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samedi 31 mars 2007

Les Rameaux

Les Rameaux

Demain jour des Rameaux et de la Passion du Seigneur, les chrétiens font mémoire de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, monté sur un âne. L'enthousiasme de la foule qui attend un Messie terrestre qui délivrera son peuple du joug romain, tombe vite quand les gens constatent, à leur grand étonnement, que Jésus ne profite pas de la circonstance pour provoquer un vaste soulèvement et prendre le pouvoir. Cinq jours plus tard, la même foule en bonne partie, manifestera sa déception en réclamant la mise à mort de Jésus-Christ, emboîtant le pas aux demandes que les autorités religieuses ont adressées au représentant de César, C'est dans ce contexte que saint André de Crète nous invite à accompagner le Seigneur dans une démarche, non pas humaine, mais spirituelle. (lire la suite)
"Venez, gravissons ensemble le mont des Oliviers ; allons à la rencontre du Christ. Il revient aujourd'hui de Béthanie et il s'avance de son plein gré vers sa sainte et bienheureuse passion, afin de mener à son terme le mystère de notre salut.
Il vient donc, en faisant route vers Jérusalem, lui qui est venu du ciel pour nous, alors que nous étions gisants au plus bas, afin de nous élever avec lui, comme l'explique l'Écriture, au-dessus de toutes les puissances et de toutes les forces qui nous dominent, quel que soit leur nom.
Et il vient sans ostentation et sans faste. Car, dit le prophète, il ne protestera pas, il ne criera pas, on n'entendra pas sa voix. Il sera doux et humble, il fera modestement son entrée. (...)

Alors, courons avec lui qui se hâte vers sa passion , imitons ceux qui allèrent au-devant de lui. Non pas pour répandre sur son chemin, comme ils l'ont fait, des rameaux d'olivier, des vêtements ou des palmes. C'est nous-mêmes qu'il faut abaisser devant lui, autant que nous le pouvons, l'humilité du cœur et la droiture de l'esprit afin d'accueillir le Verbe qui vient, afin que Dieu trouve place en nous, lui que rien ne peut contenir.
Car il se réjouit de s'être ainsi montré à nous dans toute sa douceur, lui qui est doux, lui qui monte au dessus du couchant, c'est-à-dire au-dessus de notre condition dégradée. Il est venu pour devenir notre compagnon, nous élever et nous ramener vers lui par la parole qui nous unit à Dieu.
Bien que, dans cette offrande de notre nature humaine, il soit monté au sommet des cieux, à l'Orient, comme dit le psaume, j'estime qu'il l'a fait en vertu de la gloire et de la divinité qui lui appartiennent. En effet, il ne devait pas y renoncer, à cause de son amour pour l'humanité, afin d'élever la nature humaine au-dessus de la terre, de gloire en gloire, et de l'emporter avec lui dans les hauteurs.
C'est ainsi que nous préparerons le chemin au Christ : nous n'étendrons pas des vêtements ou des rameaux inanimés, des branches d'arbres qui vont bientôt se faner, et qui ne réjouissent le regard que peu de temps. Notre vêtement, c'est sa grâce, ou plutôt c'est lui tout entier que nous avons revêtu: Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. C'est nous-mêmes que nous devons, en guise de vêtements, déployer sous ses pas.
Par notre péché, nous étions d'abord rouges comme la pourpre, mais le baptême de salut nous a nettoyés et nous sommes devenus ensuite blancs comme la laine. Au lieu de branches de palmier, il nous faut donc apporter les trophées de la victoire à celui qui a triomphé de la mort.
Nous aussi, en ce jour, disons avec les enfants, en agitant les rameaux qui symbolisent notre vie : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d'lsraël !" (homélie pour le dimanche des Rameaux)

vendredi 30 mars 2007

Les reliques de la Passion (suite et fin)


Les reliques de la Passion (suite et fin)


5. L’ostension de nos jours
L’ostension, du latin ostendere, « montrer », est l’action consistant à exposer un objet saint, une relique, à la vénération des fidèles, pratiquée dès l’origine du culte des saints. Le trésor de la cathédrale Notre-Dame de Paris renferme donc la couronne d’épines, en réalité un cercle de joncs tressés, de 21 cms de diamètre, dans lequel étaient plantés de longues et dures épines. Ces épines ont été dispersées au cours des siècles par les dons effectués soit par les empereurs de Byzance, soit par les rois de France.(lire la suite)
Soixante-dix sont répertoriées de nos jours. Saint Jean rappelle que les soldats romains, dans la nuit du Jeudi au Vendredi Saint, se moquèrent du Christ et de sa Royauté en le coiffant d'une couronne garnie d'épines (Jean 19, 14). S’y ajoutent un morceau du bois de la Croix et un clou de la crucifixion (dont on remarquera qu’il n’a pas été fait mention précédemment). Rohault de Fleury émet la supposition que ce clou pourrait avoir été fabriqué avec des parcelles de vrais clous. Une brochure éditée par la basilique métropolitaine de Paris le considère comme authentique et précise qu’il a été donné à l’abbaye de Saint-Denis par Charles le Chauve, qui le trouva au trésor d’Aix-la-Chapelle, où Charlemagne l’avait mis après l’avoir reçu lui-même de l’empereur Constantin V. Lors de la Révolution, il fut placé auprès de la commission temporaire des arts, puisement 1804 à Mgr Quélen, archevêque de Paris par M. Lelièvre, membre de l’Institut, qui l’avait examiné et qui affirma sous serment que c’était vraiment le clou provenant de la basilique de Saint-Denis. C’est tout ce que l’on peut en dire.
Ces reliques sont présentées à la vénération des fidèles tous les premiers vendredis du mois et les vendredis de carême, à 15 heures, et le Vendredi saint toute la journée. Les chanoines de la cathédrale de Paris assurent cette présentation tandis que des chevaliers et des dames de l’Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem en assurent la garde. L’ostension, qui a lieu dans la nef de la cathédrale, est très émouvante non seulement en raison de la nature des reliques, mais aussi de la foule recueillie, qui n’hésite pas à faire longuement la queue pour manifester sa foi. De nombreux touristes profitent de leur visite de la cathédrale pour se joindre aux pèlerins, lesquels reflètent la variété du peuple de Dieu.

(fin)

jeudi 29 mars 2007

Faire le bien


Faire le bien

« Quant à vous, frères, ne vous lassez jamais de faire le bien » (2 Thessaloniciens, 3, 13). Cette exhortation de saint Paul, l’Apôtre des gentils, peut se comprendre comme voulant dire : « Ne cessez pas de faire le bien même si vous n’êtes pas payés de retour, même si vous êtes incompris, car ce n’est pas en fonction des hommes que vous devez agir mais en fonction de Dieu, de ce qu’il attend de vous. »
« Tu agis en fonction du qu’en dira-t-on ? […] C’est tout d’abord le qu’en dira Dieu qui doit te tenir à cœur ; après — bien après, (lire la suite) et parfois jamais — tu devras peser ce que peuvent en penser les autres. « Celui qui me reconnaîtra devant les hommes, dit notre Seigneur, moi aussi je le reconnaîtrai devant mon Père, qui est dans les cieux. Mais celui qui m’aura renié devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père, qui est dans les cieux » (saint Josémaria, Sillon, n° 970).
Nous n’avons pas reçu de Dieu toutes les qualités que nous possédons pour faire le mal, mais pour l’imiter et faire le bien, comme lui, qui est le Bien absolu et qui met sa joie à rendre les hommes heureux. Si nous sommes malheureux parfois, c’est précisément parce que nous arrêtons de faire le bien et que nous nous laissons prendre par l’esprit du mal.
« Ne nous décourageons pas de faire le bien, dit encore saint Paul, car nous récolterons en temps voulu, si nous ne nous relâchons pas » (Galates 6, 9). L’espérance des biens à venir — du ciel pour ceux qui aiment Dieu et rejettent le péché — est une vertu formidable, une des trois vertus théologales, c’est-à-dire qui ont Dieu pour objet, qui viennent directement de Dieu et que, de ce fait, lui seul peut augmenter en nous. Il convient donc de demander à Dieu : « Augmente en moi la foi, l’espérance et la charité. »

mercredi 28 mars 2007

Mehariste et geographe



Méhariste et géographe


Mon cousin Louis Le Tourneau (à gauche en 1959) a publié récemment ses Aventures africaines, en trois volumes, les deux premiers retraçant sa carrière de Méhariste en Mauritanie, de 1957 à 1960, le dernier ses travaux de géographe en Mauritanie et Niger (photo de droite), puis en et en Haute-Volta (l'actuel Burkina Faso) et en Côte d'Ivoire, de 1962 à 1964.
Celui qui était lors le lieutenant Le Tourneau, frais émoulu de Saint-Cyr, commence sa carrière par une aventure extraordinaire en Mauritanie. (lire la suite) La vie de méhariste, loin des chefs, au milieu du libre désert, fait découvrir que l'homme n'est jamais entièrement maître de sa destinée. Puis celle de géographe seconde les prises de vue aériennes sur le terrain pour établir la toponymie des lieux et faire des relevés rigoureux. Ce qui nécessite à la fois des connaissances linguistiques appropriées et une condition physique à toute épreuve et, ajouterais-je, morale aussi, étant donné que la mission se déroule en partie dans une région désertique où il est difficile de rencontrer âme qui vive. Les moyens disponibles à l'époque restaient rudimentaires et demandaient énormément de travail personnel pour exploiter les données repérées sur le terrain.
Mais Louis Le Tourneau (en train de passer en revue un Groupe nomade : photo du bas) ne se contente pas de son travail. Il amasse une somme importante de données et une moisson de souvenirs qui lui ont permis de rédiger ces ouvrages, abondamment illustrés de photos et de cartes.

C'est une aventure passionnante que l'auteur nous fait revive, une aventure comme peu en ont vécue, car seuls de rares privilégiés ont pu parcourir l'extrême-nord de la Mauritanie et du Niger...
Ces trois livres, de respectivement 327, 266 et 399 pages, sont disponibles aux Éditions Mémoires d'Hommes (9, rue Chabanais, 75002 Paris) et chez l'auteur (22, rue Pierre-Curie, 49000 Angers).

mardi 27 mars 2007

La joie dans la souffrance


La joie dans la souffrance

Pour beaucoup, la souffrance est incompatible avec la joie. Telle n’est pas la conception chrétienne. Saint Paul exhortait les fidèlement termes : « Réjouissez-vous sans cesse, dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous » (Philippiens 4, 4). Et, parlant de sa propre expérience, il affirme : « Je déborde de joie au milieu des épreuves que nous endurons » (2 Corinthiens 7, 4). Cette joie provient de la confiance en Dieu : « Ne vous affligez point : la joie de Yahvé est votre rempart » (Néhémie 8, 10). Elle s’appuie donc sur Dieu. Plus grande est la proximité de Dieu, plus intense est la joie. (lire la suite)
Il serait possible d’apporter d’innombrables témoignages en ce sens, car c’est une constante dansable de l’Église depuis deux mille ans. En voici un, donné par le Serviteur de Dieu Alvaro del Portillo, alors prélat de l’Opus Dei, lors d’une messe pour les participants au jubilé de la jeunesse, en avril 1984 : « Comment peut-on être joyeux devant la maladie et dans la maladie,devant l’injustice et en souffrant l’injustice ? Cette joie ne sera-t-elle pas une fausse illusion ou une échappatoire irresponsable ? Non ! Le Christ nous donne la réponse : le Christ seul ! Ce n’est qu’en Lui que l’on trouve le vrai sens de la vie personnelle et la clef de l’histoire humaine […].
Le Christ en Croix : voilà la seule vraie clef. Sur la Croix Il accepte la souffrance pour nous rendre heureux ; et il nous apprend qu’en étant unis à Lui, nous aussi nous pouvons donner une valeur de rédemption à notre souffrance, qui se transforme ainsi en joie : la joie profonde de sacrifier pour le bien des autres et de faire pénitence pour les péchés personnels et les péchés du monde. »
Selon cette vision très positive de la vie, l’homme n’a pas lieu d’être triste. Qui plus est, la tristesse, en dehors de celle qui est causée par la maladie elle-même, vient du démon. Cela est visible au fait qu’elle entraîne des manquements à la charité et conduit à se replier sur soi-même. « La tristesse pousse à la colère et à l’envie ; et nous avons l’expérience que, lorsque nous sommes tristes, nous nous fâchons facilement et nous nous irritons à la moindre occasion ; qui plus est, elle rend l’homme soupçonneux et malicieux, et quelques fois elle le trouble à tel point qu’elle semble lui faire perdre la raison » (Saint Grégoire le Grand, Moralia 1, 31 31).
En revanche, nous constatons que les gens qui sont le plus heureux sur terre sont les saints, car ils ont compris que notre joie est « une joie dont les racines sont en forme de Croix » (saint Josémaria, Forge, n° 28). De fait, la bénédiction chrétienne, source de joie, se donne en faisant le signe de croix. celui qui est cloué sur son lit d’hôpital ou qui ne peut se déplacer qu’en fauteuil roulant, celui qui a perdu l’usage de la parole ou qui n’entend et ne voit plus, celui qui est l’objet constant de vexations de la part de ses collègues ou d’injustices criantes, celui pour qui tout semble rater, s’il élève son regard vers le Christ en Croix, s’il se sait et se sent enfant de Dieu dans et par le Christ, il conserve la paix et la joie intérieures. « Si nous nous voyons comme ce que nous sommes, des enfants bien-aimés de notre Père des cieux, comment ne serions-nous pas joyeux ? — Médite cela » (saint Josémaria, Ibid., n° 266). La Vierge Marie a fait l’expérience de la souffrance, comme le vieillard Siméon le lui avait prédit quand elle était venue présenter son Fils Jésus au temple,pour conformer à la Loi mosaïque : « Pour toi, tu auras l’âme transpercée d’un glaive » (Luc 2, 35). Mais, parce qu’elle vécue identifiée à son Fils et à la Volonté du Père, l’Église l’invoque dans les litanies du chapelet comme « cause notre joie ».

(fin)

lundi 26 mars 2007

L'Annonciation

L'Annonciation

Le 25 mars tombant cette année un dimanche, la célébration de l'Annonciation est reportée à aujourd'hui, 26 mars. Dieu avait annoncé au tentateur du paradis terrestre : "Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon" (Genèse 3, 15). Cela va s'accomplir bientôt ; ainsi que la prophétie d'Isaïe (7, 14) : "Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, et on l'appellera Emmanuel, c'est-à-dire "Dieu avec nous."
En effet, l'archange saint Gabriel vient, de la part de Dieu, (lire la suite) annoncer à une jeune femme de Galilée, Marie, qu'elle allait donner le jour à un fils. "Comment cela va-t-il se faire puisque je suis vierge ?" demande-t-elle. "L'ange lui répondit : "L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui naîtra sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu" (Luc 1, 29).
Marie est invitée à donner son assentiment à ce projet divin qui manifeste à quel point "Dieu est amour" (1 Jean 4, 16). Comme le pape Benoît XVI le faisait remarquer dans son message pour le carême en cours, après le refus de l'homme - en la personne d'Adam et Ève, nos premiers parents - d'entrer dans son projet d'amour, Dieu "ne s'est pas avoué vaincu, mais au contraire le "non" de l'homme a été comme l'impulsion décisive qui l'a conduit à manifester son amour dans toute sa force rédemptrice" en envoyant son Fils sur terre, naissant d'une femme et devenant vrai homme tout en restant vrai Dieu. "Pour conquérir à nouveau l'amour de sa créature, ajoute le pape, (Dieu) a accepté de payer un très grand prix : le sang de son Fils unique".
Pour l'heure, l'humanité attend la réponse de Marie à l'ange. "Vierge bienheureuse, lui dit saint Bernard dans une homélie, ouvrez votre cœur à la foi, vos lèvres au consentement, vos chastes entrailles au Créateur. Voyez : le Désiré de toutes les nations frappe à votre porte. Malheur à vous si vous tardiez à lui ouvrir ; il passerait son chemin, et ensuite vous reviendriez avec douleur chercher l'aimé de votre âme ! Levez-vous, courez, ouvrez. Levez-vous par la foi, courez par la dévotion, ouvrez par le consentement" (Homélie super "Missus est" 4, 9).
Marie va dire "oui", fiat, "qu'il me soit fait selon ta parole", sans hésitation, se reconnaissant "la servante du Seigneur" (Luc , 38). "Commençons par imiter son amour. La charité ne s’arrête pas aux sentiments ; elle doit se manifester en paroles et, avant tout, en actes. La Vierge n’a pas seulement prononcé un fiat, mais elle a accompli, à tout moment, sa ferme et irrévocable décision. Nous devons agir de même : lorsque l’amour de Dieu nous pousse et que nous découvrons ce qu’il veut, nous devons nous engager à être fidèles, loyaux, et à l’être vraiment. Car ce n’est pas en me disant « Seigneur, Seigneur », qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux (Matthieu 7, 21).
Nous devons imiter l’élégance naturelle et surnaturelle de Marie. C’est une créature privilégiée dans l’histoire du salut : en Elle, le Verbe s’est fait chair et a demeure parmi nous (Jean 1, 14). Elle fut un témoin plein de délicatesse et qui passa inaperçu ; elle ne voulut pas recevoir de louanges, car elle n’ambitionnait pas la gloire pour elle-même. Marie est témoin des mystères de l’enfance de son Fils, mystères normaux si l’on peut s’exprimer ainsi : à l’heure des grandes miracles, des acclamations des foules, elle s’efface. À Jérusalem, lorsque le Christ — montant un petit âne — est acclamé comme Roi, Marie n’est pas là. Mais on la retrouve près de la Croix, lorsque tout le monde fuit. Cette conduite a la saveur naturelle de la grandeur, de la profondeur et de la sainteté de son âme.
Efforçons-nous d’imiter son obéissance à la volonté de Dieu, obéissance où se mêlent harmonieusement noblesse et soumission. Chez Marie, rien ne rappelle l’attitude de ces vierges folles qui obéissent, il est vrai, mais sans réfléchir. Notre Dame écoute avec attention ce que Dieu veut d’elle; elle médite ce qu’elle ne comprend pas ; elle interroge sur ce qu’elle ne sait pas. Ensuite, elle s’applique de tout son être à accomplir la volonté divine : je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! (Luc 1, 38). Quelle merveille ! Sainte Marie, notre exemple en toutes choses, nous apprend maintenant que l’obéissance à Dieu n’est pas servilité, qu’elle ne subjugue pas notre conscience. Au contraire, elle nous incite intérieurement à découvrir la liberté des fils de Dieu (cf. Romains 8, 21)" (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 173).

dimanche 25 mars 2007

La crainte filiale (suite)


La crainte filiale (suite)

Celui qui est devenu enfant de Dieu par le baptême « ne se tient plus devant Dieu comme un esclave, dans la crainte servile, ni comme le mercenaire en quête de salaire, mais comme un fils qui répond à l’amour de « Celui qui nous a aimés le premier » (1 Jean 4, 19) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1828). C’est ce qu’explique saint Basile, cité par le Catéchisme : « Ou bien nous nous détournons du mal par crainte du châtiment, et nous sommes dans la disposition de l’esclave. Ou bien nous poursuivons l’appât de la récompense et nous ressemblons aux mercenaires. Ou enfin (lire la suite) c’est pour le bien lui-même et l’amour de celui qui commande que nous obéissons […] et nous sommes alors dans la disposition des enfants » (Regulæ fusius tracta, prologue 3). Et saint Augustin, rappelant que Dieu a écrit ses lois dans nos cœurs (cf. Jérémie 31, 33), dit, de son côté que « ce sera l’œuvre de celui qui vous a appelés à son royaume et à sa gloire (cf. 1 Thessaloniciens 2, 12), quand il vous aura régénérés par sa grâce, d’écrire en vos cœurs par l’Esprit Saint (cf. 2 Corinthiens 3, 2), afin que vous aimiez ce que vous croyez, que la foi agisse en vous par l’amour (cf. Galates 5, 6) et qu’ainsi vous puissiez plaire au Seigneur Dieu, dispensateur de tous les biens, non par une crainte servile du châtiment, mais par un libre amour de sa justice » (Sermon212, 2). C’est également un aspect de la vertu théologale de l’espérance, que « la crainte d’offenser Dieu et de provoquer le châtiment » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2090).
Cette crainte est le fruit de l’amour, c’est-à-dire de la peine d’offenser l’aimé, de le faire souffrir, de l’attrister par nos infidélités. Jésus-Christ a instauré une Alliance nouvelle, scellée par son sang versé sur la Croix, alliance par laquelle l’homme devient enfant de Dieu, ou plutôt le redevient, puisqu’il l’était avant le péché originel qui lui a fait perdre cette condition. La crainte change de sens, pour devenir une crainte filiale. « Fils de Dieu, frères du Verbe fait chair, de celui dont il a été dit : « De tout être il était la vie et la vie était la lumière des hommes » (Jean 1, 4), des enfants de la lumière, des frères de la lumière, voilà ce que nous sommes » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 65).
Craindre Dieu, c’est aussi accepter le défi qu’il nous lance de participer avec lui à l’œuvre de notre salut, tout en sachant que notre faiblesse peut nous empêcher de réaliser ce qu’il attend de nous. C’est pourquoi il nous est dit au Livre des Proverbes (9, 10) que « le début de la sagesse est la crainte de Dieu ».
La loi de Dieu est qualifiée de loi d’Amour, car « elle fait agir par l’amour qu’infuse l’Esprit Saint plutôt que par la crainte » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1972). De plus l’Église applique à la Sainte Vierge ces mots de l’Écriture : « Je suis la Mère du bel amour, de la crainte, de la science et de la sainte espérance » (Siracide 24, 24). « Je ne puis concevoir d’autre crainte que celle de nous écarter de l’Amour. Car Dieu notre Seigneur ne nous veut pas timides, timorés, comme ayant peur de nous donner. Il a besoin que nous soyons audacieux, courageux, délicats » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 277). Cette bonne crainte n’est autre, en définitive, que l’espérance, qui est « l’attente confiante de la bénédiction divine et de la vision bienheureuse de Dieu » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2090).

(fin)

samedi 24 mars 2007

Le sens chretien de la souffrance (suite)


Le sens chrétien de la souffrance (suite)


C’est à cette valeur salutaire et rédemptrice de la souffrance que le pape Jean-Paul II a consacré une lettre apostolique intitulée précisément « [la valeur] salvifique de la douleur », Salvifici doloris, en date du 11 février 1984. Il en précise d’emblée la portée avec deux citations de saint Paul : « je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l’Église » (Colossiens 1, 24), et « je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous » (Ibid.). Je ne puis qu’inciter à lire cette lettre, où Jean-Paul développe la parabole du bon Samaritain (cf. Luc 25-37).
Le Christ « a enseigné à l’homme (lire la suite) à faire du bien par la souffrance et à faire du bien à celui qui souffre » (Jean-Paul II, lettre apostolique Salvifici doloris, n°30). Le pape indiquait en conclusion que « tel est le sens, véritablement surnaturel et en même temps humain, de la souffrance. Il est surnaturel, parce qu’il s’enracine dans le divin mystère de la Rédemption du monde, et il est d’autre part profondément humain, parce qu’en lui l’homme se reconnaît lui-même dans son humanité, sa dignité et sa mission propre » (Ibid., n° 31).
Un chrétien ne peut pas oublier la réalité d’une autre souffrance, celle du péché et de ses suites, celle de la condamnation éternelle à l’enfer pour celui qui reste endurci dans son péché. « Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jean 3, 16). Or, « l’homme « périt » quand il perd « la vie éternelle ». Le contraire du salut n’est donc pas seulement la souffrance temporelle, une souffrance quelconque, mais la souffrance définitive : la perte de la vie éternelle, le fait d’être rejeté par Dieu, la damnation. Le Fils unique a été donné à l’humanité pour protéger l’homme avant tout contre ce mal définitif et contre la souffrance définitive » (Jean-Paul II, Ibid., n° 14). Mais, par son œuvre de salut, le Christ ne se limite pas à « effacer de l’histoire de l’homme la domination du péché qui s’est enracinée sous l’influence de l’Esprit du mal dès le péché originel » ; il lui donne « la possibilité de vivre dans la Grâce sanctifiante », puis, « dans le sillage de sa victoire sur le péché, il enlève aussi à la mort son pouvoir, ouvrant la porte, par sa Résurrection, à la future résurrection des morts » (Ibid., n° 15). La souffrance engendre ainsi la joie.

(à suivre…)

vendredi 23 mars 2007

L’authenticite des reliques (suite)


L’authenticité des reliques (suite)

L’abondance de reliques de la Croix qui existent dans le monde pose évidemment la question de leur authenticité. On estime un peu rapidement qu’il y en a trop pour qu’elles soient vraies. Or, fait remarquer Rohault de Fleury, « la vraie croix devait contenir environ 178 millions de millimètres cubes, & chacun d’eux pouvant très facilement se diviser en cinq ou six parties très-palpables, on aurait pu avoir 1 milliard ou 1000 millions de parcelles » (p. 56). C’est dire que nous sommes bien loin du compte. En effet, le même auteur dresse un tableau des volumes connus de la vraie Croix, c’est-à-dire des reliques (lire la suite) considérées comme authentiques qu’il a répertoriées à Rome, en Italie, à Paris, en France, dans toute l’Europe et en Orient. Il aboutit à un total de 3 941,975 millimètres cube.
Le reliquaire réalisé par Jean-Charles Cahier, en 1806, sur commande de Napoléon Ier, présentait la couronne d’épines dans un globe porté par trois anges et surmonté d’une représentation de la foi au pied de la Croix. Un deuxième reliquaire a été exécuté en 1853 par Geoffroy Dechaume, sur les indications de Viollet-le-Duc. Le socle représente trois personnages assis : saint Louis tenant la couronne, sainte Hélène l’« inventeur » des reliques, et l’empereur Baudouin II de Constantinople qui a vendu les reliques à saint Louis. Le haut est enforme de couronne fleur-de-lysée à travers laquelle on apercevait la couronne d’épines, reposant sur douze piliers constitués des douze apôtres.
Ces reliquaires font partie du trésor de la cathédrale de Paris, ainsi que la Croix palatine. Il s’agit d’une croix en vermeil, à double traverse, comme la Croix de Lorraine, remise par le roi Jean-Casimir de Pologne à Louis XIV, qui en fit cadeau à sa belle-sœur Anne de Gonzague de Clèves, princesse Palatine, qui la légua à l’abbaye de saint-Germain-des-Près. Un autre reliquaire, de vermeil et d’émaux, est soutenu par deux anges agenouillés représentant saint Claude et le roi René, comte de Provence et roi nominal de Sicile et de Jérusalem. Dû à l’orfèvre Poussielgue-Rusand (XIXème siècle), il été destiné à abriter un fragment de la Croix donné par René Ier au couvent des célestins d’Avignon.

(à suivre…)

jeudi 22 mars 2007

Une crainte filiale


Une crainte filiale

La crainte de Dieu a changé de nature depuis que Dieu a manifesté son Amour, non seulement par la création, le choix d’un peuple et l’envoi de prophètes qui lui rappelaient l’Alliance passée avec lui, mais encore en lui envoyant son propre Fils. Cette crainte ne peut plus être celle qui était en vigueur sous le régime de l’Ancien Testament : « Ma chair frissonne de terreur devant toi, et je redoute tes décrets », dit le psalmiste (119, 120).
La situation a changé. Certes, il est dit des premiers chrétiens (lire la suite) que « la crainte était dans tous les esprits » (Actes 2, 43). Cette crainte se manifeste à la vue des « prodiges et des miracles [qui] se faisaient par les apôtres » (ibid.). C’est une manifestation de respect en présence du surnaturel et le sentiment d’être peu de chose qui envahit alors l’âme. C’est une crainte de ce genre qui s’empare de Pierre après la pêche miraculeuse qu’il vient de faire en obéissant à l’ordre du Seigneur : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, parce que je suis un homme pécheur ». Car l’effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui l’accompagnaient, à cause de la capture des poissons qu’ils avaient faite » (Luc 5, 9).
Il existe une « sainte crainte de Dieu » à laquelle invite le message du Jugement dernier, qui interviendra quand le Christ reviendra sur terre dans sa gloire « pour juger les vivants et les morts » (« Je crois en Dieu »). C’est celle de chercher à ne pas offenser Dieu, à ne pas lui déplaire. Ce n’est pas tant la peur du châtiment dû par nos péchés ni celle de tomber en enfer, même si celle-ci peut être salutaire, que la crainte filiale d’un enfant qui veut faire ce qui plaît à Dieu son Père. Ce message du jugement dernier « appelle à la conversion pendant que Dieu donne encore aux hommes « le temps favorable, le temps du salut » (2 Corinthiens 6, 2). Il inspire la sainte crainte de Dieu » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1041).

(à suivre…)

mercredi 21 mars 2007

Le sens chretien de la souffrance


Le sens chrétien de la souffrance

La grandeur d’âme s’expérimente face à la souffrance et aux épreuves. Saint Pierre écrit qu’il « est méritoire de supporter pour plaire à Dieu des peines infligées injustement » (1 Pierre 2, 19). Comment Dieu peut-il se complaire dans la souffrance humaine ? Cela semble impensable et incompatible avec l’idée même que nous nous faisons de Dieu et à celle qu’il a nous a fait connaître : « Dieu est amour » (1 Jean 4, 16). Lui-même a fait remarquer que « nul n’est bon que Dieu seul » (Luc 18, 19).
Ce n’est pas la souffrance en soi qui peut plaire à Dieu. Mais étant donné que notre nature, à la suite du péché originel d’Adam et Ève, connaît nécessairement la douleur et des maux divers, (lire la suite) saint Pierre nous invite, dans le texte cité ci-dessus, à replacer notre souffrance dans le contexte de celle du Christ. C’est suivre l’indication de Jésus : « Qui ne porte pas sa croix et ne vient pas à ma suite ne peut pas être mon disciple » (Luc 14, 27) ; ou encore : « Celui qui ne porte pas sa croix pour me suivre n’est pas digne de moi » (Matthieu 10, 38). Le disciple doit mettre les pieds dans les empreintes des pas du Christ, qui porte la Croix rédemptrice.
La souffrance peut avoir un côté révoltant. On la qualifie souvent d’injuste. C’est la douleur qui amène à s’exprimer d’une façon aussi impropre, car la justice consiste à « donner à chacun ce qui lui est dû ». Et, en l’occurrence, qui nous doit d’être préservé de ces maux ? Prétendre que Dieu nous « doive » quelque chose est tout simplement absurde. C’est ignorer la réalité même de Dieu qui nous a créés par pur Amour et nous veut heureux sur terre, puis avec lui au ciel pour l’éternité. Si nous devons nous en prendre à quelqu’un, c’est à Adam et Ève ! Mais pas à Dieu.
La présence de la douleur est parfois un motif de rupture avec Dieu. Si elle est difficile à porter, elle n’est pas inexplicable. Surtout elle trouve son sens quand on la replace dans le cadre de la Rédemption de l’humanité et quand on pense aussi à nos propres péchés qui ont contribué à la mort du Christ et dont la peine temporelle doit être expiée d’une façon ou d’une autre. L’acceptation de la souffrance sous toutes ses formes — maladie, infirmités, limitations de l’âge et, plus que tout, souffrances morales —, mieux encore l’offrande de la souffrance et, si l’on en est capable, l’amour de la souffrance comme moyen de vivre uni au Christ, lui donne tout son sens. « Ceux qui prient et souffrent en abandonnant l’action aux soins des autres ne brillent certes pas ici-bas. Mais comme leur couronne brillera au Royaume de la Vie ! — Béni soit « l’apostolat de la souffrance » ! » (saint Josémaria, Chemin, n° 969).

(à suivre…)

mardi 20 mars 2007

Saint Joseph (suite)


Saint Joseph (suite)

La Liturgie fait souvent référence à la figure et au rôle de saint Joseph dans les célébrations des mystères de la vie du Sauveur, en particulier celles qui concernent sa naissance et son enfance, c’est-à-dire durant le temps de l’Avent, celui de Noël, spécialement à l’occasion de la fête de la Sainte Famille, lors de la solennité du 19 mars et à l’occasion de la mémoire du 1er mai.
Le nom de saint Joseph est mentionné dans le Communicantes du Canon Romain et dans les Litanies des Saints. Les Prières pour les mourants suggèrent (lire la suite) d’invoquer le saint Patriarche; de même, la communauté prie pour que l’âme du mourant, en quittant ce monde, soit introduite "dans la paix de la Jérusalem céleste avec la Vierge Marie, Mère de Dieu, saint Joseph, tous les Anges et les Saints".
La vénération de saint Joseph occupe aussi une place importante dans la piété populaire : par exemple, dans des expressions diverses et nombreuses du folklore de certains peuples ; dans la coutume, datant de la fin du XVIIème siècle, de considérer le mercredi comme un jour dédié à saint Joseph ; à ce propos, il convient de noter que certains pieux exercices, comme les Sept mercredis, se rattachent à cette pieuse tradition. La dévotion des fidèles à l’égard de saint Joseph inspire aussi les pieuses invocations, que de nombreuses personnes aiment prononcer spontanément, de même que certaines formules de prières, comme celle qui fut composée par le pape Léon XIII : Ad te, beate Joseph, et qui est dite chaque jour par de nombreux fidèles, et aussi les Litanies de saint Joseph, approuvées par saint Pie X, et, enfin, le pieux exercice du chapelet des Sept angoisses et des sept joies de saint Joseph.
Des difficultés d’harmonisation entre la Liturgie et les expressions de la piété populaire peuvent surgir du fait que la solennité de saint Joseph (19 mars) est célébrée durant le Carême, qui est un temps liturgique tout entier consacré à la préparation des baptêmes et à la célébration de la Passion du Seigneur. Il est donc indispensable que les pratiques traditionnelles du "mois de saint Joseph" soient en syntonie avec le temps liturgique qui est célébré. De fait, le renouveau de la Liturgie a permis aux fidèles d’approfondir le véritable sens du temps liturgique du Carême. En adaptant les expressions de la piété populaire à cette exigence, il demeure néanmoins nécessaire de favoriser et de répandre la dévotion à l’égard de saint Joseph, en ayant constamment à l’esprit "l’exemple éminent [...], qui surpasse les états de vie particuliers et qui est proposé à la communauté chrétienne tout entière, quelles que soient les conditions de vie et les obligations des fidèles".

Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie, 17 décembre 2001, nos 218-223.

lundi 19 mars 2007

Saint Joseph



Saint Joseph

Dans sa sagesse providentielle, Dieu réalisa son plan de salut en assignant à Joseph de Nazareth, "homme juste" (cf. Matthieu 1, 19), et époux de la Vierge Marie (cf. Ibid. ; Luc 1, 27), une mission particulièrement importante : d’une part, introduire légalement Jésus dans la lignée de David de laquelle, selon la promesse des Écritures (cf. 2 Samuel 7, 5-16 ; 1 Chroniques 17, 11-14), devait naître le Messie Sauveur, et, d’autre part, assumer la fonction de père et de gardien à l’égard de cet enfant. (lire la suite)
En vertu de cette mission, saint Joseph est très présent dans les mystères de l’enfance du Sauveur: il reçut de Dieu la révélation de l’origine divine de la maternité de Marie (cf. Matthieu 1, 20-21), et il fut le témoin privilégié de la naissance de Jésus à Bethléem (cf. Luc 2, 6-7), de l’adoration des bergers (cf. Luc 2, 15-16) et de celle des Mages venus de l’Orient (cf. Matthieu 2, 11) ; il accomplit son devoir religieux à l’égard de l’Enfant en l’introduisant dans l’Alliance d’Abraham, lors de la circoncision (cf. Luc 2, 21), et en lui donnant le nom de Jésus (cf, Matthieu 1, 21) ; selon de la Loi, il présenta l’Enfant au Temple et le racheta en offrant le don des pauvres (cf. Luc 2, 22-24 ; Esdras 13, 2.12-13) et, rempli d’étonnement, il entendit le cantique prophétique de Siméon (cf. Luc 2, 25-33) ; il protégea la Mère et le Fils durant la persécution d’Hérode en fuyant en Égypte (cf. Matthieu 2, 13-23) ; il se rendait chaque année à Jérusalem avec la Mère et l’Enfant pour la fête de la Pâque et il assista, avec effroi, à l’événement de la disparition de Jésus, âgé de 12 ans, qui était demeuré dans le Temple (cf. Luc 2, 43-50) ; il vécut dans la maison familiale de Nazareth, exerçant son autorité paternelle à l’égard de Jésus, qui lui était soumis (cf. Luc 2, 51), et il lui enseigna la Loi et son métier de charpentier.
Tout au long des siècles, et surtout à l’époque récente, la réflexion de l’Église a mis en évidence les vertus de saint Joseph, parmi lesquelles: la foi, qui, chez lui, se traduisait par une adhésion entière et courageuse au projet de salut de Dieu; l’obéissance inconditionnelle et silencieuse à la volonté de Dieu; l’amour et le respect fidèle de la Loi, la piété sincère et la force dans les épreuves ; l’amour virginal dont il fit preuve à l’égard de la Vierge Marie, l’exercice assidu de ses devoirs de père de famille, et l’attrait pour une vie cachée et laborieuse.
La piété populaire met en valeur l’importance et l’universalité du patronage de saint Joseph, "à la vigilance duquel Dieu a voulu confier les débuts de notre rédemption" et "ses trésors les plus précieux". Saint Joseph assume les patronages suivants : l’Église tout entière, que le bienheureux Pie IX a voulu placer sous la protection spéciale du saint Patriarche ; les personnes qui se consacrent à Dieu en choisissant le célibat pour le Royaume des cieux (cf. Matthieu 19, 12) : "ils ont en saint Joseph un exemple et un défenseur de leur virginité" ; les travailleurs et les artisans, dont le charpentier de Nazareth est le modèle exemplaire ; les agonisants, puisque, selon une pieuse tradition, saint Joseph fut assisté, au moment de sa mort, de Jésus et de Marie.

(à suivre...)

dimanche 18 mars 2007

Le mal


Le mal

« De quelque manière que l’on tente de le penser, le mal ne peut s’affirmer que sur fond de bien. La cécité est un mal parce qu’elle est une privation de la vue. Elle n’est un mal que parce qu’elle n’est pas un bien ! Mais elle est un mal pour l’animal, non pour la pierre. La pierre n’a pas la vue : c’est une imperfection, car la cécité n’est pas pour elle une privation. En d’autres termes, le mal n’est le mal que parce qu’il y a un bien qui manque. L’existence du mal, loin donc de s’imposer comme une objection contre l’existence de Dieu, en est une preuve. Le mal existe parce que le bien existe ! (lire la suite) Sans le bien qu’il nie le mal n’existerait pas ! N’ayant pas d’autonomie propre, le mal en soi n’existe pas. Autrement dit, nous éprouvons toujours le mal comme la privation particulière d’un bien particulier. Et, comme Dieu est le Bien infini, source tout bien, on peut ramener le mal au péché qui nous sépare de Dieu » (Hervé Pasqua, Qu’est-ce que le christianisme ? Manuel à l’usage de ceux qui respirent large, Pari, Cerf, 2004, p. 48-49).
Et de citer saint Augustin pour qui Dieu ne saurait « laisser un mal quelconque exister dans ses œuvres s’il n’était assez puissant et bon pour faire sortir le bien du mal lui-même » (st Augustin, Enchiridium ad Laurentium, de fide, spe et caritate 3, 11). Or, la mort du Christ sur la Croix, du Fils de Dieu, qui apparaît comme la plus grave iniquité jamais commise et qui peut sembler être la victoire du diable sur Dieu, la mise en échec du plan de Salut de l’humanité, par un renversement inattendu est au contraire la victoire définitive sur le diable, la mort et le péché. À partir de cet exemple vivant, le croyant se remplit de la conviction que le bien jaillit du mal dans sa propre vie et que, comme saint Paul l’affirme, « pour ceux qui aiment Dieu, tout concourt au bien » (Romains 8, 28).
Si le mal est vraiment présent dans le monde, et dans la vie de chaque homme et de chaque femme, comme une conséquence du péché originel commis par Adam et Ève, il a pourtant sa solution à partir de la victoire du Christ, qui a institué un sacrement spécifique pour pardonner celui qui vient vers lui en éprouvant le repentir de son péché et se déclare prêt à ne plus recommencer avec l’aide de la grâce divine : le sacrement de la réconciliation ou de la pénitence, encore appelé confession. Ainsi, « là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé » (Romains 5, 21).
Mais le mal, ce qui est objectivement mal, intrinsèquement mal, ne deviendra jamais un bien. Il revient à chacun de s’efforcer de l’éradiquer le plus possible de son âme, pour qu’il se raréfie dans le monde.

samedi 17 mars 2007

La crainte de Dieu


La crainte de Dieu

De la crainte révérentielle à la crainte filiale

L’Ancien Testament insiste sur la crainte de Dieu, notamment dans le Livre de l’Ecclésiastique ou de ben Sirac le Sage. Nous y lisons, en effet, que nul « n’est plus grand que celui qui craint le Seigneur » (Siracide 10, 23) et que pour tous, « riche, noble et pauvre, leur gloire est la crainte du Seigneur » (Siracide 10, 21). Celui qui a trouvé la sagesse est certes grand, « pourtant il n’est pas au-dessus de celui qui craint le Seigneur » (Siracide 25, 10). L’auteur sacré en précise cette fois la raison : « La crainte du Seigneur surpasse tout ; celui qui la possède, à qui le comparer ? La crainte du Seigneur est le commencement de son amour, (lire la suite) et la foi est le commencement de l’attachement à Dieu » (Siracide 25, 11).
Le prophète Isaïe annonce la venue du Messie, une « pousse du tronc de Jessé », sur qui « reposera l’Esprit de Yahvé, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de crainte de Yahvé » (Isaïe 11, 1-2), auxquels s’ajoute l’esprit de piété. Ce sont les sept dons du Saint-Esprit, « dispositions permanentes qui rendent l’homme docile à suivre les impulsions de l’esprit Saint » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1830).
Saint Paul dira aux chrétiens de Rome : « Vous n’avez pas reçu un esprit de servitude pour retomber dans la crainte, mais vous avez reçu un esprit de fils adoptifs » (Romains 8, 15). Et il précise à son fidèle disciple Timothée : « Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de force, de charité et de pondération » (2 Timothée 1, 7).
Une crainte révérentielle. Dans quel sens faut-il craindre Dieu ? Quand Yahvé apparaissait dans sa gloire, il y avait de quoi être impressionné : « Tout le peuple percevait les tonnerres, les flammes et le son de la trompette ainsi que la montagne fumante ; à ce spectacle, il frissonnait et se tenait à distance » (Exode 20, 18). C’était en vérité un spectacle terrifiant ! Dieu est si élevé, tellement au-dessus de notre condition de créature humaine, que sa présence nous serait insoutenable. Dieu dit à Moïse : « Tu ne pourras voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre » (Exode 33, 20) et pourtant « Yahvé parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami » (Exode 33, 11).
La crainte qu’inspire un Dieu qui accompagne le peuple hébreu dans une colonne de feu la nuit et dans une colonne de nuée le jour (cf. Exode 13, 21-22), ou qui apparaît à Moïse sur la montagne au milieu « des tonnerres, des éclairs, une nuée épaisse sur la montagne, et des sonneries de trompettes très éclatantes » (Exode 19, 16), cette crainte est bien compréhensible. D’autant que les Hébreux — et les hommes en général — ne connaissaient pas encore la paternité si admirable de Dieu. Un tel Dieu, qui combattait avec son peuple, au nom duquel s’écroulèrent les murailles de Jéricho (cf. Josué 6, 20), ne pouvait être que craint. En voyant les prodiges qui intervenaient sur le Sinaï, le peuple dit à Moïse : « Parle-nous, toi, et nous t’écouterons ; mais que Dieu ne nous parle pas, de peur que nous ne mourions. » Moïse répondit au peuple : « Ne craignez pas, car c’est pour vous mettre à l’épreuve que Dieu est venu, et pour que vous gardiez sa crainte, afin que vous ne péchiez pas » (Exode 20, 19-20).
La vision d’un ange produisait déjà un effet saisissant : « Nous allons certainement mourir, car nous avons vu Dieu », dit Manoah après avoir vu un messager divin. Ce à quoi sa femme répond : « Si Yahvé voulait nous faire mourir, il n’aurait pas reçu de nos mains l’holocauste et l’oblation, il ne nous aurait pas fait voir tout cela, et à cette heure il ne nous aurait pas fait entendre de pareilles choses » (Juges 13, 22-23).
De plus, il est écrit : « Tu es redoutable, toi ! Qui pourrait tenir devant toi, à cause de la violence de ta colère ? […] La terre, saisie de crainte, s’est tenue tranquille, lorsque Dieu s’est levé pour faire justice, pour sauver tous les humbles du pays » (Psaume 76 [75], 8-10). C’est plus qu’une lueur d’espoir que laisse entrevoir ce dernier verset, c’est un changement de perspective, propre aux petits et aux enfants de Dieu.

(à suivre…)

vendredi 16 mars 2007

Les reliques de la Passion (suite)




Les reliques de la Passion (suite)

4. L’authenticité des reliques
La Couronne d’épines était unique, si bien que l’authenticité de la relique n’était pas difficile à établir. Elle portait encore en 1804 le sceau du Comité d’inspection de Franciade, le nom républicain que la commune de Saint-Denis avait adopté en 1793 et 1794, et les témoins des péripéties de la relique, anciens chanoines de la Sainte-Chapelle et religieux de Saint-Denis, fonctionnaires de la République ou visiteurs assidus du Cabinet des Médailles ne manquaient pas. Le 6 août 1806, une fois le grand reliquaire de l’orfèvre Jean-Charles Cahier exécuté aux frais de Napoléon 1er, le cardinal de Belloy put reconnaître que la couronne remise à Notre-Dame était bien « l’authentique et vraie Couronne (lire la suite) d’épine du Christ que le pieux roi Louis IX avait déposée au trésor de la Sainte-Chapelle de son Palais à Paris » et qu’elle était « digne d’être offerte à la vénération ». Encore enfermée dans le cylindre de cristal de roche qui la sertissait en 1806 lorsqu’elle fut transférée dans le grand reliquaire néogothique dessiné pour elle par Viollet-le-Duc, elle fut, en 1896, placée dans le nouveau cylindre de cristal et d’or qui l’abrite aujourd’hui.
L’authenticité du Saint Sang, de l’éponge et de la Pierre du Sépulcre était plus difficile à établir, même si les documents dont nous disposons aujourd’hui laissent entendre qu’ils provenaient effectivement de la Sainte-Chapelle. L’Église se contenta de les conserver dans la chapelle de l’archevêché, d’où ils disparurent au cours du second pillage du bâtiment, les 14 et 15 février 1831, consécutif à la Révolution de 1830.
Les deux morceaux de bois récupérés par le chanoine d’Astros en 1804, un furent rapidement éliminés, comme provenant de l’ancienne balustrade de la tribune de la Grande-Châsse. Or, en juillet 1805, un ancien membre de la Commission temporaire des arts, Jean Bonvoisin, remit à Notre-Dame un important fragment du bois de la Croix qu’il avait lui-même récupéré lors de la destruction du reliquaire en 1794. Voici son témoignage important :
« Ce morceau précieux de la Vraie Croix… est un débris de celle de la Sainte-Chapelle de Paris, qui fut sciée pour en retirer l’or dont elle était en partie couverte. Elle était alors en morceaux plus ou moins grands que celui-ci ; et, comme on paraissait faire fort peu de cas de ces objets sacrés, surtout dans l’état où ils étaient, on me laissa prendre sur la table où les membres de la Commission les avaient examinés, ce morceau que je m’empressais de remettre à ma mère, qui, après l’avoir conservé jusqu’à présent avec vénération, se fait un devoir, ainsi que moi, de la remettre au chapitre de la dite église. »

(à suivre…)

jeudi 15 mars 2007

La vieillesse


La vieillesse


« La vieillesse est un naufrage », a déclaré un jour le général de Gaulle. Pourtant il avait copié les exemples suivants qui prouvent le contraire :
« À 89 ans, Sophocle écrit Œdipe à Colone.
À 80 ans, (lire la suite) Goethe écrit son Grand Faust.
À 97 ans, Titien peint la Descente de la Croix.
À 85 ans, Verdi compose don grandiose Te Deum.
Monet, Kant, Voltaire, Chateaubriand, Hugo, Tolstoï, Shaw, Mauriac, etc., octogénaires, poursuivent une œuvre admirable.
À 90 ans, le doge Dandolo assiège et prend Constantinople.
Ce sont des exemples qu’on se cite à soi-même pour se donner le change sur son âge ! »

Charles de Gaulle, Lettres, notes et carnets. Mai 1969-Novembre 1970, Paris, Plon, 1988, p. 187

mercredi 14 mars 2007

L’exception du christianisme


L’exception du christianisme

L’Église catholique reconnaît l’existence dans les différentes religions de « rayons de la vérité qui éclaire tout homme » (concile Vatican II, déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non-chrétiennes, n° 2) et que tout homme a « l’obligation morale de rechercher » (Ibid., déclaration sur la liberté religieuse, n° 2). Elle y trouve des « semences du Verbe » de Vie qu’est le Christ (Ibid., décret sur l’activité missionnaire, n° 11). Le pape Jean-Paul II a écrit que « Dieu appelle à lui toutes les nations dans le Christ ; il veut leur communiquer la plénitude de sa révélation et de son amour ; (lire la suite) il ne manque pas non plus de manifester sa présence de beaucoup de manières, non seulement aux individus mais encore aux peuples, par leurs richesses spirituelles dont les religions sont une expression principale et essentielle, bien qu’elle comporte « des lacunes, des insuffisances et des erreurs » (Paul VI, discours à l’ouverture de la deuxième session du concile œcuménique Vatican II, 29 septembre 1963) » (encyclique La Mission du Rédempteur, 7 décembre 1990, n° 11).
Cependant, même si l’Église reconnaît « volontiers tout ce qui est vrai et saint dans les traditions religieuses du bouddhisme, de l’hindouisme et de l’islam, comme un reflet de la vérité qui éclaire tous les hommes, cela ne diminue pas son devoir et sa détermination de proclamer sans hésitation Jésus-Christ qui est « la Voie, la Vérité et la Vie » […]. Le fait que les adeptes d’autres religions puissent recevoir la grâce de Dieu et être sauvés par le Christ en dehors des moyens ordinaires qu’il a institués n’annule donc pas l’appel à la foi et au baptême que Dieu veut pour tous les peuples » (Jean-Paul II, lettre du 23 juin 1990 citée Ibid.).
Mais face aux expressions religieuses naturelles les plus dignes d’estime, l’Église s’appuie « sur le fait que la religion de Jésus, qu’elle annonce à travers l’évangélisation, met objectivement l’homme en rapport avec le plan de Dieu, avec sa présence vivante, avec son action ; elle fait rencontrer aussi le mystère de la Paternité divine qui penche vers l’humanité ; en d’autres termes, notre religion instaure effectivement avec Dieu un rapport authentique et vivant que les autres religions ne réussissent pas à établir, bien qu’elles tiennent pour ainsi dire leurs bras tendus vers le ciel » (Paul VI, exhortation apostolique sur L’annonce de l’Évangile, 8 décembre 1975, n° 53).
C’est une religion qui ne part pas de l’homme pour remonter vers Dieu, mais la religion de Dieu qui descend vers l’homme, se fait connaître à lui par la Révélation et par le sommet de celle-ci qu’est l’Incarnation du Fils de Dieu, de son Verbe ou Parole fait homme.
Le Christ « ne se limite pas à parler « au nom de Dieu » comme les prophètes, mais c'est Dieu même qui parle dans son Verbe éternel fait chair. Nous touchons ici le point essentiel qui différencie le christianisme des autres religions, dans lesquelles s'est exprimée dès le commencement la recherche de Dieu de la part de l'homme. Dans le christianisme, le point de départ, c'est l'Incarnation du Verbe. Ici, ce n'est plus seulement l'homme qui cherche Dieu, mais c'est Dieu qui vient en personne parler de lui-même à l'homme et lui montrer la voie qui lui permettra de l'atteindre. C'est ce que proclame le prologue de l'Évangile de Jean : « Nul n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui l'a fait connaître » (1, 18). Le Verbe incarné est donc l'accomplissement de l'aspiration présente dans toutes les religions de l'humanité : cet accomplissement est l'œuvre de Dieu et il dépasse toute attente humaine. C'est un mystère de grâce » (Jean-Paul II, lettre apostolique À l'approche du troisième millénaire, 10 novembre 1994, n° 6). Ce qui fait que dans le christianisme, la religion n’est plus une recherche de Dieu effectuée par l’homme « comme à tâtons » (Actes 17, 27). C’est « une réponse de la foi à Dieu qui se révèle : réponse dans laquelle l’homme parle à Dieu comme à son créateur et Père, réponse rendue possible par cet Homme unique qui est en même temps le Verbe consubstantiel au Père, en qui Dieu parle à tout homme et en qui tout homme est rendu capable de répondre à Dieu » (Ibid.).

lundi 12 mars 2007

L’importance du signe de croix


L’importance du signe de croix


Le signe de croix est un geste qui manifeste la condition de chrétien, de baptisé, convaincu d’être racheté et sauvé du péché par la Croix sur laquelle Jésus-Christ adonné sa vie pour eux. Le signe de croix se fait en touchant de la main droite successivement le front, la poitrine, l’épaule gauche pus l’épaule droite (les orthodoxes inversent ces deux derniers gestes), traçant ainsi sur soi l’image de la Croix.
Devenue le signe du salut, la croix est très présente dans la vie du chrétien, qui se signe avant et après chaque prière, et reçoit les bénédictions par ce même signe. Selon les pays, (lire la suite) il se signe avant et après le repas, en passant devant une église ou un cimetière, etc.
Saint Cyrille de Jérusalem écrit dans ses Catéchèses mystagogiques (Patrologie grecque XXIII, 472 B) : « Ne rougissons pas de la croix du Christ, mais même si un autre la dissimule, toi portes-en la marque publiquement sur ton front, afin que les démons, ayant vu le signe royal, fuient au loin en tremblant. Fais ce signe quand tu es couché, quand tu te lèves, quand tu parles, en un mot en toutes choses ». Il ajoute : « C’est là une grande protection, gratuite, pour les pauvres, facile, pour les faibles : puisque la grâce vient de Dieu. C’est un signe pour les fidèles et une terreur pour les démons. Il a triomphé d’eux en elle. Aussi lorsqu’ils voient la croix, ils se souviennent du crucifié. Ils craignent celui qui a écrasé les têtes des démons » (Ibid. XXXIII, 816 B).
En voici un exemple, tiré de la Vie de saint Antoine (13) et rapporté par Jean Daniélou, dans son ouvrage Bible et liturgie, d’où j’ai tiré aussi ces citations : Des personnes viennent visiter Antoine, et comme il ne les laisse pas entrer dans sa cellule, elles sont forcées de passer dehors le jour et la nuit. « Or voici qu’elles entendent à l’intérieur comme des clameurs de foules, des vociférations, des gémissements, des hurlements : Va-t-en de chez nous ! Qu’as-tu à faire dans le désert ? Tu ne supporteras pas nos attaques ? Au début ceux qui étaient dehors pensaient qu’il y avait à l’intérieur des gens qui se battaient avec lui. Mais ayant regardé par le trou de la serrure et n’ayant rien vu, ils comprirent que c’étaient des démons et pris de peur ils appelèrent Antoine. Celui-ci leur prêtant plus d’attention qu’aux démons s’approcha de la porte et les engagea à se retirer : Signez-vous, leur dit-il, et partez avec assurance. Alors ils s’en allèrent, munis du signe de la croix. »

dimanche 11 mars 2007

19. L’euthanasie


19. L’euthanasie


« Par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur […]. C’est une grave violation de la Loi de Dieu, en tant que meurtre délibéré moralement inacceptable d’une personne humaine […]. Une telle pratique comporte, suivant les circonstances, la malice propre au suicide ou à l’homicide. […] Or, le suicide est toujours moralement inacceptable, au même titre que l’homicide. […] Partager l’intention suicidaire d’une personne et l’aider à la réaliser, par ce qu’on appelle le « suicide assisté », signifie que l’on se fait le collaborateur, (lire la suite) et parfois soi-même acteur, d’une injustice qui ne peut jamais être justifiée, même si cela répond à une demande » (Jean-Paul II, encyclique Evangelium vitæ, n° 65-66). « L’erreur de jugement dans lequel on peut être tombé de bonne foi, ne change pas la nature de cet acte meurtrier, toujours à proscrire et à exclure » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2277). « Le choix de l’euthanasie devient plus grave encore lorsqu’il se définit comme un homicide que des tiers pratiquent sur une personne qui ne l’a aucunement demandé et qui n’y a jamais donné aucun consentement. On atteint ensuite le sommet de l’arbitraire et de l’injustice lorsque certaines personnes, médecins ou législateurs, s’arrogent le pouvoir de décider qui doit vivre ou qui doit mourir » (Jean-Paul II, Ibid., n° 66). Le même raisonnement peut être fait ici qu’à propos de l’avortement : ce qui est reconnu comme une crime grave dans certains cas, ne peut pas devenir acceptable dans d’autres, même pour des raisons soi-disant « humanitaires », d’autant moins que les spécialistes s’accordent à dire que, dans l’immense majorité des cas, les demandes d’euthanasie sont en réalité des appels à l’aide. Cette demande « est surtout une demande d’accompagnement, de solidarité et de soutien dans l’épreuve. C’est un appel à l’aide pour continuer d’espérer, lorsque tous les espoirs humains disparaissent » (Ibid., n° 67).
L’euthanasie est gravement contraire à la dignité de la personne humaine. L'hédonisme et la perte du sens chrétien de la douleur peuvent y conduire. « Ceux dont la vie est diminuée ou affaiblie réclament un respect spécial. Les personnes malades ou handicapées doivent être soutenues pour mener une vie aussi normale que possible » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2276).
« La cessation de procédures médicales onéreuses, périlleuses, extraordinaires ou disproportionnées avec les résultats attendus peut être légitime. C’est le refus de l’ « acharnement thérapeutique ». On ne veut pas ainsi donner la mort ; on accepte de ne pas pouvoir l’empêcher. Les décisions doivent être prises par le patient s’il en a la compétence et la capacité, ou sinon par les ayant droit légaux, en respectant toujours la volonté raisonnable et les intérêts légitimes du patient » (Ibid., n° 2278).
En revanche « même si la mort est considérée comme imminente, les soins ordinairement dus à une personne malade ne peuvent être légitimement interrompus. […] Les soins palliatifs constituent une forme privilégiée de la charité désintéressée » (Ibid., 2279).

(fin)

samedi 10 mars 2007

Chretiens en Israel



Les prochaines Journées d'entraide au profit de la Terre Sainte organisées par l'Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem auront lieu le samedi 10 mars, de 10 h à 19 h 30 et le dimanche 11 mars de 10 h à 17 h dans la salle Rossini de la paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy, à Paris.
Le bénéfice de ces journées (lire la suite) est destiné à aider nos frères chrétiens de Terre Sainte, dont la situation est souvent précaire, et à développer les initiatives caritatives, sanitaires et éducatives en leur faveur. Nous savons tous que la situation au Proche-Orient est très difficile et instable et que les chrétiens en souffrent particulièrement. Nous avons là une occasion concrète de les aider. Si vous êtes à Pars ou sur la région parisienne, n'hésitez pas à venir faire un tour à cette vente où vous trouverez de nombreux articles.

vendredi 9 mars 2007

Les reliques de la Passion (suite)


Les reliques de la Passion (suite)


3. L’acquisition des reliques par saint Louis
En 1238, le jeune roi Baudouin II de Courtenay vient en France proposer au roi de France, Louis IX de lui engager la Couronne du Christ. Les envoyés du roi apprennent que la Couronne a déjà été engagée par les régents à l’Empire à un Vénitien pour une somme astronomique. Ils l’acquièrent néanmoins et la convoient d’abord jusqu’à Venise, d’où, en février 1239, elle gagne la France.
Le roi qui se trouve à Troyes quand on lui annonce que la relique approche de la ville de Sens, se porte à sa rencontre à Villeneuve-l’Archevêque, (lire la suite)
où il la reçoit, le 10 août. Gauthier Cornut, archevêque de Sens, nous a laissé un récit circonstancié de l’événement. « On ouvrit d’abord la caisse de bois qui renfermait la sainte relique et l’on en vérifia les sceaux, avec les actes qui en établissaient l’authenticité. On ouvrit ensuite la châsse d’argent, puis le vase d’or qui renfermait la sainte couronne. » À la suite de quoi le roi présente la sainte Couronne au peuple assemblé : ce fut la première ostension de la Couronne en France. Le lendemain, 11 août, la Couronne, portée sur leurs épaules par le roi et le plus âgé de ses frères, tous deux pieds nus en signe d’humilité, est conduite en procession jusqu’à la cathédrale.
Le 12 août 1239, la Couronne prend le chemin de Paris où, le 19, elle est solennellement accueillie aux portes de la ville. Le Roi, monté sur une estrade, la montre alors à toute l’assistance réunie et la conduit ensuite à nouveau en procession, avec les mêmes signes d’humilité qu’à Sens, jusqu’à la chapelle du Palais de la Cité après, cependant, une longue station à la cathédrale Notre-Dame. Le roi décide aussitôt d’entreprendre, pour lui servir d’écrin, la construction d’une nouvelle chapelle, la Sainte-Chapelle. D’autres « saintes chapelles » seront construites par saint Louis ou par ses descendants dans des châteaux royaux ou princiers : elles recevaient à leur consécration soit une épine de la sainte couronne soit un éclat de la vraie Croix.
Saint Louis fait l’acquisition d’autres reliques insignes : le 30 septembre 1241, la vraie Croix et sept autres reliques « dominicales » (en rapport avec Dominus, « le Seigneur »), dont le Saint Sang et la pierre du saint Sépulcre ; en 1242, neuf autres reliques dominicales. C’est Paris qui est devenue à son tour la « nouvelle Jérusalem ».
Rohault de Fleury recopie l’inventaire des reliques de la Sainte-Chapelle effectué par Morand en 1790, qui fait état de vingt pièces : 1) la couronne d’épines ; 2) une grande partie du bois de la vraie croix ; 3) un morceau du fer de lance ; 4) du manteau de pourpre ; 5) du roseau ; 6) de l’éponge ; 7) les menottes ; 8) la croix de victoire ; 9) du sang de notre Seigneur ; 10) du sang miraculeux sorti d’une image de Jésus-Christ ; 11) des drapeaux de son enfance ; 12) du linge dont il se servit au lavement des pieds ; 13)-15) des reliques de la Sainte Vierge ; 16) le haut du chef de saint Jean-Baptiste ; 17)-18) du saint suaire, une sainte face ; 19) du saint sépulcre ; 20) la verge de Moïse.
Louis IX fit placer la Couronne d’épines dans un reliquaire d’or et de cristal, orné de pierres précieuses, qui adoptait la forme d’une couronne placée sur un pied d’argent doré, le tout approchant, en hauteur, du mètre. La Croix, en forme de croix à double traverse, haute de près d’un mètre à elle seule, avait été retirée de son écrin byzantin pour être entièrement revêtue de cristal, serti à l’intérieur de fins bandeaux d’or, semé de perles et de pierreries. Des représentations, peinte ou gravées, du XVème au XVIIIème siècle, en témoignent. À la Révolution,Louis XVI met les reliques à l’abri dans l’abbaye royale de Saint-Denis. Mais le 12 novembre 1793, elles sont offertes « à la Patrie en danger ». Tous les reliquaires de la grande châsse sont envoyés à la fonte, hormis deux éléments du reliquaire de la pierre du sépulcre, aujourd’hui au Musée du Louvre.
Le 25 avril 1794, le reliquaire de la Sainte Couronne était envoyé à la fonte, et la Couronne remise, nue, à la Commission temporaire des arts, pour être versée au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. Au même moment, la Vraie Croix était dépouillée des matières précieuses dont saint Louis l’avait fait revêtir et la trace de la relique elle-même se perd alors. Enfin, le 26 octobre 1804, le chanoine d’Astros, de la cathédrale Notre-Dame, récupérait au Cabinet des Médailles et Antiques, pour Notre-Dame la Couronne et les quelques autres reliques qui avaient également abouti à la Bibliothèque nationale en 1794 et 1795.

(à suivre…)

jeudi 8 mars 2007

Journee de la femme (3)


Journée de la femme (3)

Le troisième aspect de la dignité de la femme souligné par le pape Jean-Paul II est le suivant : Enfin, je vous dis encore : semez la bonté autour de vous.
Après tant d’années de justes revendications, où le respect de la personne s’est accentué, vous voyez que vos droits sont reconnus : le salaire, le logement, les soins, l’assistance en cas de maladie, la prévoyance, le repos hebdomadaire et annuel, les justes indemnités, le certificat de travail, etc, sont garantis et réglementés. Beaucoup reste à faire, beaucoup de réalités doivent être affrontées, spécialement la défense des droits et de la personnalité des collaboratrices provenant de l’étranger […]. Mais je voudrais surtout vous exhorter à travailler avec amour dans les familles où vous êtes. Nous vivons des temps difficiles et (lire la suite) complexes. Des phénomènes importants et inéluctables comme l’industrialisation, l’urbanisation, le progrès et la culture, l’internationalisation des rapports, l’instabilité affective, la précocité intellectuelle ont jeté le désarroi dans les familles. Devant cet état de choses, vous pouvez, par votre présence, apporter la sérénité, la paix, l’espérance, la joie, le réconfort, l’encouragement au bien, particulièrement là où il y a des personnes âgées, des malades, des gens qui souffrent, des enfants handicapés, des jeunes déviants ou marginaux. Aucun code ne vous prescrit le sourire, mais vous pouvez le donner, vous pouvez être un levain de bonté dans la famille. Rappelez-vous ce que saint Paul écrivait aux premiers chrétiens : « Tout ce que vous pouvez faire ou dire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père » (Colossiens 3, 17). « Quel que soit votre travail, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur, et non pour les hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage en récompense » (Colossiens 3, 23-24). Aimez votre travail, aimez les personnes avec lesquelles vous collaborez ; l’amour et la bonté sont aussi pour vous source de joie et de satisfaction.
Que sainte Zita, votre patronne, vous aide, elle qui s’est sanctifiée en servant humblement, avec amour, dans le total don d’elle-même.
Que Marie, surtout, vous aide et vous réconforte, elle qui s’est consacrée totalement au soi de sa famille, en donnant l’exemple et en montrant où sont les vraies valeurs.

(fin)

mercredi 7 mars 2007

Journee de la femme (2)


Journée de la femme (2)

Nous continuons à parler de la dignité de la femme avec Jean-Paul II :
En deuxième lieu, je vous dis : que votre idéal soit la dignité de la femme et de sa mission !
Il est triste devoir combien, au cours des siècles, la femme a été humiliée et maltraitée. Et pourtant, nous devons être convaincus que la dignité de l’homme, comme celle de la femme, ne se trouve d’une façon pleinement satisfaisante que dans le Christ. (lire la suite)
S’adressant aux femmes italiennes peu après la guerre, mon vénéré prédécesseur Pie XII avait dit : « Dans leur dignité personnelle d’enfants de Dieu, l’homme et la femme sont absolument égaux, comme aussi en ce qui concerne la fin dernière de la vie humaine, qui est l’union éternelle avec Dieu dans la félicité du ciel. C’est la gloire impérissable de l’Église d’avoir rendu à cette vérité le rang et l’honneur qui lui revenaient et libéré la femme d’une servitude dégradante contraire à la nature. » Et il ajourait, en spécifiant son propos : « La femme doit concourir avec l’homme au bien de la cité, dans laquelle elle a la même dignité que lui. Chacun des deux sexes doit y prendre la part qui est la sienne selon sa nature, ses caractères, ses aptitudes physiques, intellectuelles et morales. L’un et l’autre ont le droit et le devoir de coopérer au bien total de la société et de la patrie. Mais il est clair que si l’homme, par tempérament, se sent incliné et attiré vers les affaires extérieures, vers les affaires publiques, la femme possède, généralement parlant, une plus grande perspicacité et un tact plus fin pour comprendre et résoudre les délicats problèmes de la vie domestique et familiale base de toute la vie sociale. Ce qui n’empêche pas que quelques-unes sachent se montrer très capables également dans tous les domaines de l’activité publique » (Allocution du 21 octobre 1945). Tel a été aussi l’enseignement du IIe concile du Vatican, et aussi celui de Paul VI, à maintes reprises (voir par exemple ses interventions pour l’Année internationale de la femme, années 1975 et 1976).
Cette doctrine si claire et si équilibrée nous amène à rappeler aussi la valeur et la dignité du travail domestique.
Certes, ce travail doit être considéré non pas comme un fardeau implacable et inexorable, comme un esclavage, mais bien plutôt comme un libre choix, voulu consciemment, qui permet à la femme de se réaliser pleinement, avec sa personnalité et ses exigences Le travail domestique, en effet, est essentiel pour la bonne marche de la société et il a une énorme influence sur la collectivité. Il requiert un don de soi continuel et total, et il est donc une ascèse quotidienne qui exige patience, maîtrise de soi, clairvoyance, créativité, esprit d’adaptation, courage devant les imprévus. Il contribue aussi au revenu, à la richesse, au bien-être et à la valeur économique.
Un autre motif de dignité pour votre travail de collaboratrices familiales, c’est qu’il est non pas une humiliation, mais une consécration. Vous collaborez en effet directement à la bonne marchée la famille. Et c’est là une grande tâche, je dirais presque une mission, qui exige la préparation et la maturité requises pour que vous soyez compétentes dans les différents travaux ménagers, pour employer rationnellement votre temps, pour connaître la psychologie familiale, pour apprendre ce que l’on appelle « la pédagogie du travail » qui permet de mieux organiser ce que l’on fait, et aussi pour exercer la nécessaire fonction éducatrice. C’est tout un monde très important et précieux qui, chaque jour, s’ouvre à vos yeux et à vos responsabilités. Je félicite donc toutes les femmes qui se consacrent aux tâches ménagères et vous, collaboratrices familiales, qui apportez votre intelligence et votre travail pour le bien de la maison.

(à suivre…)