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vendredi 30 avril 2010

Arrêt sur christianisme (52)

Arrêt sur christianisme (52)

La vertu catholique est souvent invisible, parce qu’elle est la vertu morale. Le Christianisme est toujours démodé parce qu’il est toujours sain, et toutes les modes sont des insanités. Quand lItalie a ma folie de l’art, l’Eglise passe pour trop puritaine ; quand l’Angleterre a la folie du puritanisme, l’Eglise passe pour trop artiste. Quand vous vous disputez avec nous, vous nous classez avec la royauté et le despotisme ; mais notre première querelle est née parce que nous n’avons pas voulu subir le despotisme divin d’Henri VIII. L’Eglise semble toujours en arrière de son temps quand, en réalité, elle est au-delà ; elle attend que la dernière marotte ait vue son dernier été. Elle tient la clef d’une vertu permanente.

G. K. Chesterton, La sphère et la Croix, Lausanne, Editions L’Âge d’Homme, 1981, p. 82-83.

jeudi 29 avril 2010

La sensibilité de Jésus (8)

La sensibilité de Jésus (8)

Le Seigneur se réjouit avec ceux qui se réjouissent, et il pleure avec ceux qui pleurent. Il prend part à la joie de Zachée, qui ne tient pas en place depuis que Jésus lui a dit : « Zachée, descends, car c'est chez toi qu'aujourd'hui il me faut m'arrêter » (Luc 19, 5). Si son cœur bat la chamade, son esprit réfléchit et l'amène à prendre des décisions radicales : « Je vais donner aux pauvres la moitié de mes biens, et si j'ai fait du tort à quelqu'un, je lui rendrai le quadruple » (Luc 19, 8).
Jésus aime participer aux fêtes humaines, (lire la suite) que ce soit à Cana, où sa présence sauve une situation qui sans cela eût été désastreuse pour les jeunes époux ; à Béthanie, où l'intimité des amis lui permet de se reposer sans être tenu de remplir le premier rôle et d'être sur la brèche ; ou encore chez des hôtes de fortune, comme Simon le pharisien. Là, Jésus éprouve un pincement de cœur en constatant que son amphitryon le traite avec désinvolture, et il loue la délicatesse, la hardiesse, l'humilité et l'amour de la pécheresse qui vient combler et au-delà l'indélicatesse de Simon : « Ses nombreux péchés lui sont pardonnés, parce qu'elle a montré beaucoup d'amour » (Luc 7, 47).
Jésus est bien loin d'être ce bloc de marbre que l'on représente parfois, au visage impénétrable, qui s'interdirait de montrer ses sentiments par un puritanisme mal compris, qui n'est, au fond, qu'égoïsme et manque de bonne éducation, n'en déplaise à ses concepteurs. Nous ne pouvons pas être des monstres froids. « Aimez-vous les uns les autres, et aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. C'est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres » (Jean 13, 34-35).
L'affection doit se remarquer, sans affectation ni rien de bizarre, ni maniérisme. Mais il serait inhumain qu'elle ne se manifeste pas. Ce serait le signe que nous nous sommes enfermés dans notre tour d'ivoire, dans un monde clos, et que nous entendons nous suffire à nous-mêmes : ne rien devoir aux autres, et ne rien leur donner non plus. Je peux afficher de belles manières et nourrir en même temps de la haine pour celui avec qui je me trouve... Cela n'est pas chrétien. Il vaut mieux se fâcher un peu, réagir avec délicatesse, être humain en définitive. C'est bien ce que Jésus nous apprend, tant par son enseignement, comme au Cénacle, que par con comportement, tout au long de sa vie.

(fin)




mercredi 28 avril 2010

La sensibilité de Jésus (7)

La sensibilité de Jésus (7)

Que les hommes se comportent comme ils se comportent, notamment envers lui, affecte bien sûr le Seigneur, qui est en droit de s'attendre à une reconnaissance. Mais en même temps, il ne nous en veut pas. Car, dit-il, « je suis venu, non pour condamner le monde, mais pour le sauver » (Jean 12; 47). C'est pourquoi, à l'heure de l'humiliation suprême, au moment où il ressent de la façon la plus dramatique son rejet de la part des hommes, et où, il le sait, la colère du Père est prête à fondre sur l'humanité, il intercède pour ces hommes auxquels le lient non seulement sa mission rédemptrice, mais aussi la communauté de la nature humaine. Nous sommes frères, et cela, il ne peut l'oublier. Il est le Bon Pasteur, (lire la suite) venu sauver les brebis égarées, non les condamner, « venu pour qu'on ait la vie et qu'on l'ait surabondante » (Jean 10, 10). C'est ainsi qu'au milieu des souffrances les plus atroces et les plus intenses, il se tourne vers son Père et le supplie ardemment : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc 23, 34). Nous avons là toute la délicatesse du Cœur du Christ, d'un Cœur broyé par les supplices et bientôt transpercé d'un coup de lance, et qui, dans les affres de la douleur, trouve encore la force et le courage d'implorer son Père d'avoir pitié de ses bourreaux, car c'est ce que nous sommes.

(à suivre...)

mardi 27 avril 2010

Arrêts sur christianisme (53)


Combien fortement la foi en la vie éternelle peur marquer le cœur du présent, nous ne pouvons le voir chez aucun autre auteur aussi bien que chez Augustin qui a dû vivre l’effondrement de l’empire romain et de tous les ordres de la civilisation, donc une histoire remplie de tourments et d’horreurs. Mais il savait et il voyait qu’une autre cité était en train de croître, la cité de Dieu. Quand il en parle, on sent que cela lui réchauffe le cœur : « Quand la mort aura été absorbée par la victoire, il n’en sera plus ainsi ; alors ce sera la paix parfaite et éternelle. Il est une cité où nous résiderons ; frères, quand je parle d’elle je ne voudrais ne jamais finir, surtout dans un temps où le scandale va croissant » (Ennarationes in psalmum 84, 10). La cité future le porte parce que, d’une certaine façon, elle est déjà une cité présente, partout où le Seigneur nous réunit en son Corps et place notre volonté dans la volonté de Dieu.

J. Ratzinger/Benoît XVI, Dieu nous est proche. L’Eucharistie au cœur de l’Eglise, Parole et Silence, 2003, p. 156.

La sensibilité de Jésus (6)


L'émotion peut être motivée par une peine qu'un événement cause à Jésus, comme la mort de son ami Lazare : Arrivé à l'endroit où était Jésus, Marie, en le voyant, tomba à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » Quand Jésus la vit pleurer, et pleurer aussi les Juifs qui l'avaient accompagnée, il eut un frémissement intérieur et fut gagné par l'émotion. « Où l'avez-vous mis ? » dit-il. On lui dit : « Seigneur, viens voir. » Jésus versa des larmes » (Jean 11, 32-35). À cela, il y a un remède, qui consiste à ressusciter Lazare. Jésus peut le faire. La décision dépend de lui. Et c'est ce qu'il fait : « Il cria à pleine voix : « Lazare, viens dehors ! » » Et le mort sortit, les pieds et les mains entourés de bandelettes et le visage enveloppé d'un suaire » (Jean 11, 43-44). Il peut s'agir aussi d'une profonde douleur du Cœur de Jésus, suscitée par l'ingratitude et l'indifférence des hommes. Là, le changement dépend d'eux. Or, Jésus doit se rendre à l'évidence : ils ne veulent pas le reconnaître pour le Messie Sauveur. « Maître, nous savons que tu parles et enseignes en toute droiture et que tu ne tiens pas compte des apparences, mais que tu enseignes la voie de Dieu en toute vérité » (Luc 20, 21). Et pourtant, ils ne croient pas en lui. Ils refusent de le reconnaître le Fils de Dieu. Et Jésus se lamente, il pleure à chaudes larmes et sanglote sur Jérusalem qui, égarée par les princes des prêtres et les pharisiens, méconnaît le jour où elle a été visitée : « Quand il fut proche de la ville, en la voyant, il pleura et dit : « Si en jour-ci, dit-il, tu avais reconnu, toi aussi, le message de paix ! Mais il est resté caché à tes yeux. Oui, le temps va venir pour toi, où tes ennemis établiront contre toi des retranchements, t'investiront et t'enserreront de tous côtés » (Luc 19, 41-42). Jésus a prophétisé, non sans amertume et douleur, les conséquences que ce refus de l'accueillir va entraîner : « Ils te jetteront à terre, toi et tes enfants qui seront dans tes murs, et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre, parce que tu n'auras pas reconnu le moment où tu étais visitée » (Luc 19, 43-44). Jésus souffre de ce gâchis. Le diable sème la zizanie et la haine depuis qu'en péchant, Adam et Ève ont fait naître dans le cœur de l'homme la logique du soupçon contre Dieu à la place de celle de l'amour. «l'homme est fragilisé par une blessure profonde qui diminue sa capacité à entrer en communion avec l’autre. Naturellement ouvert à la réciprocité libre de la communion, il découvre en lui une force de gravité étonnante qui l’amène à se replier sur lui-même, à s’affirmer au-dessus et en opposition aux autres : il s’agit de l’égoïsme, conséquence du péché originel. Adam et Ève ont été séduits par le mensonge du Satan. En s’emparant du fruit mystérieux, ils ont désobéi au commandement divin. Ils ont substitué une logique du soupçon et de la compétition à celle de la confiance en l’Amour, celle de l’accaparement anxieux et de l’autosuffisance à celle du recevoir et de l’attente confiante vis-à-vis de l’autre (cf. Genèse 3, 1-6) de sorte qu’il en est résulté un sentiment d’inquiétude et d’insécurité. Comment l’homme peut-il se libérer de cette tendance égoïste et s’ouvrir à l’amour ? » (Benoît XVI, Message pour le carême 2010).

(à suivre...)

lundi 26 avril 2010

La sensibilité de Jésus (5)

La sensibilité de Jésus (5)

Mais « veillez et priez afin de n'être pas en butte à la tentation » (Matthieu 26, 41). Car, voyez-vous, « certes, l'esprit est ardent, mais la chair - le corps - est faible » (Matthieu 26, 41) et connaît des défaillances et vous devez vous en méfier. Le tentateur est là, qui « rôde comme un lion rugissant, en quête d'une proie à dévorer » (1 Pierre 5, 8), qui s'efforce toujours de vous faire croire qu'il faut prendre davantage soin de votre petite personne, qu'il faut vous « faire plaisir » (il vous le crie par tous les moyens et par la publicité), même si cela va contre la morale élémentaire, qu'importe, tu ne vas t'embarrasser de scrupules moyen-moyenâgeux tout de même ! Et le diable développe en vous le respect humain. (lire la suite) Celui-là, c'est mon grand adversaire. Mais, amen, amen, je vous le dis : de celui qui rougira de moi, « de celui qui aura eu honte de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme en aura honte, quand il viendra dans sa gloire et celle du Père et des saints anges » (Luc 9, 26). Allez, veillez donc, c'est la « bonne part » et à celui qui la choisit, « elle ne lui sera pas enlevée » (Luc 10, 42).
« Inclinons-nous devant Dieu, sans protester, même si ce qu'Il nous dit paraît contraire à notre raison et à notre intelligence; sa parole doit prévaloir sur celles-ci. Agissons de même à l'égard du Mystère (I'Eucharistie), sans nous arrêter à ce qui tombe sous les sens mais en adhérant à ses paroles, car sa parole ne peut tromper » (saint Jean Chrysostome, In Matth., hom. 82, 4). Et si le Christ nous dit de veiller, il sait ce qu'il demande et pourquoi il le demande. Ce n'est pas seulement pour être un peu son réconfort, c'est aussi « pour n'être pas en butte à l'épreuve » (Luc 22, 40). Il peut ajouter ces mots de l'archange saint Raphaël à Tobie junior, tels que Claudel les imagine : « Prends garde ! Il est ton ennemi et ton rival dans la nuit qui guette et qui t'attend ! C'est à lui que tu auras à faire ! C'est lui, cet amant jaloux de l'Âme humaine, c'est lui, cet ennemi, cet affamé de l'Âme humaine, il mord dedans ! C'est lui, ce gardien qui la garde ! Comme un chien est affamé de viande, le démon, c'est ainsi qu'il est affamé de l'Âme humaine ! Et comme l'odeur de la viande, c'est ainsi que sur tout homme et sur toute femme nés de la femme il flaire en bavant de désir cet odeur du péché originel » (Azarias à Tobie, P. Claudel, L'histoire de Tobie et de Sara, Théâtre, tomme II, Paris, nrf, Bibliothèque de La Pléiade, 1948, p. 1164). Il faut nous le tenir pour dit. Voilà ce dont le diable se lèche les babines : l'odeur du péché originel. Il est comme la truie qui revient continuellement à ses vomissements.
« Mon être est en émoi » (Jean 12, 27). Ce n'est pas la première fois que cela arrive.

(à suivre...)

dimanche 25 avril 2010

La sensibilité de Jésus (4)

La sensibilité de Jésus (4)

Mais auparavant, dès que Jésus est entré dans le Jardin de Gethsémani, il commença « à ressentir de la crainte et de l'angoisse » (Marc 14, 33). Il ne s'en cache pas de ses apôtres. Bien au contraire, il éprouve le besoin d'épancher son cœur auprès d'eux, en quête d'un peu de consolation : « Alors il leur dit : « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez » (Marc 14, 34). Mais ses apôtres ne lui seront d'aucun secours. C'est triste à dire, mais c'est la réalité. Le Seigneur peut dire : « J'ai élevé et fait grandir des fils, mais ils se sont révoltés contre moi » (Isaïe 1, 2). Ils ne suivent pas Dieu, nous ne suivons pas Dieu là où il veut nous emmener avec lui. Participer au banquet de la Pâque, ça oui, cela ne pose pas de problème. Aller se reposer dans le jardin des Oliviers, (lire la suite) d'accord, nous sommes partants. Mais si le Seigneur nous dit : « Veillez et priez »... À la moindre exigence, dès qu'il s'agit de prendre sur soi, de se sacrifier, chacun va de son côté. S'amuser, faire la fête, jouir de la vie, passer de bons moments ensemble, nous sommes d'accord. Mais renoncer à un certain confort, prendre des risques quant à l'avenir..., à cela nous faisons la sourde oreille.
Et si Jésus souffre de la trahison de Judas, nous pouvons bien penser que notre égoïsme, notre attachement à nous-mêmes, qui le laisse seul au moment d'affronter l'épreuve, lui sont particulièrement difficiles à porter. Des fils rebelles, dès qu'il est question de ne pas se centrer sur soi et su son petit bien-être matériel, sur sa petite santé...
« Il est pénible de lire, dans les saints Évangiles, la question de Pilate : « Qui voulez-vous que je vous livre, Barabbas ou Jésus, qu’on appelle le Christ ? » Il est plus pénible d’entendre la réponse : « Barabbas ! » Et plus terrible encore de me rendre compte que, très souvent ! en m’écartant du chemin, j’ai dit aussi « Barabbas ! » et ajouté : « Le Christ ?… Crucifige eum ! — Crucifie-le ! » (saint Josémaria, Chemin, n° 296). Il se trouvera dans cette foule des disciples de Jésus. Ils l'ont suivi avec sincérité, mais superficialité. Ce sont de ces catholiques d'aujourd'hui qui, pour un oui pour un non, se dispensent de la messe dominicale. Ils ont tellement de choses plus importantes à faire ! Ce n'est pas risible, parce que l'enjeu est trop grand, trop grave. « Veillez et priez. » Autrement dit, « restez avec moi, tenez-moi compagnie. Si vous portez mon joug avec moi, ma Croix, « je referai vos forces » (Matthieu 11, 28).

(à suivre...)


samedi 24 avril 2010

La sensibilité de Jésus (3)

La sensibilité de Jésus (3)

L'évocation de la trahison de Judas ne laisse pas Jésus indifférent. Un combat se livre dans son être d'homme. Que de fois il a essayé de remettre Judas sur le droit chemin. En vain ! Et maintenant, alors que l'heure du prince des ténèbres approche (cf. Jean 14, 30), Jésus est profondément bouleversé et « il affirma expressément : « En vérité, en vérité, je vous le dis, un de vous me livrera » (Jean 14, 21). « Voici que la main de celui qui va me livrer est avec moi, sur la table. C'est que le Fils de l'homme s'en va, conformément à ce qui a été fixé ; mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme est livré » (Luc 22, 21-22). « Il eût mieux valu pour cet homme-là qu'il ne fût pas né » (Marc 14, 21). C'est un mystère pour nous. (lire la suite) Il faut que l'Amour soit plus fort que le péché. Que la Croix en vaille la peine. « Il eût mieux valu pour cet homme-là qu'il ne fût pas né » (Marc 14, 21). Et pourtant si Judas existe, c'est parce que Dieu l'a voulu. Le Tout-Puissant n'a pas voulu sa trahison, certes. Il la connaissait. Il a voulu prendre le risque de la liberté de Judas, comme de la nôtre. Le Seigneur savait que Judas n'aurait pas l'humilité suffisante pour venir à résipiscence. Pourtant, il l'a créé... Jésus ne peut pas ne pas être travaillé intérieurement en pensant qu'un de ses préférés est sur le point de le livrer, et à tout ce qu'il va devoir souffrir. Son héroïsme n'est pas froid, calculateur. Jésus a un cœur, et ce cœur réagit, d'autant plus vivement que la sainteté de Jésus est grande, illimitée. « Maintenant mon âme est troublée; et que dirai-je ?... Père, délivrez-moi de cette heure... Mais c'est pour cela que je suis arrivé à cette heure. » « Père glorifiez votre nom » (Jean 12, 27-28). La perspective de tant de malheurs qui vont s'abattre sur lui le fait souffrir par avance, sans le faire plier, car c'est pour cela qu'il est venu dans le monde. Par opposition à l'heure des ténèbres, c'est son Heure, l'Heure à laquelle il pourra s'écrier Consummatum est ! Tout « est accompli » (Jean 19, 30), parce qu'il aura porté à son achèvement l'œuvre dont le Père l'a chargé.
Devant l'imminence de sa Passion, Jésus est troublé. Des sentiments contraires s'affrontent en lui avec violence. Le Père permettra que Jésus fasse bientôt l'expérience de la « nuit des sens », comme de l'abandon dans lequel il se trouvera plongé : « Eli, Eli, lama sabacthani, c'est-à-dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Matthieu 27, 46).

(à suivre...)

vendredi 23 avril 2010

La sensibilité de Jésus (2)

La sensibilité de Jésus (2)

« Si vous savez ces choses vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. Je ne dis pas cela de vous tous; je connais ceux que j'ai élus; mais il faut que l'Écriture s'accomplisse : « Celui qui mange le pain avec moi, a levé le talon contre moi. » Je vous le dis dès maintenant, avant que la chose arrive, afin que, lorsqu'elle sera arrivée, vous reconnaissiez qui je suis » (Jean 13, 17-19). Jésus sait ce qui doit lui arriver, et par qui cela doit lui advenir. Voilà longtemps déjà que le Maître a décelé le double jeu de Judas et a parlé en termes presque identiques. « N'est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les Douze ? Et l'un de vous est un démon. »
Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote, car c'était lui qui devait le trahir, lui, l'un des Douze » (Jean 6, 70-71). (lire la suite) Cela n'avait pas suffi pour que Judas rectifie et revienne au Seigneur de tout son cœur, lui demande pardon pour son égarement et le début de trahison qui s'installait dans son cœur. Car la trahison, ce n'est pas seulement de livrer son Maître pour quelques misérables piécettes (cf. Luc 22, 4-5), mais c'est tout un processus intérieur de refus de Dieu, d'éloignement de la fidélité, de péché consenti et non rejeté, qui entraîne alors à d'autres reniements. « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé » (Jean 13, 20). Il ne s'agit pas uniquement de la personne du Christ, mais plus profondément du Père. Celui qui m'a vu a vu le Père. « Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même: le Père qui demeure en moi fait lui-même ces œuvres » (Jean 14, 10).
« Mais il faut que l'Écriture s'accomplisse: "Celui qui mange le pain avec moi, a levé le talon contre moi » (Jean 13, 18). « Tu hésites à te lancer à parler de Dieu, de la vie chrétienne, de la vocation… parce que tu ne veux pas faire souffrir ? Tu oublies que ce n’est pas toi qui appelles les gens, mais Lui : “ ego scio quos elegerim ” — je connais bien ceux que j’ai choisis. En outre, j’aurai de la peine si ces faux respects cachaient la facilité ou la tiédeur : au point où nous en sommes, tu préfères une pauvre amitié humaine à l’amitié de Dieu ? » (saint Josémaria, Sillon, n° 204). C'est la triste réalité. Dieu passe souvent au second plan, quand ce n'est pas au dernier.
« Il faut que l'Écriture s'accomplisse » (Jean 13, 18), a dit Jésus. « Ayant ainsi parlé, Jésus fut troublé en son esprit » (Jean 13, 21).

(à suivre...)

jeudi 22 avril 2010

La sensibilité de Jésus (1)

La sensibilité de Jésus (1)

Notre Seigneur n'est pas un être froid, distant, tellement au-dessus du vulgum qu'il serait insensible à ce qui nous arrive, et à l'attitude que les hommes adoptent envers lui. Des hommes au cœur sec et ne sachant aimer s'imaginent que l'austérité de Jésus en faisait un homme triste, ne souriant pas, sinistre à la limite. « Mine allongée…, manières brusques…, allure ridicule…, aspect antipathique…, est-ce ainsi que tu espères encourager les autres à suivre le Christ ? » (saint Josémaria, Chemin, n° 661). En effet. Le Christ n'est pas un être anormal. (lire la suite)
Il est homme et pleinement homme. Toute sa vie le prouve, une vie qui traduit l'Amour qu'il nous porte, et qui se déroule dans une grande tension intérieure : « Je suis venu mettre le feu sur la terre, et qu'est-ce que je désire, si déjà il est allumé ? J'ai à recevoir un baptême, et comme je suis dans l'angoisse jusqu'à ce qu'il soit accompli ! » (Luc 12, 49-50).
Mais les évangélistes ont pris soin de noter les états d'âme du Seigneur, de nous rapporter ses réactions face aux événements qui sont en train de se produire ou qui sont attendus. Le soir du Jeudi Saint, le Seigneur lave les pieds de ses apôtres, montrant par là une humilité impressionnante. Une fois ce rite achevé, « il leur dit : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m'appelez le Maître et le Seigneur: et vous dites bien, car je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donné l'exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez aussi vous-mêmes » (Jean 13, 12-15).
Et il ajoute, pour que l'exemple reste bien gravé dans le cœur de ses apôtres, et dans le nôtre aussi, et qu'ils n'adoptent jamais un air de supériorité mais se considèrent toujours les serviteurs des hommes : « En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son maître, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé. Si vous savez ces choses vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez » (Jean 13, 16-17), si vous êtes cohérents avec les engagements que vous avez pris en me suivant, à la mission que je vous ai confiée. « Le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Matthieu 20, 28). Vous aussi, faites de même. Et vous serez heureux, de la joie qui ne vient pas du monde, mais de votre union au Père.

(à suivre...)

mercredi 21 avril 2010

Arrêts sur le christianisme 51

Arrêts sur le christianisme 51

(l’Eglise) progresse avant tout en profondeur, puis en extension et en étendue. Elle cherche en premier lieu l’homme lui-même ; elle s’efforce de former l’homme, de modeler et de perfectionner en lui la ressemblance avec Dieu. Son travail s’accomplit au fond du cœur de chacun, mais il a sa répercussion sur toute la durée de la vie, dans tous les champs de l’activité des individus. Dans ces hommes ainsi formés, l’Eglise prépare à la société humaine une base sur laquelle elle peut reposer avec sécurité.

Pie XII, Allocution, 20 février 1946.

mardi 20 avril 2010

L'effervescence apostolique (2)

L'effervescence apostolique (2)

Le contact avec le Seigneur fait naître des vocations, suscite des élans de générosité, l'envie de l'accompagner sur les chemins de Palestine. L'intention n'est pas toujours pleinement pure. Des attachements humains peuvent subsister, comme le désir d'aller prendre congé des siens. Une aspiration, là encore, légitime. Légitime si on envisage la situation d'un point de vue purement rationnel. Mais Jésus-Christ vient apporter la folie de la Croix (cf. 1 Corinthiens 1, 18). Il ne veut pas de cœurs partagés, qui se donnent à lui à moitié. C'est tout ou rien. Sans solution de retour. C'est l'idée qu'il veut faire passer maintenant « Quiconque, ayant mis la main à la charrue, regarde en arrière n'est pas fait pour le royaume de Dieu » (Luc 9, 62), car, pour être disciple du Christ, il faut haïr « son père, sa mère, sa femme, ses enfants, des frères, ses sœurs et même sa propre personne » (Luc 14, 26).
Le Seigneur dit peut-être cela en pensant à Judas, à cet apôtre dont il voit bien qu'il a commencé à ne pas tourner rond depuis quelque temps, et qu'il veut amener à prendre conscience de l'erreur qu'il est en train de commettre et à rectifier, tant que cela est encore possible. Les autres apôtres peuvent penser que c'est bien ce qu'ils ont fait : tout laisser sur place dès que Jésus les a appelés, statim, sur-le-champ, et le suivre. Ils ne se sont pas attardés ni embarrassés de scrupules, les uns ont laissé « là leur barque et leur père », comme Jacques et Jean, les fils de Zébédée (Matthieu 4, 22), d'autres « leurs filets » et leurs associés, comme Simon et André (Marc 1, 18), un autre, Lévi, son bureau de publicain, « abandonnant tout » (Marc 5, 28).

(fin)

lundi 19 avril 2010

L'effervescence apostolique (1)

L'effervescence apostolique (1)

« Jésus, voyant une foule autour de lui, ordonne de passer sur l'autre rive » (Matthieu 8, 18). Il donne cet ordre de temps à autre, tant pour permettre à ses apôtres de se reposer que pour assurer tranquillement leur formation. Ils ont mis pied à terre et, après avoir tiré la barque sur le rivage, ils se mettent en route. Or, « comme ils faisaient route » (Luc 9, 57), un scribe l'aborda et lui dit : « Maître, je te suivrai où que tu ailles » (Matthieu 8, 19). C'est étonnant de la part d'un scribe. Tout ce qu'il voit et entend l'a bouleversé, et d'un élan spontané, il se dit prêt à accompagner le Seigneur à jamais.
Jésus ne lui répond pas en acceptant sa proposition. Il ne se laisse pas gagner par l'enthousiasme de cet homme, car il connaît le cœur de l'homme. Il lui montre la condition à remplir pour être avec lui : « Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des abris, mais le Fils de l'homme n'a pas où appuyer sa tête » (Luc 9, 58).
C'est ce qu'il demandera également, alors qu'il se rend pour la dernière fois à Jérusalem, au jeune homme riche qui désire savoir ce qu'il doit faire pour avoir la vie éternelle, et qui est dans doute disposé à s'attacher lui aussi au Christ. Il s'entend dire : « Il te manque encore une chose ; vends tout ce que tu as, distribues-en le produit aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens et suis-moi » (Luc 18, 22).
Pour être apôtre, il faut être détaché. Détaché, pas uniquement de ses projets et idées, ni même des biens matériels, ce qui n'est pas une mince affaire, comme le montre le cas de ce jeune homme riche qui « s'en alla tout affligé, car il avait beaucoup de biens » (Marc 10, 22). Il faut être détaché de sa propre famille. Le scribe a-t-il compris le message ? Nous ne le savons pas. Mais aussitôt Jésus « dit à un autre : « Suis-moi ! » Celui-ci dit : « Seigneur, permets-moi d'abord d'aller enterrer mon père » (Luc 2, 59). La demande semble légitime, raisonnable. Pourtant Jésus, qui nous a donné le quatrième commandement du décalogue, est le même qui rétorque : « Laisse les morts enterrer leurs morts ; pour toi, va-t-en annoncer le royaume de Dieu » (Luc 9, 60).
L'effervescence apostolique est grande. Les apôtres y sont même peut-être pour quelque chose. Ils canalisent les énergies ; ils préparent les âmes, ils amènent les gens au Seigneur. Et voici qu'un « autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais permets-moi d'abord d'aller faire mes adieux à ceux de chez moi. » Et Jésus lui dit : « Quiconque, ayant mis la main à la charrue, regarde en arrière n'est pas fait pour le royaume de Dieu » (Luc 9, 61-62).

(à suivre...)

dimanche 18 avril 2010

Marie-Madeleine

Marie-Madeleine

« Il lui sera beaucoup pardonné parce qu'elle a beaucoup aimé » (Luc 7, 47). Depuis lors, Marie-Madeleine est donnée en exemple du pécheur repenti à qui le Seigneur est disposé à remettre ses péchés, aussi nombreux soient-ils. Mais en quoi Marie-Madeleine a-t-elle « beaucoup aimé » ? Comment a-t-elle beaucoup aimé ? Apparemment, tout simplement en accomplissant les gestes rituels de bienvenue que Simon avait négligé d'avoir envers son hôte. Certes, cela implique qu'elle surmonte l'obstacle de l'orgueil et qu'elle enfreigne les règles de la bienséance qui voulaient qu'une pécheresse se tînt à l'extérieur, dans son antre de péché, et ne pénétrât pas sous le toit d'un pharisien. À tout bien considérer, elle est habituée au mépris des « gens de bien » (lire la suite), à être décriée par eux, qui s'écartent de leur chemin quand ils l'aperçoivent. Ce n'est pas tellement en « franchissant la ligne jaune » qu'elle a beaucoup aimé.
C'est tout simplement en versant du parfum sur la tête du Seigneur, en répandant des larmes de repentir sur ses pieds et en les séchant avec ses cheveux, qui n'ont pas la vertu d'un tissu-éponge ! Voilà. C'est tout. En cela, elle a beaucoup aimé, tient à souligner le Seigneur. Et il ajoute que ses péchés, ses nombreux péchés, lui sont pardonnés.
Il se satisfait vraiment de peu, notre Seigneur ! Trois fois rien venant de nous, c'est beaucoup à ses yeux. Nous avons de quoi être impressionnés. Nous comprenons que, pour quelqu'un qui aime vraiment, c'est-à-dire de façon désintéressée, en étant prêt à donner sa vie pour autrui, ce qui est le cas du Seigneur, toute marque d'attention, d'égard, d'affection a de l'importance. Cela nous encourage à soigner les moindres détails de la liturgie et de la piété, à savourer les oraisons vocales, à « broder » les normes, les pratiques de piété de notre plan de vie spirituelle, comme le disait saint Josémaria. Et à le faire pour tous ceux qui les négligent, qui n'y prêtent pas attention, qui n'ont guère de considération pour Jésus-Christ, dont ils sont peut-être les ministres, ou les apôtres...

samedi 17 avril 2010

L’appel à la conversion (2)

L'appel à la conversion (2)

« Autant de faits figuratifs par rapport à nous, afin que nous n’ayons pas de mauvaises convoitises, comme ce fut le cas pour eux. (…) Ne murmurez pas, comme le firent certains d’entre eux, et ils périrent sous les coups de l’Exterminateur. Or, toutes ces choses qui leur arrivaient figurativement furent mises par écrit pour notre instruction à nous » (1 Corinthiens 10, 6.10-11). Leur histoire a valeur d’avertissement, de mise en garde. Ce sont des exemples à ne pas imiter : « Ainsi donc, que celui qui se croit debout prenne garde de tomber » (1 Corinthiens 10, 12). Oui, tremblons à l’idée que nous ne sommes pas meilleurs que nos pères et que, s’ils ont trébuché à ce point, nous ne sommes pas à l’abri de pareilles turpitudes si, et seulement si, nous oublions Dieu, nous détournant vraiment de lui pour des biens purement humains, pour satisfaire « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’ostentation des richesses » (1 Pierre 2, 16).
Conversion ! conversion ! « Or, en ce temps-là, des gens vinrent lui rapporter ce qui était arrivé aux Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang à celui des victimes offertes par eux en sacrifice. Prenant la parole, il leur dit : « Vous imaginez-vous que ces Galiléens, pour avoir subi pareil sort, fussent de plus grands pécheurs que les autres Galiléens ? Non ! vous dis-je. Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit sur qui est tombée la tour de Siloé et qu’elle a écrasés, vous imaginez-vous que leur culpabilité fut plus grande que celle de tous les autres habitants de Jérusalem ? Non ! vous dis-je. Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même » (Luc 13, 1-5).Pas sous les coups de Pilate, bien entendu, mais d’une mort inexorable qui nous rejettera loin de Dieu à tout jamais. Ce dont nous ne voulons à aucun prix ! Alors, convertissons-nous.

(fin)

vendredi 16 avril 2010

L’appel à la conversion (1)

L’appel à la conversion (1)

Un des « mystères lumineux » introduits dans la récitation et la contemplation du saint Rosaire par Jean-Paul II est intitulé « l’annonce du royaume et l’appel à la conversion ». Cet appel retentit constamment, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, comme une nécessité impérieuse pour les pécheurs que nous sommes. Il ne suffit pas de se convertir une fois, de prendre le parti de Dieu à un moment donné, car nous restons soumis à des forces centrifuges qui tendent à nous éloigner de Dieu.
L’Eglise revient inlassablement à la charge, notamment pendant l’avent et le carême, pour nous presser de nous convertir, tant que cela est encore possible, car un jour viendra, qui sera le dernier et qui nous prendra tel que nous serons alors, sans possibilité de changement. « C’est maintenant le moment favorable ; c’est maintenant le jour du salut » (2 Corinthiens 6, 2).
Cette conversion est nécessaire parce que, aussi bons que nous puissions être à un moment donné, nous conservons notre capacité à refuser Dieu à tout moment. Les exemples abondent dans la Sainte Ecriture d’hommes privilégiés de Dieu, entretenant avec lui des relations intimes, qui n’ont pas su rester fidèles, et qui ont tôt fait d’oublier les prévenances de Dieu à leur égard, dès que leur situation matérielle s’est arrangée. « Je ne veux pas que vous l’ignoriez, frères : Nos pères furent tous sous la nuée, tous passèrent à travers la mer, tous reçurent le baptême de Moïse en la nuée et en la mer, tous mangèrent le même aliment spirituel et tous burent le même breuvage spirituel – ils buvaient, en effet, au rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher spirituel était le Christ. Cependant, ce ne fut pas le plus grand nombre qui attira la complaisance divine, puisque leurs corps jonchèrent le désert » (1 Corinthiens 10, 1-5). Il n’est pas jusqu’à des hommes aussi exemplaires a priori que David et Salomon qui ne soient tombés bien bas. David, en commettant un crime pour s’adonner à sa passion adultère (2 Samuel 11, 2-12, 25). Salomon, qui avait demandé la Sagesse et non les richesses, et l’avait reçue de Dieu au point de susciter l’admiration des peuples (1 Rois 4, 9-14), Salomon avait néanmoins accueilli les dieux étrangers, au mépris des ordres exprès de Yahvé, son Dieu, le Dieu unique et le seul vrai, « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » (Exode 3, 6), et s’était entouré de femmes et de concubines par centaines (1 Rois 11, 1-13), don beaucoup d'étrangères, ce que Dieu avait réprouvé par avance (1 Rois 11, 2).

(à suivre…)

jeudi 15 avril 2010

Humour

Humour


Humour

L'ancienne ligne de chemin de fer reliant Laon à Liart, dans l'Aisne, passait par Bucy-les-Pierreponds et Clermont les Fermes.
L'on disait quand le train repartait de Bucy qu'il n'était pas besoin de fermer les portières, car Bucy s'en chargeait : Bucy les ferme !

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Quel est le comble pour un imprimeur ?

Faire une bonne impression avec un mauvais caractère.

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Quelle est la couleur d'un parapluie quand il pleut ?

Il est ouvert.

mercredi 14 avril 2010

Action de grâces (31)


Mon âme est en fête, et je jubile de joie, car le Roi des rois me fait l’honneur de venir à moi. « Ceux qui te connaissent, Seigneur, placent en toi leur espérance, car tu ne délaisses pas ceux qui te cherchent » (Ps 9, 11). Et tu me réponds : « Je me suis laissé trouver par ceux qui me cherchaient ». C’est bien vrai, Seigneur. C’est pourquoi je te cherche et te désire la nuit et le jour. Car mon âme « a soif de Dieu, du Dieu vivant » (Ps 41, 3).
« Tu m’as saisi par la main droite » (Ps 73, 23). Serre-la bien fort, pour que je ne prenne pas la liberté illusoire de m’éloigner, séduit par les mirages de ce monde. Car, (lire la suite) « en dehors de toi, je ne désire rien sur la terre » (Ps 73, 25). Et que pourrais-je donc désirer encore ? Tu es le Bien suprême et infini, illimité, qui n’assouvit jamais les aspirations de mon être au bonheur. Et tu es là, dans mon cœur. Tu m’accompagnes partout où je vais : « Je suis constamment avec toi » (Ps 73, 23), mais tout particulièrement maintenant, d’une façon mystique et sacramentelle. Oui, que pourrais-je vouloir d’autre ? Il faudrait que je sois bien stupide et ingrat et que j’aie la tête en l’air pour ne pas me satisfaire de toi. Préserve-moi de ce danger qui, je le sais, me guettera toujours au long de mon chemin terrestre.
Et je dois bien reconnaître que, par faiblesse, « j’étais stupide et sans intelligence, j’étais comme une bête devant toi » (Ps 73, 22). Cela m’arrive… Fais que je prenne de plus en plus conscience de ta présence ineffable, que je t’aime sans mesure, que je ne pense qu’à toi, que je n’aime que toi, que rien ne vienne me distraire de l’essentiel.
Oui, « pour moi, il est bon d’être proche de Dieu » (Ps 73, 28). Et c’est toi qui es venu me chercher dans mon petit monde mesquin, c’est toi qui as parcouru la distance qui me séparait de toi, c’est toi qui as pris l’initiative de notre rencontre. Merci, Seigneur ! Je ne saurais jamais te remercier suffisamment.
Maintenant que tu es avec moi, pour moi, tout à moi, « accorde-moi, Dieu tout-puissant, de conformer à ta volonté mes paroles et mes actes dans une inlassable recherche des biens spirituels » (prière d’ouverture, 7ème dimanche du temps ordinaire).

mardi 13 avril 2010

Les juifs et les musulmans

Les juifs et les musulmans

Saint Paul, dans l'épître aux Galates, a repris ce passage et il explique qu'ici Agar est la figure du peuple juif - il déplace un peu les perspectives - qui, lui aussi, a été fils et qui, lui aussi, est écarté à un moment donné pour faire place à ceux qui sont les fils d'Abraham selon la promesse, les fils de Sara, les fils de la femme libre et non pas de l'esclave, et qui sont précisément les chrétiens. Nous voyons donc qu'il y a là un mystère (...) qui s'est accompli deux fois. Le mystère de l'élection d'Isaac, père de la race d'Ismaël, et du rejet d'Ismaël, père de la race des Musulmans, de la race des Arabes, est un premier mystère d'élection et de rejet. Il peut sembler qu'il y a là quelque chose de dur, de tragique. Pourquoi l'un a-t-il été choisi et pas l'autre ? (lire la suite)
Ce miracle se retrouve au moment de la venue du Christ ? Là aussi il y a un peuple qui est écarté par Dieu : le peuple juif, et un autre qui est élu : le peuple chrétien tiré des nations. Mais nous savons que pour cette seconde économiecet éloignement du peuple juif est un éloignement provisoire, nous dit saint Paul, c'est-à-dire qu'il est écarté pour que la plénitude des Gentils rentre, mais que quand la plénitude des Gentils sera rentrée, lui aussi rentrera à son tour et son retour sera une plus grande joie que l'entrée des Gentils.
Nous ne pouvons pas ne pas penser qu'il y a un mystère du même ordre qui plane sur les Musulmans. L'Islam, lui aussi, a été écarté, mais nous savons que ce n'est pas un rejet définitif, qu'il y a une élection de Dieu qui pèse sur lui puisqu'il est de la race d'Abraham selon la chair et que Dieu lui a donné des promesses. Ces promesses sont peut-être d'ordre temporel, mais au-delà il y a une bénédiction qui subsiste et qui fait que nous nous demandons quand le mystère s'accomplira et quand, à son tour, Ismaël rentrera avant ou après les fils d'Abraham et rejoindra les fils de la promesse.
Saint Abraham est le grand intercesseur pour les trois grandes catégories d'âmes : pour les Juifs puisque c'est le père d'Isaac ; pour l'Islam puisque c'est le père d'Ismaël ; pour les pécheurs enfin, puisque c'est lui qui a supplié Dieu pour Sodome et pour Gomorrhe, pour ces grands pécheurs dont parfois nous portons la charge spirituelle, pour ceux qui, profondément enfoncés dans le mal et profondément éloignés de Dieu, semblent a-delà de toute espérance. Pour tous ceux-là nous pouvons dire qu'Abraham prie obstinément, et il nous apprend à prier obstinément pour eux, car rien n'est impossible à la parole de Dieu qui change les cœurs.

Jean Daniélou, Le mystère de l'Avent, Paris, Éditions du Seuil, 1948, p. 57-59.

lundi 12 avril 2010

Arrêts sur le christianisme 50

Arrêts sur le christianisme 50


Lorsque l’Empire Romain s’effondra, consumé de vétusté et de vices, et que les barbares se ruèrent en foule sur ces provinces, cet homme, que l’on a appelé le dernier des grands Romains (s’il est permis d’user du mot de Tertullien), alliant à la fois la romanité et l’Evangile, puisa en ces deux sources le secours et la force pour unir puissamment les peuples de l’Europe sous l’étendard et l’autorité du Christ et créer heureusement un régime chrétien. Or c’est un fait que, de la mer Baltique à la Méditerranée, de l’Océan Atlantique aux plaines de Pologne, de légions bénédictines se sont répandues, adoucissant les nations rebelles et sauvages par la Croix, les livres et la charrue.

Pie XII, Homélie, Saint-Paul-hors-les-Murs, à l’occasion du quatorzième centenaire de la naissance de saint Benoît, 18 septembre 1947.

dimanche 11 avril 2010

Humour

Humour


L'ancienne ligne de chemin de fer reliant Laon à Liart, dans l'Aisne, passait par Bucy-les-Pierreponds et Clermont les Fermes.
L'on disait quand le train repartait de Bucy qu'il n'était pas besoin de fermer les portières, car Bucy s'en chargeait : Bucy les ferme !

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Faire une bonne impression avec un mauvais caractère.

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Il est ouvert.

samedi 10 avril 2010

La sainteté attire (7)

La sainteté attire (7)

La sainteté de Marie est le reflet le plus lumineux de la sainteté de Dieu. La Très Sainte Trinité l'a créée pour s'y complaire, pour y établir sa demeure (cf. Apocalypse 3, 20). C'est la sainteté de quelqu'un qui « touche à la divinité ». « Marie atteignit les régions de la divinité et devint alliée avec Dieu. » La relation de Marie à Dieu est « tellement intime qu'après l'union hypostatique, aucune ne rapproche autant de la Divinité que celle de la Mère de Dieu avec son Fils qui est Dieu » (Denis le Chartreux, De dignitate et laudibus B.M.V. 1, 35). Mais cela ne l'empêche pas d'être en même temps extrêmement proche de nous. Marie nous donne Jésus et, par lui, (lire la suite) la clé du Cœur de Dieu. Ce monde de Dieu est devenu proche de notre monde au pied de la Croix (cf. Jean 19, 26-27). En contemplant Sainte Marie, en la priant, nous acquérons la certitude qu'elle nous écoute et qu'elle intercède pour nous. Sa sainteté nous attire. Nous venons nous y désaltérer comme à une source d'eaux rafraîchissantes, qui permet au voyageur que nous sommes de poursuivre sa route d'un pas plus léger. « Je sais que si je vous invoque toujours, toujours vous me viendrez en aide et vous me donnerez la victoire. Mais ce que je crains, c'est précisément de ne pas songer à vous dans mes tentations et de ne pas vous invoquer. La grâce donc que je vous demande et que j'ose réclamer de vous, ô Vierge très sainte, c'est de penser toujours à vous, surtout dans les combats que j'ai à soutenir. Accordez-moi de vous invoquer sans cesse en vous disant : « Ô Marie, aidez-moi ! Ô Marie, venez à mon secours ! » (saint Alphonse de Liguori, Les gloires de Marie, 4, 2.

(fin)

vendredi 9 avril 2010

La sainteté attire (6)

La sainteté attire (6)

De ce châtiment, nous pouvons dire que « pour nous, c'est justice, car nous recevons ce que nous ont valu nos actes » (Luc 23, 41). Mais ce qui est plus triste, c'est que notre péché freine les autres, et les détourne peu ou prou de la contemplation de Dieu, leur fait perdre le goût de l'effort, voir son sens même. Or, notre relation à Dieu ne s'est pas nouée seulement pour nous. Elle fait partie des talents à faire fructifier (cf. Luc 19, 11-27) pour que la banque commune soit à même de distribuer davantage de richesses surnaturelles. « La relation avec Dieu s'établit par la communion avec Jésus – seuls et avec nos seules possibilités nous n'y arrivons pas. La relation avec Jésus, toutefois, (lire la suite) est une relation avec Celui qui s'est donné lui-même en rançon pour nous tous (cf. 1 Timothée 2, 6). Le fait d'être en communion avec Jésus-Christ nous implique dans son être « pour tous », il en fait notre façon d'être. Il nous engage pour les autres, mais c'est seulement dans la communion avec Lui qu'il nous devient possible d'être vraiment pour les autres, pour l'ensemble. Je voudrais, dans ce contexte, citer le grand docteur grec de l'Église, saint Maxime le Confesseur (mort en 662), qui tout d'abord exhorte à ne rien placer avant la connaissance et l'amour de Dieu, mais qui ensuite arrive aussitôt à des applications très pratiques: « Qui aime Dieu aime aussi son prochain sans réserve. Bien incapable de garder ses richesses, il les dispense comme Dieu, fournissant à chacun ce dont il a besoin » (Chapitres sur la charité, Centurie I, ch. 1) » (Benoît XVI, encyclique Spe salvi, 30 novembre 2007, n° 28).
C'est ce que nous voyons chez Marie, la toute Sainte, entièrement tournée vers Dieu, occupée aux affaires de Dieu, et investie à fond dans sa mission de Mère de tous les hommes, spécialement de ceux que le baptême a régénérés en enfants de Dieu.
Elle peut chanter : « Le Tout-Puissant a fait pour moi des merveilles » (Luc 1, 49). Il a fait d'elle la « Pleine de grâce » (Luc 1, 28). Il a fait d'elle le premier membre, et le plus éminent, de l'humanité recréée. Il en a fait un nouveau paradis, où il prend plaisir à être avec les enfants des hommes (cf. Proverbes 8, 3). Le cardinal Suenens évoque un saint qui pénétra très avant dans le royaume de lumière et de tendresse « a appelé Marie « le Paradis de Dieu et son monde ineffable ». Et il affirmait que Dieu a fait un monde pour l'homme voyageur, le nôtre ; qu'Il en fit un pour les bienheureux, le paradis ; et qu'Il en fit un pour lui, auquel il donna le nom de Marie » (L. J., Suenens, Quelle est celle-ci ? Paris, Librairie Arthème Fayard, coll. Je sais – Je crois, 1957, p. 12).

(à suivre...)

jeudi 8 avril 2010

La sainteté attire (5)

La sainteté attire (5)

Ces exemples nous montrent bien que la sainteté attire. Qu'elle est une source de bienfaits pour nous et pour les autres. Laissons-nous guider par ces généreux frères et sœurs dans la foi. Et prions-les, prions avec eux aussi. Une prière qui est intérieure, animée par l'Esprit, faite dans l'Esprit. « Il prie en esprit et en vérité celui qui vient à la prière à l'instigation de l'Esprit Saint » (saint Thomas d'Aquin, Somme théologique II-II, q. 83, a. 1 ad 1). En nous laissant guider par l'Esprit Saint, nous acquérons une façon de vivre propre aux enfants de Dieu, de ceux qui se nourrissent du Pain eucharistique et dont l'aliment consiste à faire la Volonté du Père : « Ma nourriture, c'est de faire la Volonté de celui qui m'a envoyé » (Jean 4, 34). Si le Saint-Esprit nous prend sous son ombre, notre vie a la pureté et la clarté de Dieu, elle devient de plus en plus vertueuse, et attire. Non par ce que nous sommes en nous-mêmes, mais par ce que Dieu est en Dieu et ce qu'il fait à partir de nous.
C'est une attitude intérieure de conformité à Dieu. C'est là ce qui est essentiel. Car ce n'est pas l'action qui est première ; ce ne doit pas l'être en tout cas. Mais c'est l'âme qui doit se tourner vers Dieu et s'imprégner de lui, pour que le somatique suive le spirituel et participe lui aussi à l'effort pour la sainteté. « La prière consiste principalement dans l'esprit et se trouve secondairement exprimée par les paroles ; de même aussi l'adoration consiste principalement dans la révérence intérieure à l'égard de Dieu et secondairement dans certains signes corporels » (saint Thomas d'Aquin, Somme théologique II-II, q. 83, a. 1 ad 2).
Tel est l'horizon du chrétien. Tant qu'il reste fidèle, il va bon train, est sur la bonne voie et progresse dans l'union à notre Dieu unique dans ses trois Personnes, qui toutes trois se communiquent à nous, et nous font participer à leur Amour et à leur Joie mutuels. La constance et la persévérance sont nécessaires. Dieu les récompense largement. Mais si nous nous relâchons, nous avons vite fait d'oublier le Seigneur, et les conséquences néfastes ne tardent pas à se faire sentir. Nous pouvons nous appliquer ce que saint Remi disait du royaume des Francs, alors qu'il baptisait Clovis : « Le royaume des Gaules est prédestiné par Dieu à la défense de l'Église romaine qui est la seule véritable Église du Christ. Il sera victorieux et prospère tant qu'il sera fidèle à la foi romaine. Mais il sera rudement châtié toutes les fois qu'il sera infidèle à sa vocation. »

(à suivre...)

mercredi 7 avril 2010

La sainteté attire (4)

La sainteté attire (4)

Même si le monde me presse et m'opprime de toute part, même s'il en vient à me persécuter, parce que je suis disciple du Christ, je suis heureux et rien ne me manque. N'est-ce pas ce que le Seigneur a annoncé ? Écoutons-le : « Bienheureux serez-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on vous calomniera de toute manière à cause de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux » (Matthieu 5, 11-12). Une telle perspective, qui est de plus en plus d'actualité dans notre monde, ne doit pas nous faire trembler, car le Seigneur ne nous laisserait alors pas seul. La vie des martyrs de la foi, tout au long des âges - et il en est beaucoup de nos jours - en témoigne avec éloquence. Oui, le bonheur de Dieu nous suffit, (lire la suite) car nous nous efforçons de faire ce qui lui plaît : « Il ne m'a pas laissé seul, parce que toujours je fais ce qui lui plaît » (Jean 8, 29).
Et ces martyrs qui nous donnent un exemple de force d'âme et de fermeté dans la foi, d'une fidélité inébranlable, sont nos intercesseurs, ceux à qui nous pouvons faire appel pour vaincre dans les combats de ce monde. Certes, le pouvoir du démon est grand et le diable est supérieurement intelligent. C'est entendu. Nous sommes prévenus et il faut nous tenir sur nos gardes. Mais le pouvoir de Dieu, lui, est infini. C'est-à-dire que face à cet infini, celui du diable est, en définitive, insignifiant, ridicule. Faisons donc appel aux martyrs et aux saints, qui ont su déjouer les intrigues du démon, précisément parce qu'ils se sont appuyés non sur leurs propres forces, mais sur la force de Dieu. « Si un Jérémie après sa mort prie pour Jérusalem (2 Macchabées 15, 14) ; si les vieillards de l'Apocalypse présentent à Dieu les oraisons des justes (Apocalypse 5, 8) ; si un saint Pierre promet à ses disciples de se souvenir d'eux après sa mort (2 Pierre 1, 15) ; si un Étienne peut prier pour ses persécuteurs (Actes 7, 59), et un saint Paul pour ses compagnons de voyage et pour ses fidèles (Actes 27, 24 ; Éphésiens 2, 16 ; Philippiens 1, 4 ; Colossiens 1, 3) ; en un mot, si les saints peuvent prier pour nous, pourquoi ne pourrions-nous pas les supplier d'intercéder en notre faveur ? Saint Paul se recommande aux prières de ses disciples (1 Thessaloniciens 5, 25) ; saint Jacques nous exhorte à prier les uns pour les autres, afin d'être sauvés (Jacques 5, 16). Nous pouvons donc bien, de notre côté, nous recommander aux saints » (saint Alphonse de Liguori, Les gloires de Marie, 5, 1).

(à suivre...)

mardi 6 avril 2010

La sainteté attire (3)

La sainteté attire (3)

Des âmes d'apôtre, oui. Il est bon d'en demander, avec foi et insistance. Mais nous devons commencer par en être une, nous-mêmes. Une âme enflammée d'amour pour les autres, soucieuse de co-racheter. Il s'agit d'être saint, en puisant cette sainteté à sa source : le Christ et son Sacrifice, qu'il nous a légué dans le rite sacramentel. « Si la sainte liturgie occupe la première place dans la vie de l'Église, elle a, pour ainsi dire, son cœur et son centre dans le mystère eucharistique ; car il est une fontaine de vie qui nous fortifie, de sorte que ne nous vivions plus pour nous, mais pour Dieu, et que nous soyons unis entre nous par un amour très profond. » (Paul VI, encyclique Mysterium fidei, 3 septembre 1965, n° 3). (lire la suite)
La sainteté attire si elle est réelle, c'est-à-dire si elle provient de l'union à Dieu, et qu'elle n'est donc pas artificielle, ni un simple vernis. En étant unis à la Croix, ce qui est la même chose qu'unis à l'Eucharistie, nous ne vivons plus pour nous-mêmes. C'est là une grande chose. C'est particulièrement important. Si l'on ne vit pas pour soi, l'on ne passe pas son temps à parler de soi, à se plaindre, à chercher à briller. L'on comprend que cela attire les autres, parce qu'ils trouvent un espace pour respirer, pour être accueillis et compris, considérés et estimés. Ils peuvent se grandir en se nourrissant à la grâce qui s'écoule de notre cœur, comme elle jaillit du Cœur du Christ, parce que nous ne faisons plus qu'un avec lui.
Mais il faut pour cela être vraiment centré sur le Sacrifice de la messe, sur l'Eucharistie. Là, nous trouvons la joie la plus profonde, et nous n'avons plus besoin de rien d'autre. Comment le Christ ne pourrait-il pas nous suffire ? « Mardi de Pâques 1890. - Nous devons être dans la joie, car Notre-Seigneur est ressuscité, notre bien-aimé, notre fiancé, le divin époux de nos âmes est infiniment heureux, et son règne n'aura pas de fin ;... c'est là le fond, le vrai de notre joie... Quelque triste que je sois, quand je me mets au pied de l'autel, et que je dis à Notre-Seigneur Jésus : « Seigneur, vous êtes infiniment heureux, et rien ne vous manque », je ne puis faire autrement que d'ajouter : « Alors moi aussi, je suis heureux, et rien ne me manque ; votre bonheur me suffit » (René Bazin, Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara, Paris, Nouvelle Cité, nouvelle édition, 2003, p. 136). Heureux même si l'on est triste. S'il le fallait, je serais « joyeusement triste », disait saint Josémaria : « Donne-moi, Jésus, une Croix sans cyrénéens ; je m'exprime mal : ta grâce, ton aide me sont indispensables, comme en toute chose ; sois Toi-même mon Simon de Cyrène. Avec Toi, mon Dieu, il n'est pas d'épreuve qui m'épouvante... — Mais si la Croix devait être le dégoût, la tristesse ? Eh bien, je te le dis, Seigneur : avec Toi je serai triste joyeusement » (Forge, n° 252).

(à suivre...)

lundi 5 avril 2010

La sainteté attire (2)

La sainteté attire (2)

La sainteté attire, mais elle dérange aussi... Les pharisiens, imbus de leur autorité et de la rigueur apparente de leur observance de la Loi, en dépit des trompettes qu'ils font retentir pour annoncer leur arrivée (Matthieu 6, 2), ce que Jean-Baptiste ne fait pas ; imbus de leur port altier, alors que Jean-Baptiste dit : « Il faut que lui grandisse et que moi, je m'efface » (Jean 3, 30) ; les pharisiens sont pleinement conscients de ne pas avoir cru en Jean-Baptiste. Ils n'ont même pas jugé bon de se déplacer pour voir et entendre cet homme affublé d'une peau de bête et non richement vêtu comme eux, étalant de larges phylactères et allongeant la houppe de leurs manteaux (Matthieu 23, 5). Ils se sont bornés à lui dépêcher des émissaires pour lui demander : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n'es ni le Messie, ni Élie, ni le Prophète ? » (Jean 1, 25). Mais ont-ils seulement cherché à comprendre le sens de sa réponse, à l'approfondir en la confrontant aux Écritures parlant du Messie ? « Moi, je baptise dans l'eau. Au milieu de vous se tient quelqu'un que vous ne connaissez pas : celui qui vient après moi » (Jean 1, 26-27).
Or, un jour où ils ont cru pouvoir prendre Jésus en défaut avec une question tordue, dont la formulation leur avait donné des maux de tête, le Seigneur leur pose à son tour une question dont la réponse commande sa propre réponse : « Le baptême de Jean, d'où venait-il ? Du Ciel ou des hommes ? « Mais eux se firent le raisonnement suivant : Si nous disons « du Ciel », il va nous dire : Alors, pourquoi n'y avez-vous pas cru ? Et si nous disons « des hommes », nous avons à craindre la foule, car tout le monde tient Jean pour un prophète » (Matthieu 21, 25-26). Tout le monde, sauf eux précisément. Voilà la réalité : ils n'y ont pas cru, tout comme ils ne croient pas davantage dans le Seigneur.
Pourtant, les saints sont des oasis atour desquelles la vie éclôt et où revient quelque chose du paradis perdu » (Benoît XVI, Jésus de Nazareth. I. Du baptême dans le Jourdain à la Transfiguration, Paris, Flammarion, 2007, p. 274). Pour profiter de leur présence, il faut être une colombe, comme des agneaux au milieu des loups » (Luc 10, 3). Il est nécessaire d'avoir une âme limpide, un cœur d'enfant, un esprit humble. Alors, c'est un coin de paradis qui revit, une oasis de grâce qui reverdit, une source d'éternité qui rejaillit. Nous avons besoin, le monde a besoin de saints. « Un secret. — Un secret à crier sur les toits : ces crises mondiales sont des crises de saints. — Dieu veut une poignée d’hommes « à lui » dans chaque activité humaine. — Après quoi… pax Christi in regno Christi : la paix du Christ dans le règne du Christ » (saint Josémaria, Chemin, n° 361). Qui ne le voit ? Mais qui est prêt à se convertir ? Qui veut écouter le Christ et le suivre ? « Aide-moi à crier : Jésus, des âmes !… des âmes d’apôtres ; elles sont pour toi, pour ta Gloire ! » (Ibid., n° 804).

(à suivre...)

dimanche 4 avril 2010

La sainteté attire (1)

La sainteté attire (1)

« Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers » (Luc 3, 4). Jean-Baptiste s'époumone à annoncer la venue du Messie, de celui dont il n'est pas digne « de défaire la courroie de ses sandales » (Luc 3, 16). Il lance un appel pressant à la conversion : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Matthieu 3, 2) et « déjà la cognée est à la racine des arbres » (Matthieu 3, 10).
« Prêcher dans le désert » est devenu une locution proverbiale. Pourtant des foules sont attirées par l'enseignement du Précurseur, rendu d'autant plus crédible qu'il mène une vie austère et sainte. Il « avait un vêtement en poil de chameau et une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait (lire la suite) de sauterelles et de miel sauvage » (Matthieu 3, 4). Les foules sont séduites, tant il est vrai que la sainteté attire. Encore plus dans le cas de Jésus : « Nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu » (Jean 6, 69), proclamera saint Pierre.
Les différentes catégories de gens demandent à Jean-Baptiste ce qu'ils doivent faire. Il donne une réponse ciblée : « Que celui qui a deux tuniques en donne une à qui n'en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même » (Luc 3, 11). Aux publicains il dit : « N'exigez rien au-delà de ce qui vous est fixé » (Luc 3, 13). Et à des militaires : « Ne molestez personne, ne dénoncez personne faussement et contentez-vous de votre solde » (Luc 3, 14). Combien de temps leurs résolutions ont-elles tenu ? Nous ne le savons pas. Ce que nous savons, en revanche, c'est que Jean-Baptiste ne buvait ni vin ni bière (Luc 1, 15). Il est critiqué de partout, par jalousie ou tout simplement parce que les hommes au cœur tordu, vicieux, ne supportent pas qu'on leur dise leurs quatre vérités et qu'on les presse de changer de comportement, d'abandonner leur vie molle, comme Hérode qui, en écoutant Jean-Baptiste « était plongé dans la perplexité », parce qu'il lui disait : « Il ne t'est pas permis d'avoir pour femme la femme de ton frère ». « Néanmoins il l'écoutait volontiers » (Marc 6,17.20).

(à suivre...)

samedi 3 avril 2010

Marie au début de la Passion (2)


Marie au début de la Passion (2)

À un moment donné du chemin de Croix, les regards de Jésus et de Marie se croisent : « Avec un amour immense, Marie regarde Jésus et Jésus regarde sa Mère ; leurs regards se croisent, et chaque cœur déverse sa propre douleur dans le cœur de l’autre. L’âme de Marie est plongée dans l’amertume, dans l’amertume de Jésus-Christ. (...) Dans l’obscure solitude de la Passion, Notre Dame offre à son Fils un baume de tendresse, d’union, de fidélité ; un oui à la volonté divine » (saint Josémaria, Chemin de Croix, quatrième station). Que pouvait-elle faire de plus ? Quelle autre consolation pouvait-elle apporter à Jésus que sa présence ?
(lire la suite)
« La clameur de la foule ne la fait pas reculer, et elle ne cesse d’accompagner le Rédempteur tandis que tous ceux du cortège, dans l’anonymat, montrent une lâche hardiesse pour maltraiter le Christ » (saint Josémaria, Sillon, n° 51). Elle s'affiche ouvertement comme étant la Mère de ce Galiléen que l'on conduit au gibet. Elle n'hésite pas à affronter le danger. Elle n'écoute que son Cœur, ce Cœur que des glaives de douleur sont en train de transpercer et de lacérer.
« Invoque-la avec force : “ Virgo fidelis ! ” — Vierge fidèle ! et supplie-la pour que nous, qui nous disons amis de Dieu, nous le soyons en vérité et à toute heure » (Ibid.). Oui, nous avons besoin de l'invoquer pour avoir la même force d'âme et confesser notre foi, notre condition de chrétien, dans un mode qui continue de vociférer contre Dieu et de vomir sa haine, avec une incroyable unanimité et une vigueur sans cesse accrue. Il ne faut pas nous laisser impressionner par ces cris, qui sont plus des cris de bêtes que d'hommes. Ne nous laissons pas abattre. Car il faut bien aller jusqu'à la Croix. Mais là, c'est la victoire inattendue, et pourtant espérée. « À présent il est clair, si clair pour moi que la “ sainte effronterie ” s’enracine très profondément dans l’Évangile ! Accomplis la volonté de Dieu…. et souviens-toi de Jésus diffamé, de Jésus couvert de crachats et souffleté, de Jésus traîné devant les tribunaux des pauvres hommes…, et de Jésus qui se tait ! — Une résolution : baisser la tête devant les outrages et, tout en comptant aussi avec les humiliations qui sans doute viendront, poursuivre la tâche divine que l’Amour Miséricordieux de Notre Seigneur a voulu nous confier » (Ibid., n° 35).
Poursuivons notre mission, chacun à notre place dans le monde, certains que Dieu ne perd pas de bataille et que, par conséquent, si nous restons sous sa bannière, nous serons aussi vainqueurs avec lui. Et nous pourrons dès à présent nous exclamer : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Marc 11, 9).

(fin)

vendredi 2 avril 2010

Marie au début de la Passion (1)

Marie au début de la Passion (1)

Des clameurs enthousiastes ont retenti quand Jésus est apparu au sommet du mont des Oliviers, en vue de la Cité Sainte. Les foules qui s’étaient portées en masse au devant de lui s’embrasent d’un seul coup. En un rien de temps, l’exaltation est à son comble. Le peuple se met à crier des acclamations messianiques : « Béni soit celui qui vient, le roi, au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » (Luc 19, 38), « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux » (Matthieu 21, 9), « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur et le roi d’Israël ! « (Jean 12, 13), « Béni soit le règne de notre Père David qui vient ! Hosanna au plus haut des cieux » (Marc 11, 10).
(lire la suite)
C’est un tintamarre indescriptible. Tout le monde s’époumone. Beaucoup auront perdu la voix le soir. Les apôtres, qui ont bien essayé de se retenir au début, ont vite fait de se laisser gagner par la fièvre ambiante. Ils n’en crient que de plus belle : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Marc 11, 9).
La ville est en ébullition. Habitants et pèlerins mêlés voient venir le jour de la restauration d’Israël dans son antique splendeur et de sa pleine indépendance (Luc 24, 21).
Cinq jours plus tard, changement de décor. Nous sommes dans Jérusalem cette fois. Une foule est rassemblée de nouveau. Elle est composée probablement des mêmes personnes, à peu de chose près, que la fois précédente. Mais il n’est plus question d’acclamer le Messie. La fièvre est retombée. Un autre engouement l’a balayée. Des cris retentissent, qui ne sont pas des manifestations de joie mais de haine. Quel renversement ! A la louange succède l’invective. Les apôtres ont vite déclaré forfait. Nul ne les voit. Ils se sont évanouis dans la nature. « Alors que s’est produite la débandade apostolique et que le peuple enragé crie à tue-tête sa haine de Jésus-Christ, Sainte Marie suit de près son Fils à travers les rues de Jérusalem » (saint Josémaria, Sillon, n° 51).
Mais n’est pas mentionnée lors de l’entrée triomphale de son Fils à Jérusalem. Elle était certainement présente, puisqu’elle accompagnait Jésus partout et, avec les saintes femmes, pourvoyait aux besoins du Maître et de ses disciples. Mais elle est restée à l’arrière-plan, fidèle à sa norme de conduite. Et elle priait. Elle priait comme toujours. Elle priait sachant à quoi s'en tenir de cette ferveuer populaire. Elle priait, car ell savait que pour son Fils « l'heure était venu de passer de ce monde au Père » (Jean 13, 1), que c'était l'heure du prince des ténèbres et que le Fils de l'homme s'en allait conformément à ce qui était écrit.
Alors elle fait ce qu'elle peut pour atténuer les souffrances de son Fils. C'est bien peu de chose. Mais elle y met toute son affection. Tout ce qui est en son pouvoir, elle le fait. C'est ainsi qu'elle suit son Fils sur la Via Dolorosa.

(à suivre...)

jeudi 1 avril 2010

Le 1er avril

Le 1er avril

Le premier jour d'avril, que les Flamands appellent « verzendekens-dag, » est consacré en Belgique, comme dans le reste de l'Europe romane et teutonique, à des mystifications que l'on nomme poissons d'avril ou « aprilvisschen. »

On fait accroire à quelqu'un une fausse nouvelle, on l'engage à faire quelque démarche inutile, pour avoir lieu de se moquer de lui. Les enfants et les domestiques surtout sont exposés à ces plaisanteries. On leur donne des commissions impossibles, on les envoie n'importe où pour acheter de l'huile de cailloux, (lire la suite) du sable filé, du baume de fer, etc. ; on leur attache furtivement sur le dos des écriteaux, des queues ou des figures de papier, ou bien on les rend ridicules en leur barbouillant le visage à leur insu de taches blanches ou noires.

Un proverbe flamand dit : « Op den eersten april zendt men de Zotten waer men wil, » le premier avril on envoie les sots où l'on veut.

Quelle est l'origine de cette coutume? Il existe à ce sujet une grande diversité d'opinions. Les uns pensent que cet usage bizarre remonte à un prince de Lorraine que Louis XIII faisait garder à vue dans le château de Nancy. Ce prince trouva moyen d'échapper à la vigilance de ses gardes, et se sauva, le premier jour d'avril, en traversant la Meurthe à la nage; ce qui fit dire aux Lorrains : « C'était un poisson qu'on avait donné à garder aux Français.»

Gilbert Cousin fait observer que de son temps on appelait eu France poisson d'avril celui qui faisait le métier infâme de débaucher les jeunes filles, parce que le poisson dont il porte le nom chez le bas peuple (le maquereau), est excellent à manger dans ce mois-là.

D'autres prétendent que le poisson d'avril est une commémoration des courses dérisoires que les Juifs firent faire à Jésus-Christ, de Pilate à Hérode, et d'Hérode à Pilate.

Fleury de Bellingen, dans l'explication qu'il donne de cette locution, a émis la même opinion en y ajoutant qu'au lieu de poisson on disait primitivement « passion, » parce que la passion du Sauveur a commencé vers cette époque.

D'autres enfin présument, que la fraie des poissons commençant vers les derniers jours du mois de mars, la pêche était autrefois interdite à cette époque, et que par suite tous ceux qu'on envoyait le premier avril au marché aux poissons devaient revenir sans avoir fait leur commission.

Dans le pays wallon on mettait autrefois, le premier jour d'avril, du sel aux quatre coins des herbages ou pâturages, afin de préserver / les bestiaux des maléfices.