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samedi 30 avril 2011

L’adultère de l’homme

L’adultère de l’homme

Ce qui n’est pas permis aux femmes, de la même manière n’a jamais été permis aux hommes et ne pourra jamais l’être. Mais un malheureux usage s’est introduit, selon lequel on punit une femme mariée si on l’a trouvée avec son esclave, tandis que si un homme se vautre avec quantité de servantes dans le cloaque de la débauche, non seulement on ne le punit pas mais il est même félicité par ses pareils ; et se parlant entre eux, ils se vantent avec de gros rires stupides, à qui en aura fait le plus. Mais leur rire au jour du Jugement se changera en lamentations et leurs plaisanteries se transformeront en blessures. Mais agissent ainsi ceux qui ne croient pas du tout au Jugement à venir et qui ne le craignent pas.
Pour moi, en effet, la conscience libre, je proclame et en même temps j’atteste que tout homme marié qui commet des adultères, à moins qu’une longue pénitence et de larges aumônes ne lui viennent en aise, et qu’il ne renonce à son propre péché, périra pour l’éternité s’il meurt subitement, comme il arrive fréquemment, et que le nom de chrétien ne lui servira à rien ; car non seulement il n’a pas fait ce que le Christ a ordonné, mais il a même perpétré ce que le Christ a interdit. En effet, alors que c’est déjà un péché de connaître sa femme sans le désir d’avoir des enfants, que peuvent penser d’eux ou quel espoir peuvent se promettre ceux qui, étant mariés, se préparent d’avance par l’adultère de quoi descendre vers les profondeurs de l’Enfer.

Saint Césaire d’Arles, Sermons au peuple 42, 3-4.

vendredi 29 avril 2011

Le jour du Seigneur

Le jour du Seigneur

« Je veux me tenir à mon poste, et rester debout sur la tour », car « le juste vivra par sa fidélité » (Habacuc 2, 1.4). je monte la garde, car les ennemis de Dieu ne prennent pas de repos et sèment constamment l’ivraie dans le champ du Seigneur : « C’est un ennemi qui a fait cela » (Matthieu 13, 28). Mais, « n’es-tu pas dès les temps anciens, Yahvé, mon Dieu, mon Saint » (Habacuc 1, 12), « le Dieu de toute la terre » (Isaïe 53, 5) ? J’entre en traité avec toi pour que tu n’exerces pas ton courroux contre nous. or, « tu t’es mis en campagne pour sauver ton peuple ; pour sauver ton Oint » (Habacuc 3, 13), et tu es une force pour ton peuple, une forteresse de salut pour ton Oint (cf. Psaume 28, 8).
« Il est proche le grand jour de Yahvé, il est proche et se précipite ! (lire la suite) Il est terrible d’entendre le jour de Yahvé ! Le héros y poussera des cris. C’est un jour de courroux que ce jour-là, un jour d’angoisse et d’affliction, un jour de renversement et de bouleversement, un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuages et d’épais brouillards, un jour de trompette et de cris d’alarme, sur les villes fortes et sur les hautes tours. Je tourmenterai les hommes et ils marcheront comme des aveugles, parce qu’ils ont péché contre Yahvé » (Sophonie 1, 14-17).
« Cherchez Yahvé, tous les petits du pays, qui accomplissez sa loi » (Sophonie 2, 3), « avant que vienne sur vous le jour de la colère de Yahvé » (Sophonie 2, 2). « Envoie ton Esprit : ils sont créés, et tu renouvelles la face de la terre » (Psaume 104, 30). Tu ne veux pas notre malheur, mais que nous vivions. « La terre sera remplie de la connaissance de la gloire de Yahvé, comme les eaux recouvrent le fond de la mer » (Habacuc 2, 14). Ô miracle ! devant toi « se prosterneront, chacun en son lieu, toutes les îles des nations » (Sophonie 2, 11). « Et maintenant, rois, devenez sages ; prenez une leçon, juges de la terre. Servez Yahvé avec crainte et tressaillez de joie pour lui ! En tremblant, rendez-lui hommage, de peur qu’il ne s’irrite et que vous ne périssiez hors de la voie » (Psaume 2, 10-12). Je te prends au mot, Seigneur : « Oui ! alors je donnerai aux peuples des lèvres pures, afin qu’ils invoquent le nom de Yahvé et le servent d’un commun accord » (Sophonie 3, 9). Alors ton peuple « ne commettra pas l’iniquité, il ne dira pas de mensonge, et il ne se trouvera pas dans leur bouche de langue trompeuse » (Sophonie 3, 13). « On ne verra plus de mal ni de corruption » (Isaïe 11, 9).
Hâte, Seigneur, la venue de ce jour, car nous en avons grand besoin. Nous voudrions que tous te servent « dans la justice et la sainteté » (Ephésiens 4, 24).


jeudi 28 avril 2011

Les richesses vaines (2)


Les richesses vaines (2)

« L’homme ! Ses jours sont comme l’herbe ; il fleurit comme la fleur des champs ; quand le vent passe sur lui, il n’est plus » (Psaume 103, 15-16).
Il faut préférer la sagesse – c’est-à-dire Dieu – « aux sceptres et aux trônes, et à son prix j’ai tenu pour rien les richesses » (Sagesse 7, 6). Car autrement, « il n’est « pas de supériorité de l’homme sur la bête (…). Les deux vont au même lieu ; les deux viennent de la poussière et les deux retournent à la poussière » (Qohélet 3, 19-20). Nous sommes entièrement entre les mains de Dieu et nous dépendons pleinement de son bon vouloir : « Que la poussière retourne à la terre, selon ce qu’elle était, et que le souffle de vie retourne à Dieu qui l’a donné » (Qohélet 12, 7). « L’individu tombe en poussière comme une pourriture, comme un vêtement dévoré par les vers » (Job 13, 28). En définitive, la mort est le « rendez-vous des vivants » (Job 30, 23). (lire la suite)
Certes, il vaut la peine de travailler sur terre à améliorer la condition humaine, à parfaire l’œuvre de la création, qui « tout entière gémit et connaît les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce jour » (Romains 8, 22), d’agir pour le bien commun. Mais rien de cela n’est durable, hormis le bien spirituel, les fruits surnaturels de notre labeur. Car autrement, « je me suis tourné vers toutes mes œuvres que mes mains avaient faites, et la peine que j’avais peinée à les faire ; et voici, tout est vanité et poursuite de vent, et il n’y a aucun profit sous le soleil » (Qohélet 2, 11). « De plus, tout homme à qui Dieu donne richesses et biens, et qu’il autorise à en manger, à en pendre sa part et à se réjouir de son travail, voilà qui est un don de Dieu » (Qohélet 5, 18). Mais que cela ne lui monte pas à la tête, car c’est éphémère. « Car, à sa mort, il n’emportera absolument rien : son opulence ne descendra pas à sa suite » (Proverbe 49, 18).
Nous pouvons cependant moduler quelque peu les affirmations faites jusqu’ici, parce qu’elles ne s’appliquent pas aux biens de nature spirituelle : nos œuvres, bonnes ou mauvaises, nous suivent dans l’au-delà. Car Dieu rend « à chacun selon ses œuvres » (Matthieu 16, 27).
Sous cet angle, nous ne sommes pas arrivés sans rien dans le monde, car nous sommes nés, en effet, arrimés à la tare du péché originel. Et nous n’en repartons pas les mains vides non plus, car les années passées ici-bas ont préparé l’avenir de notre éternité, au ciel ou en enfer.
C’est pourquoi tout ce que nous faisons a un sens profond et vaut la peine d’être vécu intensément, par amour de Dieu et pour sa gloire. Tout est à replacer constamment dans cette perspective d’éternité qui, en dernier ressort, est la seule qui compte vraiment, la seule qui soit durable à tout jamais, la seule à laquelle nous puissions imprimer intelligemment notre marque.
Le reste n’est que vanité. Face à la mort, nous sommes tous égaux. Face à l’éternité, nous sommes inégaux, car nous nous présentons devant Dieu avec le bagage de nos œuvres. Et certains ont déjà reçu leur récompense ici-bas (cf. Luc 16, 25), précisément parce que seules les richesses matérielles et leur éclat trompeur les ont occupés. Quant aux autres, les élus, « ils ne se fatigueront pas en vain » (Isaïe 65, 23). Affirmation qui nous remplit d’espérance, et donne un sens à notre vie.

(fin)

mercredi 27 avril 2011

Les richesses vaines (1)

Les richesses vaines (1)

« Nous n’avons rien apporté en ce monde, comme nous n’en pouvons rien emporter » (1 Timothée 6, 7). Apprenant coup sur coup, dans la même journée, que satan l’a frappé dans ses troupeaux, ses récoltes, ses fils et ses filles, le bienheureux Job « se leva, déchira son manteau, et il se rasa la tête ; puis, se jetant par terre, il se prosterna et dit : « Nu je suis sorti du sein de ma mère, et nu j’y retournerai » (Job 1, 20-21). C’est une sage reconnaissance de la réalité. « Nous n’avons pas ici une cité permanente » (Hébreux 13, 14). Nous sommes nés de la terre : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière » (Genèse 3, 19).
Ce que Yahvé a dit à Adam et à Eve, après leur désobéissance qualifiée de « péché originel », est répété de génération en génération. Dieu a couvert la terre « de vivants de toute sorte », (lire la suite) et « en elle ils retourneront » (Siracide 16, 28). Car « tout ce qui est de la terre retourne à la terre » (Siracide 40, 11).
Plutôt que de s’attacher aux biens de ce monde et de se dire : « Mon âme, tu as là quantité de biens en réserve pour de nombreuses années : repose-toi, mange, bois, festoie ! » (Luc 12, 19), il vaut mieux raisonner sainement et s’adresser à Dieu : « Que ne prends-tu en charge mon offense ? Que n’effaces-tu pas mon iniquité ? Car bientôt dans la poussière je me coucherai » (Job 7, 21). Oui, « le Seigneur a formé de terre l’homme, et il l’y fait retourner » (Siracide 17, 1).
« Comment peut s’enorgueillir ce qui est terre et cendre, lui dont, tant qu’il vit, se décomposent les intestins » (Siracide 10, 9). Expression imagée s’il en est, mais qui devrait amener l’homme à réfléchir sur le temps qui passe et la nature des vrais biens, les seuls à même de remplir son cœur, d’assouvir sa soif de possession, avant qu’il ne s’en aille, « pour ne pas revenir, au pays des ténèbres et de l’obscurité, sombre pays de noirceur, d’obscurité et de désordre, où la clarté est noirceur » (Job 10, 21-22). La vision de Job est par trop pessimiste, dans l’épreuve singulièrement lourde qu’il traverse. Nous aspirons à un autre monde qu’à ce qu’il décrit, un monde de paix et d’amour en Dieu. Mais auquel les biens de ce monde ne donnent pas accès.
« Yahvé Dieu forma l’homme der la poussière du sol et lui insuffla dans les narines un souffle de vie » (Genèse 2, 7). Donc, « il sait de quoi nous sommes faits, et il se souvient que nous sommes poussière » (Psaume 103, 14). Nous ne pouvons pas l’abuser par nos réussites prétendues et nos succès humains.

(à suivre…)

mardi 26 avril 2011

La résurrection de la chair (3)

La résurrection de la chair (3)

« Si cet enseignement reçu par vous dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez vous aussi dans le Fils et dans le Père. Et telle est la promesse que lui-même nous a faite : la vie éternelle » (1 Jean 2, 25). Une promesse qui ne peut faillir si l’homme reste fidèle et demeure dans l’amour de Dieu. Car « celui qui croit au Fils de Dieu possède en lui ce témoignage (…). Et voici quel est ce témoignage : c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle et que cette vie est en son Fils » (1 Jean 5, 11), et en nul autre. Cette vie éternelle, « qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous » (1 Jean 1, 2), précisément parce que « Dieu a envoyé dans le monde son Fils unique afin que nous ayons la vie par Lui » (Jean 4, 9).
L’apôtre Jean, champion de l’amour de Dieu et de l’annonce de la résurrection à la vie éternelle, précise, dans la conclusion de sa première épître : (lire la suite) « Je vous ai écrit ces choses pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (1 Jean 5, 13). Encore une fois, rien n’est acquis d’avance. Le chrétien doit montrer à Dieu qu’il l’aime sincèrement en luttant jour après jour pour lui être fidèle dans les moindres détails. Mais sa destinée est bien, dans les plans de Dieu, la vie éternelle ou, plus précisément, la vie éternelle au ciel. Le Seigneur affirme : « De ceux que tu m’as donnés, je n’en ai perdu aucun » (Jean 18, 9). Entreront au paradis tous ceux qui doivent y accéder, ni un de plus ni un de moins. Mais ce sont les violents qui l’emportent (cf. Matthieu 11, 12), ceux qui mènent un combat incessant et confiant contre les forces du mal en s’appuyant sur la grâce divine et sur cette affirmation continuelle : « Oui, Dieu a aimé le monde – c’est-à-dire principalement les hommes – au point de lui donner son Fils unique – devenu lui-même homme parfait – pour que tous ceux qui croient en lui ne périssent pas – malgré la mort corporelle qui les frappe tous -, mais aient la vie éternelle » (Jean 3, 16). Ainsi, au terme de la vie terrestre, « ceux qui ont fait le bien (ressusciteront) pour la vie, ceux qui auront fait le mal (ressusciteront) pour ma condamnation » (Jean 5, 29), « et ils s’en iront ; ceux-ci pour être châtiés éternellement ; les justes, au contraire, pour vivre éternellement » (Matthieu 25, 46). Car, dans le « juste jugement de Dieu », chacun recevra « selon ses œuvres : la vie éternelle pour ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, recherchent gloire, honneur et immortalité ; la colère et le courroux pour les esprits rebelles et pour ceux qui, indociles à la vérité, sont dociles à l’injustice » (Romains 2, 5-8).

(fin)

lundi 25 avril 2011

La résurrection de la chair (2)

La résurrection de la chair (2)

Cette vie nous est donnée essentiellement dans les sacrements, disions-nous. C’est ce que le Seigneur affirme dans son discours sur le Pain de Vie : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6, 54). Cette insistance de notre Seigneur sur la résurrection finale est impressionnante. Il fait donc dépendre la vie éternelle de la foi et de la réception de l’Eucharistie.
« En lui était la vie » (Jean 1, 14). Il est le « Vivant », comme son Père. « De même, en effet, que le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné aussi au Fils d’avoir la vie en lui » (Jean 5, 26). Si bien que, « de même que le Père ressuscite les morts et leur rend la vie, ainsi le Fils rend la vie à qui il veut » (lire la suite) (Jean 5, 21), ayant reçu « pouvoir sur toute créature pour qu’il donne la vie éternelle à la totalité de ceux dont tu lui as fait don » (Jean 17, 2).
« En vérité, en vérité, je vous le dis : celui qui écoute ma parole et qui croit en celui qui m’a envoyé a la vie éternelle, et il ne subira pas le jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5, 24). Certes, au terme de sa vie, il se présente devant le tribunal de Dieu. C’est le lot de tout homme. Il convient de dresser le bilan de toute la vie, qui décide par lui-même de la destinée éternelle. Ce que le Seigneur affirme ici, c’est que celui qui a la foi est justifié. En effet, « le juste vit de la foi » (Galates 3, 11). Il ne subit donc pas le jugement de condamnation, mais il peut entendre comme sentence : « C’est bien, serviteur bon et fidèle ; puisque tu as été fidèle dans les petites choses, entre dans la joie de ton Maître » (Matthieu 25, 21).
C’est bien là une vérité fondamentale de notre foi, un des aspects les plus essentiels de la vertu chrétienne d’espérance. « Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente » (Hébreux 13, 24), mais nous aspirons à occuper la place que Jésus est allé nous préparer au ciel (cf. Jean 14, 2-3), confiants en ce « celui qui mettra en pratique ce que je dis ne verra jamais la mort » (Jean 8, 51).
C’est ce que Jésus proclamait avec force à Capharnaüm : « En vérité, en vérité, je vous le dis : celui qui croit possède la vie éternelle » (Jean 6, 47). Ce jour-là, bien peu crurent à ce qu’il annonçait, à savoir « je suis le pain de vie » (Jean 6, 48).

(à suivre…)

dimanche 24 avril 2011

La résurrection de la chair (1)

La résurrection de la chair (1)

« La volonté de celui qui m’a envoyé est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné » (Jean 6, 39). Ce n’est évidemment pas le Seigneur qui va les perdre personnellement, car il a pour mission de donner à ses brebis « la vie éternelle, et elles ne périront jamais » (Jean 10, 28).
Saint Jean, qui rapporte ces affirmations du Seigneur, témoigne que « la Vie s’est manifestée, et nous l’avons vue, et nous lui rendons témoignage, et nous annonçons la Vie éternelle, celle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous » (1 Jean 1, 2), lui « qui est le Dieu véritable, et la vie éternelle » (1 Jean 5, 20).
Jésus est la vie éternelle. Il nous apporte cette vie éternelle. (lire la suite) Il nous la transmet en se donnant à nous, tout spécialement dans les sacrements, et plus particulièrement dans l’auguste sacrement de l’Eucharistie, dans lequel nous recevons effectivement, et bien réellement, l’auteur de la Vie, la Vie de Dieu, la Vie en Dieu.
La volonté du Père est non seulement que Jésus-Christ ne perde aucun de ceux qu’il lui a confiés, mais aussi « que je le ressuscite au dernier jour » (Jean 6, 39). Et ce, même s’il a quitté ce monde. C’est ce qu’il explique à Marthe qui pleure la mort de son frère Lazare : « C’est moi qui suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, fût-il mort, revivra » (Jean 11, 25).
Il existe donc deux vies : la vie naturelle et la vie surnaturelle, la vie terrestre, caduque et limitée, et la vie éternelle. Nous sommes très attachés à la première, qui capte toute notre attention et fait l’objet de tous nos soins. Alors que nous délaissons peut-être l’autre… Or, « quiconque vit et croit en moi, dit le Seigneur, ne mourra jamais » (Jean 11, 26). Il faut donc croire en Jésus et vivre de sa vie, partager sa vie par la grâce sanctifiante, pour s’assurer la vie éternelle du ciel. « Telle est, en effet, la volonté du Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle » (Jean 6, 40), ce à quoi Jésus ajoute aussitôt la promesse essentielle : « Et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6, 40).
Rien n’est toutefois gagné d’avance. Il ne s’agit nullement d’un automatisme. Mais cette vie éternelle est le fruit d’une recherche amoureuse de Dieu et d’un ancrage dans la foi. « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jean 3, 36). C’est comme un gage promis par le Seigneur. En revanche, « celui qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3, 36). Les hommes feraient bien de méditer cette sentence.

(à suivre…)

lundi 18 avril 2011

Dieu avec l’homme (2)


Dieu avec l’homme (2)

Nous imaginons la sainte impatience de Dieu de voir se remplir la salle du festin et tout l’amour qu’il apporte aux apprêts. Son Cœur se réjouit de voir les invités arriver les uns après les autres. Je trouve, déclare-t-il, « mes délices parmi les enfants des hommes » (Proverbes 8, 31), mon bonheur à être parmi eux.
Mais Dieu n’en reste pas là. Il connaît nos hésitations, notre difficulté congénitale à nous décider en sa faveur. Et comme son Amour ne connaît pas de limite, il vient à nous pour nous faciliter la tâche, pour nous encourager à faire le bon choix : « Oui, Dieu a aimé le monde au point de donner son Fils unique pour que tous ceux qui croient en lui ne périssent pas, mais aient la vie éternelle » (Jean 3, 16). Et c’est ce même Jésus qui a encore déclaré : (lire la suite) « Voici que je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je dînerai avec lui et lui avec moi » (Apocalypse 3, 20).
C’est ce qu’il a fait avec les disciples d’Emmaüs. Ils l’ont invité à entrer chez eux : « Reste avec nous, car on arrive au soir, et déjà le jour décline. Et il entra pour rester avec eux » (Luc 24, 29).
Ils commencèrent le repas et il se fit reconnaître d’eux à la fraction du pain, et il disparut aussitôt de leur vue (cf. Luc 24, 30-31). Il est resté sans rester. Il lui a suffi qu’ils comprennent que l’homme qui les avait rejoints en chemin et les avait regonflés, leur rend l’espérance perdue, était Jésus en personne. A ce moment-là il repart.
Mais il reste dans le sacrement de l’Eucharistie, qui anticipe le banquet céleste. A chaque messe, en vérité, le Seigneur frappe à la porte de notre âme, et exprime une fois de plus son désir ardent d’habiter avec nous. Nous ne lui ouvrons la porte que si nous communions dans de bonnes dispositions, c’est-à-dire en l’absence de tout péché mortel et avec la plus grande vibration d’amour possible. Et là, il reste. Il établit sa demeure en nous. il est présent, lui avec moi et moi avec lui (Apocalypse 3, 20). La conversation intime peut s’établir, qui, non seulement, n’a aucune raison de s’interrompre – nous y passerions la nuit entière ! – mais se prolongera dans l’éternité.
Ce qui fait la joie de Dieu fait de plus en plus notre bonheur, au fur et à mesure que nous découvrons l’immensité de l’Amour de Dieu et que nous nous y engageons sans réserve.

(fin)

dimanche 17 avril 2011

Dieu avec l’homme (1)

Dieu avec l’homme (1)

Bien des fois, que ce soit sous l’empire de l’Ancienne Alliance ou celui de la Nouvelle, Dieu manifeste son désir d’avoir l’homme auprès de lui et la joie qu’il éprouve de sa présence. C’est a priori singulièrement surprenant, car nous ne pouvons rien apporter à Dieu qui lui manquerait. Et aussi quand nous songeons que nous sommes toujours des enfants rebelles, rébellion qui a conduit le Christ tout droit à la Croix.
Dieu n’a pas besoin de nous. il s’aime d’un Amour infini (et donc « complet ») qu’exprime pleinement la Personne du Saint-Esprit. Et pourtant, telle est la vérité que nous trouvons exprimée dans la Bible. Elle s’explique par le fait (lire la suite) que l’Amour de Dieu est parfait et absolu, constant et non soumis à des fluctuations ou à des incertitudes. C’est pourquoi Dieu aime à la folie ce qu’il a créé et, au sein de cette création, de façon toute particulière l’homme et la femme, les seuls êtres qu’il a façonnés « à son image et à sa ressemblance » (Genèse 1, 26). Il nous a donné d’être précisément pour que nous puissions participer à sa propre félicité.
Il nous présente cette vie en commun avec l’image d’un banquet, qui semble le sommet des réjouissances humaines : « Yahvé des armées fera pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes grasses, de vins bien dépouillés » (Isaïe 26, 5). Il nous y convie d’autant que nous souffrons de nos absences d’aptitudes : « Ô vous tous qui avez soif, venez aux eaux, vous-mêmes qui n’avez pas d’argent, venez, achetez du blé et mangez ; venez, achetez sans argent, et sans payer, vin et lait » (Isaïe 55, 1).
En même temps, il faut quand même s’acquitter d’un droit d’entrée : « Gagnez par vos œuvres non la nourriture qui périt, mais la nourriture qui dure pour la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme » (Jean 6, 27).
« Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau » (Apocalypse 19, 9). Nous sommes de ces invités. Le Seigneur n’a-t-il pas affirmé à ses disciples : « Je vais disposer en votre faveur d’une royauté, (…) pour que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume » (Luc 22, 30) ?
Or, ce « royaume des cieux est semblable à un prince royal qui fit un repas de noces pour son fils » (Matthieu 22, 2). Il y invite toutes sortes de personnes. « Du levant et du couchant, du nord et du sud, on viendra prendre place au festin dans le royaume de Dieu » (Luc 13, 29).
En vérité, « heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu ! » (Luc 14, 15). Parce que c’est partager la table du Seigneur, le Sage par excellence. La Sagesse « a immolé ses victimes, mêlé son vin, elle a aussi dressé sa table. Elle a envoyé ses servantes, elle appelle (…) : Que celui qui est simple vienne par ici » (Proverbes 9, 2-3). Elle ajoute : « Venez, mangez de mon pain, et buvez du vin que j’ai mêlé » (Proverbes 9, 5).

(à suivre…)

samedi 16 avril 2011

Le dénuement de Jésus

Le dénuement de Jésus

Comme pour le silence de Jésus pendant sa Passion, les quatre évangélistes rapportent unanimement un fait qui pourrait paraître banal et qui ne l’est pas - rien n’est anodin dans la vie de notre Seigneur, moins encore dans sa Passion – car il est l’accomplissement d’une prophétie.
C’est saint Jean, cette fois-ci, qui entre davantage dans le détail du fait précis. « Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chaque soldat » (Jean 19, 23). Ils ne se soucient pas de savoir si le condamné a de la famille, à qui ces biens reviendraient de droit, en principe. Mais c’est sans doute la coutume pour des condamnés à mort et, de ce fait, mis au ban de la société. C’est une façon de les compenser de leur peine. Mais de toute façon, cela ne pouvait pas rapporter gros aux bourreaux. (lire la suite)
C’était plus un outrage de plus qu’autre chose. Quoi qu’il en soit, « ils prirent aussi sa tunique. Or, cette tunique était sans couture, d’une seule pièce de tissu de haut en bas » (Jean 19, 23), comme cela convenait à la dignité sacerdotale de Jésus, « grand prêtre suréminent, qui a pénétré au plus haut des cieux » (Hébreux 4, 14). Selon la tradition, c’est Marie qui a tissé cette tunique, peut-être à partir d’un fil unique, comme c’était la coutume pour la confection des tuniques des grands prêtres.
« Ils se dirent donc les uns aux autres : « Ne la déchirons pas ; mais tirons au sort qui l’aura. C’était pour que s’accomplît l’Ecriture qui dit : Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré au sort ma robe. Voilà ce que firent les soldats » (Jean 19, 24). Jean cite aussi le psalmiste : « Ils se partagent mes vêtements, ils tirent au sort ma tunique » (Psaume 22, 19).
Jésus a connu la pauvreté toute sa vie. Mais il faut bien que lui soit encore enlevé le peu qui lui reste. A lui aussi s’applique ce que Job dit, dans sa détresse extrême : « Nu je suis sorti du sein de ma mère, et nu s’y retournerai » (Job 1, 21). Nul doute qu’il ajoute aussi : « Yahvé a donné et Yahvé a enlevé ; que le nom de Yahvé soit béni ! » (Job 1, 21).

vendredi 15 avril 2011

Jésus est la Parole du Père (2)

Jésus est la Parole du Père (2)

Jésus attire aussi l’attention sur la droiture avec laquelle il se comporte :il ne cherche pas son profit personnel ; il ne se met pas en avant, mais agit pour la gloire du Père : « Mon enseignement n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il saura, pour ce qui est de cet enseignement, s’il vient de Dieu, ou si je parle de mon propre chef. Celui qui parle de son propre chef cherche sa gloire personnelle ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là dit vrai, et il n’y a rien de faux en lui » (Jean 7, 16-17). Et Jésus peut ajouter à l’appui de ses dires, « moi, je t’ai glorifié sur la terre, en menant à bonne fin l’œuvre que tu m’avais donné à faire » (Jean 17, 4).
C’est pourquoi il peut proclamer encore (lire la suite) que « celui qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, c’est en celui qui m’a envoyé » (Jean 12, 44). Face à la réaction, ou plutôt à l’absence de la réaction favorable qu’il était en droit d’attendre, il ajoute : « J’ai sur vous beaucoup à dire et à condamner. Mais celui qui m’a envoyé est véridique, et c’est ce que j’ai appris de lui que je dis au monde » (Jean 8, 26).
Et lorsque Jésus sera remonté auprès du Père, cette proclamation de la Parole divine sera relayée par l’Esprit Saint. « L’Intercesseur, l’Esprit Saint que mon Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et vous remettra en mémoire tout ce que moi je vous ai dit » (Jean 14, 26), et « il vous guidera vers la vérité totale, car il ne parlera pas de son propre chef – lui non plus -, mais il dira tout ce qu’il aura entendu et il vous annoncera l’avenir » (Jean 16, 13).

(fin)

jeudi 14 avril 2011

Jésus est la Parole du Père (1)

Jésus est la Parole du Père (1)

« Ce n’est pas de mon propre chef que j’ai parlé ; mais c’est le Père qui m’a envoyé, c’est lui qui m’a prescrit ce que j’avais à dire et à faire entendre. Et je sais que le commandement donné par lui est la vie éternelle. Ainsi donc, ce que je dis, je le dis tel que mon Père me l’a dit » (Jean 12, 49-50). Le Seigneur insiste à plusieurs reprises sur cette même idée d’une identification entre lui et le Père, sur le fait qu’il est l’envoyé du Père, chargé de parler en son nom.
Quelqu’un pourrait peut-être reprocher à Jésus de manquer de personnalité, en se contentant de répéter servilement ce que son Père lui a dit. Ce reproche serait éventuellement justifiable dans le cas de deux hommes. Mais ici, nous sommes en présence de Dieu, (lire la suite) d’un Dieu unique en trois Personnes. Chaque Personne a certes une mission à remplir à l’extérieur de la Trinité, dans l’ordre de la création. Mais chacune des trois Personnes est égale aux deux autres. Et Jésus-Christ est le Verbe de Dieu. Comment pourrait-il dire autre chose que ce que Dieu dit, c’est-à-dire que ce qu’il dit lui-même en tant que Dieu véritable, égal au Père et au Saint-Esprit ?
« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous reconnaîtrez alors que c’est Moi, et que je ne fais rien de mon propre chef, mais que ce que je dis est cela même que le Père m’a enseigné » (Jean 8, 28). Il faut qu’il passe d’abord par l’épreuve de la mort, suivie de sa Résurrection, pour que les apôtres, puis les chrétiens de tous les âges, découvrent en lui vraiment la Parole vivante du Père, qui donne la vie éternelle : « Le commandement donné par lui est la vie éternelle » (Jean 12, 50).
Dans sa controverse avec les Juifs, Jésus oppose sa conduite à la leur : « C’est ce que j’ai vu auprès de mon Père que je dis ; de même vous, c’est ce que vous avez appris auprès de votre père que vous faites » (Jean 8, 38), en montrant clairement qu’il ne s’agit pas du même père, car, précise-t-il, « si Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens » (Jean 8, 42).
La Parole de Dieu est une parole agissante, opérative, comme nous le voyons dans le récit de la Création : « Dieu dit… et cela fut ainsi » (Genèse1). « Les paroles que je dis, je ne les dis pas de mon propre chef ; mais c’est le Père, qui est en moi à demeure, qui lui-même accomplit ses œuvres » (Jean 14, 10). En effet, « les œuvres que je fais au nom de mon Père, ce sont elles qui témoignent pour moi » (Jean 10, 25).

(à suivre…)

mercredi 13 avril 2011

Dieu n’est pas lointain (2)


Dieu n’est pas lointain (2)

Et puisque Dieu est grand, « l’âme de l’homme, l’homme lui-même, créé pour l’amour éternel, n’est en rien petit, mais est grand et digne de son amour » (Benoît XVI, homélie citée) ; il est la seule créature que Dieu ait aimée en elle-même, comme le concile Vatican II l’a souligné (constitution pastorale Gaudium et spes, n° 24). C’est lui seul que Dieu est venu rencontrer dans sa vie quotidienne. Lui seul qui a été créé pour l’amour éternel, car l’amour, la charité est une vertu essentielle, unique, qui subsiste au ciel pour toujours (cf. 1 Corinthiens 13, 13). A nulle autre créature Dieu n’a prodigué tant de soins et de tendresse. (lire la suite)
Oui, en vérité, l’homme n’est pas petit. « Rends-toi compte de ta grandeur en considérant le prix versé pour toi : vois le prix de ton rachat, et comprends ta dignité ! (Saint Basile, In Psalmum 48, 8 ». Ce n’est pas une dignité acquise à la force du poignet. Ce n’est pas une dignité méritée par quelque exploit. Ce n’est pas une dignité qui découlerait d’un droit sur Dieu. Cette dignité est un don gratuit de notre Créateur qui manifeste et son amour et sa proximité de nous.
Dieu n’est pas un Dieu lointain parce que, disions-nous, il habite dans notre âme en état de grâce et qu’il partage notre existence. Mais il n’est pas lointain d’abord et avant tout parce que nous portons en nous son image et sa ressemblance (cf. Genèse 1, 27). Si la création matérielle présente comme des vestiges de la sainteté de Dieu (cf. Romains 1, 20), à combien plus forte raison nous qui lui ressemblons, imparfaitement certes, mais bien réellement !

(fin)

mardi 12 avril 2011

Dieu n’est pas lointain (1)


Dieu n’est pas lointain (1)

L’Ecriture nous dit que nul n’a jamais vu Dieu (1 Jean 4, 12). Et qu’en plus, si un homme voyait Dieu, il mourrait sur-le-champ (cf. Exode 33, 20). Notre Dieu est donc encore invisible, tant que nous ne sommes pas admis en sa présence au paradis. Il est donc un Deus absconditus, un « Dieu caché ». mais cela ne veut pas dire qu’il soit un Dieu lointain, moins encore qu’il se désintéresse de nous.
« Dieu n’est pas un Dieu lointain, trop distant et trop grand pour s’occuper de nos bagatelles », souligne le pape Benoît XVI (homélie pour la messe in Cena Domini, 13 avril 2006). La gloire de Dieu, son immensité, n’en fait pas un être inaccessible, (lire la suite) enfermé dans une tour d’ivoire de sa supériorité. Il l’a montré en s’incarnant. Dieu le Fils qui devient homme prouve à quel point la Très Sainte Trinité s’intéresse à nous, veut partager nos préoccupations et nos bonnes aspirations, et veut nous rejoindre dans l’humilité de notre existence, pour qu’elle cesse d’être purement humaine, horizontale, et qu’elle acquière la verticalité, une dimension surnaturelle, divine.
En venant parmi nous, Dieu nous manifeste à quel point il est proche de nous, se faisant l’un de nous, égal à nous en tout hormis le péché (cf. Hébreux 4, 15). Il n’y a pas plus proche de l’homme. Dieu nous est même plus proche que ceux que nous appelons notre prochain. Saint Augustin l’a magistralement exprimé en disant que Dieu est intimior intimo meo, « plus intime à nous que nous-mêmes » et a fortiori donc à l’égard des autres. « Puisqu’il est grand, il peut s’intéresser aux petites choses (Ibid.). Or, c’est ce Qu’il fait en partageant notre existence.
Car il continue de la partager. « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jean 14, 18). Dieu est à l’œuvre continuellement dans notre vie. Il faut répéter à satiété que nous sommes devenus enfants de Dieu par le baptême ; et que la grâce baptismale agit puissamment en nous tant que nous entendons rester fidèles à nos promesses ; que Jésus-Christ est réellement présent dans l’Eucharistie et qu’il fortifie notre âme chaque fois que nous le recevons dans la communion ; que l’Esprit Saint est le Sanctificateur qui ne cesse de nous tourner vers le Père (cf. Jean 14, 25) et donc de nous rappeler tout ce que Jésus a dit afin que nous le mettions en pratique et que nous en vivions.

(à suivre…)

lundi 11 avril 2011

Du bon usage de la charité (2)


Du bon usage de la charité (2)

Plus que cet aspect intéressé, il s’agit d’aimer l’autre pour lui-même ; plus profondément encore parce que nous voyons en lui l’image et la ressemblance de Dieu (cf. Genèse 1, 27). « Nul ne peut l’emporter dans l’amour sur celui qui donne sa vie pour ses amis » (Jean 15, 13). Or, « moi, je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait surabondante » (Jean 10, 10).
Nous avons là la preuve la plus élevée de l’amour authentique. Jésus ne parle pas de bien-être matériel, n’évoque pas la santé physique ni les richesses. Il montre l’essentiel : la vie éternelle. Tant et si bien que la première preuve de charité, la plus authentique, consiste à aider à être fidèle à la vocation reçue, à lutter pour entretenir en chacun cette flamme de la vie éternelle. (lire la suite)
« Frères, lors même que quelqu’un serait pris en faute, vous, les spirituels, redressez-le dans un esprit de douceur ; et prends garde à toi : toi aussi tu peux être tenté » (Galates 6, 1). C’est-à-dire ne le jugez pas, mais agissez avec droiture d’intention et pour le vrai bien d’autrui. « Mes frères, si l’un de vous s’égare en s’éloignant de la vérité et qu’un autre l’y ramène, sachez-le : celui qui ramène un pécheur du chemin où il s’égarait sauvera son âme de la mort et il aura le pardon pour une masse de péchés » (Jacques 5, 19-20). Revoilà l’affirmation qui est au départ des présentes réflexions sur la charité. « L’amour couvre toutes les fautes » (Proverbes 10, 12). Peut-il y avoir plus grand amour que de ramener à la vie celui qui était mort par le péché ? En un certain sens, les actes de charité sincère que nous posons sont comme autant d’écrous et de contre-écrous qui affermissent notre vocation et nous y rendent plus fidèles.
Quel que soit le bout par lequel nous abordons la question, nous revenons au même point, à savoir que nous sommes les premiers bénéficiaires de nos actes vertueux : même s’ils visent directement le prochain, ils nous valent en retour, parce que Dieu est infiniment bon, non seulement le pardon de nos péchés (étant entendu que seule la confession personnelle peur pardonner les péchés mortels), mais encore nous accordent un supplément de grâce, pour que nous soyons en mesure d’améliorer encore nos performances, de progresser un peu plus sur la voie de la sainteté et de l’imitation de son Fils Jésus-Christ.
La vie chrétienne est vraiment passionnante. Si « la haine suscite des querelles » (Proverbes 10, 12), il est incontestable qu’en aimant notre prochain, nous aimons le Christ que nous voyons en eux et nous sommes alors plongés dans la vie de Dieu, où tout est Amour au sens le plus fort possible, pleinement existentiel. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés : demeurez dans cet amour que j’ai pour vous. Si vous mettez mes commandements en pratique, vous demeurerez dans mon amour, tout comme moi j’ai mis en pratique les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour » (Jean 15, 9-10).
Et Jésus d’ajouter : « Père, ceux que tu m’as donné, je veux que là où je serai, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils puissent voir ma gloire dont tu m’as fait don, parce que tu m’as aimé avant la création du monde » (Jean 17, 24).

(fin)

dimanche 10 avril 2011

Du bon usage de la charité (1)

Du bon usage de la charité (1)

Nous lisons au livre des Proverbes que « la haine suscite des querelles », ce qui n’est que trop évident aussi bien dans le monde en général que, parfois, dans l’entourage professionnel ou autre ; « mais l’amour couvre toutes les fautes » (Proverbes 10, 12). Cette affirmation semble bien hardie. Mais saint Pierre la reprend à son compte en la nuançant quelque peu : « Soyez donc avisés et vigilants pour vaquer à la prière. Avant tout, pratiquez de façon continue l’amour mutuel, car l’amour obtient le pardon d’une masse de péchés » (1 Pierre 4, 7-8). « Une masse de péchés » n’est pas exactement « toutes les fautes ». Mais c’est quand même impressionnant.
Ces paroles sont révélées, ne l’oublions pas. (lire la suite) Elles montrent donc l’importance que Dieu accorde à l’amour mutuel, à l’affection fraternelle. Bien sûr, nous n’aimons pas seulement en vertu de ce côté « intéressé ». Mais il n’est pas négligeable en soi. C’est comme un stimulant que nous recevons de Dieu, une assurance de sa part qu’il tiendra compte de tous nos gestes d’amour envers le prochain. Il l’a d’ailleurs affirmé explicitement, avec un exemple qui a dû surprendre une fois de plus son auditoire, parce que son enseignement était à la fois limpide et si simple à mettre en pratique : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim et que nous t’avons donné à manger, avoir soif et que nous t’avons donné à boire ? Quand est-ce que nous t’avons vu sans foyer et que nous t’avons recueilli, nu et que nous t’avons vêtu ? Quand est-ce que nous t’avons vu malade ou en prison et que nous sommes allés te voir ? » Et le roi leur répondra : « En vérité, je vous le dis : Autant de fois que vous l’avez fait pour le moindre de mes frères que voici, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25, 37-40).

(à suivre…)

samedi 9 avril 2011

Saint-Nicolas-du-Chardonnet

Saint-Nicolas-du-Chardonnet

M. Bourdoise fonde à Saint-Nicolas-du-Chardonnet une communauté de clercs qui propose trois buts : « Le première est la sanctification de ses membres, le deuxième le service des paroisses, le dernier, c’est la formation des ecclésiastiques sous la dépendance de Mgr l’Archevêque de Paris. »
L’intention de cet homme qui n’est pas encore prêtre (il ne le fut qu’en 1613), qui a été berger, laquais, clerc de procureur, portier de collège, avant d’être diacre à Saint-Nicolas, qui est profondément marqué par la pensée bérullienne, est de former l’humble clergé paroissial urbain et rural. Ce pédagogue des humbles (lire la suite) a l’intuition du concret symbolique. Personne n’entre dans sa communauté s’il est détenteur d’un bénéfice (il obligera le curé de Saint-Nicolas à renoncer au sien). Par contre, de nombreux curés, vicaires… pauvres y viendront se recycler grâce à des bourses. Il exige le port du costume ecclésiastique, symbole du clergé rénové, conscient de sa vocation, de sa mission et de la fidélité qu’il leur doit. Il forme en plongeant dans les tâches pastorales, la célébration liturgique, la prière en commun, le catéchisme, la réflexion morale, par les cas de conscience, non pas comme dans une routine, mais comme dans une continuelle recherche soucieuse du détail.
Les catéchismes de Saint-Nicolas, bien insérés dans l’ensemble de l’action paroissiale, seront un modèle pour toute la France. La place qu’y tient la préparation à la Première Communion marque encore l’organisation de la catéchèse aujourd’hui. De 1631 à 1644, avant même d’être érigé en séminaire par l’archevêque de Paris, la communauté forme plus de cinq cents prêtres. La formule influencera saint Vincent de Paul et Jean-Jacques Olier, fondateur de la Compagnie de Saint-Sulpice.

B. Violle, Paris, son Eglise, 1. Histoire, Paris, Cerf, 2004, p. 146.

vendredi 8 avril 2011

L’amitié

L’amitié

Sont amis – je mets à part cette amitié qu’on ne devrait pas appeler ainsi, celle qui est le fait d’une mauvaise conscience : en effet, il y a des hommes qui s’unissent pour faire le mal de concert et ils semblent liés entre eux parce qu’ils sont unis par leur mauvaise conscience – mise à part, donc, cette amitié criminelle, il est une amitié encore charnelle, née de l’habitude et de la cohabitation, des conversations, de la vie commune, qui fait qu’un homme est attristé quand le délaisse l’ami avec lequel il a coutume de parler et d’être en relation. Deux hommes se rencontrent, marchent ensemble pendant trois jours, et ils ne veulent palus se séparer. Une telle douceur d’amitié est honnête en vérité ; mais analysons-là encore, puisque nous cherchons le degré de cet amour, et voyons jusqu’où nous sommes parvenus, avec une amitié telle que celle dont je viens de parler. (lire la suite)
C’est donc là une amitié d’habitude, non de raison ; les bêtes l’ont aussi. Que deux chevaux mangent ensemble, ils se recherchent ; si un jour l’un vient à précéder l’autre, ce dernier se hâte comme à la recherche des on ami ; à peine son cavalier peut-il le diriger, et jusqu’à ce que le cheval y parvienne, il l’y pousse par ses bonds. Lorsqu’il est arrivé auprès de celui qui l’a précédé, il se calme. Un poids l’entraînait, il était pressé par le poids de l’amour ; parvenu pour ainsi dire en son lieu, il s’est apaisé. Cette amitié d’habitude aussi, nous la trouvons également chez les bêtes. Elevons-nous encore au-dessus d’elle.
Il est une autre forme d’amitié supérieure à celle-ci, non d’habitude mais de raison, dans laquelle nous aimons pour sa fidélité et parce que nous sommes dévoués l’un à l’autre dans cette vie mortelle. Tout ce que nous trouverons de supérieur à elle est d’ordre divin. Que l’homme commence à aimer Dieu et il n’aimera en l’homme que Dieu.
Que votre charité voie d’abord comment l’amour d’amitié doit être gratuit. En effet, tu ne dois pas avoir un ami ou l’aimer pour qu’il te rende un service ; si tu l’aimes pour qu’il te procure de l’argent ou quelque avantage matériel, ce n’est pas lui que tu aimes, mais ce qu’il te procure. Un ami doit être aimé gratuitement pour lui-même et non pour autre chose. Si la règle de l’amitié t’exhorte à aimer un homme avec désintéressement, avec quel désintéressement doit-on aimer Dieu, qui t’ordonne d’aimer l’homme ! Rien n’est plus délectable que Dieu. Il y a en effet dans l’homme des choses qui offensent. Cependant, par l’amitié, tu t’efforces de tolérer au nom de l’amitié même ce qui t’offenses dans un homme. Si donc tu ne dois pas dénouer une amitié humaine à cause de ce qu’il te faut tolérer, par quoi pourrais-tu être amené à dénouer ton amitié avec Dieu ? Tu ne rencontres rien de plus délectable que Dieu ; il n’est rien en Dieu par quoi il puisse t’offenser, si toi tu ne l’offenses pas ; rien n’est plus beau que lui, rien n’est plus doux que lui.

Saint Césaire d’Arles, Sermons au peuple 21, 3-4.

jeudi 7 avril 2011

L’unité


L’unité

Saint Ignace d’Antioche, faisant preuve d’une profonde humilité, s’adresse aux chrétiens d’Ephèse en écrivant : « A présent, je commence seulement à être disciple et je vous adresse la parole comme à mes condisciples. » Tout en ajoutant : « C’est moi qui aurais besoin d’être préparé par vous au combat », car il est « enchaîné pour le Nom Sauveur », avant de subir le martyre. Il n’élude donc pas son devoir de continuer à exhorter les fidèles. Il les invite notamment à vivre l’union à celui qui est leur berger, à vivre « en accord avec la pensée de votre évêque ». Et, pour cela, il a recours à une expression à la fois riche et imagée. (lire la suite)
Il écrit, en effet : « Chacun de vous, devenez un chœur de chant, afin que, dans l’harmonie de votre concorde, adoptant la mélodie de Dieu dans l’unité, vous chantiez pour le Père d’une seule voix, par le Christ. » La vie chrétienne doit donc constituer un concert de louange unanime de Dieu, tout en étant rassemblés sous un même pasteur, animés d’une même foi et nourris des mêmes sacrements. Les options humaines légitimes ne doivent pas séparer les chrétiens, ni les détourner de l’essentiel. Car ce qui unit les croyants est beaucoup plus fort et autrement important que ce qui les distingue, chacun selon sa personnalité et les choix qu’il est amené à faire dans la société humaine. Dans l’expression de la foi doivent régner l’harmonie et la concorde.
« Alors le Père vous écoutera et reconnaîtra en vous, grâce à vos bonnes actions, les membres de son Fils », ceux qui, réunis précisément par la foi, constituent son Corps mystique qu’est l’Eglise. Chantant d’une seule voix par le Christ, le Père nous reconnaît comme fils dans son Fils. Il n’entend pas seulement une plainte humaine, mais la complainte filiale, qui lui agrée. Dieu peut dire de chacun : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis ma complaisance » (Matthieu 3, 17), bien que pas « toute ma complaisance », parce qu’elle est réservée au Fils éternel.
Saint Ignace conclut : « Il est donc utile pour vous que vous soyez dans une irréprochable unité, pour être toujours participants de Dieu » (Lettre aux Ephésiens). « Le Seigneur rassemblera ses enfants dispersés, et en fera une seule nation, et une seul roi régnera sur eux » (prière, deuxième dimanche du temps ordinaire). C’est bien ce qu’il a fait en nous envoyant Jésus-Christ. a nous de rester bien regroupés sous sa houlette, et sous celle du pasteur qui le représente pour nous et qui poursuit sa mission pour notre bien. Nous ne pouvons recevoir la grâce de Dieu et les secours spirituels indispensables à notre salut qu’en étant étroitement unis à la tête, en vivant intensément le devoir fondamental de communion dans l’Eglise.

mercredi 6 avril 2011

Les derniers temps (2)

Les derniers temps (2)

Ces imposteurs, qui font commerce des mensonges, sont « marqués au fer rouge dans leur propre conscience » (1 Timothée 4, 2), ce qui est une autre façon d’affirmer qu’il agissent en connaissance de cause et qu’il font le mal pour faire le mal. Ceux du temps de saint Paul « interdiront le mariage, et imposeront l’abstinence d’aliments créés par Dieu pour que les croyants, qui ont pleine connaissance de la vérité, en usent avec action de grâce » (1 Timothée 4, 3). En effet, Dieu dit : « Tout ce qui a vie et mouvement vous servira de nourriture, comme la verdure des plantes ; je vous donne tout » (Genèse 8, 3). Alors, (lire la suite) « si je prends ma part d’aliment en rendant grâce à Dieu, pourquoi parler de moi en mal pour une chose dont je rend grâce à Dieu ? » (1 Corinthiens 10, 30).
Car, ne l’oublions pas, « tout ce que Dieu a créé est bon » (1 Timothée 4, 4), comme nous pouvons le lire au récit de la Création dans la Genèse (1, 31). Par conséquent, « rien n’est à rejeter de ce que l’on prend avec action de grâce » (1Timothée 4, 4). De fait, l’Apôtre peut affirmer : « Je le sais, j’en suis persuadé dans le Seigneur Jésus », c’est-à-dire en parlant en présence de Dieu, avec la conviction de l’aimer, de s’exprimer en son nom, « rien n’est impur en soi ; seulement, pour celui qui pense qu’une chose est impure, elle est impure pour lui » (Romains 14, 14). Ce qui compte, en définitive, c’est que, « soit que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10, 31), « rendant grâce par lui à Dieu le Père » (Colossiens 3, 17).
Ce que l’on prend dans l’action de grâce est « sanctifié par la parole de Dieu et par la prière » (1 Timothée 4, 5). Par la prière, car nous commençons et nous terminons nos repas par la prière ; et aussi parce que nous nous efforçons de transformer toutes nos activités en prière, de sorte que nous fassions effectivement toute chose pour la gloire de Dieu. C’est le moyen de résister aux imposteurs, aux faux apôtres des temps modernes et de vivre dans le temps présent dans la joie des enfants de Dieu.

(fin)
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mardi 5 avril 2011

Les derniers temps (1)


Les derniers temps (1)

« Sachez ceci : dans les derniers jours surviendront de mauvais moments »(2 Timothée 3, 1). Que se passera-t-il ? L’Apôtre le précise au même Timothée : « Dans les derniers temps, certains abandonneront la foi pour s’attacher à des esprits trompeurs et à des enseignements inspirés par les démons » (1 Timothée 4, 1). Voilà qui est clair quant à l’action du diable dans le monde, qui se sert de certains hommes pour répandre le mal, tout comme Dieu se sert d’autres hommes pour faire le bien. Ils agiront ainsi « sous l’influence d’imposteurs hypocrites » (1 Timothée 4, 2), c’est-à-dire de gens qui ont conscience d’être dans le faux, mais qui en font leur profession, qui sont des professionnels de l’erreur. (lire la suite)
Saint Paul ne fait que relayer l’enseignement du Maître : « Il surgira de faux prophètes, qui induiront beaucoup de gens en erreur, et, l’iniquité allant grandissant, la charité du grand nombre se refroidira » (Matthieu 24, 11), au point que « quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Luc 8, 8). Une preuve que ces gens-là agissent au nom du démon, c’est qu’ils « opèrent de grands miracles et des prodiges, au point d’induire en erreur, s’il se pouvait, même les élus » (Matthieu 24, 24). Mais Dieu veille au grain… Il ne laissera pas ses enfants tomber dans les pièges du Malin, mais les tirera des mauvaises passes dans lesquelles ils peuvent se trouver, car il les aime foncièrement et parce qu’il veut par-dessus tout leur bien ; leur bien ici-bas, mais plus encore leur bonheur éternel auprès de Lui.

(à suivre…)

lundi 4 avril 2011

Bâle : l’horloge avancée d’une heure


Bâle : l’horloge avancée d’une heure

La ville de Bâle fut un jour assiégée par les ennemis et étroitement cernée. Les assiégeants qui entretenaient des intelligences avec les mécontents de la ville convinrent avec ceux-ci de s’emparer, par surprise , des fortifications pendant une nuit obscure.
L’attaque devait commencer au coup de minuit, mais le hasard voulut que le veilleur de la tour eût vent d l’assaut projeté ; il n’était plus temps d’avertir ni le commandant de la ville, ni la garde ; la ruse et une prompte résolution pouvaient seules sauver la cité, et voici l’idée heureuse du veilleur. En avançant tout d’un coup l’horloge d’une heure, il l’empêcha de sonner minuit et au lieu des douze coups du marteau, il n’en fit frapper qu’un seul. (lire la suite)
Cette ruse jeta le doute et l’erreur tant parmi les conjurés que parmi les ennemis qui étaient aux portes de la ville ; chacun crut avoir manqué l’heure convenue, et tandis que l’on se consultait pour savoir ce qui restait à faire, le veilleur eut le temps d’avertir les magistrats et le commandant.
Le plan des traîtres échoua complètement et les ennemis fatigués de la longue résistance des citoyens levèrent le siège sans avoir emporté le moindre avantage.
La légende ne dit pas si le rusé veilleur fut récompensé pour avoir sauvé la ville ; cependant en mémoire de la manière merveilleuse dont Bâle fut sauvée, les magistrats ordonnèrent que l’horloge restât, comme le veilleur l’avait avancée et depuis ce temps il sonnait une heure à Bâle, quand c’était midi ou minuit partout ailleurs.
Cette coutume bizarre qui subsista jusqu’en l’année 1798 a fait appliquer aux Bâlois la louange satyrique qu’ils étaient, par leur horloge, avancés d’une heure quoiqu’arriérés d’un siècle. Maintenant, il est vrai, ils marchent de pair avec d’autres villes.

Légendes et traditions du Rhin de Bâle à Rotterdam par F. J. Kiefer, Mayence, chez David Kapp, 2e. éd. revue et augmentée, 1868, p. 3-4.

dimanche 3 avril 2011

Aimer nos frères dans la foi (2)


Aimer nos frères dans la foi (2)

Écoutons encore saint Paul formuler des réflexions du même genre, qui en disent long sur les sentiments qu’abrite son cœur en permanence : « J’ai le vif désir de te revoir » (2 Timothée 1, 4) ; « hâte-toi de venir me rejoindre au plus tôt » (2 Timothée 4, 9).
N’est-elle pas belle et émouvante cette insistance de l’Apôtre ? Et cette sainte impatience de retrouver les siens. Comme ses paroles sont débordantes d’affection humaine et surnaturelle ! Nous sentons battre un cœur qui sait ce que c’est qu’aimer pour de bon. C’est un modèle pour nous, qui sommes ainsi encouragés à tisser des liens d’amitié profonde, (lire la suite) surnaturelle, avec ceux qui sont devenus nos frères et nos sœurs par le baptême. « Saluez dans le Christ chacun des saints. Les frères qui sont avec moi vous saluent » (Philippiens 4, 21). « « Saluez tous les saints. Tous les saints vous saluent. À tous les saints qui vivent à Éphèse. À tous les saints dans le Christ Jésus, qui sont à Philippes. » N’est-il pas émouvant, ce titre de « saints » que les premiers chrétiens utilisaient entre eux ? — Apprends à vivre avec tes frères » (saint Josémaria, Chemin, n°469).
A vivre avec eux en bonne entente, sans les critiquer ou les dénigrer, mais en cherchant à les édifier par notre conduite, à leur donner un exemple qui les stimule à vivre toujours plus de l’Amour de notre Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, un seul Dieu, à l’Amour débordant. L’on devrait pourvoir dire autour de nous ce que les païens d’alors disaient des premiers chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ! » Ce serait formidable. Cet exemple constituerait certainement une force d’entraînement vers le Seigneur.
Telle devrait être notre ambition la plus saine.

(fin)

samedi 2 avril 2011

Aimer nos frères dans la foi (1)

Aimer nos frères dans la foi (1)

« Je rends grâce à Dieu » (2 Timothée 1, 3). Ce ne sont pas les motifs qui manquent pour le faire. Car, dans la vie, quand on la regarde sous un jour surnaturel, c’est-à-dire chrétien, tout est grâce, tout est don de Dieu. Et la fidélité et la sainteté de nos frères et de nos sœurs dans la foi, dont tant sont martyrs, encore de nos jours, sont en elles-mêmes des motifs de fierté et de reconnaissance. « Je rends grâce pour vous tous à mon Dieu, par Jésus-Christ, de ce qu’on publie votre foi dans le monde entier » (Romains 1, 8). En même temps que nous remercions Dieu, demandons-lui la grâce de la persévérance dans la foi et celle, (lire la suite) la plus importante de toutes, de la persévérance finale. « Ne cesse pas de demander la persévérance pour toi et pour tes compagnons d’apostolat. Notre adversaire, le démon, sait trop bien que vous êtes ses grands ennemis… et une chute dans vos rangs, comme il en est satisfait ! » (saint Josémaria, Chemin, n°924).
C’est ce que fait l’Apôtre. « Je rends grâce à Dieu (…) quand je fais constamment mémoire de toi, nuit et jour, dans mes prières » (2 Timothée 1, 3). Voilà qui est remarquable. Quand Paul parle de sa sollicitude pour toutes les Eglises (2 Corinthiens 11, 29), ce n’est pas une parole en l’air. Il parle de ce qu’il vit intensément.
Il s’agit d’une prière constante et intéressée. Elle est formulée pour le bien de son destinataire. En effet, Paul précise : « Nuit et jour nous prions instamment pour qu’il nous soit donné de vous revoir » (1 Thessaloniciens 3, 10), un désir qui taraude l’Apôtre tant qu’il est éloigné de ses chers fidèles : « Le désir en était grand », écrit-il (2 Timothée 2, 17). Désir qui s’étend à toutes les communautés chrétiennes et qui manifeste bien cette sollicitude pour toutes les Églises : « Je ne cesse de penser à vous à tout moment dans mes prières, demandant que me soit enfin accordée, si telle est la volonté de Dieu, de me rendre auprès de vous. C’est que j’ai le vif désir de vous voir pour vous communiquer quelque don spirituel qui puisse vous affermir » (Romains 1, 10-11). Paul n’agit pas pour lui-même, pour retirer des consolations de la compagnie des saints. Il désire vivement les voir pour poursuivre leur formation et les fortifier dans la foi.

(à suivre…)

vendredi 1 avril 2011

Le saint Nom de Jésus

Le saint Nom de Jésus

Le prénom des gens que nous aimons nous est particulièrement cher. Nous l’entendons avec affection. Il parle à notre cœur. Il le réchauffe même.
Imaginons avec quel respect et quelle dévotion Marie et Joseph prononçaient ce nom de Jésus, ce nom » qui est au-dessus de tout nom » (Philippiens 2, 9). Par respect, les Juifs n’osaient pas prononcer le nom de Yahvé, et de nos jours encore les Juifs pratiquants ne mentionnent pas Dieu. Ils parlent du Béni, du Tout-Puissant. Il était question d’Elohim, d’El-Saddaï.
Mais Dieu s’est fait chair et il a pris un nom d’homme. (lire la suite) Saint Joseph, puisque c’était lui le chef de la Sainte Famille et celui qui, aux yeux des hommes, était le père de Jésus, a été chargé par l’ange de donner son nom au Fils de Marie : « Elle enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Matthieu 1, 21). « Jésus », car il sauvera son peuple, « Emmanuel », car Dieu est avec nous.
« Le salut n’est en aucun autre, car il n’est sous le ciel, d’entre les noms qui se donnent chez les hommes, aucun autre qui doive nous sauver » (Actes 4, 12).
C’est « au nom de Jésus (que) tout genou fléchit dans le monde céleste, terrestre et infernal » (Philippiens 2, 10)., conformément à ce qui avait été annoncé : « J’ai juré par moi-même ; de ma bouche sort la vérité, une parole qui ne sera pas révoquée. Oui, tout genou fléchira devant moi, et par moi toute langue prêtera serment » (Isaïe 45, 23).
Ce nom de Jésus, celui qui nous sauve, a des synonymes. En effet, « un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; il a reçu l’empire sur ses épaules, et on lui a donné pour nom : Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père à jamais, Prince de la Paix » (Isaïe 9, 5).
Revenons à la crèche pour écouter Marie et Joseph appeler Jésus par son nom. Un Nom plus doux que le miel au palais. Un Nom savoureux entre tous. Un Nom divin. Le Nom du salut. Un Nom qui met le diable en déroute.
Le prêtre incline légèrement la tête à la sainte messe quand il le prononce. Mais qu’il y ait toujours une révérence intérieure, un élan du cœur, une action de grâce pour ce Dieu qui a daigné venir demeurer parmi nous et qui est notre Sauveur, le Rédempteur de l’humanité.
Oui, qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et dans les enfers…