ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

lundi 28 novembre 2011

Variations sur les animaux



Variations sur les animaux

Il dort comme un loir, à côté d’un ramassis de rossignols, et, comme c’est une tête de linotte, il est le dindon de la farce qu’une peau de vache publie à la une du canard local à la barbe des poulets. Le ver est dans le fruit, on peut le dire. Le voilà bouc-émissaire. À vrai dire, il est un peu bécasse, malgré son œil d’aigle. Mais il tombe toujours dans la gueule du loup et dans la souricière. On lui donne de la roupie de sansonnet, et il est pigeon. Qui va soulever le lièvre ? Il peut pousser ensuite des cris d’orfraie ou verser des larmes de crocodile, le miroir aux alouettes a joué son rôle. Il méprise leur caca d’oie et se dit que la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe, mais il se donne un mal de chien à travailler comme une fourmi : cela finira par lui mettre une araignée au plafond. L’homme est un loup pour l’homme. (lire la suite)
Il est tantôt bourru comme un ours ou bavard comme une pie. Et quand il pleut comme vache qui pisse, il envoie une colombe de la paix. Sa démarche de félin, même par temps de chien, lui fait se sentir comme un poisson dans l’eau. Et pourtant, c’est un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Il sait avoir une langue de vipère. Et quand il fait un froid de canard, il attrape une fièvre de cheval. Parfois morose comme un vieux hibou, il peut parler comme une perruche, faire le pied de grue indéfiniment et se fondre dans le paysage, tel un caméléon.
On se demande qu’elle mouche l’a piqué de temps à autre de parler français comme une vache espagnole, de crier comme un putois et de faire le perroquet. Il n’y a pourtant pas de chats à fouetter s’il a un appétit d’oiseau.
Il porte une bouc, a un bec d’aigle et des yeux de lynx et marche en canard. Renard ou requin, avec son caractère de cochon, il monte facilement sur ses grands chevaux. Au fond, c’est une teigne, une peau de vache, un serpent caché sous les fleurs. Or, une hirondelle ne fait pas le printemps. Qui est-ce ? Je regarde par l’œil-de-bœuf et donne ma langue au chat. C’est quand même un drôle d’oiseau. Cela me donne des fourmis dans les jambes et finit en queue de poisson. Mais il n’y a pas de quoi faire d’une mouche un éléphant.

samedi 26 novembre 2011

Le fardeau léger (7)


Le fardeau léger (7)

Si vous venez à moi et vous convertissez ; alors « vous trouverez du soulagement pour votre être » (Matthieu 11, 29). Car vous pourrez vous reposer en moi, « contre mon sein » (Jean 13, 23). Mon Cœur Sacré et Miséricordieux est « le lieu du repos : laissez reposer celui qui est fatigué ; voici le lieu de délassement » (Isaïe 28, 12). Tel est le repos que je vous offre. Vous n’en trouverez pas de meilleur. Venez aux eaux rafraîchissantes, qui « jaillissent pour la vie éternelle » (Jean 4, 14) de mon Cœur transpercé. (lire la suite)
Là, vous apprendrez à aimer et à vous oublier vous-mêmes. Je prends toutes vos misères sur moi et vous m’entendrez demander à mon Père – il ne m’en coûte pas de le faire, mais avouez que c’est quand même grandiose : « Père, pardonne-leur – il s’agir de chacun de vous, car vous êtes tous présents à mon Cœur -, Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34).
Et si je vous invite à venir avec moi pour refaire vos forces, c’est que « mon joug est agréable et mon fardeau léger » (Matthieu 11, 30). Je pense que vous savez depuis le temps que nous nous connaissons que « l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas écrasants » (1 Jean 5, 3).
Ils sont légers. Ils ont la légèreté de l’amour que vous mettez à les observer. N’est-il pas vrai que quand l’amour est présent, les efforts ne coûtent plus ? Ou est-ce que je me trompe ?

(fin)

vendredi 25 novembre 2011

Le fardeau léger (6)


Le fardeau léger (6)

Ne prenez pas peur parce que je vous menace de châtiments plus terribles les uns que les autres, dit Dieu. Je n’ai nullement envie de vous frapper à mort. Si je les annonce, c’est pour que vous vous convertissiez, pour que vous reveniez sur vous-mêmes, pour que vous réfléchissiez à votre conduite insensée et que vous reveniez à moi. Voyez mon prophète Jonas. Je l’ai envoyé proclamer : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite » (Jonas 3, 4). Mais j’ai dans le même temps ramolli le cœur de ses habitants, et ils se sont aussitôt repentis de leurs méfaits. Ce fut une surprise pour Jonas. Il n’en revenait pas. Il en a été même ulcéré et il m’a reproché l’échec de sa prédication, comme s’il avait souhaité la destruction de la ville. Vous êtes comme cela vous, les hommes. Votre cœur abrite des désirs de vengeance, parfois sous couvert de bons sentiments. (lire la suite) « Veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume ? » (Luc 9, 54). Vous avez le sang chaud vous, les hommes.
J’ai essayé de lui faire comprendre que si lui avait eu pitié « du ricin pour lequel tu n’as pas peiné et que tu n’as pas fait croître et qui en une nuit a péri », comment « moi, je n’aurai pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle il y a plus de cent vingt mille hommes qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche, et une multitude d’animaux » (Jonas 4, 11). Mais je ne suis pas sûr qu’il m’aie compris…
Il est pourtant bien connu de tous que « tantôt je menace une nation ou un royaume de renverser, d’abattre et de détruire. Mais cette nation, contre laquelle j’ai parlé, se convertit-elle de sa malice, je me repens du mal que je projetais de lui faire » (Jérémie 18, 76-8) et c’en est fini du malheur, avant même qu’il ait commencé. Je suis trop content de pardonner à tous mes enfants, un par un. C’en a fait cent-vingt mille d’un coup à Ninive. Vous imaginez ma joie. Et mon pauvre Jonas qui broie du noir… Vous êtes comme cela vous, les hommes, vindicatifs. S’il pouvait entendre la parabole du fils prodigue : « Il fallait festoyer et se réjouir, car ton frère que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il a été retrouvé » (Luc 15, 39). Vous n’êtes pas bien nombreux à le comprendre.

(à suivre…)

jeudi 24 novembre 2011

Le fardeau léger (5)


Le fardeau léger (5)

« Je suis avec toi pour te sauver » (Jérémie 30, 11), nous dit le Seigneur. C’est bien pour cela que tu es venu sur notre terre, Seigneur, non pour condamner, comme dans les temps anciens, mais pour sauver, « non pour juger le monde, mais pour sauver le monde » (Jean 12, 47), et pour que nous ayons la vie en abondance : « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu'elles soient dans l'abondance » (Jean 10, 10). Tels sont tes sentiments de bonté et de miséricorde. « Je suis Dieu, moi, et non pas un homme » (Osée11, 9). « Si nous sommes infidèles, lui est fidèle » (2 Timothée 2, 13). (lire la suite)
Dieu pousse sa bonté et sa libéralité jusqu’à nous dire, parce qu’il agit en pure gratuité : « Ô vous tous qui avez soif, venez aux eaux, vous-mêmes qui n’avez pas d’argent, venez, achetez du blé et mangez ; venez, achetez sans argent, et sans payer, vin et lait. (…) Prêtez l’oreille et venez à moi, écoutez et que votre âme vive ; et je conclurai avec vous ne alliance éternelle » (Isaïe 55, 1.3). Il ne se lasse pas de nouer de nouvelles alliances chaque fois que les hommes la brisent : « Que de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes ! » (Matthieu 23, 37). Et pourtant, nous devons bien constater, avec une énorme reconnaissance, que « Le Seigneur, Le Seigneur, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, débordant de bonté et de fidélité » (Ézéchiel 34, 6), ce que l’Écriture ne cesse de répéter (cf. Nombres 9, 17 ; Psaume 86, 15 ;103, 8 ; 145, 83 ; Joël 2, 13 ; Jonas 4, 2 ; etc.). Voilà la réalité. Tel est notre Dieu. « Ce que j’ai dit, je l’ai dit. Et je sais ce que je dis », dit Dieu. Je suis doux et humble de cœur, et mon Cœur est rempli à votre égard de sentiments de paix et non d’affliction (cf. ), mais elles sont « bienveillantes pour celui qui marche avec droiture » (Michée 2, 7). Comme j’aimerais vous rassembler et que vous ne fassiez qu’un avec moi, comme mon Père ne fait qu’un avec moi et moi je ne fais qu’un avec mon Père ! (cf. Jean 17, 21). Car, je veux que là où je suis, vous y soyez vous aussi (cf. Jean 14, 2). C’est pour cela que je suis remonté auprès de mon Père, afin de vous préparer une place dans notre compagnie (cf. Jean 14, 1). « Déchirez vos cœurs, et non vos vêtements, et revenez à Le Seigneur, votre Dieu, car il est aimable et compatissant, lent à la colère et riche de bonté, se repentant du mal qu’il inflige » (Joël 2, 13).

(à suivre…)

mercredi 23 novembre 2011

Le fardeau léger (4)


Le fardeau léger (4)

Renoncer à soi même représente un immense avantage. Non seulement parce que le Seigneur nous soulage et nous prend avec lui, ce qui est évidemment essentiel dans la perspective de l’éternité, mais aussi parce que cela nous simplifie singulièrement la vie. Le « moi » est la principale source de complication, d’inquiétude et de manque de paix. Outre qu’il suppose une perte de temps incroyable. Et tuer ainsi son temps stupidement risque aussi de revenir à tuer une éternité de bonheur incommensurable (cf. saint Josémaria, « Ce trésor qu’est le temps », Amis de Dieu, nos 38-54). (lire la suite)
Le Seigneur nous lance aussi l’invitation suivante : « Mettez-vous à mon école » (Matthieu 11, 29). C’est normal, car il est le Maître. C’est avec ce titre que bien des gens s’adressent à lui : « Rabbi, ce qui en traduisant se dit « Maître », où demeures-tu ? » (Jean 1, 38). « Rabbi, c’est de la part de Dieu, nous le savons, que tu es venu » (Jean 3, 2), lui dit Nicodème en guise d’entrée en matière. Et lui-même reprend ce titre à son compte : « Vous m’appelez le « Maître » et le « Seigneur », et vous dites juste : je le suis en effet » (Jean 13, 13). Il est donc logique que nous apprenions de lui, que nous adoptions l’attitude de Marie, la sœur de Lazare, « qui s’était assise aux pieds du Seigneur et l’écoutait parler » (Luc 10, 39) et prononcer des « paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 68).
Se mettre à l’école de notre Seigneur, c’est chercher à avoir les sentiments que son Cœur héberge : « Ayez entre vous les sentiments qui étaient ceux du Christ Jésus » (Philippiens 2, 5). Et, pour le cas où nous aurions quelque doute, le Seigneur précise : « Je suis doux et humble de Cœur » (Matthieu 11, 29). Il est impressionnant d’entendre Dieu parler de son humilité, lui le Tout-Puissant ! « Bien qu’il fut de condition divine, il n’a pas tenu pour une proie son égalité avec Dieu ; au contraire, il s’est dépouillé en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes » (Philippiens 2, 6-7), et « lui qui était riche, il s’est fait pauvre pour vous, afin de vous enrichir de sa pauvreté » (2 Corinthiens 8, 9). C’est admirable ! Mais à imiter. Nous sommes invités à nous mettre à l’école du Maître et non à le regarder de loin, comme un spectateur, un badaud qui, au fond, n’est pas concerné par ce qui se passe et se contente de satisfaire une curiosité superficielle, afin d’avoir quelque chose à raconter et de pouvoir jouer à l’intéressant…

(à suivre…)

mardi 22 novembre 2011

Le fardeau léger (3)


Le fardeau léger (3)

Réciproquement, Seigneur, si je te connais réellement tel que tu es, je t’aime nécessairement, et je sais qu’en toi se trouvent le pardon et le repos de l’âme. Je sais que tu es patient et miséricordieux. Tu es le « Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité » (Exode 34, 7). Je sais que, fondamentalement, tu es bon, la Bonté même : « Goûtez et voyez combien Le Seigneur est bon ! Heureux l'homme qui met en lui son refuge ! » (Psaume 34, 9).
C’est cette Bonté qui t’amène à lancer ton invitation : « Venez à moi, vous tous qui peinez », car tu entends prendre sur toi le fardeau de nos péchés, que nous avons déposé sur tes épaules dans la confession, et nous en soulager ainsi (cf. Matthieu 11, 28). (lire la suite)
Mais tu ne t’arrêtes pas là, car tu ajoutes : « Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école : je suis doux et humble de cœur » (Matthieu 11, 29). « Confiez-vous en Le Seigneur, à jamais ; car Le Seigneur est un rocher éternel » (Isaïe 26, 4). Quelle grande vérité ! Quelle assurance elle nous communique ! « Venez à moi » et « prenez sur vous mon joug ». La première partie est séduisante. La seconde nous fait hésiter quelque peu… Nous n’avons pas envie de nous assujettir à quoi que ce soit ni à qui que ce soit. Nous voulons être libres de nos mouvements, plus encore de nos décisions.
Heureusement, j’entends le même Jésus nous assurer : « La vérité vous rendra libres » (Jean 8, 33), et aussi : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6). Nous n’avons donc rien à craindre en optant pour Dieu. Prendre le parti de Dieu, c’est obtenir la vraie liberté des enfants de Dieu. Mais il faut quand même prendre le joug du Seigneur… Il nous a précisé ce qu’il entend par là : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même ; qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Luc 9, 23). Tel est le joug auquel il faut nous soumettre. Il n’est autre que participer à la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ, qui est l’instrument de la véritable libération de l’homme, la libération des chaînes du péché. le Christ est la Voie, parce qu’il est la Vérité et que la Vérité assure la liberté.
Prendre le joug du Christ signifie donc renoncer à nous-mêmes. Ce poids sous lequel nous ployons est celui de nos misères personnelles, qui se manifestent précisément par le fait de nous mettre en valeur, de nous accorder de l’importance, d’agir pour des motifs humains, de laisser le « vieil homme » (Romains 6, 5) nous imposer sa loi. C’est cela qui nous fatigue ; non de suivre le Christ. Parce qu’il est le « Prince de la Paix » (Isaïe 9, 5). Quand nous le suivons, nous sommes dans la paix : « Je vous laisse ma paix ; c’et ma paix à moi que je vous donne » (Jean 14, 27). « Paix à vous ! » (Jean 20, 19). Telle est la salutation du Seigneur, la salutation essentielle, la salutation chrétienne.

(à suivre…)

lundi 21 novembre 2011

Le fardeau léger (2)


Le fardeau léger (2)

« Je vous soulagerai… » C’est bien ce qui se produit. Quel soulagement une fois que l’on s’est confessé ! Quelle paix de se savoir réellement pardonné, parce qu’aimé ! Quelle joie, qui inonde le cœur et le rend aérien ! Quelle légèreté dans la démarche désormais libérée de tous les boulets qui l’entravaient ! Quel bonheur l’on ressent d’avoir un tel Père, si compatissant, au Cœur si magnanime !
« Le Seigneur tient fidèlement toutes ses paroles, et sa sainteté apparaît dans toutes ses œuvres. (lire la suite) Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, et il redresse tous ceux qui sont courbés » (Psaume 145, 13-14). Je sais par expérience que, « quand je dis : « Mon pied chancelle ! » ta bonté, ô Le Seigneur, me soutient » (Psaume 94, 18). C’est pourquoi « les yeux de tous se tournent vers toi avec espoir » (Psaume 145, 15).
« Je vous soulagerai… » Et tu tiens ta promesse. Comment pourrait-il en aller autrement de la part du Seigneur ? Tout doute en la matière serait un péché ! N’as-tu pas dit aussi, par la bouche du prophète : « J’abreuverai l’âme altérée, et je comblerai l’âme languissante » (Jérémie 31, 25), « car je suis un père pour Israël » ( Jérémie 31, 9) ?
Nous venons à toi, l’âme en peine, dans le sacrement de la réconciliation, et nous en repartons l’âme en joie, parce que, au lieu de nous envoyer au cachot, tu as organisé un festin magnifique, des réjouissances célestes pour mon âme qui n’en demandait pas tant. Parce que tu as agi avec une largesse extraordinaire. J’aspirais seulement au pardon. Je savais que je l’obtiendrais. Et cela me paraissait suffisant. Pour le reste, « je ne suis plus digne d’être regardé comme ton fils, fais de moi l’un de tes serviteurs » (Luc 15, 19). Et toi, tu fais celui qui n’a pas entendu ou n’a pas compris. Et tu dis à tes serviteurs, les vrais, eux qui sont restés fidèles à leur place : « Vite, apportez la meilleure robe et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds – j’étais devenu un va-nu-pieds – et amenez le veau gras et tuez-le ; mangeons et festoyons » (Luc 15, 22-23). Il n’existe pas de soulagement possible meilleur que celui-là : se mettre à table avec son Père, partager le repas avec Lui, vivre dans son intimité.
Mais il doit y avoir la démarche préalable de l’homme : « Venez à moi. » Il est nécessaire que l’homme se mette résolument en marche vers son Seigneur, se porte à sa rencontre ; qu’il ressente le besoin de Dieu, sans qui nous ne pouvons rien faire (cf. Jean 15, 5). Une démarche d’humilité est requise, par laquelle nous nous reconnaissons pécheurs. Mais plus encore, c’est une question d’amour, de réponse d’amour à l’Amour de Dieu, à Dieu tout court ; car « Dieu est Amour » (1 Jean 4, 16). Or, « l’amour vient de Dieu, plus quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4, 7).

(à suivre…)

dimanche 20 novembre 2011

Le fardeau léger (1)


Le fardeau léger (1)

« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai » (Matthieu 11, 28). Nous sentons battre le Cœur du Christ, qui nous porte une immense affection, qui nous aime d’un Amour fou. Il sait combien notre vie peut être dure, il en connaît les aspérités : « Désormais, tu mangeras ton pain à la sueur de ton front » (Genèse 3, ). Il partage notre vie en tant qu’homme, il parcourt les chemins de Palestine, et partant il découvre la misère humaine ainsi que la mesquinerie du cœur des hommes, son endurcissement. Il en est profondément peiné : « après avoir promené son regard sur eux avec colère, contristé de l'endurcissement de leur cœur, il dit à l'homme : « Étends la main. » Il l'étendit, et sa main redevint saine » (Marc 3, 5). (lire la suite)
Il voudrait tant nous venir en aide. C’est pour cela qu’il s’est incarné. « Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Marc 2, 17). « Quand il débarqua, il vit une grande foule, et en eut compassion » (Matthieu 14, 14) parce qu’elles étaient « comme des brebis sans pasteur » (Marc 6, 34). Et lui, il est venu pour nous soulager dans nos épreuves. Nous sommes souvent fatigués et las. Nous ployons sous le poids non tant des occupations diverses, car nous savons nous reposer et nous divertir et nous y prenons plaisir, que de nos péchés. Nous les acceptons, nous les recherchons, nous nous y délectons un moment, mais après ils nous laissent un goût amer dans la bouche. Ils nous brisent le cœur. Ils affaiblissent de plus en plus notre capacité à aimer.
C’est là vraiment le fardeau qui nous fait ployer. Car il s’alourdit de jour en jour, pour ne pas dire d’heure en heure. Et le moment arrive où l’on n’en peut plus et où l’on risque de se laisser complètement aller. C’est la « descente aux enfers ». « Venez à moi et je vous soulagerai… » Oui, il faut revenir vers le Seigneur fréquemment. Pour lui montrer nos misères et l’appeler au secours, comme quand « se jetaient sur lui pour le toucher tous ceux qui avaient quelque infirmité » (Marc 3, 10). Il faut aller à lui avec le même empressement, avec un identique espoir d’obtenir notre guérison. Présentons-lui nos péchés sans fard ni fausse honte dans le sacrement de la réconciliation. C’est vraiment à ce tribunal de miséricorde qu’il nous soulage, parce qu’il nous pardonne, parce qu’il nous absout de nos péchés, de tous nos péchés, même les plus sordides et les plus exécrables, à partir du moment où nous les avons avoués avec une sincère contrition et le ferme désir de ne plus les commettre à l’avenir, avec l’aide de la sainte grâce de Dieu.

(à suivre…)

samedi 19 novembre 2011

Pourquoi moi ? (3)


>Pourquoi moi ? (3)

Pourquoi moi ? Au fond, ce n’est pas la bonne question. Celle que nous devons nous poser, à partir du moment où le Seigneur nous a invités à travailler pour lui : « Allez, vous aussi, à ma vigne » (Matthieu 20, 17), est la suivante : « Est-ce que je réponds correctement à l’attente du Maître, en prenant les moyens humains et surnaturels qui me permettent d’être à la hauteur des circonstances ? » C’est-à-dire que nous n’avons pas à nous questionner sur le pourquoi, mais sur le comment ; non sur l’initiative de Dieu, que nous acceptons avec humilité parce que nous n’en sommes pas dignes, mais sur la qualité de notre réponse à la grâce et à la vocation. Certes, nous sommes conscients que nous ne serons jamais pleinement à la hauteur voulue. Rappelons-nous cependant que le Christ a dit, à l’adresse de tous : « Soyez saints comme votre Père céleste est saint » (Matthieu 5, 48). (lire la suite)
C’est là une parole sur laquelle nul ne peut revenir. C’est une affirmation qui nous engage résolument et définitivement sur la voie d’un amour opératif de Dieu. C’est là une annonce qui doit retentir en permanence au fond de notre cœur, nous émouvoir et nous mouvoir à l’action. « Tu es mon fils : moi-même aujourd’hui je t’ai engendré » (Psaume 2, 7). Voilà ce que le Seigneur nous dit. Cela devrait nous donner sérénité et confiance en l’avenir et des ailes pour partir à la poursuite de l’Amour ; qui ne se trouve pas seulement à l’horizon de notre existence, mais qui est déjà présent et actif dans notre âme : « N’avions-nous pas le cœur tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, nous expliquant les Écritures ? » (Luc 24, 32). Oui, notre cœur n’est-il pas enflammé d’Amour parce qu’il nous a appelés ?

(fin)

vendredi 18 novembre 2011

Pourquoi moi ? (2)


Pourquoi moi ? (2)

Cette question, nous pouvons la poser nous aussi au Seigneur : « Pourquoi moi ? Pourquoi m’as-tu accordé le don de la foi au baptême ? » Question qui se double parfois de celle-ci : « Pourquoi m’as-tu appelé, moi, à te suivre de plus près, par un engagement spécifique de rechercher activement la sainteté et de faire de l’apostolat ? » Dans notre monde actuel, il se trouve aussi tellement de gens plus savants ou placés à des postes de commande de la société, disposant des moyens de communication sociale et donc capables de répandre le message de l’Évangile à haute dose en touchant les masses. Mais c’est à moi, comme « à l’avorton » (1 Corinthiens 15, 8) que tu as fait appel. « Considérez en effet, frères, ce que représente votre appel : (lire la suite) pas de sages selon la chair, pas de gens puissants, peu de nobles de naissance. Mais ce qui est fou pour le monde, c’est ce que Dieu a choisi pour la confusion des sages ; et ce qui est faible pour le monde, c’est ce que Dieu a choisi pour la confusion de la force ; et ce qui pour le monde est sans naissance et méprisable, c’est ce que Dieu a choisi ; il a choisi ce qui n’est pas ; pour réduire à néant ce qui est » (1 Corinthiens 1, 26-28). Ce à quoi Paul ajoute une précision, qui donne raison de cette façon surprenante d’agir de Dieu : « Afin que nul ne se glorifie devant Dieu » (1 Corinthiens 1, 29). Car le trésor de la foi et de la grâce, « nous le tenons dans des vases de terre pour qu’il apparaisse que cette puissance débordante appartient à Dieu et ne vient pas de nous » (2 Corinthiens 4, 7).
La mission qui nous incombe d’accomplir un commandement divin, nous sommes bien incapables de la mener à bien par nous-mêmes, car nous sommes nécessairement des instruments inadaptés. « C’est que sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5), dit le Seigneur. « Très volontiers je me glorifierai surtout dans ma faiblesse, afin que la force du Christ repose sur moi » (2 Corinthiens 12, 9).
Pourquoi moi ? La question n’a plus de sens si nous nous plaçons dans ce contexte objectif et surnaturel du choix de Dieu – qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper -, choix qui s’accompagne toujours des grâces appropriées nous permettant de porter notre charge et de remplir la mission évangélisatrice dans la portion du troupeau de Dieu qui nous est confiée. N’oublions jamais cette affirmation particulièrement profonde de saint Thomas d’Aquin.

(à suivre…)

jeudi 17 novembre 2011

Pourquoi moi ? (1)


Pourquoi moi ? (1)

« Judas – non l’Iscariote –lui dit : « Maître, comment se fait-il, Seigneur, que ce soit à nous que tu te manifestes, et pas au monde ? » (Jean 14, 22). La question mérite d’être posée, en effet. Les apôtres connaissent leur petitesse. Ils sont pour la plupart d’humble extraction. Ils sont originaires de petits villages sans beaucoup d’importance. Le peuple d’Israël lui-même semble insignifiant sur l’échiquier politique. En tout cas, les prophètes ont bien pris soin de rappeler, pour souligner que l’élection d’Israël par Dieu est un pur don gratuit et entièrement libre de sa part, que Jacob « est petit » (Amos 7, 2), qu’il ne vaut pas mieux que le royaume de Hamat la Grande et de Gat des Philistins (cf. Amos 6, 2), qu’il n’est pas le plus puissant (cf. Amos2, 9). Et c’est pourtant en Israël que le Fils de l’homme (Daniel 7, 12) est venu. (lire la suite) Et ce sont eux, les Douze, qu’il a choisis pour être le petit groupe sur lequel il s’appuie et qui doit un jour siéger sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël (cf. Luc 22, 30). Il y a de quoi être déconcerté, pour un esprit simple, au cœur toutefois généreux. Et s’il est vrai que « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas », alors ils peuvent quand même comprendre quelque chose à ce choix de Dieu.
Ce n’est pas qu’ils soient mécontents du choix, bien sûr. Ils n’échangeraient pas leur situation pour rien au monde. Mais ils sont quand même stupéfaits. En pensant un peu par devers eux, et en échangeant leurs impressions, ils se disent qu’à la place du Seigneur, ils auraient fait appel à des gens considérables, compétents, disposant de moyens financiers abondants, ayant de l’influence dans la sphère du pouvoir politique auprès des Anciens et des grands prêtres… Et, au lieu de cela, ce sont eux qui doivent l’assister. Et le plus fort, c’est que cela marche ! Un jour, Jésus « leur conféra puissance et plein pouvoir sur les démons, ainsi que le don de guérir les maladies. Et il les envoya proclamer la venue du royaume de Dieu et opérer des guérisons » (Luc 9, 1-2). C’est ce qu’ils firent avec succès. Ils en étaient eux-mêmes médusés.
Cela n’oblitère pas le sens de la question de Judas. Ce choix reste mystérieux. Il existait tant de gens en Israël qui avaient plus d’instruction qu’eux, qui étaient mieux dotés par la nature, qui étaient ornés de plus de qualités… Mais ce sont eux que le rabbi de Nazareth a choisis. Il n’y a pas à revenir sur cela.

(à suivre…)

mercredi 16 novembre 2011

Marie et les frères de Jésus (5)


Marie et les frères de Jésus (5)

Nous devenons enfants de Dieu, nous le sommes comme lui si, comme lui, nous accomplissons, ou du mois nous nous efforçons d’accomplir aussi la très sainte Volonté de Dieu. « Car, dans le Christ Seigneur, ni circoncision ni incirconcision ne comptent, mais la foi agissant par la charité » (Galates 5, 6). Et le plus grand acte de charité consiste à aimer Dieu. Or, nous ne pouvons pas dire que nous aimons Dieu si nous n’adhérons pas en même temps de tout notre cœur à ses plans, à sa Providence, aux expressions de sa Volonté que sont l’autorité et l’enseignement officiel de l’Église, les moyens de sanctification qu’elle met à notre disposition avec abondance, (lire la suite) notre participation à la mission évangélisatrice…
Là, nous sommes pleinement frère, sœur et mère de Jésus, c’est-à-dire quelqu’un de connaissance, un proche avec qui l’on partage tout ce qu’il y a de plus intime et de plus important, avec qui l’on s’identifie.
« Celui qui fait la Volonté de Dieu, c’est lui qui est mon frère, ma sœur, ma mère » (Marc 3, 35). Après avoir dit cela et profité de la question pour enseigner la foule, très probablement le Seigneur a interrompu la séance pour aller voir sa Mère. Comment lui refuserait-il quelque chose alors qu’elle accomplit toujours à la perfection la Volonté de son Père ?

(fin)

mardi 15 novembre 2011

Marie et les frères de Jésus (4)


Marie et les frères de Jésus (4)

Jésus ajoute encore : ce que je veux, « c’est votre sanctification » (1 Thessaloniciens 4, 3). Et, je vous le déclare solennellement, j’y engage ma parole, c’est-à-dire que je m’engage moi-même, « heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui l’observent » (Luc 11, 28). Ceux-là, je peux vous dire qu’ils sont prédestinés à aller au ciel. Je m’en porte garant. « Celui donc qui me confessera devant les hommes, mai aussi je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux ; mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 10, 32-33). (lire la suite)
En revanche, je peux vous certifier aussi que « ce ne sont pas tous ceux qui me diront : Seigneur, Seigneur ! qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui qui fera la Volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7, 21). Tout comme « ce ne sont pas ceux qui entendent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui pratiquent la Loi qui seront déclarés justes » (Romains 2, 13).
À quoi sert-il de thésauriser la Loi, les commandements et les préceptes divins, si ce n’est pas pour en faire les principes de la vie ? Cela revient à enfouir ses talents et à se faire réprimander vigoureusement par le Seigneur, qui est en droit d’être écouté (cf. Matthieu 25, 18) et pris en considération. D’ailleurs, « que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? Est-ce que la foi peut le sauver ? » (Jacques 2, 14) à elle seule, par elle–même, comme s’il s’agissait d’un automatisme, d’un dû ?
Il faut vivre de la foi, être dans la vraie foi, celle que nous professons dans le Credo, celle que l’Église nous propose de façon résumée dans le Catéchisme de l’Église catholique. Mais cela implique par principe d’être un homme ou une femme de foi. Or, le contenu de la foi est la Révélation, un ensemble de vérités que Dieu nous a fait connaître et qui façonnent un style de vie chrétienne. Le Christ lui-même dira : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la Volonté de Celui qui m’a envoyé » (Jean 6, 38). Il agit de la sorte parce qu’il est vraiment le Fils de Dieu le Père.

(à suivre…)

lundi 14 novembre 2011

Marie et les frères de Jésus (3)


Marie et les frères de Jésus (3)

« Se tenant dehors, ils l’envoyèrent appeler » (Marc 3, 31). Ils demandent qu’on prévienne Jésus. Et l’on se passe discrètement le mot depuis le fond de l’assistance jusqu’au premier rang. Chacun le fait bien volontiers : pensez donc, c’est la Mère du Maître qui cherche à le voir !
Finalement le message parvient à quelqu’un qui se trouve juste devant Jésus. Celui qui l’a reçu attend que le Seigneur ait terminé une phrase ou achevé une parabole pour lui annoncer : « Ta mère et tes frères sont là dehors et ils cherchent à te parler » (Matthieu 12, 47). Ils sont « désireux de te voir » (Luc 8,20). (lire la suite)
Alors Jésus étend les mains vers ses disciples (cf. Matthieu 12, 49), désignant ostensiblement ceux qui se sont attachés à sa personne et ont répondu à l’appel qu’il leur a adressé un jour à le suivre, séance tenante. Et il dit : « Voilà ma Mère et mes frères » (Marc 3, 34). Ce qui a de quoi surprendre, parce que tous ses disciples sont des hommes. Et pourtant, il y voit sa Mère. Mais il précise aussitôt : « Ma Mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique » (Luc 8, 21). Autrement dit, « celui qui fait la Volonté de Dieu, c’est lui qui est mon frère, ma sœur et ma Mère » (Marc 3, 35), « quiconque fait la Volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 12, 50).
Et le simple fait d’accueillir la Volonté de Dieu avec empressement, en prononçant notre fiat comme Marie (Luc 1, 38) ou d’y revenir si nous nous sommes écartés par recherche de notre vaine gloire, fait de nous un membre de la famille du Christ. « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous prescrits. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître » (Jean 15, 14-15). Mais si nous adhérons à la Volonté de Dieu, si nous écoutons la Parole de Dieu et cherchons à la mettre en pratique, alors nous connaissons notre Dieu, nous savons ce qu’il attend de nous à chaque instant. Nous devenons des domestici Dei (Ephésiens 2, 19).
Jésus peut ajouter : « Vous, je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père » (Jean 15, 15), car je suis sa propre Parole, je lui sers de haut-parleur. Et je vous ai fait savoir ce qu’il attend de chacun de vous : celui qui veut être mon disciple, « qu’il se renonce lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Luc 9, 23). Et encore, « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » (Matthieu 22, 37).

(à suivre…)

dimanche 13 novembre 2011

Marie et les frères de Jésus (2)


Marie et les frères de Jésus (2)

Quand l’on à affaire à quelqu’un de la stature de Jésus de Nazareth, comment ne pas être séduit et ne pas éprouver l’envie de rester avec lui le plus longtemps possible ? L’on ne voit pas les heures passer en sa compagnie. Les foules s’attachaient à lui, sans penser à leur fatigue. « Voilà déjà trois jours qu'ils restent près de moi, et ils n'ont rien à manger » (Matthieu 15, 32).
Pour comprendre un peu cet engouement, il nous suffit de voir avec quelle hâte les fidèles viennent écouter le pape, en qui les catholiques voient le représentant du Christ sur la terre et sa voix autorisée, et comment les foules se déplacent en masse pour l’écouter, l’apercevoir de loin ou même de rien voir ni entendre du tout, mais être là où il se trouve, tout simplement, en communion avec le pape. (lire la suite) Le Pontife humain suscite ainsi les plus grandes congrégations que l’humanité ait jamais connues : cinq millions de fidèles pour les JMJ de Manille, douze millions pour la canonisation de l’indien Juan Diego à Mexico…
Je comprends bien cette envie de voir Jésus à partir de l’exemple du Serviteur de Dieu Alvaro del Portillo, qui priait et travaillait avec saint Josémaria, et prenait ses repas avec lui et qui, malgré cela, se plaçait, au cours des réunions que nous avions avec le fondateur de l’Opus Dei, de manière à pouvoir le voir. Oui, nous aussi, nous voulons voir Jésus, encore et toujours. Et nos motifs sont multiples ; chacun de nous a les siens.
Seulement, Marie et les cousins du Seigneur (ses cousines ne sont probablement pas de la partie, car une femme ne parlait pas aux hommes en public : cf. Jean 4, 27), « ne pouvaient pas l’aborder à cause de la foule » (Luc 8, 19). Une foule dense, qui captivée comme elle l’est par celui qui l’enseigne, constitue une barrière infranchissable. L’on ne s’y faufile pas. On ne perce pas le mur. Il n’y a rien à faire. Il faut d’ailleurs faire attention aux mouvements de foule, qui sont absolument incontrôlables et dans lesquels il convient absolument de se laisser emporter, sans chercher à y opposer une quelconque résistance. Ce serait inutile et dangereux. Il est émouvant de voir Marie condamnée à attendre. Elle ne fait pas usage d’un passe-droit qui, en l’occurrence, s’avérerait probablement inutile. Elle attend patiemment que son Fils veuille bien la recevoir. Elle sait qu’il sait, et qu’il agira comme il convient.

(à suivre…)

samedi 12 novembre 2011

Marie et les frères de Jésus (1)


Marie et les frères de Jésus (1)

« Comme il parlait encore aux foules, sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler » (Matthieu 12, 46). Les gens les connaissent : « Est-ce que sa mère ne s’appelle pas Marie, et ses frères, Jacques, Joseph, Simon et Jude ? » (Matthieu 13, 55), c’est-à-dire ses cousins, en langage sémite.
« La foule était assise autour de lui » (Marc 3, 32), en cercle, avide de recevoir le message qu’il délivrait au nom de son Père, littéralement suspendue à ses lèvres, parce qu’en l’écoutant, c’était un bout de ciel sur la terre, un moment d’intériorité avec Dieu. Les gens sont là, attentifs, comme Marie de Béthanie qui « s’était assise aux pieds de Jésus et l’écoutait parler » (Luc 10, 39), oubliant tout le reste. Le Seigneur ne le lui reproche pas ; bien au contraire. (lire la suite) « C’est Marie qui a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée » (Luc 10, 42), répond-il à Marthe qui se plaint avec vivacité que sa sœur la laisse faire le service toute seule.
En vérité, « mes brebis entendent ma voix : je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main »(Jean 10, 27-28). Telles sont les conséquences de l’écoute de la Parole de Dieu. Telles sont les promesses de Celui qui est la Parole faite chair, Jésus-Christ.
Saint Luc précise que sa mère et ses frères « surviennent pour le voir » (Luc 8, 19). Nous ignorons la raison qui les pousse à parler à Jésus. Elle ne peut être que noble, puisque Marie est impliquée dans la démarche. Certes, il arrivait que les membres de sa famille jugeassent qu’il « était hors de ses sens » (Marc 3, 21) et qu’il ne devait pas en faire tant, mais se reposer, parce que le nombre de gens qui allaient et venaient était tellement élevé, un flot incessant qui avançait et refluait à grand peine, qu’il lui arrivait, à lui et à ses disciples, de ne même pas pouvoir s’arrêter le temps de prendre une collation (cf. Marc 6, 21). Mais aujourd’hui, ils doivent être animés des meilleures intentions du monde, d’autant que Marie unit sa voix à cette entreprise.
Nous comprenons bien cet empressement à voir Jésus, à lui parler. Une telle sainteté, une telle paix émanaient de lui que l’on ne pouvait qu’éprouver l’envie de rester avec lui et que la séparation, inévitable, était toujours coûteuse. Du moins pour les âmes simples et avides d’entendre la Parole de Dieu. Car, pour nombre de pharisiens, de scribes et de docteurs de la Loi, leur seul souci était « de le prendre en défaut pour quelque parole et ainsi de pouvoir le livrer aux autorités et à la juridiction du gouverneur » (Luc 20, 20).

(à suivre…)

vendredi 11 novembre 2011

Incrédulité face à la Résurrection (3)


Incrédulité face à la Résurrection (3)

Alors, « Jésus se retourna vers Pierre et lui dit : « Arrière de moi, satan ! » (Matthieu 16, 22). C’est fort. C’est même très fort. Le pauvre Pierre en a dû être estomaqué. C’est tout juste s’il n’en tombe pas malade. S’il y a bien une chose à laquelle il ne s’attendait pas, c’est de se faire traiter de satan, et en plus par le Seigneur, pour qui il a tout quitté, laissant ses filets en plan (cf. Matthieu 18, 20) et le suivant « aussitôt » (Marc 1, 18), c’est-à-dire vraiment sur-le-champ. L’admonestation est raide. Pierre encaisse le coup.
Le Seigneur dit cela « en voyant ses disciples » (Marc 8, 33). Il ne peut pas laisser passer les remontrances de Simon sans intervenir, car il ne veut pas que ses disciples soient dans l’erreur. (lire la suite)
« Tu es pour moi un risque de chute » (Matthieu 16, 22). Comme lorsque satan en personne l’avait tenté (cf. Matthieu 4, 5-10). Ce n’est pas rien. « Il est écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu » (Deutéronome 6, 16).
Notre Seigneur ajoute, pour bien se faire comprendre : « Tes sentiments ne sont pas ceux de Dieu, mais ceux d’un homme » (Marc 8, 33). C’est bien là le problème. Or, nous devons « avoir les uns envers les autres les mêmes sentiments selon Jésus-Christ » (Romains 15, 5), « les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus» (Philippiens 2, 5). « Ceux qui sont de la chair ont des aspirations d’ordre charnel ;ceux qui vivent selon l’esprit, en ont d’ordre spirituel. C’est que la chair aspire à la mort ; l’esprit, au contraire, aspire à la vie et à la paix » (Romains8, 5-6). De fait, « par ses désirs la chair va contre l’esprit ; par les siens, l’esprit va contre la chair » (Galates 5, 17). Cela, Pierre doit encore l’apprendre. « L’homme naturel, lui, ne perçoit pas ce qui vient de l’esprit de Dieu : c’est en effet folie pour lui » (1 Corinthiens 2, 14), folie et scandale.
Mais le scandale est partagé. Pierre est cause de scandale, c’est-à-dire de chute pour Jésus.
En tout cas, la réprimande a été particulièrement sévère. Et nous avons du mal à comprendre que Pierre ait pu oublier cet épisode et ce qui l’a motivé : l’annonce de la Passion et de la mort de Jésus-Christ. Cette prophétie n’est pas passée inaperçue, vu la façon dont il a morigéné le Seigneur.
C’est d’autant moins compréhensible que l’affaire n’en est pas restée là. Quelques jours plus tard, en effet, « alors qu’ils parcouraient ensemble la Galilée, Jésus leur dit : Le Fils de l’homme est à la veille d’être livré aux mains des hommes. On le mettra à mort, et le troisième jour il ressuscitera » (Matthieu 17, 22-23). Cette fois, Pierre se garde bien de dire quoi que ce soit ouvertement. Mais l’évangéliste note que tous « furent grandement attristés » (Matthieu 17, 23). Ils ont bien entendu les paroles du Maître. Ils en ont pris conscience.

(à suivre…)

jeudi 10 novembre 2011

Incrédulité face à la Résurrection (2)


Incrédulité face à la Résurrection (2)

Au matin de Pâques, « les femmes se ressouvinrent des paroles dites par lui » (Luc 24, 8). Elles se les rappellent maintenant, avec la lumière de l’Esprit Saint, et elles croient. Elles comprennent en un instant que tout s’est réalisé comme Jésus l’avait annoncé. Et elles allèrent rapporter aux apôtres ce qui leur avait été dit de la part du Seigneur. « Mais ces paroles leur parurent être pure divagation et ils ne les crurent pas » (Luc 24, 11).
Pourtant Jésus n’avait pas pris les apôtres au dépourvu.(lire la suite) Il avait pris soin de les préparer psychologiquement. Après la confession de foi de Pierre à Césarée de Philippe (cf. Matthieu 16, 16) et le don de la primauté fait à Pierre (cf. Matthieu 16, 18-19), « Jésus commença à exposer à ses disciples qu’il devait se rendre à Jérusalem, beaucoup souffrir de la part des Anciens, des grands prêtres et des scribes, être mis à mort et ressusciter le troisième jour » (Matthieu 16, 21). « Et c’est ouvertement qu’il tenait ce langage » (Marc 8, 32).
Les apôtres ont bien entendu, et son choqués, voire scandalisés. Simon-Pierre réagit vigoureusement, avec fougue, sans trop réfléchir, se laissant comme toujours guider par son affection pour le Maître, mais n’arrivant pas à s’élever au-dessus des réalités contingentes. Pierre a écouté avec stupeur ces propos de Jésus. Alors, « le tirant à part, (il) se mit à lui faire de fortes remontrances » (Marc 8, 32). D’où lui vient cette assurance ? Qui est-il pour rectifier les plans de Dieu ? Sa primauté est toute récente, mais il ne doit pas l’exercer contre Dieu… Elle n’est pas faite pour commander, mais pour servir. Jésus n’a-t-il pas dit : « Au milieu de vous, je suis comme celui qui sert » (Luc 22, 27) ?
Pierre n’a pas reçu la primauté pour l’exercer à son profit ou pour dicter à Jésus ce qu’il doit faire et comment il doit le faire. Et puis, tant que le Maître est là, c’est à lui de prendre toutes les initiatives qu’il estime indispensables pour accomplir sa mission. C’est lui le fondateur et l’unique fondateur de l’Eglise. Les apôtres n’en seront que les piliers et Pierre ne la gouvernera que comme ministre du Seigneur, son représentant visible sur terre.
Nul doute que Pierre soit bien intentionné. Le problème est qu’il raisonne, comme nous, de façon très humaine, sans doute par souci du bien apparent de Jésus. Mais il n’arrive pas à entrer dans la logique divine. Autant la révélation que Jésus-Christ est « l’Oint, le Fils du Dieu vivant » lui est venue « non pas de la chair et du sang mais de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 16, 16-17), autant ici c’est « la chair » qui réagit. Mais commence la revient à se mettre inconsciemment en travers du chemin de Jésus-Christ, celui-ci le reprend vigoureusement. Il peut utiliser cette force dans la réprimande, parce que Pierre a les épaules solides et qu’il connaît son humilité et sa bonne volonté. Mais il faut encore sculpter le bois brut pour qu’il en sorte le futur pape.

(à suivre…)

mercredi 9 novembre 2011

Incrédulité face à la Résurrection (1)


Incrédulité face à la Résurrection (1)

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? » Luc 24, 5), « celui qui vit » et qui peut dire : « J’ai connu la mort, mais me voici vivant pour les siècles des siècles » (Apocalypse 1, 18). « Il n’est pas ici : il est ressuscité » (Luc 26, 4). Les « deux hommes en vêtements éblouissants » (Luc 24, 5) qui s’adressent aux saintes femmes, « Marie la Magdaléenne, Jeanne et Marie mère de Jacques » (Luc 24, 10), ainsi que « les autres femmes qui étaient avec elles » (Luc 24, 10), à savoir Salomé (Marc 15, 40), Suzanne (Luc 8, 3), etc., ces deux anges leur annoncent la bonne nouvelle, la nouvelle inouïe, en avant-première.
Et pour qu’elles ne doutent pas, ils précisent : « Souvenez-vous qu’il vous a déclaré, étant encore en Galilée, et parlant du Fils de l’homme, qu’il devait être livré aux mains des pécheurs, être crucifié et ressusciter le troisième jour » (Luc 24, 7). Jésus avait fait cette annonce à ses disciples en termes non équivoques, à trois reprises au moins, et en termes voilés dans d’autres circonstances. (lire la suite)
Ce n’est pas qu’ils l’aient entendu sans y accorder aucune importance. Bien au contraire. La preuve en est qu’ils en avaient parlé autour d’eux, aux autres disciples et aux saintes femmes, qui étaient donc au courant de ce qui devait arriver au Maître. Plus encore, l’annonce faite aux apôtres ne demeure pas confinée dans ce petit groupe. Il est difficile de garder un secret pour soi, d’observer le silence. Plus Jésus imposait le silence, et plus les gens parlaient (cf. Marc 1, 44)…
En tout cas, les grands prêtres et les pharisiens, eux, ont bien enregistré le dit du Christ et prennent cette annonce au sérieux. Pour eux, la révélation a été indirecte. Mais ils ont apparemment bien compris – une fois n’est pas coutume – l’allusion au séjour de Jonas trois jours et trois nuits dans le ventre du cétacé (Matthieu 12, 40).
Ils ne croient certes pas à la Résurrection. Mais ils ne sont quand même pas rassurés. Aussi, « le lendemain », ils « s’assemblèrent et allèrent trouver Pilate. « Seigneur, lui dirent-ils, nous nous sommes rappelés que cet imposteur a dit, quand il vivait encore : Trois jours après je ressusciterai. Donne donc des ordres pour que la tombe soit bien fermée jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples viennent le dérober et ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts. Cette imposture serait pire que la première » (Matthieu 27, 62-64). S’ils connaissaient l’état d’esprit des apôtres et s’ils les voyaient terrés dans le Cénacle et atterrés, ils n’auraient pas lieu de craindre quoi que ce soit… Ils pourraient, au contraire, se réjouir et crier victoire.
Mais ils n’ont pas oublié que Jésus a parlé de sa Résurrection. Ils n’ont pas été sourds à sa prédication. A la différence des apôtres, ce qui est un comble tout de même !

(à suivre…)

mardi 8 novembre 2011

La Toussaint (8)


La Toussaint (8)

Voici ce qui est promis à ceux qui auront visé la sainteté au cours de leur vie et auront fait de l’apostolat pour entraîner d’autres de leurs semblables avec eux : « Les sages seront resplendissants comme la splendeur du firmament et ceux qui auront rendu justes des multitudes seront comme les étoiles, éternellement et toujours » (Daniel 12, 3). Des étoiles qui brillent au firmament de Dieu, d’une lumière inextinguible, dont la brillance ne pourra pas passer. Pour toujours, pour toujours. Nous construisons pour toujours. Pour être une lumière d’éternité, une étoile qui scintille à jamais. Étoile dont la grosseur dépend du degré de sainteté acquise, de la sainteté répandue autour de nous par notre rayonnement. Lutter en vaut la peine ! Être fidèle en vaut la peine ! (lire la suite) Recommencer en vaut la peine ! Aimer, aimer la Croix, en vaut la peine ! Mon Dieu, que je sois fidèle, « saint et maître de saints », réellement.
« «Toute vie de saint est comme une nouvelle floraison du printemps », rappelait Benoît XVI, citant Bernanos. Et il concluait sur cette note : « Que cela advienne également pour nous ! Laissons-nous pour cela attirer par le charme naturel de la sainteté ! » (Benoît XVI, Audience générale, 20 août 2008). Le charme naturel de la sainteté ! Que cela est bien dit ! Le charme, l’attrait de la vertu, la « bonne odeur du Christ » (2 Corinthiens 2, 15) que répand toute âme unie à Dieu, tout être qui se laisse gagner par la joie de Dieu.
Et « que Marie, la Reine de tous les saints, Mère et Refuge des pécheurs, nous obtienne cette grâce ! » (Benoît XVI, Ibid.), elle qui est la Clavigère du ciel, la seule qui possède la clef qui ouvre l’accès à la demeure céleste, puisque Dieu a voulu que toutes les grâces passent par elle.

(fin)
)

lundi 7 novembre 2011

La Toussaint (7)


La Toussaint (7)

Nous pouvons dire que le ciel est rempli de pécheurs. De pécheurs qui ont su demander pardon à Dieu, se relever chaque fois qu’ils sont tombés et recommencer à lutter, à chercher à aimer Dieu pour de bon. Car la sainteté n’est pas linéaire. Elle consiste en cela : à commencer et recommencer sans relâche, jusqu’à la dernière victoire, au soir de notre vie, qui sera l’aube de la vie éternelle. « Pour un fils de Dieu, chaque jour doit être une occasion de se renouveler, avec la certitude que, la grâce aidant, il arrivera au bout du chemin, c’est-à-dire à l’Amour. C’est pourquoi, si tu commences et recommences, tu es sur la bonne voie. Si tu as un moral de victoire, si tu luttes, avec l’aide de Dieu, tu vaincras ! Il n’est pas de difficultés que tu ne puisses surmonter ! » (lire la suite)(saint Josémaria, Forge, n° 344).
Il n’est pas de saint, hormis Marie, qui n’ait eu ses faiblesses, plus ou moins prononcées, parfois nombreuses et très graves. Pensons à saint Augustin… Mais ils ont vaincu. « leur exemple témoigne que c’est seulement en étant en contact avec le Seigneur que l’on se remplit de sa joie et que l’on est en mesure de répandre partout la sérénité, l’espérance et l’optimisme » (Benoît XVI, Audience générale, 20 août 2008).
Nous nous tournons vers eux, en quête d’exemple et d’appui. « Quand quelqu’un s’attache à un saint, l’assiduité à le regarder, l’avantage de sa parole, l’exemple de ses actes lui valent de s’enflammer d’amour pour la vérité, de fuir les ténèbres de ses péchés, de s’embraser du désir de la lumière, et de brûler déjà de l’amour véritable, lui qui gisait jusque-là dans l’iniquité, tout froid, mort » (saint Grégoire le Grand, Homélies sur Ézéquiel 5, 6). Qui ne souscrirait aux paroles de ce grand pontife ? Peut-être en pensant à un saint qu’il a connu.
L’objectif est fascinant. En plus le Seigneur de la parabole des talents précise à son serviteur bon et fidèle en peu de choses, non seulement qu’il l’établira à la tête de grandes entreprises, mais qu’il le fera entrer dans sa joie (cf. Matthieu 25, 21). Et Benoît XVI dit qu’au contact de Dieu « l’on se remplit de sa joie » (Benoît XVI, Audience générale, 20 août 2008).
Le ciel, c’est la joie à la puissance dix, cent, mille, à la puissance infinie… Dieu est Joie, puisqu’en lui tout est Un. Vivre avec lui, c’est le bonheur pour toujours. Et nous entraînons les autres avec nous, par notre souci de l’évangélisation, car nous ne voulons pas aller seuls au paradis. Nous sommes convaincus que les autres aussi peuvent devenir saints, même s’ils sont, eux aussi, de grands pécheurs. Ce n’est pas un obstacle. Du moins, il se surmonte avec le Christ.

(à suivre…)

dimanche 6 novembre 2011

La Toussaint (6)


La Toussaint (6)

Après nous avoir dit que Dieu veut des saints « normaux », c’est-à-dire de ceux qui se sanctifient dans leur vie de tous les jours, le pape Benoît XVI ajoute que « leur exemple témoigne que c’est seulement en étant en contact avec le Seigneur que l’on se remplit de sa joie et que l’on est en mesure de répandre partout la sérénité, l’espérance et l’optimisme » (Benoît XVI, Audience générale, 20 août 2008). Dit autrement, l’exemple de celui qui vise la sainteté dans la normalité de son existence est comme un phare pour les autres, il communique à ceux qui l’entourent et dont il partage la vie et les intérêts, quelque chose de la joie et de la paix qui ne se trouvent vraiment et pleinement que dans l’union avec Dieu : (lire la suite) « Je vous laisse la paix ; c’est ma paix à moi que je vous donne. Je ne vous la donne pas comme la donne le monde » (Jean 14, 27).
« Considérant justement la variété de leurs charismes, Bernanos, grand écrivain français qui fut toujours fasciné par l’idée des saints – il en cite un grand nombre dans ses romans – note que « toute vie de saint est comme une nouvelle floraison du printemps » (Benoît XVI, Ibid.).
Sainteté et amour coïncident. C’est l’Amour du Dieu trois fois Saint qui l’a conduit à la folie de la Croix (cf. 1 Corinthiens 1, 18), la Croix qui est l’instrument de notre Salut et donc de notre sainteté. Et c’est par amour que nous arrivons à devenir saints. En répondant à l’Amour de Dieu, en portant notre croix de chaque instant, bien d’aplomb, avec joie, et en faisant appel à l’Amour de Dieu, en jouant sur cette corde sensible pour qu’il nous écoute et nous aide davantage dans notre lutte. « Grande est la puissance et l’obstination de l’amour, puisqu’il conquiert et lie Dieu lui-même. Heureuse l’âme qui aime, car elle tient son Dieu prisonnier, et rendu à tout ce qu’elle désire. Il est en effet d’une nature telle que, si on le prend par amour et par le bon côté, on lui fera faire ce que l’on veut » (saint Jean de la Croix, Cantique spirituel B, strophe 32, 1).

(à suivre…)

samedi 5 novembre 2011

La Toussaint (5)


La Toussaint (5)

Revenons à ce que Benoît XVI disait au sujet des saints et de la sainteté, car c’est particulièrement utile et réconfortant pour les chrétiens qui vivent au cœur de la cité et s’efforcent d’offrir toutes les activités au Seigneur. Après avoir rappelé la vocation universelle à la sainteté, le Pontife romain ajoute : « La sainteté est offerte à tous, même si tous les saints ne sont pas égaux : ils sont en effet, comme je l’ai dit, le spectre de la lumière divine ». Puis il ajoute une considération qui nous va droit au cœur et nous rassure pleinement : « Un grand saint n’est pas nécessairement celui qui possède des charismes extraordinaires » (Benoît XVI, Audience générale, 20 août 2008). C’est cette sainteté-là que nous visons, (lire la suite) dont nous nous contentons pour ainsi dire, celle qui nous plaît et qui n’a pas de manifestations ostentatoires, mais qui est intérieure, « et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Matthieu 6, 4).
Il existe, en effet, un grand nombre de saints « dont le nom n’est connu que de Dieu, parce que sur la terre ils ont en apparence conduit une existence tout à fait normale. Et ce sont justement ces saints « normaux » qui sont les saints que Dieu veut » (Benoit XVI, Ibid.). Là, je dirais que le pape donne dans le mille. Il va droit au cœur de l’existence chrétienne, de ce dont nous sommes capables et qui peut être porteur d’une grande charge de sainteté. C’est reprendre sous une autre forme l’affirmation paulinienne que nous avons rappelée plus haut : « Voici la volonté de Dieu, votre sanctification » (1 Thessaloniciens 4, 3). Il est vraiment réconfortant de s’entendre dire que Dieu veut de ces saints « normaux », car l’extraordinaire nous dépasse.

(à suivre…)

vendredi 4 novembre 2011

La Toussaint (4)


La Toussaint (4)

Si nous voulions nous représenter la sainteté, nous serions amenés immanquablement à tracer la croix, la croix au cœur du monde. Car, pour suivre le Christ, et donc pour arriver à être saint tout comme il est Saint, il faut renoncer à soi-même et prendre notre croix de chaque jour (cf. Luc 9, 23). « Suivre le Christ ne peut être une imitation extérieure, parce que cela concerne l’homme dans son intériorité profonde. Être disciple de Jésus veut dire être rendu conforme à lui (…), et ainsi le disciple est assimilé au Seigneur et lui est configuré » (bienheureux Jean-Paul II, enc. Veritatis splendor, n° 21). (lire la suite)
Nous sommes appelés à la sainteté dans les conditions normales et habituelles de notre existence. « Dès le départ, le seul objectif de l'Opus Dei a été celui que je viens de vous indiquer: faire en sorte qu'il y ait, au milieu du monde, des hommes et des femmes de toutes races et de toutes conditions sociales, qui s'efforcent d'aimer et de servir Dieu et leurs semblables dans et par le travail ordinaire. Dès le début de l'Œuvre, en 1928, j'ai prêché que la sainteté n'est pas réservée à des privilégiés, mais que tous les chemins de la terre peuvent être divins : tous les états, toutes les professions, toutes les tâches honnêtes » (saint Josémaria, Entretiens avec Mgr Escriva, Paris, 3e éd., n° 26).
Nous entendons comme en écho le pape Benoît XVI souligner, à propos de l’exemple des saints, que « leur expérience humaine et spirituelle montre que la sainteté n’est pas un luxe, n’est pas le privilège d’un petit nombre, un objectif impossible à atteindre pour un homme normal ; elle est, en réalité, le destin commun de tous les hommes appelés à être des fils de Dieu, la vocation universelle de tous les baptisés » (Benoît XVI, Audience générale, 20 août 2008).

(à suivre…)

jeudi 3 novembre 2011

La Toussaint (3)


La Toussaint (3)

Refléter la vie du Seigneur, toute empreinte de sainteté, toute sainte, notre modèle absolu, la source de toute sainteté, est et restera toujours notre objectif. Les talents que nous avons reçus, rappelés il y a deux jours, sont une participation à la Bonté et à la Sainteté de notre Dieu, des moyens dont il nous a dotés pour que nous l’aimions et que nous le servions « dans la vraie justice et la sainteté » (Éphésiens 4, 23). Ces moyens sont largement suffisants pour parvenir effectivement à être saints. « Voici à quoi nous connaissons que nous aimons, nous les enfants de Dieu : quand nous aimons Dieu et que nous pratiquons ses commandements, car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements » (1 Jean 5, 2-3), des commandements qui sont à ranger aussi au nombre des talents reçus, car ils marquent l’orientation de notre vie vers sa destinée ultime : Dieu. Comment ne pas les aimer alors ? (lire la suite)
D’autant que, comme saint Jean tient à le préciser aussitôt, parlant d’expérience, « ses commandements ne sont pas écrasants, car tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde » (1 Jean 5, 3-4). Nous pouvons donc devenir saints. Nous devons devenir saints. Parce que nous avons reçus des talents de Dieu, chacun selon ses capacités (cf. Matthieu 25, 15). Et ces moyens sont suffisants. Ils ne sont pas écrasants. Bien au contraire, ils sont comme les ailes qui nous permettent de voler à la rencontre de notre Dieu. Mais il faut les faire fructifier, car le Seigneur a précisé très clairement, à l’adresse de tous les hommes et pas uniquement du groupe restreint de ses apôtres ni même de celui un peu plus étoffé de ses disciples : « Voici la volonté de Dieu, votre sanctification » (1 Thessaloniciens 4, 3).

(à suivre…)

mercredi 2 novembre 2011

La Toussaint (2)


La Toussaint (2)

Nous pensons à tant de fondateurs d’ordres qui ont alimenté la piété du peuple des croyants tout au long des siècles, n’attirant pas seulement des hommes et des femmes à l’écart du monde, mais contribuant également à y insuffler un esprit nouveau. Nous pensons encore à saint Josémaria qui, répondant à l’appel de Dieu de fonder l’Opus Dei, a engagé un processus de retour à la nouveauté de l’Évangile en prêchant la sanctification de la vie quotidienne et des réalités terrestres, ouvrant un chemin de sainteté dans la vie ordinaire, accessible à tout un chacun. Son action, est appelée à se répercuter jusqu’à la fin des temps ; son influence n’en est qu’à ses débuts.
« Ce ne sont pas tous ceux qui me diront : Seigneur, Seigneur ! (lire la suite) qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui qui fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7, 21). « Ce n’est pas en récitant de nombreuses prières, en faisant des neuvaines, en allumant des cierges ou en mangeant du poisson le vendredi que nous répondrons à l’appel du Christ, ni même en assistant à la messe ou en accomplissant certains actes d’abnégation. Toutes ces pratiques sont excellentes dans le contexte de la vie chrétienne ; mais, isolées, elles sont dénuées de tout sens religieux ; ce sont des gestes vides.
C’est en portant notre croix que nous répondons au Christ, c’est-à-dire en assumant la responsabilité de chercher et de faire, en tout, la volonté du Père. Voilà ce qui a été essentiel dans la vie du Christ sur la terre, de Sa mort à Sa résurrection. Tout a été fait pour obéir au Père. C’est pourquoi le Christ déclare à chaque chrétien : « Ce ne sont pas tous ceux qui me diront : Seigneur, Seigneur ! qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui qui fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7, 21) » (Thomas Merton, Vie et sainteté, Paris, 1966, p. 44-45). Nous devons être cohérents avec la foi que nous disons professer.
« Père, apprends-nous à devenir des évangiles vivants
Et non des lecteurs de Bibles mortes » (Anonyme, « Apprends-nous à devenir des évangiles », dans J.-L. Maxence, Anthologie de la prière contemporaine, Paris, 2008, p. 249).

(à suivre…)

mardi 1 novembre 2011

La Toussaint (1)


La Toussaint (1)

Un homme était parti en voyage et avait confié l’administration de ses biens à ses serviteurs, « selon les capacités de chacun » (Matthieu 25, 15). Puis, rentrant après bien des années passées au loin, il les appela un par un pour leur demander de lui rendre compte de leur gestion. Celui qui avait reçu cinq talents « s’avança et en présenta cinq autres : « Maître, c’est cinq talents que tu m’avais confiés. En voici cinq autres que j’ai gagnés. » Son maître lui dit : « Très bien ! bon et fidèle serviteur ! Tu as été fidèle pour de petites choses ; je te mettrai à la tête d’une quantité. Entre dans la joie de ton maître » (Matthieu 25, 20-21).
C’est la première conclusion de la parabole. La seconde lui sera identique en tous points avec le serviteur qui a reçu deux talents (cf. Matthieu 25, 22-23).
Les talents que nous avons reçus, qu’ils soient peu nombreux ou abondants, cela importe peu, nous devons les faire fructifier. Car le Seigneur nous a livré la raison pour laquelle il nous a créés (lire la suite) et nous adonné la vie, le pourquoi de notre existence sur terre : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis pour que vous alliez et que vous portiez du fruit » (Jean 15, 16). La voilà notre raison d’être : porter du fruit et, de plus, ainsi que Jésus l’ajoute, « et que ce fruit soit durable, et pour que le Père vous donne tout ce que vous lui demanderez en mon nom » (Ibid.).
Telle est la logique divine, tels sont les plans de Dieu. Il n’y a pas d’échappatoire possible : nous devons porter du fruit. Autrement, nous entendrons la réponse donnée par son maître au serviteur qui n’avait reçu qu’un talent et qui, au lieu de le faire fructifier, l’avait enfoui en terre : « Serviteur mauvais et paresseux ! Tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé et que je ramasse où je n’ai rien jeté (Matthieu 25, 26). Il les avait puisque c’est ce qu’il a dit lui-même pour justifier son inertie (Matthieu 26, 24-25). « Il te fallait donc mettre mon argent chez les banquiers et, à mon retour, j’aurais récupéré mon bien avec un intérêt. Enlevez-lui donc le talent et donnez-le à celui qui en a dix » (Matthieu 25, 27-28).
Or, il est possible de porter du fruit, parce que Jésus-Christ a vaincu la mort et le péché, définitivement. C’est possible comme nous le montre l’exemple des saints de tant de générations qui nous ont précédés. Certains ont laissé des traces très durables de leur passage parmi nous, de leur sainteté. Nous pensons à cet athlète de la foi qu’a été saint Paul, qui a porté la lumière de l’Évangile aux païens, au monde non juif et grâce à qui nous sommes chrétiens.

(à suivre…)