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mardi 30 avril 2013

Voir Dieu (7)

Voir Dieu (7)

« Moïse n’a donc pas donné le prix du ciel [cf. Exode 16, 14-15]. C’est Dieu qui donne le pain – mais quel pain ? La manne ? Non : le pain que signifie la manne, à savoir le Seigneur Jésus qui donne la vie au monde. Ils lui dirent donc : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain ! » Comme une femme de Samarie avait dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau », ceux-ci disent : « Seigneur, donne-nous de ce pain qui restaure et ne manque jamais. » Jésus leur dit : « Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n’aura pas faim, qui boit en moi n’aura jamais soif… Vous désirez le pain du ciel ? Vous l’avez devant vous, et vous ne le mangez pas. Je vous l’ai dit, vous m’avez vu, et vous n’avez pas cru. Malgré cela, je n’ai pas détruit mon peuple : votre infidélité pouvait-elle annuler la fidélité divine ? Le texte poursuit, en effet : « Tout ce que le Père donne viendra à moi, et celui qui viendra à moi, (lire la suite) je ne le rejetterai pas dehors. » Quel est cet « intérieur » d’où l’on n’est pas jeté dehors ? Ô douce intimité, doux secret sans lassitude, sans l’amertume des mauvaises pensées, dans la rançon des tentations et de la douleur ! N’est-ce pas dans cette intimité qu’entrera le bon serviteur quand on lui dira : « Entre dans la joie de ton Dieu » ? « (saint Augustin, Sur Luc 6, 31 In Ioannis Evangelium tractatus 24, 25, 13). Qui me voit a vu le Père… En même temps, en voyant Jésus, nous recevons la nourriture qui procure la vie éternelle, car il est lui-même la Vie (cf. Jean 14, 6). Ce pain que les Juifs réclament dans la synagogue de Capharnaüm, ils n’avaient pas besoin d’aller le chercher bien loin : ils l’avaient sous leurs yeux. Mais ils n’ont pas cru en la véracité de ses paroles, en la Parole. Pourtant, « à ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom » (Jean 1, 12). Contemplons donc attentivement le Christ dans l’Eucharistie. Le Pain de Vie nous y est donné à profusion, alors même que l’hostie est petite, parce que même si elle était d’une dimension gigantesque, elle ne contiendrait pas davantage le Rédempteur : il réside tout entier dans la moindre parcelle. « En vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme […] vous n’aurez pas la vie en vous » (Jean 6, 53). Le Seigneur précise qu’il ne parle pas d’une nourriture quelconque, vulgaire, mais de la chair du Fils de l’homme, qui est venu sur terre donner sa vie en rançon pour la multitude. C’est pourquoi il affirme rondement : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6, 54). Cette vision de Dieu, commencée ici-bas, comme dans un miroir (1 Corinthiens 13, 12), comme par énigme, imparfaite, connaîtra son achèvement, sera parachevée dans la vision céleste, qui ne sera pas seulement cela, une vision face à face (1 Corinthiens 13, 12), mais une vision de l’intérieur même de Dieu où il nous aura introduit, et où nous jouirons à tout jamais du sourire si aimable de notre Mère, Sainte Marie. (fin)

dimanche 28 avril 2013

Voir Dieu (6)

Voir Dieu (6)

Le désir que Moïse exprime à Dieu de le voir est on ne peut plus légitime, car la connaissance passe par la vision des choses et des êtres, et l’amour a besoin pour s’exprimer d’avoir une expérience sensible de l’être choyé. C’est une aspiration essentielle que Dieu a inscrite au tréfonds de notre être et que rien ne peut annihiler. Elle est indestructible, insubmersible, quoi qu’en prétendent ceux qui ont expulsé Dieu de leur vie. Nous savons instinctivement que nous sommes appelés à vivre avec Dieu éternellement. Il est logique que nous désirions le dévisager dès maintenant. La question de Philippe se comprend replacée dans ce contexte : « Seigneur, montre-nous le Père » (Jean 14, 8). Jésus lui répond en lui ouvrant des horizons qu’il ne soupçonnait manifestement pas : (lire la suite) « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14, 9). Le Fils et le Père ne font qu’Un, ne sont qu’Un (cf. Jean 17, 21). Voir Dieu n’est donc pas reporté à une période ultérieure, plus faste que l’actuelle, quand nous serons délivrés des attaches terrestres. Nous le voyons dès à présent. Et nous comprenons qu’au Moyen-Âge les fidèles aient demandé à voir l’Hostie consacrée à la sainte messe, ce qui a donné lieu à la grande élévation du Corps et du Sang du Seigneur. Et les fidèles du Christ redécouvrent de nos jours le goût pour l’adoration, conscients qu’il y a là plus que quelqu’un, Jésus-Christ, Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai Homme, notre Sauveur. Montre-moi ton visage. Le visage de Dieu, c’est pour nous celui du Christ. En lui nous voyons le Père et le Saint-Esprit, un seul Dieu. Il est vain d’aller chercher ailleurs, d’attendre autre chose dans notre condition présente. « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : Montre-nous le Père ? » (Jean 14, 9). Notre joie est alors parfaite. Notre saine curiosité est satisfaite. À nous de ne pas perdre cette vision, en nous laissant éblouir par les miroirs aux alouettes de notre société de consommation, et de l’entretenir en ayant un véritable esprit d’adoration : « L’heure approche, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, ce sont de tels adorateurs que le Père demande » (Jean 4, 23). Voilà qui ne laisse pas de place à l’ambiguïté. Ajoutons encore une considération tirée de ce que saint Augustin a fait remarquer à propos de la manne et du Pain de vie, et qui va dans le sens de ce que nous venons de dire. (à suivre…)

samedi 27 avril 2013

Les temps sont mauvais

Les temps sont mauvais

Les temps sont mauvais sur la terre. Les cœurs sont broyés parfois, mais même dans l’épreuve, on continue de m’outrager. Le mal se rallume dans les âmes et c’est la France qui ouvre dans mon Cœur cette blessure d’où s’échappent des flots de sang. Je veux tenter un dernier effort. Mon amour surpasse toute mesure. J’aime tant la France. Je veux la sauver… En mon nom, je te commande d’écrire au chef de ceux qui vous gouvernent. L’image de mon Cœur qui doit se faire doit sauver la France. C’est à eux que tu l’enverras. Si on la respecte, c’est le salut. Mais si on la foule aux pieds, ce sont les malédictions qui tombent et écrasent tout le peuple. Va droit à ceux qui vous gouvernent. Si tu savais comme la conscience de ces gens-là est agitée ! À toi maintenant de te faire connaître. La chose te paraît grave mais obéis. C’est le salut de la patrie. Notre Seigneur à Claire Ferchaud, 16 décembre 1916.

Fille aînée de l'Eglise

Fille aînée de l'Eglise

Que vous dirai-je à tous, chers fils de France, qui gémissez sous le poids de la persécution ? Le peuple qui fait alliance avec Dieu sur les fonts baptismaux de Reims se convertira et retournera à sa première vocation. Sans doute les fautes ne resteront pas impunies, mais elle ne périra jamais, la fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes. Un jour viendra, et nous espérons qu’il n’est pas très éloigné, où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une lumière céleste et entendra la voix qui répétera : Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ? Et sur sa réponse : Qui es-tu, Seigneur ? La voix lui répliquera : Je suis Jésus que tu persécutes. Il t’est dur de regimber sous l’aiguillon parce que dans ton obstination tu te ruines toi-même. Et elle, tremblante et étonnée dira : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? Et Lui répondra : Lève-toi, lave-toi des souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, fille aînée de l’Église, nation prédestinée, vase d’élection, va porter comme par le passé mon étendard devant tous les peuples et les rois de la terre. Saint Pie X, Allocution aux nouveaux cardinaux, 29 novembre 1911.

vendredi 26 avril 2013

Voir Dieu (5)

Voir Dieu (5)

Or, « un monde sans Dieu est un monde sans justice » (Benoît XVI, encyclique Spe salvi, 30 novembre 2007, n° 44). Voir Dieu a un prix, qui est de vivre sur terre « dans la justice et la sainteté tous les jours de notre vie » (Luc 1, 75). Certes, Dieu nous donne sa grâce à tout moment, et nous attire à lui de toutes les manières possibles – et il faut voir comme il est inventif ! – se servant parfois d’événements on ne peut plus minimes ou banals. Mais la grâce n’annule pas la justice. Elle ne saurait s’exercer à son encontre. Car toutes deux ont Dieu pour auteur. Mieux encore, toutes deux sont Dieu. C’est pourquoi, comme le pape Benoît XVI l’explique, la grâce « ne change pas le tort en droit » (ibidem). Elle ne peut pas faire que ce qui est mal devienne un bien dans certaines circonstances (celles qui nous conviennent, bien évidemment). Cela ne peut jamais se produire. D’où l’on voit l’erreur crasse de ceux qui admettent la légitimité de ce qu’ils reconnaissent pourtant comme un mal, à certaines conditions, le relativisme moral contre lequel le bienheureux Jean-Paul II a dû s’élever dans son encyclique Veritatis splendor (du 6 août 1993) sur la splendeur de la Vérité. Soit dit en passant, le titre est particulièrement bien choisi. (lire la suite) Benoît XVI poursuit son raisonnement et l’illustre en recourant à Dostoïevski et à Platon : la grâce « n’est pas une éponge qui efface tout, de sorte que tout ce qui s'est fait sur la terre finisse par avoir toujours la même valeur. Par exemple, dans son roman « Les frères Karamazov », Dostoïevski a protesté avec raison contre une telle typologie du ciel et de la grâce. À la fin, au banquet éternel, les méchants ne siégeront pas indistinctement à table à côté des victimes, comme si rien ne s'était passé. Je voudrais sur ce point citer un texte de Platon qui exprime un pressentiment du juste jugement qui, en grande partie, demeure vrai et salutaire, pour le chrétien aussi. Même avec des images mythologiques, qui cependant rendent la vérité avec une claire évidence, il dit qu'à la fin les âmes seront nues devant le juge. Alors ce qu'elles étaient dans l'histoire ne comptera plus, mais seulement ce qu'elles sont en vérité. ‘Souvent, mettant la main sur le Grand Roi ou sur quelque autre prince ou dynaste, il constate qu'il n'y a pas une seule partie de saine dans son âme, qu'elle est toute lacérée et ulcérée par les parjures et les injustices [...], que tout est déformé par les mensonges et la vanité, et que rien n'y est droit parce qu'elle a vécu hors de la vérité, que la licence enfin, la mollesse, l'orgueil, l'intempérance de sa conduite l'ont rempli de désordre et de laideur : à cette vue, Rhadamante l'envoie aussitôt déchue de ses droits, dans la prison, pour y subir les peines appropriées [...] ; quelquefois, il voit une autre âme, qu'il reconnaît comme ayant vécu saintement dans le commerce de la vérité. [...] Il en admire la beauté et l'envoie aux îles des Bienheureux » (Gorgias 525a-526c) » (encyclique Spe salvi, n° 44). (à suivre…)

jeudi 25 avril 2013

La France tombera très bas

La France tombera très bas

La France tombera très bas, plus bas que les autres nations, à cause de son orgueil et des mauvais chefs qu’elle se sera choisis. Elle aura le nez dans la poussière. Alors elle criera vers Dieu et c’est la Sainte Vierge qui viendra la sauver. Elle retrouvera sa mission de fille aînée de l’Église et enverra de nouveau des missionnaires dans le monde entier. Marthe Robin, cité par P. de Laubier, France Catholique, 26 janvier 2007.

mercredi 24 avril 2013

Voir Dieu (4

Voir Dieu (4

« Si tu veux vraiment que ton cœur réagisse bien, je te conseille de t'introduire en pensée dans une des Plaies de Notre-Seigneur : c'est ainsi, en effet, que tu Le fréquenteras de plus près, que tu te placeras tout contre Lui, que tu sentiras palpiter son Cœur..., et que tu Le suivras dans tout ce qu'Il te demandera » (saint Josémaria, Forge, n° 755). Parce que l’union au Christ joyeusement souffrant pour nous libérer du péché doit faire naître en nous ces résolutions fermement arrêtées de ne pas nous laisser séduire par l’attrait des biens matériels et de ne pas rechercher l’affection humaine pour notre propre consolation, mais de nous appuyer sur la poitrine du Seigneur, comme l’apôtre Jean (cf. Jean 13, 23), afin que notre cœur batte au rythme de celui du Christ. Nous pouvons alors l’entendre renouveler son appel : « Viens et suis-moi ! » (Jean 1, 44) et, comme les Douze, larguer les amarres, relictis omnibus, laissant tout, absolument tout (cf. Luc 5, 11). Non que nous désertions le monde et ses activités, (lire la suite))mais en ce sens que nous les vivons en les replaçant exclusivement dans le cadre de la mission salvatrice du Seigneur, et que nous lui offrons tout, dans un esprit de corédemption, pour qu’il s’en serve au profit des âmes, et qu’il leur communique « grâce sur grâce » (Jean 1, 16). Je me souviens de quelqu’un qui, après avoir traversé les Pyrénées pendant la deuxième Guerre mondiale, et après avoir pu, dans des circonstances assez miraculeuses, sortir du camp de concentration de Miranda, en Espagne, est passé au Maroc. Là, aligné avec d’autres sur la jetée d’un port, il a vu un général passer devant eux et les dévisager un à un. Voyant la densité, la profondeur et la conviction de son regard, il s’est dit : « Celui-là, je le suivrai partout. » C’est ce qu’il a fait. Cet homme, c’était le général Leclerc de Hautecloque. Si nous pouvons avoir ce genre de réaction en présence d’un chef, d’un homme d’exception, n’est-il pas logique qu’une réaction semblable se produise en nous lorsque nous nous mettons en présence de Dieu ? En nous introduisant par la pensée dans les Plaies du Seigneur, nous pourrons effectivement le suivre dans tout ce qu’il nous demandera, le suivre partout, nous attacher à lui à tout jamais. C’est ce qui en vaut vraiment la peine, l’unique chose nécessaire, comme Jésus a tâché de le faire comprendre à Marthe, la sœur de Marie et de Lazare, à Béthanie (cf. Luc 10, 38-42), engluée qu’elle était dans le matériel, avec toute la meilleure bonne volonté du monde. Mais la bonne volonté ne suffit pas. Encore faut-il raisonner droitement, c’est-à-dire avec une vision surnaturelle des événements, en tenant compte de tous les facteurs. (à suivre…)

lundi 22 avril 2013

Voir Dieu (3)

Voir Dieu (3)

Tu verras le dos, l’envers de ma gloire, c’est-à-dire la Passion et l’humiliation dans le mystère pascal qui est l’envers de la glorification du Christ. « Ne pensez pas qu’elle soit quelconque ou négligeable, cette contemplation de l’envers de la sa gloire. Qu’Hérode la méprise ! Moi je la révère d’autant plus qu’elle s’est montrée plus méprisable à Hérode. L’envers de la Gloire a déjà de quoi nous béatifier : qui sait si Dieu va se retourner vers nous, et nous pardonner, et laisser derrière lui sa bénédiction. Parfois il montrera sa face, et nous serons sauvés ! Mais en attendant, il suffit qu’il nous prévienne des bénédictions de sa douceur, celles qu’il a coutume de laisser derrière lui. Qu’il nous montre, pour le moment, la trace de ses pas ; et une autre fois il se montrera de face, en pleine gloire. Dans son royaume il est sublime, sur la Croix il est doux et humble. Qu’il vienne à moi dans la vision de la croix, qu’il me comble de celle du Royaume ! Les deux visions me sont salutaires, les deux me sont savoureuses, mais l’une dans sa sublimité, l’autre dans l’humilité. Dans l’une il resplendit, dans l’autre il pâtit. (lire la suite) Si l’Église habite dans les Plaies de notre Seigneur – toute son histoire est une longue passion qui prolonge la Passion de son Fondateur, et qui trouve son expression sublime et son sommet dans la célébration ininterrompue du Saint Sacrifice de la messe sur les cinq continents , si donc l’Église habite les saintes Plaies du Christ, elle nous y introduit, elle nous y fait entrer avec elle. C’est très bon pour nous. C’est tout à l’avantage de celui qui entend approfondir sa relation affective avec Dieu et se laisser imbiber de son Amour. Car l’Amour de Dieu peut difficilement être poussé plus loin que dans le don de sa propre Vie, c’est-à-dire dans l’offrande du Fils fait homme. Et ce même si la puissance de Dieu est infinie. Don gratuit qui a pour objet de nous identifier au Christ souffrant pour ressusciter avec lui, pour nous installer dès à présent dans la proximité de Dieu, pour nous placer sur l’orbite de Dieu et, tout en étant dans le monde, ne pas être mondains, mais détachés des intérêts terrestres, mis à part notre désir ardent de transmettre notre foi à d’autres. Pour cela, comme saint Paul, « je me fais tout à tous, afin de les sauver tous » (1 Corinthiens 9, 22). (à suivre…)

samedi 20 avril 2013

Voir Dieu (2)

Voir Dieu (2)

omme saint Paul l’écrira : « Vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire pour plaire à Dieu, et c’est ainsi que vous vous conduisez, mais faites encore plus ! » (1 Thessaloniciens 4, 1). Autrement dit, ayez de l’ambition surnaturelle. Ne vous contentez pas d’une vie spirituelle rachitique ou étriquée. Vous plaisez à Dieu comme Moïse, mais, comme Moïse, demandez plus encore, l’impossible même. Et Moïse obtient ce qui n’a été accordé à nul autre, avant que Jésus ne nous transfigure… « Que dirons-nous de cette parole adressée à Moïse : ‘L’homme ne peut me voir et vivre’ ? La vision de « l’Être » tue ceux qui le regardent : non pas par la colère de cet Être, mais par la véhémence de sa splendeur » (saint Éphrem, Sermo de Deo nostro), splendeur telle « qu’aucun foulon sur la terre ne pourrait blanchir ainsi » (Marc 9, 3). C’est pourquoi donc l’Être, « par pur amour, donne à Moïse de voir sa Gloire, (lire la suite) mais, par le même grand amour, l’empêche de le voir. […] Dieu, dans son grand amour, voulut que le regard de Moïse se dirigeât vers le rayon béatifique de sa Gloire, mais ne voulut pas que les yeux de Moïse fussent aveuglés par le choc de ces mêmes rayons. C’est ainsi que Moïse vit et ne vit pas. Dans la mesure où il vit, son humilité fut comblée ; dans la mesure où il ne vit pas, ses yeux infirmes ne furent pas éteints » (saint Éphrem, Sermo de Deo nostro). « Je vois que dans son âme brûlante grandissait un amour obsédant de la Beauté première, et son espérance l’attirait toujours vers le beau entrevu avec celui qui se présentait à un degré le plus haut. Ce qu’il voyait toujours, enflammait en lui le désir de ce qui restait caché » (saint Grégoire de Nysse, Vie de Moïse). Ce désir que l’auteur de sa vie exprime à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il manifeste son aspiration la plus profonde : vultum Domine requiram, « je cherche ta face, Seigneur. Ne me cache pas ton visage » (Psaume 26, 8-9). « Moïse demande à jouir de la souveraine Beauté, non plus dans un miroir ni des reflets, mais ‘que je voie ton visage !’ Et Dieu, par cela même qu’il refuse, donne ce qui est demandé : car, en quelques mots, il découvre la connaissance sur l’abîme » (saint Grégoire de Nysse, Vie de Moïse).Il montre qu’il habite « des régions inaccessibles » à l’homme et que celui-ci n’est pas encore digne, dans sa condition de viator, de pèlerin en marche vers la patrie céleste, de comparaître en sa présence. La vision de Dieu en face à face interviendra quand il nous appellera à lui, au moment qu’il a choisi de toute éternité, et qui accomplira notre eschatologie personnelle. Le moment de notre trépas à ce monde pour passer à l’autre, aboutir à un état qui sera fidèlement celui que nous aurons décidé, élaboré tout au long des années qu’il nous est donné de vivre ici-bas, en travaillant (cf. Genèse 2, 15) en faisant fructifier les talents reçus (cf. Matthieu 25, 14-30). (à suivre…)

jeudi 18 avril 2013

Voir Dieu (1)

Voir Dieu (1)

« Le Seigneur dit à Moïse : ‘Je ferai encore ce que tu demandes, car tu as trouvé grâce à mes yeux et je te connais par ton nom’ » (Exode 33, 17). En effet, « tu es mon Fils, moi-même, aujourd’hui, je t’ai engendrée (Psaume 2, 7). Tu es mon familier, mon ami, avec qui je partage mon bien. Alors Moïse formula cette requête : « Fais-moi voir ta gloire, je te prie » (Exode 33, 18). « Comment cela se fait-il ? L’homme qui, au dire de la voix divine, a eu la claire vision de Dieu en tant de merveilleuses théophanies – où l’on dit qu’il parlait avec Dieu face à face, comme un ami avec un ami – en arrive à demander que Dieu lui apparaisse comme s’il n’avait pas encore vu celui qui lui apparaît toujours : comme s’il n’avait pas atteint ce que nous voyons qu’il a atteint, car l’Écriture l’affirme. (lire la suite) Et la voix qu’il vient d’entendre accède dans un premier temps au désir de Moïse, ne lui refuse pas cette grâce de plus ; mais elle le rejette après cela dans le désespoir, en déclarant que ce qu’il cherche est hors des prises de la vie humaine » (saint Grégoire de Nysse, Vie de Moïse). Dieu, tout en accédant à la demande, avait précisé, en effet : ’Tu ne pourras pas voir mon visage, car l’homme ne peut me voir et vivre. […] Tu me verras par derrière ; mais ma face ne peut être vue » (Exode 20, 23). Il s’agit ici de l’homme charnel, encore enfermé dans les limites corporelles et temporelles. « Mais il y a un lieu près de lui, dit Dieu, et dans ce lieu une Pierre et dans la Pierre un creux, où il ordonne à Moïse de se placer : Dieu mettra sa main sur l’entrée de la Pierre, et à l’extérieur Dieu passera, tandis que Moïse par derrière verra celui qui l’appelle. C’est ainsi que Moïse voit Celui qu’il cherchait : et c’est ainsi que fut accomplie la promesse de la voix divine. […] Rayonnant de gloire, Moïse brûle encore de désir : insatiable, il veut davantage, encore assoiffé de Celui qu’il n’a pas vu en son essence même ; il a besoin de l’atteindre comme il ne l’a jamais atteint, et il vient supplier Dieu de se montrer à lui, non pas dans la mesure où l’homme est capable de le recevoir, mais tel qu’il est en lui-même » (saint Grégoire de Nysse, Vie de Moïse). Quel exemple pour nous dans ce désir fou de Moïse, qui trahit un amour authentique de Dieu, porté à sa plénitude. Non une simple amitié, mais un désir d’identification à l’être aimé, de don de soi, pour ne faire plus qu’un avec Lui. Moïse est un « homme de désir » (cf. Daniel 9, 13), qui aspire à de plus en plus d’amour, à plus de bonheur, à plus d’union à Dieu. (à suivre…)

samedi 6 avril 2013

Annonciation (6)

Annonciation (6)

Aussi, avec lui, bon nombre d’anciens Pères disent : "Le nœud dû à la désobéissance d’Ève, s’est dénoué par l’obéissance de Marie ; ce que la vierge Ève avait noué par son incrédulité, la Vierge Marie l’a dénoué par sa foi" (cf. ibid.) ; comparant Marie avec Ève, ils appellent Marie " la Mère des vivants " et déclarent souvent : "par Ève la mort, par Marie la vie" (Lumen Gentium 56) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 494). Quomodo fiet ? Fiat ! Une lettre de différence, mais qui fait toute la différence. tourneau.blogspot.com/2013/04/annonciation-6.html">(lire la suite) Le don de soi vécu dans les petites choses de la vie ordinaire qui, nous le voyons, peuvent avoir de grandes répercussions, insoupçonnées, sur le salut de l’humanité. Saint Albert le Grand affirme que Marie « a eu toutes et chacun des vertus à un degré superlatif, se distinguant en cela des autres saints qui n’en ont eu qu’une à un degré éminent. C’est ainsi que Noé a eu comme prérogative spéciale d’être juste, Abraham d’être fidèle, Joseph d’être chaste, Moïse d’être doux, Job patient, David humble, Salomon sage, Élie jaloux de la Loi et ainsi de suite. C’est pourquoi l’Église chante de tous les confesseurs : « L’on n’a trouvé personne de semblable à lui… » Parce que chacun a surpassé ses contemporains dans la pratique d’une vertu particulière. Mais la Sainte Vierge a surpassé tous les saints de l’Ancien et du Nouveau Testament dans la pratique, non seulement d’un nombre déterminé de vertus, mais de toutes » (cf. Bourassé, Summa aurea 8). « La Sainte Vierge Marie, Maîtresse du don de soi qui ne connaît pas de limite. — Te souviens-tu ? c’est en la louant, Elle, que Jésus affirme : “ Celui qui accomplit la volonté de mon Père, celui-ci (celle-ci !) est ma Mère !… ” Prie cette bonne Mère pour que se renforce dans ton âme — d’une force d’amour et de libération — la réponse, généreuse, exemplaire, qui fut la sienne : “ecce ancilla Domini !” — Voici la servante du Seigneur » (saint Josémaria, Sillon, n° 33). « Et l'ange la quitta » (Luc 1, 38). Il a rempli sa mission. Sa présence n’est plus nécessaire. Marie a vu clairement sa vocation. Elle ne regardera pas en arrière. D’ailleurs, elle y a tout à gagner : Dieu avec elle, mieux encore Dieu en elle. Elle est devenue la Mère du Sauveur et, par voie de conséquence, la propre Mère de tous les croyants. (fin)

vendredi 5 avril 2013

>Annonciation (5)

>Annonciation (5)

Ce qui est plus terrifiant à entendre, c’est que l’enfant auquel elle va donner le jour est rien moins que le Fils de Dieu ! Quelle mission redoutable Dieu confie à cette jeune fille de Nazareth ! Quelle responsabilité écrasante. Mais « Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu » (Luc 1, 30). Et puis quand Dieu confie une mission à quelqu’un, il lui communique toutes les grâces opportunes pout qu’il puisse effectivement la mener à bien. Marie sait qu’elle peut faire entièrement confiance à Dieu. Il a manifesté tout au long de l’histoire combien il et proche de son peuple. Et il le manifeste maintenant de façon encore plus éclatante en venant habiter chez les hommes : « Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous » (Jean 1, 14). Comme pour rassurer Marie et qu’elle soit bien tranquille, Gabriel ajoute une information, (lire la suite) tout aussi inattendue : « Et voici qu'Élisabeth, votre parente, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et ce mois-ci est le sixième pour elle que l'on appelait stérile » (Luc 1, 36). C’est effectivement une nouvelle de taille. Qui pouvait s’attendre à un tel événement ? Ca été, en tout cas, une nouvelle bien gardée. « Quand les jours de son [de Zacharie] service furent accomplis, il s'en alla en sa maison. Après ces jours, Élisabeth, sa femme, conçut, et elle se tint cachée pendant cinq mois, disant : ‘Ainsi a fait pour moi le Seigneur, au jour où il lui a plu d'ôter mon opprobre parmi les hommes’ » (Luc 1, 23-25). Élisabeth n’en a parlé à personne, pas même à Marie. Elle a gardé cela pour elle. Et voilà que maintenant c’est révélé à Marie, pour qu’elle comprenne que ce qui lui est annoncé à elle, et qui est plus merveilleux encore, est du domaine du possible pour Dieu, « car rien ne sera impossible pour Dieu » (Luc 1, 37). Face à cela, Marie, déjà résolue intérieurement à suivre ponctuellement la Volonté de Dieu, donne son consentement à haute voix : « Voici la servante du Seigneur : qu'il me soit fait selon votre parole ! » (Luc 1, 38). « À l’annonce qu’elle enfantera "le Fils du Très Haut" sans connaître d’homme, par la vertu de l’Esprit Saint (cf. Luc 1, 28-37), Marie a répondu par "l’obéissance de la foi" (Romains 1, 5), certaine que "rien n’est impossible à Dieu" : "Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole" (Luc 1, 37-38). Ainsi, donnant à la parole de Dieu son consentement, Marie devint Mère de Jésus et, épousant à plein cœur, sans que nul péché la retienne, la volonté divine de salut, se livra elle-même intégralement à la personne et à l’oeuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance et avec lui, par la grâce de Dieu, au mystère de la Rédemption (cf. Lumen Gentium 56) : Comme dit saint Irénée, "par son obéissance elle est devenue, pour elle-même et pour tout le genre humain, cause de salut " (Adversus hæreses 3, 22, 4). (à suivre…)

jeudi 4 avril 2013

Annonciation (4)

Annonciation (4)

Nous avons là un exemple magnifique de disponibilité, d’aptitude à changer de plan quand il le faut, quand quelqu’un de qualifié nous demande quelque chose qui peut nous sembler aller à l’encontre de ce qu’il nous a demandé précédemment et qui suppose de nous réorganiser différemment. Il y a toujours de bonnes raisons à cela. Des raisons que nous ignorons, comme Marie, et que nous découvrirons plus tard, comme elle. Nous n’avons pas cette capacité de Marie à répondre sans hésitation et à ne pas discuter, à ne pas chercher à nous défiler sous de vains prétextes. Apprenons d’elle. Contemplons-là qui ne doute pas. Qui prie pour arriver à bien comprendre la volonté de Dieu et qui fait de nouveau, intérieurement d’abord, l’offrande d’elle-même. Comme elle a toujours été pleinement décidée à faire entièrement la Volonté de Dieu et seulement la Volonté de Dieu, elle est prête à embrayer dans une nouvelle direction. Elle veut simplement ne pas se tromper et savoir comment harmoniser des plans apparemment opposés. Elle nous montre ainsi ce que doit être notre réaction : réfléchir, prier, poser les questions opportunes avec droiture d’intention, manifester notre docilité au Saint-Esprit. (lire la suite) Alors, l’ange de répondre : « L'Esprit-Saint viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu » (Luc 1, 35). Réponse on ne peut plus satisfaisante et rassurante. Marie comprend que cet enfant annoncé ne sera pas de Joseph, son mari, qui a accepté de respecter sa virginité et s’y est engagée fermement. Il n’aura pas à revenir sur sa promesse. Marie comprend que sa virginité donc sera respectée, puis que c’est le Saint-Esprit qui la couvrira de son ombre. Elle restera vierge et elle deviendra la Mère du Messie… La prophétie d’Isaïe va donc bien se réaliser en elle et par elle ! Quel étonnement, quel émerveillement et quelle source d’humilité accrue ! Cette humilité déjà si présente en elle qu’elle a amené Dieu en quelque sorte à jeter son dévolu sur la jeune fille de Nazareth. « Il m’a fait réfléchir ce mot dur, mais vrai, de cet homme de Dieu qui contemplait l’attitude hautaine de telle créature : “il s’habille de la même peau que le diable : d’orgueil”. Et, par contraste, un désir sincère a surgi dans mon cœur, celui de me revêtir de la vertu que Jésus a prêchée, “ quia mitis sum et humilis corde ” — je suis doux et humble de cœur — ; celle qui a attiré le regard de la Très Sainte Trinité sur la Mère de Jésus et notre Mère : l’humilité, savoir, être convaincus que nous ne sommes rien » (saint Josémaria, Sillon, n° 726). (à suivre…)

mercredi 3 avril 2013

Annonciation (3)

Annonciation (3)

« L'ange lui dit : "Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu" » (Luc 1, 30). De cela, elle ne doute pas. Elle s’est constamment sentie accompagnée par Dieu. Elle vit dans son intimité. Elle est continuellement en présence de Dieu. Elle sait bien qu’elle a trouvé grâce à ses yeux… Seulement, elle serait bien incapable d’en donner une explication, et de trouver que la raison en est qu’elle est l’Immaculée Conception, qu’elle a été préservée de la tache du péché originel de nos premiers parents, et elle seule, ce qui la singularise par rapport à tous les autres êtres humains… et ce, en vue d’une mission unique, elle aussi, et de la plus haute importance, à laquelle elle ne pouvait nullement prétendre. Elle ne peut pas le savoir, d’autant que son humilité la porte à se considérer rien et moins que rien. Saint Paul se verra comme le « rebut du monde »… (cf. 1 Corinthiens 4, 13). (lire la suite) « L'ange lui dit : "Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus » (Luc 1, 30-31). Il lui dit de ne pas craindre, mais ce qu’il lui annonce ne peut en fait que la troubler davantage. Elle a suivi l’inspiration divine qui lui demandait de rester vierge et de mettre toute sa vie au service de Dieu. Et voilà qu’il lui est annoncé qu’elle va enfanter… encore une fois, elle voit bien qu’elle n’a pas affaire à un charlatan, à un homme plus ou moins fiable dans ses dires, mais que ce qui lui est annoncé est sérieux. Elle comprend qu’il lui est demandé de bouleverser sa vie de fond en comble. Et elle s’interroge dans son for intérieur sur ce qu’elle doit faire tandis qu’elle écoute l’archange poursuivre : « Voici que vous concevrez, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il règnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n'aura point de fin » » (Luc 1, 31-33). Elle ne peut pas ne pas penser spontanément à toutes les Écritures sur lesquelles elle est revenue souvent dans sa méditation personnelle, en demandant au Tout-Puissant que cela se réalise pour le bien du peuple. Et notamment l’annonce suivante : « Voici que la vierge a conçu, et elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (Isaïe 7, 14). Cette vierge, serait-ce donc elle ? Marie n’entre pas dans de grandes discussions inutiles. Elle va droit à l’essentiel : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais point l'homme ? » (Luc 1, 34). Nous la sentons tout à fait prête à suivre les plans de Dieu. Mais comme ils semblent se contredire ou être incompatibles, elle s’enquiert en toute simplicité de leur mode d’accomplissement. Elle ne rejette pas ce qui lui est proposé. Elle manifeste au contraire son entière disponibilité. Mais elle est perplexe ; et nous la comprenons. (à suivre…)

mardi 2 avril 2013

Annonciation (2)

Annonciation (2)

« Étant entré où elle était, il lui dit : « Salut, pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous ; [vous êtes bénie entre les femmes]. » Mais à cette parole elle fut fort troublée, et elle se demandait ce que pouvait être cette salutation » (Luc 1, 28-29). Ce trouble s’explique facilement. Un compliment reçu qui ne semble pas correspondre à la réalité nous fait monter le rouge au front. Marie est la suprêmement humble. Son humilité n’a pas son pareil. C’est dire combien elle se sent petite devant Dieu et devant les hommes, et qu’elle ne s’accorde aucune importance. Les paroles de l’ange ne peuvent que la troubler, car elle ne trouve en elle rien qui puisse les justifier. Certes, elle sent bien qu’elle vit dans la proximité de Dieu, en relation très étroite avec lui. Elle en éprouve une joie permanente qu’elle n’échangerait pour rien au monde. Cela nourrit sa prière. Mais elle n’en prend que plus conscience du néant de la créature qu’elle est, de n’être rien par elle-même. Comment peut-elle être bénie parmi toutes les femmes, elle qui n’est qu’une pauvre jeune fille d’une bien modeste bourgade d’un pays qui ne pèse pas lourd sur l’échiquier international ? Que signifie « bénie parmi toutes les femmes » ? (lire la suite) Son état de prière habituelle et son union à Dieu lui font comprendre que ce qui lui dit ce messager divin n’a rien de la flatterie humaine. Elle ne s’est jamais accordée d’importance à elle-même. Elle ne s’est pas comparée aux autres, si ce n’est pour les trouver bien meilleurs qu’elle. Et voilà que cet homme, dont elle ne sait sans doute pas que c’est un ange qui se tient devant Dieu (ce qu’elle est à ses propres yeux, cf. Luc 1, 19), lui dit quelque chose qui va à l’encontre de ce qu’elle sait être sa condition objective. « Salut, pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous ; [vous êtes bénie entre les femmes] » (Luc 1, 28). Que peut signifier une salutation aussi étrange ? « À cette parole elle fut fort troublée, et elle se demandait ce que pouvait être cette salutation » (Luc 1, 29). « "Quomodo fiet istud quoniam virum non cognosco ?" — comment pourra s'accomplir ce prodige, si je ne connais point d'homme ? Cette réponse de Marie à l'Ange est le reflet de son cœur sincère. En contemplant la sainte Vierge, j'ai vérifié cette règle, qui est si claire: pour avoir la paix et vivre en paix, nous devons être sincères avec Dieu, avec ceux qui dirigent notre âme et avec nous-mêmes» (saint Josémaria, Forge, n° 328). (à suivre…)

lundi 1 avril 2013

Annonciation (1)

Annonciation (1)

« Au cours du sixième mois [de la grossesse d’Élisabeth, mère de Jean-Baptiste], l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, vers une vierge fiancée à un homme de la maison de David, qui avait nom Joseph. Le nom de cette vierge était Marie » (Luc 1, 26-27). Marie, selon la tradition, était recueillie en prière. « Que de grâce dans cette scène de l’Annonciation. Marie se recueille en prière… — combien de fois n’avons-nous pas médité cela ! Elle utilise ses cinq sens et toutes ses facultés pour parler avec Dieu. Et c’est dans la prière qu’elle apprend la Volonté divine ; et par la prière elle en fait la vie de sa vie : n’oublie pas l’exemple de la Sainte Vierge ! » (saint Josémaria, Sillon, n° 481). Nous voyons à cet exemple combien il est important de consacrer quelques moments de la journée à nous arrêter à prier, à faire une prière dialoguée avec notre Dieu, à méditer. Quand Marie ne priait-elle pas ? Nous pouvons nous le demander. Puisqu’elle a été exemptée du péché originel, rien ne peut la distraire de Dieu, lui faire oublier son Créateur. Bien sûr, comme dans notre cas, elle consacre certains moments à prier tout spécialement, comme toute bonne femme juive. Mais sa présence de Dieu doit être continuelle. (lire la suite) À l’époque où Dieu lui fait connaître son projet par l’ambassade de l’archange, très vive était l’attente du Messie qui devait libérer son peuple et instaurer un royaume universel vers lequel afflueront toutes les nations (cf. Isaïe 2, 2). Toute femme en Israël est en puissance de devenir la mère du Sauveur. C’est pourquoi la stérilité est considérée comme un opprobre. Or, que fait Marie ? Dans ce contexte, elle a décidé de servir le Seigneur de tout son être, lui offrant sa virginité. Elle se met corps et âme à sa disposition. Elle se place donc à l’écart de la maternité du Messie. Elle entend vivre différemment dans l’union à Dieu. Elle n’a pas pris cette décision d’elle-même. Car tout ce que nous faisons de bien, nous le réalisons sous l’action de la grâce prévenante. Marie de Nazareth a donc pris cette résolution sous l’inspiration du Saint-Esprit. Ce sacrifice a dû lui coûter, mais elle l’a assumée joyeusement, certaine de faire plaisir à Dieu. Et que peut-il y avoir de mieux, en effet, que de faire quæ tibi sunt placita, ce qui plaît à Dieu (cf. Jean 8, 29), aussi bien en paroles que dans les faits ? (à suivre…)