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lundi 12 mai 2014

Jeanne d'Arc vue par Mark Twain (3)

Jeanne d'Arc vue par Mark Twain (3)

En tenant compte de tout ce que j’ai énuméré : les circonstances, ses origines, sa jeunesse, son sexe, l’analphabétisme, la pauvreté de son environnement, les conditions hostiles dans lesquelles elle dut exercer ses fabuleux talents et remporter ses victoires, tant sur le champ de bataille que dans le prétoire, face à ces juges iniques qui l’ont condamnée à mort, Jeanne d’Arc demeure, aisément, de très loin, la personnalité la plus extraordinaire jamais produite par la race humaine. Mark Twain, Le roman de Jeanne d’Arc, Éditions du Rocher, 2001, p. 503.

samedi 10 mai 2014

Jeanne d'Arc vue par Mark Twain (2)

Jeanne d'Arc vue par Mark Twain (2)

Une autre caractéristique de l’histoire de Jeanne d’Arc la hisse à un niveau où elle ne rencontre plus de concurrent. En effet, nombreux furent les prophètes plus ou moins inspirés ; mais Jeanne reste la seule qui ait eu l’audace de préciser, non seulement l’événement à venir, mais également sa nature exacte et la date de son accomplissement, sans jamais faillir. À Vaucouleurs, Jeanne annonce qu’elle va rencontrer le roi, lequel la nommera chef de guerre, qu’elle brisera l’hégémonie anglaise et qu’elle fera sacrer le roi à Reims. Tout se déroule exactement comme elle l’a prédit. Un mois à l’avance, elle annonce .html">(lire la suite) qu’elle sera blessée, en précisant à quel endroit du corps et al date précise à laquelle l’incident surviendra. La prédiction est notée dans un registre officiel trois semaines à l’avance. Le matin même de l’événement, elle renouvelle sa prédiction, qui se réalise le jour même, avant la tombée de la nuit. À Tours, elle prédit la fin de sa carrière militaire, qui se terminera, dit-elle, dans un an. Un an exactement après sa prédiction, la carrière de Jeanne prend fin. Elle prédit son martyre – elle emploie ce mot – qui, dit-elle, surviendra dans trois mois. Malheureusement, elle dit vrai. À une époque où rien ne permet d’espérer que la France puisse jamais se libérer du joug de la domination anglaise, Jeanne, à deux reprises, en présence de ses juges, affirme qu’avant que sept ans ne se soient écoulés, les Anglais subiront un désastre plus dévastateur encore que celui de la perte d’Orléans. Cinq ans après, les Anglais perdent Paris. D’autres prédictions du même genre se passent comme Jeanne les avait prévues, tant pour ce qui concerne la nature de l’événement que la date à laquelle, ou avant laquelle il doit survenir. Mark Twain, Le roman de Jeanne d’Arc, Éditions du Rocher, 2001, p. 500-501.

jeudi 8 mai 2014

Jeanne d’Arc vue par Mark Twain (1)

Jeanne d’Arc vue par Mark Twain (1)

Seule, privée d’amis, ignorante, dans la fleur de l’âge, enchaînée, elle affronte, semaine après semaine, un aréopage de juges hostiles, déterminés à l’envoyer au bûcher, choisis parmi les cerveaux les plus instruits et les plus capables de France, et elle leur répond avec une sagesse innée qui tient leur érudition en échec et démonte leurs pièges. Sa naïve sagacité lui gagne, bien malgré eux, (lire la suite) leur admiration et lui permet de remporter une victoire quotidienne contre une adversité impitoyable. Dans l’histoire intellectuelle de l’humanité, rein de semblable ne s’est jamais produit. Jeanne d’Arc reste unique par le simple fait que sa grandeur s’est manifestée sans l’aide du moindre enseignement, du moindre entraînement, de la moindre expérience propice et préparatoire. Nul ne peut lui être comparé. Tous les gens illustres se sont hissés aux sommets grâce à une atmosphère et à un entourage qui leu ont permis de révéler leur talent, de le nourrir, de l’exprimer. Il y eut, avant Jeanne, des généraux fort jeunes, mais ils étaient tous de sexe masculin, et ils avaient servi comme soldats avant d’être nommés généraux. La Pucelle, elle, débute sa carrière avec le garde de général ; elle commande la première armée qu’elle ait jamais vue ; elle la mène de victoire en victoire, sans perdre une seule bataille. Il y eut certes d’autres commandants en chef de talent, mais aucun n’avait son extrême jeunesse : Jeanne d’Arc reste le seul soldat au monde à avoir obtenu le commandement suprême de l’armée d’un pays à l’âge de dix-sept ans. Mark Twain, Le roman de Jeanne d’Arc, Éditions du Rocher, 2001, p. 500.