ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

dimanche 30 novembre 2014

Année de la vie consacrée

Année de la vie consacrée

Le pape François inaugure aujourd'hui l'Année de la vie consacrée, qui s'achèvera par un synode sur le sujet. Je rappelle la parution récente du Vade mecum de la vie consacrée, qui pourra être utile dans ce contexte. « Cet instrument de travail et de consultation devrait rendre le droit plus proche des fidèles concernés. On peut émettre le souhait qu’il contribue à démonter les affects anti juridiques ou anti institutionnels qui constituent encore un obstacle à l’épanouissement et à la croissance des communautés. La vie consacrée est une vie donnée au Seigneur, un signe du Royaume à venir déjà présent dans notre monde. Elle doit resplendir par la netteté de sa profession des conseils évangéliques et de sa participation à la mission de l’Église. La norme canonique, qui a pour suprême critère le salut des âmes, est le garant du respect des droits de chacun et du respect du charisme propre à chaque institut de vie consacrée » (Mgr Roland Minnerath, archevêque de Dijon, Président du Conseil pour les questions canoniques de la Conférence des évêques de France). Ce Vade mecum, rédigé sous forme de questions-réponses est conçu avant tout à l’intention des religieuses, afin de mettre à leur disposition sous une forme pratique l’ensemble des dispositions gouvernant la vie consacrée, qu’il s’agisse des canons du Code de droit canonique de 1983 ou des documents publiés depuis par la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. Mgr Dominique Le Tourneau Vade mecum de la vie consacrée Traditions Monastiques, septembre 2014 www.traditions-monastiques.com 35 euros

vendredi 28 novembre 2014

Le progrès véritable

Le progrès véritable

Un agnostique des plus connus me demandait naguère si je pensais que l’humanité progressait, régressait ou ne changeait pas. Tranquillement certain que son énoncé couvrait toutes les possibilités, il ne voyait pas qu’il parlait en termes abstraits, en homme de système insoucieux de l’histoire. Je lui demandai à mon tour, s’il pensait que M. Smith progressait, régressait ou ne changeait pas entre sa trentième et sa quarantième année. Il parut alors frappé par cette idée lumineuse que cela dépendait principalement de M. Smith et de ce qu’il décisait. Jusqu’à ce moment précis, mon interlocuteur ne s’était pas avisé que l’humanité avait un pouvoir de décision, que sa course n’était pas une trajectoire rectiligne, ascendante ou descendante, mais ressemblait plutôt à celle d’un homme qui se promène dans une vallée, s’arrête, repart, entre dans une église ou tombe ivre mort dans un fossé. La vie de l’homme est une histoire pleine d’aventures. Et la même chose est vraie, dit notre vision, de l’histoire de Dieu. G. K. Chesterton, L’Homme éternel, Bouère, DDM, 3e éd., 1999, p. 263-264, chap. « La clé de la prison ».

mercredi 26 novembre 2014

Les bienfaits de la patience

Les bienfaits de la patience

La patience, c’est ce qui nous procure la vertu et nous garde pour Dieu. La patience tempère la colère, freine la langue, redresse la pensée, garde la paix, règle les normes de vie, rompt l’élan de la concupiscnece, réprime la violence de l’orgueil, éteint le feu de la haine. […] Elle nous rend humbles dans la prospérité, forts dans l’adversité et doux dans les mensonges et les outrages. Elle enseigne à pardonner immédiatement à ceux qui font le mal ; et elle porte ceux qui ont péché à prier beaucoup et longtemps. La patience vainc les tentations, accueille les tribulations et supporte jusqu’au bout les souffrances et le martyre. C’est elle qui donne un fondement des plus sûrs à notre foi, elle qui porte notre espérance à ses sommets. C’est elle qui dirige nos actes pour que nous puissions nous maintenir sur le chemin du Christ, tandis que nous avançons avec son aide ; c’est elle, enfin, qui nous fait persévérer comme enfants de Dieu. Saint Cyprien, De bono patientiæ 20.

lundi 24 novembre 2014

Primauté de Rome

Primauté de Rome

Je ne reconnais, moi, l’importance centrale de la chaire de Rome que dans le sens où elle était reconnue par saint Maxime le Confesseur et par saint Théodore Studite. Voici ce que dit saint Maxime le Confesseur : jusqu’aux confins de l’univers et partout sur la terre, tous ceux qui confessent notre Seigneur impeccablement et en termes orthodoxes, lèvent les yeux sur la très sainte Église des Romains, la contemplant comme un soleil de lumière éternelle, contemplant a confession et sa foi, recevant d’elle la lumière brillante et éclatante des dogmes sacrés hérités des Pères. […] Car, dès le début même, depuis qu’est descendu vers nous le Verbe de Dieu Incarné, toutes les Église chrétiennes, partout, ont accepté et tiennent / cette Église romaine ; la plus grande parmi les Églises, comme une forteresse unique, solide et ferme, comme le fondement qui, selon la promesse du Sauveur, ne sera jamais ébranlé par les portes de l’Enfer, comme possédant les clefs de la foi orthodoxe en lui et de sa Confession. Soloviev, La grande controverse, 1883, trad. française Paris, 1953, p. 79, cité dans Maxime le Confesseur. La charité avenir du divin de l’homme par Juan Miguel Garrigues, préface de M.-J. Le Guillou, Paris, Beauchesne, 1976, p. 18-19.

samedi 22 novembre 2014

Islam : son succès

Islam : son Succès

Le byzantinisme, qui a été en principe hostile au progrès chrétien, qui a voulu réduire toute la religion à un fait accompli, à une formule dogmatique, et à une cérémonie liturgique, cet anti-christianisme caché sous un masque orthodoxe a dû succomber dans son impuissance morale devant l’anti-christianisme franc et honnête de l’islam. Il est curieux de constater que la nouvelle religion avec son dogme fataliste, est apparue juste au moment où l’empereur Héraclius inventait l’héréise monothélite, c’est-à-dire la négation masquée de la liberté et de l’énergie humaines. On voulait par cet arifice consolider la religion officielle, ramener à l’unité l’Égypte et l’Asie. Mais l’Égypte et l’Asie préférèrent l’affirmation arabe à l’expédient byzantin. Si l’on ne tenait pas compte du long travail anti-chrétien du Bas-Empire, il n’y aurait rien de plus surprenant que la facilité de la conquête musulmane. Cinq années suffirent pour réduire à une existence archéologique trois grands patriarcats de l’Église orientale. Il n’y avait pas de conversions à faire, il n’y avait qu’un vieux voile à déchirer. Soloviev, La Russie et l’Église universelle, 1889, trad. française, Paris, 5e éd., 1922, p. L, cité dans Maxime le Confesseur. La charité avenir du divin de l’homme par Juan Miguel Garrigues, préface de M.-J. Le Guillou, Paris, Beauchesne, 1976, p. 16.

jeudi 20 novembre 2014

Histoire et Evangile

Histoire et Evangile

La pratique de l’histoire m’a aidée à mieux comprendre l’Église, et donc à mieux comprendre comment la foi est à l’œuvre dans le monde ; inversement, les exigences de vérité qu’il y a dans l’Évangile m’ont guidée et encouragée dans ma pratique d’historienne. Un de nos professeurs aux Chartes, Léon Levillain, nous donnait l’Évangile comme exemplaire du point de vue de l’historien. Quatre témoins dont deux sont des témoins oculaires, rapportent les mêmes faits et gestes, avec des petites divergences de l’un à l’autre. Ces divergences, qui témoignent de la personnalité différente de chacun d’eux – Matthieu, un Juif très pénétré des traditions bibliques, Luc, cultivé, qui présente les faits avec un certain raffinement, Marc plus simple, un peu abrupt dans ses exposés, tandis que Jean déclare dès le début son intention de compléter les récits des autres – prouvent qu’il ne peut s’agir d’un texte simplement répété ou recopié de l’un à l’autre, et que nous nous trouvons bien en présence de quatre sources authentiques L’Évangile, loin de s’opposer à la recherche de la vérité, en fait une condition de la foi. Pour l’historien chrétien, faire intervenir abusivement ses convictions religieuses, en dissimulant ou en déformant les faits lorsqu’ils gênent, ce serait non seulement un manquement à l’objectivité, mais aussi un manque de foi. […] // Si j’étais disposée dès l’enfance à accepter les vérités de la foi, je crois en revanche que j’aurais résolument rejeté l’Église, une fois arrivée à l’âge adulte, si je n’avais pas fait l’École des chartes. C’est au contact avec l’Église des temps médiévaux – celle qui a interdit de tuer les petites filles à la naissance, fait disparaître l’esclavage, créé les hôpitaux et le droit d’asile – qui m’a conduite à l’accepter malgré ses graves fautes ultérieures et l’indignité de beaucoup de ses membres. L’Église loui-quatorzième avec sa hiérarchie et les ors de la chapelle de Versailles ne doit pas faire oublier la vraie société des baptisés, vivante et chaleureuse, qu’elle était au temps des églises romanes. On si très bien dans les documents comment l’évolution s’est faite, de Charles VII au fatal concordat de 1516, qui a livré l’Église au pouvoir temporel. R. Pernoud, Villa Paradis, Paris, Stock, 1992, p. 275-276.

mardi 18 novembre 2014

Evangile et Histoire

Evangile et Histoire

La pratique de l’histoire m’a aidée à mieux comprendre l’Église, et donc à mieux comprendre comment la foi est à l’œuvre dans le monde ; inversement, les exigences de vérité qu’il y a dans l’Évangile m’ont guidée et encouragée dans ma pratique d’historienne. Un de nos professeurs aux Chartes, Léon Levillain, nous donnait l’Évangile comme exemplaire du point de vue de l’historien. Quatre témoins dont deux sont des témoins oculaires, rapportent les mêmes faits et gestes, avec des petites divergences de l’un à l’autre. Ces divergences, qui témoignent de la personnalité différente de chacun d’eux (lire la suite) – Matthieu, un Juif très pénétré des traditions bibliques, Luc, cultivé, qui présente les faits avec un certain raffinement, Marc plus simple, un peu abrupt dans ses exposés, tandis que Jean déclare dès le début son intention de compléter les récits des autres – prouvent qu’il ne peut s’agir d’un texte simplement répété ou recopié de l’un à l’autre, et que nous nous trouvons bien en présence de quatre sources authentiques / L’Évangile, loin de s’opposer à la recherche de la vérité, en fait une condition de la foi. Pour l’historien chrétien, faire intervenir abusivement ses convictions religieuses, en dissimulant ou en déformant les faits lorsqu’ils gênent, ce serait non seulement un manquement à l’objectivité, mais aussi un manque de foi. […] // Si j’étais disposée dès l’enfance à accepter les vérités de la foi, je crois en revanche que j’aurais résolument rejeté l’Église, une fois arrivée à l’âge adulte, si je n’avais pas fait l’École des chartes. C’est au contact avec l’Église des temps médiévaux – celle qui a interdit de tuer les petites filles à la naissance, fait disparaître l’esclavage, créé les hôpitaux et le droit d’asile – qui m’a conduite à l’accepter malgré ses graves fautes ultérieures et l’indignité de beaucoup de ses membres. L’Église loui-quatorzième avec sa hiérarchie et els ors de la chapelle de Versailles ne doit pas faire oublier la vraie société des baptisés, vivante et chaleureuse, qu’elle était au temps des églises romanes. On si très bien dans les documents comment l’évolution s’est faite, de Charles VII au fatal concordat de 1516, qui a livré l’Église au pouvoir temporel (R. Pernoud, Villa Paradis, Paris, Stock, 1992, p. 275-276).

Respect du dimanche

Respect du dimanche

Dans le respect de la liberté religieuse et du bien commun de tous, les chrétiens ont à faire reconnaître les dimanches et jours de fête de l’Église comme des jours fériés légaux. Ils ont à donner à tous un exemple public de prière, de respect et de joie et à défendre leurs traditions comme une contribution précieuse à la vie spirituelle de la société humaine. Si la législation du pays ou d’autres raisons obligent à travailler le dimanche, que ce jour soit néanmoins vécu comme le jour de notre délivrance qui nous fait participer à cette « réunion de fête », à cette « assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux » (Hébreux 12, 22-23). Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2188.

dimanche 16 novembre 2014

Unité de vie (4)

Unité de vie (4)

« Vous devez maintenant comprendre — avec une clarté nouvelle — que Dieu vous appelle à le servir dans et à partir des tâches civiles, matérielles, séculières de la vie humaine : c’est dans un laboratoire, dans la salle d’opération d’un hôpital, à la caserne, dans une chaire d’université, à l’usine, à l’atelier, aux champs, dans le foyer familial et au sein de l’immense panorama du travail, c’est là que Dieu nous attend chaque jour. Sachez-le bien : il y a quelque chose de saint, de divin, qui se cache dans les situations les plus ordinaires et c’est à chacun d’entre vous qu’il appartient de le découvrir » (Entretiens, n° 114). Ce « quelque chose de divin », il nous appartient de le développer, de le faire fructifier pour la gloire de Dieu, ad majorem Dei gloriam, en travaillant, non pour des motifs humains, mais premièrement et fondamentalement par amour. (lire la suite) Car, pensons-y bien l’unité de vie, c’est la mise en pratique du grand commandement de l’amour, par lequel Dieu nous demande légitimement de l’aimer, non pas à la petite semaine ou partiellement, mais de l’aimer de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces et de tout notre esprit (cf. Luc 10, 27). Tout, absolument tout dans notre vie doit ainsi être marqué par l’amour, motivé par l’amour, imprégné d’amour, suinter l’amour et, par suite, être source d’amour. C’est effectivement en aimant Dieu pour de bon, sans restriction, que nous pouvons aimer notre prochain comme nous-mêmes, ce qui est la suite du commandement suprême : tu aimeras « ton prochain comme toi-même » (Luc 10, 27). Car celui qui prétend aimer Dieu, qu’il ne voit pas, alors qu’il n’aime pas son prochain, qu’il côtoie, celui-là est un menteur (cf. 1 Jean 4, 20). Seigneur, je veux être trouvé véridique devant toi. Je veux te servir et t’aimer par touts les pores de ma peau spirituelle, de mon organisme surnaturel. Enseigne-moi à ne pas penser à moi, car chaque fois que je pense à moi je brise, ou du moins je fragilise, cette belle harmonie de la prière, du travail et de l’apostolat. Donne-moi, Seigneur, l’amour avec lequel tu veux que je t’aime, lui demandait saint Josémaria dans sa prière. Donne-moi cet amour, sans restriction, pour que j’arrive une bonne fois pour toutes à t’aimer de tout mon cœur, de toute mon âme, de tout mon esprit et de toutes mes forces. Que je ne cherche pas à me faire remarquer des autres et que je m’efface devant toi une fois que j’ai fait ce que j’avais à faire. Il faut que tu grandisses, toi, et que moi, je disparaisse, comme saint Jean-Baptiste l’a fait (cf. Jean 3, 30). Ce que le fondateur de l’Opus Dei traduira par cette maxime : « Agir et disparaître, afin que Jésus seul brille. » Cela aussi est de la belle et bonne unité de vie : tout pour Dieu, Deo omnis gloria ! (fin)

vendredi 14 novembre 2014

Unité de vie (3)

Unité de vie (3)

C’est le propre des saints, qui vivent si près de Dieu qu’ils se sentent constamment attirés par lui, qui sentent intensément sa présence, et qui peuvent ainsi se réjouir de leurs faiblesses : « Je préfère donc bien volontiers me glorifier de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. C'est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les opprobres, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses, pour le Christ ; car lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort » (2 Corinthiens 9-10). Les saints savent remercier Dieu même quand ils sont humiliés, traînés dans la boue ou quand ils manquent de tout, y compris du nécessaire pour vivre, ce qu’exprime bien cet autre point de Chemin : « Habitue-toi à élever ton cœur vers Dieu en action de grâces, et souvent dans la journée. — Parce qu’il te donne ceci ou cela. — Parce qu’on t’a humilié. — Parce que tu ne possèdes pas ce dont tu as besoin, ou parce que tu le possèdes. Parce que sa Mère, (lire la suite) qui est aussi ta Mère, il l’a voulue si belle. — Parce qu’il a créé le soleil et la lune, et cet animal et cette plante. — Parce qu’il a donné à celui-ci d’être éloquent et à toi de bredouiller… Remercie-le de tout, parce que tout est bon » (Chemin, n° 268). Mais le fait de dire que les saints y sont parvenus ne doit pas nous faire douter d’y arriver, nous aussi, parce que nous sommes tous appelés à la sainteté dans notre vie ordinaire. Et que si nous ne découvrons pas Dieu dans cette vie ordinaire, dans les tâches multiples, bien souvent menues, qui la composent, nous ne le trouverons jamais. C’est ce que saint Josémaria proclamait dans son homélie emblématique du campus de l’Université de Navarre. Écoutons ses propres termes : « Il n’y a pas d’autre chemin, mes enfants : ou nous savons trouver le Seigneur dans notre vie ordinaire, ou nous ne le trouverons jamais. Voilà pourquoi je puis vous dire que notre époque a besoin qu’on restitue, à la matière et aux situations qui semblent les plus banales, leur sens noble et originel, qu’on les mette au service du Royaume de Dieu, qu’on les spiritualise, en en faisant le moyen et l’occasion de notre rencontre continuelle avec Jésus-Christ » (Entretiens, n° 114). Nous trouvons bien là une invitation à l’unité de vie. À nous centrer en Dieu à tout moment, en toute circonstance. À découvrir la main de Dieu en tout, comme Dieu lui-même s’est, là encore, chargé de le faire comprendre à saint Josémaria, par une motion divine dans les années 70 : « Recevez tout comme venant des mains de notre Seigneur Jésus-Christ. » Une invitation à vois dans les autres des âmes pour lesquelles le Christ a versé son Sang, comme pour nous, des âmes que nous devons donc aimer, pour qui nous désirons le vrai bien – c’est-à-dire leur salut éternel – et que nous cherchons donc à approcher de lui. (à suivre…)

mercredi 12 novembre 2014

Unité de vie (2)

Unité de vie (2)

Nous connaissons cette autre interrogation, que nous lisons dans un point de Chemin : « As-tu pris la peine de penser à quel point il est absurde de dépouiller sa qualité de catholique, en entrant à l’université ou dans un groupement professionnel, à l’académie ou au parlement, comme on laisse un pardessus au vestiaire ? » (n° 353). N’est-ce pas ce qu’il nous arrive parfois de faire ? Nous n’osons pas affirmer franchement notre foi, nos convictions, dans notre milieu professionnel ou lors d’une invitation chez des amis, de peur de choquer, d’être mal compris, disons-nous, alors qu’en réalité c’est surtout pour nous éviter des complications. Or, saint Josémaria nous dit également ceci : « ‘Ma vie se heurtant à un milieu paganisé ou païen, mon naturel ne va-t-il pas sembler factice ?’ me demandes-tu. — Je te réponds : il y aura choc, sans doute, entre ta vie et ce milieu ; et ce contraste, où ta foi se confirmera par les œuvres, est précisément le naturel que je te demande (Chemin, n° 380). (lire la suite) Si nous ne parlons pas de Dieu, ne serait-ce que par l’exemple – mais l’exemple ne suffit pas à lui seul – qui d’autre le fera ? Seigneur, fais-moi comprendre que je ne suis pas là où je me trouve par hasard. C’est toi qui m’y a envoyé : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais c'est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, pour que vous alliez et que vous portiez du fruit, que votre fruit demeure » (Jean 15, 16). Pour que je porte du fruit. Tu comptes donc sur moi, Seigneur, pour que ton Église s’enracine davantage dans mon milieu professionnel, social, familial ; pour que la vérité gagne du terrain. Et moi, à quoi est-ce que je pense habituellement ? Il ne s’agit certes pas de changer d’activité ou de lieu. Non. Chacun de nous doit rester à cette place où Dieu l’a mis : « Que chacun demeure dans l’état même où l’appel divin l’a trouvé » (1 Corinthiens 7, 20). Il doit continuer d’y faire ce qu’il fait, mais en y mettant plus souvent une intention surnaturelle, en l’offrant à Dieu pour des intentions concrètes. Parmi celles-ci figurent tel collègue qui ne veut apparemment rien savoir de la religion, qui élude toute conversation sérieuse, qui ne se livre pas, mais… Et tel autre collègue qui mène une vie dissolue, mais… Et un troisième qui… De la sorte, notre travail professionnel et toutes nos activités se transforment en prière et en apostolat. C’est cela l’unité de vie. Tel a été l’enseignement constant de saint Josémaria, conduit très tôt sur cette voie par le Saint-Esprit, enseignement relayé par le bienheureux Álvaro. Écoutons le fondateur de l’Opus Dei : « Notre vie consiste à travailler et à prier, et inversement, à prier et à travailler. Car le moment arrive où l’on ne sait plus distinguer ces deux concepts, des deux mots, contemplation et action, qui finissent par signifier la même chose dans l’esprit et dans la conscience. » (à suivre…)

lundi 10 novembre 2014

Unité de vie (1)

Unité de vie (1)

« Alors Jésus parla aux foules et à ses disciples, disant : Les scribes et les Pharisiens se sont assis sur la chaire de Moïse. Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent; mais n'imitez pas leurs actions, car ils disent et ne font pas. […] Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes, car ils élargissent leurs phylactères et allongent leurs houppes » (Matthieu 23, 1-3.5). Combien de gens agissent ainsi ! Être remarqué par les autres, admiré des autres devient le critère de « moralité » des actes. Ce n’est plus la bonté objective qui compte, mais la notoriété, l’approbation de la foule. Ce qui implique que l’on ne se comporte pas de la même façon en privé, en l’absence de public. Comment qualifier quelqu’un de cet acabit ? C’est un pantin désarticulé. Il se situe aux antipodes de ce que doit être une vie chrétienne. Celle-ci, en effet, doit être marquée par l’unité de vie, pour reprendre une expression forgée par saint Josémaria. (lire la suite) Il entend par là que toutes les facettes de notre existence, à commencer par sa dimension spirituelle, bien sûr, mais aussi la vie familiale, le travail, la vie de relations sociales et donc l’apostolat, les loisirs, les différents engagements sans la société, tout cela doit être vécu avec Dieu, en Dieu, et orienté vers lui. Tout doit s’alimenter de la grâce afin de devenir une source de sanctification personnelle et d’autrui, et d’être lui-même sanctifié, c’est-à-dire ramené à Dieu, conformément au précepte de l’Apôtre de instaurare omnia in Christo, tout rassembler dans le Christ, restaurer toutes choses dans le Christ, rechristianiser toutes les réalités de la terre (Éphésiens 1, 10). À l’inverse des pharisiens contre lesquels le Christ vitupère et auxquels il reproche leur hypocrisie, les autres doivent pourvoir nous imiter, reproduire ce qu’ils nous voient faire et, voyant nos bonnes œuvres, rendre gloire à Dieu (cf. Matthieu 5, 16). Saint Augustin pose la question suivante : « Qui donc pourra rendre gloire à Dieu tout le jour durant ? Si tu veux, je vais t’indiquer la solution. Fais bien tout ce que tu fais, et tu auras rendu gloire à Dieu. Lorsque tu chantes une hymne, tu rends gloire à Dieu. En effet, que font ta langue et ta conscience si ce n’est rendre gloire à Dieu ? Cesses-tu de chanter des hymnes pour te reposer ? Ne t’enivres pas et tu auras rendu gloire à Dieu. Fais-tu des affaires avec quelqu’un ? Ne commets pas d’escroquerie, et tu auras rendu gloire à Dieu. Travailles-tu aux champs ? Évite les querelles, et tu auras rendu gloire à Dieu. Prépare-toi à rendre gloire à Dieu pendant toute la journée par la bonté de tes œuvres (st Augustin, Enarrationes in Psalmos 34, 2, 16). Qu’en est-il ? (à suivre…)

samedi 8 novembre 2014

Euthanasie

Euthanasie

L’idée même qu’un être humain puisse perdre sa valeur parce qu’il serait faible, malade ou vieux et, par là-même, dans une situation de perte d’autonomie, me paraît à vrai dire intolérable sur le plan éthique, à la limite des plus funestes doctrines des années trente. […] Que l’on s’oppose à l’acharnement thérapeutique me semble au plus haut point justifié. Reste qu’entre un prétendu geste humanitaire consistant à tuer, fût-ce par charité et un autre visant à entourer d’amour, on me permettra de choisir toujours le second. Affaire de morale, en effet. Luc Ferry, Le Figaro, 26 novembre 2009.

jeudi 6 novembre 2014

Judas (4)

Judas (4)

La trahison de Judas a commencé par un petit manquement à la pauvreté. Il s’est permis un jour de prendre pour lui quelques piécettes de la bourse. Oh ! Ce n’était pas grand chose. Ce n’est jamais grand-chose au départ. C’était sans importance. Cela semblait ne rien remettre en cause. Si justement. Cela remettait en cause la fidélité, qui doit être sans faille, car c’était commencer à trahir la fidélité à son Seigneur et à ses compagnons. Cette fidélité n’était en apparence pas entamée dans l’immédiat. Mais l’amour de l’argent allait insensiblement grignoter du terrain et remplacer l’amour de Dieu au point que Judas soit capable de franchir le pas et d’aller livrer, d’aller vendre son Maître pour une poignée de pièces de monnaie, pour « trente pièces d’argent » (Matthieu 26, 15). (lire la suite) Un marché dont il est le dupe, car ce n’est pas cela qui va lui permettre de mener une vie indépendante de Jésus. C’est dire à quel aveuglement l’on peut parvenir quand l’on ne sait pas rectifier, quand l’on ne demande pas pardon et que l’on ne prend pas la ferme résolution de lutter, de ne plus recommencer à faire le mal. Cela a commencé par une peccadille et tout a fini par la honte de la trahison, suivie de la pendaison de l’ex-apôtre, « devenu enflé, il a crevé par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues » (Actes 1, 18) ; et peut-être sa damnation éternelle, quoi que nous puissions compter sur la miséricorde divine. Judas n’est pas foncièrement pervers. Il n’a pas résisté à l’attrait des biens de ce monde… Mais il a aussi manqué d’espérance. Son comportement nous montre bien comme cette vertu est belle et importante ! Car Judas a reconnu la sainteté du Christ : « J’ai péché, dit-il, en livrant un sang innocent » (Matthieu 27, 4). Il s’est repenti du crime qu’il avait commis en le livrant lamentablement aux grands prêtres et aux Anciens du peuple. Il a pris l’argent de sa trahison, qui lui brûlait les mains et il « le jeta dans le sanctuaire » (Matthieu 25, 5). Mais il a manqué d’espérance et, pris de remords, il « se retira et alla se pendre » (Matthieu 25, 5). S’il avait eu un tant soit peu d’espérance, il aurait pu reprendre sa place parmi les Douze et devenir un grand apôtre, comme les autres. De toute façon, nous ne savons pas ce qui s’est passé entre Dieu et lui au dernier moment. En tout cas, nous comprenons que les grands saints aient insisté sur la nécessité de bien vivre la vertu de pauvreté, de savoir être détaché des biens matériels. Et le plus sera le mieux. (fin)

mardi 4 novembre 2014

Judas (3)

Judas (3)

La vie qui est si belle et joyeuse avec notre Seigneur, comme il est facile d’en faire l’expérience, devient de plus en plus aigrie et intolérable pour lui. Là où les autres respirent un air frais, sans cesse renouvelé, parce que Jésus ne parle pas comme les scribes et les pharisiens (cf. Marc 1, 22), mais avec une autorité naturelle (cf. Marc 1, 32), qui attire, qui enthousiasme, lui, il étouffe comme dans un carcan, dont il finit pas décider de se libérer, mais de mauvaise manière. L’exemple de Judas est là pour nous montrer jusqu’où peut aller l’appât du gain, (lire la suite) même modeste, le fait de ne pas savoir vivre la pauvreté. Judas détient la bourse commune, et s’y sert selon ses besoins, c’est-à-dire selon les nécessités qu’il se crée, et qui ne cessent d’augmenter, comme de bien entendu. Il agit en cachette, à l’insu des autres, qui sont à cent lieues d’imaginer son comportement ignoble. Eux qui sont si prompts à discuter et à se disputer pour des broutilles (cf. Luc 9, 46-47), ils auraient là un vrai motif pour s’enflammer et donner libre cours à leur colère. Mais, en dehors de Jésus, qui n’est pas dupe et a repéré dès le premier instant les manipulations frauduleuses de Judas, nul ne s’en rend compte. Qu’il n’y ait pas grand-chose dans la bourse ne surprend pas les autres, parce qu’elle reste rarement pleine longtemps. Autant dire même jamais. Jésus est prodigue en libéralités, et le groupe des apôtres et des disciples se contente d’une vie frugale. Mais Judas, lui, a des besoins particuliers à satisfaire. Il agit à la dérobée. Il ne s’empare pas de grosses sommes à la fois. Non. Il procède par petites touches. Puisqu’il n’est pas repéré, il s’enhardit, et la fréquence de ses menus larcins s’accélère. De fil en aiguille, cela doit faire un beau magot, qu’il dépense pour satisfaire ses caprices. Il est étrangement habile pour tout dissimuler et ne rien laisser paraître. Il n’y pas chez lui l’ombre de « signes extérieurs de richesse », comme on dit. Tout semble normal dans son attitude. Il sait les éviter soigneusement. Et ainsi, progressivement, son esprit ne se sépare plus de cette bourse qui pend à sa ceinture et qu’il caresse furtivement à longueur de journée, soupesant ce qu’il pourra en retirer. Il ne cesse d’y penser, Judas, il la tâte avec volupté, avec convoitise. Son cœur s’y attache de plus en plus. Et quand le Seigneur a enseigné que nul ne peut servir deux maîtres à la fois, « car où il aimera l’un et haïra l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre » (Luc 16, 13), il a vite fait d’étouffer la voix de sa conscience et d’éteindre tout remords quant à sa conduite. Il a déjà choisi son maître, à vrai dire, même s’il continue de cheminer avec Jésus et les onze autres. Mais son cœur, sa tête sont ailleurs. Il trépigne de rage quand il voit Marie briser un vase de parfum d’un grand prix pour en oindre la tête et les pieds du Seigneur chez Simon le Lépreux. Il a vite fait d’en évaluer le prix : « Trois cents deniers que l’on aurait pu donner aux pauvres » (Jean 12, 5), et sur lesquels j’aurai pu prélever ma dîme. Quelle imbécile ! C’aurait été une belle affaire. Il ne disait pas cela par souci des pauvres, dont il n’avait cure, « mais parce qu’il était voleur, et qu’ayant la bourse, il dérobait ce qu’on y mettait » (Jean 12, 6). (à suivre…)

dimanche 2 novembre 2014

Le souvenir des défunts nous faire porter notre regard vers ceux qui se purifient encore, pour être dignes de rencontrer Dieu face à face. Ainsi, la solennité de la Toussaint et le souvenir des fidèles défunts forment comme un unique appel à la prière : une prière de gloire et de louange, un Te Deum céleste, une prière d’imploration pour ceux qui attendent que nous nous souvenions d’eux devant Dieu. […] // Demandons pour eux la lumière éternelle et le repos en Dieu : « Bon Jésus et notre Seigneur, donne-leur le repos éternel. Que resplendisse pour eux la lumière éternelle, là où se trouvent tous les saints. » […] // « Rappelle-toi, ô Seigneur, de libérer ton Église de tout mal et de la rendre parfaite dans ton amour. Recueille aux quatre vents l’Église que tu as sanctifiée, pour la rassembler dans le royaume que tu lui as préparé » (Didaché). […] // Les chants du « jour des morts » me reviennent à l’esprit, ils me reviendront sur les lèvres, aujourd’hui et demain, et pendant tout le mois de novembre : « Jésus, toi qui agonises au jardin de Gethsémani, dont la sueur s’est transformée en sang, les âmes du purgatoire se languissent, elles aspirent à ta fraîcheur, ô Jésus ! » Et aussi : « Salut, Reine du ciel, Mère de miséricorde. Salut, notre espérance dans le découragement et la douleur […]. Ô Jésus, fais en sorte que nous puissions te voir après la mort. Ô Marie, obtenez pour nous ce que nous désirons ». Jean-Paul II, Méditation, 1er novembre 1995

samedi 1 novembre 2014

Toussaint

Toussaint

Tous les saints, tous les anges sont à nous. Nous pouvons nous servir de l’intelligence de saint Thomas, du bras de saint Michel et du cœur de Jeanne d’Arc et de Catherine de Sienne et de toutes ces ressources latentes que nous n’avons qu’à toucher pour qu’elles entrent en ébullition. Tout ce qui se fait de bien, de grand et de beau d’un bout à l’autre de la terre, tout ce qui fait de la sainteté comme un médecin dit d’un malade qu’il fait de la fièvre, c’est comme si c’était notre œuvre. L’héroïsme des missionnaires, l’inspiration des docteurs, la générosité des martyrs, le génie des artistes, la prière enflammée des clarisses et des carmélites, c’est comme si c’était nous, c’est nous ! P. Claudel interroge le Cantique des cantiques.