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mardi 30 mars 2010

Le pape et la pédophilie


Le pape et la pédophilie

« Priez pour que je ne prenne pas la fuite par peur des loups ! » Tel a été l’appel pathétique que Benoît XVI a lancé aux fidèles le jour-même de son installation sur le siège de saint Pierre. Il s’attendait à entendre les loups hurler et s’en prendre vivement à lui. Il ne pouvait sans doute pas prévoir le déferlement médiatique auquel nous assistons. Il n’y en a que pour – ou plutôt contre – le pape et l’Eglise catholique, accablés de tous les maux, et du plus infamant d’entre eux, la pédophilie. Qui ne voit que tant d’acharnement est suspect et cache une haine profonde et le désir de salir à tout prix ? « Mentez, mentez, il en restera quelque chose », disait Voltaire, qui savait de quoi il parlait. (lire la suite)
Ces attaques unilatérales discréditent malgré tout leurs auteurs, mais elles laissent des traces, elles causent des blessures qu’il sera difficile de refermer. Tel est bien le but recherché. La presse se fait le complice complaisant des calomnies. Elle se croit comme toujours autorisée à critiquer l’Eglise, alors qu’elle n’oserait pas dire un seul mot contre un juif ou un musulman. Mais qui peut nous faire accroire que chez eux il n’existe aucun cas de pédophilie ? Pour qui nous prend-on ?
Il est vrai qu’un prêtre pédophile, c’est un de trop. Que des gens qui s’occupent de jeunes – prêtres ou instituteurs – aient des agissements répréhensibles, est des plus malheureux. Les autorités compétentes doivent prendre les mesures qui s’imposent et sanctionner les cas avérés. L’Eglise possède son propre droit, et elle l’applique. Cela n’interdit pas, loin de là, le rôle de la justice pénale de l’Etat. Mieux encore, l’Eglise demande que les cas portés à sa connaissance soient communiqués à la justice civile.
Un des arguments avancés à l’encontre de l’Eglise est qu’elle a honteusement couvert des faits criminels, qu’elle les a cachés, maintenus secrets. Mais qu’a fait l’Etat, que fait l’Etat, si ce n’est éviter au maximum que ce genre d’affaires vienne sur la place publique ? Il y a chaque année, dans notre pays, un millier de dénonciations d’actes de pédophilie à l’encontre d’instituteurs. Cela en fait près de trois par jour, et bien davantage si l’on rapporte ce chiffre au nombre de jours scolaires. Qui en entend parler ? Il est vrai qu’un certain nombre de ces dénonciations sont calomnieuses. Mais enfin nous devrions apprendre de nouveaux cas chaque jour. Il n’en est rien. C’est pour le moins étrange. N’y a–t-il pas deux poids et deux mesures ?
Et des situations délictuelles du milieu sportif, celle du milieu diplomatique, qui en est informé ? Quels sont les journaux, télévisés ou non, qui les rapportent ? Il n’y en a que pour – que contre – l’Eglise catholique, comme si elle catalysait tous les délits en la matière. N’est-ce pas suspect pour une personne de bon sens ?
Or, il faudrait tout de même dire que, dans notre pays, 96%des actes de pédophilie se produisent dans le cadre de la famille. Vous avez bien lu, 96%.Cela ne laisse que 4% pour le milieu éducatif, qui vient en tête, le milieu sportif, le milieu diplomatique et, en queue de peloton le milieu ecclésial. Encore une fois, les journaux ne parlent presque exclusivement que de ce dernier. Est-ce bien raisonnable ? Est-ce cela être objectif ? Est-ce remplir la mission d’information d’un moyen de communication sociale ?
Quant aux autres pays, les cas de pédophilie imputables à des prêtres ou à des religieux ressortissent à 90% aux Etats-Unis d’Amérique du Nord. Les donneurs de leçons de morale – qui ne font pas nécessairement preuve d’autant de rigueur dans d’autres domaines moraux y cherchent à prouver par tous les moyens, y compris les plus abjects, que le futur Benoît XVI, alors cardinal Ratzinger, a accueilli un prêtre pédophile (un) allemand, n’a pas condamné un prêtre pédophile (un) américain ? Le P. Murphy, puisqu’il s’agit de lui, quand son cas a été déféré à la congrégation pour la Doctrine de la foi, était âgé et gravement malade. Il avait été condamné par la justice de son pays. Il s’était repenti et faisait pénitence. Aucune plainte contre lui n’avait été enregistrée depuis vingt ans…
De grâce, messieurs les loups, laissez Benoît XVI tranquille. Je sais que je n’ai guère de chance d’être entendu. Ce serait comme demander au diable d’arrêter de faire le diable. Ils vont donc continuer de hurler à mort. Alors prions pour Benoît XVI, qu’il ne se laisse pas impressionner par les tombereaux d’immondices que l’on déverse sur lui.
Quant à la proposition d’un « esprit dort », ou qui se croit tel, un autre « donneur de leçons » qu’est Hans Küng, d’abolir le célibat ecclésiastique pour remédier la pédophilie et donc d’autoriser que les prêtres se marient, qui ne voit, après ce que nous avons dit, à savoir que 96% des cas de pédophilie se produisent dans la famille, que cela ne ferait qu’aggraver la situation en augmentant dangereusement et très sensiblement les possibilités de cas de pédophilie… !
Il faudrait raison garder et voir la réalité avec un regard objectif, non de haine envers l’Eglise. Mais sans doute est-ce trop demander.


lundi 29 mars 2010

Arrêt sur christianisme 49

Arrêt sur christianisme 49

Voilà peut-être ce qui est rassurant : que le christianisme inquiète à nouveau, comme il le fit à sa naissance : « Car le Christ n'est pas venu pour rassurer ceux qui possèdent et pour les aider à faire se tenir tranquilles ceux qui ne possèdent pas. Il est venu pour changer le monde en changeant les cœurs. En vue du salut éternel ? Certes. Mais le Règne du Père, nous prions pour qu'il arrive sur la terre. La faim et la soif de justice exigent dès ici-bas le rassasiement et le Royaume de Dieu est à la fois au dedans de nous et au milieu de nous » (François Mauriac, Bloc-Notes, p. 268). Nous pensons qu'il n'est ni trop tôt, ni trop tard, pour continuer de proclamer cette vérité.

B. Roussel, Mauriac le péché et la grâce, Paris, Éditions du Centurion,1964, p. 15.

dimanche 28 mars 2010

Action de grâces (30)

Action de grâces (30)

Le Seigneur a mis son Amour dans notre âme. Maintenant, « il veut que nous l’appelions librement. Nous devons le retenir de force et le prier : Reste avec nous, car le soir tombe et le jour déjà touche à son terme (Lc 24, 29) » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 314). Oui, reste avec moi, Seigneur. Ta présence sacramentelle ne dure qu’un temps, le temps de mon action de grâces présente. Mais reste avec moi pendant toute la journée. Je vais rencontrer sans doute bien des choses qui vont solliciter mon attention, éveiller des désirs, toucher mon cœur, émouvoir ma sensibilité. Ne permets pas que cela aille au détriment de l’accord que nous avons passé. Tu m’as dit : « Tu es mon fils » (Ps 2, 7), et moi je t’ai répondu : (lire la suite) « Voici que je viens. […] À faire ton bon plaisir, mon Dieu, je me complais, et ta loi est dans mon cœur » (Ps 40, 8). Et c’est à cela, et à cela seul, que je veux m’attacher de toutes mes forces. Les forces que tu renouvelles présentement lorsque tu t’arrêtes chez moi.
Reste avec moi ! Je sais bien que ce n’est pas toi qui vas partir comme cela, sur un coup de tête, mais que c’est moi qui, malgré mes protestations d’attachement indéfectible, peux aller chercher ailleurs ce que toi seul peut apporter : la joie et la paix. Stupide, voilà ce que je suis bien souvent. Stupide et ingrat, et inconstant de surcroît.
« Je ne vois pas tes plaies comme Thomas, certes, mais je reconnais que tu es mon Dieu. Fais que chaque jour je crois plus en toi, qu’en toi j’espère et que je t’aime toujours plus » (hymne Adoro te). Et pour cela, restes avec moi, Seigneur. Que tes anges montent la garde à la porte de mon âme pour que personne ne nous dérange. Je suis avec toi et tout à toi, et je veux apprendre de toi ce qui fait la joie de ton Père, ce qu’il attend de moi à chaque instant, à chaque pas.
Reste avec moi ! Mais comme la présence réelle ne dure qu’un temps, je prends d’assaut tous les tabernacles du monde (cf. saint Josémaria, Chemin, n° 876), ceux du moins où tu es réservé, et je viens me blottir auprès de toi, tout contre toi, pour sentir battre ton Cœur si aimant, blessé pour me racheter de mon iniquité. Ah ! mon Dieu, que tu es désirable. « Comme il est bon d’être ici » (Mt 17, 4) en ta sainte compagnie, en celle des anges, en celle de la
Sainte Vierge et de saint Joseph, et en celle de tous les saints et de toutes les saintes de France et du monde !

samedi 27 mars 2010

Marie et le diable (suite)

Marie et le diable (suite)

Nous avons déjà parlé du rapport entre Marie et le diable. Ipsa conteret (Genèse 3, 15) : elle écrasera de son talon la tête du serpent infernal, du tentateur. Le sujet de cette affirmation est « la femme » dont il vient d'être dit : Je mets une inimitié entre toi et la femme » (Ibid.). Un femme dans laquelle l'Église a vu et voit la très Sainte Vierge Marie. Quand elle a coopéré à l'œuvre de la Rédemption réalisée par son Fils sur la Croix, Marie a bel et bien écrasé la tête du serpent odieux et répugnant. Et parce que c'est fait, une bonne fois pour toutes, le diable ne peut soutenir la présence de Marie. Elle lui est insupportable. (lire la suite)
On le voit très clairement dans les apparitions de la Sainte Vierge, à Estelle Faguette, à Pellevoisin, en 1876. La première fois, Estelle voit d'abord le diable, qui se tient près de son lit. Marie arrive presque aussitôt, et chasse le démon. Le lendemain, le diable est encore présent, mais déjà en retrait, prêt à déguerpir, ce qu'il fait. À la troisième apparition, le démon est au loin, et il prend la fuite sans que la Sainte Vierge ait à se soucier de l'envoyer se promener ailleurs. Il a compris qu'Estelle est gagnée à la cause de Marie, qui est celle de Dieu. Il ne peut pas rester là où la Sainte Vierge règne en souveraine. Sa seule présence lui rappelle trop sa défaite, cuisante mais méritée, pour qu'il accepte de se mettre au supplice.
Le récit de ces apparitions est très instructif. Il nous montre que si nous prenons vraiment Marie pour mère, si nous nous mettons à l'abri de la Vierge de miséricorde, le diable sera obligé de s'éloigner de nous sans délai, et de nous laisser en paix. Il essaiera bien timidement de montrer le bout de son nez, mais Marie est la plus forte et lui en impose. Ipsa conteret !
« Mettre la Sainte Vierge en tout et pour tout », tel est le conseil éprouvé de tant de saints et de tant de directeurs de conscience. C'est la garantie des progrès véritables sur la voie de la sainteté. Tout est plus simple, tout est plus facile avec Marie. Non qu'elle nous épargne la lutte ascétique. Ce serait nous rendre un mauvais service, et elle le sait. Par son amour et sa compassion, tous deux communicatifs, elle nous équipe pour ce combat. Elle nous aide à purifier notre âme plus à fond afin que nous soyons forts et robustes, elle nous amène à renoncer davantage à nous-même, à calquer notre vie sur le modèle qu'est son Fils, Jésus-Christ.
Ipsa conteret ! Rappelons-nous cette réalité essentielle, qui se reproduit dans notre vie autant que de besoin, si nous le voulons, si nous allons à Marie pour accéder au Christ. « C’est toujours par Marie que l’on va et que l’on « revient » à Jésus » (saint Josémaria, Chemin, n 495).

vendredi 26 mars 2010

Le jugement particulier

Le jugement particulier

Tous les témoignages sont concordants. Les saints auxquels Dieu a fait voir leur vie, la somme de leurs péchés, dans le moindre détail, toux ceux qu'ils ont commis parfois par omission et ceux auxquels ils n'ont pas accordé d'importance - ce sont des « péchés véniels », dit-on, comme pour les justifier - ont passé un très, très mauvais quart d'heure.
Heureusement que la Sainte Vierge est là. Elle est notre Avocate. Et il n'y en a pas deux comme elle. Mais malgré sa présence, l'âme se voit si souillée, si mauvaise, qu'elle perd toute assurance, (lire la suite) qu'elle sent en quelque sorte le sol se dérober sous ses pieds comme en cas de tremblement de terre, et qu'elle se met à douter de pouvoir être sauvée. Mais Marie veille. Il faut serrer bien fort sa main, et sentir la sienne qui nous encourage à avoir confiance.
Son assistance maternelle ne supprime pas l'épreuve. Pas plus que Dieu ne nous épargne les difficultés et les tentations : il nous donne sa grâce pour les surmonter et pour que nous grandissions ainsi en sainteté, ce qui, sans effort, serait impossible. C'est la Croix qui nous sauve. L'épreuve du jugement particulier est également indispensable. Elle est un ultime moyen dont Dieu veut pouvoir se servir pour susciter en nous une profonde contrition, un repentir intense de nos fautes et pour, si possible, purifier ainsi complètement et définitivement notre âme, sinon nous disposer à achever cette purification au purgatoire. « Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification (cf. Concile de Lyon : Denzinger Hünermann, 857-858 ; Concile de Florence, DH, 1304-1306 ; Concile de Trente, DH, 1820), soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel (cf. Benoît XII, DH, 1000-1001 ; Jean XXII, DH, 990), soit pour se damner immédiatement pour toujours (cf. Benoît XII, DH, 1002) » (Catéchisme de l'Église catholique, n° 1022).
Nous savons que Dieu est notre Père. Il n'empêche que d'être découvert dans nos turpitudes, de prendre conscience de leur étendue et de leurs conséquences, nous fait estimer - non sans raison - que nous sommes passibles d'un châtiment éternel. Nous essayons de formuler une requête, la plus humble possible : « Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi ; je ne suis plus digne d'être regardé comme ton fils » (Luc 15, 19).
Dieu est notre Père. Marie est notre Mère. Nous ne pouvons pas douter d'eux. Mais c'est de nous-même que nous doutons alors. Nous voyons nos péchés - appelons-les avec ce mot, plus exact que « faute », qui édulcore un peu notre culpabilité - et le Père ne cesse de présenter son Fils en Croix à notre regard. Il nous fait assister à la Passion de ce Fils qui a poussé l'Amour jusqu'à mourir pour nous, pour mes péchés précisément, et qui me les pardonne. Mais qui n'aurait pas dû subir cette Passion si je m'étais maintenu fidèle et, avec moi, tous les hommes.
Me pardonner ! C'est cela. La pression de la main de Marie me le confirme. Elle ne m'a pas abandonné. Elle priait tandis que le jugement avait lieu. Elle faisait valoir à son Fils que j'ai toujours été son serviteur. Elle m'obtient alors une dernière grâce, qu'elle puise dans ce Cœur qui m'apparaît transpercé : « Ces grâces sont de mon Fils, je les prends dans son Cœur » (Notre Dame à Estelle Faguette, apparitions à Pellevoisin, en 1876).

jeudi 25 mars 2010

L'Annonciation

L'Annonciation


En posant la question : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ? » (Luc 1, 34), Marie ne place pas sa virginité au premier rang, au-dessus de la Volonté de Dieu. Ç'eût été une imperfection, même un péché d'orgueil, qui ne saurait exister en elle. Elle se borne à faire état de sa virginité et demande comment la concilier avec ce qui lui est annoncé.
L'ange lui a déjà dit : « Ne crains pas, Marie » (Luc 1, 30). Ce n'est pas que la Vierge de Nazareth ait peur ou craigne Dieu. Là encore, ce serait une imperfection. Sa « crainte » vient de sa conscience très forte d'être un instrument totalement inappropriée à la mission qui lui est confiée et dont elle comprend la portée, à quel point elle l'implique dans le salut de l'humanité. Marie, qui va s'autoproclamer « esclave du Seigneur » (Luc 1, 38), est troublée de constater que Dieu a jeté son regard sur la « bassesse de sa servante » (Luc 1, 48) et l'a malgré tout élue pour être la Mère de son Fils, elle qui n'a que quinze ou seize ans. Ce n'est pas d'être complimentée par un archange qui la perturbe, mais la disproportion entre ce qu'elle est et ce qu'elle doit devenir. C'est précisément parce qu'elle voit si nettement l'abîme infini qui la sépare de la divinité, qu'elle peut s'empresser d'acquiescer de tout son être : c'est Dieu qui fera en sorte que les choses se passent comme il l'entend. À la petitesse de Marie il ajoutera sa grandeur infinie.
La réponse de l'archange, « rien n'est impossible à Dieu » (Luc 1, 37) est une reprise littérale des paroles de l'ange à Sara, concernant sa conception elle aussi miraculeuse (Genèse 16, 14). « Lorsque Marie répond aux paroles du messager céleste par son « fiat », la « comblée de grâce » sent le besoin d'exprimer son rapport personnel avec le don qui lui a été révélé, et elle dit : « Je suis la servante du Seigneur » (Luc 1, 38) », expression qui « traduit toute la conscience qu'a Marie d'être une créature par rapport à Dieu. Toutefois, le mot « servante », vers la fin du dialogue de l'Annonciation, s'inscrit dans toute la perspective de l'histoire de la Mère et de son Fils. En effet, ce Fils, qui est vraiment et consubstantiellement « Fils du Très-Haut », dira souvent de lui-même, surtout au point culminant de sa mission : « Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir » (Marc 10, 45) » (Jean-Paul II, Mulieris dignitatem 5).
Le fiat de Marie n'a pas le sens de résignation qu'on lui donne parfois. « En hébreu, c'est le jussif du verbe « faire », c'est un impératif à la troisième personne, c'est un ordre donné pour obtenir une réalisation. La Sainte Vierge ne s'est pas résignée à l'Incarnation, elle l'a voulue, positivement voulue, parce que Dieu la voulait et parce que Dieu voulait qu'elle la voulût » (J. Carmignac).
C'est le premier jour de l'ère chrétienne, car c'est ce jour-là que le Seigneur prend chair dans les entrailles de la bienheureuse Vierge Marie. « Aujourd'hui comme pour des noces, l'Église se pare de la perle inviolée, de la vraie pureté. Aujourd'hui, dans tout l'éclat de sa noblesse immaculée, l'humanité retrouve, grâce aux mains divines, son premier état et son ancienne beauté. (...) Et cette formation est une parfaite restauration et cette restauration est une divinisation, et cette divinisation est une assimilation à l'état primitif » (saint André de Crète).

mercredi 24 mars 2010

Arrêts sur christianisme (48)

Arrêts sur christianisme (48)

(Que l'Église) soit persécutée, qu'elle soit crucifiée, l'important c'est qu'elle soit fidèle, et si elle est fidèle, c'est précisément en étant crucifiée ; c'est souvent dans l'échec, même apparent, qu'elle sauve les hommes. Et alors retentira la parole bienheureuse : ils regarderont vers celle qu'ils ont crucifié. Ils regarderont vers elle. Et ceci, nous pouvons le penser bien souvent aujourd'hui : les hommes regarderont un jour vers celle qu'ils auront crucifiée ; ils commenceront par crucifier l'Église et puis après ils regarderont vers elle. Ils comprendront ainsi leur ingratitude et ils se tourneront vers elle parce qu'ils sentiront ce grand vide dans le monde quand ils essaient d'empêcher sa mission, alors qu'elle seule pouvait leur apporter les paroles de vie.

Jean Daniélou, Le mystère de l'Avent, Paris, Seuil, 1948, p. 153.

mardi 23 mars 2010

La pêche miraculeuse (5)

La pêche miraculeuse (5)

Les apôtres sont conscients de n'y être pour rien, ou presque, dans cette pêche exceptionnelle. Ils ont tout juste ramé un peu et jeté les filets, une fois. Ils prennent conscience de leur indignité, de leur petitesse et de la grandeur de Jésus. Alors ce dernier annonce sa mission à Simon, qui devient Pierre : « Ne crains rien. Désormais ce sont les hommes que tu pêcheras » (Luc 5, 10). Le miracle avait pour fonction de préparer Pierre à sa mission d'apôtre et de prince des apôtres, de pêcheur d'âmes. « C’est pourquoi, lorsque Pierre se jette à ses pieds et confesse avec humilité : éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis pécheur, notre Seigneur lui répond : rassure-toi ; désormais ce sont des hommes que tu prendras (Luc 5, 10). Et, à cette nouvelle pêche, l’efficacité divine ne fera pas non plus défaut : (lire la suite) les apôtres seront les instruments de grands prodiges, malgré leurs misères personnelles » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 261).
Cette pêche se poursuit, est appelée à se continuer jusqu'à la fin du monde, à partir de la barque de notre existence. Toujours assistés par le Seigneur : « Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). Nous sommes les nouveaux pêcheurs d'hommes, les nouveaux apôtres sur lesquels le Christ entend s'appuyer également. « Ils ramenèrent les barques à terre et, laissant tout là, ils le suivirent » (Luc 5, 11). Le suivre. Faire toute la place possible à Jésus dans notre vie. Nous laisser envahir par la grâce, le chercher, le désirer, et nous laisser guider par lui...
Le Seigneur nous demande, à nous aussi, des efforts qui peuvent paraître insensés et sans issue. Il faut insister la où nous sommes, revenir à la charge, ne pas nous décourager face au manque de résultats. Une pêche miraculeuse nous attend, par laquelle le Seigneur veut « faire des siennes » dans le monde.

(fin)

lundi 22 mars 2010

La pêche miraculeuse (4)

La pêche miraculeuse (4)

Simon repart avec ses compagnons, dans les deux barques. Ses associés doivent penser qu'il est fou. Mais bien lui en a pris de les emmener avec lui, car il va y avoir du travail pour tous : « Ils prirent une masse énorme de poissons : leurs filets s'en déchiraient » (Luc 5, 6). Ils venaient tout juste de les réparer, avons-nous vu... Cette pêche n'est pas logique. C'est physiquement inexplicable. C'est mathématiquement impossible. C'est statistiquement aberrant. Et tout ce que nous voudrons. Mais le fait est que les poissons sont tout ce qu'il y a de plus réels. Et nombreux, en surabondance. « Alors ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l'autre barque, pour qu'ils vinssent à leur aide. Ils vinrent, et on remplit les deux barques, au point quelles s'enfonçaient » (Luc 5, 7). De mémoire de pêcheur, (lire la suite) on n'avait jamais vu cela, que les barques soient sur le point de couler sous le poids de la charge. Ç'aurait été un comble !
Nous rencontrons des obstacles dans notre vie, des périodes de stérilité apparente. L'heure est tardive. La pêche a été infructueuse. Les efforts ont été vains. Il ne sert à rien de vouloir recommencer. C'est défier la raison. Repartir n'est pas raisonnable. Mais Dieu ne nous demande pas de nous laisser guider uniquement par ce qui est logique. Bien des choses sont possibles avec lui qui ne le sont pas sans lui...
À partir du moment où nous avons accepté de lui prêter notre barque, de laisser le Seigneur venir en nous, c'est lui le maître à bord. C'est lui qui prend en main les opérations. Cela change tout. Il attend de la foi de notre part. Et que nous suivions ses indications, qui ne sont pas forcément difficiles : « Lâchez les filets pour pécher » (Luc 5, 4). Que nous nous mettions à la tâche. Que nous ramions et que nous jetions les filets. Il attend notre petite coopération. Petite, parce que l'essentiel vient de lui. Il faut un minimum d'effort, de bonne volonté de notre part. « Ce qu'ils firent, et ils prirent une masse énorme de poissons » (Luc 5, 6). Probablement du premier coup, autrement ils se seraient vraiment découragés. Le Seigneur se contente de peu, d'un peu de bonne volonté de notre part.
Lien« Jésus, quand il sortit en mer avec ses disciples, ne pensait pas seulement à cette pêche » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 261). Leur assurer une pêche surabondante n'a pas beaucoup d'intérêt en soi. Jésus a « sa petite idée ». Le miracle est destiné à fortifier dans la foi, à susciter la confiance en lui, à montrer sa toute-puissance et sa maîtrise des éléments. « À cette vue, Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus et dit : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, parce que je suis un pécheur ! » Il ne sait pas trop quoi dire. Comment Jésus va-t-il s'éloigner, s'il est avec lui dans la barque... « C'est que la stupeur l'avait envahi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu'ils venaient de faire, et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui étaient associés à Simon » (Luc 5, 8-10).

(à suivre...)

dimanche 21 mars 2010

La pêche miraculeuse (3)

La pêche miraculeuse (3)

Simon et ses compagnons sont rentrés quand il n'y avait vraiment plus rien à attendre de la pêche. L'heure est trop avancée désormais. Ils devront repartir le lendemain, en espérant que la chance leur sourira cette fois. Or, voilà que Jésus leur dit : « Pousse en eau profonde et lâchez les filets pour pêcher » (Luc 5, 4). Ce n'est pas raisonnable. Humainement parlant, cela n'a aucun sens. Simon s'y connaît. Il est un pêcheur chevronné. Et il ne peut pas s'empêcher de penser qu'il s'y connaît beaucoup mieux que Jésus, charpentier de son état, qui n'a vraisemblablement jamais pêché de sa vie. Simon s'y connaît, et repartir est peine perdue. Ce serait un surcroît de fatigue bien inutile. (lire la suite)
Mais il y a dans le ton de la voix du Seigneur une intonation particulière qui n'autorise pas les hésitations. Il y a dans le regard de Jésus une force de conviction et une douceur, un encouragement qui portent à affronter l'impossible, voire l'inutile. « Moi, je ne prendrai pas le large », se dit Simon. Et au même moment, il s'entend répondre : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre... » Il ignore que Jésus le sait parfaitement. « Néanmoins, sur ta parole, je vais lâcher les filets » (Luc 5, 5).
Dieu est comme cela. Il demande parfois des choses qui ne semblent pas raisonnables. La raison humaine se prononce différemment. Jésus a sa logique à lui, qui peut s'opposer directement à celle des hommes. Il faut lui faire confiance, comme Simon. S'en remettre à lui, avec la certitude qu'il sait ce qu'il dit, qu'il ne parle pas pour rien. Et qu'il sait ce qu'il va faire, si l'homme le suit. Nous pouvons être sûrs qu'il ne se trompe pas, qu'il va nous surprendre et que, si besoin était, « de ces pierres, Dieu est capable de susciter des fils à Abraham » (Matthieu 3, 9).

(à suivre...)

samedi 20 mars 2010

La pêche miraculeuse (2)

La pêche miraculeuse (2)

Jésus « vit deux barques amarrées sur le bord. Les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Il monta dans l'une des barques, qui était à Simon, et le pria de s'écarter un peu de la terre. Alors il s'assit et se mit à enseigner les foules de la barque » (Luc 5, 2-3). Jésus a observé les pêcheurs, rentrant du travail et remettant tout en ordre. Il demande sa barque à Pierre. D'une part, le Seigneur veut avoir besoin de nous, se servir de notre intermédiaire pour s'adresser aux foules et toucher les cœurs. D'autre part, il nous demande notre barque. Il s'introduit dans notre vie. Il vient à nous, en nous. Et il nous demande de collaborer avec lui. Entrant ainsi dans notre vie, il nous montre que nous pouvons, que nous devons entrer à notre tour dans la vie des autres. Pour les faire participer à l'annonce du royaume des cieux. (lire la suite) Nous demandons peut-être de quel droit nous pouvons entrer dans la vie d'autrui. C'est Jésus qui est entré le premier dans notre vie, et le baptême nous envoie auprès des autres.
« Laissons parler saint Luc : il vit deux barques arrêtées sur les bords du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Il monta dans l’une des barques, qui était à Simon, et pria celui-ci de s’éloigner un peu du rivage ; puis, s’asseyant, de la barque Il enseignait les foules (Luc 5, 2-3) Quand il eut terminé sa catéchèse, il ordonna à Pierre : avance en eau profonde, et lâchez vos filets pour la pêche (Luc 5, 4). C’est le Christ le maître de la barque ; c’est lui qui prépare le travail : il est venu au monde pour cela, pour que ses frères puissent découvrir le chemin de la gloire et de l’amour du Père. L’apostolat chrétien, ce n’est pas nous qui l’avons inventé. Tout au plus y faisons-nous obstacle, par notre maladresse, par notre manque de foi » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 260). Notre barque n'est pas un navire pour croisières de luxe... Mais c'est le lieu à partir duquel le Seigneur veut s'adresser à la foule. Ce qui compte, ce n'est pas tant la barque que ce qu'il fait, lui.
« Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Duc in altum ! Pousse en eau profonde et lâchez les filets pour pêcher » (Luc 5, 4). Il s'est adressé d'abord à la foule massée sur le rivage, étagés en cercles le long de la crique. Puis il se retourne vers Simon et lui intime l'ordre de prendre le large. Simon et ses associés viennent de rentrer d'une nuit passée à jeter les filets, qu'ils ont remontés désespérément vides. C'est une grosse déception pour eux. Ils sont revenus d'autant plus fatigués. Ce n'est pas comme cela qu'ils pourront faire vivre leurs familles...

(à suivre...)

vendredi 19 mars 2010

Eric Zemmour : gare aux amalgames en pédophilie

Eric Zemmour : gare aux amalgames en pédophilie


Il vaut la peine d'écouter l'émission d'Eric Zemmour.

La pêche miraculeuse (1)

La pêche miraculeuse (1)

Jésus prêche. C'est une attitude habituelle chez lui. Il est venu annoncer la Parole qui sauve, la Parole de Vérité. Il est venu faire retentir la doctrine de vie : « Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 68). Il est lui-même le chemin à emprunter. Il est la Vérité personnifiée : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. Personne ne va au Père que par moi » (Jean 14, 6).
Nous avons déjà là une première orientation pour notre vie. En tant que baptisés, nous avons le droit d'annoncer l'Évangile, de proclamer Jésus, mort et ressuscité, Sauveur du monde, Fils de Dieu fait homme, vrai Dieu et vrai Homme, en qui et par qui « nous avons la vie, le mouvement et l'être » (Actes 17, 28), en qui nous pouvons mettre toute notre espérance, (lire la suite) en qui se trouve notre avenir, car « il est le même hier, aujourd'hui et pour l'éternité » (Hébreux 13, 8).
Dieu nous fait connaître sa Parole, et cela, dans le cadre ordinaire de notre vie, en dehors des activités ecclésiastiques, dans le monde. Avec cela nous avons le droit à recevoir de l'Église, des pasteurs, cette Parole qui libère et donne tout son sens à notre vie. Nous avons le droit à la recevoir abondamment. C'est, avec les sacrements, les principaux biens et moyens de salut, les principales res sacrae, « choses sacrées ». Et nous avons aussi le devoir de publier les miséricordes de Dieu envers son peuple, la Bonne nouvelle « jusqu'aux extrémités de la terre » (Actes 1, 8). En commençant par là où nous vivons, où nous devons être des témoins authentiques de Dieu.
« Nous allons accompagner le Christ dans cette pêche divine. Jésus est au bord du lac de Génésareth et les gens se bousculent autour de lui, désireux d’écouter la parole de Dieu (Luc 5, 1). Comme aujourd’hui ! Ne le voyez-vous pas ? Les gens désirent entendre le message de Dieu, bien qu’ils le dissimulent extérieurement. Certains ont peut-être oublié la doctrine du Christ ; d’autres, sans que ce soit de leur faute, ne l’ont jamais apprise, et considèrent la religion comme quelque chose qui n’est pas fait pour eux. Mais soyez convaincus d’une réalité toujours actuelle : tôt ou tard le moment arrive où l’âme n’en peut plus, où les explications habituelles ne lui suffisent plus, où les mensonges des faux prophètes ne la satisfont plus. Alors, sans l’admettre encore, ces personnes ont besoin d’apaiser leur inquiétude avec la doctrine du Seigneur » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 260).

(à suivre...)

jeudi 18 mars 2010

Retour de manivelle sur l'avortement

Retour de manivelle sur l'avortement


Sous le titre "la guerre contre les bébés-filles: le "gendercide", le numéro de Mars 2010 de The Economist pose une question qui brise les tabous sur l'avortement. Il est question des politiques qui "pervertissent profondément la vie familiale" de certains pays, comme la Chine ou une partie de l'Inde et d'autres pays asiatiques, mais le raisonnement peut être étendu aux pays qui pratiquent l'avortement. Le périodique déplore "cent millions de bébés-filles" ainsi supprimées du simple fait d'être des filles.

mercredi 17 mars 2010

Hans Küng :une imposture

Hans Küng :une imposture


Une imposture de plus de la part d'Hans Küng.

mardi 16 mars 2010

Action de grâces (29)

Action de grâces (29)

Le psalmiste nous affirme, se fondant sur l’expérience universelle : « Ah ! qu’il est bon, qu’il est doux pour des frères d’habiter ensemble » (Ps 133, 1). S’il peut dire cela de deux êtres humains, comment, en quels termes exaltés décrirait-il l’inhabitation de Dieu dans l’âme d’une créature rationnelle, la communauté de biens et d’amour qui s’instaure a fortiori quand le sacrement de l’Eucharistie produit la présence réelle du Fils de Dieu, et avec lui du Père et de l’Esprit Saint, dans l’âme qui vient de communier !
« Vrai Dieu et vrai homme » (symbole d’Athanase), tu es de surcroît, Seigneur, devenu mon Frère (lire la suite) aîné en épousant l’humaine nature. « Tu es le premier-né parmi une multitude de frères » (Rm 8, 29). Alors il est naturel — comme une conséquence logique de l’ordre surnaturel — que vivre avec toi soit une cause, une source de joie immense, débordante, d’une joie que rien ne peut altérer ou détruire, que rien ne peut affecter. Tu es mon grand frère et je m’appuie sur toi, j’ai confiance en toi. « J’ai été dans la joie quand on m’a dit : « Allons à la maison du Seigneur » ! » (Ps 122, 1). Et cette joie, nul ne pourra me la ravir, car, Seigneur, nous ne faisons qu’un à nous deux. Tu as prié ton Père pour que « tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous » (Jn 17, 21). Que ta volonté advienne de plus en plus. Sois toujours mon aîné, qui me montre l’exemple pour que, comme toi, je fasse moi aussi la volonté de mon Père qui m’a envoyé réaliser la mission d’évangélisation du monde.

lundi 15 mars 2010

À l'ombre de la Sainte Famille (8)

À l'ombre de la Sainte Famille (8)

Saint Joseph est toujours resté discret, à l'arrière-plan. Prêt à intervenir, énergiquement, quand il le fallait. Mais il s'en remet à la sagesse et à la sainteté de son épouse, dont il expérimente lui-même les bienfaits à toute heure. Il est peut-être encore plus proche de nous que Marie, en ce sens que son âme a été atteinte par le péché originel. Il nous ressemble plus de ce point de vue. Mais il n'a pas le même pouvoir que Marie. Ou, pour le dire autrement, son pouvoir est différent de celui de Marie. Mais il est le père nourricier de Jésus. Le Seigneur peut-il alors lui refuser quelque chose, d'autant que ses demandes sont désintéressées et visent notre bien à nous ? Et puis, sa vertu, sa justice ont gagné le Cœur de Marie, au point qu'elle a accepté de l'épouser. Il sait aussi la gagner à notre cause.
Passons par lui pour nous adresser à notre Mère avec assurance, avec la certitude d'être écoutés, et formulons des demandes saintement audacieuses, parce que, quitte à demander, ne soyons pas mesquins. « Vous étiez si humble : obtenez-moi donc l'humilité et l'amour du mépris. Vous étiez si patiente dans les peines de la vie : obtenez-moi la patience dans les contrariétés. Vous étiez toute remplie d'amour pour Dieu : obtenez-moi un saint et pur amour. Vous étiez toute charité envers le prochain : obtenez-moi la charité envers tous, surtout envers ceux qui me sont opposés. Vous étiez toute unie à la volonté de Dieu : obtenez-moi une entière conformité à toutes les dispositions divines à mon égard. En un mot, vous étiez la plus sainte de toutes les créatures, ô Marie, rendez-moi saint » (saint Alphonse de Liguori, Les gloires de Marie, 9). Ce genre de prière, l'on s'en doute, a toutes les faveurs de Joseph, qui prend plaisir à entendre célébrer les mérites de sa tendre épouse.

(fin)

dimanche 14 mars 2010

À l'ombre de la Sainte Famille (7)

À l'ombre de la Sainte Famille (7)

Certes il y a des martyrs. Il ne se passe pas de semaine, voire de jour, que l'on n'apprenne de nouveaux cas : les Coptes tués par les islamistes en Égypte. Les musulmans qui tuent des chrétiens en Inde. Les descendants de Mahomet qui brûlent les églises en Malaisie parce que les chrétiens continuent, comme ils l'on toujours fait, d'appeler Dieu « Allah ». « Allah nous appartient », disent-ils. S'il est « le Dieu d'Abraham, le dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob » (Exode 3, 4), et si nous avons Abraham pour Père, n'y a-t-il pas là contradiction et prétention outrancière ?
À Nazareth, tout est grâce. Jésus est l'Auteur de la grâce. Il est la Grâce, la grâce sanctifiante par excellence. Il rend saint celui chez qui il vient habiter. Il le divinise. Mais il ne veut pas le faire sans l'accord de sa Mère. Infiniment reconnaissant de sa bonté et de son humilité, il veut qu'elle soit l'Aumônière de toutes les grâces, et elle les débourse comme elle le voit utile aux âmes. Elle est la « pleine de grâces » (Luc 1, 28), mais aussi la dispensatrice de toutes les grâces. Elle a un titre spécial sur la grâce, puisque la grâce est son propre Fils. La grâce lui est conaturelle. Ce n'est pas comme pour nous. « « Non, ô Marie, vous n'avez point ravi la grâce, comme l'a tenté Lucifer ; vous ne l'avez point perdue comme Adam ; vous ne l'avez point achetée comme voulait le faire Simon le magicien, mais vous l'avez trouvée, parce que vous l'avez désirée et cherchée. Vous avez trouvé la grâce incréée qui est Dieu lui-même devenu votre Fils, et avec elle vous avez trouvé et obtenu toute grâce incréée » (saint Albert le Grand, Mariale, quaestiones super Missus, q. 204) ». Voilà la grande réalité en vertu de laquelle Marie exerce le gouvernement des grâces, en est l'administratrice première et universelle.
Et comme Dieu bénit avec la Croix - les hommes aussi, au nom de Dieu - Marie nous bénit et nous sanctifie aussi avec des croix. « Je crois qu'une personne qui veut être dévote et vivre pieusement en Jésus-Christ, et par conséquent souffrir persécution et porter tous les jours sa croix, ne portera jamais de grandes croix, ou ne les portera pas joyeusement ni jusqu'à la fin, sans une tendre dévotion à la sainte Vierge, qui est la confiture des croix : tout de même qu'une personne ne pourra pas manger sans une grande violence, qui ne sera pas durable, des noix vertes sans être confites dans le sucre » (saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n° 154). Il n'est pas de plus grande grâce que la Croix du Christ, plantée au mont Calvaire, d'où a jailli comme d'une explosion nucléaire l'énergie salvifique, depuis lors en expansion, en train de se propager dans le monde. Et comme le Cœur de Marie était singulièrement uni à celui de son Fils, au point de ne faire plus qu'un, ce feu d'Amour, intense et purificateur, vient tout autant du Cœur de Marie que du Cœur de Jésus, quoique de façon subordonnée. Ceci explique qu'il ne nous arrive de grâce que par Marie et en Marie.

(à suivre...)

samedi 13 mars 2010

À l'ombre de la Sainte Famille (6)

À l'ombre de la Sainte Famille (6)

Marie prend notre âme par la main, et nous conduit aux frontières du divin, aux portes du paradis : au-delà, nous ne pouvons y accéder pour l'heure. Il faut attendre. Mais ce sont des sensations fortes qu'elle lui ménage, de ces entrevues comme l'on a très rarement l'occasion d'en avoir sur terre avec les grands de ce monde. Or, ce n'est pas une fois, ni même cent, mais c'est à toute heure du jour et de la nuit. Quand nous le voulons bien. Quand nous décidons d'être un peu moins terre-à-terre. Quand nous consentons à regarder ce Jésus qui ouvre les bras et nous dit : « Je t'aime, tu sais ! » Au lieu de nous laisser séduire par celui qui promet de changer les pierres en pains, ou de nous faire faire la voltige et d'envoyer des anges nous ratrapper en l'air, ou encore qui nous offre le monde entier en partage et tous les ors et les honneurs de la République : ministre, membre du Conseil constitutionnel, membre de l'Académie française, membres des plus importants conseils d'administration, la poitrine bardée, blindée, de décorations. Et les gens qui s'effacent sur votre passage. Et les gens qui vous pressent, vous adulent et vous portent aux nues en votre présence (parce que dans votre dos, il faut les entendre dire...) (cf. Matthieu 4, 1-9). « C'est au seigneur ton Dieu que tu rendras hommage, et tu ne rendras de culte qu'à lui seul » (Matthieu 4, 10).
Marie aère notre âme, la secoue pour que tombent en poussière les barreaux de l'orgueil, de la jalousie, du jugement hautain, de l'arrogance, de la sensualité, de l'avarice qui la tiennent emprisonnée. Elle déblaye le terrain devant nous, pour que, au lieu d'être collé au mur aveugle de notre ego, nous nous retrouvions face à d'immenses étendues à explorer, dans lesquelles planter l'étendard de son Fils.
Avançons avec Marie. Donc avec assurance. Sans craindre l'agitationdu monde, les cris hostiles des foules en furie. Aussi tranquilles que Jésus le jour où ses compatriotes de Nazareth voulurent le précipiter dans le vide et que « lui, passant au milieu d'eux, reprit sa marche » (Luc 4, 30). Si nous restons bien serrés contre Marie, nous n'avons pas à craindre les traits du monde. L'ennemi en est réduit à rugir, à faire du bruit, à s'agiter, à gesticuler. Il remue du vent comme un moulin. Il doit se faire peur à lui-même... Si besoin est, Marie sera la Vierge à la massue dont l'origine remonte à une légende, très répandue au Moyen-Âge, selon laquelle une femme a conçu un jeune garçon qu'elle a promis au diable. Non baptisé, il apprend qu'il a le démon pour père, se rend à Rome et, de fil en aiguille, se retrouve finalement en Égypte chez un ermite dont la prière adressée à Marie obtient sa délivrance. Selon le récit d'un autre miracle, un enfant de six ans ne cessait de fatiguer sa mère qui, n'en pouvant plus, lui cria : « Va au diable; petite peste. » Le démon apparut aussitôt et saisit l'enfant. La mère appela alors la Madonna del Soccorso pour le sauver des griffes de Satan. Marie vint, vêtue de blanc et d'or, tenant une massue avec laquelle elle terrassa le démon qu'elle piétina, tout en protégeant le garçon sous son manteau.

(à suivre...)

vendredi 12 mars 2010

À l'ombre de la Sainte Famille (5)

À l'ombre de la Sainte Famille (5)

Si les grands saints ont eu cette perception de leur vie placée entre les mains de Dieu, et de l'extraordinaire néant d'une créature face à son Créateur, que dire de Joseph et de Marie, de Marie surtout, bien évidemment ? Elle se qualifia d'Ancilla Domini (Luc 1, 38). Mais il faut bien voir que son expérience de la proximité de Dieu est rendue compatible avec sa vie au milieu du monde, ne lui demande pas de sacrifier sa condition humaine. Si jamais Marie a vraiment désiré rester au Temple de Jérusalem à servir Dieu, comme le disent des évangiles apocryphes, en la prenant pour Mère, Dieu la ramène chez elle à Nazareth, et authentifie et affermit son mariage avec Joseph.
Qu'il me soit permis d'évoquer un exemple qui peut nous permettre de comprendre à quel point la vie de Marie, en compagnie de Jésus et de Joseph, a conservé son naturel, sa fraîcheur, sa normalité, alors même que Marie ne pensait ni ne voulait par elle-même, mais avec l'intelligence et la volonté de Dieu, auxquelles elle était entièrement et librement attachée. L'exemple est celui de Conchita, une Mexicaine, mère de famille nombreuse, qui a été favorisée de révélations abondantes des trois Personnes divines. Bien que couchant sur le papier le contenu de ces révélations privées - elles couvrent des milliers de pages - elle a continué à mener sa vie d'épouse, de mère de famille, de maîtresse de maison comme si de rien n'était, sans que son mari et ses enfants ne s'aperçussent et ne se doutassent de cette intimité hors du commun.
« Il n'y a pas de danger d'exagérer. Nous n'approfondirons jamais assez ce mystère ineffable ; nous ne pourrons jamais remercier assez notre Mère de cette familiarité avec la Très Sainte Tinité qu'elle nous a donnée » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 276). Il nous convient donc de regagner souvent par la pensée le foyer de Nazareth, quand nous avons dû nous absenter quelques instants, ou quand... nous nous sommes égarés. Là se trouve la force. Là est la paix. Là règne la joie. Là est communiquée l'assurance. Là est transmise la Vérité. Nous y avons deux alliés magnifiques : saint Joseph et Marie. Marie qui disait aux enfants de La Salette : « Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j'ai prise pour vous autres... » Elle fait bien plus pour nous que nous ne pouvons faire nous-mêmes ! Et de plus son intercession est d'une efficacité assurée, éprouvée.

(à suivre...)

jeudi 11 mars 2010

Humour

Humour


L'ancienne ligne de chemin de fer reliant Laon à Liart, dans l'Aisne, passait par Bucy-les-Pierreponds et Clermont les Fermes.
L'on disait quand le train repartait de Bucy qu'il n'était pas besoin de fermer les portières, car Bucy s'en chargeait : Bucy les ferme !

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Quel est le comble pour un imprimeur ?

Faire une bonne impression avec un mauvais caractère.

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Quelle est la couleur d'un parapluie quand il pleut ?

Il est ouvert.

À l'ombre de la Sainte Famille (4)

À l'ombre de la Sainte Famille (4)


C'est-à-dire que Jésus fait progresser dans la voie de l'Amour, où tout est don de soi, sacrifice permanent. La nada sanjuaniste est le chemin de la déréliction (« rien », en espagnol : « Pour arriver à goûter tout,/ ne désire avoir goût en rien ;/ pour arriver à posséder tout, / ne désire posséder quelque chose en rien »), où l'être humain sent le sol se dérober sous ses pieds, se trouve, non pas en équilibre instable, mais comme suspendu dans le vide, et comprend, vitalement, qu'il n'existe que par Dieu, qui le maintient dans l'être (cf. Actes 17, 28). Il ressent son entière dépendance à l'égard du Père. Se sachant rien, et moins que rien, et en même temps enfant de Dieu, il fait l'expérience de la nécessaire unité de tous les aspects de sa vie. Celle-ci doit le reconduire à Dieu par sa totalité. Tout ce qui n'est pas « informé, au sens philosophique du terme, par le divin, n'est d'aucune valeur, n'a pas de sens ; n'est pas, en définitive, face à la survie dans l'au-delà, à l'éternité. « Je regarde ma vie et je vois, en toute sincérité, que je ne suis rien, que je ne vaux rien, que je n’ai rien, que je ne puis rien. Plus encore, que je suis le néant ! Mais lui est tout et, en même temps, il est à moi et je suis à lui, car il ne me rejette pas et il s’est livré pour moi. Avez-vous vu plus grand amour ? » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 215). Rien face à l'infini de Dieu. Et pourtant quelque chose, ou plus exactement quelqu'un par la grâce de Dieu, le « seul être que Dieu ait aimé pour lui-même » (concile Vatican II). Et auquel il reconnaît une valeur telle qu'il n'a pas hésité à offrir son propre Fils en sacrifice pour le rendre heureux. Telle est la profondeur des mystères de Dieu, où le plus vil côtoie le plus sublime, et s'en trouve transformé, retourné en occasion et moyen de progrès spirituel, parce que, comme l'affirme l'Apôtre, « pour ceux qui aiment Dieu, tout coopère au bien » (Romains 8, 28).
Un saint qui a pénétré très avant dans le royaume de lumière et de tendresse « a appelé Marie « le Paradis de Dieu et son monde ineffable ». Et il affirmait que Dieu a fait un monde pour l'homme voyageur, le nôtre ; qu'Il en fit un pour les bienheureux, le paradis ; et qu'Il en fit un pour lui, auquel il donna le nom de Marie » (L. J., Suenens, Quelle est celle-ci ? Paris, 1957, p. 12). C'est cela qui est étonnant. Mais nous y trouvons un extrême réconfort. Parce qu'il en va un peu comme d'un fil qu'on tire et qui finit par récupérer l'entière pelote de laine. Par Marie, nous pouvons tous être ramenés dans le sein du Père éternel, retrouver notre condition originelle d'enfant, en qui il met sa complaisance.

(à suivre...)

mercredi 10 mars 2010

À l'ombre de la Sainte Famille (3)

À l'ombre de la Sainte Famille (3)

Joseph et Marie regardent Jésus avec tendresse. Et nous avec eux. Leur cœur s'entretient continuellement avec ce Fils de Dieu qu'ils ne peuvent pas accompagner vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Pas une seconde ne s'écoule en dehors de cette union de pensée et d'affection. Et tout ce qu'ils font, le travail de Marie au fourneau, à la fontaine publique où elle doit aller puiser son eau, au lavoir, etc. ; le travail de Joseph dans son atelier et ses déplacements pour livrer ses clients, tout est prière. Tout est respiration d'amour. Les moindres actes de la vie ordinaire acquièrent ainsi du poids et un relief surnaturels.
Marie n'a pas fait que donner la vie à Jésus, ce qui est déjà extraordinaire, au sens propre du mot. Joseph n'a pas fait que prendre Marie chez lui (cf. Matthieu 1, 24) et accepter le rôle de père nourricier de l'Enfant. Leur vie tout entière redit « oui » à Dieu. Elle est protestation uniforme de fidélité, d'amour fidèle. Elle est un empilement d'actes vertueux. Elle est une préparation de Jésus pour le moment où il se lancera à sa mission, dans les meilleures conditions qu'ils peuvent lui assurer, compte tenu de leurs moyens. Mais l'éducation n'est-elle pas assurée en tout premier lieu au foyer familial ? Là, nul doute n'est possible, la formation est optimale. Aucun être humain n'aura bénéficié d'un pareil environnement, d'un contexte aussi favorable et par les vertus et par les dispositions à l'éclosion d'une vocation, à l'exécution des plans divins. Jésus en sera vite conscient, et aura toujours sous les yeux l'exemple de la vie sobre et héroïque de ses parents. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour les en récompenser.
Comment ? En leur envoyant de nouvelles grâces sans discontinuer, des grâces qui les tirent de plus en plus vers le haut, selon le degré d'union mystique, de vie unitive auquel il leur est donné de se hisser. Mais aussi en leur envoyant des épreuves. Non qu'il voulût tester leur foi ou leur fidélité, qu'il savait sans faille. Il savait qu'il n'y avait et qu'il n'y aurait jamais rien à redire. Tout simplement pour qu'il soit clair qu'il avait choisi vraiment une vie humaine dans toutes ses dimensions. L'une d'elles est la douleur, les souffrances, l'incertitude quant au lendemain, la jalousie que le bien suscite autour de soi...

(à suivre...)

mardi 9 mars 2010

À l'ombre de la Sainte Famille (2)

À l'ombre de la Sainte Famille (2)

En contemplant Jésus, frêle et démuni de tout, totalement dépendant d'eux, Marie et Joseph apprennent une merveilleuse leçon divine, la leçon de l'enfance spirituelle. Ils recueillent les faits et gestes de l'Enfant, les repassent dans leur esprit et les méditent dans leur cœur (cf. Luc 2, 19.51), chacun selon ses capacités. Peu à peu la lumière s'insinue en eux, enflamme leur cœur en élans d'amour, en jubilation céleste. Ils comprennent que pour entrer dans le royaume des cieux, dans le royaume de Jésus, il faut redevenir comme un enfant (cf. Matthieu 8, 3) et se laisser guider par Dieu, par l'Esprit.
Cet Esprit qui a saisi Marie et l'a couverte, recouverte de son ombre, et l'a fécondée. L'Esprit qui a permis à Joseph de tirer la situation au clair et l'a conforté dans sa conviction que Marie était une épouse fidèle et irréprochable. L'Esprit qui a prophétisé par la bouche de Siméon et d'Anne au Temple de Jérusalem, lors de la présentation du Fils à son Père (cf. Luc 2, 25-38), et par Élisabeth (cf. Luc 1n 41-45) et Zacharie (cf. Luc 1, 67-79), à Aïn-Karim.
La terre tourne. Le cycle liturgique se déroule en nous faisant accompagner Jésus dans son parcours terrestre. Mais la Sainte Famille reste le lieu de l'apprentissage de la sainteté, où l'on apprend la valeur de ce qui est petit, anodin, sans éclat, quelconque en définitive, mais accompli par amour. C'est ce qu'enseignait saint Josémaria, dans son souci de rendre la sainteté accessible à tous les hommes de bonne volonté, à l'homme moyen, dont la vie n'est pas faite pour attirer l'attention sur lui. « La sainteté ne consiste pas à faire de grandes choses. Elle est avant tout une lutte pour que, dans le domaine surnaturel, la vie ne s'éteigne pas : elle consiste pour toi à te laisser brûler jusqu'à la dernière fibre, en servant Dieu à la dernière place..., ou à la première : là où le Seigneur t'appellera » (Forge, n° 61).
Et ce que Marie et Joseph découvrent, qui illumine leur existence, ils nous l'enseignent à leur tour, car ils veulent ardemment nous entraîner dans le tourbillon de l'Amour : « N'aie pas peur d'être exigeant envers toi-même. Bien des âmes font de même dans leur vie cachée, pour que seul le Seigneur brille. Je voudrais que toi et moi, nous réagissions comme cette personne — qui voulait être toute à Dieu — le jour de la fête de la Sainte Famille, que l'on célébrait autrefois dans l'octave avant l'Épiphanie. — « Les petites croix ne me manquent pas. L'une, d'hier — et j'en ai pleuré —, m'a fait penser, aujourd'hui, que mon Père et Seigneur saint Joseph et ma Mère Sainte Marie n'ont pas voulu laisser « leur enfant » ce jour-là sans un cadeau de Noël. Et ce cadeau a été de reconnaître mon ingratitude envers Jésus, car je n'ai pas su répondre à sa grâce, et l'erreur énorme que j'ai faite en m'opposant par ma vile conduite à la Très Sainte Volonté de Dieu, alors qu'Il veut que je sois son instrument » (Forge, n° 624).

(à suivre...)

lundi 8 mars 2010

À l'ombre de la Sainte Famille (1)

À l'ombre de la Sainte Famille (1)

À Bethléem de Judée, puis à Zeitoun, en Égypte, Marie et Joseph contemplent l'Enfant-Dieu qui leur a été donné, qui nous a été donné par leur entremise. Ils le regardent avec des sentiments d'émerveillement et de gratitude et d'admiration. Ils se sentent tout petits devant Dieu. Leur humilité se nourrit de la considération de ce poupon qui est le Sauveur du monde. Ils passeraient bien des heures entières à veiller auprès de lui, à prier en le voyant s'éveiller à la vie, à notre vie humaine, lui qui est la Vie divine en acte. Quel mystère sublime !
Mais Marie et Joseph ne sont pas des bigots. La présence du Messie à leurs côtés ne les distrait pas de l'accomplissement de leur devoir d'état. La sainteté, leur sainteté, cette sainteté que Jésus vient précisément inaugurer sur terre, dont il entend montrer la nature en épousant notre condition humaine, la sainteté dans la vie de tous les jours passe par le respect fidèle et attentif de toutes les tâches qui nous incombent.
Dieu Tout-Puissant a invité Marie et Joseph à prendre part au festin des noces de l'Agneau à partir des événements de la vie ordinaire. Des événements qui peuvent être extraordinaires, comme le séjour forcé en Égypte, dans cette ville de Zeitoun où l'on conserve le souvenir de leur passage. « Écoute bien : les choses saintes, lorsqu’on les voit saintement, lorsqu’on les vit saintement tous les jours…, elles ne sont plus des choses « de tous les jours ». Toute l’activité de Jésus-Christ sur cette terre a été humaine, et divine ! » (saint Josémaria, Sillon, n° 955). Cela, ils l'ont compris, et ils le vivent. De la crèche, qui est comme une « chaire professorale », ainsi que la voyait le fondateur de l'Opus Dei, Jésus leur apprend à se sanctifier toujours plus à leur place dans leurs occupations de chaque instant, en vivant tout par amour de Dieu, en lui remettant tout pour qu'il gère les biens humains et les fasse fructifier en une pluie de grâces qu'il répand sur le monde.Lien
Et, voyant cette réponse parfaite et héroïque, cet amour silencieux des croix quotidiennes, ce désir actif et opérant d'accomplir la Volonté de la divine Trinité, Jésus remercie son Père : « Je te loue, ô Père, seigneur du ciel et de la terre, pour avoir caché cela à ceux qui ont la science et l'entendement, et pour l'avoir révélé aux tout petits » (Luc 10, 21). Il remercie le Père du choix qu'ils ont fait de Marie, toute sainte, pure et Immaculée, et de Joseph, cet « homme juste » (Matthieu 1, 19) parmi les justes.

(à suivre...)

dimanche 7 mars 2010

La valeur du dimanche

La valeur du dimanche

Je voudrais donc insister, à la suite de la lettre Dies Domini, pour que la participation à l'Eucharistie soit vraiment, pour tout baptisé, le cœur du dimanche. Il y a là un engagement auquel on ne peut renoncer et qu'il faut vivre, non seulement pour obéir à un précepte, mais parce que c'est une nécessité pour une vie chrétienne vraiment consciente et cohérente. Nous entrons dans un millénaire qui s'annonce comme caractérisé par un profond mélange de cultures et de religions, même dans les pays de christianisation ancienne. Dans beaucoup de régions, les chrétiens sont, ou sont en train de devenir, un « petit troupeau » (Luc 12,32). (lire la suite) Cela les met face au défi de témoigner plus fortement des aspects spécifiques de leur identité, et bien souvent dans des conditions de solitude et de difficultés. Le devoir de la participation eucharistique chaque dimanche est l'un de ces aspects. En réunissant chaque semaine les chrétiens comme famille de Dieu autour de la table de la Parole et du Pain de vie, l'Eucharistie dominicale est aussi l'antidote le plus naturel à la dispersion. Elle est le lieu privilégié où la communion est constamment annoncée et entretenue. Précisément par la participation à l'Eucharistie, le jour du Seigneur devient aussi le jour de l'Église, qui peut exercer ainsi de manière efficace son rôle de sacrement d'unité.

Jean-Paul II, lettre apostolique Novo millennio ineunte, n° 36.

samedi 6 mars 2010

Au nom de Marie (2)

Au nom de Marie (2)

Chaque fois que nous disons « Marie », que nous commençons à réciter le « Je vous salue, Marie », avec toutes les générations de catholiques, passées, présentes et à venir, notre palais s'emplit de lait et de miel, d'une saveur qui n'a pas son égal, et qui nous comble d'aise. Ce n'est pas que nous restions indifférents en prononçant le Nom, ô combien plus auguste, de Jésus. Mais c'est autre chose. Le nom de Marie a pour lui la nuance de la féminité, un quelque chose de spécial qui a la tendresse d'une mère, et quelle Mère ! Cette saveur n'a rien d'exotique. Elle fait partie de notre patrimoine familial. Elle en est une caractéristique distinctive. Elle en est la marque. C'est comme un mot de passe, un sésame, qui nous confirme que nous sommes bien chez nous, entre nous. (lire la suite)
Qui dit « Marie » dit « Pleine de grâce », cet autre nom de la Sainte Vierge, celui que Dieu a voulu lui donner, de préférence à celui que saint Joachim et sainte Anne ont donné à leur fille. Marie était son nom humain, en rapport avec la vie naturelle. « Pleine de grâce » est un nom divin, le nom d'un don unique de Dieu à sa créature, en rapport avec la mission, elle aussi unique, de la Maternité divine. Nous associons ces deux prénoms dans l'Avé Maria. Le premier nous ravit d'aise, mais le second nous ravit le cœur et nous introduit dans l'intimité divine, dans les plans salvifiques de Dieu, dans la logique de Dieu, dans l'Amour de Dieu. Dieu n'a pas trouvé pour Marie de nom de grâce plus beau, plus expressif, plus réaliste que celui de « Pleine de grâce ». Alors nous nous émerveillons, et nous rendons grâce à Dieu de nous l'avoir découvert.
Répétons donc : « Je vous salue, Marie, Pleine de grâce. » Réjouissons-nous avec Dieu de son chef-d'œuvre. Mettons comme Dieu toute notre confiance en elle. Remettons-nous, comme Dieu, à sa disponibilité, à sa spontanéité, à la vibration surnaturelle de son âme qui la fait désirer ce que Dieu veut et adhérer à sa très aimable volonté sitôt connue. Marie, Pleine de grâce ; Marie, Pleine de grâce, aidez-nous à vivre, comme vous, dans la liberté et la gloire des enfants de Dieu (Romains 8, 21), dans un don total et sans exclusive de nous-même pour que les plans du Sauveur s'accomplissent hic et nunc.

(fin)

vendredi 5 mars 2010

Au nom de Marie (1)

Au nom de Marie (1)

Nous avons vu que le simple fait de prononcer le nom de Marie met le diable en déroute. Il ne supporte pas d'entendre le nom de l'Épouse virginale du Saint-Esprit, de la Mère, d'une vraie maternité, de Celui qui l'a définitivement humilié au Calvaire et battu à plate couture, de la Fille de Sion, Fille par excellence de Dieu le Père, « toute comblée de grâce » (Luc 1, 28), qui jouit de la faveur spéciale de Dieu. Nous avons également vu que Marie est un monde en soi, que Dieu s'est créé pour lui, comme pour se récréer en Marie.
Si ce Nom est exécrable pour satan et tous ses suppôts infernaux, il est doux, en revanche, (lire la suite) pour tous les amis de Dieu, pour toux ceux qui sont à son service. À commencer par les anges, qui ne se lassent pas de l'entendre répéter et qui demandent qu'on le leur répète encore, comme le montre saint Alphonse de Liguori : « Le Cantique des cantiques nous permet de croire que, lors de l'Assomption de la Sainte Vierge, les anges s'informèrent de son nom jusqu'à trois reprises différentes. Une première fois, ils s'écrièrent : « Quelle est celle qui s'élève du désert comme une vapeur embaumée ? » (Cantique des cantiques 3, 6). Puis, ils se demandèrent : « Quelle est celle qui avance comme une aurore naissante ? » (Cantique des cantiques 6, 9). Enfin, « quelle est, se dirent-ils entre eux, celle qui monte du désert, comblée de délices » (Cantique des cantiques 8, 5). Pourquoi tant d'insistance à demander le nom de leur Souveraine ? « C'est sans doute, répond Richard de Saint-Laurent, parce qu'ils désiraient entendre le nom si doux de Marie ». Oui, telle était, pour les anges eux-mêmes, la douceur du nom de Marie, qu'ils demandaient sans cesse à l'entendre » (saint Alphonse de Liguori, Les gloires de Marie, 10). N'allons-nous pas les imiter, nous qui, à la différence des anges, avons besoin de l'intercession de la très Sainte Vierge, de ses secours maternels pour échapper aux pièges du démon, déjouer ses plans trompeurs et ne pas nous éloigner de notre Dieu ? Les anges se réjouissent à la simple évocation de ce nom très doux. Il est doux à nos oreilles, et plus encore à notre cœur, car il évoque toute une histoire d'amour entre nous et Marie, entre nous et Dieu, une histoire d'amour noble et pur, d'amour joyeux et de don de soi, d'amour empressé à apporter son consentement aux plans de la Rédemption.

(À suivre...)

jeudi 4 mars 2010

Le diable mis en déroute (2)

Le diable mis en déroute (2)

Nous avons vu hier qu'un premier moyen de mettre le démon en déroute consiste à faire posément le signe de la croix; Le deuxième moyen confirmé et assuré pour mettre le diable en déroute est tout aussi facile à accomplir, et même davantage encore. Il est particulièrement doux à notre cœur. Il consiste à prononcer le doux nom de notre Mère du ciel.
Saint Alphonse de Liguori rapporte l'histoire suivante : « Bernardin de Bustis rapporte (Mariale 12) qu'un oiseau, dressé à dire Ave Maria, allait un jour être saisi par un épervier : l'oiseau poussa son cri Ave Maria et l'épervier tomba foudroyé. (lire la suite) Par là, le Seigneur voulut nous faire entendre que si le nom de Marie a sauvé de la mort un oiseau privé d'intelligence, à combien plus forte raison évitera-t-il de tomber entre les mains des démons le chrétien qui, dans toutes ses tentations, aura soin d'invoquer Marie. » (Saint Alphonse de Liguori, Les gloires de Marie, 2, 2).
Évidemment, les esprits rationalistes relèveront qu'un oiseau ne parle pas. Qu'importe. Plus que le mot à mot, c'est l'esprit qui compte. Et ce que nous apprenons, c'est la force du nom de Marie.
C'est aussi simple que cela. Faire le signe de la croix et répéter « Marie ». Avec foi. Le diable sera mis en déroute très rapidement. Il ne supporte pas l'évocation de la Croix qui lui rappelle son échec cuisant. Il ne peut entendre davantage le nom de Celle qui l'a écrasé de son talon (Genèse 3, 15). C'est par le rappel de son double échec que nous le mettons en fuite. Une recette aisée pour une situation malaisée.
Rappelez-vous cela, en tout temps, et spécialement quand la tentation survient : le signe de Croix et Marie.

(fin)

mercredi 3 mars 2010

Le diable mis en déroute (1)

Le diable mis en déroute (1)

Le diable attaque. Il est ridicule de le nier. Et c'est très dangereux. C'est d'ailleurs la grande astuce, le piège principal du démon, que de faire croire qu'il n'existe pas. Il faut être bien naïf pour le croire, garder les yeux clos sur ce qui se passe dans le monde et se méconnaître soi-même. Le diable attaque. À nous de contre-attaquer. Si je vous proposais un moyen infaillible de le mettre en déroute, vous me répondriez avec empressement et vivacité : « Je suis preneur. » Et vous feriez bien. Ce serait une réaction raisonnable, celle de quelqu'un qui a un minimum de sens surnaturel et qui conaît la justesse de ces mots du Seigneur : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5). (lire la suite)
Eh bien ! Je ne vous donnerai pas un, mais deux moyens particulièrement efficaces contre le diable et ses tentations. Deux moyens qui présentent l'avantage d'être très simples, et donc à la portée de tout le monde. Deux moyens expérimentés avec succès par les générations de chrétiens qui nous ont précédés.
Le premier de ces moyens, nous le trouvons déjà dans la Tradition apostolique. « Il faut se rappeler que les chrétiens recouraient souvent au signe de la croix comme à une protection contre les démons. On lit par exemplle dans la Tradition apostolique d'Hippolyte : « Efforce-toi en tout temps de te signer dignement le front, car c'est le signe de la Passion vraiment efficace contre le diable si tu le fais avec foi et non pour être vu des hommes, mais en l'opposant avec science comme un bouclier. L'adversaire en effet, en voyant la force de l'Esprit qui vient du cœur, dès que l'homme montre représentée extérieurement la ressemblance acquise dans la piscine, s'enfuit, non parce que tu l'effraies, mais l'Esprit qui souffle en toi. » Lactance dit de même : « Quelle terreur le signe de la croix inspire aux démons, ceux-là le savent qui ont vu s'enfuir des corps des possédés lorsqu'on les adjurait au nom du Christ » (Institutions divines 4, 27, 1). » (C. Vagaggini, La lutte contre satan dans la liturgie de l'Église, Strasbourg, Trifolium, 2009, p.52).
Il est facile de faire un signe de croix bien fait, sur nous. Pas un geste bâclé, qui ressemble à une grimace ou à une expression burlesque. Mais un signe de croix qui mérite ce nom, tissé d'amour et de reconnaissance, en pensant au Dieu Un et Trine que nous invoquons, et qui nous introduit dans sa vie.
C'est par la Croix que le diable a été vaincu. Il ne supporte pas de voir ce signe lui rappeler sa défaite. Il fuit, piteux.

(à suivre...)