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lundi 30 juin 2008

1750e anniversaire


1750e anniversaire


La paroisse Saint-Laurent de Montoire-sur-le-Loir, dans le Loir-et-Cher, fête cette année le 1750e anniversaire du martyr de son saint patron, et vit un jubilé dans cet esprit. On connaît la sagacité du saint, diacre romain d'origine espagnole, qui, selon la tradition rapportée par saint Ambroise, sommé de livrer les richesses de l'Église, avait présenté des pauvres infirmes. Cela lui avait valu d'être rôti sur le gril... mais aussi d'entrer aussitôt dans la gloire céleste.

(la photo de l'église Saint-Laurent de Montoire-sur-le-Loir est prise de la notice de Wikipedia sur cette commune)

dimanche 29 juin 2008

Saint Pierre et saint Paul

Saint Pierre et saint Paul

L'Église a honoré hier les saints Pierre et Paul. Le pape Benoît XVI rappelle que ce sont les « apôtres du Christ, piliers et fondements de la cité de Dieu », comme le chante la liturgie de ce jour. Leur martyre est considéré comme le véritable acte de naissance de l'Église de Rome. Les deux Apôtres rendirent leur témoignage suprême à peu de distance de temps et de lieu l'un de l'autre : ici, à Rome, saint Pierre fut crucifié et, par la suite, saint Paul fut décapité. Leur sang se mêla ainsi comme dans un unique témoignage au Christ, qui poussa saint Irénée, évêque de Lyon, vers la moitié du II siècle, à parler de l'« Église fondée et constituée à Rome par deux très glorieux apôtres Pierre et Paul » (Contre les hérésies 3, 3, 2). Peu de temps après, (lire la suite) de l'Afrique du nord, Tertullien s'exclamait : « Cette Église de Rome, comme elle est bienheureuse ! Ce furent les Apôtres eux-mêmes à lui verser, à travers leur sang, la doctrine tout entière » (Prescription contre les hérétiques n° 36). C'est précisément pour cela que l'évêque de Rome, Successeur de l'Apôtre Pierre, accomplit un ministère particulier au service de l'unité doctrinale et pastorale du Peuple de Dieu dispersé dans le monde entier.
Dans ce contexte, on saisit mieux la signification du rite que nous avons renouvelé ce matin, au cours de la Messe dans la Basilique Saint-Pierre, c'est-à-dire la remise du Pallium à plusieurs Archevêques métropolitains, antique signe liturgique, qui exprime la communion particulière de ces pasteurs avec le Successeur de Pierre. Mon salut va à ces vénérés frères Archevêques et à ceux qui les ont accompagnés, alors que je vous invite tous, chers frères et sœurs, à prier pour eux et pour les Églises qui leur sont confiées. Il existe ensuite un autre motif qui rend notre joie encore plus grande aujourd'hui : il s'agit de la présence à Rome, à l'occasion de la solennité des saints Pierre et Paul, d'une Délégation spéciale envoyée par le Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomaios Ier. Je souhaite à nouveau avec affection la bienvenue aux membres de cette Délégation et je remercie de tout cœur le Patriarche pour avoir rendu encore plus manifeste, à travers ce geste, le lien de fraternité existant entre nos Églises.
Que Marie, la Reine des Apôtres, que nous invoquons avec confiance, obtienne pour les chrétiens le don de la pleine unité. Avec son aide, et en suivant les traces de saint Pierre et de saint Paul, puisse l'Église qui est à Rome et tout le Peuple de Dieu offrir au monde un témoignage d'unité et de courageux dévouement à l'Évangile du Christ.

Benoît XVI, Audience générale, 29 juin 2006.

samedi 28 juin 2008

Saint Irenee de Lyon (1)

Saint Irénée de Lyon (1)

Dans les catéchèses sur les grandes figures de l'Église des premiers siècles, nous arrivons aujourd'hui à l'éminente personnalité de saint Irénée de Lyon. Les informations biographiques à son sujet proviennent de son propre témoignage, qui nous est parvenu à travers Eusèbe, dans le livre V de l'Histoire ecclésiastique. Irénée naquit selon toute probabilité à Smyrne (aujourd'hui Izmir, en Turquie), vers 135-140, où, encore jeune, il alla à l'école de l'évêque Polycarpe, lui-même disciple de l'Apôtre Jean. Nous ne savons pas quand il se rendit d'Asie mineure en Gaule, mais son transfert dut coïncider avec les premiers développements de la communauté chrétienne de Lyon : c'est là que, en 177, nous trouvons Irénée au nombre du collège des prêtres. C'est précisément cette année qu'il fut envoyé à Rome, porteur d'une lettre de la communauté de Lyon au Pape Eleuthère. La mission romaine qui permit à Irénée d'échapper à la persécution de Marc-Aurèle, dans laquelle au moins 48 martyrs trouvèrent la mort, parmi lesquels l'évêque de Lyon lui-même, Pothin, âgé de 90 ans, mort des suites de mauvais traitements en prison. (lire la suite) Ainsi, à son retour, Irénée fut élu évêque de la ville. Le nouveau Pasteur se consacra entièrement au ministère épiscopal, qui se conclut vers 202-203, peut-être par le martyre.
Irénée est avant tout un homme de foi et un Pasteur. Du bon Pasteur, il possède le sens de la mesure, la richesse de la doctrine, l'ardeur missionnaire. En tant qu'écrivain, il poursuit un double objectif : défendre la véritable doctrine des attaques des hérétiques, et exposer avec clarté les vérités de la foi. Les deux œuvres qui nous sont parvenues de lui correspondent exactement à ces objectifs : les cinq livres Contre les hérésies, et l'Exposition de la prédication apostolique (que l'on peut également appeler le plus ancien « catéchisme de la doctrine chrétienne »). En définitive, Irénée est le champion de la lutte contre les hérésies. L'Église du II siècle était menacée par ce que l'on appelle la gnose, une doctrine qui affirmait que la foi enseignée dans l'Église ne serait qu'un symbolisme destiné aux personnes simples, qui ne sont pas en mesure de comprendre les choses difficiles ; au contraire, les initiés, les intellectuels, - on les appelait les gnostiques - auraient compris ce qui se cache derrière ces symboles, et auraient formé un christianisme élitiste, intellectuel. Bien sûr, ce christianisme intellectuel se fragmentait toujours plus en divers courants de pensées souvent étranges et extravagants, mais qui attiraient de nombreuses personnes. Un élément commun de ces divers courants était le dualisme, c'est-à-dire que l'on niait la foi dans l'unique Dieu, Père de tous, Créateur et Sauveur de l'homme et du monde. Pour expliquer le mal dans le monde, ils affirmaient l'existence, auprès de Dieu bon, d'un principe négatif. Ce principe négatif aurait produit les choses matérielles, la matière.

(à suivre...)

vendredi 27 juin 2008

Saint Cyrille de Jerusalem (3)

Saint Cyrille de Jérusalem (3)

Avec les néophytes d'origine grecque, Cyrille s'appuyait en particulier sur la faculté visuelle qui leur était particulièrement adaptée. C'était le passage du rite au mystère, qui valorisait l'effet psychologique de la surprise et l'expérience vécue au cours de la nuit pascale. Voici un texte qui explique le mystère du Baptême : « À trois reprises vous avez été immergés dans l'eau et à chaque fois vous en êtes ressortis, pour symboliser les trois jours de la sépulture du Christ, c'est-à-dire imitant à travers ce rite notre Sauveur, qui passa trois jours et trois nuits dans le sein de la terre (cf. Mt 12, 40). Lors de la première émersion de l'eau, vous avez célébré le souvenir du premier jour passé par le Christ dans le sépulcre, de même qu'avec la première immersion vous en avez confessé la première nuit passée dans le sépulcre : vous avez été vous aussi comme celui qui est dans la nuit et qui ne voit pas, et celui qui, en revanche, est au jour et jouit de la lumière. (lire la suite) Alors qu'auparavant vous étiez plongés dans la nuit et ne pouviez rien voir, en émergeant, en revanche, vous vous êtes trouvés en plein jour. Mystère de la mort et de la naissance, cette eau du salut a été pour vous une tombe et une mère... Pour vous... le moment pour mourir coïncida avec le moment pour naître : un seul et même moment a réalisé les deux événements » (Deuxième catéchèse mystagogique, 4).
Le mystère qu'il faut saisir est le dessein du Christ, qui se réalise à travers les actions salvifiques du Christ dans l'Église. A son tour, la dimension mystagogique s'accompagne de celle des symboles, qui expriment le vécu spirituel qu'ils font « exploser ». Ainsi, la catéchèse de Cyrille, sur la base des trois composantes décrites - doctrinale, morale et, enfin mystagogique -, apparaît comme une catéchèse globale dans l'Esprit. La dimension mystagogique réalise la synthèse des deux premières, en les orientant vers la célébration sacramentelle, dans laquelle se réalise le salut de tout l'homme.
Il s'agit, en définitive, d'une catéchèse intégrale, qui - concernant le corps, l'âme et l'esprit - reste emblématique également pour la formation catéchétique des chrétiens d'aujourd'hui

Benoît XVI, Audience générale, 27 juin 2007.

jeudi 26 juin 2008

Saint Cyrille de Jerusalem (2)

Saint Cyrille de Jérusalem (2)

La base de l'instruction sur la foi chrétienne se déroulait également dans un but polémique contre les païens, les judéo-chrétiens et les manichéens. L'argumentation était fondée sur la réalisation des promesses de l'Ancien Testament, dans un langage riche d'images. La catéchèse était un moment important, inséré dans le vaste contexte de toute la vie, en particulier liturgique, de la communauté chrétienne, dans le sein maternel de laquelle avait lieu la gestation du futur fidèle, accompagnée par la prière et le témoignage des frères. Dans leur ensemble, les homélies de Cyrille constituent une catéchèse systématique sur la renaissance du chrétien à travers le Baptême. Il dit au catéchumène : « Tu es tombé dans les filets de l'Église (cf. Mt 13, 47). Laisse-toi donc prendre vivant ; ne t'enfuis pas, car c'est Jésus qui te prend à son hameçon, (lire la suite) non pour te donner la mort mais la résurrection après la mort. Tu dois en effet mourir et ressusciter (cf. Rm 6, 11.14). Meurs au péché, et vis pour la justice dès aujourd'hui » (Procatéchèse 5).
Du point de vue doctrinal, Cyrille commente le Symbole de Jérusalem en ayant recours à la typologie des Écritures, dans un rapport « symphonique » entre les deux « Testaments », pour arriver au Christ, centre de l'univers. La typologie sera décrite de manière incisive par Augustin d'Hippone : « L'Ancien Testament est le voile du Nouveau Testament, et dans le Nouveau Testament se manifeste l'Ancien » (De catechizandis rudibus, 4, 8). Quant à la catéchèse morale, elle est ancrée de manière profondément unie à la catéchèse doctrinale : l'on fait progressivement descendre le dogme dans les âmes, qui sont ainsi sollicitées à transformer les comportements païens sur la base de la nouvelle vie en Christ, don du Baptême. Enfin, la catéchèse « mystagogique » marquait le sommet de l'instruction que Cyrille dispensait non plus aux catéchumènes, mais aux nouveaux baptisés ou néophytes au cours de la semaine pascale Celle-ci les introduisait à découvrir, sous les rites baptismaux de la Veillée pascale, les mystères qui y étaient contenus et qui n'étaient pas encore révélés. Illuminés par la lumière d'une foi plus profonde en vertu du Baptême, les néophytes étaient finalement en mesure de mieux les comprendre, ayant désormais célébré leurs rites.

(à suivre...)

mercredi 25 juin 2008

Saint Cyrille de Jerusalem (1)

Saint Cyrille de Jérusalem (1)

Notre attention se concentre aujourd'hui avec Benoît XVI sur saint Cyrille de Jérusalem : « Sa vie représente le mélange de deux dimensions : d'une part, le soin pastoral et, de l'autre, la participation - malgré lui - aux controverses enflammées qui troublaient alors l'Église d'Orient. Né autour de 315 à Jérusalem, ou dans ses environs, Cyrille reçut une excellente formation littéraire ; ce fut la base de sa culture ecclésiastique, centrée sur l'étude de la Bible. Ordonné prêtre par l'évêque Maxime, lorsque celui-ci mourut ou fut déposé, en 348, il fut ordonné évêque par Acace, archevêque métropolitain influent de Césarée de Palestine, philo-arien, qui était convaincu d'avoir trouvé en lui un allié. Il fut donc soupçonné d'avoir obtenu la nomination épiscopale grâce à des concessions à l'arianisme. (lire la suite)
En réalité, Cyrille se heurta très vite à Acace non seulement sur le terrain doctrinal, mais également sur le terrain juridictionnel, car Cyrille revendiquait l'autonomie de son siège par rapport à l'Église métropolitaine de Césarée. En vingt ans, Cyrille connut trois exils : le premier en 357, à la suite d'une déposition de la part d'un Synode de Jérusalem, suivi en 360 par un deuxième exil voulu par Acace et, enfin, par un troisième, le plus long - il dura onze ans - en 367, à l'initiative de l'empereur philo-arien Valente. Ce n'est qu'en 378, après la mort de l'empereur, que Cyrille put reprendre définitivement possession de son siège, en rétablissant l'unité et la paix entre les fidèles.
D'autres sources, également anciennes, appuient la thèse de son orthodoxie, mise en doute par plusieurs sources de l'époque. Parmi celles-ci, la lettre synodale de 382, après le deuxième Concile œcuménique de Constantinople (381), auquel Cyrille avait participé en jouant un rôle important, est celle qui fait le plus autorité. Dans cette lettre, envoyée au Pontife romain, les évêques orientaux reconnaissent officiellement l'orthodoxie la plus absolue de Cyrille, la légitimité de son ordination épiscopale et les mérites de son service pastoral, que la mort conclura en 387.
Nous conservons de lui vingt-quatre catéchèses célèbres, qu'il présenta en tant qu'évêque vers 350. Introduites par une Procatéchèse d'accueil, les dix-huit premières sont adressées aux catéchumènes ou illuminands (photizomenoi) ; elles furent tenues dans la Basilique du Saint-Sépulcre. Les premières (1-5) traitent chacune, respectivement, des dispositions préalables au Baptême, de la conversion des coutumes païennes, du sacrement du Baptême, des dix vérités dogmatiques contenues dans le Credo ou Symbole de la foi. Les suivantes (6-18) constituent une « catéchèse continue » sur le Symbole de Jérusalem, dans une optique anti-arienne. Dans les cinq dernières (19-23), appelées « mystagogiques », les deux premières développent un commentaire aux rites du Baptême, les trois dernières portent sur le chrême, sur le Corps et le Sang du Christ et sur la liturgie eucharistique. On y trouve une explication du Notre Père (Oratio dominica) : celle-ci établit un chemin d'initiation à la prière, qui se développe parallèlement à l'initiation aux trois sacrements du Baptême, de la Confirmation et de l'Eucharistie.

(à suivre...)

mardi 24 juin 2008

Arrets sur christianisme (22)

Arrêts sur christianisme (22)

Dès que l'Église peut recevoir des legs, c'est-à-dire dès la constitution impériale de 321, elle construit des bâtiments adaptés aux différentes nécessités : dès le Ve s. l'on distingue le brephotrophium pour les enfants trouvés (de brephos, nouveau-né), le colobotrophium pour les infirmes (de kolobos, mutilé), le gerontochonium pour les vieillards (de gérôn, vieillard), le nosochonium pour les malades (de nosos, maladie), l'orphanotrophium pour les orphelins (d'orphanos, orphelin), les parthenocomia pour les vierges et les veuves (de parthenos, vierge), le ptochotrophium pour les indigents (de ptôchos, mendiant) et le xenodochium pour les voyageurs et les pèlerins (de xénos, étranger).

Voir É. Chénon, Le Rôle social de l'Église, Paris, 1928.

lundi 23 juin 2008

Intentions de priere

Intentions de prière

Bien travailler chaque jour de ma vie.

Je demande au Seigneur qu'il nous envoie de nouveaux bénévoles au Secours Catholique de nos équipes de l'Est du Val d'Oise.

Que N.S.J.C. amène l'amour et l'union dans nos familles désunies. Qu'il en chasse le péché et le mal.

Pour avoir la foi, la bonté, l'humilité.

dimanche 22 juin 2008

Ames d'Eucharistie (2)

Âmes d'Eucharistie (2)

En dehors de la communion, l'âme qui reste en état de grâce continue d'être le tabernacle de Dieu, quoique différemment, car le Christ et, avec lui, le Père et le Saint-Esprit, habitent bien notre âme, ou plutôt l'ont fait entrer dans leur vie intra-trinitaire.
Notre âme est alors aussi telle une lunule, cet objet liturgique qui renferme une grande hostie consacrée et que l'on place dans l'ostensoir pour présenter le Corps du Christ à l'adoration des fidèles. « Chaque fois que j'entre dans l'oratoire, je dis à Notre-Seigneur que je l'aime plus que nul autre, car je suis redevenu un enfant » (saint Josémaria, Forge, n° 302). Essayons d'en faire autant, et d'aimer venir tenir compagnie à notre Seigneur dans le tabernacle.
Le Seigneur est placé dans l'ostensoir également pour (lire la suite) donner la bénédiction avec le Saint-Sacrement. Nous présentons ainsi le Seigneur aux autres. Notre vie reflète celle du Christ. Du moins, ce devrait être le cas, bien qu'imparfaitement, cela va de soi. Mais ce que saint Paul écrit de lui-même, de la transformation qu'il a vu s'opérer en lui, « ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi » (Galates 2, 20), doit pouvoir s'appliquer aussi à chacun d'entre nous, à la mesure de sa générosité et aussi de sa capacité à grandir en sainteté.
« Que votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5, 16). Nous sommes invités par saint Paul à répandre « la bonne odeur du Christ parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui se perdent » (2 Corinthiens 2, 15). Ce sont, au fond, des invitations qui se rejoignent et qui appellent à vivre comme saint Jean-Baptiste : « Il faut qu'il croisse et que je diminue » (Jean 3, 31). Nous effacer devant le Christ, voilà notre existence chrétienne, pleine de joie. Car le fait d'être uni au Père par le Fils dans le Saint-Esprit, d'être un tabernacle ou une lunule, d'être en définitive une âme eucharistique, une âme qui vit de l'Eucharistie, centrée sur la sainte messe, est source d'une joie incommensurable que rien de ce monde ne peut voiler ni nous ravir. « J'ai mis mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa parole. »
« Un but à atteindre : que ta vie devienne essentiellement — totalement ! — eucharistique » (saint Josémaria, Ibid., n° 826). Pour cela, saint Josémaria nous donne un conseil : « Augmente ta foi en la sainte Eucharistie. — Émerveille-toi devant cette réalité ineffable : avoir Dieu avec nous, pouvoir le recevoir chaque jour et, si nous le voulons, lui parler de façon intime, comme l'on parle avec un frère, comme l'on parle avec son Père, comme l'on parle avec l'Amour » (saint Josémaria, Ibid., n° 268).

(fin)

samedi 21 juin 2008

Ames d'Eucharistie (1)

Âmes d'Eucharistie (1)

Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II a qualifié la Vierge Marie de « premier « tabernacle » de l'histoire » (encyclique Ecclesia de Eucharistia, n° 55). Marie portait, en effet, en elle le Fils de Dieu, celui-là qui se trouve caché dans les hosties consacrées qui sont réservées dans cette petite armoire qu'est le tabernacle, placé sur l'autel - appelé alors « autel du Saint-Sacrement » - ou à proximité. Le même. Identiquement le même. La chair et le sang qu'elle fournit à l'enfant qui se forme peu à peu en elle sont, dès le premier instant de la conception, unis à l'âme et à la divinité de Jésus-Christ, deuxième Personne de la Très Sainte Trinité. Et cette chair et ce sang, toujours unis à l'âme et à la divinité, sont également présents dans les « espèces sacramentelles » du pain et du vin (lire la suite) consacrés lors de la messe, bien que la divinité et l'humanité du Seigneur Dieu ne puissent pas être appréhendées par nos sens.
Notre vie de baptisé catholique transforme notre âme en un tabernacle ambulant. Lorsque nous venons de recevoir le Seigneur dans la sainte communion, en ayant l'âme en état de grâce, il se crée autant de tabernacles que de communiants, l'espace d'un instant, une dizaine de minutes, tant que l'hostie ne s'est pas dissoute, le temps de rendre grâce à Dieu pour ce prodige et ce don inestimable. « Efforce-toi de rendre grâces à Jésus dans l'Eucharistie en chantant les louanges de Notre-Dame, de la Vierge pure, sans tache, de celle qui a mis au monde le Seigneur. — Et, audacieux comme un enfant, ose dire ces paroles à Jésus : mon bel amour, bénie soit la Mère qui t'a mis au monde ! Cela lui fera plaisir à coup sûr, et il n'en mettra que plus d'amour dans ton âme » (saint Josémaria, Forge, n° 70).
Quelle merveille que cette présence réelle de Dieu en nous ! Quelle magnifique preuve de l'immense confiance de Dieu en nous que d'accepter de descendre dans notre âme ! « Pour toi, qui es un bon enfant : ceux qui aiment sur cette terre, quels baisers ne déposent-ils pas sur les fleurs, la lettre, le souvenir de la personne aimée !... — Est-il possible que toi, tu oublies un jour que Tu l'as toujours à ton côté... ! — Oublieras-tu que tu peux Le manger? » (saint Josémaria, Ibid., n° 305). Et ce, alors même que, quelle que soit la qualité de notre préparation intérieure, nous serons toujours indignes de sa venue : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement un mot et mon âme sera guérie » (prière avant la communion). Par cette prière pleine de foi nous affirmons notre conviction que la présence de Dieu en nous bonifie notre âme, la sanctifie. Ce qui est logique, puisque Jésus-Christ est la source de toute sainteté. Toutefois cette guérison ne peut se réaliser qu'envers les péchés véniels, car le péche mortel demande toujours d'être pardonné dans une confession personne, auriculaire et secrète.

(à suivre...)

vendredi 20 juin 2008

La vie sans Dieu (3)

La vie sans Dieu (3)

« À quels critères peut-on discerner le chrétien qui est en authentique communion avec Dieu de celui qui vit dans l'illusion ? La réponse de Jean est la suivante. Dieu est lumière (1, 5) ; le chrétien attaché aux ténèbres du péché, et dans l'existence duquel Dieu-lumière ne se reflète pas, vit dans l'illusion. Dieu est amour (4, 8.10) ; le chrétien qui n'aime pas, et dans l'existence duquel le Dieu d'amour ne se reflète pas, vit dans l'illusion » (A. Feuillet, Le sacerdoce du Christ et de ses ministres, Paris, 1997, p. 116). C'est bien ce que dit Jésus :
« Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme les sarments, et il deviendra sec : les sarments secs sont ramassés et jetés au feu, où ils brûlent » (Jean 15, 6). (lire la suite) Pas dans n'importe quel feu. La description que Jésus fait du jugement dernier ou universel montre de quel feu il s'agit : « Allez-vous-en loi de moi, maudits » (puisque vous n'avez pas voulu demeurer en moi », « au feu éternel » (qui a pour nom « enfer »), « préparé pour le diable et pour ses anges » (Matthieu 25, 41). Celui qui n'a pas fait fructifier le talent reçu - qui n'a pas porté de fruits malgré les grâces qui lui ont été octroyées en abondance - s'entendra dire : « Jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matthieu 25, 30).
Prions pour que tous ceux qui préfèrent les ténèbres à la Lumière (cf. Jean 1, 5) deviennent une lumière qui éclaire la conscience des hommes et des femmes de notre temps, les conduisant sur le chemin de l'accomplissement de la vraie vocation de l'homme et du bien commun véritable.

(fin)

jeudi 19 juin 2008

La vie sans Dieu (2)

La vie sans Dieu (2)

Jésus précise sa pensée par une affirmation qui est d'une extraordinaire utilité : « C'est moi qui suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruits. C'est que sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5), rien, absolument rien qui tienne la route de la vie éternelle.
Il faut nous convaincre de ce que la vie sans Dieu est un non-sens. Pour tout homme, car tout homme porte en lui l'aspiration à Dieu, l'ouverture sur Dieu. Son âme, qui a été créée à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Genèse 1, 26), lui fait une ardente obligation de rechercher ses racines spirituelles, (lire la suite) d'effectuer une recherche en paternité. « Tous les hommes, d'autre part, sont tenus de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Église ; et, quand ils l'ont connue, de l'embrasser et de lui être fidèles » (concile Vatican II, déclaration Dignitatis humanae sur la liberté religieuse, n° 1).
Mais la vie sans Dieu est bien plus grave pour celui qui a reçu la grâce du baptême et qui est devenu chrétien. Celui qui renie la foi qui lui a été octroyée gratuitement par Dieu avec tant d'Amour, celui qui, sans la renier explicitement, la rejette de fait parce qu'elle n'inspire pas ses décisions et son comportement, celui-là porte une énorme responsabilité. « Celui qui m'aura renié devant les hommes, je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 10, 33). « De celui qui aura eu honte de moi et mes paroles au sein de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi en aura honte, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges » (Marc 8, 38).

(à suivre...)

mercredi 18 juin 2008

Arrets sur christianisme (21)

Arrêts sur christianisme (21)

Comment n'avez-vous pas réfléchi à ce fait étrange que seuls les chrétiens sont les hommes qui possèdent la joie et à qui leurs croyances n'apportent jamais de déception, mais au contraire un attachement, un intérêt et un émerveillement toujours nouveau ? J'ai souvent entendu reprocher aux chrétiens d'un petit air supérieur que la raison de leur foi est la joie et la consolation qu'elle leur procure. Mais il me semble que nous ne pouvons trouver de meilleure justification, parce que c'est là un fait et non un raisonnement. La preuve du pain, c'est qu'il nourrit, la preuve du vin, c'est qu'il enivre, la preuve de la vérité, c'est la vie et la preuve de la vie c'est qu'elle fait vivre ! Ce sont là des réalités substantielles, contre lesquelles aucun argument n'a de prise.

Paul Claudel, « Lettre à Arthur Fontaine », 30 mai 1920, Toi, qui es-tu ? (Tu, qui es ?), Paris, 58ème éd., 1941, p. 103.

mardi 17 juin 2008

La vie sans Dieu (1)

La vie sans Dieu (1)

Alors qu'il s'entretient pour la dernière fois avec ses apôtres avant de se livrer à la Passion, Jésus-Christ développe l'allégorie de la vigne et des sarments. Il explique : « C'est moi qui suis la vraie vigne », sous-entendu : « Il existe des vignes qui ne sont pas d'authentiques vignes et qui, au lieu de donner du bon vin, ne produisent que du verjus (cf. Isaïe 5, 2). » « Et mon Père est le vigneron » (Jean 15, 1). Et il ajoute : « Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut donner du fruit par lui-même, s'il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi » (Jean 15, 4).
L'affirmation est claire (lire la suite) et ne laisse pas place à des demi-teintes. Celui qui n'est pas uni au Christ ne produira pas des fruits secs ou verts, ou pourris, ni en petite quantité, ni même du verjus : il ne donnera aucun fruit. Aucun ! L'avertissement est à prendre au sérieux. En dehors de Dieu, c'est la stérilité garantie, absolue. L'homme ne produit rien qui vaille la peine de s'y arrêter : ce n'est que de la paille, de la pacotille, du cliquant, mais rien qui ait une valeur d'éternité.
On aura beau s'époumoner, se défoncer, s'activer sur tous les fronts à la fois, chercher à être médiatiquement intéressant et donc vu et connu par des millions de téléspectateurs et d'internautes, des milliards si possible même, si l'on est un sarment coupé de la vigne, dans lien avec Dieu, cela ne sert à rien. On est une brindille de bois mort, tout juste bonne à être jetée au feu, et qui, le plus souvent, est écrasée par les hommes en marchant. « Vanité des vanités, disait l'Ecclésiaste, vanité des vanités ! Tout est vanité » (Ecclésiaste 1, 2 ; 12, 8). « J'ai regardé toutes les actions qui se font sous le soleil : et voici, tout est vanité et poursuite du vent » (Ibid. 1, 14). « J'ai vu que tout travail et que toute réussite dans les activités est jalousie contre un homme de la part de nos proches ; cela aussi est vanité et poursuite du vent » (Ibid. 4, 4).

(à suivre...)

lundi 16 juin 2008

Intentions de priere

Intentions de prière

Jésus, je te demande que mon fils U. se convertisse, et mon fils J.-L. cesse de vivre dans l'abomination. Merci Cœur de Jésus.

Ma femme et moi nous aimerions avoir un enfant, et si Dieu le veut qu'il soit prêtre !

Je confie à vos prières les enfants du catéchisme qui me sont confiés cette année.

Une foi joyeuse pour mes enfants et petits-enfants, spécialement pour A.-S. en problème.

dimanche 15 juin 2008

Eucharistie et vie (2)

Eucharistie et vie (2)

Par la participation à la vie même du Fils de Dieu dans ce sacrement, « il nous a été donné une nouvelle source d’énergie, une racine puissante, greffée sur le Seigneur » saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 155).
L'Eucharistie renforce notre condition d'enfant de Dieu le Père et de frère et sœur de Dieu le Fils. Elle nous aide à nous défaire de plus en plus du vieil homme qui est en nous, « à vous renouveler dans votre esprit et dans vos pensées, (lire la suite) et à revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté véritables » (Éphésiens 4, 22-24). C'est bien d'un renouvellement qu'il s'agit, d'une nouveauté divine, qui n'est autre que la sanctification progressive de notre être, sa déification vers laquelle nous tendons.
Et c'est là l'unique façon de mener à bien l'ascension spirituelle qu'est notre vie, la marche en avant chaque jour reprise vers les biens d'en-haut : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d'en haut, où le Christ demeure assis à la droite de Dieu ; affectionnez-vous aux choses d'en haut, et non à celles de la terre : car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Colossiens 3, 1-3). C'est bien vers le Christ que nous allons... tout en étant déjà avec lui grâce à l'Eucharistie ! C'est un des paradoxes de la vie chrétienne, un heureux paradoxe ! En restant avec lui, il n'est pas possible de se tromper de chemin ni de se perdre en route.
D'autant moins que nous voulons rester également en compagnie de la très Sainte Vierge, qui est Stella matutina, l'Étoile qui éclaire notre chemin dès l'aube de notre vie, au matin de chacune de nous journées. L'Étoile qui, comme celle qui a jadis guidé les rois mages, nous conduit au but recherché, c'est-à-dire Jésus-Christ : ils « trouvèrent l'enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent » (Matthieu 2, 11).

(fin)

samedi 14 juin 2008

Eucharistie et vie (1)

Eucharistie et vie (1)

Voici encore quelques réflexions sur l'Eucharistie.
Nous nous frottons chaque jour aux aspérités du chemin que nous parcourons. Celui qui emprunte un sentier de montagne pour gagner un sommet sait par avance qu'il va peiner et qu'il devra faire attention où il mettra ses pieds, qu'il pourra rencontrer des obstacles imprévus qu'il devra franchir ou contourner, selon leur nature, que le temps pourra soudainement se dégrader, etc. Ce sont des difficultés qu'il accepte, car c'est le prix à payer pour avoir la joie de parvenir au sommet.
La sainteté que nous poursuivons (lire la suite) ressemble à l'ascension d'une montagne. La sainteté nous est proposée, non imposée. La vie chrétienne comporte donc, elle aussi, ses difficultés. Mais nous les avons acceptées d'avance aussi, sans en connaître exactement les caractéristiques ni quand elles se présenteront à nous.
Si nous attaquons l'étape quotidienne dans l'idée que tout va être facile, ce sera vite la désillusion et l'abattement. On ne fait pas seul une course en montagne, mais on se fait accompagner d'un guide patenté, qui connaît le chemin et tous les « trucs » nécessaires pour se tirer d'affaire en cas de problème.
Notre guide, c'est Jésus-Christ. Jésus-Christ présent parmi nous, dans notre vie, Jésus-Christ qui vient guider notre vie en descendant dans notre âme par l'Eucharistie.
Avec le Seigneur, les obstacles ne sont plus insurmontables, la fatigue se fait moins sentir, nous nous remplissons d'assurance et de confiance. Le sacrement de l'Eucharistie nous aide à « nous débarrasser de tout ce qui est périmé, dangereux, inutile : découragement, manque de confiance, tristesse, lâcheté. La sainte Eucharistie fait pénétrer chez les enfants de Dieu la nouveauté divine » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 155).
De quelle nouveauté s'agit-il ? De celle à laquelle saint Paul nous convie quand il écrit : « Ne vous conformez pas au siècle présent, mais transformez-vous par le renouvellement de l'esprit, afin que vous éprouviez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait » (Romains 12, 2).
Il s'agit de renouveler nos pensées, nos projets, de les centrer sur l'accomplissement de la Volonté de Dieu, afin de renouveler nos actions pour qu'elles aient la fraîcheur, la nouveauté de Dieu, pour que ce soient des actions divines : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi » (Galates 2, 20). Dans de telles conditions, ce que nous faisons cesse d'être un acte purement humain pour acquérir la transcendance des œuvres de Dieu, pour s'inscrire dans l'éternité, dans laquelle l'Eucharistie nous projette.

(à suivre...)

vendredi 13 juin 2008

Intentions de priere

Intentions de prière

Fl., sa conversion, son bonheur, et la guérison de ses blessures, de ses peurs, de ses angoisses et de ses blocages. Et aussi notre relation : qu'elle m'accepte et que nous puissions faire route ensemble.

Pour A. et C., qu'ils aient la joie d'attendre un enfant.

Pour nos évêques, afin qu'ils marchent vers la sainteté.

Nos jeunes déprimés ou sans repère(s) pour qu'ils trouvent leur vocation d'enfant de Dieu.

jeudi 12 juin 2008

Pour un mariage heureux

Pour un mariage heureux

Il n'existe pas de recette toute faite, mais il est possible de vivre au jour le jour certains petits détails qui rendent la vie aimable. Se marier ne consiste pas seulement à se dire « oui » un jour. Aimer est un verbe actif ; mais pour aimer, il faut aimer. L'on aime en aimant.
La lutte personnelle pour être meilleur : être plus ordonné, généreux, loyal, simple, joyeux, optimiste est une bonne base pour une vie matrimoniale heureuse. Les vertus à vivre dans des détails concrets de chaque jour ne sont pas quelque chose de théorique.
La force du mariage est l'amour, (lire la suite) et va tout à fait de pair avec le sentiment. Ce qui est fondamental dans l'amour, ce n'est pas tellement de sentir que d'aimer, mais il ne faut pas oublier que les sentiments sont un magnifique moteur. Je recommande aux époux d'enflammer leurs sentiments envers leur conjoint tout au long de la journée. Qu'ils suscitent en eux le désir de rentrer à la maison, qu'ils restent en contact pendant la journée par téléphone, en envoyant des SMS, en écrivant une note ou une lettre, en se promenant ensemble, en prenant soin de son aspect extérieur (hygiène, tenue, etc.) non par vanité, mais pour être agréable à l'autre, en rappelant les bons moments du passé et en attendant l'avenir avec optimisme tout en avançant dans le présent avec assurance.
Voici de petits détails de la vie de tous les jours : faire ce qui plaît à l'autre, vivre la fidélité dans les petites choses, dans le quotidien, récupérer le sens de la maîtrise de soi, de la noblesse d'esprit et de l'esprit féminin. Bien des possibilités s'offrent à nous. Il suffit de vouloir et de chercher de l'aide. Celle-ci peut venir, par exemple, d'un bon livre qui fournit des idées et de les noter pour les mettre à exécution.
En réalité, le mariage n'est pas en crise. Il est plus nécessaire et plus actuel que jamais et son succès dépend de chacun des époux.

Traduction adaptée d'une entrevue d'Anibal Cuevas, auteur de Más allá del sí, te quiero (« Au-delà du oui, je t'aime »), Madrid, 2007.

mercredi 11 juin 2008

Arret sur christianisme (20)

Arrêts sur christianisme (20)

Jésus est vraiment le Fils de Dieu, le Messie attendu. Au cours de l'histoire combien ont consacré leur vie à une cause qu'ils estimaient juste et sont morts ! Et morts ils son restés ! La mort du Seigneur démontre l'immense amour avec lequel Il nous a aimés jusqu'à se sacrifier pour nous ; mais seule sa résurrection est la « garantie », la certitude que ce qu'Il affirme est la vérité qui vaut aussi pour nous, pour tous les temps. Saint Paul écrit ainsi dans la Lettre aux Romains : « Si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé » (10, 9).

Benoît XVI, Audience générale, 26 mars 2008.

mardi 10 juin 2008

L'Eucharistie, principe de vie eternelle (2)

L'Eucharistie, principe de vie éternelle (2)

Celui qui prend conscience d'être déjà présent dans la vie éternelle puise dans cette réalité une force qui lui permet d'affronter les épreuves avec sérénité et avec joie, une lumière qui l'amène à voir la main de Dieu en toutes choses, un élan qui le pousse à vouloir imiter le Christ, autrement dit à servir son prochain et à donner sa vie avec lui dans le sacrifice de la messe pour le salut du monde.
Envisagée dans cette perspective, la vie du chrétien sur terre acquiert une dimension cosmique, entraîne des conséquences qui ont valeur d'éternité ! (lire la suite)
Nous avons beau ne pas être grand chose, l'Eucharistie a ce pouvoir de nous transformer. Transformation qui sera d'autant plus profonde d'ailleurs que notre conviction de n'être rien face à Dieu sera plus grande. Mais reconnaître notre néant face à Dieu, c'est-à-dire que nous ne sommes rien sans lui puisqu'il a créé notre âme et nous a donné ainsi la vie, n'est en rien une sorte de masochisme spirituel. Il convient d'affirmer ce néant pour reconnaître en même temps que nous sommes enfants de Dieu et que nous pouvons tout en celui qui nous rend forts (cf. Philippiens 4, 13). Et qui nous rend forts, entre autres, en se donnant à nous dans l'Eucharistie, dans la sainte communion !
Nous vivons ainsi sur terre, comme nos semblables, mais le cœur déjà fixé dans les réalités éternelles : « Recherchez les choses d'en haut : c'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu. Ayez le sens des choses d'en haut, non de celles de la terre » (Colossiens 3, 1-2). C'est ce que saint Josémaria exprimait quand il disait, dans une homélie, que la messe est « l'acte le plus sacré et le plus transcendant que nous, les hommes, puissions par l’effet de la grâce de Dieu accomplir dans cette vie : communier au Corps et au Sang du Seigneur équivaut, d’une certaine manière, à nous délier de nos attaches avec la terre et avec le temps pour nous trouver déjà en présence de Dieu dans le ciel, où le Christ lui-même séchera les larmes de nos yeux et où il n’y aura plus ni mort ni sanglots, ni gémissements de fatigue, parce que le vieux monde aura pris fin (cf. Apocalypse 21, 4) » (Entretiens avec Monseigneur Escriva, fondateur de l'Opus Dei, n° 113).

(fin)

lundi 9 juin 2008

L'Eucharistie, principe de vie eternelle (1)

L'Eucharistie, principe de vie éternelle (1)

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang possède la vie éternelle » (Jean 6, 54). Cette affirmation de Jésus dans le « discours du Pain de Vie » qu'il a prononce dans la synagogue de Capharnaüm au lendemain de la première multiplication des pains et des poissons est d'une extrême importance. Elle pose comme principe essentiel que la réception de l'Eucharistie, sacrement de son Corps et de son Sang, donne déjà la vie éternelle, est la vie éternelle commencée dans l'âme en état de grâce. La vie éternelle entendue au sens de la vie dans la Vie qu'est Dieu, au sens de participation à la Vie de la Très Sainte Trinité. (lire la suite) C'est pourquoi Jésus ajoute aussitôt une précision qui possède également toute son importance pour le chrétien : « Et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Ibid.).
Autrement dit, le fidèle qui se nourrit du sacrement de l'Eucharistie et, bien évidemment, s'efforce de grandir dans la sainteté, dans la perfection, est appelé à entrer dans la gloire de Dieu au jour de la Résurrection finale, au retour du Christ sur la terre. Certes. Mais il participe déjà de cette gloire, parce qu'il reçoit le Christ dans la communion, et qu'avec le Christ se trouvent toujours le Père et le Saint-Esprit indissociablement unis entre eux.
Commentant cette réalité à la fois mystérieuse et merveilleuse, que seule la foi peut aider à comprendre, le pape Jean-Paul II écrivait : « Celui qui se se nourrit du Christ dans l'Eucharistie n'a pas besoin d'attendre l'au-delà pour recevoir la vie éternelle : il la possède déjà sur terre, comme prémices de la plénitude à venir, qui concernera l'homme dans sa totalité. Dans l'Eucharistie en effet, nous recevons également la garantie de la résurrection des corps à la fin des temps » (Jean-Paul II, encyclique L'Église vit de l'Eucharistie, Ecclesia de Eucharistia, n° 18).
La vie éternelle en nous ! Dieu en nous : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6). Tel est le changement profond que la communion eucharistique produit dans l'âme de celui qui la reçoit avec les dispositions requises, c'est-à-dire sans péché mortel et, de préférence, en ayant confessé ses péchés véniels et en détestant tout attachement au péché, quel qu'il soit.

(à suivre...)

dimanche 8 juin 2008

Intentions de priere

Intentions de prière

Ma fille, M.-A. dit avoir fait des pactes avec satan. Nous pensons nécessaire un exorcisme. Le prêtre exorciste officiel l'a vue deux fois, mais tergiverse encore. « Seigneur Jésus guéris-la vraiment, à travers toutes ces démarches si compliquées et si longues à aboutir. La patience nous manque et le découragement revient si souvent. » Merci Seigneur.

Pour le retour des indifférents à la pratique religieuse. Pour que les jeunes d'aujourd'hui soient éclairés par l'Esprit Saint.

Quand viendra la dernière heure de grands malades, qu'il leur soit donné de passer sereinement dans le royaume du Seigneur.

L'entreprise de mon mari, qu'elle puisse continuer afin de donner du travail aux employés.

samedi 7 juin 2008

Eusebe de Cesaree (3)

Eusèbe de Césarée (3)

(La citation que nous avons mentionnée hier), tirée du premier livre de l'Histoire ecclésiastique, contient une répétition certainement intentionnelle. à trois reprises en quelques lignes seulement, revient le titre christologique de Sauveur, et il est explicitement fait référence à sa « miséricorde » et à sa « bienveillance ». Nous pouvons ainsi saisir la perspective fondamentale de l'historiographie eusébienne : son histoire est une histoire « christocentrique » dans laquelle se révèle progressivement le mystère de l'amour de Dieu pour les hommes. Avec un étonnement authentique, Eusèbe reconnaît « qu'auprès de tous les hommes du monde entier seul Jésus est dit, confessé, reconnu Christ [c'est-à-dire Messie et Sauveur du monde], qu'il est rappelé avec ce nom également par les grecs et par les barbares, qu'aujourd'hui encore, il est honoré comme un roi par ses disciples présents dans le monde, (lire la suite) admiré plus qu'un prophète, glorifié comme le vrai et unique prêtre de Dieu ; et, plus encore, en tant que Logos de Dieu préexistant et tiré de l'être avant tous les temps, il a reçu du Père un honneur digne de vénération, et il est adoré comme Dieu. Mais la chose la plus extraordinaire de toutes est que, lorsque nous lui sommes consacrés, nous le célébrons non seulement avec les voix et le son des paroles, mais avec toutes les dispositions de l'âme, de sorte que nous plaçons avant nos vies elles-mêmes le témoignage que nous lui rendons » (1, 3, 19-20). C'est ainsi qu'apparaît au premier plan une autre caractéristique, qui restera constante dans l'antique historiographie ecclésiastique : c'est « l'intention morale » qui préside au récit. L'analyse historique n'est jamais une fin en elle-même ; elle n'est pas seulement faite pour connaître le passé ; elle vise plutôt de manière décidée à la conversion, et à un authentique témoignage de vie chrétienne de la part des fidèles. Elle est un guide pour nous-même.
De cette manière, Eusèbe interpelle vivement les croyants de chaque époque à propos de leur façon d'aborder les événements de l'histoire, et de l'Église en particulier. Il nous interpelle nous aussi : quelle est notre attitude à l'égard des événements de l'Église ? Est-ce l'attitude de celui qui s'y intéresse par simple curiosité, peut-être en recherchant à tout prix ce qui est sensationnel ou scandaleux ? Ou bien l'attitude pleine d'amour, et ouverte au mystère, de celui qui sait - par foi - pouvoir retrouver dans l'histoire de l'Église les signes de l'amour de Dieu et les grandes œuvres du salut qu'il a accomplies ? Si telle est notre attitude, nous ne pouvons que nous sentir encouragés à une réponse plus cohérente et généreuse, à un témoignage de vie plus chrétien pour laisser les signes de l'amour de Dieu également aux générations futures.
« Il y a un mystère », ne se lassait pas de répéter cet éminent expert des Pères de l'Église que fut le Cardinal Jean Daniélou : « Il y a un contenu caché dans l'histoire... Le mystère est celui des œuvres de Dieu, qui constituent dans le temps la réalité authentique, cachée derrière les apparences... Mais cette histoire que Dieu réalise pour l'homme, il ne la réalise pas sans lui. S'arrêter pour contempler les « grandes choses » de Dieu signifierait ne voir qu'un aspect des choses. Face à celles-ci se trouve la réponse des hommes » (Essai sur le mystère de l'histoire - Saggio sul mistero della storia, éd. it., Brescia 1963, p. 182). Après tant de siècles, aujourd'hui aussi Eusèbe de Césarée invite les croyants, il nous invite, à nous étonner, à contempler dans l'histoire les grandes œuvres de Dieu pour le salut des hommes. Et avec tout autant d'énergie, il nous invite à la conversion de notre vie. En effet, face à un Dieu qui nous a aimés de cette manière, nous ne pouvons pas rester inertes. L'instance propre à l'amour est que la vie tout entière doit être orientée vers l'imitation de l'Aimée. Faisons donc tout notre possible pour laisser dans notre vie une trace transparente de l'amour de Dieu.

Benoît XVI, Audience générale, 13 juin 2007.

vendredi 6 juin 2008

Eusebe de Cesaree (2)

Eusèbe de Césarée (2)

Nous pouvons nous demander de quelle façon il a structuré et avec quelles intentions il a rédigé cette œuvre nouvelle. Au début de son premier livre, l'historien dresse avec précision la liste des thèmes qu'il entend traiter dans son œuvre : « Je me suis proposé de mettre par écrit les successions des saints apôtres et les temps écoulés, à partir de ceux de notre Sauveur jusqu'à nous ; toutes les grandes choses que l'on dit avoir été accomplies au cours de l'histoire de l'Église ; tous ceux qui ont dirigé et guidé de manière éminente les plus illustres diocèses ; et ceux qui, (lire la suite) au cours de chaque génération, ont été des messagers de la Parole divine à travers la parole et les écrits ; quelles et combien ont été les personnes, et à quelle époque, qui, poussées par un désir de nouveauté, après avoir persévéré le plus possible dans l'erreur, sont devenues des interprètes et des promoteurs d'une fausse doctrine, et comme des loups cruels, ont dévasté sans pitié le troupeau du Christ ; ... et le nombre et les moyens avec lesquels, et à quelle époque, la Parole divine fut combattue par les païens ; et les grands hommes qui, pour la défendre, sont passés à travers de dures épreuves de sang et de tortures ; et, enfin, les témoignages de notre temps, et la miséricorde et la bienveillance de notre Sauveur envers nous tous » (1, 1, 1-2). Eusèbe traite de divers secteurs la succession des Apôtres comme ossature de l'église, la diffusion du message, les erreurs, puis les persécutions de la part des païens et les grands témoignage qui sont la lumière de cette Histoire. Dans tout cela transparaissent pour lui la miséricorde et la bienveillance du Sauveur. Eusèbe inaugure ainsi l'historiographie ecclésiastique, poussant son récit jusqu'en 324, année où Constantin, après la défaite de Licinius, fut acclamé unique empereur de Rome.
C'est l'année précédant le grand Concile de Nicée qu'il offre ensuite la Summa de ce que l'église - d'un point de vue doctrinal, moral et aussi juridique - avait appris au cours de ses 300 ans.

(à suivre...)

jeudi 5 juin 2008

Eusebe de Cesaree (1)

Eusèbe de Césarée (1)

Dans l'histoire du christianisme antique, la distinction entre les trois premiers siècles et ceux qui suivirent le Concile de Nicée de 325, le premier Concile œcuménique, est fondamentale. Presque comme une « charnière » entre les deux périodes se trouvent ce qu'on appelle le « tournant constantinien » et la paix de l'Église, ainsi que la figure d'Eusèbe, évêque de Césarée en Palestine. Il fut le représentant le plus qualifié de la culture chrétienne de son époque dans des contextes très variés, de la théologie à l'exégèse, de l'histoire à l'érudition. Eusèbe est en particulier célèbre comme le premier historien du christianisme, mais il fut également le plus grand philologue de l'Église antique. (lire la suite)
À Césarée, où il faut probablement situer autour de 260 la naissance d'Eusèbe, Origène s'était réfugié en arrivant d'Alexandrie, et c'est là qu'il avait fondé une école et une importante bibliothèque. C'est précisément sur ces livres que devait se former, quelques décennies plus tard, le jeune Eusèbe. En 325, en tant qu'évêque de Césarée, il joua un rôle important dans le Concile de Nicée. Il en approuva le Credo et l'affirmation de la pleine divinité du Fils de Dieu, défini pour cela « de la même substance » que le Père (homooúsios tõ Patrí). C'est pratiquement le même Credo que nous récitons chaque dimanche dans la sainte Liturgie. Admirateur sincère de Constantin, qui avait donné la paix à l'Église, Eusèbe en reçut à son tour l'estime et la considération. Il célébra l'empereur, non seulement dans ses œuvres, mais également dans des discours officiels, prononcés lors du vingtième et du trentième anniversaire de son accession au trône, et après sa mort, qui eut lieu en 337. Deux ou trois ans plus tard, Eusèbe mourut lui aussi.
Chercheur inlassable, dans ses nombreux écrits, Eusèbe se propose de réfléchir et de faire le point sur trois siècles de christianisme, trois siècles vécus sous la persécution, en puisant largement aux sources chrétiennes et païennes conservées en particulier dans la grande bibliothèque de Césarée. Ainsi, malgré l'importance objective de ses œuvres apologétiques, exégétiques et doctrinales, la réputation éternelle d'Eusèbe reste surtout liée aux dix livres de son Histoire ecclésiastique. C'est le premier qui a écrit une Histoire de l'Église, qui reste fondamentale grâce aux sources qu'Eusèbe a mises à notre disposition pour toujours. Avec cette Histoire, il réussit à sauver d'un oubli certain de nombreux événements, personnages et œuvres littéraires de l'Église antique. Il s'agit donc d'une source primordiale pour la connaissance des premiers siècles du christianisme.

(à suivre...)

mercredi 4 juin 2008

Le « Credo prophetique »

Le « Credo prophétique »

Le thème iconographique de la rencontre de l'Ancien et du Nouveau Testament est développé à partir du XIIIe siècle, et s'appuie sur les écrits des théologiens. Parmi d'autres, Bernard de Chartres écrivait : « Nous voyons plus loin que nos aînés. Nous sommes comme des nains montés sur des épaules de géants, en sorte que nous pouvons voir des choses plus nombreuses et plus éloignées qu’eux, non par la pénétration de notre propre vue ou par l’élévation de notre taille, mais parce qu’ils nous soulèvent et nous exhaussent de leur hauteur gigantesque. » L'apôtre sur les épaules du prophète montre que le Nouveau Testament s'appuie sur l'Ancien Testament.
Il semble que ce thème soit surtout présent dans le monde germanique. (lire la suite) Il figure - nous sommes au XIIIème siècle - sous la forme recherchée (douze prophètes servant de support aux douze apôtres) au portail des princes de la cathédrale de Bamberg, sur les fonts baptismaux de la cathédrale de Meersburg. On le retrouve, mais sous forme de médaillons juxtaposés, sur la châsse de saint Héribert, à Cologne.
L'origine en serait une fresque romaine de Saint-Sébastien in Pallara, en fait San Sebastiano al Palatino, dont des restes de fresques du Xe s. se trouvent dans l'actuelle église Santa Maria in Pallara.
La présence des prophètes et des apôtres, non superposés, est fréquente aux ébrasements des portails et aux voussoirs des églises. On verra les piédroits de la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle (prophètes à gauche, apôtres à droite), les sculptures côte à côte dans les fenêtres hautes de la basilique Saint-Remi, à Reims ; cathédrale des trois apôtres à Saint-Claude (stalles) ; trumeau de Chartes (apôtres) et portail nord (prophètes) ; porche de la cathédrale de Tarragone ; déambulatoire de la cathédrale d'Albi ; portail du Beau Dieu à la cathédrale d'Amiens ; portail sud de la cathédrale de Bourges, etc.
Ce sujet est également fréquemment traité dans les verrières, notamment à la cathédrale de Bourges, celle de Chartres.

Voir Louis RÉAU, Iconographie de l'art chrétien, 3 tomes en 6 vol., Kraus Reprint (Millwood NY), et les ouvrages d'Émile MÂLE sur l'histoire de l'art religieux.

mardi 3 juin 2008

Saint Justin (3)

Saint Justin (3)

De fait, la religion païenne ne parcourait pas les voies du Logos mais s'obstinait sur celles du mythe, même si celui-ci était reconnu par la philosophie grecque comme privé de consistance dans la vérité. C'est pourquoi le crépuscule de la religion païenne était inéluctable : il découlait comme une conséquence logique du détachement de la religion - réduite à un ensemble artificiel de cérémonies, de conventions et de coutumes - de la vérité de l'être. Justin, et avec lui les autres apologistes, marquèrent la prise de position nette de la foi chrétienne pour le Dieu des philosophes contre les faux dieux de la religion païenne. C'était le choix pour la vérité de l'être, contre le mythe de la coutume. Quelques décennies après Justin, Tertullien définit le même choix des chrétiens (lire la suite) avec la sentence lapidaire et toujours valable : « Dominus noster Christus veritatem se, non consuetudinem, cognominavit - le Christ a affirmé être la vérité, non la coutume » (De virgin. vle. 1, 1). On notera à ce propos que le terme consuetudo, ici employé par Tertullien en référence à la religion païenne, peut être traduit dans les langues modernes par les expressions « habitude culturelle », « mode du temps ».
À une époque comme la nôtre, marquée par le relativisme dans le débat sur les valeurs et sur la religion - tout comme dans le dialogue interreligieux -, il s'agit là d'une leçon à ne pas oublier. Dans ce but, je vous repropose - et je conclus ainsi - les dernières paroles du mystérieux vieillard rencontré par le philosophe Justin au bord de la mer : « Prie avant tout pour que les portes de la lumière te soient ouvertes, parce que personne ne peut voir et comprendre, si Dieu et son Christ ne lui accordent pas de comprendre » (Dial. 7, 3).

Benoît XVI, Audience générale, 21 mars 2007.

lundi 2 juin 2008

Saint Justin (2)

Saint Justin (2)

Ces deux œuvres - les deux Apologies et le Dialogue avec le Juif Tryphon - sont les seules qui nous restent de lui. Dans celles-ci, Justin entend illustrer avant tout le projet divin de la création et du salut qui s'accomplit en Jésus-Christ, le Logos, c'est-à-dire le Verbe éternel, la raison éternelle, la Raison créatrice. Chaque homme, en tant que créature rationnelle, participe au Logos, porte en lui le « germe » et peut accueillir les lumières de la vérité. Ainsi, le même Logos, qui s'est révélé comme dans une figure prophétique aux juifs dans la Loi antique, s'est manifesté partiellement, comme dans des « germes de vérité », également dans la philosophie grecque. A présent, conclut Justin, étant donné que le christianisme est la manifestation historique et personnelle (lire la suite) du Logos dans sa totalité, il en découle que « tout ce qui a été exprimé de beau par quiconque, nous appartient à nous chrétiens » (2 Apol. 13, 4). De cette façon, Justin, tout en contestant les contradictions de la philosophie grecque, oriente de façon décidée vers le Logos toute vérité philosophique, en justifiant d'un point de vue rationnel la « prétention » de vérité et d'universalité de la religion chrétienne. Si l'Ancien Testament tend au Christ comme la figure oriente vers la réalité signifiée, la philosophie grecque vise elle aussi au Christ et à l'Évangile, comme la partie tend à s'unir au tout. Et il dit que ces deux réalités, l'Ancien Testament et la philosophie grecque, sont comme les deux voies qui mènent au Christ, au Logos. Voilà pourquoi la philosophie grecque ne peut s'opposer à la vérité évangélique, et les chrétiens peuvent y puiser avec confiance, comme à un bien propre. C'est pourquoi mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, définit Justin comme « pionnier d'une rencontre fructueuse avec la pensée philosophique, même marquée par un discernement prudent », car Justin, « tout en conservant même après sa conversion, une grande estime pour la philosophie grecque, [...] affirmait avec force et clarté qu'il avait trouvé dans le christianisme "la seule philosophie sûre et profitable » (Dialogue, 8, 1) » (Fides et ratio, n° 38).
Dans l'ensemble, la figure et l'œuvre de Justin marquent le choix décidé de l'Église antique pour la philosophie, la raison, plutôt que pour la religion des païens. Avec la religion païenne en effet, les premiers chrétiens refusèrent absolument tout compromis. Ils estimaient qu'elle était une idolâtrie, au risque d'être taxés d'« impiété » et d'« athéisme ». Justin en particulier, notamment dans sa première Apologie, conduisit une critique implacable à l'égard de la religion païenne et de ses mythes, qu'il considérait comme des « fausses routes » diaboliques sur le chemin de la vérité. La philosophie représenta en revanche le domaine privilégié de la rencontre entre paganisme, judaïsme et christianisme précisément sur le plan de la critique contre la religion païenne et ses faux mythes. « Notre philosophie... » : c'est ainsi, de la manière la plus explicite, qu'un autre apologiste contemporain de Justin, l'évêque Méliton de Sardes en vint à définir la nouvelle religion (ap. Hist. Eccl. 4, 26, 7).

(à suivre...)

dimanche 1 juin 2008

Saint Justin (1)

Saint Justin (1)

Aujourd'hui, avec le pape Benoît XVI, « nous parlons de saint Justin, philosophe et martyr, le plus important des Pères apologistes du IIe siècle. Le terme « apologiste » désigne les antiques écrivains chrétiens qui se proposaient de défendre la nouvelle religion des lourdes accusations des païens et des Juifs, et de diffuser la doctrine chrétienne dans des termes adaptés à la culture de leur époque. Ainsi, chez les apologistes est présente une double sollicitude : celle, plus proprement apologétique, de défendre le christianisme naissant (apologhía en grec signifie précisément « défense »), et celle qui propose une sollicitude "missionnaire" (lire la suite) qui a pour but d'exposer les contenus de la foi à travers un langage et des catégories de pensée compréhensibles par leurs contemporains.
Justin était né aux environs de l'an 100 près de l'antique Sichem, en Samarie, en Terre Sainte ; il chercha longuement la vérité, se rendant en pèlerinage dans les diverses écoles de la tradition philosophique grecque. Finalement, - comme lui-même le raconte dans les premiers chapitres de son Dialogue avec Tryphon - un mystérieux personnage, un vieillard rencontré sur la plage de la mer, provoqua d'abord en lui une crise, en lui démontrant l'incapacité de l'homme à satisfaire par ses seules forces l'aspiration au divin. Puis il lui indiqua dans les anciens prophètes les personnes vers lesquelles se tourner pour trouver la voie de Dieu et la « véritable philosophie ». En le quittant, le vieillard l'exhorta à la prière, afin que lui soient ouvertes les portes de la lumière. Le récit reflète l'épisode crucial de la vie de Justin : au terme d'un long itinéraire philosophique de recherche de la vérité, il parvint à la foi chrétienne. Il fonda une école à Rome,il initiait gratuitement les élèves à la nouvelle religion, considérée comme la véritable philosophie. En celle-ci, en effet, il avait trouvé la vérité et donc l'art de vivre de façon droite. Il fut dénoncé pour cette raison et fut décapité vers 165, sous le règne de Marc Aurèle, l'empereur philosophe auquel Justin lui-même avait adressé l'une de ses Apologies.

(à suivre...)