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mardi 30 juillet 2013

La montée de Jéricho (3)

La montée de Jéricho (3)

Tous, partout et toujours, du moins les hommes de bonne volonté, parce que les autres, la Parole de Dieu glisse sur eux comme l’eau sur la pierre, tous éprouvent le côté apaisant du contact avec Dieu. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; je ne la donne pas comme la donne le monde » (Jean 14, 27). Fort heureusement ! Car la paix des hommes est bien vite rompue et bien fragile, souvent trompeuse… Elle s’envole aussi rapidement que la colombe un rameau dans le bec qui est censée la représenter depuis l’arche de Noé (cf. Genèse 8, 11). (lire la suite) Pratiquons l’« apostolat du repas » pour parler de Dieu à notre interlocuteur, pour lui donner raison de l’espérance qui est en nous (1 Pierre 3, 15) et pour ouvrir son intelligence aux « choses d’en haut, où le Christ demeure assis à la droite de Dieu » (Colossiens 3, 1). Nul doute que Jésus préside ce repas, comme à Béthanie, qu’il vient discrètement, de façon invisible, prendre la place qui lui revient, la place d’honneur, et que c’est lui qui oriente la conversation, pour qu’elle ait de la consistance, de l’épaisseur, qu’elle soit formatrice, positive. Pour que nos amis repartent en se disant : « Jamais homme n'a parlé comme cet homme » (Jean 7, 46). Non pas nous, mais le Christ par nous. ou, si nous préférons, l’Esprit de Jésus par notre bouche. Car dans ce contexte aussi s’applique l’annonce de notre Seigneur : « Ne vous préoccupez pas d'avance de ce que vous direz, mais dites ce qui vous sera donné à l'heure même ; car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit-Saint » (Marc 13, 11). (suite : chez Simon le lépreux)

lundi 29 juillet 2013

La montée de Jéricho (2)

La montée de Jéricho (2)

Nous entrons pour nous restaurer chez les amis du Seigneur, qui sont déjà nos amis. Parce que « les amis de tes amis sont mes amis ». Ce qui est vrai plus que jamais. Lazare pratique l’apostolat du repas. « ‘Apostolat du repas’ : c’est la vieille hospitalité des patriarches, avec la chaleur fraternelle de Béthanie. – Quand on l’exerce, il semble que l’on entrevoie Jésus présider, comme dans la maison de Béthanie » (saint Josémaria, Chemin, n°974). Notre Seigneur bénéficie de l’accueil de ses amis de Béthanie, qui se mettent entièrement à sa disposition, eux et leur vaste maison, quand il leur fait la joie de revenir. Il n’y pas qu’une bouche à nourrir, mais un fort contingent d’apôtres et de disciples. Qu’à cela ne tienne : il y a de la place pour tous et de quoi les sustenter tous. (lire la suite) Quand Jésus est l’hôte, l’apostolat s’exerce « à l’envers ». Il est reçu chez ses vieilles et sympathiques connaissances, mais nous pourrions dire que c’est plutôt lui qui les reçoit – il préside, en effet – car il se dépense à fond pour eux, il leur parle du Père et du royaume des cieux, il leur ouvre les horizons de la Jérusalem céleste, il leur fait entrevoir qu’i existe beaucoup de demeures dans la maison de son Père (cf. Jean 14, 2). Certes, il peut se reposer et refaire ses forces. Mais il est sur la brèche. Les premiers bénéficiaires de sa présence, ce sont Marthe, Marie et Lazare,… et nous ; et leurs connaissances et amis qu’ils ne manquent pas d’inviter aussi, en nombre raisonnable, pour qu’ils profitent eux aussi du passage du Maître. Là, nous avons vraiment l’« apostolat du repas ». Ils mettent leurs amis en rapport avec Jésus, ils leur permettent ainsi non seulement de l’écouter et de graver dans leur cœur sa doctrine merveilleuse, dont il affirme qu’elle ne vient pas de lui, mais du Père qui l’a envoyé (cf. Jean 14, 24), mais ils leur permettent encore de l’interroger, et de lui ouvrir leur cœur. Et de prier. Ce qui est absolument fondamental, vital pourrait-on dire. « Un saint qui ne prierait pas ?… — Je ne crois pas à cette sainteté-là » (saint Josémaria, Chemin, n°107). Et, comme on peut bien l’imaginer, sans que ce soit une prière formelle, exprimée par des paroles, le contact avec le Seigneur suscite immédiatement une prière du cœur, élève l’âme, fait ressentir au plus profond de l’être à quel point « Dieu est Amour » (1 Jean 4, 16). Comme les disciples d’Emmaüs ont bien su exprimer ces sentiments qui s’emparent de l’âme et l’embrasent, quand ils se sont dit l’un à l’autre, après avoir reconnu Jésus à la fraction du pain : « Est-ce que notre cœur n'était pas brûlant en nous, lorsqu'il nous parlait sur le chemin, tandis qu'il nous dévoilait les Ecritures ? (Luc 24, 32) ! (à suivre…)

dimanche 28 juillet 2013

La montée de Jéricho (1)

La montée de Jéricho (1)

Pour Jésus, il s’agit d’une halte bienvenue, j’allais dire obligée, disons plutôt attendue, quand il montait de Jéricho à Jérusalem. C’est la route qu’empruntaient des groupes nourris de pèlerins trois fois par an (cf. Exode 23, 14-19). Béthanie était d’ordinaire un petit village tranquille, de deux cents âmes tout au plus ; ombragé par ses palmiers abondants. Mais il s’animait singulièrement à l’approche de ces caravanes, chantant les psaumes dits « cantiques de la montée à Jérusalem » (cf. Psaumes 120-134). « Vers le Seigneur, dans ma détresse, j’ai crié, et il m’a exaucé : ‘Ô Seigneur, délivre mon âme de la lèvre menteuse, de la langue perfide !’ » (Psaume 120, 1-2). « Mon secours viendra du Seigneur, qui a fait le ciel et la terre. […] Le Seigneur te garde de tout mal, il garde ta vie ; le Seigneur te gardera, que tu sortes ou que tu rentres, dès maintenant et à jamais » (Psaume 121, 2.7-8). (lire la suite) « J’ai été dans la joie quand on m’a dit : ‘Allons à la maison du Seigneur.’ Voici que nos pieds s’arrêtent à tes portes, Jérusalem ! » (Psaume 122, 1-2). « Ceux qui se confient dans le Seigneur sont comme la montagne de Sion, qui ne chancelle point, qui demeure pour toujours » (Psaume 125, 1). « Si le Seigneur ne bâtit pas la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain ; si le Seigneur ne garde pas la cité, la sentinelle veille en vain » (Psaume 127, 1). « Heureux es-tu, toi qui crains le Seigneur, qui marches dans ses voies ! Ton épouse sera comme une vigne féconde dans l’intérieur de ta maison ; tes fils, comme des plants d’olivier, autour de ta table. Voilà comment sera béni l’homme qui craint le Seigneur » (Psaume 128, 1.3-4). « Du fond de l’abîme je crie vers toi, Seigneur, Seigneur, écoute ma voix ; que tes oreilles soient attentives aux accents de ma supplication ! Si tu gardes le souvenir des iniquités, ô Seigneur, Seigneur, qui pourra subsister ? Mais auprès de toi est le pardon, afin qu’on te révère. J’espère dans le Seigneur, mon âme espère en sa parole. Mon âme attend le Seigneur plus que les veilleurs l’aurore. Plus que les veilleurs l’aurore, qu’Israël attende le Seigneur ! Car avec le Seigneur est la bonté ; et avec lui une rédemption abondante » (Psaume 130 1-7). (à suivre…)

samedi 27 juillet 2013

La résurrection de Lazare (9)

La résurrection de Lazare (9)

Il y aura une suite à ce miracle : le complot des Pharisiens pour faire mourir le Seigneur (cf. Jean 11, 45-57). « Parmi les Juifs, les uns s’extasiaient devant le miracle qui venait d’être accompli ; d’autres s’en allèrent l’annoncer aux Pharisiens. Que firent ces derniers ? Au lieu d’être ravis d’étonnement et d’admiration, ils cherchent le moyen de mettre à mort celui qui venait de rappeler un mort à la vie. Quelle démence ! Celui qui triomphe de la mort et lui fait rendre ses victimes, ils estiment pouvoir le livrer à la mort, et ils disent : ‘Que ferons-nous ? car cet homme opère beaucoup de prodiges.’ Ils le qualifient d’homme après une preuve aussi éclatante de sa divinité. ‘Que ferons-nous ?’ Ce que vous devriez faire, (lire la suite) ce serait de croire en lui, de le servir, de l’adorer, et de ne plus le regarder comme un homme. ‘Si nous le laissons en liberté, les Romains viendront et ruineront notre nation et notre cité.’ […] Et pourquoi, s’il vous-plaît ? Est-ce que Jésus prêchait la révolte ? Ne recommandait-il pas de payer l’impôt à César ? Lorsque vous vouliez le proclamer roi, n’est-il pas vrai qu’il s’est dérobé à vos recherches ? N’a-t-il pas mené un genre de vie complètement étranger à toute ambition, n’ayant ni habitation, ni rien de pareil ? – Ce langage, ce n’était pas la crainte qui le leur inspirait, mais la haine. Toutefois, ce à quoi ils ne s’attendaient pas leur arriva ; les Romains détruisirent leur capitale et leur nation, précisément parce qu’ils avaient mis à mort le Christ » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 63, 1). Et cela continue, tout au long de l’histoire… « Je ne sais pourquoi tu t’affoles. — Les ennemis du Christ ont toujours été peu raisonnables. Après la résurrection de Lazare, ils auraient dû se rendre à l’évidence et confesser la divinité de Jésus. — Eh bien, non : tuons, dirent-ils, celui qui donne la vie ! Et aujourd’hui comme hier » (saint Josémaria, Chemin, n° 694). Mais nous nous arrêtons ici. Il y a tout lieu de penser que Marie a accompagné son Fils à Béthanie. Nous avons vu que les apôtres étaient du déplacement. Elle se réjouit donc de voir que Jésus a de bons amis sur lesquels il peut compter. Elle leur en est reconnaissante. Peut-être est-elle elle-même à l’origine de cette amitié. Qui sait ? À nous de lui demander de faire de nous de vrais amis de son Fils, de savoir l’accueillir comme il le mérite, de le fréquenter avec simplicité et humilité, avec une énorme confiance. (suite : la montée de Jéricho)

vendredi 26 juillet 2013

La résurrection de Lazare (8)

La résurrection de Lazare (8)

Et parce que notre vie est une succession de « merveilles de Dieu » (Psaume 71, 19), nous nous en trouvons encouragés à lui ouvrir notre âme avec simplicité et confiance pour lui manifester nos besoins et lui demander de nous aider davantage encore. Nous le remercions de toutes les grâces qu’il nous envoie à profusion. Nous lui demandons pardon pour nos infidélités, pour avoir gaspillé une partie de ces grâces, et de ne pas nous en tenir rigueur…et nous sollicitons encore son aide, car nous en avons besoin aujourd’hui et toujours. (lire la suite) « Pour moi je savais que tu m'exauces toujours ; mais j'ai dit cela à cause de la foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé » (Jean 11, 42). Il réalise ce miracle – comme tous les autres, et comme tous les miracles spirituels, qu’il réalise dans notre âme – pour que nous croyions en lui, pour que nous soyons bien convaincus qu’il est le Fils de Dieu, Dieu lui-même et donc, à ce titre, Tout-Puissant. Et que, par conséquent, il nous accordera tout ce que nous lui demanderons : « Ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom : demandez et vous recevrez, si bien que votre joie sera complète » (Jean 16, 23-24). Il nous accorde même ce que nous demandons indirectement, comme ici Marthe et Marie. « Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous le lui demandiez » (Matthieu 6, 8). Mais il veut nous entendre formuler nos pétitions, que nous soyons des « hommes de désir » (Daniel 9, 23). « Ayant parlé ainsi, il cria d'une voix forte : « Lazare, sors ! » (Jean 11, 43-44). « Lazare a ressuscité parce qu'il a entendu la voix de Dieu : il n'eut de cesse de sortir aussitôt de l'état où il se trouvait. S'il n'avait pas « voulu » bouger, il serait mort de nouveau. Prendre cette résolution sincère: avoir toujours foi en Dieu ; mettre toujours son espérance, toujours son amour en Dieu..., Lui qui ne nous abandonne jamais, même si nous sommes aussi décomposés que Lazare » (saint Josémaria, Forge, n° 211). Les gens présents ont dû faire un pas en arrière. Un mort qui est vivant ! Et qui apparaît en plus revêtu de son linceul, enveloppé de bandelettes, momifié ! Quel spectacle ! Si bien que tous sont cloués sur place et que Jésus sait ordonner : « Déliez-le, et laissez-le aller » (Jean 11, 44). Quel exemple réconfortant pour nous, en voyant ce que Jésus a fait pour son ami ! Car « Jésus est ton ami. — l’Ami. — Avec un cœur de chair comme le tien. — Avec des yeux pleins de bonté, qui ont versé des larmes pour Lazare… — Et il t’aime, toi, autant que Lazare » (saint Josémaria, Chemin, n° 422). Que n’est-il pas disposé à faire aussi pour nous… Un exemple réconfortant, parce qu’il est le gage de nos résurrections spirituelles, l’assurance que rien n’est définitivement perdu ici-bas. « Ne désespère jamais. Lazare était mort et décomposé : iam fœtet, quatriduanus est enim, il sent déjà mauvais, cela fait quatre jours qu’il a été enseveli, dit Marthe à Jésus. Si tu entends l’inspiration de Dieu et que tu la suives — Lazare, veni foras ! Lazare, viens ici. Dehors ! — tu renaîtras à la Vie » (saint Josémaria, Chemin, n° 719). (à suivre…)

jeudi 25 juillet 2013

La résurrection de Lazare (7)

La résurrection de Lazare (7)

Mais aujourd’hui, elle se pose, car Lazare est bel et bien dans la tombe. Aussi Jésus ordonne-t-il : « Ôtez la pierre ! » (Jean 11, 39). Cette injonction provoque la surprise. Marthe a beau croire que Jésus est la Résurrection et le Messie, elle hésite : « Marthe, la sœur de celui qui était mort, lui dit : « Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là » (Jean 11, 39). Que ce soit le quatrième ou le quarantième jour n’a pas d’importance pour Jésus. « Jésus lui dit : « Ne vous ai-je pas dit que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu ? » (Jean 11, 40). Cette gloire de Dieu pour laquelle Lazare est tombé malade puis est décédé. Cette gloire de Dieu que seuls quelques privilégiés ont pu voir, comme Moïse sur le mont Horeb (cf. Exode 24, 16), et les apôtres Pierre, Jacques et Jean sur le mont Thabor, au jour de la Transfiguration (cf. Luc 9, 28-36). (lire la suite) Mais on ne peut pas autrement voir Dieu dans sa gloire sans mourir. Cette vision est réservée à l’au-delà, à la vie en Dieu dans la patrie céleste. « Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là » (Jean 11, 39). Il n’y a pas à barguigner. Il faut se plier à la volonté de Dieu. C’est une condition sine qua non du progrès spirituel véritable. Devant la majesté et la grandeur de Dieu, notre place c’est de nous faire tout-petit, de reconnaître notre totale dépendance de la toute-puissance de Dieu. Il n’y a pas d’autre attitude possible. « Quiconque s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 14, 11). Il nous faut cultiver l’humilité propre à la créature. »C’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes 17, 28). En dehors de Dieu, nous ne sommes rien et nous ne pouvons rien. Il faut reconnaître que nous sommes entre les mains de Dieu – et sont d’ailleurs les meilleures mains qui soient. Mais prétendre, comme cela nous arrive si souvent, nous débrouiller tout seuls, agir pour notre propre compte, sans demander sa grâce à Dieu, c’est présumer de nos forces et aller droit dans le mur. « Jésus lui dit : « Ne vous ai-je pas dit que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu ? » Ils ôtèrent donc la pierre ; et Jésus leva les yeux en haut et dit : « Père, je vous rends grâces de ce que vous m'avez exaucé » (Jean 11, 40-41). Marthe lui avait déclaré : « Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera » (Jean 11, 22). Ce à quoi Jésus avait répondu : « Ton frère ressuscitera » (Jean 11, 23). Voici le moment venu de cette résurrection annoncée. Le Père la lui a déjà accordée. C’est pourquoi il le remercie par avance. L’action de grâce est une autre manifestation d’humilité, car c’est la reconnaissance des bienfaits que Dieu nous octroie libéralement et avec une abondance calculée, c’est-à-dire telle que nous n’en manquions jamais. Si nous jetons un coup d’œil sur notre vie, nous n’avons que des motifs de remercier Dieu. Tout est grâce. (à suivre…)

mercredi 24 juillet 2013

La résurrection de Lazare (6)

La résurrection de Lazare (6)

Jésus « manifeste son humanité ; il pleure, il est ému. D’ordinaire, le regret éveille en nous la sensibilité. Contenant ensuite son émotion, réprimant le trouble qu’il éprouvait – et c’est là ce que veulent dire les mots ‘il frémit intérieurement’ – il demande à ceux qui l’entourent : ‘Où l’avez-vous déposé ?’ Il ne voulait pas verser des larmes en posant cette question ; mais cette question, quelle en est l’utilité ? Le Seigneur tenait à ne pas se mettre en avant, à tout apprendre de leur bouche et à n’intervenir que sur leur prière, afin que le miracle fut au-dessus de toute suspicion ; on lui répondit : ‘Venez et voyez. Et Jésus pleura’. Jusqu’ici rien n’apparaît qui présage une résurrection ; si le Maître s’approche du tombeau, c’est pour pleurer, semble-t-il, et non pour rappeler le mort à la vie. Ainsi le comprirent les Juifs qui disaient : ‘Voilà comme il l’aimait ; quelques-uns d’entre eux ajoutaient : Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle-né, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ?’ » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 63, 1). (lire la suite) « Et il dit : « Où l'avez-vous mis ? » « Seigneur, lui répondirent-ils, venez et voyez. » Et Jésus pleura » (Jean 11, 34-35). Nous ne pouvons pas rester insensibles face à la douleur de notre Seigneur. Elle n’est pas feinte. C’est sa très Sainte Humanité qui s’exprime de la sorte. « Il a été éprouvé en tout de la même manière que nous, le péché exclu » (Hébreux 4, 15). Nous le voyons bien ici. Et c’est très beau. Jésus nous est ainsi très proche. Il nous comprend dans notre détresse, parce qu’il l’a connue personnellement, il l’a partagée. « Les Juifs dirent : « Voyez comme il l'aimait. » Mais quelques-uns d'entre eux dirent : « Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux d'un aveugle-né, faire aussi que cet homme ne mourût point? » (Jean 11, 36-37). Attendez donc un peu ! Patientez. Ayez l’humilité de ne pas juger Dieu, de ne pas lui dicter ce qu’il doit faire… « Jésus donc, frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre » (Jean 11, 38). Son émotion n’est pas passagère, mais profonde, comme profond était son lien d’amitié avec Lazare et ses deux sœurs. Il souffre aussi pour elles, à cause de leur propre douleur. « Jésus donc, frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre: c'était un caveau, et une pierre était posée dessus » (Jean 11, 38). C’est le style de tombeau de l’époque, obstrué par une pierre que l’on fait rouler, et qu’il est fort difficile ensuite de déplacer. L’on se souvient de la réflexion que se font les saintes femmes au matin de Pâques ; tandis qu’elles se rendent au Saint-Sépulcre pour achever d’embaumer le corps du Seigneur : « Elles se disaient entre elles : « Qui va nous rouler la pierre de devant l’entrée du tombeau ? » (Marc 16, 3). Ce jour-là, la question était superflue, car la pierre avait déjà été roulée… (à suivre…)

mardi 23 juillet 2013

La résurrection de Lazare (5)

La résurrection de Lazare (5)

« Lorsqu'elle eut ainsi parlé, elle s'en alla, et appela en secret Marie, sa sœur, disant : « Le Maître est là, et il t'appelle » (Jean 11, 28). Jésus veut voir Marie en tête-à-tête aussi, et la consoler personnellement, en dehors de la foule des amis et connaissances qui sont venus présenter leurs condoléances et qui, comme cela est la coutume en Orient, envahissent la maison où ils vont passer des heures. « Lorsqu'elle eut ainsi parlé, elle s'en alla, et appela en secret Marie, sa sœur, disant : « Le Maître est là, et il t'appelle » (Jean 11, 29-30). Il l’attendait donc à l’écart. Marie se hâte. Elle ne s’était pas rendue compte que le grand ami de Lazare n’était pas loin. « Les Juifs qui étaient avec Marie, et la consolaient, l'ayant vue se lever en hâte et sortir, la suivirent en pensant : « Elle va au sépulcre pour y pleurer » (Jean 11, 31). (lire la suite) Mais elle prend une autre direction, ce qui doit les décontenancer quelque peu, surtout à cause de la rapidité que Marie met à se déplacer. « Lorsque Marie fut arrivée au lieu où était Jésus, le voyant, elle tomba à ses pieds, et lui dit : « Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort » (Jean 11, 32). Elle dit exactement la même chose que sa sœur, mot pour mot. Avec une identique simplicité, avec une identique humilité. Elle ne doute pas que le Seigneur agit toujours à la perfection, et qu’il n’y arien à lui reprocher, jamais. Elle fait simplement état de sa conviction que si Jésus avait été présent, il aurait fait ce qu’il fallait pour que son frère ne mourût pas. « Jésus la voyant pleurer, elle et les Juifs qui l'accompagnaient, frémit en son esprit, et se laissa aller à l'émotion » (Jean 11, 33). Jésus pleure à son tour, non seulement gagné par l’émotion, comme le souligne l’évangéliste, mais parce que son Cœur saigne de savoir mort celui qu’il aime spécialement. Ces pleurs de Jésus nous touchent de près. Saint Luc nous rapportera d’autres pleurs du Seigneur, lors de son entrée triomphale, euphorique, dans la Cité Sainte : « Quand il fut proche de la ville, en la voyant, il pleura sur elle » (Luc 19, 41). Il pleure l’ingratitude, il pleure sur les péchés des hommes qui vont être la cause de sa Passion et de sa propre mort. Il pleure sur nos péchés. Rien de ce qui arrive dans le monde, rien de ce qui se produit dans notre vie ne le laisse indifférent. Jésus est vraiment avec un Cœur de chair, qui saigne de douleur en présence du mal. « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a fait pour nous péché, afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Corinthiens 5, 21). « Le Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi en devenant pour nous malédiction, car il est écrit : Maudit quiconque est suspendu au gibet » (Galates 3, 13). (à suivre…)

lundi 22 juillet 2013

La résurrection de Lazare (4)

La résurrection de Lazare (4)

Marthe s’exprime en toute simplicité. Ce n’est pas vraiment un reproche, mais plutôt une constatation. « As-tu mesuré toute l'affection, toute la confiance que le Christ a reçues de ses amis ? Que de naturel chez les sœurs de Lazare quand elles lui reprochent son absence: nous t'avons prévenu ! Si tu avais été là !... — Dis-lui donc, alors, calme et confiant ; apprends-moi à te montrer le même amour que Marthe, Marie et Lazare ; tout comme faisaient les douze premiers, même si, au début, ils te suivaient pour des raisons qui étaient peu surnaturelles » (saint Josémaria, Forge, n° 495). Mais un constat empreint, là encore, de confiance, car Marthe ajoute : « Mais maintenant encore, je sais que tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l'accordera » (Jean 11, 22). Elle a aussi l’humilité de ne rien imposer, de ne pas commander au Seigneur. Elle croit. N’est-ce pas suffisant ? (lire la suite) S’engage alors un dialogue : « Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » « Je sais, lui répondit Marthe, qu'il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier Jour » (Jean 11, 23-24). Effectivement, les morts ressusciteront au dernier jour. Les Juifs le croient. Nous aussi nous le croyons. C’est un des articles de notre foi. Nous le croyons dans le Christ. Abraham « estimait que Dieu a la puissance de ressusciter les morts » (Hébreux 11, 9). Or, Jésus-Christ est le Dieu vivant. C’est pourquoi il répond à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point pour toujours. Le crois-tu ? » (Jean11, 25-26). « ‘Quiconque croit en moi, fût-il mort, vivra’ ; fût-il mort de la vie temporelle. ‘Et quiconque croit en moi, ne mourra pas’, de la mort véritable. Ne soyez donc pas hors de vous parce que votre frère est mort ; je suis la résurrection ; seulement croyez : la mort temporelle n’est pas une mort ;- Ainsi, en même temps qu’il la console du malheur qui venait de l’atteindre, il ranime son espérance, soit en lui disant que son frère ressuscitera, soit en ajoutant : ‘Je suis la résurrection’, soit en affirmant que, vint-il à ressusciter, puis à mourir une seconde fois, il ne lui arrivera aucun mal. Ce n’est pas cette mort qui est à craindre. Lazare n’est pas mort, et vous ne mourrez pas non plus » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 62, 3). Jésus est en droit de nous poser cette même question. Marthe n’hésite pas : « Oui, Seigneur », lui dit-elle, « je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir en ce monde » (Jean 11, 27). Avons-nous cette même foi, cette même simplicité pour reconnaître la divinité de Jésus, qui est la Résurrection et la Vie, et pour reconnaître que nous n’avons la vie qu’en lui ? Avons-nous cette même simplicité et cette même spontanéité pour le confesser auprès de nos proches et de nos amis ? « Je puis tout en celui qui me fortifie » (Philippiens 4, 13), c’est-à-dire dans le Christ Jésus. (à suivre…)

dimanche 21 juillet 2013

La résurrection de Lazare (3)

La résurrection de Lazare (3)

« Les disciples lui dirent : « Maître, tout à l'heure les Juifs voulaient te lapider, et tu retournes là ? » (Jean 11, 8). Hier pas exactement, mais quelques jours plus tôt, comme le même saint Jean le rapporte au chapitre précédent, après que Jésus a dit : « Moi et le Père nous sommes un. De nouveau, les Juifs apportèrent des pierres pour le lapider » (Jean 10, 30-31). Nous comprenons l’émoi des apôtres. Jésus a une de ces réponses qui sont quelque peu énigmatiques : « N'y a-t-il pas douze heures dans le jour ? Si quelqu'un marche pendant le jour, il ne se heurte point, parce qu'il voit la lumière du monde. Mais s'il marche pendant la nuit, il se heurte parce qu'il manque de lumière » (Jean 11 ; 9-10). Il rappelle indirectement qu’il est la Lumière du monde. « Il parla ainsi, et ajouta : « Notre ami Lazare dort, mais je me mets en route pour le réveiller. » Ses disciples lui dirent : (lire la suite) « S'il dort, il guérira. » Mais Jésus avait parlé de sa mort, et ils pensaient que c'était du repos du sommeil. Alors Jésus leur dit clairement : « Lazare est mort ; et je me réjouis à cause de vous de n'avoir pas été là, afin que vous croyiez ; mais allons vers lui » (Jean 11, 11-15). « Dès qu’il leur a déclaré qu’il va non à Jérusalem mais à Béthanie, il ajoute : ‘Lazare dort ; je vais le réveiller de son sommeil.’ Je ne vais pas recommencer mes discussions avec les Juifs et les combattre de nouveau. Je vais ouvrir les yeux de notre ami à la lumière » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 62, 1). Remarquons que Jésus sait ce qui est advenu à Lazare sans que personne l’en ait prévenu. « Tout est à nu et sans masque » à ses yeux (Hébreux 4, 15). « Et Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, afin de mourir avec lui » (Jean 11, 16). C’est dire le contexte dramatique dans lequel se déroule la scène à laquelle nous assistons. Thomas envisage sérieusement la mort du Maître et celle de ses disciples. Mais cela n’arrête pas Jésus, car il aime Marthe, Marie et Lazare. Et que Lazare est mort. Et qu’il entend le ressusciter. Sa propre vie compte peu face au bien qu’il peut apporter à ses amis. « Jésus vint donc et trouva Lazare depuis quatre jours dans le sépulcre. Or, Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ. Beaucoup de Juifs étaient venus près de Marthe et de Marie pour les consoler au sujet de leur frère. Dès que Marthe eut appris que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison. Marthe dit donc à Jésus : « Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort » (Jean 11, 17-21). « Ce qui est admirable, c’est de voir les sœurs de Lazare, après avoir entendu dire que cette maladie ne causerait pas la mort de leur frère, assister à sa mort sans être scandalisées de cet événement contraire à la prédiction du Sauveur, et s’approcher de Jésus sans concevoir de lui une opinion défavorable » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 62, 1). (à suivre…)

samedi 20 juillet 2013

La résurrection de Lazare (2)

La résurrection de Lazare (2)

Cependant Jésus ne réagit pas comme Marthe et Marie l’escomptaient secrètement. « Ce qu'ayant entendu, Jésus dit : « Cette maladie ne va pas à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle » (Jean 11, 4). Nous retrouvons le souci de la gloire de Dieu, tout comme dans le cas de l’aveugle de naissance (cf. Jean 9, 3). L’infirmité et la maladie sont permises par Dieu pour que par la guérison apportée par Jésus, Dieu soit glorifié. En même temps, puisqu’elles sont permises par Dieu, nous devons quant à nous les accepter et les aimer. Probablement nous ne serons pas l’objet d’une guérison miraculeuse, mais cette acceptation et cet amour des difficultés et des infirmités de la vie sont certainement une façon bien réelle de rendre gloire à Dieu en aimant sa très sainte et très aimable Volonté. Tout comme le Fils rend gloire à son Père en disant : « Ma nourriture, c’est de faire la Volonté de Celui qui m’a envoyé » (Jean 4, 34), Volonté qui, il le sait bien, comporte la Croix (lire la suite) « Or, Jésus aimait Marthe, et sa sœur Marie, et Lazare » (Jean 11, 5), précise saint Jean. Et parce qu’il les aime, il ne se désintéresse pas d’eux. Seulement voilà, ses plans, sa logique, son temps sont distincts des nôtres. Et nous, qui connaissons la suite de l’histoire, nous savons qu’ils sont meilleurs que les nôtres et supérieurs à eux, qu’ils nous portent au-delà des espérances purement humaines. « Ayant donc appris qu'il était malade, il resta deux jours encore au lieu où il était. Il dit ensuite à ses disciples : « Retournons en Judée » (Jean 11, 6-7). Évidemment, Jésus ne reste pas là où il est les bras croisés. L’activité évangélisatrice le sollicite pleinement, comme à l’accoutumée. Et il n’est sans doute pas rare qu’il doive s’asseoir, « fatigué du voyage » (Jean 4, 6), comme le jour où il convertit la Samaritaine et, par elle, une bonne partie des villageois de Sichar. « ‘Lorsqu’il eut parlé ainsi, il demeura deux jours dans ce lieu’. Pourquoi y demeura-t-il ? Afin que Lazare put rendre le dernier soupir et être enseveli ; pour ôter tout sujet de tenir un pareil langage : Il n’a ressuscité qu’un homme qui n’était pas mort. […] Aussi le Christ attend-il que la corruption se soit déclarée et que l’on puisse dire : ‘Déjà il sent mauvais…’ Après cela il dit à ses disciples : ‘Allons en Judée.’ Pourquoi Jésus, qui d’ailleurs ne fait point de prédiction pareille, en fait-il une ici ? Ses disciples étaient en proie à une terreur profonde : c’est pour les rassurer que le Maître leur annonce ce qui doit avoir lieu. Et que lui disaient-ils ? ‘Les Juifs cherchaient naguère à te lapider [cf. Jean 10, 31], et tu reviens au milieu d’eux !’ Ils craignaient à la vérité encore plus pour eux-mêmes que pour lui, parce qu’ils étaient loin de la perfection. Plus pressé par la crainte que les autres, plus faible aussi et plus incrédule, Thomas s’écrie : ‘Allons-y nous aussi, afin de mourir’ (Jean 11, 16) » avec lui (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 62, 1). (à suivre…)

vendredi 19 juillet 2013

La résurrection de Lazare (1)

La résurrection de Lazare (1)

« Il y avait un malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa sœur » (Jean 11, 1). Marthe semble être la maîtresse de maison. En effet, « pendant qu'ils étaient en chemin, il entra dans un certain bourg, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison » (Luc 10, 38). Jésus s’arrête relativement fréquemment à Béthanie, ville qui se trouve proche de Jérusalem, « à quinze stades environ » (Jean 11, 18). Il y est accueilli avec joie par ces trois frère et sœurs, qui sont pour lui de très bons amis. Nous éprouvons une grande joie, nous aussi, à voir ces sentiments humains chez le Seigneur, à constater qu’il a un Cœur qui abrite des sentiments d’affection comme les nôtres. Que marquer des préférences n’est pas mauvais, mais quelque chose de naturel. Jésus sait qu’il peut trouver un havre de paix à Béthanie, qu’il y sera toujours reçu à bras ouverts, qu’il pourra y refaire ses forces. « Marie est celle qui oignit de parfum le Seigneur, et lui essuya les pieds avec ses cheveux » (Jean 11, 2). C’est une précision que Jean apporte quand il rédige son Evangile, même si l’événement de l’onction n’interviendra que plus tard (cf. Jean 12, 1-11). « Et c'était son frère Lazare qui était malade » (Jean 11, 2). (lire la suite) Jésus ne se trouve pas à Béthanie quand Lazare tombe malade. Apparemment cette maladie est suffisamment grave pour qu’elle suscite l’inquiétude de Marthe et de Marie. Aussi « les sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que vous aimez est malade » (Jean 11, 3). Elles lui envoient un messager chargé de l’avertir. Elle savent où il est, ce qui montre l’intérêt qu’elles portent à la mission de notre Seigneur, à son apostolat. Elles escomptent bien que Jésus comprendra la portée de la nouvelle et se mettra aussitôt en route pour venir au chevet de son ami et le guérir. Elles ont à la fois la simplicité de faire part au Maître de leur souci et la délicatesse de le laisser libre de sa décision. Cette même délicatesse qui doit marquer notre relation personnelle avec Jésus, cette même simplicité : il suffit de lui faire état de ce que nous ressentons, de nos préoccupations et soucis, de nos besoins ; et de nous présenter devant lui avec nos faiblesses et nos misères, les nôtres et aussi celles d’autrui : « Seigneur, celui que vous aimez est malade. » Et nous sommes tous quelqu’un qu’il aime. Nous sommes tous ses amis : « Vous êtes mes amis si vous faîtiers ce que je vous prescris. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; vous, je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père » (Jean 15, 14-15). C’est vraiment admirable. Il nous aime tous. Et « il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4). (à suivre…)

jeudi 18 juillet 2013

Marthe et Marie (4)

Marthe et Marie (4)

Marthe n’avait pas à se préoccuper, car Jésus est le service incarné : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner ma vie en rançon pour la multitude » (Matthieu 20, 28). Marthe ne l’a pas compris, mais Marie si, apparemment. Ce n’est pas de l’insouciance de sa part vis-à-vis des tâches ménagères, mais du choix délibéré de faire passer Dieu en premier. Et le Maître souligne qu’elle « a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée » (Luc 10, 42). « Marie a choisi la meilleure part – l’excellence, dit notre texte latin […]. Non, le Seigneur n’arrachera point Marie à sa contemplation et à son amour ; bien assise, elle a pris place déjà à ce festin de la vie éternelle que le Seigneur est venu offrir à ses hôtes de Béthanie. Il est bon de recevoir Jésus dans sa maison ; il est meilleur encore de recevoir, des lèvres de Jésus, la vérité dans son cœur. Les vrais heureux sont ceux qui recueillent la parole de Dieu et la gardent avec amour, comme un trésor (cf. Luc 11, 28) » (Dom Paul Delatte, L’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ le Fils de Dieu, Sablé, Éd. de l’abbaye de Solesmes, t. I, 1975, p. 534). (suite : la résurrection de Lazare)

mercredi 17 juillet 2013

Marthe et Marie (3)

Marthe et Marie (3)

L’enseignement du Christ n’a pas qu’une portée générale. Il comporte toujours une pointe s’appliquant directement à l’auditeur qui le questionne, réponse qui le stimule dans sa lutte, en lui ouvrant de nouveaux horizons. Plus que quiconque, notre Seigneur possède le don des langues, c’est-à-dire la capacité à nous rejoindre dans nos préoccupations et nos besoins et à adapter sa prédication en fonction d’eux afin qu’elle nous soit utile. Marie n’est pas une auditrice passive. Elle sait interroger le Maître et lui faire part des sentiments que le Saint-Esprit fait naître en elle, afin d’obtenir un éclaircissement, une orientation pour sa vie, et ainsi de mieux aimer le Tout-Puissant. (lire la suite) Elle s’enhardit en regardant Jésus. Le regard du Seigneur est clair, net, profond, aimable, transparent, limpide, souriant. Il est tout un programme à lui seul. Il est une force, une source de joie. Il encourage. Il semble dire quoniam bene, que ce que tu fais est bien (cf. Isaïe 3, 10). Oui, c’est le regard de Dieu, le regard de l’Amour. Donc un regard attachant, dont nous avons du mal à nous séparer. Mais en même temps que nous ne pouvons pas oublier. Telle est mon expérience, toutes proportions gardées, du regard de saint Josémaria, le fondateur de l’Opus Dei. comme Marie aux pieds du Seigneur, j’ai eu bien souvent l’occasion – la grande grâce serait-il plus juste de dire – d’être également assis à ses pieds et de l’écouter nous parler de Dieu… L’attitude du Seigneur n’a rien de guindé. Jésus ne se prend pas pour quelqu’un de supérieur aux autres, bien qu’il le soit à tous points de vue. Il n’est pas là pour faire constamment la leçon. Même si, à l’époque, les tâches ménagères étaient l’affaire des femmes, nul doute qu’il ne serait pas resté les bras croisés. Il avait appris au foyer familial à rendre service. Il n’a certainement pas laissé Marie, sa Mère, faire toute seule les besognes les plus pénibles sans intervenir, comme s’il était indifférent à sa fatigue, alors qu’il lui en était divinement reconnaissant. Cela ne peut se concevoir. « Moi, au milieu de vous, je suis comme celui qui sert » (Luc 22, 27). Cette attitude n’est pas subite, comme exceptionnelle. Elle n’intervient pas tout à coup, juste le temps de laver les pieds de ses apôtres le Jeudi Saint (cf. Jean 13, 3-11), comme s’il avait attendu le dernier moment de sa vie sur terre pour nous servir. Non ! Le Seigneur ne fait jamais les choses à moitié. Et nous n’imaginons pas que le Seigneur ait pu être oisif un seul instant de sa vie. D’ailleurs, l’oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices et elle était donc absolument exclue, incompatible avec sa condition divine, sous quelque forme que ce fût. Jésus a toujours rendu service, de la façon la plus discrète et cachée possible, avec un grand naturel, pour rendre toute la gloire à son Père. Le meilleur esprit de service est celui qui ne se fait pas remarquer. (à suivre…)

mardi 16 juillet 2013

Le figuier desséché (1)

Le figuier desséché (1)

Une fois entré à Jérusalem pour son ultime prédication dans le Temple, Jésus se retire chaque soir avec ses disciples à Béthanie. Et ce dès le soir de son entrée mémorable et solennelle qui a pris du temps et a occupé le plus clair de la journée. De sorte que, « après avoir tout regardé autour de lui [dans le Temple], comme il était déjà tard, il sortit pour gagner Béthanie avec les Douze » (Marc 11, 11). Il va se reposer chez Marthe et Marie, non sans devoir parcourir encore les trois kilomètres qui séparent du foyer de ses amis. (lire la suite) Mais les circonstances ne sont plus les mêmes que les autres fois. L’heure pour laquelle il est venu sur terre, l’heure « de passer de ce monde auprès de son Père » (Jean 13, 1), l’heure de la Passion et de sa Mort pour tous les péchés de tous les hommes, cette heure-là est sur le point de donner. Pour nous c’est toujours l’heure… Jésus achève de transmettre aux foules montées à Jérusalem pour la Pâque – et à nous-mêmes – ce que son Père l’a chargé de nous faire connaître de lui-même et de ses plans de salut : « Le Père qui m’a envoyé, c’est lui qui m’a prescrit ce que j’avais à dire et à faire entendre » (Jean 12, 49). « Et il enseignait journellement dans le Temple. Les grands prêtres et les scribes cherchaient le moyen de le faire périr ; de même, les notables du peuple. Mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils auraient pu faire, car le peuple entier était, en l’écoutant, suspendu à ses lèvres » (Luc 19, 47-48), les foules « le tenaient pour un prophète » (Matthieu 21, 46), en effet. Or, le lundi, de bon matin, Jésus et les Douze se levèrent pour retourner à Jérusalem. Ils n’ont peut-être pas eu le temps de prendre quelque chose avant de partir. Le fait est que, « comme ils sortaient de Béthanie, il eut faim » (Marc 11, 12). Nous pouvons déjà nous émerveiller de constater que Jésus a faim. Cette annotation de l’évangéliste nous montre combien Jésus nous est proche. S’il est « un de la Trinité », il est aussi « un de l’humanité », soumis comme nous à toutes les limitations de notre nature créée, hormis le péché (cf. Hébreux 4, 15). Au-delà de cette faim physique impressionnante, nous pouvons découvrir un désir profond du Seigneur d’attirer toutes les âmes à son Père : « Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12, 32). Une fois fixé sur la Croix par l’Amour fou qu’il nous porte, il s’exclamera : « J’ai soif ! » (Jean 19, 28). Il a faim et il a soif. Il a faim et soif d’âmes, d’âmes qui sachent se donner à lui, lui emboîter le pas, qui acceptent volontiers de se mettre au service du Père ; « Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » (Luc 10, 2). Il a faim et soif d’hommes et de femmes qui répondent positivement et avec enthousiasme à son appel impératif : « Viens et suis-moi ! » (Matthieu 8, 22). (à suivre…)

Marthe et Marie (2)

Marthe et Marie (2)

Jésus ne vient pas à Béthanie comme quelqu’un de constitué en autorité, que tout le monde sert avec empressement et obséquiosité, mais qui est comme au-dessus des autres, à l’écart. Il devait s’intéresser à ses amis, à ce qu’ils avaient fait depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus ; Jésus prenait des nouvelles de ce qui s’était produit au village ; il s’informait de l’état de santé de ceux qui étaient malades afin d’aller leur rendre visite, ou de l’amélioration de la situation de ceux qui avaient des problèmes… Il partageait les joies et les peines des uns et des autres, parce que, dira-t-il un jour, « je suis doux et humble de cœur » (Matthieu 11, 29). Et que le Cœur de Jésus est par excellence un cœur qui sait aimer sans réserve, le cœur de quelqu’un qui ne pense pas une seule seconde à lui-même. Cela rend quand même la vie singulièrement agréable et amène. Quel contraste avec nos conversations si souvent centrées sur nous-mêmes ou manquant de droiture d’intention, pleines d’arrière-pensées… (lire la suite) Marthe « avait une sœur, appelée Marie, qui s’était assise aux pieds du Seigneur et l’écoutait parler » (Luc 10, 39). Lazare aussi était présent, assis à côté du Maître. Jésus leur répète une partie de sa prédication, des choses qu’il a enseignées ailleurs et qu’ils n’ont pas eu l’occasion d’entendre jusque là. « À chaque jour suffit sa peine » (Matthieu 6,34). « Ne vous inquiétez pas pour votre existence de ce que vous aurez à manger, ni pour votre corps de ce que vous aurez comme vêtement. En effet, l’existence vaut plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement. Voyez les corbeaux, qui ne sèment ni ne moissonnent, qui n’ont ni celliers ni granges, mais que Dieu nourrit : combien plus valez-vous que ces oiseaux ! […] Voyez comment croissent les lis : ils ne travaillent ni ne filent ; or, je vous le dis, pas même Salomon, dans toute sa splendeur, n’a été vêtu comme l’un d’eux. Si donc Dieu revêt ainsi dans les champs la plante qui existe aujourd’hui, mais qui demain sera jetée au four, est-ce qu’il ne fera pas encore plus pour vous, gens de peu de foi ? » (Luc 12, 22-24.27-28)… Ah ! Si Marthe prenait la peine de s’arrêter un instant et d’écouter notre Seigneur, elle pourrait en prendre de la graine et aller à l’essentiel. Au lieu de devoir s’entendre dire au bout d’un certain temps : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses, alors qu’il n’est besoin que d’une seule » (Luc 10, 41). Une seule, qui ne figure pas au nombre de celles que tu as choisies, hélas. (à suivre…)

lundi 15 juillet 2013

Marthe et Marie (1)

Marthe et Marie (1)

« Alors qu’il faisait route », en direction de Jérusalem, qui était son objectif, Jésus « entra dans un bourg, et une femme, du nom de Marthe, le reçut chez elle » (Luc 10, 38). C’est la maîtresse de maison, et elle va se dépenser en tant que telle, consciente de sa responsabilité d’héberger le Messie Sauveur. Les Samaritains s’étaient refusés à le recevoir quelques jours plus tôt ; précisément parce qu’il avait pris « résolument la direction de Jérusalem » (Luc 9, 31). Une fois de plus, un légiste lui avait posé une question-piège pour l’embarrasser : « Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en partage ? » (Luc 10, 25), question qui nous a valu la parabole émouvante du bon Samaritain (cf. Luc 10, 26-37). Nous comprenons que Jésus veuille trouver un moment de paix et de tranquillité auprès de ses amis de Béthanie. Il les laisse prendre soin de lui, avec un énorme naturel. Nous voyons Jésus, « Dieu parfait et Homme parfait » (Symbole d’Athanase) qui, comme nous, a besoin de refaire ses forces, de trouver la paix et l’affection des hommes. Comme il est proche de nous ! Comme il se fait comprendre de nous et donne tout son sens à notre vie quotidienne ! (lire la suite) Jésus savait qu’à tout moment, à n’importe quelle heure du jour et même de la nuit, il serait reçu non seulement avec affection mais avec reconnaissance, parce que la présence de Jésus sous leur toit était pour Marthe, Marie et Lazare comme un morceau de ciel arraché pour eux, comme un petit coin de paradis sur terre, un avant-goût de l’éternité céleste. Ils ne s’habituaient jamais à la présence du Seigneur, tout comme nous devons faire attention à ne jamais nous accoutumer à fréquenter Jésus dans le Pain et dans la Parole, dans notre prière personnelle, qui est le prolongement de la conversation à Béthanie… Il est bon qu’il en soit ainsi, parce que la présence du Seigneur dans notre vie est comme un baume qui adoucit les aspérités de la vie, un onguent sur les bosses et les coups reçus à son service, qui nous aide à surmonter les épreuves et à ne pas leur accorder trop d’importance, qui remplit notre cœur d’une joie indicible et nous fait oublier l’amertume du comportement d’autres personnes… (à suivre…)

samedi 13 juillet 2013

Le village de Béthanie (3)

Le village de Béthanie (3)

Nous pouvons bien évidemment souhaiter nous retrouver avec le Seigneur au bord du lac de Génésareth quand il parle de filets, de barques, de pêche et de poissons à prendre. Une pêche qui est d’hommes (cf. Luc 5, 10), d’âmes à gagner à sa cause, à faire entrer dans son bercail (cf. Jean 10, 16), à aller chercher sur les routes et aux carrefours du monde, en les contraignant à entrer au festin des noces (cf. Matthieu 22, 1-10) – compelle intrare (Luc 14, 23) – par notre affection fraternelle et par la « bonne odeur du Christ » (2 Corinthiens 2, 15) que nous dégageons. Nous pouvons préférer gravir la montagne avec lui et, à l’abri des arbres dont l’ombre tempère l’ardeur du soleil, avec le panorama du lac d’un bleu intense en contrebas, écoute un enseignement qui trace la route de la béatitude éternelle (cf. Matthieu 5, 1-7, 29). (lire la suite) Nous pouvons encore désirer accompagner le Maître à l’écart de tout village, dans une grande prairie herbeuse et, après l’avoir écouté attentivement et engrangé sa parole divine, nous rassasier du Pain de vie, de la nourriture qu’il prodigue en abondance à partir d’un rien, de quelques poissons et de quelques pains d’orge (cf. Jean 6, 1-13). Un aliment qui n’est pas comme la manne, mystérieusement donnée chaque jour dans le désert au peuple élu en marche vers la Terre promise. « Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. Tel est le pain qui descend du ciel que celui qui en mange ne mourra pas. C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement : et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde » (Jean 6, 49-51). Mais moi, pour l’heure, je préfère me retrouver à Béthanie et partager l’atmosphère de foyer, de famille, où l’on est heureux de pouvoir plonger dans l’intimité de Jésus, à distance de la foule bruissante et harassante. C’est une véritable oasis de paix. Mais il faut mette de côté toute superbe. Autrement, il serait impossible que la lumière des enseignements du Christ pénètre dans notre âme et en éclaire tous les recoins, l’irrigue de façon profitable : « Pour suivre le Seigneur, pour Le fréquenter intimement, nous devons laisser l’humilité nous piétiner, comme on foule le raisin dans le pressoir. Si nous foulons aux pieds notre misère — la misère dont nous sommes faits —, alors Il s’installera à son aise dans notre âme. Comme à Béthanie, Il nous parle et nous Lui parlons, — conversation confiante, entre amis » (saint Josémaria, Chemin de Croix, 7e station, point de méditation n° 5). (suite : Marthe et Marie)

vendredi 12 juillet 2013

Le village de Béthanie (2)

Le village de Béthanie (2)

Eux, ils n’ont pas eu besoin de chercher Jésus. Mais une fois qu’ils se sont rencontrés, ils ont commencé à se connaître, à se fréquenter et à s’aimer. C’est bien pour cette raison que nous venons faire halte, nous aussi, chez eux. Non pour les écouter, mais principalement pour être avec le Maître et le voir mener une vie ordinaire, et l’écouter parler. Car quand il prend la parole, la conversation s’élève et dans les choses les plus banales Jésus nous découvre un quid divinum, quelque chose de divin, qui permet d’en tirer une pointe surnaturelle et de vivre en enfants de Dieu. « Lorsque nous luttons pour être véritablement ipse Christus, le Christ lui-même, alors l’humain et le divin s’entremêlent dans notre vie. Tous nos efforts — même les plus insignifiants — acquièrent une valeur d’éternité, car ils s’unissent au sacrifice de Jésus sur la Croix » (saint Josémaria, Chemin de Croix, 10e station, point de méditation n° 5). Voilà pourquoi nous nous sentons chez nous à Béthanie… (lire la suite) À la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle, une autre église fut édifiée, légèrement déplacée vers l’est. Elle fut restaurée par les croisés. Au XIIe siècle, une nouvelle basilique fut élevée au-dessus de la tombe de Lazare, qui en devint la crypte. Mais une mosquée fut bâtie aux XVe-XVIe siècles sur les lieux et quand les Franciscains de la Custodie de Terre Sainte obtinrent des musulmans l’autorisation d’accéder à la grotte de Lazare, entre 1566 et 1575, ils durent construite une nouvelle voie d’accès, avec un escalier peu commode à emprunter, toujours utilisé de nos jours. La Custodie a fait construire, en 1954, l’édifice actuel sur les restes de l’ancienne basilique byzantine. Nous nous rendons à notre tour à Béthanie. Mais en nous situant mentalement à l’époque de Jésus, heureux de l’accueillir nous aussi. Nous nous y sentons poussés intérieurement, parce que nous aimons notre Seigneur, nous aussi. Si beaucoup le rejettent, nous voulons lui tenir compagnie, le consoler quand il en a besoin, comme au jardin des Oliviers dans son agonie (cf. Matthieu 26, 40), le fréquenter de près. La vie intérieure n’est rien d’autre que cela : pénétrer dans l’intimité de Jésus, être de ceux qui lui tiennent compagnie et partagent sa vie somme à Bethléem, à Nazareth, à Béthanie ; appartenir au petit groupe de ses disciples et à celui, nettement plus restreint et presque entièrement composé de femmes, qui reste au pied de la Croix puis l’accompagne jusqu’à sa dernière demeure (ou considérée comme telle par nous, car il doit ressusciter…), jusqu’au tombeau mis à sa disposition par Joseph d’Arimathie (cf. Luc 23, 53). Le Seigneur est certainement très content que nous fassions ainsi attention à lui. Et comme il est magnanime, il nous récompense largement en faisant en sorte que cette recherche de Dieu de notre part se traduise effectivement par la rencontre avec lui, une rencontre vivifiante qui produit une fréquentation de plus en plus accrue, jusqu’à devenir permanente, et un amour en constante expansion. (à suivre…)

jeudi 11 juillet 2013

Le village de Béthanie (1)

Le village de Béthanie (1)

Les évangiles mentionnent deux villages appelés Béthanie. L’un, dont le nom signifie « maison de tristesse » ou « maison de misère », situé à « environ quinze stades de Jérusalem » (Jean 11, 18), c’est-à-dire environ 3 kms ; l’autre, « maison de la barque », localisé « au-delà du Jourdain, où Jean baptisait » (Jean 1, 28). Nous nous arrêterons ici au premier Béthanie, identifié au El-‘Azariéh actuel, sur le flanc oriental du mont des Oliviers. Nous faisons halte dans cette modeste bourgade parce qu’elle est hautement évocatrice pour un chrétien. Son nom, selon les Talmuds, serait Beit-Hinê ou Bêt’Uni, la « maison des dattes », ce qui serait sans doute étymologiquement plus exact que le sens syriaque ou arabe rapporté ci-dessus. Notre cœur vibre en entendant parler de Béthanie, car ce nom évoque la maison de Marthe, Marie et Lazare, où Jésus aimait descendre, et parce que ce lieu est uni à plusieurs événements significatifs de la vie de notre Seigneur. (lire la suite) Il fallait trois-quarts d’heure pour gagner la Cité Sainte. Dès les temps les plus anciens, les chrétiens se sont rendus à Béthanie pour y vénérer les lieux témoins du passage du Sauveur et de ses amis, notamment le tombeau de Lazare, sur lequel un sanctuaire fut construit dès le IVe siècle. Appelé to lazarion en grec, il a sans doute influencé le nom actuel de Al-‘Azariéh. Nous ne savons pas quand ni à quelle occasion Jésus a fait la connaissance de Marthe, de Marie et de Lazare. En tout cas, le courant a dû passer très facilement et très rapidement, parce que Jésus était quelqu’un de très aimable et dont le commerce était des plus agréables. Il savait mettre en confiance et à l’aise. Qui les a mis en rapport ? Nous ne le saurons pas. Mais leur maison devait être grande pour être à même d’accueillir Jésus et ses disciples, et ce, éventuellement à l’improviste. Nous nous rendons en ce lieu parce que nous entendons suivre ce conseil : « J’ai distingué quatre degrés dans cet effort pour nous identifier au Christ : le chercher, le trouver, le fréquenter, l’aimer » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 300). Nous venons l’y chercher pour accroître notre fréquentation du Seigneur et nous éprendre pour de bon de lui. (à suivre…)

La montée de Jéricho (1)

La montée de Jéricho (1)

Pour Jésus, il s’agit d’une halte bienvenue, j’allais dire obligée, disons plutôt attendue, quand il montait de Jéricho à Jérusalem. C’est la route qu’empruntaient des groupes nourris de pèlerins trois fois par an (cf. Exode 23, 14-19). Béthanie était d’ordinaire un petit village tranquille, de deux cents âmes tout au plus ; ombragé par ses palmiers abondants. Mais il s’animait singulièrement à l’approche de ces caravanes, chantant les psaumes dits « cantiques de la montée à Jérusalem » (cf. Psaumes 120-134). « Vers le Seigneur, dans ma détresse, j’ai crié, et il m’a exaucé : ‘Ô Seigneur, délivre mon âme de la lèvre menteuse, de la langue perfide !’ » (Psaume 120, 1-2). (lire la suite) « Mon secours viendra du Seigneur, qui a fait le ciel et la terre. […] Le Seigneur te garde de tout mal, il garde ta vie ; le Seigneur te gardera, que tu sortes ou que tu rentres, dès maintenant et à jamais » (Psaume 121, 2.7-8). « J’ai été dans la joie quand on m’a dit : ‘Allons à la maison du Seigneur.’ Voici que nos pieds s’arrêtent à tes portes, Jérusalem ! » (Psaume 122, 1-2). « Ceux qui se confient dans le Seigneur sont comme la montagne de Sion, qui ne chancelle point, qui demeure pour toujours » (Psaume 125, 1). « Si le Seigneur ne bâtit pas la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain ; si le Seigneur ne garde pas la cité, la sentinelle veille en vain » (Psaume 127, 1). « Heureux es-tu, toi qui crains le Seigneur, qui marches dans ses voies ! Ton épouse sera comme une vigne féconde dans l’intérieur de ta maison ; tes fils, comme des plants d’olivier, autour de ta table. Voilà comment sera béni l’homme qui craint le Seigneur » (Psaume 128, 1.3-4). « Du fond de l’abîme je crie vers toi, Seigneur, Seigneur, écoute ma voix ; que tes oreilles soient attentives aux accents de ma supplication ! Si tu gardes le souvenir des iniquités, ô Seigneur, Seigneur, qui pourra subsister ? Mais auprès de toi est le pardon, afin qu’on te révère. J’espère dans le Seigneur, mon âme espère en sa parole. Mon âme attend le Seigneur plus que les veilleurs l’aurore. Plus que les veilleurs l’aurore, qu’Israël attende le Seigneur ! Car avec le Seigneur est la bonté ; et avec lui une rédemption abondante » (Psaume 130 1-7). (à suivre…)

mardi 9 juillet 2013

Arrêts sur christianisme (74)

Arrêts sur christianisme (74)

« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1, 14). Le Logos se fait chair : nous sommes tellement habitués à cette parole que nous ne nous rendons plus compte de la synthèse divine inouïe accomplie entre ce qui était séparé de façon apparemment infranchissable, synthèse que les Pères ont pénétrée pas à pas par la pensée. Ici résidait et réside la véritable nouveauté chrétienne qui était absurde et impensable pour l’esprit grec. Ce qui est affirmée ici n’est pas tiré – comme on le postule aujourd’hui trop souvent sans avoir réfléchi – d’une culture précise, qu’elle soit sémitique ou grecque. Cette affirmation s’oppose au contraire à tous les types de culture que nous connaissons. Elle était aussi déroutante pour le Juif que pour le Grec, quoique pour d’autres raisons. Il en est de même pour l’Indien ou encore pour l’esprit moderne qui considère la synthèse entre le monde des phénomènes et celui des noumènes comme complètement irréelle et la conteste avec toute l’assurance de la rationalité moderne. ce qui est dit ici est « nouveau » puisque cela vient de Dieu et ne pouvait être opéré que par lui-même. Pour toute l’histoire et toutes les cultures, c’est une complète nouveauté dans laquelle nous pouvons entrer par la foi, uniquement par la foi, et qui nous ouvre des horizons tout à fait nouveaux de pensée et de vie. J. Ratzinger, Dieu nous est proche. L’Eucharistie au cœur de l’Église, Le Muveran, Parole et Silence, 2003, p. 16-17.

dimanche 7 juillet 2013

Se réconcilier avec son frère… Au moins dans notre cœur, voilà ce qui est important. Parce qu’il pourrait arriver que nous gardions notre calme extérieur, comme les veilleurs qui, ces temps-ci, se réunissent partout dans notre pays et subissent parfois l’agression, au moins verbale, des gens d’en face ; mais qu’en même temps notre cœur soit encombré de sentiments mauvais à leur encontre. Nous avons besoin d’apprendre du Seigneur à aimer sans distinction d’origine, de croyance, de pensée, afin d’être en mesure de pardonner. (lire la suite)Aimer ses ennemis (3) Dieu nous pardonne alors nos péchés et tout le mal que nous faisons. N’est-ce pas ce que nous lui demandons si souvent : « Pardons-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé » ? La très Sainte Vierge Marie a dû être profondément émue en entendant la prière de son Fils au Calvaire, une prière qui lui a comme ouvert des horizons nouveaux en rapport avec la Maternité spirituelle. Nous venons de fêter son Cœur Immaculé, samedi dernier. Demandons-lui de nous aider à aimer plus et mieux son divin Fils, afin de semer partout autour de nous la paix et la joie propres aux enfants de Dieu. (fin)

vendredi 5 juillet 2013

Aimer ses ennemis (2)

Aimer ses ennemis (2)

« Qu’y a-t-il de commun dans ces deux cas ? Essentiellement la dissymétrie de la relation. Dans le premier cas, je dois traiter l’autre (l’inférieur) non pas comme un inférieur, ce qui pervertit la charité, mais comme un égal : s’il ne l’est pas, il doit le devenir. Dans le deuxième cas, je dois considérer l’autre non pas sous l’angle de l’ennemi, ce qui rend la charité impossible, mais du frère : il ne l’est pas encore, il est appelé à le devenir, et la charité anticipe sur cet avenir espéré. Pour Augustin, la sollicitude pour l’autre sans l’estime est une aliénation qui menace aussi de pervertir la charité » (M. Neusch, Saint Augustin. L’amour sans mesure, Le Muveran, Parole et Silence, 2001, p. 150. « Si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Mt 5, 20). Le Seigneur s’élève contre la justice purement légaliste, formelle, consistant à s’acquitter d’obligations sans y mettre le cœur, à accomplir des devoirs par crainte des châtiments qui accompagneraient inéluctablement leur non observance. (lire la suite) Comme il venait tout juste de le déclarer, « ne pensez pas que je sois venu abroger la Loi et les Prophètes. Je ne suis pas venu abolir, mais parfaire » (v. 17). Or, cette perfection que notre Seigneur apporte, cette correction qu’il introduit n’est autre que l’Amour. La loi nouvelle est une Loi d’Amour. Dieu se révèle, non pas comme un vengeur ou un justicier impitoyable, mais comme un Père qui aime tendrement ses enfants et qui veut que tous soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, grâce à son Fils dans l’effusion de l’Esprit d’Amour. C’est pourquoi le Christ nous donne une indication pratique : « Si donc tu viens présenter ton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, reviens présenter ton offrande » (v. 23-24). Le Seigneur ne nous dit pas : « Si tu te souviens que toi, tu as quelque chose contre ton frère », ce qui, en soi, serait un bon motif pour déposer notre offrande et offrir la réconciliation à notre frère. Mais il inverse les termes du rapport : « Si tu te souviens que ton frère à quelque chose contre toi … » La démarche est encore plus engageante et plus héroïque. Cela n’est en rien chose aisée. Parce que le frère dont il est question, et qui est celui qui a quelque chose contre nous, ce n’est pas seulement un membre de notre famille, de notre communauté paroissiale…, mais c’est tout homme. La demande poignante de Jésus à son Père concerne tous les hommes de toutes les générations : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). (à suivre…)

mercredi 3 juillet 2013

Aimer ses ennemis (1)

Aimer ses ennemis (1)

« Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton proche, et tu haïras ton ennemi. Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous deveniez enfants de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et descendre la pluie sur les justes et sur les injustes. Si en effet vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5, 38-43). Commentant cet Évangile, le pape François demandait : « Comment pourrait-on aimer ceux qui prennent la décision de bombarder et de tuer tant de gens ? Et encore, comment peut-on aimer ceux qui par amour de l'argent empêchent les médicaments d'arriver aux personnes âgées et les laissent mourir ? Ou ceux qui cherchent seulement leur propre intérêt, leur propre pouvoir et font tant de mal ? » Jésus demande pourtant de pardonner. (lire la suite) Si certains se disent nos ennemis, « nous aussi nous pouvons devenir les ennemis d'autres personnes ». Ilserait trop facile de laisser « cela aux sœurs recluses dans leurs couvents, qui sont saintes ». « Non, nous devons le faire ! Parce que sinon vous êtes comme les publicains, comme les païens. Vous n'êtes pas chrétiens ». soulignait encore le pape. L'Evangile nous invite regarder l'exemple du Père qui « fait luire le soleil sur les mauvais et sur les bons et fait pleuvoir sur les justes et les injustes ». « En effet, Dieu a de l'amour pour tous ». Alors, nous devons aimer nos ennemis, d'abord par la prière. « Quand quelqu'un prie pour celui qui le fait souffrir, c'est comme si le Seigneur venait avec l'huile et préparait nos cœurs à la paix. » Et le pape François d’ajouter : « Prie-tu pour ton ennemi, pour ceux qui ne t'aiment pas ? » « Si c'est oui, nous sommes sur la bonne route. Si la réponse est non, le Seigneur nous dit : ‘Mon pauvre, toi aussi tu es ennemi des autres !’ » (Homélie,18 juin 2013). Saint Augustin enseignait déjà que nous devons aimer dans l’autre, non pas ce qu’il est, notre ennemi, mais ce que nous souhaitons qu’il devienne, un frère. « Tu n’aimes pas en lui ce qu’il est, mais ce que tu veux qu’il soit. Donc, quand tu aimes ton ennemi, tu aimes un frère » (saint Augustin, Commentaire de la première épître de saint Jean 3, 10). « Un homme s’acharne contre toi, prie ; lui, hait, toi, aie pitié. C’est la fièvre de son âme qui te hait : il recouvrera la santé et te rendra grâces » (Ibid. 3, 11). (à suivre…) )

lundi 1 juillet 2013

Un père et une mère pour tous

Un père et une  mère pour tous

Le pape François vient d’approuver que saint Joseph soit désormais invoqué au cours de la messe dans les prières eucharistiques II, III et IV. Il est déjà mentionné au canon romain, la prière eucharistique I, depuis le concile Vatican II.

Par cette disposition, l’Église rappelle fort opportunément la place et le rôle du père dans la famille. Nul doute que la dévotion renouvelée envers le saint patriarche apportera aux familles un soutien et un réconfort dont elles ont besoin dans la société contemporaine.