ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

lundi 31 mars 2008

Rendre gloire a Dieu (3)

Rendre gloire à Dieu (3)

Marie et Joseph ont accompli une bonne œuvre consistant à observer les prescriptions de la Loi de Moïse (cf. Luc 2, 22). Cela suffit pour que Dieu soit glorifié. Nous voyons ainsi que c'est par les gestes de notre vie ordinaire, par l'accomplissement fidèle de nous devoirs religieux, sociaux et professionnels que nous pouvons apporter la lumière de Dieu dans les milieux où nous nous trouvons. Et, sans que nous nous en rendions compte, sans bizarrerie de notre part, bien des hommes rendront gloire à Dieu. C'est ce que saint Josémaria, (lire la suite) le fondateur de l'Opus Dei, expliquait : « Tu es le sel, tu es le levain » (notes prises au cours d'une réunion, 11 mars 1956, citées dans X. Echevarria, Lettre pastorale, 1er septembre 2007).
Nous avons nous aussi besoin d'une lumière qui nous guide à travers les écueils et les épreuves de la vie, une lumière qui nous oriente constamment vers Dieu, vers le vrai Dieu. Une lumière qui vienne au secours de notre conscience parfois déformée par la tendance au mal qui est inhérente à notre nature. « Pour marcher correctement, lorsque l'on marche de nuit, c'est-à-dire quand le fidèle pénètre dans le mystère de la vie chrétienne, les yeux ne suffisent pas : il faut une lampe, nous avons besoin d'une lumière. Et cette lumière du Christ ne déforme pas, ne mortifie pas et ne contredit pas celle de notre conscience ; au contraire, elle l'illumine et la rend capable de suivre le Christ, sur le droit chemin de notre pèlerinage vers la vision éternelle » (Paul VI, Allocution, 12 février 1969). Nous avons besoin d'un accompagnateur spirituel, en qui placer notre confiance pour qu'il nous guide d'un pas sûr vers les réalités célestes, qu'il nous les fasse goûter dans ce monde pour les désirer de plus en plus ardemment et parvenir à en jouir dans l'éternité.

(fin)

dimanche 30 mars 2008

Rendre gloire a Dieu (2)

Rendre gloire à Dieu (2)

Marie nous a donné le Christ. Elle est présente lors de l'effusion de l'Esprit Saint. À l'ange qui lui annonce qu'elle va devenir la Mère du Sauveur, elle demande : « Comment cela se fera-t-il, puisque je connais point d'homme ? » (Luc 1, 34). Nous sommes appelés à être une lumière, la lumière du Christ parmi les hommes, d'autres christs. « « Comment cela adviendra-t-il ? » pouvons-nous nous demander en reprenant les paroles que la Vierge adressa à l'Archange Gabriel. C'est précisément la Mère du Christ et de l'Église qui (lire la suite) nous fournit la réponse : par son exemple de disponibilité totale à la volonté de Dieu « fiat mihi secundum verbum tuum » (Luc 1, 38), elle nous enseigne à être « épiphanie » du Seigneur, dans l'ouverture du cœur à la force de la grâce et dans l'adhésion fidèle à la parole de son Fils, lumière du monde et but ultime de l'histoire » (Benoît XVI, Homélie, 6 janvier 2006).
C'est donc vers Marie que nous nous tournons tout naturellement - nous sommes ses enfants dans l'ordre de la grâce - pour qu'elle nous aide à nous diviniser de plus en plus, qu'elle augmente en nous le désir d'aimer notre Seigneur, de l'imiter et de le suivre. La vie chrétienne peut se ramener à quelques étapes : « Sur cette Histoire de Jésus que je t’ai offerte, j’ai écrit en dédicace : « Cherche le Christ, trouve le Christ, aime le Christ. » — Ce sont trois étapes très distinctes. As-tu essayé, au moins, de vivre la première ? » (saint Josémaria, Chemin, n° 382). Désirons faire plus. Désirons aimer davantage et plus sincèrement. Désirons nous identifier à la Volonté de Dieu en tout comme Marie. C'est la condition pour que la lumière du Christ brille dans notre vie, pour accomplir de bonnes œuvres et donc pour que les hommes glorifient Dieu.
C'est ce qui se produit quand Marie et Joseph apportent Jésus au Temple pour qu'il soit circoncis. Le vieillard Siméon, qui « attendait la consolation d'Israël », c'est-à-dire le Messie, et à qui l'Esprit Saint avait révélé qu'il ne mourrait pas sans l'avoir vu (cf. Luc 2, 25-26), s'exclame lorsqu'il reçoit l'Enfant dans ses bras : « Maintenant, ô Maître, vous pouvez congédier votre serviteur en paix, selon votre parole ; car mes yeux ont vu le salut, que vous avez préparé à la face de tous les peuples, lumière qui doit éclairer les nations et gloire d'Israël, votre peuple » (Luc 2, 29-32).

(à suivre...)

samedi 29 mars 2008

Rendre gloire a Dieu (1)

Rendre gloire à Dieu (1)

« Vous êtes la lumière du monde : une ville, située au sommet d'une montagne, ne peut être cachée. Et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Qu'ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5, 14-16). Nos bonnes œuvres... Elles sont si petites, si peu nombreuses... Quelle lumière pouvons-nous apporter aux autres, (lire la suite) à notre monde qui, pourtant, en a bien besoin ? Ces paroles du Christ, nous ne pouvons pas les remettre en cause, en doute, car ce sont des paroles divines. Dieu sait ce qu'Il dit. Elles constituent pour le moins une invitation à tâcher d'être une lampe allumée, d'éclairer la conscience et la conduite de nos contemporains par une vie et un discours les plus cohérents qu'il soit.
En écoutant ces paroles de notre Seigneur, nous nous rendons bien compte que nous ne sommes pas à la hauteur. Notre réponse à la grâce de la vocation chrétienne, pour sincère qu'elle soit, est souvent faible ou défaillante. Nos bonnes résolutions restent fréquemment sans suite véritable. Devons-nous être pessimistes pour autant ? Non. En nous invitant à briller face aux hommes, le Seigneur veut nous faire comprendre que nous n'y arriverons pas sans lui : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5). « Seul le Christ, en nous donnant l'Esprit Saint, peut transformer notre misère et nous renouveler continuellement. C'est Lui la lumière des nations, lumen gentium, qui a choisi d'éclairer le monde à travers son Église (cf. Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, n° 1) » (Benoît XVI, Homélie, 6 janvier 2006).
Le Christ est lumière des nations, venue « éclairer ceux qui se tiennent dans les ténèbres et l'ombre de la mort, et pour aider nos pas sur le chemin de la paix » (Luc 1, 79). Cette lumière s'est allumée voici deux mille ans et elle ne s'éteindra jamais : « Maintenant, moi, je serai avec vous jusqu'à la fin du monde » (Matthieu 28, 20), promet Jésus. Il nous a aussi promis d'envoyer le Saint-Esprit d'auprès du Père, promesse qui s'est réalisée au jour de la Pentecôte : les apôtres et les disciples réunis dans le Cénacle autour de Marie (cf. Actes des apôtres 1, 14) « virent paraître des langues séparées, comme de feu ; et il s'en posa (une) sur chacun d'eux. Et tous furent remplis d'Esprit-Saint, et ils se mirent à parler en d'autres langues, selon ce que l'Esprit leur donnait de proférer » (Ibid. 2, 3-4).

(à suivre...)

vendredi 28 mars 2008

Grandir en intimite avec Dieu (3)

Grandir en intimité avec Dieu (3)

Le troisième aspect que je veux souligner consiste à mettre de l'amour dans l'accomplissement de nos pratiques de piété, à les faire par amour. C'est toujours l'amour qui doit être le moteur de notre vie chrétienne. Et il peut l'être, car l'amour est présent dans notre âme en état de grâce. La routine est le sépulcre de la piété. À la limite, il vaudrait mieux ne rien faire que de le faire par routine, ou par obligation. Nous n'avons nulle obligation de prier : (lire la suite) nous prions parce que nous aimons Dieu et que nous ressentons le besoin de le fréquenter, d'être avec lui. Les seules obligations que nous ayons sont les commandements de Dieu et encore s'agit-il de commandements d'amour, puisqu'ils se résument à ceci : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toutes tes forces », et « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Marc 12, 30-31). Encore faut-il renouveler notre amour de Dieu pour qu'il ne soit pas entaché de routine ou de tiédeur. Le conseil suivant de saint Josémaria peut s'appliquer à toutes nos formes de prière : « Si tu veux éviter la routine dans tes prières vocales, efforce-toi de les réciter avec l'amour que met la première fois dans ses paroles celui qui aime,... et aussi comme si c'était la dernière occasion que tu avais de t'adresser à Notre-Seigneur » (Forge, n° 432).
Ponctualité, intensité, amour, trois chemins pour grandir en intimité avec Dieu, avec le Père, le Fils et l'Esprit Saint. Trois chemins pour croître en sainteté. Trois chemins pour être de plus en plus heureux sur terre, avant de l'être pour l'éternité au ciel : « Avec Dieu, pensais-je, chaque journée me semble plus attrayante. Je vis « au goutte à goutte ». Un jour je trouve tel détail magnifique ; un autre, je découvre un panorama que je n'avais pas remarqué auparavant... Si cela continue, je me demande ce qui arrivera avec le passage du temps. Ensuite, j'ai constaté que Dieu lui-même m'assurait : eh bien, chaque jour ta joie grandira parce que tu te plongeras de plus en plus profondément dans cette aventure divine, cette très grande « histoire » dans laquelle je t'ai embarqué. Et tu constateras que Je ne t'abandonne pas » (saint Josémaria, Sillon, n° 86).

(fin)

jeudi 27 mars 2008

Grandir en intimit avec Dieu (2)

Grandir en intimité avec Dieu (2)

Ponctualité, intensité, amour. Nous avons ici une triple orientation pratique. D'abord la ponctualité à chaque rendez-vous d'amour que nous avons pris avec Dieu. Car nos normes de piété ne peuvent pas être laissées au goût du moment - qui risque de nous faire souvent défaut - ni au temps disponible - qui nous manque également d'ordinaire - ni à l'inspiration - car nous pouvons avoir le cœur sec et sans imagination - ni à notre caprice et à notre commodité - car alors ce ne serait plus une marque d'amour mais de l'égoïsme. Autrement dit, (lire la suite) pour développer notre piété le point de départ consiste à fixer un moment précis et une durée, notamment pour l'oraison mentale, la lecture spirituelle, l'examen général de conscience, et à nous y tenir rigoureusement, par amour, sauf cas de force majeure. Dieu étant un Dieu personnel, nous pouvons nous dire qu'il est présent, lui, au rendez-vous, qu'il nous attend. Et nous pouvons imaginer la joie de Dieu d'être avec son enfant, et ce qu'il a prévu de lui dire, les cadeaux qu'il veut lui faire, qu'il veut nous faire. Et sa déception si nous arrivons en retard ou, pire encore, si nous ne venons pas...
En second lieu, l'intensité. Nous éprouvons beaucoup de difficulté à bien nous concentrer, et de façon durable. Il existe deux sortes de distractions. Les distractions volontaires, d'abord, qu'il est donc en notre pouvoir d'éviter. C'est un bon combat que de nous y essayer. Pour cela, il convient de choisir un lieu approprié, qui sera, chaque fois que ce sera possible, la chapelle du saint-sacrement. Mais on peut prier, et bien prier, en pleine rue. Le moment doit convenir aussi. Si nous laissons pour la fin de la journée nos rencontres avec Dieu, les soucis, la fatigue risquent de prendre facilement le dessus, et nous profiterons peu de ces moments passés ensemble qui sont pourtant des occasions formidables d'apprendre et de nous laisser façonner à l'image de Dieu.
Les distractions peuvent également être involontaires. Dans ces cas-là, elles ne dépendent pas de nous. Ce qu'il nous revient de faire, c'est de tâcher de les écarter... et d'en profiter pour prier. En effet nous pouvons en faire des « distractions à l'envers », comme nous le suggère saint Josémaria : « Jésus, que mes distractions soient des distractions à l'envers : au lieu de me souvenir du monde, lorsque je te parle, que je me souvienne de toi en m'occupant des affaires du monde » (Forge, n° 1014).

(à suivre...)

mercredi 26 mars 2008

Grandir en intimite avec Dieu (1)

Grandir en intimité avec Dieu (1)

« Il faut se convaincre que Dieu est continuellement près de nous. - Nous vivons comme si le Seigneur était loin, là-haut, où brillent les étoiles, et nous ne voyons pas qu'Il est aussi toujours à nos côtés. Et Il est là, comme un Père aimant. - Il aime chacun de nous plus que toutes les mères du monde ne peuvent aimer leurs enfants. - Il nous aide, nous inspire, nous bénit... et nous pardonne » (saint Josémaria, Chemin, n° 267). Dieu nous est proche, (lire la suite) intimior intime meo, plus intime que moi-même je ne le suis pour moi (Confessions 3, 6, 1), disait saint Augustin, qui en avait fait l'expérience vitale : après l'avoir cherché partout sans arriver à le saisir, Dieu lui fit comprendre que c'était en lui qu'il le rencontrerait...
La vie chrétienne est une affaire d'amour entre Dieu et chacun d'entre nous. Que Dieu nous aime est un fait acquis. À nous de l'aimer à notre tour. Nous serions bien incapables d'y parvenir, tellement l'attrait pour le monde s'exerce fortement sur nos sens, si le secours de la grâce ne venait pas nous aider à réorienter intelligence et volonté vers Dieu : « Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? Les réflexions des mortels sont mesquines, et nos pensées, chancelantes ; car un corps périssable appesantit notre âme, et cette enveloppe d'argile alourdit notre esprit aux mille pensées. Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, et nous trouvons avec effort ce qui est à portée de la main ; qui donc a découvert ce qui est dans les cieux ? Et qui aurait connu ta volonté, si tu n'avais pas donné la Sagesse et envoyé d'en-haut ton Esprit Saint ? » (Sagesse 9, 13-17).
Qui dit amour de l'autre dit fréquentation. La faiblesse de la nature humaine à laquelle je viens de faire allusion implique que nous fassions un effort, renouvelé sans cesse, pour maintenir et renforcer cette intimité avec Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, avec chacune des trois Personnes de la Trinité. Il est bon ce chercher à améliorer chaque jour nos rapports personnels avec Dieu. L'effort sincère pour faire particulièrement bien une norme de piété, en veillant à la ponctualité et à l'intensité, et en agissant par amour, non seulement nous met à l'abri de la routine et de la tiédeur, mais, plus positivement, nous insère dans la dynamique divine de la sainteté et nous rapproche de nos frères les hommes.

(à suivre...)

mardi 25 mars 2008

25 mars : l'Annonciation

25 mars : l'Annonciation

La petitesse a été assumée par la majesté, la faiblesse par la force, l'asservissement à la mort par l'immortalité ; et pour payer la dette de notre condition humaine, la nature inaltérable s'est unie à la nature exposée à la souffrance. C'est ainsi que, pour mieux nous guérir, le seul médiateur entre Dieu et les hommes, l'homme Jésus Christ devait, d'un côté, pouvoir mourir et, de l'autre, ne pas pouvoir mourir.
C'est donc dans la nature intégrale et complète d'un vrai homme que le vrai Dieu est né, (lire la suite) tout entier dans ce qui lui appartient, tout entier dans ce qui nous appartient. Par là nous entendons ce que le Créateur nous a donné au commencement et qu'il a assumé pour le rénover.
Car les défauts que le démon trompeur a introduits dans l'homme, et que l'homme trompé a contractés n'ont aucunement marqué le Sauveur. Aussi, bien qu'il ait accepté de partager les faiblesses humaines, n'a-t-il pas participé à nos fautes.
Il a pris la condition de l'esclave sans la souillure du péché ; il a rehaussé l'humanité sans abaisser la divinité. Par son anéantissement, lui qui était invisible s'est rendu visible, le Créateur et Seigneur de toutes choses a voulu être un mortel parmi les autres. Mais ce fut là une condescendance de sa miséricorde, non une défaite de sa puissance. Par conséquent, lui qui a fait l'homme en demeurant dans la condition de Dieu, c'est encore lui qui s'est fait homme en adoptant la condition d'esclave.
Le Fils de Dieu entre donc dans la basse région du monde qui est la nôtre, en descendant du séjour céleste sans quitter la gloire de son Père ; il est engendré selon un ordre nouveau et par une naissance nouvelle.
Selon un ordre nouveau : étant invisible par lui-même, il est devenu visible en se faisant l'un de nous ; dépassant toute limite, il a voulu être limité ; existant avant la création du temps, il a commencé à exister temporellement ; le Seigneur de l'univers a adopté la condition d'esclave en plongeant dans l'ombre la grandeur infinie de sa majesté ; le Dieu inaccessible à la souffrance n'a pas dédaigné d'être
un homme capable de souffrir, et lui qui est immortel, de se soumettre aux lois de la mort.
En effet, le même qui est vrai Dieu est aussi vrai homme, et il n'y a aucun mensonge dans cette unité, puisque la bassesse de l'homme et la hauteur de la divinité se sont unies dans cet échange.
De même que Dieu n'est pas altéré par sa miséricorde, de même l'homme n'est pas anéanti par sa dignité. Chacune des deux natures agit en communion avec l'autre, mais selon ce qui lui est propre : le Verbe opère ce qui appartient au Verbe, et la chair exécute ce qui appartient à la chair.
L'un brille par ses miracles, l'autre succombe aux outrages. Et de même que le Verbe ne perd pas son égalité avec la gloire du Père, de même la chair ne déserte pas la nature de notre race humaine.
C'est un seul et même être, il faut le dire souvent, vraiment Fils de Dieu et vraiment fils d'homme. Dieu par le fait que au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Homme par le fait que le Verbe s'est fait chair et a établi sa demeure parmi nous.

Lettre de saint Léon le Grand à Flavien, Éd. P. Roguet.

lundi 24 mars 2008

Dieu tient a nous (2)

Dieu tient à nous (2)

« Mon repas est prêt, dit-il aux hommes, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés, tout est prêt ; venez au repas de noce » (Matthieu 22, 4). Les invitations sons lancées. Tous devraient la recevoir avec joie et s'empresser de répondre à une telle faveur. Il s'agit d'un événement unique.
Or, contre toute attente, ils réagissent de façon irrationnelle : « Ils n'en tinrent aucun compte et s'en allèrent, l'un à son champ, l'autre à son commerce » (Matthieu 22, 5). Ils font passer les soucis temporels, (lire la suite) les occupations purement matérielles avant le bien de leur âme. Ils préfèrent un monde sans Dieu - qu'ils connaissent, et qui leur apporte bien des souffrances et des déceptions - à un monde avec Dieu - qu'ils ignorent, mais où tout est joie. Pire encore, « les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent » (Matthieu 22, 6). Ils n'hésiteront pas à tuer l'héritier lui-même quand il leur sera dépêché en dernier recours (cf. Luc 20, 14).
Dieu ne s'avoue pas vaincu, parce que l'Amour ne se satisfait pas d'un « non » et ne peut être refroidi ou diminué par ce « non ». C'est pour cela que Dieu avait multiplié les alliances et envoyé les prophètes. Maintenant, il a envoyé son propre Fils. Et il persiste à nous convoquer au « festin des noces de l'Agneau » : « Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives » (Matthieu 20, 10). Or, il va de soi que, pour être admis à participer à ce festin, il faut être habillé en conséquence. « Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce, et il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? L'autre garda le silence. alors le roi dit aux serviteurs : Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents » (Matthieu 22, 11-13).
Ce vêtement, c'est évidemment la propreté, la pureté de l'âme. Une âme qui a été purifiée de ses fautes dans le sacrement de la réconciliation et par son amour de la Croix du Christ. Notre Seigneur nous a appelés, alors même que notre âme est blessée, « ce qui est bien pire que d'être blessés dans votre corps, souligne saint Jean Chrysostome. N'abusez pas de la bonté de celui qui vous a invités et que personne ne vienne avec un vêtement sale. Il faut prendre un très grand soin du vêtement de l'âme » (Homélies sur Matthieu 69, 2).
Demandons à la très Sainte Vierge Marie l'humilité de nous reconnaître pécheurs, le goût de la pénitence et le désir de nous réconcilier avec le Seigneur pour être trouvés dignes de participer au banquet céleste en présence de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.

(fin)

dimanche 23 mars 2008

Dieu tient à nous (1)

Dieu tient à nous (1)

Dieu nous a créés par Amour, pour notre bien. Il ne peut accepter sans broncher que nous demeurions dans le péché, d'autant que nous ne sommes pas responsables du fait d'être pécheurs. Nous le sommes parce que nous recevons une nature humaine marquée par le péché originel de nos premiers parents, Adam et Ève. Aussi, dans son dessein éternel d'Amour, Dieu a-t-il prévu d'envoyer son Fils nous sauver, nous tirer de nos péchés pour nous élever à la condition d'enfants de Dieu et nous donner les moyens de (lire la suite) lutter victorieusement contre la tendance au mal qui est en nous. « Dans son grand amour pour l'humanité, dit saint Clément d'Alexandrie, Dieu vole au secours de l'homme comme la mère veille sur son oisillon lorsqu'il vient à tomber du nid ; et si le serpent la dévore, « la mère déploie ses ailes et le prend » (cf. Deutéronome, 32, 11) » (Protrepticus 10).
C'est bien ce que Dieu a fait et fait continuellement. Sous l'ancienne Alliance, il n'a cessé de choisir des serviteurs qu'il a comblés de grâces pour conduire son peuple : Abraham, Noé, Jacob, Isaac, Moïse, David, Salomon... Il n'a cessé d'envoyer des Juges, puis des Prophètes pour rappeler à son peuple les termes de l'Alliance qu'il s'était engagé par promesse à respecter et qu'il enfreignait si souvent.
Et, dans ces temps qui sont les derniers (Actes des apôtres 2, 17), il nous a parlé par son Fils (cf. Hébreux 1, 1), le Verbe de Dieu fait chair, c'est-à-dire devenu homme véritable sans cesse d'être Dieu, Jésus-Christ notre Seigneur. « C'est ainsi que Dieu recherche sa créature comme un père, il la soigne après la chute, il poursuit la bête sauvage - en qui nous devons voir le diable, appelé la « Bête » dans l'Apocalypse (cf. 11, 7) - en l'encourageant à revenir au nid » (saint Clément d'Alexandrie, Ibid.).
Ce nid, c'est le ciel, souvent décrit par l'image du banquet de noce. C'est l'exemple que Jésus prend dans ses paraboles. « Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités » (Matthieu 22, 1-3). Dieu nous veut avec lui. Il veut que nous soyons ses commensaux. Sa joie, je l'ai déjà rappelé sur ce blog, est de nous avoir avec lui, ce qui est propre à un père, et à un Père d'une excellence infinie comme c'est son cas. Il nous invite tous paternellement à fêter son Fils avec lui.

(à suivre...)

samedi 22 mars 2008

Dieu est Eternel (3)

Dieu est Éternel (3)

La foi elle-même est « déjà le commencement de la vie éternelle : « Tandis que dès maintenant nous contemplons les bénédictions de la foi, comme un reflet dans un miroir, c’est comme si nous possédions déjà les choses merveilleuses dont notre foi nous assure qu’un jour nous en jouirons » (saint Basile, Liber de Spiritu Sancto 15, 36) » (Catéchisme de l'Église catholique, n° 163). Les élus, ceux qui ont fait le bien et qui ont été jugés dignes d'entrer dans l'Amour de Dieu, seront éternellement semblables à Lui, puisqu'ils ont été créés à son image et à sa ressemblance (cf. Genèse 1, 27). « Nous célébrons l’Eucharistie (lire la suite) expectantes beatam spem et adventum Salvatoris nostri Jesu Christi (en attendant la bienheureuse espérance et l’avènement de notre Sauveur Jésus-Christ – Embolisme après le Notre Père ; cf. Tite 2, 13), en demandant « d’être comblés de ta gloire, dans ton Royaume, tous ensemble et pour l’éternité, quand Tu essuieras toute larme de nos yeux ; en Te voyant, Toi notre Dieu, tel que Tu es, nous Te serons semblables éternellement, et sans fin nous chanterons ta louange, par le Christ, notre Seigneur » (Missel Romain, prière eucharistique III, 116 : prière pour les défunts) » (Catéchisme de l'Église catholique, n° 1404).
Enfin « le mandat missionnaire du Seigneur a sa source ultime dans l’amour éternel de la Très Sainte Trinité : « De par sa nature, l’Église, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père » (concile Vatican II, décret Ad Gentes, n° 2). Et but dernier de la mission n’est autre que de faire participer les hommes à la communion qui existe entre le Père et le Fils dans leur Esprit d’amour (cf. Jean-Paul II, encyclique Redemptoris Mater, n° 23) » (ibid., n° 850).

vendredi 21 mars 2008

Dieu est Eternel (2)

Dieu est Éternel (2)

Déjà, au baptême, l'âme reçoit la grâce, qui est une participation à la vie de la Très Sainte Trinité, une anticipation de la gloire céleste. « Germe d’éternité qu’il porte en lui-même, irréductible à la seule matière » (concile Vatican II, constitution pastorale Gaudium et Spes, n° 18, § 1 ; cf. 14, § 2), « son âme (de l'homme) ne peut avoir son origine qu’en Dieu seul" (Catéchisme de l'Église catholique, n° 33). Au baptême, le « nom reçu est un nom d’éternité. Dans le royaume, (lire la suite) le caractère mystérieux et unique de chaque personne marquée du nom de Dieu resplendira en pleine lumière. « Au vainqueur,... je donnerai un caillou blanc, portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit" (Apocalypse 2, 17). « Voici que l’Agneau apparut à mes yeux ; il se tenait sur le mont Sion, avec cent quarante-quatre milliers de gens portant, inscrits sur le front, son nom et le nom de son Père » (Apocalypse 14, 1) » (ibid., n° 2159).
Mais le « principe du salut éternel » (Hébreux 5, 9) et dans le Sacrifice qu'il offre une fois pour toutes à son Père en vue de la rémission des péchés des hommes. « Le Christ est Seigneur de la vie éternelle. Le plein droit de juger définitivement les œuvres et les cœurs des hommes appartient à Lui en tant que Rédempteur du monde. Il a « acquis » ce droit par sa Croix. Aussi le Père a-t-il remis « le jugement tout entier au Fils » (Jean 5, 22 ; cf. Jean 5, 27 ; Matthieu 25, 31 ; Actes 10, 42 ; 17, 31 ; 2 Timothée 4, 1). Or, se trouve en Jésus-Christle Fils n’est pas venu pour juger, mais pour sauver ( cf. Jean 3, 17) et pour donner la vie qui est en lui (cf. Jean 5, 26). C’est par le refus de la grâce en cette vie que chacun se juge déjà lui-même (cf. Jean 3, 18 ; 12, 48), reçoit selon ses œuvres (cf. 1 Corinthiens 3, 12-15) et peut même se damner pour l’éternité en refusant l’Esprit d’amour (cf. Matthieu 12, 32 ; Hébreux 6, 4-6 ; 10, 26-31) » (ibid., n° 679).
Le jugement particulier qui intervient pour chaque être humain au soir de sa vie est irréformable : « Pour l'éternité, tes justes jugements » (Psaume 119, 160).

(à suivre...)

jeudi 20 mars 2008

Dieu est Eternel (1)


Dieu est Éternel (1)

Dieu est Éternel. Qu'est-ce à dire ? Qu'il ne connaît ni avant ni après, ni passé ni futur. Qu'il est donc toujours au présent. Avec cela, nous ne sommes guère avancés. À vrai dire, c'est un grand mystère. Nous ne pouvons donc en comprendre que quelques aspects. Mais il est d'autant plus difficile pour nous de percer ce mystère que nous sommes habitués à tout évaluer en fonction de critères spatio-temporels.
Or, Dieu « transcende le monde et l'histoire » (lire la suite) (Catéchisme de l'Église catholique, n° 212). C'est-à-dire qu'il est au-delà du monde créé et du déroulement de son existence. Qu'il en est également totalement indépendant. Nous le confessons dans la profession de foi ou Credo en tant que « Créateur du ciel et de la terre », autrement dit de tout ce qui existe en dehors de lui. Mais « eux périssent, Toi tu restes ; tous, comme un vêtement ils s'usent (...), mais Toi, tu es le même, sans fin sont tes années » (Psaume 102, 27-28). Alors qu'en Dieu il « n'existe aucun changement, ni l'ombre d'une variation » (Jacques 1, 17). « Il est « Celui qui est », depuis toujours et pour toujours, et c'est ainsi qu'Il demeure toujours fidèle à Lui-même et à ses promesses » (ibid.). C'est vraiment le Dieu créateur qui "a posé un commencement à tout ce qui existe en dehors de lui" (ibid., n° 290).
Dieu étant en trois Personnes, nous confessons l'éternité de chacune d'elles : « Éternel est le Père, éternel le Fils, éternel le Saint-Esprit » (symbole Quicumque, dit d'Athanase). En même temps, il faut ajouter que "Dieu est éternellement Père en relation à son Fils unique, qui réciproquement n'est Fils qu'en relation à son Père : « Nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, comme nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler » (Matthieu 11, 27) » (Catéchisme de l'Église catholique, n° 240). Le Christ est le « Verbe du Père éternel » (concile Vatican II, constitution dogmatique Dei Verbum, n° 13). L'Esprit Saint, qui est l'Esprit d'Amour du Père et du Fils, est, lui aussi, éternel. En effet, l'amour de Dieu « est éternel » (Isaïe 54, 8), « car les montagnes peuvent s'en aller et les collines s'ébranler, mais mon amour pour Toi ne s'en ira pas » (Isaïe 54, 10). « D'un amour éternel, je T'ai aimé ; c'est pourquoi je T'ai conservé ma faveur » (Jérémie 31, 3).

(à suivre...)

mercredi 19 mars 2008

Dieu a des choses à nous dire (2)


Dieu a des choses à nous dire (2)

Tout comme le Fils, l'Esprit Saint annonce la Parole que le Père nous adresse. Par eux, nous savons tout ce que Dieu a voulu nous faire connaître de lui et de ses desseins providentiels. La Révélation est complète avec la mort du dernier des apôtres, saint Jean. L'Église est la gardienne du « dépôt de la foi », qu'elle transmet dans son intégralité et son intégrité, guidée en cela par l'assistance du Saint-Esprit. En même temps, l'Esprit Saint travaille dans l'âme (lire la suite) de chacun d'entre nous. Si nous nous mettons à son écoute, il nous fait comprendre le sens des paroles et des actions du Seigneur.
À nous de découvrir alors ce que Dieu a à nous dire, à le laisser nous expliquer le sens de la vie et des événements, comment l'Évangile s'applique à notre vie. Pour cela, nous pouvons suivre le conseil de saint Josémaria, un conseil qui s'appuie sur une expérience longue et concluante : « En ouvrant le Saint Évangile, songe que ce qui y est rapporté — les œuvres et les paroles du Christ —, tu ne dois pas seulement le savoir, mais le vivre. Tout, chacun des points relatés a été recueilli dans le moindre détail, pour que tu l'incarnes dans les circonstances concrètes de ton existence.
— Le Seigneur nous a appelés, nous autres catholiques, pour que nous Le suivions de près et, dans ce Texte Saint, tu découvriras la Vie de Jésus. Mais en outre tu dois y découvrir ta propre vie.
Toi aussi, tu apprendras à demander, plein d'Amour comme l'Apôtre : "Seigneur, que veux-tu que je fasse:..." — La volonté de Dieu ! c'est ce que tu entends de façon très nette au fond de ton âme.
Eh bien, prends l'Évangile tous les jours, et lis-le, vis-le comme une norme à suivre. — C'est ainsi qu'ont procédé les saints » (saint Josémaria, Forge, n° 754).

(fin)

mardi 18 mars 2008

Dieu a des choses à nous dire (1)

Dieu a des choses à nous dire (1)

« J'aurais encore bien des choses à vous dire » (Jean 16, 12). Cette affirmation de Jésus à ses apôtres au soir du Jeudi Saint, au terme de trois années environ passées avec eux, a de quoi surprendre. Pourquoi, s'il a encore beaucoup à leur dévoiler, ne pas prendre plus de temps, ne pas accorder un délai supplémentaire avant de mourir sur la Croix ? Pourquoi ne pas avoir consacré plus de temps (lire la suite) à les former au lieu de passer des jours entiers à parler aux foules et à guérir tous les malades qu'on lui présentait ? N'aurait-il pas été préférable, plus raisonnable, d'assurer l'avenir en instruisant plus à fond des vérités essentielles ceux qui étaient appelés à prolonger sa mission évangélisatrice ?
De notre point de vue sans doute. Mais bien souvent le Seigneur pourrait nous adresser le même reproche qu'à Pierre : « Tes sentiments ne sont pas ceux de Dieu, mais ceux d'un homme » (Matthieu 16, 23).
Et puis quand Jésus affirme qu'il aurait encore beaucoup à dire, il précise que s'il ne le fait pas, c'est que « vous ne pourriez pas les porter présentement » (Jean 16, 12). Ce serait trop difficile à comprendre, vous n'auriez par la force pour faire face. En revanche, « quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité totale » (Jean 16, 13). C'est donc lui qui poursuivra l'instruction des apôtres, indépendamment du fait qu'après sa Résurrection, le Seigneur leur est apparu à de nombreuses reprises, leur montrant que « ce sont là mes paroles, telles que je vous les ai dites, quand j'étais encore avec vous : il fallait que s'accomplit tout ce qui est écrit à mon sujet dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes » (Lc 24, 44).
Il avait précisé : « Ce n'est pas de mon propre chef que j'ai parlé, mais le Père qui m'a envoyé, c'est lui qui m'a prescrit ce que j'avais à dire et à faire entendre » (Jean 12, 49). Donc, si Jésus arrête là son instruction, c'est qu'il a transmis à ses apôtres tout ce que le Père l'avait chargé de dire, quand bien même il reste beaucoup à dire. L'Esprit, « que mon Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et vous remettra en mémoire tout ce que moi je vous ai dit » (Jean 14, 26). C'est pourquoi Jésus affirme encore de l'Esprit qu'il « dira tout ce qu'il a entendu, et il vous annoncera l'avenir » (Jean 16, 13).

(à suivre...)

lundi 17 mars 2008

Dieu Sauveur (2)

Dieu Sauveur (2)

Jésus n'avait pourtant pas ménagé sa peine. Il est sans doute déçu de cet accueil plus que glacial, et il en annonce les conséquences, car « qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui n'amasse pas avec moi disperse » (Matthieu 12, 30). Prévoyant ce genre de réaction à l'annonce de l'Amour de Dieu, Jésus avait donné cette consigne à ses apôtres : « La ville dont les gens ne vous recevraient pas, sortez-en et secouez sur eux, en témoignage, la poussière de vos pieds » (Luc 9, 5).
C'est la raison pour laquelle (lire la suite) il annonce à Jérusalem que « vont venir sur toi des jours où tes ennemis établiront contre toi un retranchement, t'investiront et te serreront de toute part ; ils t'abattront à terre, ainsi que tes enfants (qui sont) chez toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le moment où tu as été visitée » (Luc 19, 43-44). Triste situation, mais que Jésus n'a pas à se reprocher. « J'ai voulu, mais les hommes n'ont pas voulu ». « Parfois, en présence de ces âmes endormies, il naît en nous le désir fou de crier, de les secouer, de les faire réagir, pour qu’elles émergent de cette terrible torpeur dans laquelle elles se trouvent plongées. Il est si triste de les voir marcher à l’aveuglette, sans trouver leur chemin ! — Comme je comprends les pleurs de Jésus sur Jérusalem, fruit de sa charité parfaite… » (saint Josémaria, Sillon, n° 210).
Il faut parler cependant, sans se soucier de l'écho que nos paroles peuvent susciter : Dieu reconnaîtra les siens. En effet, « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. » Comment donc invoquera-t-on celui en qui on n'a pas encore cru ? Et comment croira-t-on en celui dont on n'a pas entendu parler ? Et comment en entendra-t-on parler s'il n'y a pas de prédicateur ? Et comment seront-ils prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés ? selon qu'il est écrit : « Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent le bonheur ! » (Romains 10, 13-15).
Je termine en rappelant que Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4), ce qui ne préjuge pas de la libre réponse des hommes. Telle est sa volonté salvifique : universelle, absolue, parfaite et éternelle, bien qu'accomplie dans le temps. Mais la situation que saint Jean déplore dans le prologue de son Évangile se produira toujours : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement en Dieu. Tout par lui a été fait, et sans lui n'a été fait rien de ce qui existe. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue. (...) La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le monde. Il ( le Verbe) était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l'a pas connu. Il vint chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu » (Jean 1, 1-5.9-11).

(fin)

dimanche 16 mars 2008

Dieu Sauveur (1)


Dieu Sauveur (1)

« Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs au repentir » (Luc 6, 32), affirme Jésus. « Le Fils de l'homme est venu rechercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19, 10), ce qui ne pouvait nullement prétendre à l'amour de Dieu par suite de l'obstacle imposant du péché originel qui marque notre nature humaine. Cette volonté de Dieu de sauver l'homme est un enseignement constant, destiné à nous donner courage (lire la suite) et avoir recours aux aides spirituelles que Dieu a mises à notre disposition : sa grâce, les sacrements, sa Parole. « Je ne veux pas la mort de l'impie, mais que l'impie se détourne de sa voie et qu'il vive » (Ézéquiel 33, 11), c'est-à-dire que Dieu veut que l'impie se convertisse et n'aille pas en enfer mais au ciel, avec lui. « Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui », affirme le Christ (Jean 3, 17).
Saint Josémaria aimait souligner cet aspect qui remplit notre vie d'optimisme : Jésus-Christ « ne vient pas nous condamner, nous jeter à la face notre indigence, notre mesquinerie : Il vient nous sauver, nous pardonner, nous excuser, nous apporter la paix et la joie. Si nous acceptons cette merveilleuse relation entre le Seigneur et ses enfants, nos cœurs changeront nécessairement. Nous découvrirons, sous nos yeux, un panorama absolument nouveau, tout en relief, en profondeur et en lumière » (Quand le Christ passe, n° 165). Le panorama du monde qui se trouve bien souvent comme « des brebis sans pasteur » (Marc 6, 34) et qui a besoin que, imitant Jésus, nous nous mettions « à les enseigner longuement » (Ibid.).
Rien de ce qui concerne le monde ne peut nous laisser indifférent, surtout dans la perspective du salut qu'il faut apporter à chaque âme : toute personne doit recevoir l'annonce de l'Évangile. « Celui qui demeure reclus dans la citadelle de son égoïsme ne descendra pas sur le champ de bataille. Cependant, s’il soulève les portes de force et laisse entrer le Roi de paix, il sortira avec lui pour combattre la misère qui obscurcit nos yeux et insensibilise notre conscience » (saint Josémaria, Ibid., n° 82).
Certes, tous ne sont pas disposés à écouter une Bonne Nouvelle qui leur demande de se mettre au diapason de l'Amour de Dieu. Ils préfèrent leur misère humaine et morale. « Il leur est arrivé ce que dit un proverbe avec beaucoup de vérité : « Le chien est retourné à son propre vomissement » et : « La truie lavée s'est vautrée dans le bourbier » (2 Pierre 2, 22). Nous ne restons pas indifférents face à ce rejet de Dieu de la part de tant d'hommes et de femmes, tout comme Jésus-Christ n'est pas davantage resté insensible face à ceux qui ont refusé de l'accueillir. Un jour qu'il approchait de Jérusalem, « voyant la ville, il pleura sur elle, disant : « Si, en ce jour, tu avais connu, toi aussi, ce qui était pour (ta) paix ! Mais maintenant cela demeure caché à tes yeux » (Luc 19, 41-42).
(à suivre...)

samedi 15 mars 2008

Saint Joseph

Saint Joseph

La solennité de saint Joseph tombant cette année pendant la Semaine Sainte, elle a été avancée au 15 mars. Voici ce que saint Bernardin de Sienne disait de ce saint patriarche :
« C'est une loi générale, dans la communication de grâces particulières (lire la suite) à une créature raisonnable : lorsque la bonté divine choisit quelqu'un pour une grâce singulière ou pour un état sublime, elle lui donne tous les charismes nécessaires à sa personne ainsi qu'à sa fonction, et qui augmentent fortement sa beauté spirituelle.
Cela s'est tout à fait vérifié chez saint Joseph, père présumé de notre Seigneur Jésus-Christ, et véritable époux de la Reine du monde et Souveraine des anges. Le Père éternel l'a choisi pour être le nourricier et le gardien fidèle de ses principaux trésors, c'est-à-dire de son Fils et de son épouse ; fonction qu'il a remplie très fidèlement. C'est pourquoi le Seigneur a dit : Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître.
Si tu compares Joseph à tout le reste de l'Église du Christ, n'est-il pas l'homme particulièrement choisi, par lequel et sous le couvert duquel le Christ est entré dans le monde de façon régulière et honorable ? Si donc toute la sainte Église est débitrice envers la Vierge Marie parce que c'est par elle qu'elle a pu recevoir le Christ, après elle, c'est à saint Joseph qu'elle doit une reconnaissance et un respect sans pareil.
Il est en effet la conclusion de l'Ancien Testament : c'est en lui que la dignité des patriarches et des prophètes reçoit le fruit promis. Lui seul a possédé en réalité ce que la bonté divine leur avait promis.
Certes, il ne faut pas en douter : l'intimité, le respect, la très haute dignité que le Christ pendant sa vie humaine portait à Joseph, comme un fils à l'égard de son père, il n'a pas renié tout cela au ciel, il l'a plutôt enrichi et achevé. Aussi le Seigneur ajoute-t-il bien : Entre dans la joie de ton maître. Bien que la joie de l'éternelle béatitude entre dans le cœur, le Seigneur a préféré dire : Entre dans la joie de ton maître, pour faire comprendre mystérieusement que cette joie ne sera pas seulement en lui, mais qu'elle l'enveloppera et l'absorbera de tous côtés, qu'elle le submergera comme un abîme infini.
Souviens-toi de nous, bienheureux Joseph, intercède par le secours de ta prière auprès de ton Fils présumé ; rends-nous propice également la bienheureuse Vierge, ton épouse, car elle est la mère de celui qui, avec le Père et le Saint-Esprit, vit et règne pour les siècles sans fin. Amen."

vendredi 14 mars 2008

Clement d'Alexandrie (3)


Clément d'Alexandrie (3)

Deux vertus enrichissent en particulier l'âme du « véritable gnostique ». La première est la liberté vis-à-vis des passions (apátheia) ; l'autre est l'amour, la véritable passion, qui assure l'union intime avec Dieu. L'amour donne la paix parfaite, (lire la suite) et met le « véritable gnostique » en mesure d'affronter les plus grands sacrifices, même le sacrifice suprême, à la suite du Christ, et le fait monter degré après degré jusqu'au sommet des vertus. Ainsi, l'idéal éthique de la philosophie antique, c'est-à-dire la libération vis-à-vis des passions, est redéfini et conjugué avec amour par Clément, dans le processus incessant d'assimilation à Dieu.
De cette façon, l'Alexandrin crée la deuxième grande occasion de dialogue entre l'annonce chrétienne et la philosophie grecque. Nous savons que saint Paul à l'Aréopage, à Athènes,Clément est né, avait effectué la première tentative de dialogue avec la philosophie grecque - qui avait été en grande partie un échec -, mais ils lui avaient dit : « Nous t'écouterons une autre fois. » À présent, Clément reprend ce dialogue et l'ennoblit au plus haut degré dans la tradition philosophique grecque. Comme l'a écrit mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II dans l'Encyclique Fides et ratio, Clément d'Alexandrie parvient à interpréter la philosophie comme « une instruction propédeutique à la foi chrétienne » (n° 38). Et, de fait, Clément est arrivé au point de soutenir que Dieu aurait donné la philosophie aux Grecs « comme un Testament qui leur est propre » (Strom. 6, 8, 67, 1). Pour lui, la tradition philosophique grecque, presque comme la Loi pour les Juifs, est un lieu de « révélation », ce sont deux courants qui, en définitive, vont vers le Logos lui-même. Ainsi, Clément continue à indiquer avec décision le chemin de celui qui entend « donner raison » de sa propre foi en Jésus Christ. Il peut servir d'exemple aux chrétiens, aux catéchistes, aux théologiens de notre époque, à qui Jean-Paul II, dans la même encyclique, recommandait de « reprendre et mettre en valeur le mieux possible la dimension métaphysique de la vérité afin d'entrer ainsi dans un dialogue critique et exigeant avec la pensée philosophique contemporaine ».
Nous concluons, en faisant nôtres quelques expressions de la célèbre « prière au Christ Logos », avec laquelle Clément conclut son Pédagogue. Il supplie ainsi : « Sois propice à tes fils » ; « Accorde-nous de vivre dans ta paix, d'être transférés dans ta ville, de traverser sans en être submergés les flux du péché, d'être transportés au calme auprès de l'Esprit Saint et de la Sagesse ineffable : nous qui, nuit et jour, jusqu'au dernier jour, chantons un chant d'action de grâce à l'unique Père,... au Fils pédagogue et maître, avec l'Esprit Saint. Amen ! » (Ped. 3, 12, 101).

Benoît XVI, Audience générale, 18 avril 2007.

jeudi 13 mars 2008

Clement d'Alexandrie (2)

Clément d'Alexandrie (2)

Dans son ensemble, la catéchèse clémentine accompagne pas à pas le chemin du catéchumène et du baptisé pour que, avec les deux « ailes » de la foi et de la raison, ils parviennent à une profonde connaissance de la Vérité, qui est Jésus-Christ, le Verbe de Dieu. Seule cette connaissance de la personne, qui est la vérité, est la « véritable gnose », l'expression grecque qui signifie connaissance, intelligence. C'est l'édifice construit par la raison sous l'impulsion d'un principe surnaturel. (lire la suite) La foi elle-même édifie la véritable philosophie, c'est-à-dire la véritable conversion dans le chemin à prendre dans la vie. Donc, la « gnose » authentique est un développement de la foi, suscité par Jésus-Christ dans l'âme qui est unie à Lui. Clément distingue ensuite deux degrés de la vie chrétienne. Premier degré : les chrétiens croyants, qui vivent la foi de manière commune, mais toujours ouverte aux horizons de la sainteté. Et ensuite, le deuxième degré : les « gnostiques », c'est-à-dire ceux qui conduisent déjà une vie de perfection spirituelle ; dans tous les cas, le chrétien doit partir de la base commune de la foi, à travers un chemin de recherche, il doit se laisser guider par le Christ, et ainsi parvenir à la connaissance de la Vérité et des vérités qui forment le contenu de la foi. Cette connaissance - nous dit Clément - devient dans l'âme une réalité vivante : ce n'est pas seulement une théorie, c'est une force de vie, c'est une union d'amour transformatrice. La connaissance du Christ n'est pas seulement pensée, mais elle est amour qui ouvre les yeux, transforme l'homme et crée la communion avec le Logos, avec le Verbe divin, qui est vérité et vie. Dans cette communion, qui est la parfaite connaissance et qui est amour, le chrétien parfait atteint la contemplation, l'unification avec Dieu.
Clément reprend en fin de compte la doctrine selon laquelle la fin ultime de l'homme est de devenir semblable à Dieu. Nous sommes créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, mais cela est aussi un défi, un chemin ; en effet, le but de la vie, la destination ultime, est vraiment de devenir semblable à Dieu. Cela est possible grâce à la connaturalité avec Lui, que l'homme a reçue au moment de la création, en vertu de laquelle il est déjà en lui-même - déjà en lui-même - l'image de Dieu. Cette connaturalité permet de connaître les réalités divines, auxquelles l'homme adhère tout d'abord par foi et qui, à travers la foi vécue, la pratique de la vertu, peut croître jusqu'à la contemplation de Dieu. Ainsi, dans le chemin de la perfection, Clément ajoute à l'exigence morale autant d'importance qu'il en attribue à l'exigence intellectuelle. Les deux vont de pair, car on ne peut pas connaître sans vivre et on ne peut pas vivre sans connaître. L'assimilation à Dieu et sa contemplation ne peuvent être atteintes à travers la seule connaissance rationnelle: dans ce but, une vie selon le Logos est nécessaire, une vie selon la vérité. Par conséquent, les bonnes œuvres doivent accompagner la connaissance intellectuelle comme l'ombre suit le corps.

(à suivre...)

mercredi 12 mars 2008

Clement d'Alexandrie (1)

Clément d'Alexandrie (1)

Après avoir parlé des douze apôtres, puis des disciples des apôtres, nous étudions avec Benoît XVI les grandes personnalités de l'Église naissante, de l'Église antique. Ayant parlé de saint Irénée de Lyon, « nous parlons aujourd'hui de Clément d'Alexandrie, un grand théologien qui naquit probablement à Athènes vers le milieu du deuxième siècle. Il hérita d'Athènes (lire la suite) cet intérêt prononcé pour la philosophie, qui devait faire de lui l'un des hérauts du dialogue entre foi et raison dans la tradition chrétienne. Encore jeune, il rejoignit Alexandrie, la « ville symbole » de ce carrefour fécond entre différentes cultures qui caractérisa l'époque hellénistique. Il y fut le disciple de Pantène, jusqu'à lui succéder dans la direction de l'école catéchétique. De nombreuses sources attestent qu'il fut ordonné prêtre. Au cours de la persécution de 202-203, il quitta Alexandrie pour se réfugier à Césarée, en Cappadoce, où il mourut vers 215.
Les œuvres les plus importantes qui nous restent de lui sont au nombre de trois : le Protreptique, le Pédagogue et les Stromates. Même s'il ne semble pas que cela fût l'intention originelle de l'auteur, le fait est que ces écrits constituent une véritable trilogie, destinée à accompagner de manière efficace la maturation spirituelle du chrétien. Le Protreptique, comme le dit le mot lui-même, est une « exhortation » adressée à celui qui commence et cherche le chemin de la foi. Mieux encore, le Protreptique coïncide avec une Personne : le Fils de Dieu, Jésus Christ, qui se fait l'« exhortateur » des hommes, afin qu'ils entreprennent de manière décidée le chemin vers la Vérité. Jésus-Christ lui-même se fait ensuite Pédagogue, c'est-à-dire l'« éducateur » de ceux qui, en vertu du Baptême, sont désormais devenus des fils de Dieu. Enfin, Jésus Christ est aussi Didascale, c'est-à-dire le « Maître » qui propose les enseignements les plus profonds. Ceux-ci sont rassemblés dans la troisième œuvre de Clément, les Stromates, mot grec qui signifie « tapisseries » : il s'agit, en effet, d'une composition non systématique de thèmes divers, fruit direct de l'enseignement habituel de Clément.

(à suivre...)

mardi 11 mars 2008

Le « Notre Pere » (2)

Le « Notre Père » (2)

L’Apôtre écrit : « Vous avez vaincu le Mauvais » ! C’est vrai. Il faut toujours remonter aux racines du mal et du péché dans l’histoire de l’humanité et de l’univers, comme le Christ est remonté à ces mêmes racines par le mystère pascal de sa Croix et de sa Résurrection. Il ne faut pas avoir peur d’appeler par son nom le premier artisan du mal : le Mauvais. La tactique qu’il a appliquée et qu’il applique consiste à ne pas se révéler, (lire la suite) afin que le mal, répandu par lui depuis les origines, se développe par l’action de l’homme lui-même, par les systèmes et par les relations entre les hommes, entre les classes et entre les nations... pour qu’il devienne toujours plus le péché « structurel » et pour qu’on puisse d’autant moins l’identifier comme le « péché personnel ». Donc pour que l’homme se sente en un sens « libéré » du péché, et qu’il soit en même temps toujours plus plongé dans ce péché.
L’Apôtre dit : « Jeunes gens, vous êtes forts » : il faut seulement que « la Parole de Dieu demeure en vous ». Vous êtes donc forts, et vous pouvez ainsi rejoindre les mécanismes cachés du mal et ses racines, et ainsi vous réussirez progressivement à changer le monde, à le transformer, à le rendre plus humain, plus fraternel – et en même temps, à en faire davantage le monde de Dieu. En effet, on ne peut couper le monde de Dieu ni l’opposer à Dieu dans le cœur de l’homme. Et on ne peut pas couper l’homme de Dieu ni l’opposer à Dieu. Cela serait contre la nature du monde et contre la nature de l’homme – contre la vérité elle-même qui constitue toute la réalité! En vérité le cœur de l’homme est inquiet, jusqu’à ce qu’il se repose en Dieu. Cette parole du grand Augustin ne perdra jamais son actualité » (
Jean-Paul II, Lettre aux jeunes Dilecti amici, n° 15).

(fin)

lundi 10 mars 2008

Le « Notre Pere » (1)

Le « Notre Père » (1)

Le « Notre Père » est la principale prière des chrétiens. Nous l'avons reçue directement de Dieu, quand Jésus-Christ, en réponse à ses apôtres qui lui demandaient de leur apprendre à prier, le leur a enseigné (cf. Luc 11, 1-4). Voici quelques réflexions du Serviteur de Dieu Jean-Paul II sur cette prière, dans sa Lettre aux jeunes Dilecti amici (n° 15) : « Si donc vous portez en vous le désir de la fraternité, cela veut dire que « la Parole de Dieu demeure en vous ». (lire la suite) La doctrine que le Christ nous a donnée et qu’il a justement nommée la « Bonne Nouvelle », demeure en vous. Et elle est sans cesse sur vos lèvres, ou du moins elle est enracinée dans vos cœurs, la prière du Seigneur qui commence par les mots « Notre Père ». Cette prière, tandis qu’elle révèle le Père, confirme en même temps que les hommes sont frères – et elle s’oppose par tout ce qu’elle contient à tous les projets conçus selon un principe de lutte de l’homme contre l’homme sous quelque forme que ce soit. La prière du « Notre Père » éloigne les cœurs humains de l’inimitié, de la haine, de la violence, du terrorisme, des discriminations, des situations où la dignité humaine et les droits humains sont bafoués.
L’Apôtre écrit que vous, les jeunes, vous êtes forts du message divin : du message qu’exprime l’Évangile du Christ et qui se résume dans la prière du « Notre Père ». Oui, vous êtes forts de cet enseignement divin, vous êtes forts de cette prière. Vous êtes forts, parce que cette prière met en vous l’amour, la bienveillance, le respect de l’homme, de sa vie, de sa dignité, de sa conscience, de ses convictions et de ses droits. Si « vous connaissez le Père », vous êtes forts de la puissance même de la fraternité humaine.
Vous êtes forts aussi pour le combat, non pour le combat contre l’homme, au nom de quelque idéologie ou pratique coupée des racines mêmes de l’Évangile, – mais forts pour le combat contre le mal, contre le vrai mal, contre tout ce qui offense Dieu, contre toute injustice et toute exploitation, contre toute fausseté et tout mensonge, contre tout ce qui blesse et humilie, contre tout ce qui profane la vie en commun et les rapports humains, contre tout crime qui porte atteinte à la vie, contre tout péché.

(à suivre...)

dimanche 9 mars 2008

Dieu est Amour (2)

Dieu est Amour (2)

L’homme vient de Dieu, qui l’a créé (pour chacun, il crée une âme), et, à l’aide de la grâce que le Christ lui donne, se dirige vers Dieu, du moins est appelé à tendre vers lui, en l’aimant et le servant sur terre, pour l’adorer et le glorifier éternellement au ciel. « À l’amour doit répondre l’amour » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 59). Toute la vie devrait donc être marquée par l’amour, y compris le travail quotidien : (lire la suite) « Il convient donc de ne pas oublier que la dignité du travail se fonde sur l’Amour », écrit saint Josémaria, qui ajoute que « le travail naît de l’amour, manifeste l’amour et s’ordonne à l’amour » (Ibid. n° 48). De plus « l’amour obtient le pardon d’une masse de péchés » (1 Pierre 4, 8), comme nous pouvons le voir dans le cas de Marie-Madeleine : « Ses nombreux péchés lui sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour » (Luc 7, 47).
Le bienheureux Raymond Lulle (1235-1315) exprime admirablement bien cet itinéraire de la vie chrétienne dans son Livre de l’ami et de l’aimé. Il montre que l’amour est l’élément moteur de notre vie. Nous existons par Amour gratuit de Dieu, et nous sommes appelés à retourner à lui, objectif ultime de notre vie, tout en menant celle-ci sous le regard amoureux et en compagnie du Dieu un et trinitaire. Voici ce que dit notre auteur :
« On demande à l’ami de qui il était. Il répondit : D’amour.
— De qui es-tu ? — D’amour.
— Qui t’a engendré ? — L’amour.
— Où es-tu né ? — En l’amour.
— Qui t’a nourri ? — L’amour.
— De quoi vis-tu ? — D’amour.
— Quel est ton nom ? — Amour.
— D’où viens-tu ? — De l’amour.
— Où vas-tu ? — À l’amour.
— Où demeures-tu ? — En l’amour. »

(fin)

samedi 8 mars 2008

Dieu est Amour (1)

Dieu est Amour (1)

C’est le titre de la première encyclique du pape Benoît XVI, tirée de la première épître ou lettre de sain Jean. C’est le résumé de toute la foi chrétienne et le moteur de la vie. « Je connais les projets que j’ai projetés pour vous — oracle de Yahvé —, projets de bonheur et non de malheur » (Jérémie, 29, 11). « Et nous, nous connaissons l’amour que Dieu a pour nous et nous croyons. Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui » (1 Jean 4, 16). « Et ce à quoi nous reconnaissons (lire la suite) qu’il demeure en nous, c’est l’Esprit qu’il nous a donné »(1 Jean 3, 24).
Dieu est un Dieu d’Amour débordant — il est infini — au point, pour parler selon notre langage, qu’il éprouve comme le « besoin » de se communiquer à d’autres qu’à lui-même, c’est-à-dire en dehors de la Trinité. Il crée un monde matériel et un monde spirituel — les anges et les hommes — pour qu’ils participent, chacun selon sa nature, à sa joie et à son Amour.
Sachant que l’homme enfreindrait ses commandements, il envoie son Fils pour le rétablir dans l’amour et l’harmonie du début. Et connaissant la faiblesse congénitale et persistante de l’homme et sa difficulté à vivre des fruits de la Rédemption acquis au prix du Sang versé par le christ sur la Croix, avec son Fils il envoie leur Esprit Saint, qui est précisément l’Esprit d’Amour, l’Amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père, et ils le chargent de sanctifier continuellement les hommes. Toute la vie humaine naît donc, se développe et grandit dans un climat d’amour.
L’Amour gratuit de Dieu se manifeste par la Création, attribuée à Dieu le Père, par l’Incarnation, c’est-à-dire la venue de Dieu le Fils qui devient vrai homme à Noël et qui réalise l’œuvre de notre Rédemption en mourant sur la Croix pour nos péchés, et l’envoi de Dieu l’Esprit Saint, qui aide à notre sanctification.
« Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère, je ne détruirai plus Israël, car je suis Dieu, et non pas un homme : au milieu de vous je suis le Dieu saint » (Osée 11, 9). Le pape Benoît XVI comme ce texte sacré dans son encyclique Dieu est amour : « L’amour passionné de Dieu pour son peuple — pour l’homme — est en même temps un amour qui pardonne. Il est si grand qu’il se retourne Dieu contre lui-même, son amour contre sa justice. Le chrétien voit déjà poindre là, de manière voilée, le mystère de la Croix : Dieu aime tellement l’homme que, en refaisant homme lui-même, il le suit jusqu’à la mort et il réconcilie de cette manière justice et amour » (n° 10).

(à suivre)

vendredi 7 mars 2008

Dieu est Pere (3)

Dieu est Père (3)

Le dynamisme de la filiation divine, qui est une tension vers l'au-delà, vers la sainteté, vers l'obtention du bonheur éternel, se vit également sur terre en ce sens que « nous devons nous comporter en enfants de Dieu avec les enfants de Dieu » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 36). Qu'est-ce à dire ? Faire découvrir aux autres qu'ils sont, eux aussi, des enfants de Dieu, que Dieu les aime d'un amour de miséricorde, que Dieu est leur Père, « lent à la colère et prompt à pardonner » (Jacques 1, 17). (lire la suite) C'est sans doute le meilleur cadeau que nous pouvons leur faire, car il les amènera, comme dans notre cas, à adopter une attitude cohérente avec cette merveilleuse condition, qui nous a été gratuitement accordée par Dieu, et donc - ce sera souvent nécessaire - à se confesser pour retrouver la joie de l'enfant qui a fait la paix avec son Père.
L'esprit de filiation envers Dieu nous pousse à avoir un cœur de père et de mère envers autrui. Un père et une mère sont prêts à passer par-dessus bien des espiègleries et des impertinences de leurs enfants s'ils voient qu'ils font des efforts et qu'ils les aiment malgré tout. Autrement dit, nous devons agir envers les autres avec la patience et la compréhension à la fois d'un père et d'une mère, qui cherchent le bien de leur enfant et le forment pour qu'il marche sur le bon chemin, qui est d'abord celui d'un chrétien fidèle à sa foi. Cela n'exclut pas, bien entendu, de dire ce qu'il faut dire, avec force d'âme et délicatesse, en temps opportun, pour aider à rectifier, pour orienter, voire même pour porter celui qui est momentanément trop faible pour se débrouiller tout seul.
C'est d'ailleurs, pour nous aussi, dans les moments où la vie devient plus difficile, où l'orgueil se fait davantage sentir avec ses revendications de fausse liberté, qui n'est que du libertinage, qu'il faut nous répéter : « Dieu est mon Père, je suis son enfant », pour l'entendre nous dire : « Tu es mon fils, c'est moi qui t'ai engendré aujourd'hui » (Psaume 2, 7).
Apprenons donc aux autres qu'ils sont enfants de Dieu, pour qu'ils fassent à leur tour l'expérience de la promesse de Jésus : « Si quelqu'un m'aime, mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure » (Jean 14, 23).

(fin)

jeudi 6 mars 2008

Dieu est Pere (2)

Dieu est Père (2)

Nous sommes enfants de Dieu ! C'est une réalité surprenante et consolante à la fois, dont saint Jean n'en finissait pas de se réjouir : « Voyez quel immense amour le Père nous a témoigné pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ; et nous le sommes en effet. (...) Mes biens-aimés, nous sommes dès maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté » (1 Jean 3, 1-2). Une réalité qui marque profondément notre vie ici-bas : savoir que nous sommes enfants de Dieu entraîne un style de vie chrétien, (lire la suite) pousse à faire ce qui plaît à Dieu notre Père (cf. Jean 8, 29), et ce qui lui plaît, ce qu'il attend de chacun de nous, c'est, en définitive, que nous soyons saints (cf. 1 Thessaloniciens 4, 3).
Or, nous ne devenons pas saints d'un coup, mais par un effort soutenu, sans cesse renouvelé, en grandissant dans l'amour de Dieu, et en revenant à lui quand nous nous en sommes éloignés peu ou prou par notre faute. C'est pourquoi « les énergies nouvelles que le chrétien a reçues, il doit les utiliser. Ce qu'il est devenu lui impose des devoirs. Sa nouvelle condition d'enfant de Dieu n'a rien de statique : elle réclame des options personnelles, des efforts constants, la lutte contre le mal. Demeurer dans l'amour et dans la doctrine que le Christ a apportée aux hommes ou encore demeurer dans l'Église, ce n'est que la manifestation extérieure de l'union intime de l'âme avec Dieu. C'est dans la communauté ecclésiale que s'incarne et devient visible la koinônia (communion) divine des chrétiens. Enfin celui qui demeure en Dieu « demeure éternellement » (1 Jean 2, 17), ce qui correspond à la possession permanente de la vie éternelle : de par sa nature même la communion du chrétien à la vie divine est destinée à durer toujours » (A. Feuillet, Le Mystère de l'amour divin dans la théologie johannique, Paris, 1972, p. 97).
Autrement dit, la filiation divine est quelque chose de dynamique : « La filiation divine est devenue un concept dynamique : nous ne sommes pas encore de manière achevée des fils de Dieu, mais nous devons le devenir et l'être de plus en plus à travers notre communion de plus en plus profonde avec Jésus. Être fils, c'est suivre le Christ. La parole qui qualifie Dieu comme Père devient alors pour nous un appel : vivre comme « fils » et « fille » (J. Ratzinger (Benoît XVI), Jésus de Nazareth, Paris, 2007, p. 161).

(à suivre...)