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vendredi 28 juin 2013

Aimer

Aimer

Que voulons-nous donc, en dernier ressort, quand nous aimons véritablement quelqu’un ? À cela, la grande théologie européenne a répondu : ut in Deo sit (st Thomas d’Aquin, Somme Théologique II-II, q. 25, a. 1) ; nous lui souhaitons qu’il soit en Dieu. J. Pieper, De l’amour, Genève, Ad solem, 2010, p. 89. Visio est quædam causa amoris. Autrement dit, « la vision est en quelque sorte cause de l’amour » (st Thomas d’Aquin, Somme Théologique II-II, q. 67, a. 6 ad 3). Pieper, p. 94. Un cœur qui aime un autre ne peut en haïr aucun (Goethe, « Le caprice de l’aimant », Théâtre de Goethe, Paris, Hachette, 1860, vol. I, p. 19). Pieper, p. 97. Quand Béatrice apparaissait, « il n’y avait plus pour moi d’ennemi » (Dante, Vie nouvelle, Paris, Gallimard, 1999, p. 82-83). Pieper, p. 97. Aimer signifie se réjouir du bonheur de l’autre (amare autem sive diligere est felicitate alterius delectari) (Leibniz, Opera omnia, Genève, Apud Fratres de Tournes, 1768, p. 295). Pieper, p. 132. Envers soi on n’éprouve certes pas de l’amitié, mais quelque chose de plus grand que l’amitié. […] Chacun est un avec soi-même ; et être-un est plus que devenir-un avec un autre [unitas es potior unione]. Tout comme donc être-un est plus originel que devenir-un, ainsi l’amour avec lequel on s’aime soi-même est-il aussi l’archétype et la racine de l’amitié. En ceci consiste en effet l’amitié que nous éprouvons pour les autres, que nous nous comportions vis-à-vis d’eux comme vis-à-vis de nous-mêmes (saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique II-II, q. 25, a. 4). Pieper, p. 139. Tout amour vrai est sans calcul et reçoit cependant en même temps son salaire ; il ne peut même recevoir son salaire que quand il est sans calcul… Qui dans l’amour ne cherche comme salaire que la joie de l’amour reçoit la joie de l’amour. Mais qui dans l’amour cherche autre chose que l’amour perd en même temps l’amour, et la joie de l’amour (St Bernard, De diligendo Deo). Pieper, p. 147.

mercredi 26 juin 2013

Émerveillés de la messe

Émerveillés de la messe

Sortant de célébrer la Saint-Josémaria dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, à l’occasion de l’année jubilaire de cette  cathédrale, dont la première pierre a été posée 850 ans plus tôt, en 1263, au sortir de cette messe donc, les participants étaient émerveillés et enthousiasmés, fortifiés dans la foi. La vénération de la Sainte Couronne de notre Seigneur Jésus-Christ en avait été un point d’orgue exceptionnel.
Le faste, la solennité, le bon ordonnancement du rite, le jeu des couleurs, l’harmonie des chants, la puissance des orgues, les volutes d’encens aspirées vers les voûtes, tout contribuait très certainement au recueillement, à la prière et à la réception fructueuse des fruits du saint Sacrifice.
Mais le Christ « est le même hier et aujourd’hui ; il le sera éternellement » (Hébreux 13, 8). Et, dans chaque messe, c’est le Christus totus, le Christ qui s’offre tout entier à son Père, et notre Père, pour nous tous et pour tous les hommes. Le Sacrifice est le même, que le temple soit comble ou qu’un seul acolyte assiste le célébrant.

Notre participation quotidienne à la messe ne devrait-elle pas susciter en nous un engouement identique, un même émerveillement, une joie semblable, un égal enthousiasme et l’assurance d’avoir rencontré le Dieu « qui est ma joie et mon allégresse » (Psaume 43, 4) ?

samedi 22 juin 2013

Évangile, porte du salut (4)

Évangile, porte du salut (4)

Nous apprenons par là la « sagesse de la Croix » (cf. 1 Corinthiens 2, 2-5). L’Apôtre rabâche que nous, « nous prêchons un Christ mis en Croix, scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Corinthiens 1, 23), mais hors duquel il n’existe pas de salut. Partant de cet événement fondateur de la mort et de la Résurrection du Christ, il nous découvre la vraie dimension – la verticalité – de la souffrance humaine : « Maintenant je me réjouis de souffrir pour vous et ce qui manque aux tribulations du Christ, je le complète dans ma chair au profit de son corps qui est l’Église » (Colossiens 1, 24) ; et ces tribulations qu’il endure avec tant de joie, « sont votre gloire », tient-il à préciser (Éphésiens 3, 13). Comment nous en inquiéter ou les craindre, alors que nous savons par expérience vitale que »le Dieu de toute consolation […] nous console dans toutes nos afflictions » (2 Corinthiens 1, 3-4) et ce, pas uniquement en vue de nous procurer la paix intérieure que les événements ne sauraient troubler, mais aussi « afin que nous puissions, grâce à la consolation que nous recevons de Dieu, consoler ceux qui sont affligés en quoi que ce soit » (2 Corinthiens 1, 4). (lire la suite) Nous pouvons ainsi porter aux autres le salut dont nous bénéficions nous-mêmes. Et leur faire comprendre que le vrai repos se trouve en Dieu et que c’est en portant notre croix de tous les jours que nous pouvons nous reposer effectivement en Dieu. « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau : c’est moi qui vous soulagerai – je suis le seul en mesure de le faire, car j’ai porté cette Croix pour vous. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école : je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le soulagement pour votre être, car mon joug est agréable et mon fardeau léger » (Matthieu 11, 28-30). Le Seigneur recadre la question en la ramenant à l’essentiel : l’union à sa Croix, ce qui revient à dire notre union avec lui, étant donné que nous le trouvons sur la Croix. Ainsi, « celui qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera » (Matthieu 10, 39). Autrement dit, il cessera de mener une existence purement mondaine, il décollera de l’horizontalité pour s’élever aux hauteurs de l’Amour de Dieu, dont il fera l’expérience, et, en Jésus-Christ, il trouvera la vraie vie, il sera absorbé par elle. Il comprendra toute la profondeur de l’affirmation de Simon-Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous – c’est-à-dire à qui d’autre que toi ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 68). Pour bien des hommes, « le dieu, c’est le ventre ; et ils mettent leur gloire dans ce qui est leur honte, n’ayant de sentiments que pour les choses de la terre. Mais pour nous, notre conversation est dans les cieux » (Philippiens 3, 19-20). Ce qui ouvre de toutes autres perspectives, permettant, encore une fois, d’élever le regard au-dessus des contingences terrestres et d’être introduit dans l’orbite de Dieu. Tel est donc le fruit d’une vie de renoncement joyeusement assumée pour imiter le Christ, que « si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui » (2 Timothée 2, 11), « car si nous sommes devenus un avec lui par une croix semblable à la sienne nous le serons aussi par une résurrection semblable à la sienne » (Romains 6, 5). « Pour lui, le Christ, je me suis désavantagé de tout […] pour le connaître, lui et les effets de sa résurrection et pour participer à ses souffrances, lui devenant semblable dans la mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts » (Philippiens 3, 9-11). (fin)

jeudi 20 juin 2013

Évangile, porte du salut (3)

Évangile, porte du salut (3)

Il est vrai que, dans le domaine moral, un mal ne peut jamais devenir un bien, et doit donc être toujours rejeté résolument. Il faut être prévenu contre un faux attendrissement qui amène à faire le mal sous prétexte d’obtenir un bien, pour des motifs de charité prétendue. Or, la charité consiste à aimer Dieu en premier : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. C'est là le plus grand et le premier commandement » (Matthieu 22, 37-38). Jamais, dans aucun contexte et à aucun titre, nous ne pouvons agir mal délibérément. « Il te fera pousser épines et chardons, et tu mangeras l’herbe des champs. À la sueur de ton front tu mangeras du main, jusqu’à ton retour au sol, car de lui tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras en poussière » (Genèse 3, 16-19). (lire la suite) C’est une situation inéluctable. Les choses étant ce qu’elles sont, la douleur fait partie intégrante de notre existence. Elle est un châtiment. Mais nous pouvons la sublimer, à partir du moment où le Christ l’a volontairement assumée et transformée, la retournant contre l’auteur même du mal, satan, lucifer, le prince des démons infernaux. Quand nous comprenons cela, il apparaît évident que la présence de la souffrance dans notre vie ne signifie pas que Dieu ne nous aime pas. C’est tout le contraire. La transformation de la Croix en instrument de Rédemption montre qu’en l’aimant, en nous y associant, nous sommes vraiment les enfants de Dieu dans le Fils et que notre vie a de la valeur à ses yeux. « Jésus prie dans le jardin : Pater mi (Matthieu 26, 39), Abba, Pater ! (Marc 14, 36). Dieu est mon Père, même s’Il m’envoie des souffrances. Il m’aime tendrement, alors même qu’Il me blesse. Jésus souffre, pour accomplir la Volonté du Père... Et moi qui veux aussi accomplir la très sainte Volonté de Dieu en marchant dans les traces du Maître, pourrais-je me plaindre si je rencontre la souffrance comme compagne de route ? Elle sera le meilleur signe de ma filiation, puisqu’Il me traite comme son Divin Fils. Et alors, comme Lui, je pourrai gémir et pleurer, tout seul, dans mon Gethsémani ; mais, prostré la face contre terre et reconnaissant mon néant, je ferai monter vers le Seigneur un cri sorti du fond de mon âme : Pater mi, Abba, Pater, ... fiat ! » (saint Josémaria, Chemin de Croix, 1e station, point de méditation n° 1). C’est effectivement une grande révolution. La seule qui mérite ce nom et qui débouche sur quelque chose de vraiment constructif et de durable. (à suivre…)

mardi 18 juin 2013

Évangile, porte du salut (2)

Évangile, porte du salut (2)

Or, les commandements de Dieu, ce ne sont pas uniquement ceux que le Seigneur Tout-Puissant a remis à Moïse sur le Sinaï et qui composent les deux Tables de la loi. C’est tout son enseignement qui nous trace un style de vie propre à ses disciples, aux vrais enfants de Dieu. Il forme un bloc, une unité, dont nous ne pouvons pas retrancher le moindre aspect. Et si nous ne retenons pas l’enseignement des Évangiles et la prédication apostolique pour les mettre en pratique, alors « vous auriez cru en vain » (1 Corinthiens 15, 2), précise encore saint Paul. Et alors, « votre foi est sans effet, vous êtres encore dans vos péchés » (1 Corinthiens 15, 17), ce qui serait désastreux. « Si c’est seulement pour cette vie que nous avons mis notre espoir dans le Christ, nous sommes les plus malheureux des hommes » (1 Corinthiens 15, 19). (lire la suite) Mais l’Évangile n’a rien d’une doctrine en pâte de guimauve. Il est fait pour des hommes pleinement hommes, virils, et pour les femmes fortes, qui s’attaquent aux vrais problèmes, les prennent à bras le corps. Nous sommes entièrement heureux quand nous avons mis notre foi dans le Christ. Il n’est pas un homme quelconque, mais le Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme, qui a donné sa Vie pour que nous puissions accéder à la vie éternelle. Nous, « nous prêchons un Christ mis en Croix, scandale pour les Juifs, folie pour les païens ; mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, c’est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Corinthiens 1, 23-24). Et nous prêchons également « que le Christ est ressuscité d’entre les morts » (1 Corinthiens 15, 12). Pour cela, il a fallu qu’il passe d’abord par la mort sur la Croix, qu’il fasse de cette Croix la clef d’accès au paradis. Qu’il nous la laisse avec cette finalité, qui transforme totalement notre existence et lui donne une coloration et une dimension nouvelles. La coloration de l’Amour de Dieu et la dimension verticale, qui nous extirpe du monde purement matériel. « Voici la grande révolution chrétienne : convertir la douleur en une souffrance féconde ; faire d’un mal, un bien. Nous avons dépouillé le diable de cette arme… : et, avec elle, nous conquérons l’éternité » (saint Josémaria, Sillon, n° 887). Le mal qu’est la Croix est devenu l’arme suprême du Salut. (à suivre…)

lundi 17 juin 2013

Messe de saint Josémaria en la cathédrale Notre-Dame de Paris,le 20 juin

Peillon il faut tuer le catholicisme

Peillon il faut tuer le catholicisme

VINCENT PEILLON est ministre de l'Education nationale ! : "Il faut s'enfanter soi-même et donc faire le propre récit de sa naissance"; 02:19 (de la vidéo) : "On ne peut pas faire une révolution uniquement dans la matière, il faut la faire dans les esprits. Or on a fait la révolution essentiellement politique, mais pas la révolution morale et spirituelle. Et donc on a laissé le moral et le spirituel à l'Eglise catholique. Donc il faut remplacer ça. [...] On ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique. Comme on ne peut pas non plus acclimater le protestantisme en France comme on l'a fait dans d'autres démocraties, il faut inventer une religion républicaine. Cette religion républicaine, qui doit accompagner la révolution matérielle, mais qui est la révolution spirituelle, c'est la laïcité. Et c'est pour ça d'ailleurs qu'au début du XXe siècle, on a pu parler de foi laïque, de religion laïque, et que la laïcité voulait être la création d'un esprit public, d'une morale laïque, et donc l'adhésion à un certain nombre de valeurs." Voici ce qu'il écrivait dans La Révolution française n’est pas terminée, Le Seuil, Paris, 2008. « La révolution française est l’irruption dans le temps de quelque chose qui n’appartient pas au temps, c’est un commencement absolu, c’est la présence et l’incarnation d’un sens, d’une régénération et d’une expiation du peuple français. 1789, l’année sans pareille, est celle de l’engendrement par un brusque saut de l’histoire d’un homme nouveau. La révolution est un événement méta-historique, c’est-à-dire un événement religieux. La révolution implique l’oubli total de ce qui précède la révolution. Et donc l’école a un rôle fondamental, puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. Et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi.» Et, le 2 septembre dernier, dans le Journal du dimanche, répondant à la journaliste Adeline FLEURY : « Le point de départ de la laïcité c’est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel… »

dimanche 16 juin 2013

Évangile, porte du salut (1)

Évangile, porte du salut (1)

Nous lisons chez saint Paul la forte affirmation suivante : « Comme le monde, en effet, sous le régime de la sagesse de Dieu, n’avait pas reconnu Dieu par la sagesse, Dieu s’est plu à sauver les croyants par la folie de la prédication » (1 Corinthiens 1, 21). Les hommes se sont obstinés à endurcir leur cœur, à s’enliser dans des pensées charnelles. Moyennant quoi, « ils détiennent la vérité captive dans l’injustice, car ce qu’on peut connaître de Dieu est parmi eux manifeste : Dieu le leur a manifesté » (Romains 1, 18-19). Ils sont donc « insensés par nature tous les hommes qui n’avaient pas la science de Dieu, qui n’ont pas pu, par la vue de ses bienfaits, connaître Celui qui est » (Sagesse 13, 1). C’est pourquoi « lorsqu’est venue la plénitude du temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d’une femme, né sous la Loi » (Galates 4, 4). Il est venu nous parler de la part de son Père, et il a prêché parmi nous, commençant par nous dire : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Matthieu 4, 17). (lire la suite) Sa prédication est source de Salut, car notre Seigneur est le Rédempteur de l’homme ! Il est impérieux de passer par lui ; qui se présente comme la voie d’accès unique au Père : « C’est moi qui suis la porte des brebis. […] Celui qui entrera par moi sera sauvé ; il ira et il viendra, et il trouvera pâture » (Jean 10, 7.9). Or, Jésus se présente aussi comme « la Voie, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6). Il est la Parole vivante du Père. Nous devons être fiers de posséder une telle Parole, qui illumine notre chemin et donne la clarté à notre esprit, oriente nos raisonnements vers le bien, nous met sur la voie du bonheur véritable. « En effet, je n’ai pas honte de l’Évangile : car c’est une force divine pour le salut de quiconque croit, du Juif d’abord, du Grec ensuite » (Romains 1, 16), c’est-à-dire de tous les non-Juifs, de nous tous qui étions appelés à rejoindre le Christ au long des siècles, captivés par son enseignement irrésistible sur la Vérité. L’Évangile est donc une force vitale, un corps de doctrine qui se présente comme le guide rêvé pour notre existence, une force aimantée qui nous unit corps et âme à notre Dieu. « Je vous rappelle, frères, l’Évangile qui vous a été annoncé et que vous avez reçu, auquel aussi vous restez fidèles, par lequel aussi vous serez sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé » (1 Corinthiens 15, 1-2), c’est-à-dire sans altération, sans en frelater le contenu, mais en l’acceptant dans son intégralité et en le mettant en pratique. « Celui qui retient mes commandements et les met en pratique, voilà celui qui m’aime » (Jean14, 21). (à suivre…)

dimanche 9 juin 2013

L'apport de la femme

Sur le plan de l'essentiel — qui doit comporter sa reconnaissance juridique, aussi bien en droit civil qu'en droit ecclésiastique — il est clair qu'on peut parler d'égalité des droits car la femme possède, exactement au même titre que l'homme, la dignité de personne et de fille de Dieu. Mais, à partir de cette égalité fondamentale, chacun doit réaliser en lui-même ce qui lui est propre ; et sur ce plan, le mot émancipation revient à dire possibilité réelle de développer entièrement ses propres virtualités : celles qu'elle possède en tant qu'individu et celles qu'elle possède en tant que femme. L'égalité devant le droit, l'égalité quant aux chances devant la loi ne suppriment pas, mais supposent et favorisent cette diversité qui est richesse pour tous. La femme est appelée à donner à la famille, à la société civile, à l'Église, ce qui lui est caractéristique, ce qui lui est propre et qu'elle est seule à pouvoir donner : sa tendresse délicate, sa générosité infatigable, son amour du concret, sa finesse d'esprit, sa faculté d'intuition, sa piété profonde et simple, sa ténacité… La féminité n'est pas authentique, si la femme ne sait découvrir la beauté de cet apport irremplaçable et l'incorporer à sa propre vie. Pour accomplir cette mission, la femme doit développer sa propre personnalité, sans se laisser séduire par un esprit d'imitation ingénu qui — en général — la situerait sur un plan d'infériorité et laisserait s'atrophier ses possibilités les plus originales. Si la femme reçoit une bonne formation, dans une recherche d'autonomie personnelle, d'authenticité, elle réalisera efficacement sa tâche, la mission à laquelle elle se sent appelée, quelle qu'elle soit : sa vie et son travail seront alors réellement constructifs et féconds, chargés de sens, aussi bien si elle passe la journée à s'occuper de son mari et de ses enfants que si, ayant renoncé au mariage pour un motif élevé, elle se consacre entièrement à d'autres tâches Saint Josémaria, Entretiens, n° 97.

vendredi 7 juin 2013

Homme et femme

A mon sens l'égalité essentielle entre l'homme et la femme exige précisément que l'on saisisse à la fois le rôle complémentaire de l'un et de l'autre dans l'édification de l'Église et dans le progrès de la société civile : ce n'est pas en vain que Dieu les a faits homme et femme. Cette diversité doit être comprise, non pas dans un sens patriarcal, mais dans toute sa profondeur, si riche de nuances et de conséquences, et qui évite à l'homme la tentation de masculiniser l'Église et la société, et à la femme de concevoir sa mission, dans le Peuple de Dieu et dans le monde, comme une simple revendication de tâches que, jusqu'à présent, l'homme seul accomplissait et qu'elle peut tout aussi bien remplir. L'homme et la femme doivent donc, me semble-t-il, se sentir autant l'un que l'autre, et justement, les protagonistes de l'histoire du salut, mais l'un et l'autre de façon complémentaire. Saint Josémaria, Entretiens, n° 14.

mercredi 5 juin 2013

Marie et Eucharistie (5)

Marie et Eucharistie (5)

Vivre la prière Eucharistique avec Marie. Marie dans la liturgie eucharistique se présente comme la Mère glorieuse qui dévoile les qualités divines du Pain céleste. Chemin des divins Mystères, Marie est appelée la « Mère mystagogique ». Et, comme l’Esprit a agi en Marie à l’Annonciation en la sanctifiant, de même il opère par les dons eucharistiques en ceux qui y communient. Saint Jean Damascène dit : « Tu demandes comment le pain devient Corps du Christ, et le vin... Sang du Christ ? Moi, je te dis : le Saint-Esprit fait irruption et accomplit cela qui surpasse toute parole et toute pensée... Qu’il te suffise d’entendre que c’est par le Saint-Esprit, de même que c’est de la Sainte Vierge et par le Saint-Esprit que le Seigneur, par lui-même et en lui-même, assuma la chair ». Saint Éphrem dit pour sa part : « Voilà le Feu de l’Esprit dans le sein de sa Mère, voilà le Feu de l’Esprit dans le fleuve du Jourdain. Feu et Esprit dans notre baptême, dans le Pain et dans le Calice, Feu et Esprit. » (lire la suite) Communier avec Marie, l’épouse royale. Au moment de la communion, l'Église Épouse devient dans l'Esprit « une chair unique » avec le Sauveur, son Époux de sang. Marie est la Mère et l’épouse toute sainte du Seigneur Dieu. Marie préside souverainement aux noces eschatologiques du Fils avec l'Église (cf. Apocalypse 19, 6-9). Elle partage la gloire du Fils ressuscité. Elle le prie de préparer la table, à faire asseoir les disciples, et elle se réjouit complètement quand le Fils passe les servir lui-même (cf. Luc 12, 37 ; 22, 29-30). En mangeant au banquet du Seigneur les chrétiens anticipent, en tant que disciples, le banquet céleste du Père. Mais avant de le vivre au ciel, ils doivent, comme Marie, grandir dans ce mystère indicible, à travers la célébration fréquente de l'Eucharistie et la consommation du corps et du sang du Seigneur. « Marie, présente sur le Calvaire, au pied de la Croix, est également présente, avec l’Église et comme Mère de l’Église, dans chacune de nos célébrations eucharistiques. C’est pourquoi personne mieux qu’Elle ne peut nous enseigner à comprendre et à vivre avec foi et avec amour la Messe, en nous unissant au sacrifice rédempteur du Christ. Lorsque nous recevons la Communion, nous aussi, comme Marie et unis à Elle, nous nous unissons au bois de la Croix que Jésus, à travers son amour, a transformé en instrument de salut, et nous prononçons notre « Amen », notre « oui » à l’Amour crucifié et ressuscité » (Benoît XVI, Angélus, 11 septembre 2005). (à suivre…)

mardi 4 juin 2013

Marie et Eucharistie (4)

Marie et Eucharistie (4)

Marie et la célébration de l'Eucharistie. Marie est là qui nous accueille à chaque Eucharistie, comme elle accueillait les convives de Cana. La messe commence par un « rite d’accueil », et ce rite devrait être vécu avec Marie. Particulièrement les jours de fête et à l'occasion de la célébration des sacrements, le ministère de l'accueil devrait être développé. La Mère du Seigneur devrait alors être contemplée comme celle qui accueille les disciples du Fils dans la salle de la célébration, dans l'église. Lors de la célébration de la messe « je sais aussi que la Très Sainte Vierge intervient, en quelque sorte, en raison de son union intime avec la Très Sainte Trinité, et parce qu’elle est Mère du Christ, de sa Chair et de son Sang [...]. Jésus-Christ [...] possède le Sang même de sa mère et c’est ce Sang qui est offert en sacrifice rédempteur au Calvaire et à la Sainte Messe » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 89). (lire la suite) Entendre l’homélie avec Marie. En dialoguant avec l'ange, la Vierge assume la Maternité divine de manière responsable. Son dialogue n'exprime pas de doute, mais une stupeur devant la grandeur et à la nouveauté incompréhensible de l'annonce (Luc 1, 29-35). En même temps, ce dialogue souligne une demande de clarification pour qu'elle puisse adhérer consciemment à la proposition de Dieu. De même, lors de l’homélie, le dialogue entre Dieu le Père et son peuple célébrant est un accueil et une assimilation de la Parole. Par sa nature, l'homélie se propose d’inviter les croyants à dialoguer avec Dieu le Père. Entendre l'homélie après l'écoute de la Parole, c'est demander, presque comme Marie, « comment cela peut-il se faire ? » Comment cette Parole peut-elle s’incarner en moi ? En Occident, au Moyen-Âge tardif, au début et à la fin de l'homélie, on récitait à genoux un Ave Maria, comme pour souligner comment les croyants apprenaient de Marie à écouter et à incarner la Parole. (à suivre…)

dimanche 2 juin 2013

Marie et Eucharistie (2)

Marie et Eucharistie (2)

Non sans un paradoxe surnaturel, le pape Jean-Paul n'hésitait pas à écrire : « En un sens, Marie a exercé sa foi eucharistique avant même l'institution de l'Eucharistie, par le fait même qu'elle a offert son sein virginal pour l'incarnation du Verbe de Dieu. Tandis que l'Eucharistie renvoie à la passion et à la résurrection, elle se situe simultanément en continuité de l'Incarnation. À l'Annonciation, Marie a conçu le Fils de Dieu dans la vérité même physique du corps et du sang, anticipant en elle ce qui dans une certaine mesure se réalise sacramentellement en tout croyant qui reçoit, sous les espèces du pain et du vin, le corps et le sang du Seigneur » (encyclique Ecclesia de Eucharistia, n° 55). Dans le même ordre d'idée, le pape ajoute que se préparant « jour après jour au Calvaire, Marie vit une sorte « d'Eucharistie anticipée », à savoir une « communion spirituelle » de désir et d'offrande, dont l'accomplissement se réalisera par (lire la suite) l'union avec son Fils au moment de la passion et qui s'exprimera ensuite, dans le temps après Pâques, par sa participation à la Célébration eucharistique, présidée par les Apôtres, en tant que « mémorial » de la passion » (Ecclesia de Eucharistia, n° 56). Dès les premières vêpres de l'office des très précieux Corps et Sang du Christ, en invitant à célébrer l'institution de l'Eucharistie, l'hymne Pange lingua parle de la Vierge Marie : « Chante, ô ma langue, le mystère de ce corps glorieux et du précieux sang, fruit d'un illustre sein. [...] Il nous a été donné, il nous est né d'une Vierge sans tache. » L'Ave verum commence et finit par Marie : « Salut, ô corps vraiment né de la Vierge Marie ; corps vraiment immolé sur la Croix pour le salut de l'homme ; dont le côté ouvert a laissé couler l'eau et le sang. [...] Ô doux Jésus, ô bon Jésus, ô Jésus Fils de la Vierge Marie ! » « Heureuse celle qui a cru » (Luc 1, 45) : dans le mystère de l'Incarnation, Marie a aussi anticipé la foi eucharistique de l'Église. Lorsque, au moment de la Visitation, elle porte en son sein le Verbe fait chair, elle devient, en quelque sorte, un « tabernacle » – le premier « tabernacle » de l'histoire – dans lequel le Fils de Dieu, encore invisible aux yeux des hommes, se présente à l'adoration d'Élisabeth, « irradiant » quasi sa lumière à travers les yeux et la voix de Marie. Et le regard extasié de Marie, contemplant le visage du Christ qui vient de naître et le serrant dans ses bras, n'est-il pas le modèle d'amour inégalable qui doit inspirer chacune de nos communions eucharistiques ? » (Ecclesia de Eucharistia, n° 55). (à suivre…)

samedi 1 juin 2013

Marie et Eucharistie (1)

Marie et Eucharistie (1)

Alors que l’Église fêtre le très saint sacrement du Corps et du Sang de notre Seigneur Jésus-Christ et que le pape François convie tous les fidèles à venir adorer l’Eucharistie dimanche 2 juin pendant une heure, de 17 heures à 18 heures, pour ses intentions relatives à l’année de la foi, nous pouvons nous arrêter à considérer ces jours-ci les rapports de la très Sainte Vierge Marie avec l’auguste sacrement de l’Eucharistie (les considérations qui suivent, tout comme celles qui vous ont accompagnés tout au long du mois de mai sont tirées d’un ouvrage qui devrait paraître à la fin de l’année sous le titre de Dictionnaire encyclopédique de mariologie). Que l'Eucharistie soit le vrai corps du Christ, né de la Vierge Marie, et présent sacramentellement sous les espèces consacrées du pain et du vin, est une vérité de foi que l'Église enseigne depuis le début, car elle l'a reçue de son divin fondateur. (lire la suite) « La Parole du Christ a pu créer ce qui n’était pas, et elle ne pourrait changer ce qui est en ce qui n’était pas. Ce corps que nous rendons présent, conficimus [« nous consacrons »], c’est le corps né de la Vierge. Pourquoi chercher ici, dans le corps du Christ, l’ordre de la nature, alors que le Seigneur Jésus lui-même est né de la Vierge Marie, en dehors des lois de la nature ? C’est la vraie chair du Christ, celle qui a été crucifiée, celle qui a été ensevelie ; c’est donc vraiment le sacrement de sa chair. Le Seigneur Jésus proclame : Ceci est mon corps » (st Ambroise, De Sacramentis). « Marie n'a d'autre désir que de conduire les hommes au Christ, de les introduire au cœur du mystère central du christianisme, celui de la Rédemption. Ce Fils qu'elle a déjà mis au monde [...], elle continue maintenant à le donner à l'Église. Si elle aime voir ses enfants rassemblés pour une vibrante manifestation de foi et d'amour, c'est pour les conduire ensemble vers le Pain mystique, symbole de l'unité, de la paix et de la joie éternelle du ciel » (Pie XII, Radio-message au Congrès marial belge, 5 septembre 1954). « Avec la sollicitude maternelle dont elle témoigne aux noces de Cana, Marie semble nous dire: « N'ayez aucune hésitation, ayez confiance dans la parole de mon Fils. Lui, qui fut capable de changer l'eau en vin, est capable également de faire du pain et du vin son corps et son sang, transmettant aux croyants, dans ce mystère, la mémoire vivante de sa Pâque, pour se faire ainsi “pain de vie” » (bx Jean-Paul II, encyclique Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003, n° 54). (à suivre…)