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mardi 31 juillet 2007

Nous ne sommes jamais seuls

Nous ne sommes jamais seuls

Que de gens se plaignent de la solitude ! Les uns parce qu'ils sont malades ou âgés, d'autres parce qu'ils sont veufs, qu'ils ont perdu leur conjoint ou n'ont pas réussi à se marier. D'autres encore, parce qu'ils n'ont guère d'amis. Je suis seul et je m'ennuie. La vie est triste et lourde à porter...
On comprend ce genre de raisonnement. Mais il me semble incompatible (lire la suite) avec la condition de baptisé qui a la conviction, la certitude d'être enfant de Dieu. Celui qui s'efforce de vivre chrétiennement ne peut pas être seul, n'est de fait jamais seul. "Un conseil que je vous ai rabâché à dessein : Soyez joyeux, toujours joyeux ! — La tristesse pour ceux qui ne se considèrent pas comme des enfants de Dieu" (saint Josémaria, Sillon, n° 54).
En outre, il suffit de réfléchir un tout petit peu. Celui dont l'âme est en état de grâce trouve Dieu présent au plus profond de lui-même. Dieu, ce qui veut dire le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il n'est plus seul, mais ils sont quatre ! Et là où est Jésus-Christ, là se trouve aussi sa Mère, Sainte Marie. Et de cinq ! "Ne me séparez jamais Joseph de Marie", s'exclamait saint Josémaria Escriva, fondateur de l'Opus Dei, qui a même voulu le vivre en les regroupant dans un prénom forgé tout exprès. Nous en sommes à six. Ajoutons, pour faire bonne mesure, l'ange gardien propre à chacun, et nous arrivons à sept.
Donc, partout où nous vivons, nous ne sommes pas seuls, mais nous nous déplaçons à sept et, en dehors de nous, avec six personnages qui sont impressionnants. Il suffit de penser à cela pour se sentir réconforté et capable d'affronter les situations les plus complexes de la vie.
L'on comprend aussi que la vie chrétienne soit éminemment positive et joyeuse.

lundi 30 juillet 2007

D'autres idées sur la "mortification"


D'autres idées sur la "mortification"

Plus qu’en de grandes privations, le véritable esprit de mortification se situe dans les petites choses de la vie ordinaire. C’est ce que, obéissant à une inspiration de l’Esprit Saint, sainte Catherine de Sienne recommande, elle qui s’était imposée à elle-même des mortifications très sévères : « Les saintes et douces œuvres que je demande à mes serviteurs sont les vertus intérieures et éprouvées de l’âme, et non pas seulement celles qui ont pour instrument le corps et pour effets des actes extérieurs, des pénitences de différentes sortes. (lire la suite) Ce sont là les instruments de la vertu, mais non la vertu. Si même ces actes ne sont pas accompagnés des vertus intérieures citées plus haut, ils me sont peu agréables. Quelquesfois même, si l’âme ne fait pas discrètement pénitence, c’est-à-dire si elle met surtout son affection dans la pénitence qu’elle entreprend, elle pose à un obstacle à sa perfection. Elle doit s’attacher surtout à mon Amour, à une sainte haine d’elle-même, à une vraie humilité, à une parfaite patience et aux autres vertus intérieures de l’âme, jointes à la faim et au désir de mon honneur et du salut des âmes. Voilà les œuvres qui montrent une volonté morte à la sensualité qu’elle tue continuellement par amour de la vertu. C’est avec cette discrétion que l’âme doit faire pénitence, c’est-à-dire qu’elle doit aimer surtout la vertu plus que la pénitence et se servir de la pénitence comme d’un instrument pour augmenter la vertu, selon qu’il en est besoin, et qu’elle croit pouvoir le faire dans la mesure de ses forces » (Dialogue, chap. 9, début du Traité de la Discrétion).
La mortification est et restera toujours actuelle, car elle est la prière du corps. Il est logique que celui-ci participe à notre effort de sanctification, car nous sommes à la fois corps et âme. Et si la recherche de la sanctification ne portait que sur l’âme, le corps se dresserait vite en obstacle, nous serions tel un pantin désarticulé.
« Combien voit-on de gens qui font en sorte que leurs chiens ne mangent pas plus qu’il ne faut, afin que leur appétit non satisfait les rende plus légers et plus ardents à la chasse, tandis qu’ils ne s’imposent à eux aucune règle contre les excès du plaisir ; ils semblent ainsi apprendre la sagesse aux animaux dont ils empruntent la brutalité » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur les Actes des apôtres 34, 5).

dimanche 29 juillet 2007

Jesus au Temple


Jésus au Temple

Arrivé à l’âge de douze ans, Jésus fait sa Bar Mitsva, et entre de plain pied dans sa majorité : il est désormais adulte. Il effectue son premier pèlerinage à Jérusalem pour la Pâque, en compagnie de ses parents. Il pose aussitôt un acte qui montre l’autonomie qu’il vient d’acquérir.
Les pèlerins s’en retournaient en caravanes séparées, une d’hommes et une de femmes. Ce n’est qu’à l’étape du soir que Joseph et Marie se retrouvent et constatent (lire la suite) alors que l’Enfant a disparu. Repartant à la Ville Sainte, ils doivent attendre jusqu’au surlendemain pour retrouver enfin Jésus « dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant » (Luc 2, 46).
Ce que je veux relever ici, plus que le côté dramatique de l’événement, c’est la leçon que Jésus nous donne : il est dans le Temple, ce Temple qui, comme il le dira plus tard, est la « maison de mon Père » (Jean 2, 16), une « maison de prière » (Luc 19, 46).
Il n’est pas de meilleur endroit pour prier que la chapelle du saint-sacrement de nos églises, là où se trouve le tabernacle avec la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Il est bon d’y aller « pour remercier le Seigneur — Il est si seul ! — de cette attente de vingt siècles » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n°119). Si nous allons l’y chercher, nous le trouverons et nous apprendrons de lui qu’il nous convient, à nous aussi, d’être « aux affaires de mon Père » (Luc 2, 49), c’est-à-dire de nous occuper à aimer Dieu et à accomplir sa volonté qui est que nous soyons saints et heureux et que nous rendions les autres pareillement saints et heureux.)

samedi 28 juillet 2007

La mortification (1)


La mortification (1)

Bien des personnes s’imposent des privations pour des motifs humains : être en bonne forme, conserver la ligne, remporter des objectifs sportifs. Cela suppose un régime alimentaire et un style de vie exigeants, et entraîne parfois des opérations chirurgicales… « Tout athlète se prive de tout ; mais eux, c’est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable. Moi […], je meurtris mon corps au contraire et le traîne en esclavage, de peur qu’après avoir servi de héraut pour les autres, je ne me sois moi-même disqualifié » (1 Corinthiens 9, 25-27).
Plus couramment, nous sommes tous amenés à nous priver spontanément par amour de notre prochain : (lire la suite) du conjoint, des enfants, des amis, des personnes dans le besoin… Cela semble naturel et c’est naturel, en effet.
Comment se fait-il alors que la privation pour des motifs surnaturels, la mortification, ait si mauvaise presse ? Se priver de quelque chose de bon par amour de Dieu, pour le progrès spirituel et pour venir en aide au prochain paraît moyenâgeux, comme si, en outre, ce qualificatif était forcément négatif. C’est oublier, par exemple, que régulièrement, en carême et pendant l’avent, entre autres, l’Église invite ses fidèles à pratiquer le jeûne et l’aumône.
On oublie facilement que Jésus a racheté le monde du péché par les souffrances de sa Passion et de sa Croix, non sans avoir mené d’abord une vie empreinte de simplicité et de pauvreté : « Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des abris, mais le Fils de l’homme n’a pas où appuyer sa tête » (Luc 9, 58). Saint Pierre dit clairement que Jésus « a souffert pour nous, nous laissant un modèle afin que nous suivions ses traces » (1 Pierre 2, 21).
Il faut distinguer la mortification du masochisme. Il ne s’agit pas de rechercher la douleur pour la douleur. Les excès qui ont pu avoir lieu à certaines époques, comme avec les Flagellants, ont été condamnés par l’Église.

(à suivre...)

vendredi 27 juillet 2007

Le succes scandaleux des mechants


Le succès scandaleux des méchants

J’ai déjà posé la question : « Une réussite scandaleuse ? » à propos de ceux qui font le mal et réussissent pourtant leur vie, sont comblés d’honneurs, obtiennent de nombreux succès, sont aimés de leurs semblables, etc. Je reviens aujourd’hui sur le sujet, qui ne manque pas, en effet, de susciter de légitimes interrogations. Le prophète Jérémie cherchait à obtenir de Dieu une réponse, à ce qu’il appelle « une question de droit » : « Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère ? » (12, 1). Job s’était déjà interrogé dans le même sens, du fond de la misère et de la souffrance dans lesquelles il était tombé : « Pourquoi les méchants vivent-ils et vieillissent-ils, grandissant même en force ? (lire la suite)
Leur postérité s’affermit autour d’eux, leurs rejetons poussent sous leurs yeux. Leurs maisons sont en paix, sans crainte ; le bâton de Dieu les épargne. […] Ils lâchent leurs enfants comme un troupeau, leurs nouveaux-nés bondissent. Ils chantent au son du tambourin et de la cithare, ils se divertissent au son du chalumeau. Ils achèvent leurs jours dans le bonheur. Pourtant ils disaient à Dieu : « Retire-toi de nous ; il ne nous plaît pas de connaître tes voies. Qu’est-ce que le Tout-Puissant pour que nous le servions ? » (Job 21, 7-9.11-15).
Ce succès des méchants est un problème pour le juste. « Mes pieds ont été sur le point de fléchir, mes pas ont presque glissé, car je portais envie aux impies, en constatant la prospérité des méchants. […] C’est donc en vain que j’aurais gardé mon cœur pur, que j’aurais lavé mes mains dans l’innocence ? […] J’ai donc réfléchi pour comprendre ces choses, mais la difficulté m’a semblé grande, jusqu’à ce que j’aie pénétré dans les sanctuaires divins, et que j’aie pris garde à leur sort final. […] Lorsque mon cœur s’aigrissait, et que je sentais dans mes reins une douleur aiguë, j’étais stupide et sans intelligence : j’étais comme une bête devant toi. Pourtant je suis constamment avec toi : tu m’as saisi la main droite, par tes conseils tu me conduiras, et finalement tu me prendras pour la gloire » (Ps 73 (72), 2-3.13.16-17.21-24).
Dieu promet qu’au jour où il agira, ceux qui le craignent, c’est-à-dire ceux qui le servent dans la justice et la sainteté (cf. Luc 1, 75), qui s’efforcent d’agir en suivant la voix de leur conscience, « seront pour moi un bien particulier, et je serai pour eux plein d’indulgence, comme un homme plein d’indulgence pour son fils qui le sert. Et, vous convertissant, vous verrez la différence entre le juste et l’impie, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas » (Malachie 13, 17-18).
Et c’est bien cela qui compte en définitive : d’être dans une sainteté irréprochable devant notre Dieu et Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus dans la compagnie de tous les saints » (1 Thessaloniciens 3, 13). Car ensuite la vie avec Dieu sera éternelle. « À quoi servent à l’homme tout ce qui peuple la terre, toutes les ambitions de l’intelligence et de la volonté ? À quoi bon tout cela, si tout sombre, si toutes les richesses de ce monde terrestre ne sont que décors de théâtre ; si c’est ensuite l’éternité pour toujours, pour toujours, pour toujours ?
Cet adverbe, « toujours », a fait la grandeur de Thérèse d’Avila. Tout enfant, elle franchit un jour les murailles de la ville, par la porte de l’Adaja, en compagnie de son frère Rodrigue, pour aller au pays des Maures, dans l’espoir d’y être décapités pour le Christ ; et elle murmurait à l’oreille de son frère, qui se fatiguait sur le chemin : pour toujours, pour toujours, pour toujours ! (cf. Vie, I, 6) » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 200).

jeudi 26 juillet 2007

26 juillet : saint Joachim et sainte Anne


26 juillet : saint Joachim et sainte Anne


Nous fêtons aujourd’hui saint Joachim et sainte Anne qui,selon la tradition, sont les parents de la Vierge Marie et donc les grands-parents maternels de notre Seigneur Jésus. « C’est de la souche de Jessé que procède le roi David, et c’est de la tribu de David qu’est née la très Sainte Vierge, sainte et fille de saints. Ses parents étaient Joachim et Anne, qui (lire la suite) ont plu à Dieu durant leur vie et ont engendré un fruit saint, la Vierge Marie, temple de Dieu et sa Mère en même temps […]. Joachim signifie « préparation du Seigneur » et c’est en effet par lui qu’a été « préparé » le temple du Seigneur, la Vierge. D’une manière analogue, Anne signifie « grâce ». Et c’est que Joachim et Anne ont reçu la grâce pour faire germer par la prière un bourgeon si précieux » (Pseudo-Épiphane, Homilia in laudes Sanctæ Mariæ Deiparæ).
D’où la vénération dont le peuple chrétien a entouré ces deux saints depuis les premiers temps. Ils sont, d’une certaine façon, nos propres ancêtres puisque, par eux, nous avons reçu Marie et notre Sauveur.
« Bienheureux Joachim et Anne ! chante la liturgie en reprenant un Père de l’Église. Toutes les créature sont envers vous une dette de gratitude, parce que vous avez offert au Créateur le don le plus important dessous : une Mère très chaste, l’unique créature digne de porter le Créateur » (Saint Jean Damascène, Homilia in Nativitatem Beatæ Mariæ Viginis 2, reprise dans l’office des lectures du jour).

mercredi 25 juillet 2007

25 juillet : Saint Jacques le Majeur


25 juillet : Saint Jacques le Majeur

Cette maturation de la foi fut menée à bien par l'Esprit Saint lors de la Pentecôte, si bien que Jacques, lorsque vint le moment du témoignage suprême, ne recula pas. Au début des années 40 du I siècle, le roi Hérode Agrippa, neveu d'Hérode le Grand, comme nous l'apprend Luc, "se mit à maltraiter certains membres de l'Eglise. Il supprima Jacques, frère de Jean, en le faisant décapiter" (Ac 12, 1-2). La concision de la nouvelle, privée de tout détail narratif, révèle, d'une part, combien il était normal pour les chrétiens de témoigner du Seigneur par leur propre vie (lire la suite) et, de l'autre, à quel point Jacques possédait une position importante dans l'Eglise de Jérusalem, également en raison du rôle joué au cours de l'existence terrestre de Jésus. Une tradition successive, remontant au moins à Isidore de Séville, raconte un séjour qu'il aurait fait en Espagne, pour évangéliser cette importante région de l'empire romain. Selon une autre tradition, ce serait en revanche son corps qui aurait été transporté en Espagne, dans la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle. Comme nous le savons tous, ce lieu devint l'objet d'une grande vénération et il est encore actuellement le but de nombreux pèlerinages, non seulement en Europe, mais du monde entier. C'est ainsi que s'explique la représentation iconographique de saint Jacques tenant à la main le bâton de pèlerin et le rouleau de l'Évangile, caractéristiques de l'apôtre itinérant et consacré à l'annonce de la "bonne nouvelle", caractéristiques du pèlerinage de la vie chrétienne.
Nous pouvons donc apprendre beaucoup de choses de saint Jacques : la promptitude à accueillir l'appel du Seigneur, même lorsqu'il nous demande de laisser la "barque" de nos certitudes humaines, l'enthousiasme à le suivre sur les routes qu'Il nous indique au-delà de toute présomption illusoire qui est la nôtre, la disponibilité à témoigner de lui avec courage, si nécessaire jusqu'au sacrifice suprême de la vie. Ainsi, Jacques le Majeur se présente à nous comme un exemple éloquent de généreuse adhésion au Christ. Lui, qui avait demandé au début, par l'intermédiaire de sa mère, à s'asseoir avec son frère à côté du Maître dans son Royaume, fut précisément le premier à boire le calice de la passion, à partager le martyre avec les apôtres.
Et à la fin, en résumant tout, nous pouvons dire que le chemin non seulement extérieur, mais surtout intérieur, du mont de la Transfiguration au mont de l'agonie, symbolise tout le pèlerinage de la vie chrétienne, entre les persécutions du monde et les consolations de Dieu, comme le dit le Concile Vatican II. En suivant Jésus comme saint Jacques, nous savons que, même dans les difficultés, nous marchons sur la bonne voie.

(Benoît XVI, Audience générale, 21 juin 2006)

mardi 24 juillet 2007

Saint Jacques le Majeur


Saint Jacques le Majeur

Nous continuons avec le pape Benoît XVI la série de portraits des apôtres de Jésus. "Aujourd'hui, nous rencontrons la figure de Jacques. Les listes bibliques des Douze mentionnent deux personnes portant ce nom : Jacques fils de Zébédée et Jacques fils d'Alphée (cf. Mc 3, 17.18 ; Mt 10, 2-3), que l'on distingue communément par les appellations de Jacques le Majeur et Jacques le Mineur. Ces désignations (lire la suite) n'entendent bien sûr pas mesurer leur sainteté, mais seulement prendre acte de l'importance différente qu'ils reçoivent dans les écrits du Nouveau Testament et, en particulier, dans le cadre de la vie terrestre de Jésus. Aujourd'hui, nous consacrons notre attention au premier de ces deux personnages homonymes.
Le nom de Jacques est la traduction de Iákobos, forme grécisée du nom du célèbre Patriarche Jacob. L'apôtre ainsi appelé est le frère de Jean et, dans les listes susmentionnées, il occupe la deuxième place immédiatement après Pierre, comme dans Marc (3, 17), ou la troisième place après Pierre et André dans les Évangiles de Matthieu (10, 2) et de Luc (6, 14), alors que dans les Actes, il vient après Pierre et Jean (1, 13). Ce Jacques appartient, avec Pierre et Jean, au groupe des trois disciples préférés qui ont été admis par Jésus à des moments importants de sa vie.
Comme il fait très chaud, je voudrais abréger et ne mentionner ici que deux de ces occasions. Il a pu participer, avec Pierre et Jean, au moment de l'agonie de Jésus dans le jardin du Gethsémani, et à l'événement de la Transfiguration de Jésus. Il s'agit donc de situations très différentes l'une de l'autre: dans un cas, Jacques avec les deux apôtres fait l'expérience de la gloire du Seigneur. Il le voit en conversation avec Moïse et Élie, il voit transparaître la splendeur divine en Jésus ; dans l'autre, il se trouve face à la souffrance et à l'humiliation, il voit de ses propres yeux comment le Fils de Dieu s'humilie, en obéissant jusqu'à la mort. La deuxième expérience constitua certainement pour lui l'occasion d'une maturation dans la foi, pour corriger l'interprétation unilatérale, triomphaliste de la première: il dut entrevoir que le Messie, attendu par le peuple juif comme un triomphateur, n'était en réalité pas seulement entouré d'honneur et de gloire, mais également de souffrances et de faiblesse. La gloire du Christ se réalise précisément dans la Croix, dans la participation à nos souffrances."

(à suivre...)

lundi 23 juillet 2007

Le chretien, lumiere du Christ pour les autres

Le chrétien, lumière du Christ pour les autres

"Puisque, par sa Parole, (Dieu) a pu faire resplendir la lumière des ténèbres (cf. Genèse 1, 3), Il peut aussi donner la lumière de la foi à ceux qui l'ignorent (cf. 2 Corinthiens 4, 6)" (Catéchisme de l'Église catholique, n° 298). Les chrétiens sont donc appelés à être la lumière du monde, par l'"accord de leur vie avec la foi" (Concile Vatican II, décret Apostolicam actuositatem sur l'apostolat des laïcs, n° 13), grâce auquel ils deviennent capables "d'éveiller en chaque homme l'amour du vrai et du bien, et de l'inciter à aller un jour au Christ et à l'Église" (Ibid.).
C'est pour eux un devoir, le devoir de l'évangélisation, (lire la suite) de l'apostolat. Il est rendu possible aussi du fait que "lumière signifie surtout connaissance, vérité en opposition à l’obscurité du mensonge et de l’ignorance" (Benoît XVI, Homélie de la messe de minuit, 24 décembre 2005). Car, si Jésus-Christ est Lumière, il est aussi "la Voie, la Vérité et la Vie" (Jean 14, 6). Jésus est présent parmi les siens. Il l'était avec le Peuple de l'Alliance, par la colonne de feu, de lumière et la colonne de nuée qui le précédaient respectivement la nuit et le jour (cf. Nombres 14, 14). Il l'est depuis deux mille ans dans les sacrements et notamment l'auguste sacrement de l'Eucharistie. "Dans le sacrement de l'autel, le Seigneur vient à la rencontre de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Genèse 1, 27), se faisant son compagnon de route" (Benoît XVI, exhortation apostolique Le Sacrement de la charité, n° 2).
Le baptisé accomplit cette mission dans l'Église. Comme le dernier concile œcuménique l'a déclaré, "le Christ est la lumière des peuples : réuni dans l'Esprit Saint, le saint concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes créatures la bonne nouvelle de l'Évangile, répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l'Église" (Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium sur l'Église, n° 1). Mais il convient de regarder le Christ. "Les hommes de notre époque, parfois inconsciemment, demandent aux croyants d'aujourd'hui non seulement de « parler » du Christ, mais en un sens de le leur faire « voir ». L'Église n'a-t-elle pas reçu la mission de faire briller la lumière du Christ à chaque époque de l'histoire, d'en faire resplendir le visage également aux générations du nouveau millénaire" (Jean-Paul II, exhortation apostolique Tertio millennio ineunte, n° 16). " La lumière de Bethléem ne s’est plus jamais éteinte. Tout au long des siècles, elle a touché des hommes et des femmes, «elle les a enveloppés de lumière». Là où a surgi la foi en cet Enfant, là aussi a jailli la charité – la bonté envers les autres, l’attention empressée pour ceux qui sont faibles et pour ceux qui souffrent, la grâce du pardon. À partir de Bethléem, un sillage de lumière, d’amour, de vérité, envahit les siècles. Si nous regardons les saints – de Paul et Augustin, jusqu’à saint François et saint Dominique, de François-Xavier et Thérèse d’Avila à Mère Teresa de Calcutta – nous voyons ce courant de bonté, ce chemin de lumière qui, toujours de nouveau, s’enflamme au mystère de Bethléem, à ce Dieu qui s’est fait Enfant. Dans cet Enfant, Dieu oppose sa bonté à la violence de ce monde et il nous appelle à suivre l’Enfant" (Benoît XVI, Homélie de la messe de minuit, 24 décembre 2005). Comme saint Paul l'explique au roi
Agrippa devant qui il comparaît : les prophètes et Moïse ont prédit "que le Christ aurait à souffrir et que, ressuscité d'entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple d'Israël et aux païens" (Acte des apôtres 26, 23). Dans ce contexte, les guérisons d'aveugles par Jésus prennent toute leur signification.
Les chrétiens ont choisi à leur tour de "vivre en fils de lumière" (1 Thessaloniciens 5, 5) pour "avoir part à l'héritage des saints dans la lumière" (Colossiens 1, 12) et vivre ainsi en communion avec Dieu, qui "est Lumière et il n'y a pas de ténèbres en Lui" (1 Jean 1, 5). Il se situe ainsi dans la perspective eschatologique, dans le contexte de la fin des temps, quand s'accomplira définitivement la prophétie d'Isaïe (9, 1) rappelée plus haut.

(fin)

dimanche 22 juillet 2007

Le progres materiel


Le progrès matériel

« Nul ne peut contester que ce progrès matériel existe et qu’il nous apporte de réels biens matériels. Mais ces biens sont tout relatifs, car ils ne nous sont vraiment utiles que si nous en faisons un bon usage et nous pouvons en faire un très mauvais usage si notre état de progrès, de développement social, moral, spirituel ne va pas de pair avec leur possession. Ils sont dans nos mains un moyen ou un instrument précieux, ils sont un instrument de la civilisation, mais ce n’est pas en eux que consiste la civilisation, car il ne nous sont vraiment bons que s’il y a en eux cette bonté intérieure, morale ou spirituelle, qui (lire la suite) nous permettra de nous en bien servir, ce qui revient à dire que la civilisation, la vraie civilisation est dans l’homme, à l’intérieur de son âme, dans sa vie morale et spirituelle, et non dans les biens extérieurs, étrangers à lui, dont il peut faire usage.
Aux hommes de son temps qui cherchaient « le royaume de Dieu » en des triomphes extérieurs, le Christ rappelait que « le royaume de Dieu est au-dedans de nous » (qu’il consiste dans la vie de la foi et de la charité au fonds des âmes) : aujourd’hui, ce n’est plus seulement le royaume de Dieu dont il faut rappeler aux hommes l’intériorité, c’est la civilisation elle-même, dont il faut leur dire qu’elle est en nous, qu’elle est dans l’homme, de même que parlant de la crise on a pu s’apercevoir bien vite qu’elle n’était pas purement économique et reconnaître que, selon une formule célèbre, « la crise est dans l’homme » (Jean Daujat, La nécessaire conversion, Paris, 1953, p. 21-22).
Nous ne pouvons pas oublier que des progrès ne sont possibles - à un rythme accéléré même, comme de nos jours - que parce que l'intelligence humaine est une étincelle de l'intelligence divine, que parce que Dieu a doté l'homme d'une partie de son pouvoir sur la création : "Dieu prit l'homme et le plaça dans le jardin d'Éden pour le cultiver et le garder" (Genèse 2, 15). Mais ce progrès dans la maîtrise du monde et de ses éléments n'est positif et enrichissant pour l'homme que s'il s'accompagne d'une maîtrise de soi - de ses passions et de son penchant pour le mal - et d'un enrichissement spirituel par le développement des vertus et la recherche de Dieu : "Quel profit, en effet, aurait l'homme, quand il gagnerait l'univers, si c'est au détriment de son âme ?" (Matthieu 16, 26).
Or, "dans l’ordre religieux l’homme reste l’homme et que Dieu reste Dieu. Dans ce domaine, le comble du progrès est déjà atteint : c’est le Christ, alpha et oméga, commencement et fin (Apocalypse 21, 6).
Dans la vie spirituelle, il n’y a pas de nouvelle époque à laquelle il faudrait parvenir. Tout a déjà été donné dans le Christ, qui est mort, qui est ressuscité, qui vit et demeure toujours. Mais il nous faut nous unir à Lui par la foi, en laissant sa vie se manifester en nous, afin que l’on puisse dire que chaque chrétien est non plus alter Christus, mais ipse Christus, le Christ lui-même !
Instaurare omnia in Christo, telle est la devise que saint Paul donne aux chrétiens d’Éphèse (Éphésiens 1, 10) ; ordonner toutes choses selon l’esprit de Jésus, placer le Christ au sein même de toutes choses. (...) quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tout à moi (Jean 12, 32). Le Christ, par son incarnation, par sa vie de travail à Nazareth, par sa prédication et ses miracles dans les terres de Judée et de Galilée, par sa mort sur la Croix, par sa résurrection, est le centre de la création, l’Aîné et le Seigneur de toute créature" (saint Josémaria, Quand le Christ passe, nos 104-105).
C'est Dante qui écrivait dans La Divine comédie (« Enfer », chant VII), à propos des damnés :
« Mal dépenser et mal amasser leur a fermé le monde de la beauté,
Et les a jetés dans cette bataille ;
Ce qu’elle est, je n’ai point à l’embellir.
Ainsi tu peux voir, cher fils, quelle brève illusion
Est celle des biens confiés à la Fortune,
Et qui font se tourmenter l’humanité ;
Car tout l’or qui est et qui fut déjà sous la lune
Ne pourrait permettre de se reposer
À une seule de ces âmes fatiguées. »

samedi 21 juillet 2007

L’homme est bon

L’homme est bon

Nous avons déjà vu que le monde est bon. Je veux aujourd’hui dire que l’homme aussi est bon, alors que nous voyons tant de méchanceté autour de nous, que le monde retentit de bruits de guerres et d’attentats meurtriers.
Cette bonté foncière, naturelle, de l’homme ne peut pas être mise en doute. Il arrive d’ailleurs qu’en présence de quelqu’un de spécialement bon, on dise qu’il n’a pas le péché originel. C’est reconnaître qu’avant ce péché d’Adam et Ève, l’état de l’homme (lire la suite) était de bonté. Non celle du « bon sauvage » de Rousseau, qui ne fait aucune référence à Dieu. Or, Dieu, qui est la Bonté en personne, est source de toute bonté. Quand il crée l’homme et la femme, il se complaît dans sa création en voyant que « cela était très bon » (Genèse 1, 31).
Alors d’où vient le mal ? J’en ai parlé aussi les 28 et 30 septembre 2006. Ici, comme il est plus précisément question de l’homme, écoutons le Seigneur lui-même nous enseigner que « c’est du cœur de l’homme que sortent pensées mauvaises, meurtres, adultères, impudicités, vols, faux témoignages, blasphèmes » (Matthieu 15, 19).
Autrement dit, c’est notre cœur qu’il faut réformer. « Vivre selon le Saint-Esprit, c’est vivre de foi, d’espérance et de charité ; c’est laisser Dieu prendre possession de nous et changer radicalement notre cœur pour le faire à sa mesure. Une vie chrétienne mûre, profonde et forte ne s’improvise pas ; elle est le fruit de la croissance en nous de la grâce de Dieu (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 134). « Ô Dieu,crée pour moi un cœur pur, et donne-moi un esprit nouveau et ferme » (Ps 51 (50), 12). Et Dieu promet par la bouche du prophète Ézéchiel (36, 26-27) : « Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrais en vous mon Esprit, et je ferai que vous suiviez mes ordonnances, que vous gardiez mes lois et que vous les pratiquiez. »
C’est la prière qu’il convient d’adresser à Dieu en passant par la Sainte Vierge, car tous nous avons peu ou prou un cœur endurci, qui a besoin de se ramollir auprès du feu débordant du Cœur Sacré de Jésus. « Si vous cherchez Marie, vous trouverez Jésus. Et vous apprendrez à comprendre un petit peu ce qu’il y a dans ce cœur de Dieu qui s’anéantit, qui renonce à manifester son pouvoir et sa majesté, pour se présenter à nous sous la forme d’un esclave (cf. Philippiens 2, 6-7) » (saint Josémaria, Ibid., n° 144).

vendredi 20 juillet 2007

La Lumiere face aux tenebres


La Lumière face aux ténèbres

Le Christ s'approprie cette image, confirmant ainsi son caractère messianique : "Tant que je suis dans le monde, je suis la Lumière du monde" (Jean 9, 5) ; "Je suis la Lumière du monde. Celui qui me suivra ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie" (Jean 8, 12). Peu avant de souffrir sa Passion, il annonce dans ses dernières déclarations publiques : "C'est pour bien peu de temps que la Lumière est encore parmi vous. Marchez tant que vous avez la Lumière, pour n'être pas pris par les Ténèbres, car celui qui marche dans les Ténèbres (lire la suite) ne sait pas où il va. Tant que vous avez la Lumière, croyez en la Lumière pour devenir des enfants de lumière" (Jean 12, 35-36) ; "Moi, c'est comme Lumière que je suis venu dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne reste pas dans les Ténèbres" (Jean 12, 46).
Nous pouvons déduire de ces affirmations que la venue de Jésus parmi les hommes conduit à une confrontation entre la Lumière et les Ténèbres, entre Dieu et satan, entre le Bien et le Mal. Or, Jésus établit le jugement : "C'est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait le mal, hait la lumière, de peut que ses œuvres ne soient blâmées. Mais celui qui accomplit la vérité, vient à la lumière, afin qu'il soit manifesté que ses œuvres sont faites en Dieu" (Jean 3, 19-21). Emblématique en ce sens est le moment où
Judas sort de la dernière Cène que Jésus mange avec ses apôtres pour aller le livrer aux grands prêtres des Juifs : "C'était de nuit", souligne saint Jean (13, 30). Et comme Jésus le déclare quelques heures plus tard à ceux qui viennent l'arrêter au jardin de Gethsémani, "voici votre heure, et c'est le pouvoir des Ténèbres" (Luc 22, 53).
Le baptême est la porte qui donne accès à l'amour et à la connaissance de Dieu et qui transforme l'homme d'enfant de la colère (Éphésiens 2, 3) en enfant de Dieu, en enfant de lumière. Le bain du baptême "est appelé illumination, parce que ceux qui reçoivent cet enseignement (catéchétique) ont l'esprit illuminé..." (saint Justin, Apologie 1, 61, 12). "Ayant reçu dans le baptême le Verbe, "la lumière véritable qui illumine tout homme" (Jean 1, 9), le baptisé, "après avoir été illuminé" (Hébreux 10, 32) est devenu "fils de lumière" (1 Thessaloniciens 5, 5), et "lumière" lui-même (Éphésiens 5, 8)" (Catéchisme de l'Église catholique, n° 1216). Les hommes sont devenus "enfants de Dieu. — Porteurs de la seule flamme capable d'illuminer les chemins terrestres des âmes, de la seule flamme qui ne sera jamais mêlée d'ombres, de pénombres ou d'obscurités" (saint Josémaria, Forge, n° 1), "des enfants de la lumière, des frères de la lumière (...), porteurs de l’unique flambeau capable d’embraser les cœurs faits de chair" (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 66).

(à suivre...)

jeudi 19 juillet 2007

Les manifestations de Dieu aux hommes

Les manifestations de Dieu aux hommes


Toute manifestation de Dieu, toute "épiphanie", est un mystère de lumière.
"La vraie source de lumière, l'"Astre d'en haut qui vient nous visiter" (cf. Luc 1, 78), c'est le Christ, explique le pape Benoît XVI. Dans le mystère de Noël, la lumière du Christ rayonne sur la terre, en se diffusant comme par cercles concentriques. Tout d'abord sur la sainte Famille de Nazareth : la Vierge Marie et Joseph sont illuminés par la présence divine de l'Enfant Jésus. La lumière du Rédempteur se manifeste ensuite aux bergers de Bethléem qui, avertis par l'ange, accourent immédiatement à la grotte et y trouvent le "signe" qui leur avait été annoncé : un enfant (lire la suite) enveloppé de langes et couché dans une mangeoire (cf. Luc 2, 12). Les bergers, avec Marie et Joseph, représentent ce "reste d'Israël", les pauvres, les anawim, auxquels est annoncée la Bonne Nouvelle. L'éclat du Christ parvient enfin jusqu'aux Rois mages, qui constituent les prémices des peuples païens. Les palais du pouvoir de Jérusalem restent dans l'ombre et la nouvelle de la naissance du Messie y est annoncée paradoxalement par les Rois mages et suscite non pas la joie, mais la crainte et des réactions hostiles. Mystérieux dessein de Dieu : "Quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises" (Jean 3, 19)" (Benoît XVI, Homélie en la solennité de l'Épiphanie, 6 janvier 2006). Et le pape d'ajouter que "les Rois Mages ont adoré un simple Enfant dans les bras de sa Mère Marie, car, en Lui, ils ont reconnu la source de la double lumière qui les avait guidés : la lumière de l'étoile et la lumière des Écritures. Ils ont reconnu en Lui le Roi des Juifs, gloire d'Israël, mais aussi le Roi de toutes les nations" (Ibid.).
La lumière se manifeste encore à Pierre, Jacques et Jean quand Jésus les prend avec lui sur le mont Thabor, où il se transfigure sous leurs yeux.
Bien évidemment, la Lumière qu'est le Christ resplendit de façon toute particulière au moment de sa Résurrection, le matin de Pâques : "Aujourd'hui s'est levée la lumière du monde, aujourd'hui est apparu le soleil de justice dont les rayons apportent le salut" (saint Jérôme, In die dominica Paschae homilia 2). Cette lumière est symbolisée par le cierge allumé au cours de la veillée pascale à partir du feu que le prêtre a béni au préalable en disant : "Seigneur, notre Dieu, par ton Fils qui est la lumière du monde, tu as donné aux hommes la clarté de ta lumière ; daigne bénir cette flamme qui brille dans la nuit ; accorde-nous, durant ces fêtes pascales, d'être enflammés d'un si grand désir du ciel que nous puissions parvenir, avec un cœur pur, aux fêtes de l'éternelle lumière. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur." Le sens spirituel de la cérémonie du feu est évident. Au moment d'allumer le cierge pascal, le célébrant dit la prière suivante : "Que la lumière du Christ, ressuscitant dans la gloire, dissipe les ténèbres de notre cœur et de notre esprit." Puis le cierge est porté en procession dans l'obscurité en chantant une première fois Lumen Christi, "Lumière du Christ", acclamation à laquelle le peuple répond : Deo gratias, "Nous rendons grâce à Dieu". Arrivés au seuil de l'église, le diacre s'il est présent reprend une deuxième fois l'acclamation, un ton plus haut. On allume alors les cierges de tous les fidèles à la flamme du cierge pascal. Parvenu à l'autel, les ministres se tournent vers l'assemblée et le diacre entonne une troisième fois Lumen Christi, encore un ton plus haut. Toutes les lumières de l'église, jusque-là éclairée par les seuls cierges, sont alors allumées. Placé sur un chandelier ad hoc, le cierge est encensé, marquant par là l'importance accordée à cette lumière qui a été acclamée comme lumière du Christ. Il est allumé lors de la messe et des différentes célébrations jusqu'à la Pentecôte, qui marque la fin du temps pascal.
Depuis lors, cette Parole nous est adressée par l'Esprit Saint. La Parole proclamée dans la liturgie est lumière du Paraclet "qui parle en langage humain pour que notre intelligence comprenne et contemple, pour que notre volonté se fortifie et pour que l'action s'accomplisse" (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 89).

(à suivre...)

mercredi 18 juillet 2007

Les manuscrits de Montesquieu sauves


Les manuscrits de Montesquieu sauvés


Mon ancêtre Jean d’Arcet a joué un rôle important dans la conservation des manuscrits de Montesquieu. Fils de François d’Arcet, Lieutenant général du baillage de Gascogne, Jean était né en 1724, à Chalosse, près de Saint-Sever. Son père, « magistrat austère et fortuné, était très considéré au Parlement de Bordeaux, qui ne cassa jamais aucun de ses arrêts. Il voulait que son fils aîné Jean lui succéda dans sa charge. Après de bonnes études au collège d’Aire-sur-Adour, il l’envoya faire son droit à Bordeaux. Mais Jean profita de sa liberté pour (lire la suite) suivre des cours de sciences vers lesquelles il était invinciblement attiré. Et plutôt que de poursuivre vers la magistrature, il accepta de céder son droit d’aînesse à un frère d’un second lit, et de se priver des subsides paternels, sans pour autant rompre avec son père. Pour continuer ses études de science, il donna des leçons de latin au fils d’un savetier qui lui amena d’autres élèves, et il put ainsi commencer sa médecine.
Son camarade Augustin Roux, qui devait plus tard devenir professeur de chimie à la Faculté de Médecine de Paris, le présenta au Président de Montesquieu, qui s’intéressa à lui, et l’emmena à Paris en 1742 au service de son fils.
Et très vite, tout en continuant ses études personnelles et les devoirs de sa charge, Jean d’Arcet acquit la confiance totale, l’estime et l’admiration du grand écrivain, dont il devint le secrétaire, amassant et classant pour lui les matériaux qui allaient servir à son dernier ouvrage, « L’esprit des Lois », publié en 1748. Dans les années qui suivirent, le livre eut un retentissement considérable et suscita bien des polémiques. Défendu par la marquise de Pompadour, il était attaqué par la Sorbonne et les Jésuites. La confiance de Montesquieu envers Jean d’Arcet était telle qu’au moment de mourir il lui demanda de prendre en garde ses manuscrits, pour que ses adversaires ne puissent s’en emparer et les détruite ou les modifier. Et le 10 février 1755, devant le corps de Montesquieu qui venait de rendre le dernier soupir, après avoir reçu les sacrements du curé de Saint-Sulpice, Jean d’Arcet dut employer la force pour chasser deux Jésuites, le père Routh et le père Castel, qui voulaient lui arracher les clefs de la bibliothèque du Président. »

Dr Michel Valentin, « La vie et la famille de Joseph d’Arcet (1777-1844) », Sécurité et Médecine du Travail, n° 34, janvier-mars 1975, p. 31.

mardi 17 juillet 2007

Le Christ, Lumiere de l'homme, l'homme, lumiere du Christ


Le Christ, Lumière de l'homme, l'homme, lumière du Christ


La venue de la Lumière dans le monde

"Au commencement était le Verbe (...). En Lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes. (...) La Lumière vraie, qui éclaire tout homme venait dans le monde" (Jean 1, 1.4.8). Cette Lumière commence à se manifester au jour de Noël, au moment précis où le soleil regagne progressivement de la hauteur et où la durée des jour s'allonge de nouveau, donc où la lumière dissipe peu à peu les ténèbres, l'obscurité de la nuit. (lire la suite)
Cette réalité physique est évocatrice de la lumière divine qui vient chasser du cœur de l'homme les ténèbres du péché. C'est "la lumière du bien qui vainc le mal, de l'amour qui dépasse la haine, de la vie qui l'emporte sur le mort" (Benoît XVI, Audience générale, 21 décembre 2005). De quelle lumière parlons-nous ? Nous disons que le Christ lui-même est Lumière. Écoutons saint Jean affirmer à la fois que "Dieu est Lumière, en lui point de ténèbres" (1 Jean 1, 5) ; puis il ajoute : "Dieu est amour" (1 Jean 4, 16)". "Ces deux affirmations, mises ensemble, nous aident à mieux comprendre: la lumière, apparue à Noël, et qui se manifeste aujourd'hui aux nations, est l'amour de Dieu, révélé dans la Personne du Verbe incarné. Les Rois mages arrivent d'Orient, attirés par cette lumière. Dans le mystère de l'Épiphanie, par conséquent, en plus d'un mouvement de rayonnement vers l'extérieur, se manifeste un mouvement d'attraction vers le centre qui achève le mouvement déjà inscrit dans l'Ancienne Alliance. La source d'un tel dynamisme est Dieu, Un dans la substance et Trine dans les Personnes, qui attire tout et tous à lui. La Personne incarnée dans le Verbe se présente ainsi comme le principe de réconciliation et de récapitulation universelle (cf. Ep 1, 9-10)" (Benoît XVI, Homélie en la solennité de l'Épiphanie, 6 janvier 2006).
Le Christ est cette lumière. C'est ce que saint Paul veut dire quand il écrit dans l'épître à son disciple Tite (2, 11) : "La grâce de Dieu est apparue." En effet, comme le pape Benoît XVI le fait remarquer, "l'expression «est apparue» (est manifestée) appartient au langage grec et, dans ce contexte, dit la même chose que ce que l’hébreu exprime par les mots «une lumière resplendit»: l’«apparition» – l’«épiphanie» – est l’irruption de la lumière divine dans le monde plein d’obscurité et plein de problèmes irrésolus. Enfin, l’Évangile nous rapporte que la gloire de Dieu apparut aux bergers et «les enveloppa de lumière» (Lc 2, 9). Là où paraît la gloire de Dieu, là se répand, dans le monde, la lumière. «Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui», dit saint Jean (1 Jn 1, 5). La lumière est source de vie" (Homélie de la messe de minuit, 24 décembre 2005).
C'est de l'irruption de cette lumière dans notre monde dont le vieillard Siméon prend conscience dans le Temple de Jérusalem quand Marie et Joseph y apportent l'Enfant Jésus pour offrir ce que la Loi prescrit à la naissance de tout premier-né : "Mes yeux ont vu ton salut (...). Lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël" (Luc 2, 30.32). Siméon peut dire cela, car, poussé par le Saint-Esprit (cf. Luc 2, 27), il se rend compte de l'accomplissement de la prophétie formulée jadis par Isaïe à propos du Serviteur de Yahvé qui ramènera son peuple d'exil au pays qu'il lui a donné, parlant de façon voilée du Fils de Dieu, Jésus-Christ, qui ramènera de l'exil du péché les enfants de Dieu et leur ouvrira l'accès au ciel : "C'est peu que tu sois mon Serviteur, pour rétablir les tribus de Jacob et pour ramener les survivants d'Israël ; je t'établirai lumière des nations, pour que mon salut arrive jusqu'aux extrémités de la terre" (Isaïe 49, 6).
Avec la venue de Jésus s'accomplit aussi cette autre prophétie du même Isaïe (9, 1) : "Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et sur les habitants du sombre pays une lumière a resplendi". Saint Matthieu la cite textuellement (4, 16) pour indiquer que le début de la prédication de Jésus correspond à cette annonce prophétique, que Jésus est la Lumière du monde. Et dans le Credo nous affirmons croire en "Jésus, Fils unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel (ou de même nature) au Père."

(à suivre...)

lundi 16 juillet 2007

Saint Bonaventure (fin)


Saint Bonaventure (fin)

La Vérité et la Réalité divines ne sont pas que le terme de l'itinéraire de l'homme : elles en sont aussi la préparation et la cause. L'accès définitif de l'homme à la Vérité et à la Réalité, après la mort, doit être précédé de son accomplissement progressif au cours de sa vie. Le saint écrit que (...) saint François, à l'apparition du séraphin crucifié, fit Pâque avec le Christ, c'est-à-dire qu'il accomplit son passage en Dieu, et c'est là une invitation adressée à tous les hommes spirituels (lire la suite) d'effectuer un tel passage (cf. Itinerarium, chap. VII, n° 2-3).
Pour les disciples du Seigneur, cela se réalise principalement par les éléments du pain et du vin qui, dans la très sainte Eucharistie, deviennent le Corps et le Sang du Christ, afin de produire en eux ce passage même. Le concile Vatican II nous redit à ce propos les certitudes de toujours de l'Église : « Dans ce sacrement de la foi, le Seigneur a laissé aux siens un viatique pour le chemin. En lui, les éléments de la nature cultivés par l'homme sont transformées en son Corps et en son Sang glorieux » : y participer « n'opère que si nous nous changeons en ce que nous recevons » (Lumen gentium, n° 38; Gaudium et spes, n° 26).
Notre montée vers Dieu comporte ce recouvrement décisif de l'intériorité, au sommet de la compénétration du mystère de l'homme et du mystère du Christ, qui nous fera « abandonner toutes les opérations de l'intellect et reverser en Dieu la plénitude de l'amour » (Itinerarium, chap. VII, n° 4) afin de vivre bien enracinés et fondés dans le Christ, et puissamment fortifiés dans laa foi (cf. Col 2, 6 s).
Saint Bonaventure s'est également situé à ce niveau de haute spiritualité dans l'étude et l'enseignement de la foi reçue de Dieu par l'intermédiaire de l'Église. Je rappelle à cet égard un texte bien connu du prologue de l'Itinerarium (...) : « Que personne ne pense que la lecture sans piété peut lui suffire, ou la spéculation sans la dévotion, la recherche sans l'admiration, l'attention sans la joie, l'acitvité sans la piété, la science sans l'amour, l'intelligence sans l'humilité, l'étude sans la grâce divine, la recherche sans la sagesse inspirée par Dieu ». (...)
Il faut pour cela que l'annonce de l'Évangile soit à la fois un témoignage vécu et que celui qui l'annonce « soit enflammé intérieurement par les ardeurs de l'Esprit Saint envoyé par le Christ sur la terre » (Itinerarium, chap. VII, n° 4). (...)

Jean-Paul II, Lettre aux ministres généraux des Familles franciscaines, 8 septembre 1988.

dimanche 15 juillet 2007

15 juillet : saint Bonaventure


15 juillet : saint Bonaventure

S'adressant aux membres des familles franciscaines réunies pour le 4ème centenaire de la proclamation de saint Bonaventure comme Docteur de l'Église universelle, le pape Jean-Paul II parlait de l'Itinerarium mentis in Deum, l'Itinéraire de l'esprit vers Dieu, ouvrage fondamental de saint Bonaventure. Il écrivait, entre autres, ceci : « Une des idées fécondes de l'Itinerarium est la réflexion sur le mystère de l'homme considéré à la lumière du mystère du Verbe incarné. C'est à cette vision qu'il faut rapporter l'origine de l'homme, sa vie et sa mort. (lire la suite) Son pèlerinage sur la terre est pour l'homme un voyage de retour, puisque sa destinée ultime est également son tout premier commencement : « Nous venons du Christ, nous vivons par lui, et c'est vers lui que nous nous dirigeons » (const. Lumen gentium, n° 3).
Cependant, le progrès de l'itinéraire vers Dieu est lié à la ferme persuasion que le point d'arrivée est déjà présent, d'une certaine manière, tout au long du chemin qui y conduit. Le monde entier est rempli de lumières divines qui émanent de l'acte créateur du Père, selon l'exemplarité du Verbe éternel qui était dès le commencement près de Dieu, car il était Dieu, et qui est venu en ce monde pour éclairer tout homme et tout l'homme (cf. Jean 1, 19). Aussi, comme l'observe saint Bonaventure, l'homme serait vraiment aveugle, sourd et muet, s'il n'était pas éclairé par tant de splendeurs dans les choses créées, s'il ne savait pas écouter le concert de tant de voix, si devant tant de merveilles il ne louait le Seigneur (cf. Itinerarium, chap. I, n° 15). (...)

(à suivre...)

samedi 14 juillet 2007

Le 14 juillet 1790



Le 14 juillet 1790


Mon ancêtre Jean d’Arcet (1777-1844), a accompagné son père, Jean d’Arcet (1724-1801), à la fête de la Fédération qui commémorait la prise de la Bastille, le 14 juillet 1790, au Champ de Mars, à Paris. Je retranscris le récit qu’il a dicté en 1843 à sa fille Pauline :
« Mon Père était un des électeurs de la ville de Paris. En cette qualité, il dut assister à la première fédération. Cette grande cérémonie eut lieu au champ de Mars par un temps fort incertain. Nous allâmes de la place Louis XV (lire la suite) [l’actuelle place de la Concorde] au champ de Mars en suivant le cours la Reine, le quai de Chaillot et en traversant la Seine devant le champ de Mars sur un pont en bois construit exprès pour la cérémonie. Nous étions à pied dans le cortège, nous traversâmes le champ de Mars dans toute sa longueur, et nous fûmes placés sous une grande estrade couverte qui avait été construite en avant de l’école Militaire et le long de la grande face de ce bâtiment. Mon père était placé à côté du duc d’Orléans (l’Égalité). Le roi Louis XVI était au centre de l’estrade. Il était vêtu d’un pantalon et d’une veste courte en drap d’or et complètement boutonnée. Je ne me souviens pas de lui avoir vu ni chapeau ni manteau. Ayant beaucoup marché et étant assis depuis long-emps, je pressais mon Père de me donner quelque chose à manger. Il n’avait rien à m’offrir, mais le duc d’Orléans qui m’entendit tira aussitôt de dessous la banquette un pâté dont il m’offrit un gros morceau, que j’acceptai et que je mangeai bien volontiers.
Le temps, comme je l’ai dit plus haut, était très incertain. Le soleil était beau et chaud par moments et ensuite le ciel se couvrait de nuages noirs et très épais. Je remarquai qu’à chaque salve d’artillerie, quand le temps était couvert, ces nuages se résolvaient en pluie qui tombait à torrents. Je me souviens encore d’avoir vu des femmes exposées à cette pluie tordre leurs jupons après chaque averse. Ma sœur Julie, qui était sur un des talus à droite du champ de Mars, passa ainsi la journée à tordre sa robe après la pluie et à la sécher sur elle ensuite au soleil. À chaque averse, on voyait s’ouvrir les parapluies, qui par leurs différentes couleurs formaient un singulier spectacle.
J’ai trouvé par hasard chez un marchand du quai aux fleurs, le tableau peint à l’huile sur bois de noyer, représentant la première fédération au moment du serment. Je certifie que ce tableau, qui est en ma possession, est parfaitement exact et je suis convaincu que c’est d’après lui qu’a été gravée la belle planche de la grande cérémonie dont il est ici question, ce tableau m’a coûté 3 f 50. Monsieur Mérimée a déclaré qu’il était l’original. »

L’original de ce récit a été donné avec l’esquisse de David au musée Carnavalet.

vendredi 13 juillet 2007

Nationalisme et patriotisme (4)


Nationalisme et patriotisme (4)

À une époque où l'on veut d'un peu partout imposer le "politiquement correct", il faut rejeter énergiquement toute mentalité de parti unique, opposé à la liberté des hommes et dont on semble avoir oublié les dégâts au cours du dernier siècle. Ceux qui nourrissent cette mentalité de parti unique "et veulent que tout le monde ait la même opinion qu'eux, éprouvent quelque peine à croire que d'autres soient capables de respecter la liberté d'autrui" (Entretiens avec Monseigneur Escriva, n° 50). Pour qui veut regarder les choses objectivement, sans passion, "il n’est pas vrai qu’il y ait opposition entre le fait d’être un bon catholique et celui de servir fidèlement la société civile. (lire la suite) Tout comme il n’y a pas de raison pour que l’Église et l’État entrent en conflit dans l’exercice légitime de leur autorité respective, en vue de la mission que Dieu leur a confiée. Ils mentent (c’est bien cela : ils mentent !) ceux qui affirment le contraire. Ce sont les mêmes qui, au nom d’une fausse liberté, voudraient “ gentiment ” que les catholiques retournent aux catacombes" (saint Josémaria, Sillon, n° 301). Une tendance similaire a pu se produire dans l'Église, alors que la légitime liberté des enfants de Dieu, épaulée par leur responsabilité personnelle, devrait régner puisqu'il s'agit de "la liberté par laquelle le Christ nous a libérés" (Galates 4, 31) de l'emprise du péché. C'est pourquoi "il faut fuir comme la peste ces façons de concevoir la pastorale, et en général l'apostolat, qui ressemblent à une nouvelle édition, revue et corrigée, du parti unique dans la vie religieuse" (Entretiens avec Monseigneur Escriva, n° 99).
N'oublions pas cette affirmation essentielle du fondateur de l'Opus Dei : "L’Apôtre a également écrit : "Il n’y a pas de distinction entre gentil et Juif, circoncis et incirconcis, barbare et Scythe, esclave et homme libre, mais le Christ est tout et se trouve en tous."
Ces paroles ont aujourd’hui la même valeur qu’hier : devant le Seigneur il n’existe pas de différence de nation, de race, de classe, d’état… Chacun d’entre nous est né de nouveau dans le Christ, pour devenir une nouvelle créature, un enfant de Dieu : nous sommes tous frères et c’est en toute fraternité que nous devons nous conduire !" (saint Josémaria, Sillon, n° 317). Cela me rappelle ce qu'il disait à propos de l'égalité de tous devant Dieu : " Il n’y a donc qu’une race, la race des enfants de Dieu, Il n’y a qu’une couleur : la couleur des enfants de Dieu. Et il n’y a qu’une langue: celle qui parle au cœur et à l’esprit et qui, sans avoir besoin de mots, nous fait connaître Dieu et nous fait nous aimer les uns les autres" (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 106). Cette conviction est quand même préférable au faux patriotisme qui prétend "justifier des crimes… et méconnaître les droits des autres peuples" (saint Josémaria, Sillon, n° 316).
Que saint Thomas More, proclamé patron des gouvernants et des hommes politiques par le pape Jean-Paul II, intercède auprès du Père pour que les hommes sachent se respecter et s'aimer, et vivre dans les faits la fraternité inscrite dans la devise de la République !

jeudi 12 juillet 2007

Nationalisme et patriotisme (3)


Nationalisme et patriotisme (3)


C'est donc tout autre chose que le nationalisme, dont le pape Pie XI dénonçait les méfaits dans l'encyclique Ubi arcano Dei, le 23 décembre 1922, texte dont je tire quelques extraits. Le pape est en train de commenter les convoitises mauvaises dont l'apôtre Jacques parle dans son épître : "D'où viennent les guerres et d'où viennent les luttes parmi vous ? N'est-ce pas de ceci : de vos passions qui combattent en vos membres ? (4, 1). Il écrit alors : (lire la suite) "L'orgueil de la vie, c'est-à-dire la passion de dominer tous les autres, il a en propre d'inciter les partis politiques à des guerres civiles si âpres qu'ils ne reculent ni devant les attentats de lèse majesté, ni devant le crime de haute trahison, ni jusqu'au meurtre même de la patrie.
C'est à ces convoitises déréglées, se dissimulant pour donner le change, sous le voile du bien public et du patriotisme, qu'il faut attribuer sans contredit les haines et les conflits qui s'élèvent périodiquement entre les peuples. Cet amour même de sa patrie et de sa race, source puissante de multiples vertus et d'actes d'héroïsme lorsqu'il est réglé par la loi chrétienne, n'en devient pas moins un germe d'injustice et d'iniquités nombreuses si, transgressant les règles de la justice et du droit, il dégénère en nationalisme immodéré. Ceux qui tombent en cet excès oublient, à coup sûr, non seulement que tous les peuples, en tant que membres de l'universelle famille humaine, sont liés entre eux par des rapports de fraternité et que les autres pays ont droit à la vie et à la prospérité, mais encore qu'il n'est ni permis ni utile de séparer l'intérêt de l'honnêteté : la justice fait la grandeur des nations, le péché fait le malheur des peuples (Proverbes 14, 34). Que si une famille, ou une cité, ou un État, a acquis des avantages au détriment des autres, cela pourra paraître aux hommes une action d'éclat et de haute politique ; mais saint Augustin nous avertit sagement que de pareils succès ne sont pas définitifs et n'excluent pas les menaces de ruine : "C'est un bonheur qui a l'éclat et aussi la fragilité du verre, pour lequel on redoute que soudain il ne se brise à jamais (saint Augustin, De Civitate Dei, l. IV, c. 3)".
Un catholique voit nécessairement les autres d'un bon œil, car catholique veut dire "universel" et l'Église est appelée à s'étendre au monde entier. Tous professent la même foi, suivent le même pasteur, le pape, et reçoivent la grâce par les mêmes sacrements. C'est pourquoi chacun d'entre eux peut dire, en toute sincérité : "Être « catholique », c’est aimer la Patrie, sans céder à quiconque dans cet amour. Mais c’est aussi faire miennes les belles aspirations de tous les pays. Que de gloires françaises sont aussi mes gloires ! Et de même, beaucoup de motifs de fierté des Allemands, des Italiens, des Anglais…, des Américains, des Asiatiques et des Africains sont aussi ma fierté !
— Catholique : grand cœur, esprit ouvert !" (saint Josémaria, Chemin, n° 525).

(à suivre...)

mercredi 11 juillet 2007

Patriotisme et nationalisme (2)


Patriotisme et nationalisme (2)


Les chrétiens prient pour les autorités. Le quatrième commandement de Dieu, "tu honoreras ton père et ta mère", "s'étend aux devoirs (...) des citoyens à l'égard de leur patrie, de ceux qui l'administrent ou la gouvernent" (Catéchisme de l'Église catholique, n° 2199). Éclairant les relations dans la société, ce commandement nous fait voir "dans nos concitoyens, les fils de notre patrie" (Ibid., n° 2212). De ce fait, "le devoir des citoyens est de contribuer avec les pouvoirs civils au bien de la société dans un esprit de vérité, de justice, (lire la suite) de solidarité et de liberté (on verra donc mes notes sur l'objection de conscience de nos jours et la pensée unique ainsi que la réponse à y apporter). L'amour et le service de la patrie relèvent du devoir de reconnaissance et de l'ordre de la charité. La soumission aux autorités légitimes et le service du bien commun exigent des citoyens qu'ils accomplissent leur rôle dans la vie de la communauté politique" (Ibid., n° 2239), ce qui comporte l'exercice du droit de vote (en cohérence avec la foi professée), le paiement des impôts (justes), la défense du pays (l'objection de conscience pouvant être invoquée), le respect des lois (justes, un devoir de désobéissance s'imposant quand ces lois sont iniques et donc violent le droit et la justice). "Les chrétiens résident dans leur propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes leurs charges comme des étrangers (...). Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre l'emporte sur les lois (...). Si noble est le poste que Dieu leur a assigné qu'il ne leur est pas permis de déserter" (Épître à Diognète, IIe siècle).
Ceux qui ont embrassé le métier des armes, "s'ils s'acquittent correctement de leur tâche, concourent vraiment au bien commun de la nation et au maintien de la paix" (Catéchisme de l'Église catholique, n° 2310).
Nous pouvons nous interroger sur l'origine du patriotisme : "Quelle est l'origine du patriotisme ? Quelles sont les causes qui le créent dans l'âme de tous, quelles sont les raisons qui l'y font vivre ? Ces causes, ces raisons, sont de plusieurs sortes : il est indispensable d'y voir en premier lieu une sorte de patrimoine de race, qui porte l'homme à préférer tel peuple plutôt que tel autre ; on peut l'atttribuer ensuite à l'amour naturel de chacun pour le sol qui l'a vu naître et grandir, pour les objets qui ont entouré son enfance et sa vie, pour la terre qui contient les cendres de ses aïeux ; une autre raison est encore la préférence de chacun pour les hommes dont le caractère, la langue, les mœurs, les traditions sont les mêmes que les siens. Enfin, surtout pour ceux qui, comme vous, ont le privilège d'étudier plus que d'autres, les grands exemples de l'Histoire, notre patriotisme est un amour profond pour une nation qui, à toute époque, a tiré son épée, enfanté ses savants et ses théosophes, versé le plus pur de son sang pour toutes les grandes causes et renversé les obstacles que les peuples et les individus avaient jetés au travers de la civilisation" (Charles de Gaulle, Conférence devant des camarades officiers subalternes, probablement en 1913, Lettres, notes et carnets, vol. I, 1905-1918, Paris, 1980, p. 67-68).
(à suivre...)

mardi 10 juillet 2007

Patriotisme et nationalisme


Patriotisme et nationalisme

Patriotisme et nationalisme sont deux notions distinctes. Pour un chrétien, le premier est une vertu, le second un péché. "La piété est une certaine expression de l'amour envers les parents et la patrie" disait saint Thomas d'Aquin (Somme théologique II-II, q. 101; a. 3 ad 1). "Aime ta patrie : le patriotisme est une vertu chrétienne. Mais si le patriotisme se transforme en un nationalisme qui porte sur d’autres peuples, sur d’autres nations un regard détaché et méprisant, dénué de charité chrétienne et de justice, c’est un péché" (saint Josémaria, (lire la suite) Sillon, n° 315). "Un chrétien n'est pas seulement une personne qui a la foi, mais aussi quelqu'un qui est appelé à être le levain et le sel de la société civile et politique dans laquelle il ou elle vit. L'Église par conséquent inculque à ses fidèles un profond sens de l'amour et du devoir à l'égard de leurs compatriotes et à l'égard de leur patrie. Elle les encourage à vivre en citoyens honnêtes et exemplaires et à travailler loyalement au progrès intégral de la nation dont ils sont fiers d'être les membres" (Jean-Paul II, Discours aux évêques chinois en visite ad limina, 11 novembre 1980).
Le baptisé est ainsi membre à la fois de la cité temporelle et de la cité céleste. Étant donné qu'il vise la perfection, autre nom de la sainteté, il s'efforce de pratiquer toutes les vertus, dont la vertu de piété, et de remplir le mieux qu'il peut ses devoirs, y compris ceux envers l'État. C'est pourquoi on a pu dire que "Les chrétiens sont plus utiles à la patrie que le reste des hommes : ils forment des citoyens ; ils enseignent la piété à l'égard de Dieu, gardien des cités ; ils font monter jusqu'à une cité divine et céleste ceux qui vivent bien dans les petites cités de la terre" (Origène, Contre Celse 8, 73-74). De ce fait, "les chrétiens ne sont l'ennemi de personne, moins encore de l'Empereur. Ils savent, en effet, que c'est Dieu qui l'a constitué dans sa charge ; c'est pourquoi ils l'aiment nécessairement, le respectent, l'honorent et ils désirent qu'il soit sauf ainsi que tout l'Empire jusqu'à la fin des temps (...). Nous honorons donc l'Empereur, mais nous le faisons de la façon qui est licite et utile pour lui-même : comme un homme qui est second après Dieu, qui a obtenu de Dieu tout ce qu'il est et qui n'est inférieur qu'à Dieu" (Tertullien, Liber ad Scapulam 2).

(à suivre)