t’engendre aujourd’hui’ » (Actes 13, 32-33). Saint Hilaire de Poitiers s’appuie sur ce texte, qu’il met en lien avec la déclaration de notre Seigneur une fois ressuscité, disant : « Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre » (Matthieu 28, 18). « Par les mots ‘m’est donné’, il indique qu’il avait sollicité ce qu’il a obtenu » (st Hilaire de Poitiers, Commentaire sur le psaume 2, 30). Savoir que nous avons été reliés à Jésus-Christ comme une partie de cet héritage parmi tous les peuples… Cela n’a rien de banal. C’est là un très grand titre, un honneur incommensurable, une terrible responsabilité aussi, qui demande que nous vivions dans le Christ et avec le Christ, afin d’être en tous lieux, « à temps et à contre temps » (2 Timothée 4, 2) comme l’écrit saint Paul, les témoins assurés de la foi dont nous avons hérité, non pour la mettre sous le boisseau (cf. Matthieu 5, 15), mais pour la proclamer sur tous les toits (cf. Luc 12, 3), afin que la lumière de la vérité brille « aux yeux des hommes, pour qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5, 16). (fin)

mercredi 20 mai 2015

Le Psaume 2 (14)

Le Psaume 2 (14)

D’où la suite de l’annonce : « Et maintenant, rois, devenez sages ; prenez une leçon, juges de la terre. Servez le Seigneur avec crainte, et tressaillez de joie pour lui ! » (Psaume 2, 10-11). Nous sommes devenus des « rois », parce que nous régnons avec le Christ : « Le royaume de Dieu est parmi vous » (Luc 17, 21). Nous savons ainsi tout le mystère de la volonté de Dieu, dit saint Hilaire. « Exultez de ce que le Seigneur est ressuscité, mais en tremblant de ce que la terre a tremblé et de ce que l’ange vous est apparu comme l’éclair » (saint Cyrille de Jérusalem, Catecheses 14, 1). Et sans hésiter, car « tout homme qui hésite sur sa foi sera difficilement sauvé » (Pasteur d’Hermas). (lire la suite) « En tremblant », c’est ce qu’ajoute le psalmiste : « En tremblant, rendez-lui hommage, apprehendite disciplinam, de peur qu’il ne s’irrite et que vous ne périssiez hors de la voie, car sa colère s’enflamme vite. Heureux tous ceux qui mettent en lui leur confiance ! » (Psaume 2, 12). Nous lui devons une foi et une espérance qui n’admettent pas le moindre doute et qui soient vraiment fermes, stables, inébranlables. « Bienheureux ceux qui se confient dans le Christ ; tout ce psaume parle de lui. La foi en lui couronne les bonnes œuvres du psaume 1 et complète la « béatitude ». Les Hébreux disent que psaume 1 et psaume 2 n’en font qu’un. Pour Eusèbe la peine du péché est appelée « fureur » et « colère ». Bientôt, à la fin de cette vie, ceux qui donnent leur foi au Christ se trouveront bienheureux. Le psaume 2 ajoute les indications qui manquaient au premier : il ne suffit pas de s’écarter du péché et de méditer la Loi de Dieu, il faut donner sa foi au Christ et entrer dans son héritage. Le psaume 1 déclarait bienheureux un seul homme ; le Psaume 2 annonce la béatitude pour tous les hommes, à condition qu’ils mettent leur confiance dans Celui-là » (Pitra, Analecta Sacra spicilegio Solesmensi parata 3). Encore faut-il que l’homme accepte volontiers de suivre la Volonté de Dieu et s’empresse d’y adhérer de toutes ses forces, mais en recourant toujours à l’aide de la grâce divine. autrement, comme saint Augustin l’explique avec sa clarté habituelle : « Qu’il vienne à manquer [le secours de Dieu], et tu ne pourras sans nul doute rien faire de bien. Privé de son secours, et par ta volonté libre, tu agis sans doute, mais mal. Voilà à quoi aboutit ta volonté ; on l’appelle libre, mais en agissant mal, elle devient mauvaise servante. Et quand je dis que sans l’aide divine tu ne peux rien faire, j’entends rien de bon, car pour mal faire, ta volonté libre en est toujours capable sans le secours de Dieu, bien qu’elle ne jouisse plus alors de la vraie liberté : « Car on est esclave de celui par qui on s’est laissé vaincre » (2 Pierre 2, 19). « Et si le Fils de Dieu vous délivre, alors vous serez vraiment libres » (Jean 8, 34-36) » (st Augustin, Sermo 156, 12). (à suivre…)

lundi 18 mai 2015

Le Psaume 2 (13)

Le Psaume 2 (13)

Le Seigneur n’est pas un maître inique, mais la Bonté même, comme le prouve l’Amour qu’il a eu pour nous « jusqu’au bout » (Jean 13, 1), qu’il nous manifeste en réalité de façon permanente. « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jean 3, 17). En même temps Dieu nous associe à son pouvoir : « Recevez l’Esprit Saint » (Jean 20, 22). Ce sont les saints, et nous nous souvenons de ce que les premiers chrétiens se qualifiaient ainsi (cf. Philippiens 4, 21-22), « que l’on doit comprendre comme étant les ‘juges de la terre’, eux dont la foi et la vie sont un jugement rendu aux infidèles et aux injustes. Cela, le Seigneur le montre (lire la suite) dans les Évangiles lorsqu’il dit : ‘Les hommes de Ninive se dresseront lors du jugement avec cette génération, et ils la condamneront, car ils se sont convertis à la prédication de Jonas ; et il y a ici beaucoup plus que Jonas. La Reine du Midi se lèvera lors du jugement avec cette génération et elle la condamnera, car elle vint des extrémités de la terre pour écouter la Sagesse de Salomon ; et il y a ici plus que Salomon’ (Mt 12, 41-42). Tels seront les juges de la terre dont le rapport à la foi et à la crainte envers Dieu est une condamnation pour les impénitents et les impies » (st Hilaire de Poitiers, Commentaire au psaume 2, 44). Le Christ n’a pas demandé un héritage pour le briser et le massacrer ; le psalmiste fait allusion à Jérémie 18, 4 : « Quand le vase qu’il faisait était manqué, le potier reprenait l’argile dans la main et faisait un autre vase, comme il paraissait bon aux yeux du potier de le faire. » Le Christ fera comme ce potier qui lorsque son vase tombe se hâte de le refaçonner. Tout aussi facilement, Dieu refait son vase « de la manière qui plaît à ses yeux ». Nous, « vases du potier », nous mourons avec le Christ, et renaissons avec lui sous une forme nouvelle qui plaît à Dieu. Nous renaissons par le baptême dans la condition d’enfants de Dieu aptes à entrer au royaume. « Nous nous réjouissons d’être fracassés ‘comme vase de potier’, soit maintenant, soit alors, afin que, maintenant, à la manière du ‘vase de potier’, morts avec le Seigneur et ensevelis avec lui dans le baptême, nous marchions en nouveauté de vie, et que nous renaissions dans l’homme nouveau du Christ, ayant déposé l’ancien ; et qu’alors, par ce progrès en nouveauté de vie bienheureuse, nous soyons transformés selon la forme de la restauration renouvelée qui plaît à Dieu » (st Hilaire de Poitiers, Commentaire au psaume 2, 41). Ce pouvoir sur les nations, Dieu l’accorde non seulement à ses apôtres, qui reçoivent la force de l’Esprit Saint (cf. Actes 1, 8), mais à nous tous, qui sommes aussi disciples du Christ et avons vocation à poursuivre sa mission évangélisatrice. « À celui qui sera vainqueur et qui mettra mes œuvres en pratique jusqu’à la fin, « je donnerai le pouvoir sur les gentils pour les gouverner avec une houlette de fer, comme on brise les vases de terre » (Psaume 2, 8-9), ainsi que je l’ai reçu moi-même de mon Père ? Je lui donnerai aussi l’étoile du matin » (Apocalypse 2, 26-28). (à suivre…)

samedi 16 mai 2015

Le Psaume 2 (12)

Le Psaume 2 (12)

En tant qu’homme, le Christ est constitué héritier de toutes choses. Ne le reconnaît-il pas lui-même : « Je t’ai fait connaître à ceux des hommes que tu as pris du monde pour me les donner. Ils étaient tiens, tu me les as donnés » (Jean 17, 6) ? Comme le souligne Eusèbe de Césarée, « alors que le psaume 1 annonçait la béatitude d’un seul, le Christ, le psaume 2 appelle toute la multitude à la béatitude. Il annonce la vocation des gentils et invite au salut tous les royaumes de la terre. Il prophétise que tous ces biens viendront par le Christ. Après nous avoir expliqué les deux voies, le psalmiste déclare : C’est par la foi en lui, que tous les hommes entreront dans la voie du salut ». (lire la suite) Par cette annonce de nous donner les nations pour héritage, « on ne nous promet plus une terre où coulent le lait et le miel, ni une longue vie, ni une foule d’enfants, ni du blé, ni du vin, ni des troupeaux de gros bétail ou de petit bétail, mais le ciel et les biens du ciel : la filiation divine et la fraternité avec le Fils, et d’avoir part à son héritage, d’être avec lui dans la gloire et de régner avec lui » (st Jean Chrysostome, In Matthæum homiliæ 16, 5). Le Dieu Tout-Puissant dit au Messie : « Tu les régiras avec une houlette, ou une verge, de fer ; comme le vase du potier tu les mettras en pièces » (Psaume 2, 9). Le Christ paîtra ses brebis d’un bâton pastoral, dit Eusèbe de Césarée, mais pour les rebelles avec une verge de fer. Il ne les casse pas pour les perdre, dit-il, mais pour les re-former, tout comme le potier qui sauve son matériau en le re-formant avant de le livrer au feu : « Maison d’Israël, ne pourrai-je vous refaire, comme le potier ? » (Jérémie 18, 6). Dieu agit ainsi en vertu de sa puissance : « Avec sa verge de fer – sa puissance éternelle – il brise l’argile terrestre, et fait passer ses sujets à l’incorruptibilité » (st Grégoire de Nysse, tractatus. 2 super Psalmos, c. 7). La Providence se sert de causes secondes pour faire aboutir ses projets. Cette « verge de fer » est, pour Cyrille de Jérusalem, la puissance romaine occupante (cf. Catecheses 13, 12). Quant à saint Hilaire de Poitiers, il fait remarquer que « ce terme ‘régiras’ n’est pas en lui-même de teneur tyrannique et injuste, mais il indique une conduite rationnelle suscitée par un jugement de modération et d’équité, alors que la spécificité du terme grec rapporte, de la part de celui qui régit, un mouvement de l’âme plus modéré. Ce qui pour nous se lit ‘tu les régiras’, se traduit pour les Grecs : ‘Tu les feras paître’, c’est-à-dire tu les régiras pastoralement, pastoraliter reges (poimaneis), à savoir que le soin de devoir les régir procédera d’un mouvement affectueux de l’âme du pasteur. Il est lui-même le Bon Pasteur en effet, celui dont nous sommes les brebis (cf. Jean 10, 11) et pour lesquelles il a déposé sa vie » (st Hilaire de Poitiers, Commentaire au psaume 2, 35). (à suivre…)

jeudi 14 mai 2015

Le Psaume 2 (11)

Le Psaume 2 (11)

Fallait-il que le prince des démons, Lucifer, se méprenne pleinement sur la qualité de Jésus pour oser lui proposer un tel marchandage ! Peut-être essayait-il par-là de percer le mystère qui, il le sentait bien, entourait ce personnage, pour lui énigmatique. Mais il est des choses, des vérités essentielles, qui restent cachées « à ceux qui ont la science et l’entendement » et qui ne sont révélées qu’« aux tout petits » (Matthieu 11, 25), aux simples, tels les bergers de la Nativité et les Mages de l’Épiphanie, car « ce qui est fou pour le monde, c’est ce que Dieu a choisi pour la confusion des sages ; et ce qui est faiblesse pour le monde, c’est ce que Dieu a choisi pour la confusion de la force ; (lire la suite) et ce qui pour le monde est sans naissance et méprisable, c’est ce que Dieu a choisi ; il a choisi ce qui n’est pas, pour réduire à néant ce qui est » (1 Corinthiens 1, 27-28). Les autres ignoreront ces choses cachées tant qu’elles ne viendront pas au grand jour. Voilà donc que se manifeste Celui dont Dieu dit : « Je [t’]ai tiré des extrémités de la terre et je [t’]ai appelé de ses lointaines régions pour te dire : ‘Tu es mon serviteur, je t’ai élu et je ne t’ai pas dédaigné’ » (Isaïe 41, 9). C’est pourquoi tu peux me demander la possession de toutes les nations, elle t’est acquise, elle te revient de droit, car tu es « Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père à jamais, Prince de la paix » (Isaïe 9, 5). Cette promesse, le Seigneur nous l’adresse à nous aussi, car il veut que nous coopérions avec lui ni plus ni moins qu’à transformer le monde entier. La cohérence qui nous est demandée veut qu'il y ait plein accord, harmonie totale entre ce que nous pensons et croyons et ce que nous disons et faisons. Bien évidemment, nous rencontrons par moment des difficultés à y arriver. Pourtant, notre vocation nous apporte toujours toutes les grâces dont nous avons besoin. À aucun moment nous ne pouvons dire qu’il ne nous est pas possible d’y arriver. Parce que cela reviendrait à dire que nous ne pouvons pas vivre en enfant de Dieu. Or il nous a dit clairement : Dabo tibi gentes hereditatem terræ (Psaume 2, 8). Le monde nous appartient donc. Ou plus exactement il appartient à Dieu, mais nous sommes chargés de le lui reconduire : d’instaurare omnia in Christo, de tout rassembler dans le Christ (Éphésiens 1, 10), toutes choses, « celles qui sont sur la terre, comme celles qui sont dans les cieux, en établissant la paix par le sang de sa croix, par lui » (Colossiens 1, 20). Comment ? Par la sainteté de notre vie de chaque instant. En cherchant à rendre gloire à Dieu en toute chose. Et comment lui rendons-nous cette gloire constante ? En accomplissant la volonté de Dieu. Et quelle est donc cette Volonté divine envers nous ? Hæc est enim voluntas Dei : sanctificatio vestra (1 Thessaloniciens 4, 3). (à suivre…)

mardi 12 mai 2015

Le Psaume 2 (10)

Le Psaume 2 (10)

Ce fils aujourd’hui engendré, c’est chacun de nous aussi. Nous à qui Dieu dit : « Je te saisis par la main » (Isaïe 41, 13 », et ce, « pour terrasser par lui les nations, pour désarmer les reins des rois, pour ouvrir devant lui les portes, et pour rendre libres les entrées » (Isaïe 45, 1). Nous voyons ainsi que Dieu « nous a octroyé toutes sortes de bénédictions spirituelles dans le Christ » (Éphésiens 1, 3). La principale n’est-elle pas, justement, qu’il a fait de nous ses fils, et des enfants de prédilection ? Quelle beauté que la filiation divine ! Et quelle force pour aborder positivement la vie de tous les jours, (lire la suite) pour lui trouver une coloration magnifique ! Grâce à notre Seigneur, à sa mort sur la Croix et à sa Résurrection glorieuse, nous sommes nous aussi devenus enfants de Dieu. « Apprenons de Jésus. Son attitude, qui se refuse à toute gloire humaine, est en parfaite corrélation avec la grandeur d’une mission unique : celle du Fils bien-aimé de Dieu qui s’incarne pour sauver les hommes. Une mission que l’affection du Père a entourée d’une sollicitude toute pleine de tendresse : Filius meus es tu, ego hodie genui te. Postula a me et dabo tibi gentes hereditatem tuam (Ps 2, 7) ; tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. Demande, et je te donne les nations pour héritage » (st Josémaria, Quand le Christ passe, n° 62). Parce que sa nourriture est d’accomplir en tout la Volonté de son Père qui l’a envoyé racheter les hommes de leurs péchés (cf. Matthieu 9, 13), notre Seigneur a acquis tout pouvoir sur le « Cœur » de son Père. C’est pourquoi celui-ci lui lance une invitation : « Demande, et je te donnerai les nations pour héritage, pour domaine les extrémités de la terre » (Psaume 2, 8). Cette promesse n’est pas fallacieuse, contrairement à celle de satan soumettant Jésus à la pression de ses tentations : « L’ayant élevé, il lui montra en un instant tous les royaumes de la terre, et le diable lui dit : ‘Je te donnerai toute cette puissance avec leur gloire, car elle m’a été remise et je la donne à qui je veux. Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi » (Luc 4, 6-7) ! Ici, « demande-moi » ne peut s’appliquer qu’au Sauveur. Selon Rufin d’Aquilée, Dieu dit à son Fils : « Je ne veux pas que les nations me demandent elles-mêmes d’adoption ; mais demande, toi, et je la donnerai. » C’est à toi de décider, à toi d’intercéder en faveur de ce peuple dont je veux en fait le salut. « C’est jusqu’à la jalousie que Dieu désire l’âme qu’il a mise en nous » (Jacques 4, 5), car le Seigneur « est un Dieu jaloux » (Deutéronome 6, 15). (à suivre…)

dimanche 10 mai 2015

Le Psaume 2 (9)

Le Psaume 2 (9)

Le Fils est consubstantiel au Père, c’est-à-dire de même nature que lui. Il est engendré éternellement par lui. « Le Père est incréé, le Fils est incréé, l’Esprit Saint est incréé. […] Le Fils ne provient que du Père : il n’est ni fait, ni créé, mais engendré » (Symbole d’Athanase dit Quicumque). Engendré « aujourd’hui ». « Celui qui sans altération a engendré son Fils la première fois selon la nature, sans altération engendre le même Fils à nouveau selon l’économie. Témoin la parole de David, l’ancêtre de Dieu : ‘Le Seigneur m’a dit : Tu es mon fils ; aujourd’hui je t’ai engendré.’ Or, l’‘aujourd’hui’ n’a point de place dans la génération d’avant les siècles, qui est hors du temps » (st Jean Damascène, Homélie sur la Nativité 3). (lire la suite) « Le Seigneur m’a dit : ‘Tu es mon Fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré’. » « Par ces paroles du psaume 2, soulignait le pape émérite, l’Église commence aujourd’hui la Messe de la veillée de Noël, dans laquelle nous célébrons la naissance de notre Rédempteur Jésus-Christ, dans l’étable de Bethléem. Autrefois, ce psaume appartenait au rituel du couronnement du roi de Juda. Le peuple d’Israël, en raison de son élection, se sentait de façon particulière fils de Dieu, adopté par Dieu. Comme le roi était la personnification de ce peuple, son intronisation était vécue comme un acte solennel d’adoption de la part de Dieu, dans lequel le roi était, en quelque sorte, introduit dans le mystère même de Dieu. Dans la nuit de Bethléem, ces paroles, qui étaient en fait plutôt l’expression d’une espérance qu’une réalité présente, ont pris un sens nouveau et inattendu. L’Enfant dans la crèche est vraiment le Fils de Dieu. Dieu n’est pas solitude éternelle, mais cercle d’amour où il se donne et se redonne dans la réciprocité. Il est Père, Fils et Esprit Saint. Plus encore : en Jésus Christ, le Fils de Dieu, Dieu lui-même s’est fait homme. C’est à Lui que le Père dit : « Tu es mon fils. » L’aujourd’hui éternel de Dieu est descendu dans l’aujourd’hui éphémère du monde et il entraîne notre aujourd’hui passager dans l’aujourd’hui éternel de Dieu. Dieu est si grand qu’il peut se faire petit. Dieu est si puissant qu’il peut se faire faible et venir à notre rencontre comme un enfant sans défense, afin que nous puissions l’aimer. Dieu est bon au point de renoncer à sa splendeur divine et descendre dans l’étable, afin que nous puissions le trouver et pour que, ainsi, sa bonté nous touche aussi, qu’elle se communique à nous et continue à agir par notre intermédiaire. C’est cela Noël : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. » Dieu est devenu l’un de nous, afin que nous puissions être avec Lui, devenir semblables à Lui. Il a choisi comme signe l’Enfant dans la crèche : Il est ainsi. De cette façon nous apprenons à le connaître. Et sur chaque enfant resplendit quelque chose du rayon de cet aujourd’hui, de la proximité de Dieu que nous devons aimer et à laquelle nous devons nous soumettre – sur chaque enfant, même sur celui qui n’est pas encore né » (Benoît XVI, Homélie, 24 décembre 2005). (à suivre…)

vendredi 8 mai 2015

Le Psaume 2 (8)

Le Psaume 2 (8)

Et comme le règne du Messie Sauveur est, par nature et par principe, un règne éternel, tous les rois, c’est-à-dire tous les puissants de la terre, toutes les autorités humaines, « tous les empires le serviront et lui obéiront » Daniel 7, 27). Ils n’y échapperont pas, tôt ou tard, au moment décidé par Dieu, car, de toute façon, qu’ils le veuillent ou pas, Dieu fait tout converger vers le bien de ceux qui l’aiment (cf. Romains 8, 28). De tout Dieu tire du bien, même si cela ne nous apparaît pas à première vue, car nous nous focalisons rapidement sur le mal souvent très visible et (lire la suite) nous ne nous rendons pas compte de la somme de biens spirituels, d’ordinaire cachés, qui se produisent partout continuellement. Le bien ne fait pas de bruit et ne cherche pas à recueillir l’approbation, si fluctuante, des hommes. Il n’est pas moins vainqueur du monde. Cette royauté, Dieu la confie à son Fils, ainsi « constitué Médiateur par le Père, comme le dit le psalmiste au psaume 2 » (st Cyrille d’Alexandrie, Sur Jean, livre 3, c. 3). Elle lui revient d’ailleurs de plein droit, puisqu’il a sauvé le monde du désastre annoncé. « Je publierai le décret : le Seigneur m’a dit: Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui » (Psaume 2, 7). Par « mon Fils », il est question de la génération éternelle, comme le relève Eusèbe de Césarée : « Comparez ce qui est dit en son nom encore dans les Proverbes : ‘Avant que les montagnes ne fussent affermies et que les collines ne s’élevassent, il m’a engendré’ (Pr 8, 25) » (Démonstration évangélique 5, 16) ; tandis que « aujourd’hui » parle de l’Incarnation, pour que celui qui était au sens propre le Fils montre aux hommes la route de l’adoption et du royaume. Cet aujourd’hui est l’éternel aujourd’hui de Dieu qui, dans une seule et même décision arrête de créer l’humanité et le monde matériel où il est appelé à vivre, et de la tirer de la situation désastreuse dans laquelle elle est tombée quand nos premiers parents ont fauté. En effet, « dans le texte saint il arrive assez souvent que le verbe qui marque l’action éternelle peut sembler ainsi au passé : ce n’est pas au passé, c’est au parfait ; c’est une action qui de toujours est achevée. « Ego hodie genui te, Moi éternellement je t’ai parfaitement engendré » (D.-J. Lallement, Dociles à l’Esprit qui scrute les profondeurs de Dieu, Paris, Téqui, 1996, p. 55). Nous avons été rachetés de nos péchés une fois pour toutes, par l’œuvre décisive et définitive de la Croix. (à suivre…)

mercredi 6 mai 2015

Le Psaume 2 (7)

Le Psaume 2 (7)

Le royaume de Dieu produit « charité, joie, paix, longanimité, mansuétude, bonté, fidélité, douceur, tempérance » (Galates 5, 22-23). Nous avons été prévenus que « celui qui refuse de croire au Fils ne verra pas la Vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3, 36). « Voici que du ciel, en effet, se révèle la colère de Dieu contre toute impiété et contre toute injustice des hommes qui détiennent la vérité captive de l’injustice » (Romains 1, 18). Et Dieu sait, de nos jours, si la vérité est soigneusement cachée, bâillonnée, interdite d’antenne, poursuivie… ! En présence de cet état de fait, (lire la suite)c’est bien vers la montagne sainte que nous devons nous diriger : « Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, et du chœur des myriades d’anges, et de l’assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux, et d’un juge qui est le Dieu de tous, et des esprits des justes parvenus à la perfection, et du médiateur de la nouvelle alliance, Jésus, et du sang de l’aspersion qui parle plus haut que celui d’Abel » (Hébreux 12, 22-24). La royauté du Messie, proclamée partout dans le Nouveau Testament, est attestée aussi par David : « Oracle du Tout-Puissant à mon Seigneur : ‘Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds. Le Seigneur étendra de Sion le sceptre de ta puissance : domine au milieu de tes ennemis ! » (Psaume 110, 1-2). Et de fait, lui, « après avoir offert un sacrifice unique pour le péché, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu » (Hébreux 10, 12). Cette royauté, ils l’ont reconnue, même si c’était pour tourner le Sauveur en dérision. Les soldats de la cohorte romaine, « après lui avoir retiré ses vêtements, ils jetèrent sur lui une chlamyde rouge, tressèrent une couronne avec des épines et la lui posèrent sur al tête, avec un roseau dans la main droite. Et fléchissant le genou devant lui, ils le tournaient en dérision, disant : ‘salut, roi des Juifs !’ Et ils lui crachaient aussi dessus et, prenant le roseau, ils le frappaient à la tête » (Matthieu 27, 28-30). « De la pourpre des rois terrestres ils prirent un pan, et l’imposèrent au Fils du Roi. En ceci ils prophétisaient, et Caïphe aussi. Ils trahirent le Royaume, mais malgré eux saluèrent le Roi. Voulant lui arracher son règne, ils lui en ajoutèrent un autre. Car il est le Roi des rois, et tous les princes lui apportent un tribut » (Éphrem le syrien, Hymne). (à suivre…)

lundi 4 mai 2015

Le Psaume 2 (6)

Le Psaume 2 (6)

Nous sommes de l’Église et avec l’Église, ce qu’il y a de permanent puisque éternel : « Les portes de l’Hadès ne l’emporteront pas sur elle » (Matthieu 16, 18). C’est une promesse sur laquelle Dieu ne reviendra jamais, nous en avons la pleine assurance. L’histoire des vingt siècles de christianisme est là pour le prouver de façon éclatante à l’encontre de toutes les entreprises de démolition de l’Église qui n’ont pas manqué, et qui resurgissent régulièrement de la part de gens proprement aveuglés par leur haine de Dieu, par les œillères qu’ils se mettent eux-mêmes et qui les empêchent de voir la vérité en face. Et comme ils ne veulent pas venir à résipiscence,(lire la suite) ils ne pensent pas le moins du monde à se déjuger, le Seigneur « leur parle dans sa colère et dans sa fureur il les épouvante » (Psaume 2, 5). Pour Eusèbe de Césarée, sa colère est le temps du jugement, ce jugement à venir, d’abord en particulier quand chacun meurt et se retrouve face à face avec le Dieu trinitaire dont il devra bien à ce moment-là reconnaître l’existence et la majesté ; puis à la fin des temps quand toute l’histoire sera récapitulée et que le Fils de l’homme venant dans sa gloire, escorté de tous les anges, « rendra à chacun selon ses œuvres » (Matthieu 16, 27). Or, « c’est chose effroyable que de tomber entre les mains du Dieu vivant » (Hébreux 10, 31). Car, déclare le Tout-Puissant, « quand j’affilerai mon glaive fulgurant et que ma main saisira le jugement, je tirerai vengeance de mes ennemis, et je paierai de retour ceux qui me haïssent. […] Le Seigneur tire vengeance de ses adversaires, et il fait l’expiation pour la terre de son peuple » (Deutéronome 32, 41.43). Cela n’est pas dit en l’air. La menace est bien réelle. Que restera-t-il de toute la puissance dont les gouvernants ont si mal usé ? « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande, elle qui a abreuvé toutes les nations du vin de son impudicité » (Apocalypse 14, 8). Elle est balayée, « et moi, j’ai établi mon roi sur Sion, sur ma montagne sainte » (Psaume 2, 6), ce roi dont précisément, poussés par l’exemple pitoyable de leurs responsables politiques, les nations crient : « Nous ne voulons pas qu’il règne sur nous » (Luc 19, 14). « Il est venu chez lui [au milieu de son peuple, de ce peuple qu’il s’était choisi de longue date et qu’il avait pourtant préparé par ses prophètes], et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1, 11). Eh bien ! Si, justement, il règnera, « et son règne n’aura pas de fin » (Luc 1, 33), contrairement à celui des autorités d’ici-bas. Au Messie il « fut donné souveraineté, gloire et règne : tous peuples, nations et langues le servent. Son empire est un empire éternel qui ne passera pas et son règne ne sera jamais supprimé » (Daniel 7, 14). Et ce royaume de Dieu, il ne se trouve ni dans « le manger et le boire [ni dans le sexe, le pouvoir, l’argent, la réussite matérielle et les acclamations frénétiques des peuples serviles] : il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Romains 14, 17). (à suivre…)

samedi 2 mai 2015

Le Psaume 2 (5)

Le Psaume 2 (5)

Tous ces potentats peuvent bien dire, à l’encontre de Dieu le Père et à l’encontre de Dieu le Fils, « brisons leurs entraves, et jetons loin de nous leurs chaînes » (Psaume 2, 3), ils ne s’en affranchiront que pour tomber dans un véritable esclavage, autrement asservissant et lourd, celui du démon. Mais à ce qu’il semble, ils le préfèrent à la liberté qui vient de Dieu. ils ignorent que « c’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés » (Galates 5, 1) des entraves du péché. Pour Eusèbe de Césarée, les liens et le joug dont il est question ici seraient ceux imposés par les rois, ce qui reviendrait à dire : « Rompons les liens des païens, rejetons le joug de ces peuples qui forment de vains projets. » Pour Origène, ce serait le Fils qui dirait aux anges : « Rompons leurs liens de méchanceté, ensuite ils porteront le joug suave. »(lire la suite) Peut-être que ceux qui dominent le monde et lui imposent leurs lois, souvent, habituellement même, en contradiction avec les droits de Dieu, en arrivent parfois à se rendre compte tardivement que les commandements du Seigneur ne sont pas écrasants (cf. 1 Pierre 5, 2). Mais ils sont alors incapables de faire marche arrière, de renier leurs engagements temporels qui leur valent une apparence de puissance, la servilité et l’adulation des peuples dont ils formatent et déforment l’esprit grâce au contrôle et à la manipulation de la vérité, mais qui ne les suivent qu’autant qu’ils restent puissants à leurs yeux : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour [l’appréciation de l’opinion publique] vous rendront blanc ou noir (La Fontaine, Les animaux malades de la peste). Encore une fois, « pourquoi les nations s’agitent-elles en tumultes ? » (Ps 2, 1). Parce que leurs gouvernants les y poussent, y trouvant leur profit, provisoire et limité dans le temps. Ils reçoivent leurs biens, leur richesse, durant leur vie (cf. Luc 16, 25), pour tout ce qu’ils ont pu accomplir correctement. Mais après, ils seront « refoulés dans les ténèbres du dehors » (Matthieu 8, 12) où les attendent « les pleurs et les grincements de dents » (Matthieu 25, 30), et ce, pour l’éternité, sans rémission possible. Nous n’avons pas à nous inquiéter outre mesure de leurs succès, qui ne sont que provisoires, puisque le pouvoir qu’ils détiennent leur est octroyé par Dieu, comme Jésus l’explique à Pilate : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut » (Jean 19, 11). Méfions-nous d’eux et craignons-les toutefois s’ils peuvent faire périr notre âme avec notre corps dans le feu infernal (cf. Matthieu 11, 28). Mais eux, ils n’ont qu’un temps, leurs jours sont comptés. Ils quittent ce monde les uns après les autres, alors que nous restons, revêtus de l’immortalité (cf. 1 Corinthiens 15, 54). (à suivre…)

vendredi 1 mai 2015

Philippe Oswald et le Dictionnaire encyclopédique de Marie

Philippe Oswald et le Dictionnaire encyclopédique de Marie

Dans le commentaire du Dictionnaire encyclopédique de Marie, paru chez Desclée de Brouwer le 2 avril 2015, Philippe Oswald écrit sur Aleteia : "Vous allez adorer – pardon, vénérer ! – le Dictionnaire encyclopédique de Marie. [...] Une cathédrale ! On y entre, comme dans tout dictionnaire, par n’importe quelle porte et l’on s’y promène, de trouvaille en trouvaille, de ravissement en ravissement, en ne souhaitant qu’une chose : ne plus en sortir." Il souligne plus loin que le Dictionnaire encyclopédique de Marie "permet de parcourir une véritable « géographie » de la présence mariale sur deux millénaires et cinq continents, mais encore un large éventail de disciplines". Après avoir évoqué la préface du cardinal Barbarin, il ajoute que "toutes les occasions sont bonnes pour s’émerveiller : les sanctuaires, oratoires, chapelles, ermitages, églises, collégiales, basiliques, cathédrales placés sous un vocable marial, les chefs-d’œuvre de sculpture, de mosaïque, de peinture, de littérature qu’elle a inspirés, les poèmes comme les traités théologiques qui lui sont dédiés, sans oublier la musique et le cinéma le plus contemporain, et jusqu’aux endroits les plus improbables", ces « ténébreux tréfonds » [qu'évoque Didier Decoin, de l'académie Goncourt, dans la quatrième de couverture] que sont Notre-Dame des houillères de Ronchamp, ou la fosse Notre-Dame de la Compagnie des mines d’Aniche, que vient visiter et éclairer « l’Étoile du matin ». Oui, a-t-on envie de chanter en virevoltant d’entrée en entrée (il y en a 6 500 !), « Reste avec nous, Marie », toi dont le « oui » a fait entrer Dieu dans le monde, toi dont l’humilité a terrassé Lucifer. D'autre part, Philippe Oswald est d'avis que l'on "peut déjà prédire sans risque d’être démenti que ce Dictionnaire encyclopédique de Marie, qui "s’adresse aux amateurs, au sens véritable et profond de ce terme, comme aux spécialistes des diverses disciplines mobilisées par cette somme théologique et artistique de culture mariale", "deviendra un « classique », un fleuron incontournable et indémodable, usé à force d’être consulté, de toute bonne bibliothèque". Bonne lecture en ce mois de Marie qu'est le mois de mai (on verra l'origine de cette dévotion à la notice correspondante).

jeudi 30 avril 2015

Chrétiens d'Orient

Chrétiens d'Orient

Alors que nos frères chrétiens font l'objet de persécutions de plus en plus prononcées, il n'est aps inutile de rappeler l'action de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, qui aide moralement et financièrement à ceux de Terre Sainte. L'on pourra lire à ce sujet mon ouvrage sur l'Ordre. Cet ouvrage, abondamment illustré, décrit la présence des chrétiens en Terre Sainte, l'action de l'Ordre du Saint-Sépulcre pour ocnforter la présence chrétienne, le Saint-Sépulcre, l'histoire de l'Ordre, sa spiritualité, sa structure, sa présence en France.

mercredi 29 avril 2015

Le Psaume 2 (4)

Le Psaume 2 (4)/h4> Qui pourrait développer, qui pourrait célébrer dignement combien nous sommes redevables à la Passion du Sauveur, qui a versé son sang pour la rémission des péchés ? Toutefois ces biens immenses ont eu pour instrument la malice du démon, la malice des Juifs, la malice, du traître Judas. Et ce n'est pas à eux qu'on doit rendre hommage du bien que Dieu, et non pas eux, a voulu par eux faire aux hommes ; au contraire ils sont justement tourmentés pour avoir voulu leur nuire. Si ce fait que nous citons prouve avec éclat comment Dieu a fait servir à notre rédemption et à notre salut les crimes mêmes des juifs et du traître Judas » (st Augustin, Sermo 214, 3, Explication du Symbole 3).(lire la suite) Alors nous comprenons que « celui qui trône dans les cieux, le Seigneur, se moque d’eux » (Psaume 2, 4). Il se gausse d’eux parce qu’il les a roulés dans la farine, et ils ne s’en sont pas encore rendu compte. Il se rit d’eux parce que toutes leurs entreprises sont vouées à l’échec, malgré des succès apparents, parfois spectaculaires, mais qui ne sortent pas du cadre de notre univers limité et matériel. Il s’amuse, car il se sert d’eux volens nolens, réorientant toujours tout, au moins in extremis, de sorte que les actions des hommes coopèrent à l’accomplissement de sa Volonté. « Celui qui trône dans les cieux se rit, le Seigneur se moque d’eux » (Psaume 2, 4), et il a tout lieu de le faire. Celui qui est assis sur le trône a « l’aspect d’une pierre de jaspe et de sardoine, et un arc-en-ciel à l’entour du trône avait l’aspect de l’émeraude » (Apocalypse 4, 3). Et voici que « du trône partaient des éclairs, des voix et des coups de tonnerre » (Apocalypse 4, 5). Et « autour du trône », du trône principal, celui de l’Agneau sans tache, « étaient vingt-quatre trônes, et sur ces trônes étaient assis vingt-quatre vieillards » (Apocalypse 4, 4), représentant les deux Alliances, l’Ancienne et la Nouvelle, éternellement réunies pour chanter la gloire de Dieu. « Les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant Celui qui est assis sur le trône et adorèrent Celui qui vit pour les siècles des siècles, et jettent leurs couronnes devant le trône, en disant : ‘Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, car c’est toi qui as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles ont l’existence et ont été créées’ » (Apocalypse 4, 10-11). Or, c’est ce que refusent de faire les puissants de la terre qui, suprême folie, « tiennent conseil ensemble contre le Seigneur et contre son Oint » (Psaume 2, 2). « Mais toi, Seigneur, tu te ris d’eux, tu te moques de toutes les nations » (Psaume 59, 9), qui ne subsistent que par toi et qui, sans toi, ne seraient rien et auraient depuis longtemps disparu de la surface de notre globe, comme Sodome et Gomorrhe rayées définitivement de la carte pour leurs forfaits ignobles. « Tu te moques des rois, et les princes sont ta risée ; tu te ris de toutes les forteresses, tu entasses la poussière et tu les prends », constate le prophète (Habacuc 1, 10). Elles s’effondrent sans coup férir, comme jadis les murailles de Jéricho au son des trompettes du peuple élu… (à suivre…)

mardi 28 avril 2015

Dictionnaire encyclopédique de Marie

Dictionnaire encyclopédique de Marie

Vous pouvez écouter une présentation sur Radio Espérance. Vous trouverez également deux pages dans le numéro de Famille chrétienne du 2 au 8 mai 2015. Rappel

lundi 27 avril 2015

Le Psaume 2 (3)

Le Psaume 2 (3)

Nous ne pouvons pas oublier que le mal est présent parmi nous depuis les origines de l’humanité. « C’est un ennemi qui a fait cela », dit le Seigneur (Matthieu 13, 28). Parce qu’il est très actif dans la société cet ennemi de Dieu, ayant cependant échoué à anéantir l’Enfant mis au monde par la Femme, « il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui » (Apocalypse 12, 9), et, « plein de fureur comme la Femme, s’en alla faire la guerre contre les autres de ses descendants, contre ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui détiennent le témoignage de Jésus » (Apocalypse 12, 17), dont le front est marqué du sceau de Dieu (cf. Apocalypse 7, 3). Il a ses anges avec lui, et ses anges (lire la suite) – les puissances démoniaques – sont légion (cf. Marc 5, 9). Dans notre univers, ils occupent les places bien en vue, ils détiennent le pouvoir et les richesses, car le démon déclare que toute domination dans les royaumes de la terre lui a été remise et, ajoute-t-il, « je puis la donner à qui je veux » (Luc 4, 6). Ils sont adulés par les hommes. Ceci explique que « les rois de la terre se soulèvent et [que] les princes tiennent conseil ensemble contre le Seigneur et contre son Oint » (Psaume 2, 2), dont ils pensent n’avoir rien à attendre. Or, si « Hérode et Ponce Pilate se sont ligués dans cette cité avec les princes et les gens d’Israël contre ton Saint serviteur Jésus que tu avais oint : ils accomplissaient ce que tu avais souverainement et volontairement décidé par avance » (Actes 4, 27-28). Il en va de même avec les nouveaux Hérode et les nouveaux Ponce Pilate de notre temps, comme de toutes les époques. Ils ne peuvent faire que ce que Dieu les autorise à faire et, de toute façon, à leurs dépens, ils contribuent inconsciemment à l’accomplissement des plans de Dieu. C’est ce que saint Augustin exprime en termes généraux, quand il dit que « si les impies agissent souvent à l'encontre de la volonté divine, qu'ils n'en concluent pas que Dieu n'est point tout-puissant. S'ils font ce qu'il ne veut pas, lui fait d'eux ce qu'il veut, et jamais ils ne changent ni ne maîtrisent la volonté du Tout-Puissant [car, souvenons-nous-en, « il n’est pas d’autorité qui ne vienne de Dieu », Romains 13, 1, donc y compris celle des tyrans, des despotes en tous genres] ; toujours cette volonté s'accomplit, soit dans la juste condamnation, soit dans la délivrance miséricordieuse de l'homme. Ainsi rien n'est impossible au Tout-Puissant, que ce qu'il ne veut pas. Il fait servir les méchants, non pas aux desseins de leur volonté dépravée, mais aux vues de sa volonté toujours droite. De même que les méchants font un usage mauvais de leur nature bonne, c'est-à-dire de ce que Dieu a fait bon [cf. Genèse 1, 31], ainsi la Bonté divine fait un bon usage de leurs œuvres perverses, et sous aucun rapport la volonté du Tout-Puissant n'a le dessous. S'il n'avait dans sa bonté même le moyen de faire servir les méchants à la justice et au bien, il ne les laisserait assurément ni naître ni vivre. […] (à suivre…)

samedi 25 avril 2015

Le Psaume 2 (2)

Le Psaume 2 (2)

Saint Grégoire de Nysse ajoute encore que « le Psaume 1 détourne l’homme de la parenté qu’il a contractée avec le mal ; le Psaume 2 montre à qui il faut s’attacher : il place devant nos yeux le Christ manifesté dans la chair, et nous enseigne que lui donner notre foi sera notre béatitude » (tractatus 2 super Psalmos, c. 11). L’auteur sacré commence ce psaume en se posant une question, qui nous interpelle encore de nos jours : Quare fremuerunt gentes ? « Pourquoi les nations s’agitent-elles en tumulte et les peuples méditent-ils de vains projets ? » (Psaume 2, 1). Pour Origène,(lire la suite) les nations en question sont les païens tandis que les peuples sont les Juifs qui n’ont pas reçu le Christ. La question resurgit du fond des âges, comme un motif lancinant. Car il semble bien que rien ne puisse arrêter les puissants de la terre de semer à profusion la graine de la zizanie dans le champ du monde (cf. Matthieu 13, 24-30-34-43), de se dresser avec toute leur superbe contre Dieu. Soulignant qu’un Sauveur vient aux hommes, Origène se demande pourquoi, alors, le tumulte des nations ? Et pourquoi le peuple juif qui connaît la Loi entreprend-il de vains efforts contre Lui ? Pourquoi rejette-t-il son Messie, qu’il attend pourtant avec tant d’impatience, dont il implore la venue depuis des générations et des générations ? Et tous les rois de la terre, toujours en querelle entre eux, s’entendent contre lui dans une concorde malhonnête. Ils ne savaient pas que leur impiété s’exerçait contre le Christ et Dieu, ils ne se rendaient pas réellement compte de ce qu’ils faisaient (cf. Luc 23, 34)… En tout cas, tout ce qui est dit ici ne convient qu’au Christ, qui seul a rempli de son Nom toute la terre, le seul par lequel nous puissions être sauvés (cf. Actes 4, 12). Le prophète annonce l’avènement du Christ et, selon Eusèbe de Césarée, explique comment il se fera que le Christ soit poursuivi par les intrigues des Juifs : Alors que le Psaume 1 annonçait la béatitude d’un seul, le Christ, le Psaume 2 appelle toute la multitude à la béatitude. Il annonce la vocation des gentils et invite au salut tous les royaumes de la terre. Il prophétise que tous ces biens viendront par le Christ. Après nous avoir expliqué les deux voies, le psalmiste déclare : C’est par la foi en lui, que tous les hommes entreront dans la voie du salut. « Tous les hommes de tous les peuples du levant au couchant sont appelés à Dieu. le culte des Juifs est interrompu et aboli, et les peuples honorent Dieu non plus suivant la Loi de Moïse, mais d’après les règles de l’alliance évangélique » (Eusèbe de Césarée, Démonstration évangélique 6, 4). (à suivre…)

jeudi 23 avril 2015

Le Psaume 2 (1)

Le Psaume 2 (1)

Je commence aujourd'hui un commentaire au psaume deuxième, un psaume messianique qui annonce la filiation divine du chrétien. Le psaume 2 annonce le triomphe du Messie sur les nations. Il ne se comprend bien qu'à partir du psaume premier sur le bonheur des justes et le malheur des impies, dans lequel nous lisons les avertissements suivants : « Heureux l’homme qui ne marche pas selon les desseins des méchants, et qui ne s’engage pas sur la voie des pécheurs, (lire la suite) ni ne s’assied dans la société des moqueurs, mais qui prend son plaisir dans la loi du Seigneur et médite sa loi jour et nuit » (Psaume 1, 1-2). Promesse de félicité qui est reprise au psaume 119 (1-2) : « Heureux ceux qui suivent une voie irréprochable, qui marchent selon la loi du Seigneur ! Heureux ceux qui gardent ses ordonnances, qui le cherchent de tout leur cœur. » Ils sont « comme un arbre planté près d’un cours d’eau, qui donne du fruit en son temps, et dont le feuillage ne flétrit pas » (Psaume 2, 3). En revanche, « les méchants ne resteront pas debout lors du jugement, ni les pécheurs dans l’assemblée des jutes. […] la voie des pécheurs va à la ruine » (Psaume 1, 6). Dans le Tractatus 2 super Psalmos, c. 8, saint Grégoire de Nysse explicite bien ce rapport entre les deux premiers psaumes : « Le psaume 1, y écrit-il, est comme une introduction à la philosophie spirituelle. Il nous persuade de quitter le Mauvais et de nous rapprocher du Bon, et de tendre de toutes nos forces à la ressemblance de Dieu. Le psaume 1 est pour ainsi dire l’introduction du psaume 2. en proclamant la première ‘Béatitude’, il nous invite à quitter ‘l’impiété’ ; et le psaume 2 va nous apprendre comment viendra la délivrance : il annonce le Mystère évangélique ; il prophétise la Nativité selon la chair de Celui qui, pour nous, est né ‘aujourd’hui’ (car cet ‘aujourd’hui’ est une fraction du temps), de Celui qui, toujours, est le Fils né du Père, qui toujours est Dieu, qui toujours est dans le Père. Le psaume 2 annonce le règne du Christ et son empire sur les hommes qui auparavant n’étaient pas soumis à sa Loi, qui ne servaient pas Dieu, et par conséquent étaient comptés parmi les nations, comme indépendants de Dieu, et hors-la-Loi. Disons plutôt qu’ils étaient injustes, parce qu’ils n’avaient pas reçu la Loi de Dieu mais rejetaient son joug. Le joug est ici le précepte. Appelés, eux aussi, au Royaume qui domine tous les royaumes, ces hommes qui vivaient jadis sans Dieu deviennent héritiers de Dieu, par la foi en Celui qui a été engendré aujourd’hui et consacré Roi pour régner sur eux. Ils sont re-nés, ils sont devenus rois, eux aussi. Par sa ‘verge de fer’, c’est-à-dire par sa puissance invincible, il brise en deux ce qui est terre et boue, et les fait passer à la nature incorruptible. » (à suivre…)

mercredi 22 avril 2015

Valeur de la vie

Valeur de la vie

Nous pouvons appliquer au pape François ces mots de son prédécesseur, sur le sens de la vie et sur sa protection : La vie est le temps qui nous est accordé pour mettre en acte les richesses en puissance que chacun porte en soi et contribuer au progrès commun de l’humanité. La vie est le temps qui nous est donné pour incarner en nous et dans l’histoire les valeurs d’amour, de bonté, de joie, de justice, de paix auxquelles le cœur humain aspire. // Puis, à la lumière de la foi, la vie est un temps de grâce (le Kairos) durant lequel Dieu met l’être humain à l’épreuve pour juger de son cœur et de son esprit dans son engagement quotidien de croire, d’espérer et d’aimer. Temps de grâce où chacun est appelé à s’enrichir – en se donnant – de valeurs durables pour l’éternité qui sera marquée à jamais par la dimension de l’amour que nous aurons réussi à exprimer ici-bas. La vie est donc un bien précieux, dans son ensemble et dans chacun de ses fragments. Qui dépense ses propres énergies pour la défendre pour lui rendre sa normale efficience, pour promouvoir son plein développement, a droit à la reconnaissance de tous ses semblables. Par contre, se souille d’un crime abominable et s’expose à la condamnation sévère de ce juge implacable qu’est la conscience, miroir de Dieu, quiconque ose attenter à la vie à n’importe quel moment. Jean-Paul II, Discours à l’hôpital Regina Margherita, 20 décembre 1981, n° 4.

lundi 20 avril 2015

Evêque et famille

Evêque et famille

En cette année de préparation au Synode sur la famille, il peut être utile de relire ces mots adressés par saint Jean-Paul II à des évêques des Etats-Unis, voici plus de trente ans, et qui gardent toute leur actualité : L’évêque, précisément parce qu’il compatit et qu’il comprend la faiblesse de l’humanité et le fait que les besoins et les aspirations de celle-ci ne peuvent être pleinement satisfaits par la pleine vérité de la création et de la rédemption, proclamera sans crainte ou ambigüité les nombreuses vérités controversées à notre époque. (lire la suite) Il les proclamera avec amour pastoral, dans des termes qui n’offenseront ou n’aliéneront jamais inutilement ses auditeurs, mais il les proclamera clairement parce qu’il connaît la qualité libératrice de la vérité. C’est pourquoi l’évêque qui fait preuve de miséricorde proclame l’indissolubilité du mariage… L’évêque plein de miséricorde proclamera l’incompatibilité entre les relations sexuelles avant le mariage ou l’activité homosexuelle, et le dessin de Dieu sur l’amour humain ; en même temps il essaiera de toutes ses forces d’assister ceux qui sont aux prises avec de difficiles choix moraux. Avec une égale miséricorde, il proclamera la doctrine d’Humanæ vitæ et de Familiaris consortio dans toute sa beauté, sans passer sous silence la vérité impopulaire que le contrôle artificiel des naissances va à l’encontre de la loi de Dieu. Il plaidera en faveur des droits de l’enfant à naître, des faibles, des handicapés, des pauvres et des personnes âgées, sans s’occuper de la manière dont l’opinion publique actuelle regarde ces questions. Avec humilité personnelle et avez zèle pastoral, l’évêque s’efforcera de discerner, non pas seul mais en union avec l’épiscopat universel, les signes des temps et leur véritable application au monde moderne [c’est-à-dire contemporain]. Avec ses frères évêques, il travaillera à assurer la participation de chaque catégorie d’hommes à la vie et à la mission de l’Église, en accord avec la vérité de leur vocation. Ce zèle se traduira par le soutien apporté à la dignité des femmes et à toutes les libertés légitimes qui sont conformes à la nature humaine et à leur féminité. L’évêque est appel à s’opposer à toute discrimination de la femme pour des raisons de sexe. À ce sujet, il doit également s’efforcer d’expliquer, avec toute la vigueur possible, que la doctrine de l’Église sur l’exclusion des femmes de l’ordination sacerdotale est étrangère au problème de la discrimination, et qu’elle est plutôt liée au dessin du Christ lui-même sur son sacerdoce. Jean-Paul II, Allocution aux évêques des États-Unis en visite « ad limina », 5 septembre 1983, n° 3.

samedi 18 avril 2015

Déclin de la religion

Déclin de la religion

L'analyse de P. Bouyer s'applique parfaitement à la situation dans laquelle se trouvent les pays occidentaux : "Tant qu’une civilisation se développe d’une manière qui demeure créatrice, la religion s’y développe en elle. Quand la religion décline, c’est, régulièrement, que cette civilisation commence à vivre sur son acquis, sur sa lancée. Elle peut sembler alors, pour un regard superficiel, à son apogée. Elle peut paraître se développer encore. En fait, elle se décompose, et c’est parce qu’elle se décompose que la religion décline" L. Bouyer, Initiation chrétienne, Paris, Plon, 1958, p. 25

mercredi 15 avril 2015

Une guérison à Lourdes

Une guérison à Lourdes

[Ma mère a été témoin actif de la guérison d’une jeune femme, Marie Chanal, née le 22 mars 1905, à Champis, en Ardèche. Ses parents s’étaient fixés, en 1919, à Montvendre, dans la Drôme, à proximité de la propriété de ma famille. Marie Chanal « souffrait depuis 1923 de graves accidents abdominaux qui l’avaient conduite, cette année, aux portes de la mort. Opérée en 1923 pour cholécystite aiguë, en 1924 pour appendicite [qui permet de constater l’extension des phénomènes de péritonite plastique], elle avait depuis lors des douleurs atroces et des vomissements perpétuels empêchant toute alimentation solide » (La Croix de la Drôme, 11 août 1929). Tous les traitements entrepris : diathermie, vaccination colibacillaire, sérothérapie, rayons ultra-violets, n’y font rien. Le 30 juillet 1929 au soir, elle ne pesait que 31,100 kilos. Elle part pour Lourdes, le 28 juillet 1929. Voici le récit de sa guérison, dans une brochure de 16 pages publiée par l’Action Catholique Drômoise sous le titre « Une ‘Impressionnante Guérison’ à Lourdes, le 30 juillet 1929 »] (lire la suite) Au départ de Valence, Mademoiselle Chanal, étendue sur son étroit matelas, inspire vraiment une profonde pitié et de vives inquiétudes sur l’issue de ce voyage ! Très pâle, les yeux presque toujours fermés, elle souffre de pénibles nausées ; et déjà, en gare de Valence, il fallut lui donner à respirer presque continuellement des flacons de sel. Le voyage est très pénible, mais jamais elle ne se plaint. Le soir, malgré une soif ardente, elle ne prend qu’un peu d’eau minérale, craignant de souffrir davantage. Vers une heure du matin, se sentant très faible, elle demande une piqûre d’huile camphrée, remède dont elle use souvent de puis quelque temps [la piqûre est faite par ma mère]. Toute la longue nuit passe sans qu’elle dorme un instant. Le matin elle prend encore deux fois un peu d’eau minérale et c’est tout. Son chapelet ne la quitte pas, en pensée elle est déjà à la Grotte. La nuit qui suit son arrivée à Lourdes est mauvaise aussi ; très fatiguée de sa journée, elle ne dort presque pas, et il faut lui faire une seconde piqûre d’huile camphrée vers cinq heures du matin [elle aussi faite par ma mère]. Après la messe, comme elle est devant la Grotte, attendant son tour pour passer aux piscines, elle souffre beaucoup et trouve l’attente bien longue… mais laissons-lui le soin de nous raconter elle-même ce qui va se passe. La matinée du 30 juillet Dans la matinée du 30 juillet, on me conduisit, vers sept heures, devant la Grotte. Là, pendant près de deux heures, je suis restée à prier aux pieds de Notre-Dame de Lourdes, lui offrant toutes mes souffrances et lui demandant de me bénir. À ce moment, j’ai éprouvé un bien-être passager, mais il est bientôt suivi de douleurs plus violentes que jamais, si bien que je m’écris : « Ma bonne Mère, prenez-moi par la main, ayez pitié de moi. » Je me sentais alors attirée vers la piscine où des brancardiers me conduisirent aussitôt. Je souffrais tellement que je ne me rendais pas compte de ce qui se passait autour de moi, j’avais complètement perdu connaissance… Au sortir de la piscine, je me suis retrouvée assise sur ma civière, éprouvant un grand bien-être et une envie de manger extraordinaire. Mon premier mot fut : « Ma bonne Mère, merci ! » [Ajout rectificatif manuscrit de ma mère, à « mon premier mot » : « J’ai faim. »] Je pus quitter ma civière et m’habiller debout. Mais, par obéissance, il me fallut à nouveau me coucher sur mon brancard jusqu’à l’hôpital. Là, j’avais la joie de trouver mon père qui m’avait accompagnée : l’émotion nous fit fondre en larme tous les deux. Bientôt après, on m’apportait à manger et, moi qui depuis si longtemps [note : « 2 ans »] n’avait pu prendre aucun aliment solide, je fis mon premier repas, très substantiel, avec un merveilleux appétit et sans aucune fatigue. Mon Dieu ! que je trouvais le pain bon ! [La brochure sur cette guérison raconte le voyage de retour] Le voyage de retour ne ressemble en rien à celui de l'aller… elle escalade presque toute seule le wagon. Plus de matelas, il était allé adoucir les cahots de la route à un autre malade [précision de ma mère : « une, au féminin]. Avant la nuit elle circule dans le wagon disant bonsoir aux autres malades ; elle fut la première à dîner de son bel appétit retrouvé ; le matin à cinq heures, au lieu d’une piqûre, c’est son déjeuner qu’elle réclame ! Elle chante le Magnificat avec nous et nous quitte sur ces mots : « L’année prochaine, je ferai comme vous, je reviendrai à Lourdes… mais comme infirmière. » L’ayant revue plusieurs fois depuis le 3 août 1929, les médecins assistent à une reprise progressive, avec une extrême régularité, de l’état général et ne trouvent plus aucune zone douloureuse abdominale. [Un tableau de la reprise de poids qu’elle passe le 31 juillet à 32,5 kg, le 1er août à 33,2 kg, pour atteindre 57 kg le 31 décembre. La brochure relate aussi une visite à Melle Chanal, à laquelle ma mère a participé. Nous y lisons in fine que] Marie, dès son retour de Lourdes, a repris, à la ferme, sa place de jadis. Elle se livre sans effort à tous les soins du ménage. À elle, tout le souci de la cuisine, les travaux de couture et, quand il le faut, les courses à Valence qu’elle fait maintenant à bicyclette. [Ma mère ajoute une précision : « Environ deux ans après sa guérison elle est entrée chez les religieuses Trinitaires à Valence, où je suis allée la voir. Superbe santé et rayonnement. Elle a été plus tard chargée du soin des malades »].

mercredi 8 avril 2015

Avortement et bouddhisme

Avortement et bouddhisme

Près de ma clinique, à flanc de colline, il y a un temple bouddhiste. Il n’est pas aussi connu des touristes qui visitent Kyoto, que le sont les temples des Fragrances de l’Ouest, le Pavillon Doré ou le temple du Dragon Tranquille, avec leurs fameux « jardins secs ». celui-ci est très simple. Il faut prendre un sentier large, arriver dans une sorte de jardin où l’on vénère une déesse entourée de centaines de statuettes qui représentent les enfants violemment arrachés au sein de leur mère par un avortement. Selon la croyance bouddhiste, ces enfants errent près du fleuve qui sépare la terre des vivants de celle des morts, en attendant que quelqu’un les aide à traverser. Beaucoup de femmes, jeunes ou moins jeunes, viennent au temple et, par leur prière, elles cherchent à être délivrées du traumatisme psychique et de la déchirure intérieure d’avoir fait le choix de l’avortement. À l’entrée, il y a un écriteau bouddhiste qui leur rappelle qu’elles doivent demander pardon et prier pour l’enfant auquel elles ont refusé la possibilité de vivre Shoji Tateishi, « Pro life et pro love », Les cerisiers en fleur. L’expansion apostolique de l’Opus Dei au Japon, Bois-Colombes, Le Laurier, 2104, p. 141.

lundi 6 avril 2015

Marie, la Tour

Marie, la Tour

Le qualificatif de « Tour » a été attribué à la bienheureuse Vierge Marie par les théologiens et les auteurs spirituels au long des siècles. Nous le retrouvons à deux reprises dans les litanies de Lorette. Elle y est dite Turris Davidica, Tour de David, parce que celui qu’elle a porté dans son sein est, conformément à ce que les prophètes ont annoncé, descendant de David et le nouveau David, qui « sauvera Israël, son peuple de ses péchés » (cf. Matthieu 1, 21). David enleva la forteresse qui dominait Jérusalem et la fortifia. Marie est comme cette tour à laquelle « étaient suspendus mille boucliers » (Cantique des cantiques 4, 4), permettant de repousser tous les assauts du démon. C'est la « tour inexpugnable à l'ennemi et de laquelle pendent mille boucliers et toute l'armure des forts » (Pie IX, bulle Ineffabilis Deus, 8 décembre 1854). (lire la suite) Les litanies se réfèrent aussi à elle en tant que Turris eburnea, Tour d’ivoire. L'ivoire est une matière si précieuse qu'elle évoque la pureté, dont Marie est le parangon. Marie immaculée a la blancheur de l'ivoire et, comme l'ivoire est l'emblème de la force, elle nous protège contre les tentations. « Ton cou est comme une tour d’ivoire » (Cantique 7, 5). Oui, c’est à bon droit que l’archange saint Gabriel a salué Marie comme « la pleine de grâce » (Luc 1, 28), parce qu’il n’y a eu en elle aucune imperfection, rien qui puisse déplaire à Dieu. Elle est l’Immaculée Conception, toute pure, d’une pureté qui se traduit par une virginité remarquable, que Dieu même a voulu préserver tout en demandant à son Fils de naître de Marie : Vierge avant l’enfantement, Vierge pendant l’enfantement, Vierge après l’enfantement. Marie est aussi Turris civitatis, la Tour qui veille sur la cité, qui la garde et la protège. Une tour, un donjon mettant les habitants à l’abri des incursions de l’adversaire. La tour renferme les forces, les munitions, les provisions qui permettent de soutenir victorieusement un siège si jamais l’ennemi osait malgré tout se présenter et prétendait s’imposer. Du haut de la tour, on le voit venir de loin, le temps donc de prendre toutes les dispositions opportunes pour se mettre à l’abri, pour venir se reposer en elle. Sub tuum præsidium confugimus, « nous nous réfugions sous votre protection ». Auprès de Marie, dans cette tour, si nous traversons les ravins de la mort, nous ne craignons aucun mal (cf. Psaume 22, 4). Marie est notre refuge et notre force (cf. Psaume 46, 2). L’effroi n’est pas de mise. Celui qui est avec Marie se trouve avec Dieu. car la Sainte Vierge est la grande Capitaine du Tout-Puissant. Elle-même est la toute-puissance suppliante. Comme telle, elle reçoit au temps voulu toutes les aides, tous les approvisionnements qui nous sont nécessaires pour tenir bon et emporter chaque combat qui se présente. Elle est la Dispensatrice de toutes les grâces. Nous trouvons donc la paix à l’abri de cette Tour inexpugnable, car elle nous rend solidaire du « Prince de la paix » (Isaïe 5, 9), ses sujets indéfectibles.

samedi 4 avril 2015

Les tentations

Les tentations

Nous ne devons pas nous étonner de succomber parfois à la tentation, souvent même. Certes, il convient de demander à Dieu de ne pas nous laisser séduire par notre ennemi séculaire. Mais, en dépit de tout, nous tomberons, et nous nous relèverons encore fréquemment. Et ce, jusqu’au dernier instant de notre séjour sur terre. Il ne faut pas nous étonner qu’il en soit ainsi, disais-je. Par rapport à Adam et Ève après leur création, (lire la suite) nous sommes nés pécheurs et enclins au péché. Eux, ils vivaient dans un état de justice et de sainteté impressionnant, ils avaient une intimité très poussée avec Dieu. leur intelligence était très aiguë et toutes leurs qualités et leurs vertus se trouvaient portées à un degré, étaient vécues avec une intensité que nous ne pouvons pas imaginer. Pourtant, il a suffi d’une tentation, une seule, brève de surcroît, pour qu’Ève en premier, puis Adam, se rebellent contre leur Dieu et Père, contre leur grand Ami. De plus, l’objet de la tentation a été ridicule. Il ne s’agissait pas, comme lorsque satan osera s’en prendre à Jésus lui-même, de leur donner le pouvoir sur toute la terre et tout ce qu’elle renferme ; ni de commander aux esprits célestes, ni toute autre puissance qui les exalterait. Il s’est agit seulement de susciter en eux l’attrait pour le fruit d’un arbre, mais du seul arbre du paradis terrestre dont il leur avait été expressément demandé de ne pas en manger. Un fruit. Juste un fruit. Rien d’autre. Et cela a suffit ! Cela a marché ! Malgré toute leur intelligence. En dépit de leur sainteté originelle. C’est le mysterium iniquitatis. Ne soyons donc pas surpris qu’il nous affecte, alors que la nature humaine dont nous avons hérité a subi une chute ontologique, et qu’elle est depuis cette infraction première commutata in deterius, sérieusement détériorée. L’accepter ne veut pas dire en prendre notre parti. Nous devons bien sût lutter pour combattre nos défauts. Mais cela est on ne peut plus normal.

vendredi 3 avril 2015

Dictionnaire de Marie

Dictionnaire de Marie

Préface du cardinal Barbarin au Dictionnaire encyclopédique de Marie, de P.-R. Ambrogi et D. Le Tourneau, paraissant le 2 avril 2015 chez Descéle de Brouwer: Étrange paradoxe ! Comment cette « humble servante », toujours si discrète, peut-elle susciter tant de travaux depuis des siècles, et aujourd’hui encore, cette encyclopédie si abondante, si dense et si riche ? Car la Vierge Marie est habitée par le silence. D’elle, au fond, l’Évangile nous rapporte assez peu de choses : rien sur ses origines, son enfance ou la fin de sa vie terrestre, et seulement quelques éléments, essentiels, sur sa maternité (l’Annonciation et la Visitation, la Nativité, les épisodes au Temple…) et sa présence à certaines étapes du ministère public de Jésus comme Cana, « le premier signe », et lors de sa mort, au Golgotha. Dans le reste du Nouveau Testament, quasiment rien : on la voit priant avec les Apôtres avant la Pentecôte (Act 1, 14), et dans ses nombreuses épîtres, saint Paul ne fait qu’une allusion à elle : « Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme… » (Gal 4, 4). Les débats théologiques des premiers siècles . (lire la suite) l’ignorent ; ils tournent autour de la personne de Jésus, en qui nous est révélé le mystère de Dieu Trinité. Mais, au fur et à mesure que la réflexion chrétienne se développe, on la regarde davantage pour découvrir la façon dont Dieu avait préparé la venue de son Fils. Les débats sont rudes au Concile d’Éphèse pour affirmer qu’on peut et qu’on doit l’appeler « Theotokos », puisque celui qu’elle a mis au monde est vraiment Dieu. Puis, ils sont de plus en plus nombreux, les disciples du Christ, à parler d’elle et à la chanter au fil des siècles et jusqu’à nos jours. Parmi eux, saint Bernard a peut-être droit à une place particulière… En fait, une lecture plus approfondie ou plus priante et contemplative nous laisse imaginer que cette vie de silence est surtout habitée par une Parole. La première réponse de Marie à l’appel de Dieu est l’accueil de la parole-promesse (rhèma) que l’Ange Gabriel vient de lui délivrer : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole » (Luc 1, 38). Enfin, la Parole de Dieu qui poursuit sa course depuis des siècles (cf. Ps 147, 15) va atteindre son terme. Et sans doute est-ce parce qu’elle est entièrement habitée par cette parole vivante, que Marie devient demeure pour la Parole, quand le Verbe se fait chair. C’est vers Lui qu’elle ne cesse de nous conduire. Depuis vingt siècles, les disciples du Christ reçoivent pour eux la seule consigne que la Toute-Sainte ait donnée dans l’Évangile, et qui s’adressait aux serviteurs du repas, lors des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jean 2, 5) ! 8 Nous savons peu de choses sur elle, mais en un certain sens, nous en savons assez, nous savons tout, du moins pour ce qui est utile à notre salut. En Marie, se déploient la Création, l’Incarnation, la Rédemption et l’ouverture des portes du Royaume. Tout cela s’est fait discrètement, presque sans bruit, sans mots… Excepté bien sûr quand sort de ses lèvres le chant du Magnificat, où éclate sa joie. Quand j’entends Marie proclamer que « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge… » (Luc 1, 50), je considère ce demi-verset comme sa manière de résumer toute la Révélation biblique. Elle nous décrit alors comment l’Amour infini et éternel vient s’inscrire dans le temps et dans la variété des existences humaines… La promesse faite à Abraham s’est réalisée de génération en génération, et elle atteint son sommet quand l’amour du Père fait irruption dans le corps et le coeur de cette jeune fille juive de Palestine : « l’enfant qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint » dit l’ange apparu en songe à Joseph (Mat 1, 20). Et depuis des siècles, les chrétiens scrutent, contemplent ce « chef-d’oeuvre de la grâce » (ce serait peut-être une bonne manière de rendre l’intraduisible kécharitoménè de Luc 1, 28, le « pleine de grâce du Je vous salue, Marie »). Et cette somme, comme tant de travaux qui l’ont précédée, ne fait jamais qu’effleurer, malgré son volume et sa richesse, un si grand mystère. Quels mots sauraient rendre compte de ce silence… et surtout de cette Parole infinie et éternelle ? Les livres sont bavards, les hommes s’agitent et s’inquiètent, « les pasteurs courent et parlent ; et Marie est en silence », disait Pierre de Bérulle. Je suis heureux d’avoir été invité à introduire cet énorme travail. Qu’il me soit permis de placer les auteurs et leurs lecteurs sous le regard bienveillant et paisible de Notre- Dame de Fourvière, au pied de laquelle j’écris ces lignes, en ce mois du Rosaire. Oui, je les confie tous à son intercession, car comme l’a dit Péguy, il faut s’adresser « À celle qui est Marie. Parce qu’elle est pleine de grâce. À celle qui est pleine de grâce. Parce qu’elle est avec nous. À celle qui est avec nous. Parce que le Seigneur est avec elle. » S’adresser à elle, poursuit le pape François, « comme une vraie mère, qui marche avec nous, lutte avec nous, et répand sans cesse la proximité de l’amour de Dieu. » Nul doute que les lecteurs trouveront dans ces pages des chemins pour renouveler leur manière de s’adresser à elle. Merci à leurs auteurs ! Et surtout, comme le chantent les innombrables affiches qui s’offrent à nos regards à l’approche du 8 décembre, puis de Noël : « MERCI, MARIE » ! Philippe cardinal Barbarin

jeudi 2 avril 2015

Dictionnaire encyclopédique de Marie

Dictionnaire encyclopédique de Marie

P.-R. Ambrogi D.Le Tourneau DDB, parution le 2 avril 2015 39 euros. Du plus haut qu’il put atteindre au plus caverneux où il osa descendre, l’homme a donné le nom de Marie à de vertigineuses cathédrales comme à de ténébreux tréfonds (je songe entre autres au puits Notre-Dame des houillères de Ronchamp, ou à la fosse Notre-Dame de la Compagnie des mines d’Aniche), à des communautés vivant l’appel du silence comme à des formations de rock parmi les plus hurlantes (l’un des groupes du heavy metal suédois ne s’est-il pas appelé Notre Dame ?). Je ne dis pas cela par goût des paradoxes, mais parce que Marie ne serait pas Marie si Elle n’était pas partout, si Elle n’avait pas les bras – et le coeur, donc ! – ouverts au plus large pour embrasser toutes les activités des hommes sans exception aucune. En voici une nouvelle preuve avec ce Dictionnaire encyclopédique de mariologie dont Marie est l’antienne, la source et la racine, Dictionnaire aussi complet et complexe, aussi florissant, aussi surabondant, aussi audacieux, aussi défiant, aussi priant qu’une cathédrale de pierre. Ah oui, sans doute était-ce un pari fou que d’ériger ce monument de littérature et de spiritualité ! Mais ce pari, Pascal-Raphael Ambrogi et Dominique Le Tourneau l’ont gagné. Et que leur lecteur soit un de ces enfants éblouis qui savent la joie de danser dans les pas de Marie, ou l’un de ces pauvres Poucets qui ont perdu jusqu’au dernier de leurs petits cailloux d’espérance et de foi, ce livre apporte une certitude : rencontrer Marie n’est pas un vain mot, c’est possible dès aujourd’hui, possible dès ici-bas, ces pages en sont la promesse, le guide, l’itinéraire. Comme la cathédrale, cet ouvrage (j’aime ce mot qui sent bon l’effort, le travail, la recherche du chef-d’oeuvre) chante l’élévation, la verticale, il libère la lumière et les couleurs mariales. On doit en tourner les pages, en égrener les entrées, avec la même déférence mais aussi le même enthousiasme que l’on met à pousser la porte des nefs ouvertes à la foule innombrable des amoureux de Marie – amoureux, oui, et ce livre est justement l’une des plus accomplies, des plus brillantes, des plus fertiles et des plus riches lettres d’amour entre Elle et nous… Didier Decoin, de l’académie Goncourt.

lundi 30 mars 2015

Le vin de Cana (2)

Le vin de Cana (2)

Et ce, le temps de remplir les jarres, le temps de notre comparution devant Dieu. Alors, nous l’espérons avec une ferme espérance, les anges apporteront à Dieu ces vastes récipients remplis à ras bord du nectar le plus savoureux qui soit. Dieu « a gardé le bon vin jusqu’à maintenant » (Jean 2, 10), parce qu’il « est riche envers tous ceux qui l’invoquent » (Romains 10, 12), c’est-à-dire qu’il est magnanime, d’une générosité qui surprend toujours parce qu’elle passe la mesure humaine. Il s’agit d’une mesure « tassée, secouée, débordante » (Luc 6, 38). (lire la suite) Ici, les amphores ont été remplies précisément à ras bord. La mesure a été comble. Tout est grandiose dans cette scène. Elle annonce aussi le banquet des noces de l’Agneau (cf. Apocalypse 19, 9), quand le Seigneur Jésus, prenant la coupe, prononce sur elle la bénédiction puis, la prenant, l’élève et dit, en présence des Douze : « Prenez et buvez-en tous ; ceci est mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude, en rémission des péchés. » Seuls profitent de ce vin au millésime exceptionnel, vraiment unique, ceux qui ont persévéré jusqu’au bout, ceux qui sont restés attachés au Seigneur, au Maître, et qui ne sont pas partis en avance de façon intempestive, sous des prétextes variés, futiles et très terre-à-terre. Le bon vin, « qui réjouit le cœur de l’homme » (Psaume 115, 15), ce cœur qui n’aspire qu’au bonheur précisément, ce bon vin n’est distribué qu’au dernier moment. C’est le banquet final de toute une vie passée à servir Dieu. C’est l’aboutissement d’années vécues vaille que vaille à l’aimer. C’est le terme des efforts fournis pour lui être fidèles envers et contre tout. C’est un quasi-droit pour les enfants de la famille. Et c’est le fruit de la promesse faite à ses amis : « Venez, les bénis de mon Père, prenez possession du royaume préparé pour vous depuis la création du monde » (Matthieu 25, 34). « Je vous ai appelés mes amis » (Jean 15, 15) et je veux que « là où je serai, vous soyez vous aussi » (Jean 14, 3). (fin)

samedi 28 mars 2015

Le vin de Cana (1)

Le vin de Cana (1)

Ce bon vin, de première qualité, dont on dirait qu’il provient de la meilleure cave au monde, que notre Seigneur offre aux époux en cadeau de mariage, peut figurer la vie éternelle que Dieu accorde à tous ceux qui ont participé à son banquet, qui ont uni leurs sacrifices à son Sacrifice, au banquet de l’Agneau, gage de la communion avec le Père dans l’Esprit pour les siècles des siècles. Le vin moins bon servi en premier symbolise alors toutes les grâces que nous recevons au cours de notre existence terrestre. Elles ne sont qu’un avant-goût de cette grâce suprême et définitive qu’est ce bon vin, le fruit de la vigne dont le Seigneur lui-même dit qu’il n’en boira plus jusqu’à en boire du nouveau avec nous dans le royaume de son Père (cf. Matthieu 26, 29) ? (lire la suite) Le vin de moindre qualité, c’est le centuple promis ici-bas par notre Seigneur. Ce n’est pas un vin ordinaire, ce que l’on appelle un vin de table. Il est déjà goûteux. Mais sans comparaison avec le vin capiteux dont parle le prophète Isaïe dans sa description de la Jérusalem céleste (cf. 25, 6). Le vin de tous les jours apporte déjà une joie bien réelle à l’homme, bien que sans commune mesure avec la joie du paradis où toute larme sera essuyée (cf. Apocalypse 21, 4). Il y a donc de la joie, beaucoup de joie, sur terre. Parce que, quoi qu’en pensent et quoi qu’en disent beaucoup, y compris parmi les catholiques, pour ceux qui aiment vraiment Dieu, tout, y compris la croix, concourt à leur vrai bien (cf. Romains 8, 28) et est source de joie. Celui qui aime Dieu pour de bon, et qui aime sa très sainte Volonté, comprend très bien et vit cette intuition majeure de la vie de saint Josémaria : Nulla dies sine cruce in lætitia ! Aucun jour sans la croix, dans la joie ! Cette joie qui peut paraître irraisonnée quand je regarde ma pauvre vie, au cours de laquelle j’ai dû si souvent demander pardon,, et encore n’ai-je pas eu conscience de tout ou n’ai-je pas su déceler toutes mes fautes. Mais cette joie ne découle-t-elle pas précisément du pardon reçu de Dieu ? Et ce pardon n’est-il pas quant à lui le vin réconfortant, reconstituant (cf. 1 Timothée 5, 23) de la grâce ? Et ce vin de la grâce ne nous enivre-t-il pas en amour de notre Dieu de miséricorde et d’Amour ? Ce vin de la grâce peut-il venir à manquer ? Oui et non. Non, tant que nous menons notre vie mortelle. Oui, quand celle-ci cesse, car il n’est plus possible de modifier l’état auquel nous sommes parvenus. (à suivre…)

jeudi 26 mars 2015

Jugement particulier et Marie

Jugement particulier et Marie

Vous aurez beaucoup de mal, ô Marie, avec le mécréant que je suis. Mais j’ai confiance dans votre talent oratoire. Il est bien connu. Nombre de vos plaidoiries enflammées circulent parmi nous. Et ce que nous constatons est que vous l’emportez toujours. Que le Juge reconnaît la justesse de votre défense, de vos arguments. Ils portent infailliblement. N’est-ce pas ce que votre grand serviteur Bernard de Clairvaux a prédit dans le « Souvenez-vous » ? Vous avez le sens de la formule bien frappée qui fait choc. (lire la suite) Vous savez toucher la corde sensible et mettre en mouvement la miséricorde plus que la justice. Plus que quiconque vous êtes l’Avocate des causes perdues. Vous aurez beaucoup à faire avec le pauvre pécheur que je suis, mais vous saurez le faire à merveille. Et ce sera encore un titre de gloire pour vous – une des gloires de Marie ! – et un motif de reconnaissance éternelle pour moi. Jésus, votre Fils et mon Frère aîné, mon Sauveur, n’a-t-il pas affirmé à plus d’un de ses serviteurs qu’il ne peut rien vous refuser puisque vous n’avez jamais dit non à tout ce qu’il vous a demandé ? Ce même Jésus n’a-t-il pas adressé comme requête à son Père de nous pardonner – je suis inclus dans le lot – parce que nous ne savons pas ce que nous faisons ? (cf. Luc 23, 34). Je ne sais pas ce que je fais quand je pèche. Et je ne sais peut-être pas non plus ce que je fais quand j’agis bien, puisque c’est sous la motion de ta grâce, Seigneur. Bien que, dans les deux cas, je me prononce librement pour ou contre toi. Mais vous êtes ma Mère. Et s’il y a un moment où je dois vous réclamer : Monstra te esse Matrem ! Montrez que vous êtes ma Mère, manifestez-vous en tant que Mère, c’est bien ce moment-là. Je ne puis douter que vous vous porterez à mon secours. N’ai-je pas sur moi votre saint scapulaire ? N’ai-je pas récité par milliers le chapelet comme vous nous l’avez vous-même recommandé, ce qui, vous l’avez assuré au bienheureux Alain de la Roche, fait que vous me secourez dans toutes mes nécessités – et puis-je être davantage dans le besoin que maintenant ? – et que nous jouirons d’une grande gloire dans le ciel. Votre parole – votre promesse – ne saurait être mise en défaut.