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vendredi 30 janvier 2015

Le jeune homme riche (5)

Le jeune homme riche (5)

Ce que ce jeune homme devait faire, c’était de suivre le Christ, comme tant d’autres s’étaient déjà attachés à lui. C’était de ne pas se contenter d’accomplir la Loi de Moïse, mais d’entrer de plain-pied dans la Nouvelle alliance. Pour cela Jésus lui propose de faire confiance à la Providence. Dieu respecte sa liberté. Il ne s’est pas entendu dire, comme sainte Thérèse d’Avila, déjà âgée et fatiguée, qui répugnait à entreprendre de nouvelles fondations, « que crains-tu ? Quand t’ai-je manqué ? Je suis toujours le même aujourd’hui que j’ai toujours été » (Fondations, chap. 29). (lire la suite) Si Dieu ne nous demande pas à tous la même chose qu'au jeune homme riche, il a cependant son plan à notre égard, un plan que les événements nous révèlent partiellement, mais que nous avons tout intérêt à lui demander de nous faire connaître : « Maître, que dois-je faire de bien pour acquérir la vie éternelle » (Marc 10, 16) ? Cette question, il est bon que nous la fassions aussi retentir à l'oreille de nos amis, ou plutôt que nous les aidions à la poser à leur tour. Quelle que puisse être leur réponse, peut-être aussi peu généreuse que la nôtre... « Tu me dis de ton ami qu’il fréquente les sacrements, qu’il mène une vie claire et qu’il est bon étudiant (interprétons en disant qu'il vit plus ou moins les commandements), mais qu’il n’« accroche » pas : si tu lui parles de sacrifice et d’apostolat, il s’attriste et s’en va (interprétons en disant qu'il possède de grands biens, qu'il a beaucoup de travail, de nombreuses activités culturelles, une vie sociale prenante, etc.). « Ne t’inquiète pas. — Ce n’est pas un échec de ton zèle ; c’est, à la lettre, la scène de l’Évangile : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres » (sacrifice)… « puis viens, et suis-moi » (apostolat) » (saint Josémaria, Chemin, n° 807). Ce n'est pas un échec de notre part, mais un échec de notre ami, tout comme la dérobade du jeune homme riche n'a pas été un échec du Christ mais de lui-même. Chacun est libre de répondre ou non à la grâce de Dieu. Et quand cette grâce a fait naître un désir particulier de sainteté, le refus final est sans doute plus grave que si Dieu n'avait pas donné ce secours surnaturel. Nous devons quant à nous chercher vraiment la sainteté, la désirer ardemment, mais pas de façon purement théorique, en mettant des limites à ce que Dieu demande. Autrement nous passons à côté de la compagnie de Jésus. Nous avons sans doute celle du confort matériel, du travail qui nous occupe tant, de collègues de travail dont la conversation n'est pas toujours très enrichissante, de la famille qui n'est parfois qu'entrevue... Or, nous devons être prêts à tout, pour nous adapter à la Volonté de Dieu quelle qu'elle soit (sans prétendre l'inverse, c'est-à-dire adapter la Volonté de Dieu à nos projets), que ce soit dans les orientations données à notre travail, notre santé, les injustices dont nous pouvons faire l'objet, la situation, etc. (à suivre…)

mercredi 28 janvier 2015

Le jeune homme riche (4)

Le jeune homme riche (4)

Ce que notre Seigneur demande au jeune homme n’est rien d’autre que ce qu’il réclame de tous ceux qui entendent s’attacher définitivement à lui et être heureux définitivement. « Celui qui veut me suivre, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Luc 9, 23). Jésus ne lui demande donc rien de si extraordinaire ni d’exceptionnel. Mais ce notable aspire au bonheur éternel sans devoir pour autant se mettre à la suite du Christ. Au fond de lui, il souhaite faire mieux, certes, mais en ne changeant pas de condition, en ne se transformant pas radicalement. (lire la suite) L’Évangile des Nazaréens apporte une suite au récit, lui imprimant un sens plus profond. « Mais le riche commença à se gratter la tête et la chose ne lui allait pas. Et le Seigneur dit : ‘Comment peux-tu dire : j’ai accompli la loi et les prophètes ? Alors qu’il est écrit dans la loi : tu aimeras ton prochain comme toi-même ! Et voici qu’un grand nombre de tes frères, enfants d’Abraham, se couvrent de haillons sordides et meurent de faim alors que ta maison regorge de biens, et qu’il n’en sort absolument rien pour eux !’ » (J. Jeremias, Les paroles inconnues de Jésus). Ce texte nous permet d’aller au fond de la personnalité du jeune homme, de découvrir la réalité de ses sentiments, différents de ce qu’ils semblaient être à première vue. C’est toute l’importance de la rectitude d’intention, qui est déterminante pour la qualification morale d’un acte. La rectitude d’intention conduit à faire les choses comme le Seigneur les ferait, ou encore comme nous voudrions les faire, si nous nous trouvions à l’heure de notre mort. Le notable en question veut sans vouloir vraiment. Il est apparemment disposé à un progrès réel, mais il pose toutefois implicitement comme condition de ne pas avoir à chambouler sa vie bien réglée, qui baigne dans la facilité, une vie, nous le voyons, repliée sur lui-même, et qui le rend indifférent aux besoins pressants des habitants nécessiteux de son village. La foi lui a manqué. En lui disant : « Va, vends tout ce que tu as, donnes-en le produit aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens et suis-moi » (Marc 10, 21) Jésus lui propose ce qu’il y a de mieux pour lui, puisque cela répond à ce mieux qu’il recherche. Un grand amour exige un don total de soi, avec les risques que cela comporte. Mais il faut se laisser guider par Dieu. La foi est nécessaire pour répondre aux appels de Dieu. La foi permet d’aller dans le sens de la générosité et de surmonter les difficultés ou d’être capable de fournir les efforts requis, ici le détachement des richesses. « Celui qui possède Dieu ne manque de rien. Dieu seul suffit ! » dit la sainte d’Avila. En suis-je bien convaincu ? Avec Dieu, je possède tous les biens qui en valent la peine, parce qu’il est le Bien suprême, celui que je suis censé rechercher de toutes mes forces, comme la fin ultime de toute ma vie. (à suivre…)

lundi 26 janvier 2015

Le jeune homme riche (3)

Le jeune homme riche (3)

Le jeune homme est animé d'une soif – suscitée en lui par Dieu – d'un idéal de perfection : il désire la vie éternelle. Il est comme conscient qu'accomplir les commandements est insuffisant, qu'il doit être possible de faire mieux. Qu’attend-il au juste ? Que Jésus lui dise de monter au Temple tous les mois au lieu de ne s’y rendre que pour les trois principales fêtes de l’année ? Il n’en a pas la moindre idée. En tout cas c'est lui qui met la barre très haut, puisqu'il veut dépasser les commandements. Il devrait donc logiquement être prêt à tout. Jésus met d'entrée de jeu le doigt sur la plaie, lui parle de ce dont il doit le plus se purifier s'il veut vraiment avoir la vie éternelle, comme il le prétend, c'est-à-dire le détachement des biens de ce monde. « Une chose te fait défaut : va, vends tout ce que tu as, donnes-en le produit aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens et suis-moi » (Marc 10, 21). Jésus ne l'invite pas seulement (lire la suite) au détachement, mais surtout à le suivre. Quant à nous, nous ne pouvons le suivre que si nous sommes également d'abord détachés des biens matériels. Ce jeune homme devait être célibataire, autrement Jésus ne lui aurait pas dit « vends tout ce que tu as ». Arrivé à ce point, c'est l'échec de son espoir. C'est un notable, il a de grands biens, il est jeune et a la vie devant lui, une vie facile qui fait de lui le centre de la vie locale, quelqu'un qui est admiré, adulé. Il ne se rend pas compte que sa situation, telle qu'il l'admet et s'y complaît, est un obstacle à la plénitude de la sainteté. Sans même se donner un délai de réflexion, il est tellement pris par sa vie facile, qu’il « s'en alla tout affligé, car il avait beaucoup de biens » (v. 22). Or, c’est maintenant qu’il doit suivre le Maître. Pas plus tard, après. Parce qu’un moment vient où il ne peut plus y avoir d’après, où il est trop tard pour se ressaisir. Les chances de rectifier diminuent comme une peau de chagrin au fil des années. Le Seigneur propose un chemin : le choisir a des conséquences incalculables, puisqu’il débouche sur la vie éternelle. « Veux-tu te demander — avec moi qui fais aussi mon examen — si tu maintiens immuable et ferme ton choix de Vie ? Si, en entendant la voix très aimable de Dieu, qui t’incite à la sainteté, tu réponds librement « oui » ? Tournons de nouveau notre regard vers notre Jésus, alors qu’il parlait aux foules dans les villes et les campagnes de Palestine. Il ne cherche pas à s’imposer. Si tu veux être parfait… (Matthieu 19, 21), dit-il au jeune homme riche. Ce dernier repousse la proposition et l’Évangile nous dit qu’il se retira tout triste — abiit tristis (Matthieu 19, 22). C’est pourquoi, j’ai parfois qualifié de « pauvre attristé » ce jeune homme riche qui a perdu la joie pour avoir refusé de donner sa liberté » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 24). Quel échec ! (à suivre…)

samedi 24 janvier 2015

Le jeune homme riche (2)

Le jeune homme riche (2)

Il convient donc de formuler souvent cette question, « Seigneur, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle en partage ? » dans notre prière, en toute sincérité, parce que ce n'est qu'en demandant et en insistant que le Seigneur se fait connaître et nous fait connaître ce qu'il attend de nous. Celui qui ne demande pas reçoit peu. Nous avons été créés par Dieu, à son image et à sa ressemblance, pour cela : pour aller au ciel vivre en sa présence éternellement. En nous créant, Dieu a fait de nous ses enfants : il a comme imprimé dans notre nature la filiation divine. C’est une grande réalité, qui commande ou devrait commander toute notre vie. Je ne peux pas agir seulement en tant qu’homme, mais en tant que fils de Dieu. Es-tu fier d’être enfant de Dieu ? Reconnaissant d’être enfant de Dieu ? Désireux de vivre en enfant de Dieu ? (lire la suite) Cette filiation divine est un roc sur lequel appuyer toute notre vie, l’ensemble de nos actions, aussi bien notre travail que notre apostolat, notre vie de famille que nos loisirs, et même pour rectifier nos erreurs et revenir promptement à Dieu notre Père. Le jeune homme qui se présente devant notre Seigneur est instruit, cultivé. Il croit en l’éternité. Il connaît les Écritures. Il veut connaître la voie pour gagner la vie éternelle. La foi en est la porte d’accès. Il n’en est pas d’autre, mais elle est la sortie vers l’infini de Dieu. Comme en d’autres circonstances, Jésus va solliciter la foi de son interlocuteur. Jésus lui dit : « Pourquoi m'interroger sur ce qui est bon ? Il n'y en a qu'un à être bon. Mais si tu veux entrer dans la Vie, observe les commandements » (v. 17-18). Serva mandata, tous les commandements de Dieu et pas seulement les Dix commandements. Tous, c’est-à-dire tout ce que Dieu demande à chacun de nous en fonction de ses conditions personnelles, de l’évolution de sa vie. « Lesquels ? » dit-il (v. 18). Jésus lui dit : « Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d'adultère, tu ne voleras pas ; tu ne porteras pas de faux témoignage ; honore ton père et ta mère, et tu aimeras ton prochain comme toi-même » (v. 18-19). Cette énumération des commandements ne satisfait pas le jeune homme, car, peut-il répondre en toute sincérité, « tout cela je l'ai observé. Que me manque-t-il encore » (v. 20) ? Il se rend compte qu'il lui manque quelque chose d'autre que les commandements. C'est pourtant déjà pas mal. Ce serait formidable si nous pouvions en dire autant, si nous étions en mesure de faire cette même réponse. Et si ce n'est pas depuis notre enfance, du moins depuis un certain temps. (à suivre…)

jeudi 22 janvier 2015

Le jeune homme riche (1)

Le jeune homme riche (1)

Un jour, comme il se mettait en route, quelqu'un accourut (Marc 10, 17). Il n’est pas nommé. C’est en quelque sorte tout homme qui s’adresse à notre Seigneur pour savoir ce qu’il doit faire. Il s’interroge sur son identité, sur ce que Dieu attend de lui pour conformer son existence à cette attente de son Créateur et Père. Ce que nous savons par les trois évangiles synoptiques, c'est que Jésus venait tout juste de bénir de petits enfants. « Après les avoir serrés dans ses bras, il les bénissait en leur imposant les mains » (Marc 10, 16). Voici que quelqu'un accourt, quelqu'un qui n'a pas réussi à s'approcher du Seigneur jusque-là ou qui avait été retenu par ses affaires. Il s'agit d'« un notable », selon saint Luc (18, 18), encore jeune et sémillant (cf. Matthieu 19, 22). Le fait est qu'il se dépêche, se frayant un passage au milieu de la foule. (lire la suite) Il se hâte parce qu'il ne voudrait surtout pas le manquer. Il a une question importante à lui poser, une question essentielle pour lui. « Fléchissant le genou devant lui, il lui demanda » (Marc 10, 17). Voilà une attitude essentielle pour un baptisé : s’agenouiller devant Dieu, se mettre en présence de Dieu, adorer notre Dieu Tout-Puissant, de qui nous viennent toutes sortes de biens. La vie chrétienne, dès ici-bas, est conçue comme une liturgie, une adoration ininterrompue : « Ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son temple » (Apocalypse 7, 15). Il convient de se prosterner devant Dieu et de faire le silence intérieur pour écouter ce qu’il a à nous dire, pour entendre, c’est-à-dire comprendre et mettre à exécution, les réponses qu’il apporte à nos questionnements. « Maître » ou « Bon Maître », selon les récits qui nous sont parvenus, « que dois-je faire de bien pour acquérir la vie éternelle » (v. 16) ? C'est une question excellente, qui traduit un désir de vivre avec Dieu, une soif d'absolu. Il s'agit effectivement d'une question essentielle. Notons que cet homme ne dit pas « que dois-je faire ? » mais : « Que dois-je faire de bien pour acquérir la vie éternelle » (v. 16) ? Car il veut viser la vie éternelle à coup sûr, il veut progresser dans sa vie spirituelle et la participation au culte rendu au Béni le jour du sabbat à la synagogue ne lui suffit manifestement pas. C'est déjà un exemple pour nous, qui avons peut-être du mal à participer à la messe dominicale. Elle ne nous suffit pas pour répondre à notre désir de sainteté. C'est pourquoi nous nous plaçons devant le Seigneur et lui posons la même question que le jeune homme riche : « Seigneur, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle en partage ? » Autrement dit, qu'attends-tu de moi, que veux-tu que je fasse, comment dois-je me comporter pour te plaire et pour être agréable à notre Père ? Montre-le-moi, fais-le-moi voir par votre Esprit commun. Et rends-moi docile à ses inspirations. Cette dernière demande est, en effet, essentielle, car, sans la docilité, l'intervention de l'Esprit Saint ne pourrait déboucher sur rien de concret. (à suivre…)

dimanche 18 janvier 2015

Mariage et famille

Tout attentat au mariage et à la famille est une profanation de la Justice, une trahison envers le peuple et la liberté, une insulte à la Révolution. Proudhon, cité par M. Winock, Les voix de la liberté. Les écrivains engagés au XIXe siècle, Paris, Seuil, 2011, p. 432.

samedi 10 janvier 2015

Neuvaine pour la France

Neuvaine pour la France

Il est facile de constater que la Neuvaine de prières pour la France est plus que jamais d'actualité, et qu'elle dérange beaucoup le diable. Raison de plus pour insister sur la prière et faire connaître cette neuvaine. Bon et saint dimanche à tous.

mardi 6 janvier 2015

Maternité de Marie (6)

Maternité de Marie (6)

C’est pourquoi j’insiste : Monstra te esse Matrem. Sous toutes les formes nécessaires, de toutes les façons utiles à mon âme, cette âme qui, en dernière instance, porte un reflet de la beauté et de la sainteté de votre fils premier-né, Jésus-Christ notre Seigneur. Cette âme qui est la demeure de votre divin Époux, le Saint-Esprit, et, avec lui du Père et du Fils, et donc votre propre habitacle. (lire la suite) Vous saurez me guider d’une main de fer dans un gant de velours, je n’en doute pas. Je vous en conjure, ô Mère, car je ne veux pas, je ne veux plus être de ceux qui répondent à la question de Pilate : « Que ferais-je de celui que vous appelez le roi des Juifs ? » (Marc 15, 12), par ce cri atroce qui, plus qu’un cri, est une véritable clameur de rébellion, insistante, réitérée : « Cruficie-le ! » (Marc 15, 13), mets-le en Croix. Ayez pitié de nous qui avons recours à vous. Un recours peut-être timide par instants, car la conscience de nos incartades nous fait honte et nous freine. Mais vers qui d’autre nous tourner ? Que ferai-je sans vous, puisqu’il est entendu une bonne fois pour toutes que toutes les grâces doivent passer par vous, par une volonté inamissible de votre divin Fils ? Emportez-moi avec votre Fils loin des démons qui s’en prennent à vous et voudraient vous perdre tous les deux, et moi avec vous (cf. Apocalypse 12, 3-6). Emportez-moi loin des nouveaux Hérode qui veulent faire périr l’enfant (cf. Matthieu 2, 13) que je suis. J’ai confiance en vous qui avez écrasé la tête du serpent infernal (cf. Genèse 3, 15). S’il renaît, tel l’hydre à dix têtes, et s’il vient menacer la paix et la fidélité de mon âme, écrasez-le de nouveau, massacrez-le de bon cœur et ainsi, avec vous et avec notre Seigneur, nous serons vainqueurs, et vainqueurs jusqu’au bout, jusqu’à recevoir « la couronne de la justice que m’accordera en ce jour-là le Seigneur, le juste Juge – votre Fils en personne – et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront chéri son apparition » (2 Timothée 4, 8). (fin)

lundi 5 janvier 2015

Maternité de Marie (5)

Maternité de Marie (5)

Le fait est que si le diable trouve Marie dans une âme, il sait qu’il n’a plus rien à faire et les victoires occasionnelles qu’il remporte se transforment toujours en défaites cuisantes pour lui, tôt ou tard. Il en est un, en revanche, qui apprécie grandement cette présence de Marie dans une âme : l’Esprit Saint : « Quand le Saint-Esprit, son époux, l’a trouvée dans une âme, il y vole, il y entre pleinement, il se communique à cette âme abondamment et autant qu’elle donne place à son épouse » (saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n° 36). (lire la suite) C’est toute la différence. Il ne tient en définitive qu’à nous de prendre parti, de choisir le bien ou le mal, de servir Dieu ou le démon, d’être libre ou esclave. « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la malédiction et la bénédiction. Choisis donc la vie, afin que vives, toi et ta postérité » (Deutéronome 30, 29). Si nous nous faisons tout petits, de petits enfants en bas âge, Marie s’occupera de nous, nous éduquera, nous formera peu à peu et nous amènera insensiblement à acquérir de bonnes habitudes, des habitudes vertueuses, elles nous apprendra à avoir le goût de choses d’en haut, non de celles de la terre, à savourer les choses d’en haut, là où se trouve son Fils, dans la gloire éternelle du Père (cf. Colossiens 3, 1-3). Monstra te esse Matrem ! Exercez, ô Mère, la sévérité qui s’impose, car, en définitive, au plus profond de mon être, je ne veux avoir d’autre liberté que celle de servir mon Dieu. Prenez donc moi par la main et ne la lâchez pas. Surtout ne la lâchez pas. Petit comme je suis, qui sait où je pourrais aboutir, où je pourrais me retrouver, et en quelle compagnie ! si je me voyais soudain libre, entièrement libre de mes mouvements. Je sais bien que c’est moi qui, par moments, veux cette triste et trompeuse indépendance, et qui m’arrache à vous (vous étiez-vous distraite ?) pour aller derrière des papillons, ou plutôt le mirage de papillons, sitôt évanouis dans l’atmosphère quand je pense les avoir saisis. Tel est pris qui croyait prendre, dit la sagesse populaire. (à suivre…)

dimanche 4 janvier 2015

Maternité de Marie (4)

Maternité de Marie (4)

Mais, si le diable cherche à nous attirer à lui pour nous faire partager son malheur éternel, Marie, de son côté, veut notre bien le plus plénier possible. Et cela, elle le connaît. Il sait de quoi il s’agit. Elle s’en délecte en permanence. C’est bien parce qu’elle en fait l’expérience bienheureuse qu’avec sa toute-puissance maternelle elle s’ingénie à nous rapprocher de son divin Fils, car lui seul peut nous tirer des pesanteurs terrestres et nous sauver du mal, nous arracher aux griffes du diable fourchu. Oh ! Elle ne nous force pas, notre Mère. Non. (lire la suite) Elle préfère agir par persuasion, nous gagner par son affection débordante, et nous faire confiance. Elle veut nous amener à nous tourner irrésistiblement vers la Croix, où notre Seigneur nous ouvre les bras et nous invite à venir le rejoindre : « L’Agneau sanguinolent est descendu Du bois sacré où il était pendu. J’y monte à mon tour : j’étais attendu. Jésus me lance un regard entendu » (poème La Croix, de l’auteur). Ça n’a l’air de rien, mais, en fait, cette association qu’elle nous propose dure rien moins que toute notre vie. Oui, il nous faut une existence tout entière pour arriver à la hauteur de Jésus, pour parvenir jusqu’à lui et l’entendre nous dire – osons, du moins, l’espérer, puisque notre Mère commune nous accompagne : « Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis ! » (Luc 23, 43). Il a fallu que Marie pèse de tout son poids dans la balance. Mais elle le fait bien volontiers. Elle en a même fait en quelque sorte son métier. Et ainsi elle arrache les âmes au démon. Ce démon, elle lui a écrasé la tête de son talon à l’aube de l’humanité (cf. Genèse 3, 13). L’on comprend alors que satan et ses sbires ne supportent pas d’être en présence de Notre Dame… S’ils exhalent une odeur de souffre, de Marie s’échappe en revanche la « bonne odeur du Christ » (2 Corinthiens 2, 15). Il ne la supporte pas. Elle lui est odieuse. Elle l’asphyxie pour ainsi dire. Elle le fait suffoquer. Il perd ses moyens en présence de Marie. Ce qui est paradoxal pour quelqu’un qui prétend posséder l’univers entier : « Je te donne toute cette puissance avec leur gloire, ose-t-il dire par bravade rien moins qu’à son Seigneur, car elle m’a été remise et je la donne à qui je veux. Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi » (Luc 4, 7-8). (à suivre…)

samedi 3 janvier 2015

Maternité de Marie (3)

Maternité de Marie (3)

Si une mère s’agace de ce que son enfant se comporte mal, cette imperfection est absente chez Marie. Elle nous reprend, parce que c’est ce que lui dicte l’amour immense et sans défaut qu’elle nous porte. Monstra te esse Matrem ! Oui, Marie, ma Mère, je vous donne toute licence pour me semoncer autant que de besoin. Vous n’utiliserez jamais la violence. C’est ce que vous avez appris de votre divin Fils. (lire la suite) Mais employez votre force de persuasion. Déployez toute votre affection. Multipliez les mots d’encouragement, les regards de complicité, les gestes d’aide. Tout ce qui peut exercer une douce pression sur notre volonté rebelle, une force de persuasion pour nous ramener sur le droit chemin et nous faire honte de vous déplaire, puisqu’il semble que nous n’avons pas honte d’offenser notre Dieu. Et c’est bien cela qui vous chagrine au plus haut point. Comment ne pas le comprendre ? Le diable et vous, ça ne va pas ensemble. On le comprend. Le diable, quel que soit le nom que nous lui donnons – satan, Lucifer, démon, prince des ténèbres, Méphistophélès, père du mensonge (Jean 8, 44), tentateur, et j’en passe – ne peut pas comprendre ce que sont la vérité, l’obéissance et l’humilité. Il s’est lui-même fermé volontairement à ces vertus en refusant de les vivre au service de son Créateur et Auteur. Il est donc ontologiquement pourrait-on dire inapte à en saisir la portée. C’est, comme on dit, de l’hébreu pour lui. À tout jamais. Quand bien même il le voudrait. Mais cette idée ne peut pas même l’effleurer, ne serait-ce qu’un instant. L’on ne désire pas ce dont l’on n’a aucune notion, même vague, même imparfaite. Quat à la très Sainte Vierge Marie, d’un point de vue positif cette fois, elle ignore l’attrait des choses de la terre, dans ce qu’il peut avoir de négatif, a fortiori de peccamineux. Elle est évidemment sensible à la beauté de la création, qui lui rappelle ce Dieu qu’elle ne cesse d’adorer dans son Cœur. Elle apprécie les joies de ce monde, qu’elles se trouvent dans la nourriture ou la boisson rafraîchissante, ou dans la fréquentation des êtres humains, ce qui l’amène à rendre grâces en permanence à l’Auteur de tous ces biens. Mais sa sensibilité n’est nullement sollicitée par les créatures d’une façon qui pourrait la troubler. Elle ne connaît pas ce que nous ressentons, nous autres, pauvres pécheurs. Mais elle voit bien que nous trouvons un plaisir malsain, trouble, dans les biens matériels et même chez nos semblables. Elle en méconnaît la nature, car sa condition privilégiée de Toute Sainte la lui épargne. Mais elle en constate les ravages. (à suivre…)

vendredi 2 janvier 2015

Maternité de Marie (2)

Maternité de Marie (2)

Or, voici que Jésus se disposait à guérir un malade qui, non sans mal, avait réussi à venir à sa rencontre. Mais il se trouve que c’était un jour de sabbat… Et aussitôt les gens de bien s’empressent de le critiquer. Toutes les contraintes que leurs pères ont ajoutées à la Loi et qui la déforment, la raidissent, la durcissent, contraintes auxquelles ils souscrivent, interdisent de venir en aide au prochain le jour du sabbat, mais pas de tirer sa brebis du puits dans lequel il est tombé : « Lequel d’entre vous, s’il n’a qu’une brebis et qu’elle tombe dans un trou le jour du sabbat, ne la saisira pour l’en retirer ? » (Matthieu 12, 11). Cette situation de formalisme rigide (lire la suite) et impitoyable se reproduit au long des siècles. L’on raconte que le bienheureux Álvaro del Portillo allant, avec d’autres jeunes, faire de la catéchèse dans des quartiers périphériques du Madrid des années trente du siècle dernier, et venir en aide aux habitants pauvres des bidonvilles qui s’y trouvaient, rencontra une famille de quatre enfants dont les parents avaient été mis en prison. Ces enfants, le plus jeune avait à peine un an, étaient du coup livrés à eux-mêmes et n’avaient pas de quoi manger. De plus ils grelottaient de froid. L’un des protagonistes raconte : « Vu la situation, nous les emmenâmes au commissariat, à la section de protection des mineurs. Mais l’on nous répondit que c’était dimanche, qu’elle était fermée et de revenir le lundi. Nous sommes revenus au bidonville avec les enfants, et nous avons donné de l’argent à un voisin pour qu’il leur donne à manger jusqu’au lendemain, et le lundi nous les avons conduits de nouveau au commissariat. Le commissaire nous répondit qu’il ne voulait pas prendre les enfants en charge, car ce n’était pas son problème. Nous n’étions pas disposés à abandonner ces enfants, souffrant de la faim et du froid, dans le bidonville. Aussi lui nous lui répondîmes : « Écoutez, monsieur le Commissaire, si vous ne résolvez pas la situation, nous laissons les enfants ici et nous partons. » Entendant cela, il réfléchit et nous donna un billet pour les faire entrer dans l’asile Santa Cristina, situé dans la Cité Universitaire. » La situation est pratiquement la même. C’est bien de l’hypocrisie insupportable. Nous comprenons que dans ces conditions le Seigneur ait promené un regard courroucé, de sainte colère, sur l’assistance qui, par principe, ne pensait qu’à mal. C’est pourquoi, en demandant à Notre Dame « Monstra te esse Matrem » (hymne Ave maris Stella), « agissez comme notre Mère que vous êtes », nous n’attendons pas d’elle qu’elle ne nous fasse des câlins ou des risettes, et pas davantage qu’elle nous prenne toujours dans le sens du poil, mais qu’elle manifeste aussi son affection sincère en nous gourmandant quand il le faut, en nous secouant pour que nous arrêtions de faire l’andouille, pour employer un terme poli… (à suivre…)

jeudi 1 janvier 2015

Maternité de Marie (1)

Maternité de Marie (1)

Une mère ne peut pas être que toute tendresse. Elle se doit de hausser le ton parfois, pour empêcher son enfant de faire une bêtise, pour l’amener à obéir et à faire son devoir, ce à quoi il résiste souvent, préférant satisfaire ses caprices. Sa mère doit se forcer à prendre un visage grave, alors même que son cœur est rempli d’amour pour cet enfant rebelle. C’est bien parce qu’elle l’aime d’ailleurs qu’elle le reprend ainsi, pour la forme pourrait-on dire, afin de lui apprendre à se comporter comme il convient, de façon responsable, non seulement face aux hommes, mais aussi et surtout face à Dieu. (lire la suite) Certes, nous reconnaissons que le Cœur de Marie est très Doux et nous l’invoquons sous ce titre. Mais douceur ne signifie ni mièvrerie ni laisser-aller. La douceur est compatible avec la force d’âme pour reprendre quand il le faut. Jésus se présente lui-même comme étant « doux et humble de cœur » (Matthieu 11, 29). Cela ne l’empêche pas de monter sur ses grands chevaux, si je puis m’exprimer ainsi, quand il contemple le spectacle plus que désolant, révoltant, du Temple de Jérusalem qui « sera appelée maison de prière pour toutes les nations » (Marc 11, 17), et qui est devenu une « caverne de voleurs » (Matthieu 21, 13), où marchands et banquiers se sont installés sans vergogne, comme s’ils étaient les maîtres des lieux, et se conduisent d’une façon qui profane en permanence la sainteté du lieu. Cette même douceur ne le retient pas non plus de fulminer du regard les Juifs bien-pensants tout fiers de fréquenter régulièrement la synagogue le jour du sabbat, mais qui ont oublié le commandement essentiel de l’amour de Dieu, dont le corollaire n’est autre que l’amour du prochain : « Écoute Israël, le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est un. Et tu aimeras donc le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Le second est celui-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là » (Mc 12, 29-31). (à suivre…)