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mercredi 30 avril 2008

Route mariale Lourdes – Torreciudad - Saragosse

Route mariale Lourdes – Torreciudad - Saragosse

Depuis quelque années la route mariale Lourdes-Saragosse s'est enrichie d'une étape supplémentaire. En effet, le sanctuaire de Notre-Dame de Torreciudad a vu le jour dans l'Aragon, sous l'impulsion de saint Josémaria Escriva, fondateur de l'Opus Dei. Torreciudad est un sanctuaire marial roman du haut Aragon qui remonte au XIe siècle. Toutefois il n'en subsistait qu'un petite chapelle, d'accès difficile, abritant une Vierge noire.
Saint Josémaria, né dans la ville voisine de Barbastro, fut conduit par ses parents à Torreciudad (lire la suite) à l'âge de deux ans en pèlerinage d'action de grâces, car la Sainte Vierge sous la protection de laquelle sa mère l'avait placé alors qu'il était atteint d'une maladie dont, de l'avis des médecins, il devait mourir, l'avait maintenu en vie. C'est pour remercier Marie que saint Josémaria décida de faire édifier le nouveau sanctuaire, qui a été ouvert au culte le 7 juillet 1975. Le fondateur de l'Opus Dei attendait de ce lieu « des fruits spirituels : les grâces que le Seigneur voudra bien accorder à ceux qui viendront honorer sa Mère bénie dans son sanctuaire. Voilà les miracles que j'attends : la conversion et la paix pour beaucoup d'âmes ». C'est dans cette intention qu'il fit construire les chapelles des confessionnaux et demanda que tout soit fait pour créer une atmosphère de prière et de recueillement.
Le sanctuaire de Torreciudad présente une architecture religieuse comtemporaine dans un environnement de paix. L'architecte Héliodore Dols a conçu le projet et dirigé les travaux (1970-1975), avec la collaboration des architectes et Jacques Sols
et Raymond Mondejar. L'ensemble est une véritable réussite architecturale, aux caractéristiques spécifiques. On remarquera dans la nef le retable en albâtre du sculpteur Jean Mayné et, dans la chapelle du Saint-Sacrement, le Christ en bronze doré de Pascal Sciancalepore. Les quatre chapelles de la crypte sont consacrées à la Sainte Famille, à Notre-Dame de Lorette, à Notre-Dame du Pilier de Saragosse et à Notre-Dame de Guadeloupe. Sous les arcades se trouvent des représentations des mystères du chapelet en faïence peinte, de Joseph Alzuet, auteur également du Chemin de croix, dont les scènes serpentent parmi les rochers et les oliviers centenaires. L'accès à l'ermitage longe les Douleurs et les Joies de saint Joseph, œuvre en céramique de Palmira Laguens.
L'ermitage a abrité la statue romane de la Vierge de Torreciudad, jusqu'à sa restauration et son transfert dans le sanctuaire.

mardi 29 avril 2008

Sainte Catherine de Sienne

Sainte Catherine de Sienne

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380) a été proclamée docteur de l'Église en 1870, pour le contenu doctrinal de ses Lettres et du Dialogue ou Livre de la doctrine divine.
Sainte Catherine vit à une époque où l'Église est profondément divisée, le pape - qu'elle qualifie de "doux Christ sur la terre" - se trouvant à Avignon. Sous l'inspiration divine, elle travaillera à le ramener à Rome, tant en allant rencontrer Grégoire IX en Avignon qu'en lui écrivant par la suite. Le retour dans la Ville sainte a finalement lieu (lire la suite) le 13 septembre 1376. Ce fait est impressionnant de la part d'une femme sans instruction, qui ne sait pas écrire ni lire. De plus, les rivalités entre villes italiennes sont monnaie courante. Le pape Grégoire XI la charge de ramener la paix à Sienne, puis à Florence. Mais elle ne peut éviter le schisme qui intervient en 1378 et qu'elle pressentait : elle avait multiplié les appels à l'unité dans ses lettres. Animée d'une mystique du "saint passage", de la croisade, elle ressent un vif désir du martyr, offrant sa vie pour le pape et pour l'Église.
Menant une vie extrêmement austère, Catherine est continuellement assistée de Dieu, avec qui elle s'entretient fréquemment. Elle est gratifiée d'extases et de grâces exceptionnelles. Sa sainteté est reconnue de son vivant, et nombre de personnes sont guéries à son contact ou se convertissent en venant l'écouter, même les plus récalcitrants. Une "famille" de "spirituels" se regroupe autour d'elle, aussi bien religieux de différents ordres que laïcs, qui l'accompagnent dans ses déplacements. Elle reçoit la grâce des stigmates, les marques dans son corps des blessures du Christ lors de sa Passion. Elle promeut aussi le renouveau de la vie religieuse.
Le bienheureux Raymond de Capoue, longtemps directeur de conscience de Catherine, a écrit un ouvrage, Legenda B. Catharinae Senensis, ou Legenda major, qui, sans être une biographie proprement dite, montre la sainteté de Catherine conformément au critère de sainteté alors reconnu, le miracle. Son récit en foisonne. Il montre bien le grand amour de Dieu qui animait la sainte.

lundi 28 avril 2008

Saintete et charite (3)

Sainteté et charité (3)

Un chrétien est aussi, par surnature, quelqu'un de serviable, qui sait, ou s'efforce de faire ce qui plaît aux autres, pourvu que cela n'offense pas Dieu. Cette règle de conduite apporte beaucoup de paix intérieure, car le fait de ne pas penser à soi, mais de mettre Dieu et le prochain en avant simplifie énormément l'existence. Ce qui est tout bénéfice pour la famille, le milieu de travail et, en dernière instance, la société. C'est ce qui s'est passé avec les premiers chrétiens dont les contemporains disaient, au comble de l'étonnement : « Voyez comme ils s'aiment ! » Ce n'était pas courant dans les relations humaines. (lire la suite) Cela continue, hélas, de ne pas être la norme habituelle. C'est au chrétien de faire en sorte que l'homme ne soit pas « un loup pour l'homme », selon la formule pessimiste de Hobbes.
Comment arriver à cet idéal, brièvement et partiellement esquissé ici ? À partir de l'amour que Dieu a mis dans notre âme dès l'instant de notre baptême. Avec la foi et l'espérance, nous avons en effet reçu la charité qui nous permet d'aimer. Non que ce soit une capacité humaine, mais parce que c'est une disposition surnaturelle stable qui est ajoutée à notre nature humaine. C'est donc avec cette participation à l'Amour de Dieu que nous pouvons arriver à aimer Dieu et notre prochain et à l'aimer de tout notre être. Commentant l'affirmation du Seigneur, « Si quelqu'un vient à moi et ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple » (Luc 14, 26), saint Josémaria disait, dans une méditation, que ces mots du Seigneur « ne se réduisent pas non plus à un aimer moins, comme on les interprète parfois d’une manière édulcorée, pour adoucir la phrase. Cette expression tranchante est terrible, non parce qu’elle implique une attitude négative ou impitoyable, étant donne que le Jésus qui parle maintenant est le même qui ordonne d’aimer les autres comme sa propre âme, et qui donne sa vie pour les hommes : cette locution indique simplement que devant Dieu il n’y a pas de demi-mesures. On pourrait traduire les paroles du Christ par aimer plus, aimer mieux, ou par ne pas aimer d’un amour égoïste ni d’un amour à courte vue : nous devons aimer de l’amour de Dieu » (Quand le Christ passe, n° 97).

(fin)

dimanche 27 avril 2008

Saintete et charite (2)

Sainteté et charité (2)

Vivre la charité. Vaste programme ! Vaste, parce qu'il s'imposera à nous aussi longtemps que nous vivrons (sans compter que nous ne vivrons que d'Amour au ciel) et parce qu'il n'admet aucune exception. « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient » (Luc 6, 27-28). « Quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et heureux seras-tu de ce qu'ils n'ont pas de quoi te rendre, car cela te sera rendu lors de la résurrection des justes » (Luc 14, 13-14).
Un chrétien ne peut pas avoir d'ennemi personnel, (lire la suite) même si certains individus se déclarent ses ennemis, ce qui est leur problème. Mais quant à lui, il doit toujours s'efforcer de comprendre autrui et de parvenir au niveau de compréhension et de miséricorde de Jésus quand, cloué sur la Croix, il s'adresse à son Père en lui demandant, contre toute attente, « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc 23, 34). Exemple que les premiers chrétiens ont parfaitement assimilé, comme en témoigne le martyre du diacre Étienne : « Pendant qu'ils lapidaient Étienne, il priait disant : « Seigneur Jésus, recevez mon esprit ! » S'étant mis à genoux, il s'écria d'une voix forte : « Seigneur, ne leur imputez pas ce péché ! » Et, cela dit, il mourut » (Actes 7, 59-60).
Un chrétien doit donc toujours pardonner, quelle qu'ait été la magnitude de l'offense. Ce n'est certes pas facile. Une chose est ressentir de l'aversion pour celui qui a commis une injustice à notre égard, nous a roulé dans la farine, etc., et une autre d'accepter ou de rejeter ce sentiment, en priant pour l'intéressé. Saint Josémaria faisait remarquer, avec sens surnaturel, que le plus à plaindre, c'est l'offenseur, car il cause un tort, peut-être grave, à son âme. Tandis que l'offensé, s'il sait réorienter vers Dieu ce qui le fait souffrir, le lui présenter à l'autel pendant la messe, en retire du bien pour son âme, se sanctifie. C'est pourquoi saint Josémaria voyait des bienfaiteurs en ceux qui pendant des années l'ont violemment persécuté, ainsi que l'Opus Dei par lui fondé (cf. A. Vazquez de Prada, Le fondateur de l'Opus Dei, Paris-Montréal, 3 volumes).

(à suivre...)

samedi 26 avril 2008

Saintete et charite (1)

Sainteté et charité (1)

J'ai souvent parlé ici de conception très restrictive de la saintetéla sainteté à laquelle nous sommes tous appelés. C'est ce que le concile Vatican II confirme quand il déclare que « si donc dans l'Église tous ne cheminent pas en suivant la même voie, tous cependant sont appelés à la sainteté » (constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium, n° 32).
Nous avons parfois une conception très restrictive de la sainteté, comme s'il s'agissait d'une perfection réservée à une élite hors du commun, ou de réaliser des actions d'éclat. Dieu ne serait ni logique ni juste s'il assignait cet objectif à tous et s'il ne permettait qu'à un tout petit nombre d'y parvenir, les cent quarante-quatre mille de l'Apocalypse, pris au sens littéral (cf. Apocalypse 7, 4). (lire la suite) Dieu ne permet pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces (cf. 1 Corinthiens 10, 13), c'est-à-dire qu'à personne il n'est demandé quelque chose qu'il ne soit en mesure de réaliser. Or, encore une fois, l'appel à la sainteté est universel. Donc chacun doit pouvoir devenir saint avec sa personnalité propre et dans les circonstances qui sont les siennes. « Tu parviendras à être saint si tu vis la charité, si tu sais faire les choses qui plaisent aux autres et qui ne représentent pas une offense à Dieu, même si elles te coûtent » (saint Josémaria, Forge, n° 556).
La sainteté est ici prise dans la charité, dans l'amour. Il est logique qu'il en soit ainsi, car Dieu seul est Saint. Il est le Saint par excellence, et « Dieu est Amour » (1 Jean 4, 16). Donc, en vivant le précepte de la charité nous assurons la perfection de notre vie. C'est bien ce que Jésus a enseigné lorsque, interrogé par un scribe qui lui demande : « Quel est le premier de tous les commandements ? », il répond : « Le premier, c'est : Écoute Israël : le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est un. Et tu aimeras donc le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, et de toute ta force. Le second est celui-ci : Tu aimeras ton proche comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là ». Le scribe ayant alors manifesté son assentiment, Jésus ajoute : « Tu n'es pas loin du royaume de Dieu » (cf. Marc 12, 28-34). Ce qui équivaut à dire « tu seras saint », puisque seuls les saints peuvent accéder au royaume.

(à suivre...)

vendredi 25 avril 2008

Etre apotre (2)


Être apôtre (2)

Le même saint Paul peut dresser une énumération saisissante de ce qu'il lui en a coûté de porter l'Évangile partout où l'Esprit Saint l'envoyait. Aidé et soutenu par la grâce de Dieu, il n'a pas ménagé sa peine en même temps que Dieu permettait qu'il traverse des épreuves de toutes sortes : « Sont-ils ministres du Christ ? — Ah ! je vais parler en homme hors de sens : — je le suis plus qu'eux : bien plus qu'eux par les travaux, biens plus par les coups, infiniment plus par les emprisonnements ; souvent j'ai vu de près la mort ; cinq fois j'ai reçu des Juifs quarante coups de fouet moins un ; trois fois, j'ai été battu de verges ; une fois j'ai été lapidé ; trois fois j'ai fait naufrage ; j'ai passé un jour et une nuit dans l'abîme. Et mes voyages sans nombre, les périls sur les fleuves, les périls de la part des brigands, (lire la suite) les périls de la part de ceux de ma nation, les périls de la part des Gentils, les périls dans les villes, les périls dans les déserts, les périls sur la mer, les périls de la part des faux frères, les labeurs et les peines, les nombreuses veilles, la faim, la soif, les jeûnes multipliés, le froid, la nudité ! Et sans parler de tant d'autres choses, rappellerai-je mes soucis de chaque jour, la sollicitude de toutes les Églises ? » (2 Corinthiens 11, 23-28).
Même si nous ne trouverons jamais dans ce genre de situation, de ce comportement « nous pouvons en tirer une leçon plus que jamais importante pour chaque chrétien. L'action de l'Église est crédible et efficace uniquement dans la mesure où ceux qui en font partie sont disposés à payer de leur personne leur fidélité au Christ, dans chaque situation. Là où cette disponibilité fait défaut, manque l'argument décisif de la vérité dont dépend l'Église elle-même » (Benoît XVI, Homélie dans la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, 28 juin 2007). Être apostolique implique donc de commencer par prendre soin de notre vie intérieure : « C'est pour eux que je me sanctifie » (Jean 17, 19), écrit saint Jean. Pour eux, en pensant à eux, en vue de leur sainteté, pour les aider à grandir en intimité avec Dieu. Tout ce que nous faisons est ainsi tourné vers les autres, à leur profit spirituel, qui passe également par leur bonheur temporel, dans la mesure où il peut dépendre de nous. Notre vie tout entière, avec son « naturel surnaturel » comme aurait dit saint Josémaria, contribue ainsi au bien de nos semblables, édifie dans la durée. « Les hommes attendent de nous, les enfants de Dieu dans son Œuvre, ce bonus odor Christi (« la bonne odeur du Christ »), qui — reposant sur notre tempérance — les enflamme et les entraîne » (saint Josémaria, Instruction, mai 1935-14 septembre 1950, n° 65). « Quelle grande responsabilité que celle des chrétiens, écrit monseigneur Echevarria dans sa Lettre pastorale du 1er septembre 2007. Méditons une fois de plus les mots que saint Josémaria a écrits dans Chemin : « Beaucoup de grandes choses dépendent de ce que, toi et moi, nous nous comportions selon la volonté de Dieu. Ne l'oublie pas » (n° 755). »

(fin)

jeudi 24 avril 2008

Origene, sa vie, son oeuvre (3)

Origène, sa vie, son œuvre (3)

Enfin, poursuit Benoît XVI, même avant son ordination sacerdotale, Origène se consacra intensément à la prédication de la Bible, s'adaptant à un public très divers. Dans tous les cas, dans ses Homélies également, c'est le maître que l'on retrouve, qui se consacre entièrement à l'interprétation systématique de l'épisode étudié, progressivement divisé selon les versets successifs. Dans les Homélies aussi, Origène saisit toutes les occasions pour rappeler les diverses dimensions du sens de l'écriture Sainte, (lire la suite) qui aident ou expriment un chemin dans la croissance de la foi : il y a le sens « littéral », mais celui-ci cache des profondeurs qui n'apparaissent pas dans un premier temps ; la deuxième dimension est le sens « moral » : que devons-nous faire en vivant la parole ; et enfin le sens « spirituel », c'est-à-dire l'unité de l'écriture, qui dans tout son développement parle du Christ. C'est l'Esprit Saint qui nous fait comprendre le contenu christologique et ainsi l'unité de l'écriture dans sa diversité. Il serait intéressant de montrer cela. J'ai un peu tenté, dans mon livre Jésus de Nazareth, de mettre en évidence dans la situation d'aujourd'hui ces multiples dimensions de la parole, de l'écriture Sainte, qui avant tout, doit être respectée, précisément au sens historique. Mais ce sens nous transcende vers le Christ, dans la lumière de l'Esprit Saint, et nous montre la voie, comment vivre. On en trouve, par exemple, la mention dans la neuvième Homélie sur les Nombres, où Origène compare l'écriture aux noix : « Ainsi est la doctrine de la Loi et des Prophètes à l'école du Christ », affirme l'auteur de l'homélie ; « amère est la lettre, qui est comme l'écorce ; en deuxième lieu, tu parviendras à la coquille, qui est la doctrine morale ; en troisième lieu, tu trouveras le sens des mystères, dont se nourrissent les âmes des saints dans la vie présente et future » (Homélies sur les Nombres 9, 7).
C'est en particulier par cette voie qu'Origène parvient à promouvoir de manière efficace la « lecture chrétienne » de l'Ancien Testament, en réfutant de manière brillante le défi des hérétiques - surtout gnostiques et marcionites - qui opposaient les deux Testaments entre eux, jusqu'à rejeter l'Ancien. A ce propos, dans la même Homélie sur les Nombres, l'Alexandrin affirme : « Je n'appelle pas la Loi un « Ancien Testament », si je la comprends dans l'Esprit. La Loi ne devient un « Ancien Testament » que pour ceux qui veulent la comprendre charnellement », c'est-à-dire en s'arrêtant à la lettre du texte. Mais « pour nous, qui la comprenons et l'appliquons dans l'Esprit et dans le sens de l'Évangile, la Loi est toujours nouvelle, et les deux Testaments sont pour nous un nouveau Testament, non pas en raison de la date temporelle, mais de la nouveauté du sens... En revanche, pour le pécheur et pour ceux qui ne respectent pas le pacte de la charité, les Évangiles eux aussi vieillissent » (Homélies sur les Nombres 9, 4).
Je vous invite - et je conclus ainsi - à accueillir dans votre cœur l'enseignement de ce grand maître de la foi. Il nous rappelle avec un profond enthousiasme que, dans la lecture priante de l'Écriture et dans l'engagement cohérent de la vie, l'Église se renouvelle et rajeunit toujours. La Parole de Dieu, qui ne vieillit jamais et ne s'épuise jamais, est le moyen privilégié pour y parvenir. C'est en effet la Parole de Dieu qui, par l'œuvre de l'Esprit Saint, nous guide toujours à nouveau à la vérité tout entière (cf. Benoît XVI, "Aux participants au Congrès international pour le XL anniversaire de la Constitution dogmatique Dei Verbum", in Insegnamenti, vol. I, 2005, p. 552-553) et prions le Seigneur pour qu'il nous donne aujourd'hui des penseurs, des théologiens, des exégètes qui trouvent cette dimension multiple, cette actualité permanente de l'Écriture Sainte, sa nouveauté pour notre époque. Prions afin que le Seigneur nous aide à lire de façon orante l'Écriture Sainte, à nous nourrir réellement du vrai Pain de la vie, de sa Parole.

Benoît XVI, Audience générale, 25 avril 2007.

mercredi 23 avril 2008

Origene, sa vie, son oeuvre (2)

Origène, sa vie, son œuvre (2)

"Nous avons mentionné, dit Benoît XVI, ce « tournant irréversible » qu'Origène imprima à l'histoire de la théologie et de la pensée chrétienne. Mais en quoi consiste ce « tournant », cette nouveauté si riche de conséquences ? Il correspond substantiellement à la fondation de la théologie dans l'explication des Écritures. Faire de la théologie était pour lui essentiellement expliquer, comprendre l'Écriture ; ou nous pourrions également dire que sa théologie est la parfaite symbiose entre théologie et exégèse. En vérité, la marque caractéristique de la doctrine d'Origène semble précisément résider dans l'invitation incessante à passer (lire la suite) de la lettre à l'esprit des Écritures, pour progresser dans la connaissance de Dieu. Et ce que l'on appelle l'« allégorisme », a écrit Urs von Balthasar, coïncide précisément « avec le développement du dogme chrétien effectué par l'enseignement des docteurs de l'Église », qui - d'une façon ou d'une autre - ont accueilli la « leçon » d'Origène. Ainsi, la tradition et le magistère, fondement et garantie de la recherche théologique, parviennent à se configurer comme une « Écriture en acte » (cf. Origène, Le monde, le Christ et l'Église, tr. it., Milan 1972, p. 43). Nous pouvons donc affirmer que le noyau central de l'immense œuvre littéraire d'Origène consiste dans sa « triple lecture » de la Bible. Mais avant d'illustrer cette « lectureé, il convient de jeter un regard d'ensemble sur la production littéraire de l'Alexandrin. Saint Jérôme, dans son Epistola 33, dresse la liste des titres de 320 livres et de 310 homélies d'Origène. Malheureusement, la majeure partie de cette œuvre a été perdue, mais le peu qu'il en reste fait de lui l'auteur le plus fécond des trois premiers siècles chrétiens. Son domaine d'intérêt s'étend de l'exégèse au dogme, à la philosophie, à l'apologétique, à l'ascétique et à la mystique. C'est une vision fondamentale et globale de la vie chrétienne.
La source inspiratrice de cette œuvre est, comme nous l'avons dit, la « triple lecture » de l'Écriture développée par Origène au cours de sa vie. Par cette expression, nous entendons faire allusion aux trois modalités les plus importantes - qui ne se suivent pas l'une l'autre, mais en réalité le plus souvent se superposent - avec lesquelles Origène s'est consacré à l'étude des Écritures. Il lut tout d'abord la Bible avec l'intention d'en certifier le mieux possible le texte et d'en offrir l'édition la plus fiable. Cela, par exemple, est le premier pas : connaître réellement ce qui est écrit et connaître ce que cette Écriture voulait intentionnellement et initialement dire. Il a mené une étude importante dans ce but et il a rédigé une édition de la Bible avec six colonnes parallèles, de gauche à droite, avec le texte hébreu en caractères hébreux - il a également eu des contacts avec les rabbins pour bien comprendre le texte original de la Bible -, puis le texte hébreu translittéré en caractères grecs, et puis quatre traductions différentes en langue grecque, qui lui permettaient de comparer les différentes possibilités de traduction. D'où le titre d'Hexaple (six colonnes) attribué à cette immense synopse. C'est le premier point : connaître exactement ce qui est écrit, le texte comme tel. En deuxième lieu, Origène lut systématiquement la Bible en l'accompagnant de ses célèbres Commentaires. Ils reproduisent fidèlement les explications que le maître offrait pendant ses leçons à l'école, à Alexandrie comme à Césarée. Origène procède presque verset par verset, de manière minutieuse, ample et approfondie, avec des notes à caractère philologique et doctrinal. Il travaille avec une grande exactitude, pour bien comprendre ce que voulaient dire les auteurs saints.

(à suivre...)

mardi 22 avril 2008

Origene, sa vie, son oeuvre (1)

Origène, sa vie, son œuvre (1)

Le pape Benoît XVI déclare : "Dans nos méditations sur les grandes personnalités de l'Église antique, nous faisons aujourd'hui connaissance de l'une des plus importantes. Origène d'Alexandrie est réellement l'une des personnalités les plus déterminantes pour tout le développement de la pensée chrétienne. Il recueille l'héritage de Clément d'Alexandrie, sur lequel nous avons médité mercredi dernier, et le relance vers l'avenir de manière tellement innovatrice, qu'il imprime un tournant irréversible au développement de la pensée chrétienne. Ce fut un véritable « maître », (lire la suite) et c'est ainsi que ses élèves se souvenaient de lui avec nostalgie et émotion: non seulement un théologien brillant, mais un témoin exemplaire de la doctrine qu'il transmettait : « Il enseigna, écrit Eusèbe de Césarée, son biographe enthousiaste, que la conduite doit correspondre exactement à la parole, et ce fut surtout pour cela que, aidé par la grâce de Dieu, il poussa un grand nombre de personnes à l'imiter » (Histoire Ecclésiastique 6, 3, 7).
Toute sa vie fut parcourue par une aspiration incessante au martyre. Il avait dix-sept ans lorsque, en la dixième année du règne de l'empereur Septime Sévère, la persécution contre les chrétiens fut lancée à Alexandrie. Clément, son Maître, abandonna la ville, et le père d'Origène, Léonide, fut jeté en prison. Son fils désirait ardemment le martyre, mais il ne put réaliser ce désir. Il écrivit alors à son père, l'exhortant à ne pas abandonner le témoignage suprême de la foi. Et lorsque Léonide fut décapité, le petit Origène sentit qu'il devait accueillir l'exemple de sa vie. Quarante ans plus tard, alors qu'il prêchait à Césarée, il fit cette confession : « À rien ne me sert d'avoir eu un père martyr, si je n'observe pas une bonne conduite et ne fais pas honneur à la noblesse de ma famille, c'est-à-dire au martyre de mon père et au témoignage qui l'a rendu illustre dans le Christ » (Homélies sur Ézéchiel 4, 8). Dans une homélie successive - lorsque grâce à l'extrême tolérance de l'empereur Philippe l'Arabe, l'éventualité d'un témoignage sanglant semblait s'être évanouie - Origène s'exclama : « Si Dieu m'accordait d'être lavé dans mon sang, recevant ainsi le second baptême après avoir accepté la mort pour le Christ, je m'éloignerais certainement de ce monde... Mais ceux qui méritent ces choses sont bienheureux » (Homélies sur Jude 7, 12). Ces expressions révèlent toute la nostalgie d'Origène pour le baptême du sang. Et finalement, cette aspiration irrépressible fut, tout au moins en partie, exaucée. En 250, au cours de la persécution de Dèce, Origène fut arrêté et cruellement torturé. Affaibli par les souffrances endurées, il mourut quelques années plus tard. Il n'avait pas encore soixante-dix ans.

(à suivre...)

lundi 21 avril 2008

Etre apotre (1)

Être apôtre (1)

Nous connaissons par cœur le commandement missionnaire que Jésus donne à ses apôtres et, au-delà d'eux, à chacun d'entre nous : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous toujours jusqu'à la fin du monde » (Matthieu 28, 19-20). Il ne s'agit pas d'une simple exhortation morale. C'est une indication impérative qui engage toute notre existence. (lire la suite) Toute notre existence : ce qui veut dire que nous ne sommes en mesure d'évangéliser la société dans laquelle nous vivons et, à partir d'elle, le monde entier, que si nous sommes une âme de prière, une âme eucharistique, une âme éprise de Dieu. Annonçant une « année saint Paul » à l'occasion du deuxième millénaire de la naissance de « l'Apôtre des nations », le pape Benoît XVI faisait remarquer que les résultats de la prédication de l'apôtre « ne sont pas à attribuer à une brillante rhétorique ou à des stratégies apologétiques et missionnaires raffinées. Le succès de son apostolat dépend surtout d'une implication personnelle dans l'annonce de l'Évangile avec un dévouement total pour le Christ ; un dévouement qui ne craignit pas les risques, les difficultés et les persécutions: « Ni mort ni vie, écrivait-il aux Romains, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Romains 8, 37-39) » (Homélie dans la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, 28 juin 2007).
Rien ne peut nous séparer de Dieu. Rien ne peut non plus nous freiner dans notre apostolat si c'est l'amour désintéressé des âmes qui guide notre action, un amour qui est la traduction extérieure de notre amour de Dieu, qui en est une manifestation sensible.

(à suivre...)

dimanche 20 avril 2008

Marie, le premier tabernacle

Marie, le premier tabernacle

Cette expression peut surprendre. Pourtant, elle correspond à la stricte réalité. L'Enfant que la Sainte Vierge a porté en son sein était vraiment le Fils de Dieu, aussi réellement présent dans l'Eucharistie. Dans celle-ci, nous ne voyons ni la divinité ni l'humanité (cf. hymne Adoro te), tout comme ce sa conception virginale à sa naissance au jour de Noël. C'est pourquoi le Serviteur de Dieu Jean-Paul II pouvait écrire en toute propriété : « Heureuse celle qui a cru » (Lc 1, 45) : dans le mystère de l'Incarnation, (lire la suite) Marie a aussi anticipé la foi eucharistique de l'Église. Lorsque, au moment de la Visitation, elle porte en son sein le Verbe fait chair, elle devient, en quelque sorte, un « tabernacle » – le premier « tabernacle » de l'histoire – dans lequel le Fils de Dieu, encore invisible aux yeux des hommes, se présente à l'adoration d'Élisabeth, « irradiant » quasi sa lumière à travers les yeux et la voix de Marie. Et le regard extasié de Marie, contemplant le visage du Christ qui vient de naître et le serrant dans ses bras, n'est-il pas le modèle d'amour inégalable qui doit inspirer chacune de nos communions eucharistiques ? » (Jean-Paul II, encyclique L'Église vit de l'Eucharistie, n° 55).
Cette idée est reprise, comme on pouvait s'y attendre, par le pape Benoît XVI, qui parle de « tabernacle vivant ». Voici en quels termes il s'est exprimé : « Marie, la Mère du Christ, nous enseigne véritablement ce que signifie entrer en communion avec le Christ : Marie a offert sa propre chair, son propre sang à Jésus et elle est devenue la tente vivante du Verbe (le tabernacle vivant), se laissant pénétrer dans le corps et l'esprit par sa présence. Nous la prions, Elle notre sainte Mère, pour qu'elle nous aide à ouvrir toujours davantage tout notre être à la présence du Christ ; pour qu'elle nous aide à le suivre fidèlement, jour après jour, sur les routes de notre vie » (Benoît XVI, Homélie pour la Fête du précieux Corps et du précieux Sang de Jésus-Christ, 26 mai 2005).

samedi 19 avril 2008

Le silence nécessaire

Le silence nécessaire

Notre monde ne connaît guère le silence, même si, ici ou là, l'homme en redécouvre le nécessité. Voici deux approches différentes du silence. Il peut, certes, y avoir un silence lourd et pesant, tel celui que Ramuz décrit : « On avait senti grandir autour de soi une chose tout à fait inhumaine et à la longue insupportable : le silence. (lire la suite) Le silence de la haute montagne, le silence de ces déserts d'hommes, où l'homme n'apparaît que temporairement : alors, pour que par hasard il soit silencieux lui-même, on a beau prêter l'oreille, on entend seulement qu'on n'entend rien. C'était comme si aucune chose n'existait nulle part, de nous à l'autre bout du monde, de nous jusqu'au fond du ciel. Rien, le néant, le vide, la perfection du vide ; une cessation totale de l'être, comme si le monde n'était pas créé encore, ou ne l'était plus, comme si on était avant le commencement du monde ou bien après la fin du monde. Et l'angoisse se loge dans votre poitrine où il y a comme une main qui se referme autour du cœur » (C. F. Ramuz, Derborence, Paris, 1968, p. 12-13).
Mais il existe un silence bénéfique, de celui qui fait taire les sollicitations du monde pour se recueillir et écouter Dieu. « Le silence est comme le portier de la vie intérieure » (saint Josémaria, Chemin, n° 281). Autrement dit, sans le retrait des soucis du monde, il est difficile de prier. Cela ne signifie pas qu'il soit impossible de prier en pleine rue ou dans le brouhaha des activités, mais que l'oraison, le dialogue intime avec Dieu, implique de s'occuper de lui. En effet, « nous autres, enfants de Dieu, nous devons être des contemplatifs : des personnes qui, au milieu du grondement de la foule, savent trouver le silence d'une âme qui s'entretient sans cesse avec le Seigneur ; et le regarder comme on regarde un Père, comme on regarde un Ami que l'on aime à la folie » (saint Josémaria, Forge, n° 738).
Chacun d'entre nous devrait pouvoir dire : « Ma prière intime, qui est comme un grand silence qui crie » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 35), qui crie, car elle réclame la grâce de Dieu pour être plus saint et pour être vraiment apôtre dans les milieux de notre existence.
Pour ne pas avoir la tête troublée aux moments les plus inopportuns par les préoccupations terre à terre, il convient d'« essayer d’obtenir des moments de silence intérieur » tout en tâchant de maîtriser aussi les « sens externes et internes » (saint Josémaria, Sillon, n° 670).

vendredi 18 avril 2008

L'offrande d'oeuvres

L'offrande d'œuvres

Il est bon de commencer sa journée en l'offrant à Dieu. C'est ce que l'on appelle « l'offrande d'œuvres », que nous pouvons exprimer en disant Serviam ! Je servirai, je veux te servir, Seigneur, tout au long de cette journée que tu me donnes de vivre, précisément à ton service et au service de mon prochain. Il est très beau de démarrer la journée dans cet état d'esprit qui traduit le sens profond de notre vie. Nous sommes sur terre, non pour commander, mais pour servir. Et il est tout à fait compatible de commander en servant. Tel est l'exemple de Jésus qui, (lire la suite) dit-il, « n'est pas venu pour être servi, mais pour servir », et ce, précise-t-il, afin « de donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Matthieu 20, 28). C'est dans la fidélité à cet enseignement du Christ que le pape se qualifie, depuis saint Grégoire le Grand (590-604) de « serviteur des serviteurs de Dieu ». De plus, toute charge dans l'Église est conçue comme une « diakonia », un service des âmes.
C'est une grande joie de pouvoir servir. Une journée de plus pour rendre gloire à Dieu en étant à son service, en travaillant au bien des âmes par l'offrande de notre travail et une charité authentique, c'est-à-dire en travaillant pour le Seigneur, car « tout ce que vous avez fait pour le moindre de mes frères que voici, c'est à moi que vous l'avez fait » (Matthieu 25, 40).
Notre serviam ! comprend tout ce qui va se passer au cours de la journée qui débute. Il est bon de réactualiser cette disposition, de tout accueillir dans cet état d'esprit, de tout ramener aussi à la messe. Le Seigneur est venu servir, disais-je il y a un instant, et il nous sert de la façon la plus accomplie, la plus exemplaire, sur la Croix : c'est là où il nous rend le plus grand service, celui de « donner sa vie en rançon », de donner sa vie pour que nous possédions la Vie éternelle, la Vie de Dieu.
Après, tout au long de la journée, à chaque rencontre, dans chaque activité, nous sommes là pour les autres, non pour nous, pour les autres, afin de les aider, de répondre à leurs attentes, de soulager leurs peines, de les écouter, les réconforter, leur donner la parole de Dieu, les aiguiller vers les sacrements, les aider à avoir une vision surnaturelle de la vie, leur apprendre à prier, etc....
Serviam ! Un cri du cœur. Je veux vraiment servir ; non m'imposer, mais proposer ; ne pas rester passif, mais aller à la rencontre des autres, leur apporter ce que je suis, ce que je possède : la grâce de Dieu, la connaissance de la foi, le Christ lui-même, le Christ qui guérit, qui fortifie, qui donne du courage, de l'optimisme.
Faisons en sorte que le Christ soit présent dans nos pensées, dans nos paroles, dans notre cœur et dans tous nos actes, pour que nous soyons un serviteur identifié à son maître.
Serviam ! C'est une autre façon de dire avec Marie fiat mihi, « qu'il me soit fait selon ta parole » (Luc 1, 38). À l'école de la très Sainte Vierge nous apprenons à servir, en mettant toute notre vie à la disposition de Dieu pour qu'il mène à son terme l'œuvre de salut de l'humanité.

Arrets sur christianisme (19)


Arrêts sur christianisme (19)


Le christianisme offre un style de vie complètement différent de celui de la majorité des gens d'aujourd'hui. Il dévoile une réalité surnaturelle qui n'est visible qu'au prix d'un effort, mais qui est accessible à tous. Quand on a goûté à cette vie surnaturelle - que l'on ne fait qu'entrevoir sur cette Terre -, on ne peut plus s'en passer, malgré tout ce qu'elle exige.

Janne Haaland Matlary, Quand raison et foi se rencontrent, Paris, 2003, p. 185-186.

jeudi 17 avril 2008

Le signe de Jesus (2)

Le signe de Jésus (2)

Les chefs des Juifs inventent cette fable de l'enlèvement qui ne tient pas debout et que personne ne peut prendre au sérieux. Comment les soldats savent-ils que les disciples ont dérobé le corps de Jésus s'ils étaient endormis et ne se sont aperçus de rien ? Comment les voleurs supposés ont-il pu briser les sceaux apposés sur le tombeau et, plus encore, faire rouler la grosse pierre qui en obstruait l'entrée et retirer le corps sans attirer l'attention des soldats placés devant cet accès ? N'aurait-il pas été plus plausible, (lire la suite) plus crédible de dire qu'une bande de brigands les avaient attaqués en nombre et qu'ils n'avaient pas pu les empêcher de commettre leur forfait ?
Ce que les anciens craignaient, c'était le tombeau vide, plus que le vol du corps. Car en montrant un cadavre corrompu par la mort, les disciples n'auraient pas pu faire croire à la Résurrection du Christ. Mais s'ils craignaient le sépulcre vide, pourquoi alors ne l'avoir pas tout simplement de nouveau fermé et scellé, en interdisant l'accès à quiconque ? En réalité, la Résurrection de Jésus s'impose à eux comme un fait historique, réel, qu'ils ne veulent pas accepter. Un signe aussi éclatant ne leur suffit pas pour croire. Parce qu'il faut de bonnes dispositions intérieures, de l'intelligence et de la volonté.
« Aujourd'hui, comme alors, l'évangéliste nous rappelle que le seul « signe » est Jésus élevé sur la croix : Jésus mort et ressuscité est le signe absolument suffisant. En Lui, nous pouvons comprendre la vérité de la vie et obtenir le salut. Telle est l'annonce centrale de l'Église, qui demeure immuable au cours des siècles. La foi chrétienne n'est donc pas une idéologie, mais une rencontre personnelle avec le Christ crucifié et ressuscité. De cette expérience, qui est individuelle et communautaire, naît ensuite une nouvelle façon de penser et d'agir : c'est ainsi que trouve son origine, comme en témoignent les saints, une existence marquée par l'amour » (Benoît XVI, Homélie, 26 mars 2006).
Une rencontre personnelle. Voilà ce qu'est la foi, ce qu'est la vie chrétienne. Une rencontre personnelle qui se produit constamment, car Dieu prend possession de l'âme du baptisé et reste en lui tant que l'homme ne le rejette pas par le péché mortel. Une rencontre personnelle qui se nourrit de la prière et de la vie sacramentelle. Une rencontre personnelle qui se produit aussi, si nous le voulons, partout où nous sommes, car rien ne doit faire écran à notre intimité avec Dieu et parce que, pour un enfant de Dieu, le travail est prière, notre semblable est un autre Christ que nous aimons comme tel...

(fin)

mercredi 16 avril 2008

Le signe de Jesus (1)

Le signe de Jésus (1)

« Cette génération est une génération mauvaise ; elle demande un signe, et il ne lui sera point donné d'autre signe que le signe du prophète Jonas. Car, de même que Jonas a été un signe pour les Ninivites, ainsi le Fils de l'homme en sera aussi un pour cette génération » (Luc 11, 29-30). Le signe du Christ dressé sur la Croix à la face du monde et le signe du Christ ressuscité. « Que de personnes, à notre époque également, sont à la recherche de Dieu, à la recherche de Jésus et de son Église, à la recherche de la miséricorde divine, et attendent un « signe » qui touche leur esprit et leur cœur ! » (lire la suite) (Benoît XVI, Homélie, 26 mars 2006). Mais parfois, fréquemment peut-être, les hommes attendent une manifestation spectaculaire de Dieu. Ils prétendent, sans doute sincèrement, qu'un signe leur suffira pour croire. Dans la parole du riche et du pauvre Lazare (Luc 17, 20-31), Abraham répond au riche qui se trouve en enfer et qui demande que le pauvre aille mettre ses frères en garde contre ce qui les attend s'ils continuent de mener la même vie facile et débauchée que lui : « S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, même si quelqu'un ressuscitait d'entre les morts, ils ne seraient pas persuadés » (verset 32).
Ceci se vérifie avec la Résurrection du Christ. « Après s'être assemblés avec les anciens et avoir pris une délibération, ils donnèrent une grosse somme d'argent aux soldats, en leur disant : Dites : Ses disciples sont venus de nuit et l'ont dérobé pendant que nous dormions. Que si cela arrive aux oreilles du gouverneur, nous l'apaiserons et nous ferons que vous n'ayez pas d'ennuis » (Matthieu 28, 12-14). La Résurrection ne vient pas à bout de la résistance des anciens. Ils n'acceptent pas de se rendre à l'évidence, eux qui se rappellent fort bien que Jésus avait prédit sa Résurrection. C'est pourquoi ils étaient allés trouver Pilate en lui disant : « Seigneur, nous nous sommes rappelés que cet imposteur, lorsqu'il vivait encore, a dit : « Dans trois jours je ressusciterai. » Commandez donc que le tombeau soit bien gardé jusqu'au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent le dérober et disent au peuple : « Il est ressuscité des morts. » Cette dernière imposture serait pire que la première » (Matthieu 27, 63-64).

(à suivre...)

mardi 15 avril 2008

L'intercession de Moise (3)

L'intercession de Moïse (3)

Nous avons là un exemple de ce que peut être notre prière pour les hommes de ce temps, qui vivent souvent et tournant le dos à Dieu et vautrés devant des idoles. « Aujourd'hui aussi, ce dragon (de l'Apocalypse) existe de façons nouvelles et différentes. Il existe sous la forme des idéologies matérialistes qui nous disent : il est absurde de penser à Dieu ; il est absurde d'observer les commandements de Dieu ; cela appartient au passé. Il vaut la peine uniquement de vivre la vie pour soi. Prendre dans ce bref moment de la vie tout ce que nous pouvons en tirer. Seuls la consommation, l'égoïsme, le divertissement valent la peine. (lire la suite) Telle est la vie. C'est ainsi que nous devons vivre. Et à nouveau, il semble absurde, impossible de s'opposer à cette mentalité dominante, avec toute sa force médiatique, de propagande. Il semble impossible aujourd'hui encore de penser à un Dieu qui a créé l'homme et qui s'est fait enfant et qui serait le véritable dominateur du monde. Aujourd'hui aussi, ce dragon apparaît invincible, mais aujourd'hui aussi, il demeure vrai que Dieu est plus fort que le dragon, que c'est l'amour qui l'emporte, et non pas l'égoïsme » (Benoît XVI, Homélie, 15 août 2007).
Prions comme Moïse, avec foi et humilité, et prions spécialement pour les catholiques tièdes et embourgeoisés, qui se sont écartés du droit chemin, qui ne pratiquent pas la foi qu'ils ont reçue de dieu en cadeau et en héritage, qui ne sont pas fidèles aux promesses de leur baptême. Que Dieu les prenne en pitié, pour les conduire à la sainteté conformément au dessein éternel qu'il a formé pour eux. Qu'il leur accorde la grâce de la conversion, la capacité de reconnaître leur erreur qui ne peut les conduire qu'à leur perte. Qu'attendre, en effet, du monde ? De ses mirages et de ses idoles ? Mon Dieu, ne nous en veuille pas. Ton Fils n'a-t-il pas dit avec raison : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc 23, 34) ? Donne-nous de revenir vers toi et de comprendre que toi seul a les paroles de la vie éternelle (Jean 6, 68), et qu'en toi seul se trouvent le pardon et le rachat.

(fin)

lundi 14 avril 2008

L'intercession de Moise (2)

L'intercession de Moïse (2)

Nous comprenons la réaction de Dieu, qui s'adresse à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple au cou raide. Maintenant laisse-moi : que ma colère s'embrase contre eux et que je les consume ! Mais je ferai de toi une grande nation » (Exode 32, 9-10). C'est sans doute une façon de mettre à l'épreuve la foi de Moïse. Celui-ci ne se laisse pas monter la tête par la proposition du Seigneur de devenir le chef d'un peuple nouveau. Quoi de plus légitime de l'accepter puisqu'elle vient de Dieu. Cependant, dans son humilité et sa foi Moïse intervient pour « raisonner » Dieu, en lui rappelant les termes de sa promesse, (lire la suite) qui ne l'avantagent pas lui, Moïse : « Pourquoi, Yahweh, votre colère s'embraserait-elle contre votre peuple, que vous avez fait sortir du pays d'Égypte par une grande puissance et par une main forte ? Pourquoi les Égyptiens diraient-ils : C'est pour leur malheur qu'il les a fait sortir, c'est pour les faire périr dans les montagnes et pour les anéantir de dessus la terre ? » (Exode 32, 11-12). Ce qui compte pour Moïse, c'est que s'accomplisse la promesse faite à ses pères : « Souvenez-vous d'Abraham, d' et d'IsaacIsraël, vos serviteurs, auxquels vous avez dit, en jurant par vous-même : Je multiplierai votre postérité comme les étoiles du ciel, et leur ce pays dont j'ai parlé, je le donnerai à vos descendants, et ils le posséderont à jamais » (v. 13). Moïse, qui aurait pu briller de mille feux, s'efface devant les plans originels de Dieu. Il ne connaît d'autre volonté que celle de Yahvé.
Il veut aussi sauver le peuple du châtiment dont Dieu le menace en raison de son paganisme délirant et de son absence totale de confiance et de reconnaissance : « Revenez de l'ardeur de votre colère, et repentez-vous du mal que vous voulez faire à votre peuple » (v. 12). Face à cette réaction pleine de foi et qui manifeste une grande humilité, Dieu accède à la demande de Moïse : « Et Yahweh se repentit du mal qu'il avait parlé de faire à son peuple » (v. 14).

(à suivre...)

dimanche 13 avril 2008

L'intercession de Moise (1)

L'intercession de Moïse (1)

« Yahweh dit à Moïse : « Va, descends ; car ton peuple que tu as fait monter du pays d'Égypte, s'est conduit très mal. Ils se sont bien vite détournés de la voie que je leur avais prescrite » (Exode 32, 7-8). Ils sont sortis d'Égypte depuis peu. Cela a été pour eux une libération après quatre cents ans d'un dur esclavage : « On battit les scribes des enfants d'Israël, que les exacteurs de Pharaon avaient établis sur eux; on disait : « Pourquoi n'avez-vous pas achevé hier et aujourd'hui votre tâche de briques, comme précédemment ? » (Exode 5, 14).
Mais il suffit que Moïse s'attarde avec le Seigneur (lire la suite) sur le Sinaï pour qu'ils s'inquiètent et se sentent désemparés. Ils en oublient Dieu au point de tomber dans l'idolâtrie : « Ils se sont fait un veau en fonte, ils se sont prosternés devant lui, et ils lui ont offert des sacrifices, et ils ont dit : Israël, voici ton Dieu, qui t'a fait monter du pays d'Égypte » (Exode 32, 8). Ils n'auront pas été capables de patienter quarante jours ! Au bout de quelques semaines, l'angoisse les saisit. Vers la cinquième semaine, quelques-uns des Hébreux forment le projet de se fabriquer un veau d'or et vont voir Aaron, le propre frère de Moïse, qui adopte illico leur proposition ! Le propre frère de Moïse ! « Le peuple, voyant que Moïse tardait à descendre de la montagne, s'assembla autour d'Aaron et lui dit : « Allons, fais-nous un dieu qui marche devant nous. Car pour ce Moïse, l'homme qui nous a fait monter du pays d'Égypte, nous ne savons ce qu'il en est devenu. » Aaron leur dit : « Ôtez les anneaux d'or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les-moi » (Exode 32, 1-2).
Voilà qu'ils se prosternent donc devant le résultat de leurs mains, devant une statue muette, qui plus est un veau... Et ils le divinisent ! Ils ont oublié comment Dieu les a sauvés. Les dix plaies qui se sont abattues sur l'Égypte, et comment Dieu a séparé les eaux de la Mer Rouge pour qu'ils la traversent à pieds secs et comment les eaux se sont refermées sur l'armée que pharaon avait lancée à leur poursuite et qui a été engloutie dans les flots. Et comment Dieu manifestait qu'il était avec eux et les accompagnait dans leur pérégrination vers la Terre qu'il leur avait promise par une colonne de feu la nuit et une colonne de nuée le jour. Et voilà qu'ils prétendent que c'est un veau qui les a titrés d'Égypte. Sacrilège majeur !

(à suivre...)

samedi 12 avril 2008

Les femmes au service de l'Evangile (3)

Les femmes au service de l'Évangile (3)

Certains autres faits ne peuvent pas être négligés. Il faut prendre acte, par exemple, que la brève Lettre à Philémon est en réalité également adressée par Paul à une femme appelée « Apphia » (cf. Philémon 2). Des traductions latines et syriaques du texte grec ajoutent à ce nom « Apphia », l'appellation de soror carissima (ibid.), et l'on doit dire que dans la communauté de Colosse, celle-ci devait occuper une place importante ; (lire la suite) quoi qu'il en soit, c'est l'unique femme mentionnée par Paul parmi les destinataires d'une de ses lettres. Ailleurs, l'Apôtre mentionne une certaine « Phébée », qualifiée comme diákonos de l'Église de Cencrées, petite ville portuaire située à l'est de Corinthe (cf. Romains 16, 1-2). Bien que le titre, à cette époque, n'ait pas encore de valeur ministérielle spécifique de type hiérarchique, il exprime un véritable exercice de responsabilité de la part de cette femme en faveur de cette communauté chrétienne. Paul recommande de la recevoir cordialement et de l'assister « en toute affaire où elle ait besoin », puis il ajoute : « car elle a pris soin de beaucoup de gens, et de moi aussi ». Dans le même contexte épistolaire, l'Apôtre rappelle avec des accents délicats d'autres noms de femmes : une certaine Marie, puis Tryphène, Tryphose et la « très chère » Persis, en plus de Julie, dont il écrit ouvertement qu'elles se sont « donné beaucoup de peine dans le Seigneur » ou « qui se donnent de la peine dans le Seigneur » (Romains 16, 6.12a.12b.15), soulignant ainsi leur profond engagement ecclésial. Dans l'Église de Philippes se distinguèrent ensuite deux femmes appelées « Évodie et Syntykhé » (Philippiens 4, 2) : le rappel que Paul fait de leur concorde réciproque laisse entendre que les deux femmes assuraient une fonction importante au sein de cette communauté.
En somme, l'histoire du christianisme aurait eu un développement bien différent s'il n'y avait pas eu le généreux apport de nombreuses femmes. C'est pourquoi, comme l'écrivit mon cher prédécesseur Jean-Paul II dans la Lettre apostolique Mulieris dignitatem, « L'Église rend grâce pour toutes les femmes et pour chacune d'elles... L'Église rend grâce pour toutes les manifestations du « génie » féminin apparues au cours de l'histoire, dans tous les peuples et dans toutes les nations ; elle rend grâce pour tous les charismes dont l'Esprit Saint a doté les femmes dans l'histoire du Peuple de Dieu, pour toutes les victoires remportées grâce à leur foi, à leur espérance et à leur amour : elle rend grâce pour tous les fruits de la sainteté féminine » (n° 31). Comme on le voit, l'éloge concerne les femmes au cours de l'histoire de l'Église et il est exprimé au nom de la communauté ecclésiale tout entière. Nous nous unissons nous aussi à cette appréciation en rendant grâce au Seigneur, car il conduit son Église, génération après génération, en s'appuyant indistinctement sur des hommes et des femmes, qui savent faire fructifier leur foi et leur baptême pour le bien du Corps ecclésial tout entier, pour la plus grande gloire de Dieu.

Benoît XVI, Audience générale, 14 février 2007.

vendredi 11 avril 2008

Les femmes au service de l'Evangile (2)

Les femmes au service de l'Évangile (2)

Viennent ensuite différentes femmes qui, à titre divers, gravitent autour de la figure de Jésus en ayant des fonctions de responsabilité. Un exemple éloquent est représenté par les femmes qui suivaient Jésus pour l'assister de leurs biens, et dont Luc nous transmet certains noms : Marie de Magdala, Jeanne, Suzanne et « plusieurs autres » (cf. Luc 8, 2-3). Puis, les Évangiles nous informent que les femmes, à la différence des Douze, n'abandonnèrent pas Jésus à l'heure de la Passion (cf. Matthieu 27, 56.61 ; Marc 15, 40). Parmi elles ressort en particulier Marie-Madeleine, (lire la suite) qui non seulement assista à la Passion, mais fut également la première à témoigner et à annoncer le Ressuscité (cf. 20, 1. 11-18). C'est précisément à Marie de Magdala que saint Thomas d'Aquin réserve le qualificatif particulier d'« apôtre des apôtres » (apostolorum apostola), lui consacrant ce beau commentaire : « De même qu'une femme avait annoncé au premier homme des paroles de mort, ainsi, une femme annonça en premier aux apôtres des paroles de vie » (Super Ioannem, ed. Cai, 2519).
Dans le domaine de l'Église des débuts également, la présence des femmes n'est absolument pas secondaire. Nous n'insistons pas sur les quatre filles non nommées du « diacre » Philippe, résidant à Cesarée Maritime, et toutes dotées, comme nous le dit saint Luc, du « don de prophétie », c'est-à-dire de la faculté d'intervenir publiquement sous l'action de l'Esprit Saint (cf. Actes 21, 9). La brièveté de l'information ne nous permet pas de déductions plus précises. Nous devons plutôt à saint Paul une plus ample documentation sur la dignité et sur le rôle ecclésial de la femme. Il part du principe fondamental selon lequel pour les baptisés, non seulement « il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre », mais également « il n'y a ni homme ni femme ». La raison est que « tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus » (Galates 3, 28), c'est-à-dire que tous sont unis par la même dignité fondamentale, bien que chacun soit doté de fonctions spécifiques (cf. 1 Corinthiens 12, 27-30). L'apôtre admet comme quelque chose de normal que dans la communauté chrétienne, la femme puisse « prophétiser » (1 Corinthiens 11, 5), c'est-à-dire se prononcer ouvertement sous l'influence de l'Esprit, du moment que cela soit pour l'édification de la communauté et fait avec dignité. C'est pourquoi la célèbre exhortation suivante, à ce que « les femmes gardent le silence dans les assemblées » (1 Corinthiens 14, 34) doit être plutôt relativisée. Nous laissons aux exégètes le problème, très débattu, qui en découle, de la relation apparemment contradictoire, entre la première affirmation - les femmes peuvent prophétiser dans l'assemblée - et la seconde - les femmes ne peuvent pas parler. Ce n'est pas ici qu'il doit être débattu. Mercredi dernier nous avons déjà rencontré la figure de Prisca ou Priscille, femme d'Aquilas, qui dans deux cas, de manière surprenante, est mentionnée avant son mari (cf. Actes 18, 18 ; Romains 16, 3) : l'une et l'autre sont cependant explicitement qualifiés par Paul comme ses sun-ergoús « collaborateurs » (Romains 16, 3)."

(à suivre...)

jeudi 10 avril 2008

Les femmes au service de l'Evangile (1)

Les femmes au service de l'Évangile (1)

Achevant de parler des témoins des débuts du christianisme que mentionnent les écrits néo-testamentaires, le pape Benoît XVI s'attache "aux nombreuses figures de femmes qui ont accompli un rôle efficace et précieux dans la diffusion de l'Évangile. Leur témoignage ne peut être oublié, conformément à ce que Jésus lui-même dit de la femme qui lui versa de huile sur la tête, peu avant la Passion : « En vérité, je vous le dis, partout où sera proclamé cet Évangile, dans le monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu'elle vient de faire » (Matthieu 26, 13 ; Marc 14, 9). Le Seigneur veut que ces témoins de l'Évangile, ces figures qui ont apporté une contribution (lire la suite) afin de faire croître la foi en lui, soient connues et que leur mémoire soit vivante dans l'Église. Sur le plan historique, nous pouvons distinguer le rôle des femmes dans le christianisme des origines, au cours de la vie terrestre de Jésus et au cours des événements de la première génération chrétienne.
Bien sûr, comme nous le savons, Jésus choisit parmi ses disciples douze hommes comme Pères de la nouvelle Israël ; il les choisit pour « être ses compagnons et pour les envoyer prêcher » (Marc 3, 14-15). Ce fait est évident mais, outre les Douze, piliers de l'Église, pères du nouveau Peuple de Dieu, de nombreuses femmes sont également choisies au nombre des disciples. Je n'évoquerai que très brièvement celles qui se trouvent sur le chemin de Jésus lui-même, en commençant par la prophétesse Anne (cf. Luc 2, 36-38) jusqu'à la Samaritaine (cf. Jean 4, 1-39), à la femme syrophénicienne (cf. Marc 7, 24-30), à l'hémorroïsse (cf. Matthieu 9, 20-22) et à la pécheresse pardonnée (cf. Luc 7, 36-50). Je ne me réfère pas non plus aux protagonistes de certaines paraboles efficaces, par exemple la femme qui fait le pain (Matthieu 13, 33), la femme qui perd une drachme (Luc 15, 8-10), la veuve qui importune le juge (Luc 18, 1-8). Les femmes qui ont joué un rôle actif dans le cadre de la mission de Jésus sont plus importantes pour notre réflexion. En premier lieu, ma pensée se tourne naturellement vers la Vierge Marie, qui à travers sa foi et son œuvre maternelle, collabora de façon unique à notre Rédemption, au point qu'Élisabeth put la proclamer « bénie entre les femmes » (Luc 1, 42), en ajoutant « bienheureuse celle qui a cru » (Luc 1, 45). Devenue disciple du Fils, Marie manifesta à Cana une entière confiance en Lui (cf. Jean 2, 5) et le suivit jusque sous la Croix, où elle reçut de lui une mission maternelle pour tous ses disciples de tout temps, représentés par Jean (cf. Jean 19, 25-27)."

(à suivre...)

mercredi 9 avril 2008

Origene, sa pensee (3)

Origène, sa pensée (3)

Nous arrivons, enfin, à un enseignement d'Origène sur l'Église, et précisément - à l'intérieur de celle-ci - sur le sacerdoce commun des fidèles. En effet, comme l'Alexandrin affirme dans sa neuvième Homélie sur le Lévitique, « ce discours nous concerne tous » (Homélies sur le Lévitique 9, 1). Dans la même Homélie Origène - en faisant référence à l'interdiction faite à Aaron, après la mort de ses deux fils, d'entrer dans le Sancta sanctorum « à n'importe quel moment » (Lévitique 16, 2) - admoneste ainsi les fidèles : (lire la suite) « Cela démontre que si quelqu'un entre à n'importe quelle heure dans le sanctuaire, sans la préparation due, ne portant pas les vêtements pontificaux, sans avoir préparé les offrandes prescrites et s'être rendu propice à Dieu, il mourra... Ce discours nous concerne tous. Il ordonne, en effet, que nous sachions comment nous présenter à l'autel de Dieu. Ou ne sais-tu pas que le sacerdoce t'a été conféré à toi aussi, c'est-à-dire à toute l'Église de Dieu et au peuple des croyants ? Écoute comment Pierre parle des fidèles : « Race élue, dit-il, « royale, sacerdotale, nation sainte, peuple que Dieu s'est acquis. » Tu possèdes donc le sacerdoce car tu es une « race royale », et tu dois donc offrir à Dieu le sacrifice... Mais pour que tu puisses l'offrir dignement, tu as besoin de vêtements purs et différents des vêtements communs aux autres hommes, et le feu divin t'est nécessaire » (ibid.).
Ainsi, d'un côté, les « flancs ceints » et les « vêtements sacerdotaux », c'est-à-dire la pureté et l'honnêteté de vie, de l'autre, la « lumière toujours allumée », c'est-à-dire la foi et la science des Écritures, se présentent comme les conditions indispensables pour l'exercice du sacerdoce universel qui exige pureté et honnêteté de vie, foi et science des Écritures. À plus forte raison, ces conditions sont indispensables, bien évidemment, pour l'exercice du sacerdoce ministériel. Ces conditions - une conduite de vie intègre, mais surtout l'accueil et l'étude de la Parole - établissent une véritable « hiérarchie de la sainteté » dans le sacerdoce commun des chrétiens. Au sommet de ce chemin de perfection, Origène place le martyre. Toujours dans la neuvième Homélie sur le Lévitique, il fait allusion au « feu pour l'holocauste », c'est-à-dire à la foi et à la science des Écritures, qui ne doit jamais s'éteindre sur l'autel de celui qui exerce le sacerdoce. Puis, il ajoute : « Mais chacun de nous a en soi » non seulement le feu, mais « aussi l'holocauste, et de son holocauste il allume l'autel, afin qu'il brûle toujours. Quant à moi, si je renonce à tout ce que je possède prenant ma croix et suivant le Christ, j'offre mon holocauste sur l'autel de Dieu ; et si je remets mon corps pour qu'il brûle, en ayant la charité, et que j'obtiens la gloire du martyre, j'offre mon holocauste sur l'autel de Dieu » (Homélies sur le Lévitique 9, 9).
Ce chemin éternel de perfection « nous concerne tous », à condition que « le regard de notre cœur » soit tourné vers la contemplation de la Sagesse et de la Vérité, qui est Jésus-Christ. En prêchant sur le discours de Jésus de Nazareth lorsque « tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui » (Luc 4, 16-30) -, Origène semble s'adresser précisément à nous : « Aujourd'hui aussi, si vous le voulez, dans cette assemblée, vos yeux peuvent fixer le Sauveur. En effet, lorsque tu tourneras le regard le plus profond de ton cœur vers la contemplation de la Sagesse, de la Vérité et du Fils unique de Dieu, alors tes yeux verront Dieu. Heureuse assemblée, celle dont l'Écriture atteste que les yeux de tous étaient fixés sur lui ! Combien je désirerais que cette assemblée reçoive un tel témoignage, que les yeux de tous, des non baptisés et des fidèles, des femmes, des hommes et des enfants, non pas les yeux du corps, mais les yeux de l'âme, regardent Jésus !... La lumière de ton visage est imprimée sur nous, ô Seigneur, à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen ! » (Homélies sur Luc 32, 6).

Benoît XVI, Audience générale, 2 mai 2007.

mardi 8 avril 2008

Origene, sa pensee (2)

Origène, sa pensée (2)

Comme Benoît XVI l'a déjà dit, "le plus haut niveau de la connaissance de Dieu, selon Origène, naît de l'amour. Il en est de même parmi les hommes : on ne connaît l'autre réellement en profondeur que s'il y a l'amour, si les cœurs s'ouvrent. Pour démontrer cela, il se fonde sur une signification parfois donnée au verbe connaître en hébreu, lorsque celui-ci est utilisé pour exprimer l'acte d'amour humain : « L'homme connut Ève, sa femme ; elle conçut » (Genèse 4, 1). Il est ainsi suggéré que l'union dans l'amour procure la connaissance la plus authentique. (lire la suite) De même que l'homme et la femme sont « deux dans une seule chair », ainsi, Dieu et le croyant deviennent « deux dans un seul esprit ». De cette façon, la prière de l'Alexandrin atteint les niveaux les plus élevés de la mystique, comme l'attestent ses Homélies sur le Cantique des Cantiques, et notamment un passage de la première Homélie, dans laquelle Origène confesse : « Souvent - Dieu m'en est témoin - j'ai senti que l'époux s'approchait de moi au degré le plus élevé ; après, il s'en allait à l'improviste, et je ne pus trouver ce que je cherchais. Le désir de sa venue me prend à nouveau, et parfois celui-ci revient, et une fois qu'il m'est apparu, lorsque je le tiens entre les mains, voilà qu'il m'échappe encore, et une fois qu'il s'est évanoui, je me mets encore à le chercher... » (Homélies sur le Cantique des cantiques 1, 7).
Il me revient à l'esprit ce que mon vénéré Prédécesseur écrivait, en témoin authentique, dans Novo millennio ineunte, où il montrait aux fidèles « comment la prière peut progresser, comme un véritable dialogue d'amour, au point de rendre la personne humaine totalement possédée par le Bien-Aimé divin, vibrant au contact de l'Esprit, filialement abandonnée dans le cœur du Père... Il s'agit, poursuivait Jean-Paul II, d'un chemin totalement soutenu par la grâce, qui requiert toutefois un fort engagement spirituel et qui connaît aussi de douloureuses purifications, mais qui conduit, sous diverses formes possibles, à la joie indicible vécue par les mystiques comme « union sponsale » (n° 33).

(à suivre...)