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vendredi 31 juillet 2009

Arrêt sur christianisme (37)

Arrêt sur christianisme (37)

La religion catholique nous éclaire, (...) en faisant briller à nos yeux la plus douce, la plus lumineuse, la pus chaude, la plus bienveillante des vérités, la « vérité » du Sacré Cœur de Jésus. La révélation de cette vérité, c'est la révélation de l'amour de Dieu pour nous. Nous ne sommes pas délaissés, oubliés, seuls, sur la voie de la Croix, sur la voie que suit Jésus ; nous y avons un Cœur qui nous aime, nous y sommes aimés, on nous y aime à tout instant ; avant que nous fussions, un Cœur nous a aimés d'un amour éternel, et tout le cours de notre vie ce Cœur nous embrase du plus chaud des amours. Ce Cœur est parfait, pur comme la lumière, plus innocent que les anges, nulle souillure ne L'a approché, l'intelligence divine brille en Lui : (lire la suite) c'est le Cœur de Jésus, le Cœur de Dieu, fait homme. Dieu nous aime, Dieu nous a aimés hier, Il nous aime aujourd'hui, Il nous aimera demain. Dieu nous aime à tout instant de notre vie terrestre, et Il nous aimera durant l'éternité si nous ne repoussons pas Son amour. Il nous demande amour pour amour. Il nous dit : « Je t'aime, je veux t'aimer éternellement et me donner éternellement à toi, je veux être aimé et possédé de toi durant l'éternité. Aime-moi, obéis-moi, suis-moi. » Dieu nous aime... Dieu nous demande de L'aimer... Voilà la « vérité » du Cœur de Jésus révélée pour éclairer et embraser les cœurs des hommes.

Charles de Foucauld, L'Évangile présenté aux pauvres du Sahara, Rabat, Imrpimerie Foch, 1938, p. 143-144.

jeudi 30 juillet 2009

Les canivets


Les canivets

Le canivet est une image pieuse sur un papier piqué à l'aide d'un couteau à lame très fine et pointue, appelé canivet (du latin canipulum), constituant une dentelle sur le pourtour. L'image est agrémentée d'une légende, d'un désir spirituel, voire d'un bouquet de fleurs peint à la main.
Au verso est écrite une prière. Il n'est pas rare que s'y ajoute une inscription manuscrite à l'intention de la personne à qui cette image est offerte, ou de son détenteur à l'occasion, par exemple, d'une retraite de confirmation.
Ce genre d'images s'est répandu au XVIIe siècle et c'était le plus souvent des religieuses qui effectuaient ce travail. Elles plaçaient parfois des reliques en relief au centre de l'image. Au XIXe siècle apparaissent les dentelles mécaniques.

mercredi 29 juillet 2009

Respectez le dimanche

Respectez le dimanche

Mes frères, il faut mourir le dimanche et ressusciter le lundi. Le dimanche, c'est le bien du Bon Dieu ; c'est son jour à lui, le jour du Seigneur. Il a fait tous les jours de la semaine ; il pouviat tous les garder ; il vous en a donné six, il ne s'est réservé que le septième. De quel droit touchez-vous à ce qui ne vous appartient pas ? Vous savez que le bien volé ne profite jamais. Le jour que vous volez au Seigneur ne vous profitera pas non plus. Je connais deux moyens bien sûrs de devenir pauvre : c'est de travailler le dimanche et de prendre le bien d'autrui.

Mgr René Fourrey, Ce que prêchait le Curé d'Ars, Dijon, L'Échelle de Jacob, 2009, p. 323.

lundi 27 juillet 2009

Marie et le Jeudi Saint

Marie et le Jeudi Saint

Ô Mère, vous n’étiez pas présente au Cénacle
Le jour mémorable où votre Fils institua
Le sacrement gardé dans tous nos tabernacles,
Quand, prenant le pain et le vin, il les mua

Substance désormais de son Corps, de son Sang.
Vous n’étiez pas loin, et vous êtes devenue
Le sanctuaire premier d’un monde renaissant,
Premier de l’histoire et je vous dis : « Bienvenue ! »

Heureuse l’âme qui jouit de vos bonnes grâces ;
Florissante quand sur elle vous vous penchez.
Prospère est celle que vos bons soins désencrassent,
Et joyeuse parce que vous l'endimanchez.

Mère, quand je contemple une de vos images
Je frissonne de joie, parce que je vous vois,
Vous, ma mère, si belle et je vous rends hommage
Et de vos faveurs je me fais le porte-voix.

Fils étonnant, à la fois vrai Dieu et vrai homme
Vous êtes vraiment la Mère de tous les deux,
Mon chant de louange est un joyeux Te Deum.
Voilà un privilège autant doux que coûteux !

(D. Le Tourneau, inédit)

dimanche 26 juillet 2009

L'Annonciation (5)

L'Annonciation (5)

Satan qui alentour rôdait n’a rien compris.
Il n’a pas remarqué deux oliviers fleuris
Ni que deux chandeliers se trouvaient allumés.
Sans qu'il en soit conscient, il a été plumé !

Sa cause par ce « oui » est à jamais perdue.
Il n’a pas vu venir le Sauveur attendu.
Il est beaucoup trop fier pour capter le mystère
Qui va bouleverser en profondeur la terre.

« Mon Fils, aurai-je soin de toi comme une mère ?
Ou dois-je t’adorer plutôt comme Seigneur ?
Tu connaîtras, je le sais, des heures amères ;
Me voici prête à en endurer les frayeurs.

Dois-je t’allaiter ou plutôt chanter ta gloire ?
T’apporterai-je du lait ou des aromates ?
Dois-je choisir la Croix plutôt que la mangeoire ?
Par Amour, je viens à toi, non en automate. »

Marie dépose son Jésus dans le berceau
Qu’est l’Église muée dans le vaste vaisseau
De la Rédemption du genre humain entier
Par le Nazaréen, le Fils du charpentier.

Vous vous montrez à nous dans la chapelle axiale
Habile préposée à la vie ecclésiale.
Vous jetez alentours un regard protecteur
Qui, vers le ciel, est pour nous le fil conducteur.

Vous êtes, de Jésus, le vivant reliquaire,
Donnant son sens à mon existence précaire.
Ne permettez pas que de Dieu je me sépare,
De son intimité je veux prendre ma part.

(fin)

(D. Le Tourneau, inédit)

samedi 25 juillet 2009

L'Annonciation (4)

L'Annonciation (4)

Mais Gabriel reprend la parole : « L’Esprit
Viendra sur toi et son ombre te couvrira
Et du Fils de Dieu tu deviendras le pourpris.
Dieu est Saint, en tant qu’homme aussi il le sera.

Sache qu’Élisabeth, ta pieuse cousine,
Vient de concevoir, quand on l’on appelait « stérile ».
C’est son sixième mois et déjà se dessine
Son enfant, car, vois-tu, pour Dieu tout est facile. »

Le message est bref, mais il suffit pour comprendre.
Pourquoi faudrait-il faire une seconde attendre
La réponse que veut l’univers en suspend,
Car n’oublions pas que d’elle son sort dépend !

Le jour est venu de l’entendre s’exprimer :
La tête inclinée, les bras croisés sur son sein,
« Voici du Seigneur la servante, sublimée,
Qu’il soit fait selon ta parole et ton dessein. »

L’archange a recueilli ces mots comme un nectar
Et va les rapporter au Très-Haut sans retard.
Mais l’Esprit Saint déjà a accompli son œuvre
En Marie, devenue un céleste chef-d’œuvre.

La création est en jubilation.
Bien que restant cachée aux yeux des nations
Jusqu’au jour fixé pour sa révélation,
C'est une espèce de transfiguration.

(à suivre...)

(D. Le Tourneau, inédit)

vendredi 24 juillet 2009

L'Annonciation (3)

L'Annonciation (3)

La Vierge se surprend, mais ne s’emballe pas :
Elle se tasse en se faisant toute petite,
Dans la dilection de Dieu elle s’abrite
Pour s’assurer que c’est bien un divin appât.

L’univers, même le temps, suspendent leur vol.
Partout, chacun retient sa respiration
En voyant s’accomplir cette aspiration
Des pécheurs, désireux de prendre leur envol.

L’espoir du monde se concentre à Nazareth,
Il dépend d’un mot, d’un seul, que doit prononcer
Myriam, et aussi de ce qu’elle veuille admettre
La vérité qui lui est ainsi annoncée.

L’armée des justes de la primitive Alliance,
Regroupés auprès du Sein d’Abraham, leur père,
Voient pointer enfin le jour de leur délivrance,
Et retiennent tous leur souffle, car ils espèrent.

« Hâtez-vous ! Voyez que notre attente est trop dure
À porter, disent-ils à la Vierge Marie.
À vos décisions, chaque âme se confie.
Vous ratifierez le choix, nous en sommes sûrs. »

« Tu es la gloire de Jérusalem » la sainte,
« La joie d’Israël et l’honneur de notre peuple ».
« Et grâce à l’Esprit, tu vas devenir enceinte
Pour que le ciel par nous déserté se repeuple. »

Toutes les hiérarchies célestes au grand complet
Sont concentrées sur le lieu de Promission,
Où la Vierge a reçu l'unique mission.
Donc qu’elle dise : « En ta Volonté, je me plais. »

(à suivre...)

(D. Le Tourneau, inédit)

jeudi 23 juillet 2009

L'Annonciation (2)

L'Annonciation (2)

L'annonce la surprend, car de devenir mère,
Nul n’avait évoqué ce sujet jusque-là.
Marie voulait vivre en restant dans le sillage
De son Dieu, disparaître, effacée, et se taire.

L’Esprit Saint a vu sa très haute pureté
Et a préparé des épousailles mystiques.
Il savait que son Fils aurait pour sûreté
Un tabernacle alors déjà eucharistique.

Or, la voici d'entrée qualifiée de Mère
De ce Messie dont la venue serait prochaine.
C’est l’Amour de Dieu pour ses fils qui se déchaîne
Apportant un terme à un état éphémère.

L’humanité était privée d’éternité.
La jeune fille va en son sein abriter
Notre Sauveur grâce à l’ombre du Paraclet
Corroborée dans les vertus qu’elle exhalait.

Les pommettes de ses deux joues rosissent à peine,
Surprise de savoir qu’on la proclame reine.
Tout lui apparaît sous un jour si naturel
Qu’elle entend le message, et voit ce qu’il recèle.

Immaculée dans sa conception, ornée
D’une sainteté hors pair, elle est qualifiée
Pour aimer le vouloir divin, se prosterner
Et accepter de mettre au monde un crucifié.

(à suivre...)

(D. Le Tourneau, inédit).

mercredi 22 juillet 2009

L'Annonciation (1)

L'Annonciation (1)

De toute éternité Dieu vous choisit pour être
Vrai paradis terrestre au tout nouvel Adam,
De celui par qui nous, les humains, recevons l’être,
Et qui du contingent gagnons le transcendant.

L’archange Gabriel, dans un flot de lumière,
Vient rencontrer la vierge, abîmée en prière,
Au lieudit Nazareth. Elle est dans sa chaumière.
Il lui annonce que sa lignée est princière.

Gabriel dit : « Voici que tu enfanteras. »
Aussitôt Marie a en mémoire l’oracle :
Du prophète Isaïe : « La vierge concevra
Un fils », dit l’Emmanuel. Elle croit au miracle.

Puis l’archange dit : « Il sera Fils du Très-Haut.
Il succédera au grand roi David, son Père,
Son règne s’étendra à la lignée entière
De Jacob, mais il ne fera pas de vieux os. »

Cette vierge, c’est elle, ô suprême évidence !
Elle l’est restée, et ce n’est pas qu’apparence.
Mais sa surprise va cependant s’exprimer
À haute voix, dans un dialogue avec l’Aimé :

« Comment cela peut-il être ? Je ne connais
Point d’homme ! J’épouse, il est vrai, Joseph sous peu
Mais que nous nous soyons engagés tous les deux
À rester chastes à tout jamais, tu le sais.

C’est mystère pour moi qui ai toujours voulu
Accomplir en tout ta très sainte Volonté,
Mais je vois bien que tu me choisis par Bonté
Et que tu as jeté sur moi ton dévolu. »

(D. Le Tourneau, inédit).

mardi 21 juillet 2009

Arrêts sur christianisme (36)

Arrêts sur christianisme (36)

Le christianisme, c'est l'ère de la joie : Jésus a voulu l'inaugurer lui-même. Il a rendu la joie, cette vraie joie, au monde. Celui-ci l'avait perdue dès l'origine. La joie que lui rend son Sauveur est d'une autre sorte que celle des origines : elle reste plus mêlée de l'amertume de la terre, mais en revanche elle est beaucoup plus chargée de l'avant-goût du ciel. Et ce qui la caractérise surtout, c'est qu'elle a, si je peux dire, la saveur du Christ.
La chrétienté est heureuse, elle est dans la joie, parce qu'elle est dans la paix du Christ. En vérité, Jésus n'a pas déçu les siens. Toute la vie des premiers chrétiens respire ce genre de repos et d'apanouissement dans le Christ Jésus.

Fr. R. Bernard, O.P., « Notre-Dame de Toute-Joie », Les Cahiers de la Vierge 4, p. 35-36.

lundi 20 juillet 2009

Une vie d'amour (2)

Une vie d'amour (2)

Une présence qui est Vie. Cette amitié nous enveloppe, nous enserre - je ne sais pas m'exprimer en toute propriété de termes - de sorte qu'il devienne normal de penser à Dieu tout au long de la journée, puisque l'on se trouve ensemble, et de faire toutes choses avec Dieu, et de lui offrir toutes nos actions et notre être tout entier, jusqu'à notre respiration. Il devrait être habituel pour une âme ainsi unie au principe de Vie, que son être soit engagé dans une telle effusion d'amour, qui doit être communion de pensées, de projets - et Dieu a des projets pour l'homme et pour le monde qui requièrent notre collaboration - et d'action, car (lire la suite) « mon Père et moi nous sommes toujours au travail » (Jean 5, 17). Nous sommes alors en mesure de dire, nous aussi : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé » (Jean 4, 34).
Nous ne recherchons pas une connaissance sensible, d'expérience sensitive, moins encore ce que nous appelons des « consolations ». Ce qui a du prix et ce qui devrait nous apparaître sous le jour le meilleur, c'est d'abord la stabilité dans la vertu, la purification intérieure, la pacification de l'âme au contact du Bien suprême, du « Nom qui est au-dessus de tout nom » (Philippiens 2, 9), sachant qu'« il n'est sous le ciel, d'entre les noms qui se donnent chez les hommes, aucun autre qui doive nous sauver » (Actes 4, 12). Puis le progrès en vertu, dans chacune d'elles, sous la motion et la direction du Saint-Esprit.
Les dons du Saint-Esprit sont autre chose que des aptitudes, comme avoir le don de la musique ou le don des mathématiques. Ils constituent une disposition stable de l'âme à être élevée au-dessus de son rang, soulevée au-delà de son horizon, portée en-deçà de son univers, et capable d'opérations qui la dépassent et lui seraient autrement impossibles. Il n'y a en définitive aucun mérite à aimer et à vivre de la Vie de Dieu. Mais encore faut-il ne pas y mettre d'obstacles. Et pour cela aussi, nous disposons de l'aide de l'Esprit Saint. Pour cela aussi le Fils de Dieu se donne à nous dans l'Eucharistie. Pour cela aussi le Père reste fondamentalement le Père qu'il est.

(fin)

dimanche 19 juillet 2009

Une vie d'amour (1)

Une vie d'amour (1)

Jésus a affirmé qu'il est « la Vie » (Jean 14, 6). Non qu'il était la Vie, mais qu'il l'est dans l'éternité du Père et de l'Esprit Saint. Et nous, « nous annonçons la vie éternelle qui était dans le sein du Père et qui est apparue pour nous, afin que notre société soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1 Jean 1, 2-3). De chacun des trois Personnes divines nous pouvons dire ce que saint Augustin écrivait à propos de l'Esprit Saint : « Mon amour est mon poids » (Confessions 13, 9). Ce qui leste mon âme. Le poids qui m'aide à trouver la juste mesure, celle du débordement, de l'effusion de l'amour.
Aimer Dieu parce qu'il nous fait entrer en lui, (lire la suite) vivre en lui, c'est aimer toujours plus. C'est être heureux que Dieu soit ce qu'il est, qui il est, tel qu'il est, et de ne pas pouvoir le comprendre, mais de devoir se prosterner avec admiration et reconnaissance, au seuil du mystère. Vivre en Dieu, c'est se réjouir de sa joie et de sa béatitude infinies.
Si nous cherchons à être des hommes spirituels, comme saint Paul nous y invite (cf. 1 Corinthiens 3, 1), au lieu d'agir en hommes charnels, ce qui nous attire vers Dieu, ce nes sont pas sa Bonté ou sa Beauté, sa toute-Puissante ou son Intelligence omnicompréhensive, ni tel autre de ses attributs. Non. C'est premièrement et fondamentalement, c'est exclusivement son Amour, car c'est ainsi qu'il s'est autodéfini : « Dieu est Amour » (1 Jean 4, 16).
Une présence qui n'a rien de passif, mais qui est agissante. La présence de Dieu en nous est celle de l'Ami. « Je vous ai appelés mes amis » (Jean 15, 15). Ce n'est donc pas un simple présence de corps, mais une présence d'attention, d'égards, de conversation, de commerce et d'échanges spirituels enrichissants. C'est une présence par laquelle la Trinité tout entière se fait connaître, entre en contact vital avec l'âme, la renforce dans son être.

(à suivre...)

samedi 18 juillet 2009

Le silence de Marie

Le silence de Marie

Sa vie se passe de silence en silence, de silence d'adoration en silence de transformation. (...) Elle est en silence, ravie par le silence de son Fils Jésus. C'est un des effetes sacrés du silence de Jésus, de mettre la Très Sainte Mère de Jésus en une vie de silence ; silence humble, profond, adorant plus saintement et plus disertement la Sagesse incarnée, que les paroles ni des hommes, ni des anges. Ce silence de la Vierge n'est pas un silence de bégaiement et d'impuissance, c'est un silence de lumière et de ravissement, c'est un silence plus éloquent dans les louanges de Jésus, que l'éloquence même. C'est un effet puissant et divin de l'ordre de la grâce, c'est-à-dire une silence opéré par le silence de Jésus, qui imprime ce divin effet sur sa Mère, qui la tire à soi dans son propre silence, et qui absorbe en sa divinité toute parole et pensée de sa créature.

Card. de Bérulle, « Œuvres de Piété. La naissance et l'Enfance de Jésus », Les Mystères de Marie, Paris, Grasset, coll. Lettres chrétiennes, 1961, p. 237.

vendredi 17 juillet 2009

Le Filioque

Le Filioque

Le Saint-Esprit procède, pour les catholiques, du « Père et du Fils », Filioque, ou, pour les orthodoxes, « du Père par le Fils ».
C’est au fond la même chose, car en Dieu il n’y a pas de temps. L’Esprit est l’Esprit du Père que le Fils nous a envoyé, comme il l’avait annoncé à ses apôtres. Dieu se rit et est peiné de nos querelles. C’est évidemment une façon humaine de parler, car en Dieu ces sentiments n’existent pas. Mais l’Esprit Saint pourrait nous dire : « Pensez plus à moi et moins à vous, et cesser de vous disputer. Que je provienne du Père et du Fils ou par le fils, cela ne change rien à Dieu lui-même et cela ne change rien non plus à la vie des baptisés ».
Ce qui importe, c’est de reconnaître l’existence du Saint-Esprit en Dieu et de l’invoquer comme une Personne distincte du Père et du Fils.

jeudi 16 juillet 2009

Arrêts sur christianisme (35)

Arrêts sur christianisme (35)

La réponse chrétienne à la question sur le mal « diffère de celle qui est donnée par certaines traditions culturelles et religieuses, pour lesquelles l'existence est un mal dont il faut se libérer. Le christianisme proclame que l'existence est fondamentalement un bien, que ce qui existe est un bien ; il professe la bonté du Créateur et proclame que les créatures sont bonnes. L'homme souffre à cause du mal qui est un certain manque, une limitation ou une altération du bien. L'homme souffre, pourrait-on dire, en raison d'un bien auquel il ne participe pas, dont il est, en un sens, dépossédé ou dont il s'est privé lui-même. Il souffre en particulier quand il « devrait » avoir part — dans l'ordre normal des choses — à ce bien, et qu'il n'y a pas part. Ainsi donc, dans la conception chrétienne, la réalité de la souffrance s'explique au moyen du mal, qui, d'une certaine façon, se réfère toujours a un bien » (Jean-Paul, lettre apostolique Salvifici doloris sur « le sens chrétien de la souffrance », 11 février 1984, n° 7).

mercredi 15 juillet 2009

Le lépreux de Capharnaüm (6)

Le lépreux de Capharnaüm (6)

Nous imaginons facilement la réaction de Jésus en présence de ces foules déboussolées et frappées de maux divers. Il en a pitié, comme il a eu pitié de cet homme, comme il « en eut compassion, parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger » (Marc 6, 34). Dans ces foules de malades qui ont soif de Jésus-Christ, qui viennent lui montrer les lèpres dont elles sont atteintes, avec foi, nous avons le modèle de ce que doit être notre comportement : aller vers Jésus, dans le Pain et la Parole, revenir sans cesse vers lui, pour qu'il nous aide à rectifier nos petits écarts, qu'il pardonne nos manques d'amour, qu'il nous donne un peu de courage pour faire face à nos devoirs d'état ou pour accepter les temps de solitude, (lire la suite) qui ne sont plus des moments de solitude si précisément nous parlons au Seigneur, nous lui ouvrons notre cœur avec l'espoir, jamais déçu, qu'il nous écoute et qu'il nous apporte la parole de réconfort, la parole qui guérit et sauve.
Que rien ne nous freine, surtout pas le respect humain, le qu'en dira-t-on. Si le lépreux s'était laissé arrêter par ce genre de considérations, il n'aurait pas été guéri. Ce dont nous devons tenir compte, c'est du « qu'en dira Dieu ». Voilà qui est important. Agir de sorte que Dieu se sente en quelque sorte forcé à nous venir en aide, car nous allons à lui avec un cœur humble et rempli de foi.
Demandons à Marie, l'humble servante du Seigneur, qui a vécu dans l'obéissance de la foi, de nous aider à progresser en amour sincère de son Fils, d'avoir l'humilité d'étaler notre lèpre au grand jour, afin d'éprouver le besoin de son Amour miséricordieux, de son pardon et d'y avoir effectivement recours chaque fois que nous nous écartons peu ou prou de lui.

(fin)

lundi 13 juillet 2009

Le lépreux de Capharnaüm (5)

Le lépreux de Capharnaüm (5)

« Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle » (v. 45). Cela ne nous surprend pas. Comment garder pour soi une telle faveur ? Quelle explication donner à sa guérison, si ce n'est l'action inouïe du rabbi de Nazareth ? C'est un secret aussi difficile à garder que de demander à des jeunes réunis dans un stade d'accueillir le pape en silence !
L'annonce des merveilles que Jésus a opérées en lui suscite l'enthousiasme. Il va partout annoncer ce que le Maître a fait pour lui, qui peut désormais mener une vie normale et fréquenter de nouveau ses semblables. Marc, de son côté, nous fait constater que les gens (lire la suite) « étaient frappés par son enseignement, car il enseignait en homme qui a une autorité » (Marc 1, 22). Après ce nouveau miracle, il souligne « qu'il n'était plus possible à Jésus d'entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d'éviter les lieux habités, mais de partout on venait à lui » (v. 45). « Et partout où il entrait, dans les bourgs, dans les villes comme dans les fermes, on mettait les malades sur les places. Ils le priaient de leur laisser toucher ne fût-ce que le bord de son vêtement, et tous ceux qui le touchaient étaient guéris » (Marc 6, 56).
Partout le phénomène se reproduisait. Les gens se pressaient sur le passage de Jésus, tendaient les mains, interpellaient le Seigneur, criaient leur misère et leur foi. Le Maître vient tout juste de choisir les Douze apôtres sur une montagne, qu'« étant descendu avec eux, il s'arrêta en un endroit plat. Étaient là ses disciples en nombre imposant, ainsi qu'une masse énorme de gens qui, de toute la Judée et de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon, étaient venus pour l'entendre et se faire guérir de leurs maux. Ceux que tourmentaient des esprits impurs étaient guéris. Et toute cette foule cherchait à le toucher, parce qu'il émanait de sa personne un pouvoir miraculeux qui guérissait tout le monde » (Luc 6, 17-19).

(à suivre...)

dimanche 12 juillet 2009

Le lépreux de Capharnaüm (4)

Le lépreux de Capharnaüm (4)

« Si tu le veux, tu peux me guérir. Quelle belle prière à répéter souvent, avec la foi du pauvre lépreux, lorsqu’il t’arrivera ce que nous savons, Dieu, toi et moi ! nous dit saint Josémaria — Tu ne tarderas pas à entendre la réponse du Maître : Je le veux, sois pur ! » (Chemin, n° 142). Car notre Dieu est « un Dieu proche, et non un Dieu lointain » (Jérémie 23, 23). « Je me laissais trouver par qui ne me recherchait pas » (Isaïe 65, 1). À combien plus forte raison par ceux qui s'efforce de vire en bonne intelligence avec lui. (lire la suite)
Jésus se laisse approcher par le lépreux, tout comme il laisse, de façon tout aussi surprenante et choquante, Marie-Madeleine la pécheresse publique le toucher, ou bien accepte l'invitation à prendre un repas chez des publicains, c'est-à-dire les pires des païens jugés exclus du salut, ou encore engage la conversation avec une
Samaritaine considérée comme hérétique par les Juifs et dont le contact rend impur. Or, ici, il demande la discrétion et prescrit à l'ex-lépreux : « Ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : ta guérison sera pour les gens un témoignage » (v. 44).
Ce que le Seigneur lui demande semble contradictoire : se taire, mais aussi que sa guérison soit un témoignage.
Si Jésus ordonne souvent de ne pas publier le fait miraculeux, c'est pour éviter que les gens ne le proclament Messie et Roi, or, l'envie ne leur en manque pas, comme après la multiplication des pains et des poissons (cf. Jean 6, 15). C'est à lui qu'il revient de le révéler en temps voulu. En tout cas, il montre aussi, en guérissant les malades, qu'il vient délivrer Israël des observances de la Loi et inaugure l'instauration du Règne de Dieu, son Père. « Serais-tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort ? » Et Jésus de répondre : « En vérité, en vérité, je vous le dis : avant qu'Abraham ne fût, Moi je suis » (Jean 8, 53.58). Et il peut préciser : « N'allez pas croire que je suis venu abroger la Loi ou les prophètes : je ne suis pas venu abroger, mais parfaire » (Matthieu 5, 17). Et il peut le faire, car il parlait « en homme qui détient l'autorité, et non comme leurs scribes » (Matthieu 7, 29).

(à suivre...)

samedi 11 juillet 2009

Le lépreux de Capharnaüm (3)

Le lépreux de Capharnaüm (3)

Voyant la foi impressionnante de cet homme, que tous méprisent - leurs regards le crient -, Jésus, qui a proclamé que « ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les mal portants » (Lc 5, 31), « pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main, le toucha et dit : « Je le veux, sois purifié. »
Tous, encore estomaqués du culot du lépreux, retiennent leur souffle. Ils sont à demi surpris que Jésus ne repousse pas le malade. Ils ont entendu la supplication, et l'ont peut-être quand même accompagnée en priant dans leur cœur. Du moins les meilleurs d'entre eux. (lire la suite) Ils ont entendu les paroles de Jésus résonner avec force. Et, à leur stupeur, « à l'instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié » (v. 41-42).
Les Pères de l'Église ont interprété la lèpre en y voyant une image du péché. Comme elle, le péché est laid, repoussant, contagieux et difficile à guérir. Dieu seul peut remettre les péchés. C'est le commentaire des pharisiens quand Jésus pardonne ses péchés à un homme ou une femme après l'avoir guéri du mal physique dont il était atteint. Nous sommes tous pécheurs et nous avons tous besoin du pardon de Dieu et de sa grâce.
« Cet homme se prosterne à genoux, à terre, ce qui est un signe d'humilité et de honte, souligne saint Bède, pour que chacun ait honte des taches de sa vie. Mais la honte ne doit pas empêcher la confession : le lépreux a montré sa plaie et demandé le remède. Sa confession est pleine de piété et de foi. Si tu veux, dit-il, tu peux : il a reconnu que le pouvoir de le guérir était entre les mains du Seigneur » (In Marci Evangelium expositio, in loc.). Tel doit être le comportement raisonnable de tout chrétien : aller chercher le pardon de Dieu pour purifier son âme de tout péché et de tout attachement au péché. Nous ne pouvons pas accepter indéfiniùent d'être lépreux. Il faut vouloir guérir, s'en sortir. Et « tout est possible à celui qui croit » (Marc 9, 22), qui croit que Jésus « a les paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 69).

(à suivre...)

vendredi 10 juillet 2009

Le lépreux de Capharnaüm (2)

Le lépreux de Capharnaüm (2)

Mais la foi du lépreux est plus forte que le respect humain et que les convenances sociales. Il se jette aux pieds de Jésus « et le supplie : « Si tu le veux, tu peux me purifier » (v. 40). Il n'exige rien dans sa prière. Sa demande reste vague, indirecte. Cela nous fait penser à l'intervention de Marie à Cana, quand elle dit à son Fils : « Ils n'ont plus de vin » (Jn 2, 3). La foi avec laquelle elle s'était exprimée avait suffi à provoquer l'intervention de Jésus, qui réalisa « le premier des miracles » grâce auxquels « ses disciples crurent en lui » (Jn 2, 11).
Le lépreux se contente de formuler sa demande, (lire la suite) avec la ferme conviction que Jésus, ce rabbi dont il a entendu dire qu'il chasse les démons et fait des miracles, peut aussi le guérir, si tel est son bon plaisir, assuré que de Dieu il ne peut lui venir que du bien. Voilà qui est admirable ! Il accepte par avance la Volonté de Dieu, il s'en remet à elle. Mais il n'est pas resté inactif, indolent, les bras croisés, comme les ouvriers qui sont « demeurés toute la journée sans rien faire » (Mt 20, 6). Il a agi. Il s'est fait violence pour enfreindre ce qu'il y a de plus sacré, il le sait bien, aux yeux des hommes et prendre le risque d'échouer et de se faire misérablement et cruellement lapider par la foule. Il a rusé afin de ne pas se faire remarquer et pouvoir ainsi arriver jusqu'à Jésus sans attirer l'attention, se glissant le long des murs et profitant de l'ombre et aussi, il faut bien le dire, de ce que tous les habitants de la ville n'ont d'yeux que pour Jésus.
Quand il a surgi inopinément, il était trop tard. Nul le pouvait le houspiller et le faire déguerpir sous les jets de pierres. Il y a des pharisiens, curieusement, qui semblent en avoir toujours une provision à portée de la main, prompt à faire justice au nom de Dieu, du moins selon leur point de vue.

(à suivre...)

jeudi 9 juillet 2009

Le lépreux de Capharnaüm (1)

Le lépreux de Capharnaüm (1)

Après avoir séjourné quelque temps à Capharnaüm chez la belle-mère de Pierre, Jésus entreprend avec les premiers de ses apôtres un périple dans toute la Galilée. Il la parcourt en « proclamant la Bonne Nouvelle dans leurs synagogues, et chassant les esprits mauvais » (Mc 1, 39).
Alors qu'il est en chemin, et nous avec lui, nous sommes témoins d'une nouvelle scène émouvante, qui a valeur d'exemple. « Un lépreux vint trouver Jésus » (v. 40). Qu'un lépreux ose s'approcher de lui est déjà en soi un comportement stupéfiant. En effet, la lèpre était alors considérée. (lire la suite) comme une maladie contagieuse. Toute personne qui en était atteinte devait vivre à l'écart de la société, rester hors de la ville et ne fréquenter personne. Elle devait en quelque sorte vivre « recluse » dans la nature, « prisonnière » en plein air d'une condition qui en faisait un pestiféré. Elle devait porter des vêtements lacérés et les cheveux dénoués, en signe du désordre causé par le péché. Car l'on pensait que les infirmités étaient dues aux péchés, de l'intéressé ou de quelqu'un d'autre. Cela explique qu'en présence d'un aveugle de naissance, les Douze demandent un jour au Seigneur : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu'il naisse aveugle ? » (Jn 9, 2). Le lépreux devait encore se couvrir le visage jusqu'à la moustache et crier « Impur, impur » à tous ceux qui l'approchaient malencontreusement et involontairement. En effet, la Loi de Moïse déclarait impur tout malade qui contractait cette maladie, étendant cette impureté aux lieux et aux personnes avec lesquelles le malheureux entrait en contact.
C'est dire l'audace de cet homme, et la stupéfaction et l'effroi des gens qui accompagnent Jésus. Les apôtres sont sans doute parmi les premiers à ne pas pouvoir réprimer un cri de surprise et d'horreur en pensant à l'affront fait à leur Maître et à eux tous. Comment cet homme a-t-il l'impudence de nous souiller tous par ses péchés ? Nous voilà malins ! Ce sont les pharisiens qui vont en faire les gorges chaudes. C'est du pain béni pour eux.

(à suivre...)

mercredi 8 juillet 2009

Les amis de Dieu (8)

Les amis de Dieu (8)

- Le Sage déclare : Ce n'est point dans la prospérité qu'on connaît un ami, ni dans l'adversité qu'un ennemi se cache. Quand un homme est heureux, ses ennemis sont dans la tristesse ; quand il est malheureux, (son) ami se sépare (de lui) (Ecclésiastique 12, 8-9).
- Je connais ce texte, Jude. Mais il est un peu pessimiste sur la nature humaine. En tout cas, il ne doit pas en être ainsi de vous. Ceux qui sont malheureux, vous les aiderez toujours. Vous vous rappelez la parabole du Bon Samaritain ?
- Oui, Maître.
- C'est un exemple que je vous ai donné, pour qu'à votre tour vous fassiez de même (Jean 13, 15). (lire la suite) Que vos amis, et même tous ceux que vous rencontrez, sachent qu'ils peuvent compter sur vous, que vous ne réagirez pas négativement ni violemment à leurs comportements indus, mais que vous êtes toujours prêts à les accueillir et à leur pardonner, à les recevoir et à vivre en paix avec eux. « Si tu aimes le Seigneur, il n’y aura pas une seule créature qui ne puisse trouver refuge dans ton cœur » (saint Josémaria, Chemin de Croix, 8e station, point de méditation n° 5).
- Si je comprends bien, amitié et charité sont synonymes.
- Tout à fait. Retenez ce que Judas vient de relever. C'est fondamental. C'est pour cela que je vous ai dit que plus vous serez amis de mon Père, plus vous aimerez les autres, car l'Amour de Dieu se déversera de vous sur votre entourage et sur l'humanité tout entière. Alors se produira avec vous ce que je vous ai dit de moi : Ce n'est pas de mon propre chef que j'ai parlé ; mais le Père qui m'a envoyé, c'est lui qui m'a prescrit ce que j'avais à dire et à faire entendre (Jean 12, 49). Il en ira de même pour vous. Mon Père parlera par votre bouche et vous proclamerez parmi les nations sa gloire, parmi tous les peuples ses merveilles (2 Chroniques 16, 24).

(fin)

mardi 7 juillet 2009

Les amis de Dieu (7)

Les amis de Dieu (7)

Vous avez été comblés (...) de toutes les richesses, celles de la Parole et celles de la connaissance de Dieu (1 Corinthiens 1, 5). Votre instruction étant assurée par mon Père, si vous l'écoutez vous entrez de plus en plus dans son amitié. Je peux vous l'assurer, rien ne l'égale, comme Jacques vient de le rappeler. Aucune verroterie, aucun mirage, nul luxe de ce monde ne peuvent rivaliser avec elle. Ouvrez, ouvrez donc la porte ! Dieu est avec nous, notre Dieu (Judith 13, 11). Oui, ouvrez toutes grandes les portes pour que la Sagesse inonde votre âme, vous ennivre d'Amour, féconde votre cœur en y faisant germer des sentiments de concorde et de paix, une envie irrésistible d'être et de demeurer avec mon Père. (lire la suite)
- Mon Dieu, apprends-moi à aimer ! (saint Josémaria, Forge, n° 66), demande Matthieu. Tu nous as enseigné que nous devons aimer même nos ennemis et nous, nous nous chamaillons, nous éprouvons de la peine à bien nous entendre. Tu en as encore été témoin pas plus tard que ce soir entre nous, tes apôtres : Il surgit même une dispute entre eux : Qui, parmi eux, passait pour être le plus grand ? (Luc 22, 24).
- Oui. J'espérais autre chose de vous...
- Nous t'en demandons pardon, Maître, dit Pierre. Je le regrette beaucoup.
- Allons, détendez-vous. En vérité, je vous le dis, « deux choses sont nécessaires ici-bas : la vie et l'amitié. Ce sont des biens naturels. Avec mes amis, je l'avoue, je me livre tout entier à leur affection...,
- De cela, nous en sommes bien conscients, Jésus, et très reconnaissants, parce qu'avec toi la vie est si douce, si chaleureuse. Les peines ne comptent pas.
C'est Jacques le Majeur qui a laissé son cœur s'exprimer.
- ... las que je suis de ce monde troublé. Avec eux, je sens que Dieu est là et c'est à lui que je me livre, en toute sécurité » (saint Augustin).
- Tiens, dit Jean, c'est justement ce que nous éprouvons auprès de toi, Seigneur, la proximité de Dieu, à quel point il est possible de vivre avec Dieu, de s'appuyer sur lui. Oui, je le sens, c'est l'effet de la Sagesse éternelle. C'est vers elle que je me tourne pour lui demander : « Viens, Sagesse du Très-Haut ! Toi qui régis l'univers avec force et douceur, enseigne-nous le chemin de la vérité » (Alléluia, 17 décembre).
- En un mot de sentir en lui l'Ami. Regarde Dieu « comme on regarde un Père, comme on regarde un Ami que l'on aime à la folie » (saint Josémaria,
Forge, n° 738).

(à suivre...)

lundi 6 juillet 2009

Les amis de Dieu (6)

Les amis de Dieu (6)

En même temps l'amitié que je vous invite à avoir avec votre Père n'est pas, si je puis m'exprimer ainsi, désintéressée. L'amitié véritable est celle qui se donne à l'autre sans rien en attendre en retour. Eh bien ! vous cultivez cette amitié afin d'être en mesure de vous faire de nombreux amis parmi vos semblables pour les amener au Père. Il veut se servir de vous pour faire ce qu'il a déjà fait avec vous.
- Et suivre l'exemple que tu nous a donné, toi aussi, Maître, ajoute Barthélemy. Car quand même tu nous as montré la valeur de l'amitié. Tu as su te gagner des amis, dont certains sont connus de tous, comme Lazare et ses sœurs Marthe et Marie, (lire la suite) chez qui nous étions la semaine dernière, mais aussi plusieurs de tes disciples, comme moi-même, dont tu as conquis le cœur à Bethsaïde, la ville d'André et de Pierre (Jean 1, 44), celle de Philippe aussi et la mienne, ou encore comme Nicodème ; et aussi de ces femmes qui t'accompagnent et dont la plus marquante, celle dont la personnalité est la plus forte, est sans conteste Marie, surnommée la Magdaléenne, de qui étaient sortis sept démons (Luc 8, 2). Sans compter tous ceux qui proclament désormais les merveilles que tu as faites pour eux, et qui nous accompagnent un bout de chemin chaque fois qu'ils le peuvent : Bar-Timée, le paralytique de la piscine de Béthesda, l'aveugle de naissance, le Samaritain lépreux...
- La sagesse, développée au contact de mon Père, approfondie dans votre prière, est une source de renouveau intérieur et d'épanouissement extérieur. Toute seule qu'elle est, elle peut tout ; et sans sortir d'elle-même, elle renouvelle tout ; se répandant à travers les âges, dans les âmes saintes, elle en fait des amies de Dieu. (...) Car elle est pour les hommes un trésor inépuisable ; ceux qui en usent obtiennent l'amitié de Dieu, à qui ils se recommandent par les dons acquis par l'instruction (Sagesse 7, 27.14).
Jacques, fils d'Alphée, intervient pour dire :
- Oui, Maître, nous avons lu dans le Livre qu'un ami fidèle n'a pas de prix, qu'il ne peut être comparé à rien (Ecclésiastique 6, 15). L'amitié est vraiment un trésor d'une grande valeur pour vivre avec toi aussi bien que dans les relations entre nous.
- Tu as vu juste, Jacques. Comme le philosophe l'a dit, « l'amitié semble constituer le lien des cités, et les législateurs paraissent y attacher un plus grand prix qu'à la justice même : en effet la concorde, qui paraît bien être un sentiment voisin de l'amitié, est ce que recherchent avant tout les législateurs, alors que l'esprit de faction, qui est son ennemie, est ce qu'ils pourchassent avec le plus d'énergie. Et quand les hommes sont amis, il n'y a plus besoin de justice, tandis que s'ils se contentent d'être justes, ils ont en outre besoin d'amitié, et la plus haute expression de la justice est dans l'opinion générale de la nature de l'amitié » (Aristote, Éthique à Nicomaque VIII, 1 ; 1155a).

(à suivre...)

dimanche 5 juillet 2009

Les amis de Dieu (5)

Les amis de Dieu (5)

- Pourquoi vous ai-je appelé mes amis ? Parce qu'un ami fidèle est un abri robuste, qui le trouve a trouvé un trésor. Un ami fidèle n'a pas de prix, et pas de poids pour peser sa valeur. Un ami fidèle est un elixir de vie ; ceux qui craignent le Seigneur le trouvent (Ecclésiastique 6, 14-16).
- Et nous t'avons trouvé, s'exclame Jean, et avec toi nous avons trouvé le Père ! Béni soit (notre) Dieu et Père ! (1 Pierre 1, 3).
- L'amitié de Yahvé est pour ceux qui le craignent, et il leur fait connaître son alliance (Psaume 25 (24), 14). Je pense que vous avez compris de quelle crainte il est question.
- Oui, Maître, tu nous as expliqué que ce n'est pas une crainte servile, mais celle de l'enfant qui ne veut pas blesser son père par ses incartades, qui ne souffre pas de le peiner mais qui, au contraire cherhce à lui faire plaisir en tout. (lire la suite) Le Tout-Puissant, Béni soit-il, n'at-il pas commandé : Servez le Seigneur et vérité et veillez à faire ce qui lui plaît (Tobie 14, 9) ?
- C'est cela Simon, dit le zélote. C'est pourquoi j'ai dit que je fais toujours ce qui lui plaît (Jean 8, 29). Et c'est donc dans cet esprit qu'il est écrit : Celui qui craint le Seigneur rectifie son amitié, car à son image est aussi son compagnon (Ecclésiastique 6, 17).
- Et c'est de nous que Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance (Genèse 1, 26).
- Parfait, Matthieu, c'est bien cela. Vous voyez combien ce que je vous disais il y a un instant est important. En rectifiant votre amour de mon Père, vous renforcez votre amitié avec lui. L'image de Dieu en vous est revivifiée, ce qui rejaillit sur toute votre vie. Vous vous remplissez alors de la joie des enfants de Dieu : Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ! Je le répète : réjouissez-vous ! (Philippiens 4, 4).
Il s'établit une certaine égalité entre vous et Dieu, relative, bien sûr. L'amitié trouve ses semblables ou les rend tels (saint Jérôme).
En outre, l'ami aime en tout temps, et le frère est fait pour les mauvais jours (Proverbes 17, 17) et l'on trouve même tel ami plus attaché qu'un frère (Proverbes 18, 24).

(à suivre...)

samedi 4 juillet 2009

Les amis de Dieu (4)

Les amis de Dieu (4)

- Beaucoup de gens sont malheureux, qui ne savent pas qu'ils le sont. Et beaucoup se savent malheureux, alors qu'ils ne le sont pas. Parce que beaucoup de gens qui passent pour être malheureux aux yeux des hommes ne le sont pas en réalité et inversement.
Moi, ce n'est pas à la façon du monde que je juge... Je suis venu, non pour condamner le monde, mais pour le sauver (Jean 12, 47). Et si moi je viens à juger, mon jugement à moi a valeur de vérité, parce que je ne suis pas seul : il y a moi et il y a le Père qui m'a envoyé Jean 8, 16).
Que d'âmes ne savent pas où est le vrai paradis ! Il n'est pas sur terre, je peux vous l'assurer. « Faire son paradis sur terre » est une tromperie énorme, (lire la suite) une vaste fumisterie. Si vous saviez...
- Restons avec Jésus, alors que tous les puissants de la terre se soulèvent, et les princes tiennent conseil ensemble contre Dieu et contre son Oint (Psaume 2, 2), dit Pierre. Que ceux qui aiment ton salut (Psaume 40 (39), 17) sans cesse disent : « Yahvé est grand, qui veut le bonheur de son serviteur » (Psaume 35 (34), 27).
Il a fait l'expérience du bonheur qu'il y a d'être avec le Seigneur, une joie à nulle autre pareille, un sentiment de bien-être fou. Seigneur, comme il est bon pour nous d'être ici (Matthieu 16, 4), avec toi, en ta présence ! Il voudrait faire savoir à tous : Goûtez et voyez combien Dieu est bon ! Heureux l'homme qui met en lui son refuge (Psaume 34 (33), 9).
C'est un sentiment qui n'est pas fugace pour celui qui se laisse aimer par Dieu, car la grâce fait son œuvre dans l'âme de celui qui n'y fait pas obstacle par le péché mortel.

(à suivre...)

vendredi 3 juillet 2009

Les amis de Dieu (3)

Les amis de Dieu (3)

- Et nous, nous n'avons rien pu faire, constate Pierre amèrement. À Douze, nous n'avons été débordés aussitôt par cette furie qui nous a pris par surprise.
- Ne t'inquiète pas, Simon, mon heure n'avait pas sonné.
- Je dois dire que nous avons été soulagés, mais bien étonnés, alors que vous te voyions déjà balancé dans le vide et devoir courir en bas de la falaise pour te ramasser, dans quel état , de voir que toi, passant au milieu d'eux, repri(s) ta marche (Luc 4, 30) comme si de rien n'était.
- Et à l'issue de ma longue discussion dans le Temple de Jérusalem avec des Juifs qui avaient cru en (moi) (Jean 8, 31), que s'est-il passé ?
- C'est simple, si je puis dire, se remémore Barthélemy. (lire la suite) Ils prirent des pierres pour (te) les jeter (Jean 8, 59). Mais là encore tu leur a échappé miraculeusement, car avant qu'ils aient eu le temps d'accomplir leur forfait, tu t'es dérobé et tu es sorti du Temple (ibid.), et nous avec toi, pas très rassurés, à vrai dire, car nous craignions que la foule hostile ne nous retrouve et ne mène à terme sa machination.
- Et qu'est-il arrivé lors de la fête de la Dédicace, à Jérusalem, (alors que) c'était l'hiver ? (Jean 10, 22).
- Eh bien ! ça a été la même chose, répond Thomas. Et encore une grande frayeur pour nous. Cela nous apprend à nous méfier des foules. Tu venais justement de parler de tes amis en disant : Je leur donne la vie éternelle, et (ils) ne périront pas, et nul ne les ravira de ma main. Mon Père, qui m'en a fait don, est plus grand que tout, et nul ne peut (rien) ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un (Jean 10, 28-30).
Faut voir le spectacle pour le croire. Quelle agitation tes paroles ont suscité ! Je n'ai jamais vu des individus aussi cramoisis, hurler et s'agiter à ce point-là. C'était effarant. Les gens étaient surexcités et, dans ce genre de situations, personnes ne peut contrôler quoi que ce soit. Si les Romains étaient intervenus, mais Dieu merci ils ne rentrent pas dans le Temple, ils auraient été déchiquetés comme par des lions affamés !
Bref, voilà que de nouveau, les Juifs apportèrent des pierres pour (te) lapider (Jean 10, 31). Encore heureux qu'il faille du temps pour faire des provisions. Cela permet quand même d'échapper à leur emprise. Mais tu as eu chaud, Jésus.
- Oui et non. Encore une fois, ce n'était pas mon heure. Personne ne me prend ma vie : c'est moi qui la donne de mon propre chef. Et j'ai le pouvoir de la donner et j'ai le pouvoir dela trecouvrer ensuite : tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père (Jean 10, 18).
- Tu vois, Jude, ce que donne le monde sans mon Père ?
- Oui, Maître.
- Tu comprends donc pourquoi c'est à vous que j'ai révélé ce que mon Père m'a chargé de communiquer au hommes ?
- Oui, Seigneur.

(à suivre...)

jeudi 2 juillet 2009

Les amis de Dieu (2)

Les amis de Dieu (2)

Philippe prend la parole :
- « Veux-tu parler de la fois où tu as dit :
- Ce ne sont pas tous ceux qui me diront : Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux ? » (Matthieu 7, 21).
- Entre autres, Philippe, très bien ! Je suis venu à vous et je vous ai ouvert mon cœur. Yahvé parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami (Exode 33, 11), et ils se connaissaient face à face (Deutéronome 34, 10). C'est que j'ai fait avec vous. Mais mon temps approche. Je vais m'en aller et vous me chercherez. (...) Mais là où je m'en vais, vous ne pouvez pas venir (Jean 8, 21). Toutefois, je pars et je reste, car je serai avec vous toujours, jusqu'à la fin du monde (Matthieu 28, 20). Ne vous troublez pas. Je ne vous appelle plus serviteurs, (lire la suite) parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; vous, je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père (Jean 15, 15).
Jude pose à son tour une question :
- Comment se fait-il, Seigneur, que ce soit à nous que tu te manifestes, et pas au monde ? (Jean 14, 22).
- Pour les raisons que je viens de vous indiquer : Vous êtes, vous, ceux qui m'êtes demeurés fidèles dans mes épreuves (Luc 22, 28) et vous êtes avec moi depuis le début (Jean 15, 27), sans discontinuer, sans défaillance. Je n'en exclue pas à l'avenir, et même dans un futur proche... Mais, je vous le répète, je reste avec vous parce que le Père vous aime et que vous gardez ses ordonnances et tout ce que je vous ai enseigné de sa part.
Et puis le monde, ne l'as-tu pas vu à l'œuvre, Jude ?
- C'est-à-dire que...
- N'as-tu pas constaté qu'il préfère les ténèbres à la Lumière, l'erreur à la Vérité, l'orgueil et les plasisirs du monde à l'humilité et à la pauvreté ?
- Si, Maître.
- Auriez-vous oublié comment s'est terminée ma prédicaction dans la synagogue de Nazareth ?
- Ça non, Seigneur, répond Jacques son cousin. J'en ai été très humilié. Nos concitoyens t'ont reconnu comme le fils de Joseph (Luc 4, 22). Il n'aurait plus manqué que cela : tu avais quitté le village quelques mois plus tôt ! Mais constater que des membres de notre famille ne faisaient rien pour te défendre et voir tous ces hommes se dresser unaniment contre toi, tous remplis de fureur dans la synagogue, (ils) se levèrent, (te) poussèrent hors de la ville et (te) menèrent jusqu'au rebord de la colline sur laquelle était bâtie leur ville, afin de (t)'en précipiter (Luc 4, 28-29) ! Cela a été très dur à vivre.

(à suivre...)

mercredi 1 juillet 2009

Les amis de Dieu (1)

Les amis de Dieu (1)

- Voici quel est mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés (Jean 15, 12).
Dans le climat très particulier, spécialement intime, du Jeudi Saint, de la dernière Cène que le Seigneur prend avec ses apôtres avant de souffrir la Passion, il rappelle ainsi au siens ce qu'il leur a dit quelques instants plus tôt, après leur avoir lavé les pieds : Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. C'est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres (Jean 13, 34-35). Dans l'allégorie du Bon Pasteur, Jésus s'était présenté lui-même comme le berger passionné pour son troupeau : C'est moi qui suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis (Jean 10, 11). (lire la suite)
Il poursuit sa longue conversation avec ses disciples, conversation qui prend de plus en plus le ton d'un dialogue avec son Père, d'une prière profonde et dense :
- Vous êtes mes amis.
Toutefois, il précise à quelle condition :
- Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous prescris (Jean 15, 14).
L'amitié avec Dieu suppose, en effet, de suivre la route qu'il nous a ouverte par son Fils Jésus-Christ, route de sainteté au milieu du monde. Il n'y a pas d'amitié possible si l'homme reste attaché au mal.
- Celui qui retient mes commandements et les met en pratique, voilà qui m'aime (Jean 14, 21), qui est vraiment mon ami, car l'amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et, en plus il faut bien le reconnaître, ses commandements ne sont pas écrasants (1 Jean 5, 3). Et celui qui m'aime sera aimé de mon Père (Jean 14, 21). Et, je peux vous l'assurer, le Père lui-même vous aime, parce que vous, vous m'avez aimé et que vous avez cru en moi, que je suis venu d'auprès du Père (Jean 16, 27), ce qui n'est pas rien. Certes, vous ne tenez cette révélation ni de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux (Matthieu 16, 17). Mais vous avez le mérite de l'avoir accueillie alors que tant d'autres de vos concitoyens l'ont refusée. Comme mon Père vous aime, moi aussi je vous aime, car je suis dans le Père et le Père est en moi (Jean 14, 10).
En vérité, je vous l'ai déjà dit, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, c'est lui qui est mon frère et ma sœur et ma mère (Matthieu 12, 50). Je me suis efforcé de vous le faire comprendre dans mon enseignement quotidien. Vous le rappelez-vous ?

(à suivre...)