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jeudi 31 mai 2012

Jérusalem et le Pacte d’Omar

Jérusalem et le Pacte d’Omar

L’an 636 de notre ère, le patriarche Sophone de Jérusalem fait allégeance au calife Omar Ibn Al-Khattab en lui remettant les clefs de la ville et obtenant ainsi que la basilique du Saint-Sépuclre ne soit pas détruite. Ce « Pacte d’unité » a depuis lors déterminé les relations entre le monde musulman et les Églises chrétiennes et n’a jamais été remis en question. Nous y lisons que les chrétiens « aient pleine et entière assurance en ce qui concerne leur vie, leurs églises, leurs croyances et pour tous les lieux de pèlerinage qu’ils possèdent à ce jour à l’intérieur ou hors de la ville, à sa voir la KAMANE [église de la Résurrection], l’église de Bethléem où Jésus – que la Paix soit sur Lui – est né [soient protégées selon les paroles du Prophète]. De même le reste des Chrétiens qui habitent ici… » Adapté de La Terre Sainte, n° 618, mars-avril 2012, p. 20-21.

mardi 29 mai 2012

La Pentecôte (8)

La Pentecôte (8)

Marie occupe une place privilégiée. Elle se situe à un point que nous pourrions qualifier de névralgique. Le point névralgique par excellence. Celui qui met directement l’homme en contact avec Jésus-Christ et avec l’Esprit Saint. Elle est tout d’abord la fille de Dieu le Père, comme tout être humain. Dans l’ordre chronologique, elle devient ensuite l’Epouse du Saint-Esprit, qui vient en elle au jour de l’Annonciation. Et, par suite de l’obombration du Saint-Esprit, elle est aussitôt la Mère de Dieu le Fils. Elle obtient la maternité divine, dont le prolongement est sa maternité spirituelle. Marie est la première Adoratrice de Dieu. Tous les éléments sont réunis en elle pour qu’elle le soit. (lire la suite) Toute les grâces les plus élevées, tous les privilèges les plus éclatants et hors du commun lui sont accordés pour qu’elle le soit. L’Esprit Sanctificateur met en elle, puis sous ses yeux, le Fils de Dieu, Dieu lui-même, Dieu fait homme, son propre Fils, le Verbe éloquent du Père. Quelle adoration ininterrompue de Dieu chez Marie ! Quelle adoration intense. D’une grande densité. Qui prend la tête et le Cœur de Marie.
Une adoration dense. Il ne s’agit pas d’une action statique. Elle est essentiellement dynamique. Cette adoration de Marie est un dialogue constant avec les trois Personnes divines, un dialogue singulièrement enrichissant. L’action de Marie devient ainsi un modèle pour nous. Dans cette prière intense, elle intercède auprès de son Fils, sous l’action du Saint-Esprit, en faveur de chacun de nous. Elle fait ce que nous devons faire nous-mêmes dans notre propre prière : demander au Seigneur qu’il obtienne de son Père des grâces spécifiques pour tel ami et tel autre, pour tel membre de notre famille, pour telle personne dont nous assurons l’accompagnement spirituel, pour de gens qui participent aux moyens de formation chrétienne que l’Eglise propose, pour les foules anonymes que nous côtoyons, pour toutes les âmes. L’humanité tout entière fait l’objet de la prière de Marie, comme elle nourrit celle de notre Seigneur, tout au long de son existence terrestre. Regardons Marie pour apprendre à prier, et à prier pour les autres. Regardons Marie pour savoir adorer en vérité. Regardons Marie pour laisser le Saint-Esprit, l’Esprit d’Amour, nous envahir davantage encore, et nous communiquer non seulement l’amour du Père, mais aussi un amour opératif de notre prochain, de tous les hommes et de toutes les femmes de notre monde pour qu’une nouvelle Pentecôte se produise, afin que les gens d’aujourd’hui posent aussi la question fondamentale que les foules, touchées par la prédication des apôtres, adressaient à Pierre et aux onze autres : « Que devons-nous faire ? » (Actes 2, 37). Et qu’avec Marie parmi eux, ils vivent de la foi, ils accueillent la Bonne Nouvelle dans leur vie. (fin)

lundi 28 mai 2012

La Pentecôte (7)

La Pentecôte (7)

Certes, ils proclameront ce qu’ils ont vu et entendu, ce qu’ils ont touché de leurs mains (cf. 1 Jean 1, 1). Mais en outre, la venue du Saint-Esprit a formellement donné naissance à l’Eglise du Christ. L’Eglise qui est structurée à partir des sacrements. Et, dès le début, les apôtres et les premiers chrétiens sont assidus à la fraction du pain (cf. Actes 2, 46). L’adoration proprement dite du Saint-Sacrement n’a pas encore pris de consistance. Mais le Seigneur est rendu présent dans chaque célébration. Pour eux, qui ont vécu avec le Christ Seigneur, qui ont partagé son existence « depuis le baptême de Jean jusqu’au jour où il nous a été enlevé » (Actes 1, 22), il y a continuité. C’est le même Jésus qu’ils font descendre sur l’autel. Il n’est pas visible : « Ici se cache aussi son humanité » (hymne Adoro te). Mais c’est l’unique Seigneur et Sauveur. C’est lui qu’ils adorent dans l’Eucharistie. Celui qu’ils ont vu et entendu, et qu’ils continuent de voir et d’entendre, parce qu’il leur parle par la voix de l’Esprit Saint. (lire la suite)
« L’Esprit pénètre tout, même les profondeurs de Dieu », dit l’Apôtre (1 Corinthiens 2, 10). Ce qui est logique puisqu’il est Dieu. C’est lui qui nous permet d’avancer dans l’infini de Dieu, d’aller plus loin, avec audace, à la recherche de l’Amour de Dieu, d’aller nous en abreuver, dans la sainte Communion, et à sa source, qui est le Cœur transpercé du Seigneur en Croix. Les obstacles en tout genre n’auront plus de prise sur eux, ne les feront pas fléchir, ne les impressionneront pas, parce qu’ils pourront compter avec la force d’en haut promise par le Seigneur, avec la force de l’Esprit. « Si l’on se confiait à l’Esprit Saint, si l’on était sûr qu’Il est logique, fidèle ; que, quand Il donne une inspiration pour le bien, Il donne en même temps la force pour la réaliser, et que, quand Il a commencé à lancer dans une certaine ligne, Il poursuivra son action, qu’heure par heure Il donnera ce qu’il faut ; alors on ne serait pas là toujours à se tâter pour savoir si cela va être trop difficile, si l’on pourra avancer, franchir l’obstacle ; on sera remis à l’action toute-puissante de l’Esprit Saint » (D.-J. Lallement, Dociles à l’Esprit qui scrute les profondeurs de Dieu, Paris, Téqui, 1996, p. 110). C’est mettre le doigt sur un vrai problème. « La créature sans le Créateur disparaît », dit le concile Vatican II de façon lapidaire (constitution pastorale Gaudium et spes, n° 36). C’est pourquoi il est urgent d’apprendre le sens de l’adoration et de « redécouvrir la fécondité de l’adoration eucharistique (…), condition nécessaire pour donner beaucoup de fruit (cf. Jean 15, 5) et pour éviter que notre action apostolique se limite à un activisme stérile, mais qu’elle témoigne de l’amour de Dieu » (Benoît XVI, Discours à l’assemblée ecclésiale du diocèse de Rome, 15 juin 2010). (à suivre…)

dimanche 27 mai 2012

La Pentecôte (6)

La Pentecôte (6)

L’action du Saint-Esprit est ineffable et inépuisable. Il garde continuellement des dons en réserve pour chacun et pour toutes les situations de notre existence. « De l’Esprit Saint aussi on pourrait dire : chacun en a sa part, et tous l’ont en entier, tant sa générosité est inépuisable. Dans l’expérience des Églises, il est le ferment invisible que l’on reconnaît à ses fruits, tels qu’un saint Paul nous aide à les discerner dans la vie spirituelle des chrétiens ; dans leur prière qui retrouve son sens de louange et de gratitude, en même temps que son audace confiante ; dans les communautés vivantes, pleines de joie et de charité, que l’Esprit Saint suscite et transfigure ; dans l’esprit de sacrifice ; dans l’apostolat courageux et l’action fraternelle au service de la justice et de la paix. En tout, l’Esprit Saint stimule la recherche du sens de la vie, la poursuite obstinée du beau, du bien au-delà du mal ; on le reconnaît à travers l’espérance de la vie qui jaillit plus fort que la mort, et à travers cette eau jaillissante qui murmure déjà en nous : Viens vers le Père » (bx Jean-Paul II, Discours au Congrès international de Pneumatologie, 26 mars 1982, n° 4). (lire la suite)
La théologie nous dit que de Maria numquam satis. Ce principe est appliqué ici, à combien plus forte raison, à la louange de notre Seigneur Jésus-Christ. Il n’y a pas de risque d’exagérer dans la louange de notre Dieu et dans l’adoration, dans l’amour que nous lui portons, dans notre désir de ne faire qu’un avec lui (cf. Jean 17, 22) en transformant effectivement chaque journée en un sacrifice uni à l’holocauste unique de la Croix. L’envoi du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte aide indéniablement les apôtres à comprendre complètement l’instruction que Jésus leur a dispensée quarante jours durant après sa Résurrection. « Recevez l’Esprit Saint » (Jean 20, 22). Mais ce premier don du Saint-Esprit doit être suivi du second, plus fondamental, plus complet, plus décisif. Déjà, « ils étaient continuellement dans le Temple à louer et à bénir Dieu » (Luc 24, 53). Mais désormais leur vie est résolument et définitivement orientée vers la proclamation de l’Evangile envers et contre tout (cf. 2 Timothée 4, 2). Les chefs, les anciens, les scribes et les grands prêtres auront beau leur enjoindre formellement de ne plus parler et enseigner au nom de Jésus, ils répondront : « Aux yeux de Dieu, est-il juste de vous obéir plutôt qu’à Dieu ? Jugez-en ! Pour nous, en effet, nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu » (Actes 4, 18-19), et ils agiront en conséquence, au prix de leur vie terrestre, mais pour entrer d’un bond dans l’éternité de Dieu et pour aller prendre leur place sur le siège qui leur est assigné et d’où, le moment venu, ils jugeront les douze tribus d’Israël (cf. Matthieu 19, 28). (à suivre…)

samedi 26 mai 2012

La Pentecôte (5)

La Pentecôte (5)

« Je dirais que l'adoration signifie reconnaître que Jésus est mon Seigneur, que Jésus me montre le chemin à prendre, me fait comprendre que je ne vis bien que si je connais la route qu'Il m'indique. Adorer, c'est donc dire: "Jésus, je suis tout à toi et je te suis dans ma vie, je ne voudrais jamais perdre cette amitié, cette communion avec toi". Je pourrais également dire que l'adoration, dans son essence, est un baiser à Jésus, dans lequel je dis: "Je suis à toi et je prie afin que toi aussi, tu demeures toujours avec moi" » (Benoît XVI, Rencontre de catéchèse avec les jeunes de la première Communion, 15 octobre 2005).
« La forme traditionnelle de la demande de l’Esprit est d’invoquer le Père par le Christ notre Seigneur pour qu’Il nous donne l’Esprit Consolateur. Jésus insiste sur cette demande (lire la suite) en son nom au moment même où Il promet le don de l’Esprit de Vérité. Mais la prière la plus simple et la plus directe est aussi traditionnelle : Viens, Esprit Saint », et chaque tradition liturgique l’a développée dans des antiennes et des hymnes : « Viens, Esprit Saint, emplis les cœurs de tes fidèles, et allume en eux le feu de ton amour. » « Roi céleste, Esprit Consolateur, Esprit de Vérité, partout présent et emplissant tout, trésor de tout bien et source de la Vie, viens, habite en nous, purifie-nous et sauves-nous, ô Toi qui es Bon » (liturgie byzantine, Tropaire des vêpres de Pentecôte) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2671). « Viens Esprit Saint, allume en nous le feu de ton amour. » Apprends-nous à aimer à fond notre Dieu d’Amour : « Dieu est Amour », proclame saint Jean (1 Jean 4, 16). Et où cet Amour se manifeste-t-il le plus intensément si ce n’est dans l’effusion du Saint-Esprit, dans cette présence vivifiante de la troisième Personne divine dans notre âme, et dans la présence eucharistique du Fils parmi nous ? Nous ne pouvons pas séparer l’action du Saint-Esprit de celle du Fils. Si l’Intercesseur doit être demeuré avec nous pour toujours (cf. Jean 14, 16) et rendre témoignage de notre Seigneur (cf. Jean 15, 26), il doit bien nous amener à adorer Jésus-Christ, à éprouver une soif intense de nous prosterner devant lui en action de grâce et en adoration. « Sion, célèbre ton Sauveur, chante ton Chef et ton Pasteur, par des hymnes et des chants. Tant que tu peux, tu dois oser, car il dépasse tes louanges, tu ne peux trop le louer » (Lauda Sion Salvatorem). (à suivre…)

vendredi 25 mai 2012

La Pentecôte (4)

La Pentecôte (4)

Le Saint-Esprit s’adapte à chacun et le transforme en l’instrument dont Dieu entend de servir pour faire progresser son plan de salut : « Avec les yeux de la foi bien ouverts je vois David, Amos, Daniel, Pierre, Paul, Matthieu…, et je me complais à considérer le grand artiste qu’est cet Esprit Saint…, parce qu’Il remplit l’enfant joueur de cithare et le convertit en un Psalmiste ; Il remplit le pasteur de bœufs, qui se nourrissait de figues sauvages, et en fait un prophète ; Il remplit le jeune continent et le change en juge de vieillards ; Il remplit le pêcheur et le transforme en prédicateur ; Il remplit le persécuteur eu en fait le docteur des gentils ; Il remplit le publicain et en fait un évangéliste » (saint Grégoire le Grand, Super Evang. Hom. 30).
(lire la suite) Mais il faut qu’il y ait en l’homme « des perfections supérieures, qui le disposent à être mû divinement, et ces perfections sont appelées dons, non seulement parce qu’elles sont infuses par Dieu, mais parce que par elles l’homme devient capable de recevoir promptement l’inspiration divine. Les dons nous rendent dociles au Saint-Esprit, pour nous faire produire ces œuvres excellentes connues sous le nom de béatitudes » (R. Garrigou-Lagrange, Perfection et contemplation selon S. Thomas d’Aquin et S. Jean de la Croix, St-Maximin, Éd. de La Vie Spirituelle, 1923, t. 1er, p. 341.343). Ils nous aident à vivre les béatitudes, certes, mais, plus profondément encore, à bien nous disposer à la vie sacramentelle, par laquelle la grâce est principalement et premièrement déversée dans notre âme. Or, notre sanctification passe par la pratique des sacrements, par la piété eucharistique notamment. Et l’Esprit Saint est tout indiqué pour nous aider à adorer Jésus dans le très Saint-Sacrement de l’Autel, pour vivre la dimension si essentielle à notre vie d’enfant de Dieu qu’est l’adoration du Dieu Tout-Puissant. Nous, les êtres humains, nous sommes des êtres créés pour adorer Dieu sans relâche. Et ce, pas uniquement au ciel à tout jamais. Dès ici-bas. Dans notre vie de chaque instant, non seulement lorsque nous nous trouvons en présence du Seigneur qui nous attend dans le tabernacle, dans cette « Prison d'amour » (saint Josémaria, Forge, n° 827), ou devant le Saint-Sacrement exposé précisément à notre adoration, mais tout au long de notre journée, car chacune de nos journées doit être une messe qui dure vingt-quatre heures. Et donc un sacrifice de louange et d’adoration offert à la gloire du Dieu Tout-Puissant. (à suivre…)

jeudi 24 mai 2012

La Pentecôte (3)

La Pentecôte (3)

Cet Esprit, que nous recevons ainsi sans limite, si ce n’est celle que notre humaine nature peut y apporter dans sa faiblesse, est l’Esprit d’Amour. Son rôle premier est donc de nous apprendre à aimer pour de vrai le Père et le Fils. Le Fils nous donne la vie éternelle dans le Père par le Saint-Esprit. Et il nous la donne dès à présent au travers de la Sainte Eucharistie, sacrement de sa présence réelle, sacrement aussi de l’amour du Seigneur poussé à la dernière extrémité : « Après avoir aimé les siens qui étaient dans le monde, (il) les aima jusqu’au bout » (Jean 13, 1). Tout comme il regarda le jeune homme riche et l’aima (Marc 10, 21). Il l’aima, puis il l’appela à le suivre : « Une chose te manque… Vends tes biens… Et suis-moi. » Dieu aime avant d’appeler. « Quand Israël était enfant, je l’aimai, et de l’Égypte, j’appelai mon fils » (Osée 11, 1). « Si Dieu s’est attaché à vous et vous a choisis […] c’est par amour pour vous » (Deutéronome 7, 7-8). (lire la suite) De sorte que « l’ami de Dieu c’est d’abord un aimé de Dieu » (J.-P. Torrell, Inutile sainteté ?
Paris, Le Centurion, 1971, p. 38). Et nous sommes aimés de Dieu par son Esprit, dans son Esprit. « Celui qui m’aime mettra en pratique ce que je dis, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous nous établirons chez lui à demeure » (Jean 14, 23). « Et ce à quoi nous reconnaissons qu’Il demeure en nous, c’est à l’Esprit qu’il nous adonné » (1 Jean 3, 24). Tout se tient. Cet Esprit d’amour est donc l’envoyé du Père pour accomplir notre sanctification. « L'Esprit du Seigneur est sur moi » (Luc 4, 18). L'Esprit ne se tient pas seulement « sur » le Messie, mais il le remplit, le pénètre, le rejoint dans son être et dans son action. L'Esprit, en effet, est le principe de la « consécration » et de la « mission » du Messie : « Parce qu'il m'a consacré par l'onction et m'a envoyé pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres... » (Luc 4,18). Par la force de l'Esprit, Jésus appartient totalement et exclusivement à Dieu, il participe à l'infinie sainteté de Dieu qui l'appelle, le choisit et l'envoie. Ainsi, l'Esprit du Seigneur se révèle source de sainteté et appel à la sanctification. Ce même « Esprit du Seigneur » est « sur » le peuple de Dieu tout entier, qui est constitué comme peuple « consacré » à Dieu et « envoyé » par Dieu pour annoncer l'Évangile qui sauve. De l'Esprit, les membres du peuple de Dieu sont « enivrés » et « marqués » et appelés à la sainteté » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Pastores dabo vobis, 25 mars 1992, n° 19). (à suivre…)

mercredi 23 mai 2012

La Pentecôte (2)

La Pentecôte (2)

« Recevez l’Esprit Saint » (Jean 20, 22). Chargé de « vous remettre en mémoire tout ce que je vous ai dit » (Jean 14, 26), il nous conduit à Jésus. « La pédagogie divine se révèle aussi attentive qu’adaptée. Tout se passe comme si Dieu s’était aperçu qu’il est inefficace de prescrire quoi que ce soit si l’on ne paye pas soi-même d’exemple – c’est à quoi répond la venue de Jésus – et si l’on ne donne pas le moyen de le réaliser – ce à quoi répond le don de l’Esprit. Jésus nous a été envoyé par le Père comme le parfait modèle vivant ; mais à son retour près du Père Jésus lui-même nous a envoyé son Esprit afin de nous aider à garder ce qu’il nous a appris » (J.-P. Torrell, Inutile sainteté ? Paris, Le Centurion, 1971, p. 35).
L’Esprit nous unit avec lui et avec son Père. Il contribue à ce que nous ne fassions qu’un avec lui, tout comme Jésus ne fait qu’un avec son Père (cf. Jean 17, 20-22). « Si quelqu’un à soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ! » (Jean 7, 37), s’était exclamé le Seigneur au dernier jour de la fête des Tabernacles. Parce que « celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; bien plus l’eau que je donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle » (Jean 4, 14). (lire la suite) « Le Saint-Esprit, vie qui donne la vie Qui transforme toute chose, Racine de toute création, Il ôta l’impureté de toute chose, Lavant les péchés, et procurant du baume aux blessures : Il est la vie radieuse et digne de louange, Eveillant et réveillant toute chose » (Hildegard von Bingen). Il faut aller au Christ, qui veut nous attirer à Lui. « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12, 32). La mort sur la Croix a eu lieu. Plus rien ne s’oppose désormais à ce que cette prophétie se réalise. Il faut aller à lui, nous abreuver à la fontaine aux eaux salutaires qu’il est lui-même. « Celui qui croit en moi, comme l’a dit l’Ecriture, des fleuves d’eau vive couleront de son sein. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui ; l’Esprit, en effet, n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (Jean 7, 38-39). Mais maintenant, le Fils a été glorifié, doublement même. Il a été glorifié par sa Résurrection sidérante, due à son propre pouvoir, et que personne, hormis Marie, n’attendait. Il l’a été par son Ascension au ciel, où il est monté avec sa très Sainte Humanité transfigurée. Et l’Esprit nous a été donné, avec « une bonne mesure, pressée, tassée, débordante » (Luc 6, 38), de sorte qu’aucun moyen de sainteté ne nous fait défaut. (à suivre…)

mardi 22 mai 2012

La Pentecôte (1)

La Pentecôte (1)

« Le soir venu, ce même jour (le jour de sa Résurrection d’entre les morts), le premier de la semaine, alors que les portes de la maison où se trouvaient les disciples enfermés par peur des Juifs étaient verrouillées, Jésus arriva et se trouva devant eux et leur dit : « Paix à vous » (Jean20, 19). C’est une explosion de joie pour les disciples. Une joie qu’ils ne pensaient peut-être plus avoir, car ils n’avaient pas compris ce que Jésus leur avait annoncé, qu’il devait souffrir, être mis à mort, mais aussi ressusciter le troisième jour (Luc 9, 22). Cette joie, plus rien ne pourra la leur enlever. Elle ira in crescendo. La venue du Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, les inondera davantage encore de cette joie irrépressible, qui est l’expression typique de l’amitié avec Dieu, d’une âme qui vit profondément l’union avec Dieu. « Votre tristesse tournera en joie » (Jean 16, 20). (lire la suite) « Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira, et cette joie que vous aurez, nul ne pourra vous la ravir » (Jean 16, 22). Le jour des retrouvailles est arrivé : « Les disciples furent tout joyeux de revoir le Seigneur » (Jean 20, 20). Ce soir-là, « il leur dit de nouveau : Paix à vous ! « Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. » Cela dit, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit-Saint » (Jean 20, 21-22). Il leur communique pour la première fois l’Esprit Saint. Ce sont comme des arrhes de l’effusion qui doit avoir lieu cinquante jours plus tard. Cela ne suffit pas pour qu’ils comprennent le sens profond de tout son enseignement de trois années : « J’aurai encore bien des choses à vous dire, mais vous ne pourriez pas les porter présentement. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité totale, car il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera l’avenir » (Jean 16, 12-13). « Celui qui aime possède en lui l’Esprit Saint ; et le possédant, il mérite de le recevoir plus abondamment, et plus il le reçoit en abondance, plus son amour est intense. Et les disciples avaient en eux l’Esprit Saint que le Seigneur promettait, sans qui ils ne pouvaient même pas l’appeler Seigneur ; mais ils ne le possédaient pas encore avec la plénitude que le Seigneur promettait. Ils l’avaient et ne l’avaient pas, car ils ne le possédaient pas encore dans la plénitude avec laquelle ils devaient le recevoir » (saint Augustin, In Ioannis Evangelium tractatus 74, 2). (à suivre…)

lundi 21 mai 2012

L’homme est bon (3)

L’homme est bon (3)

Or, l’expérience prouve que le fait de se savoir aimé assure une meilleure qualité de vie et permet d’affronter l’existence dans des conditions plus favorables que dans la situation inverse. C’est ce que montrent les observations de René Spitz, rapportées par Josef Pieper dans son ouvrage, déjà mentionné, De l’amour (p. 68-69). René Spitz a observé des enfants nés en prison, où ils ont été élevés par leur mère incarcérée et, partant, dans un milieu qui ne semble guère porteur. Dans le même temps, il a observé des enfants élevés sans leur mère, dans des pouponnières ou des crèches aux États-Unis. L’établissement était parfaitement équipé, à l’hygiène irréprochable, et les puéricultrices étaient on ne peut mieux formées. Le résultat de ces observations est que les enfants nés en prison s’en sortaient mieux que ceux des crèches américaines, et de loin. Ils tombaient moins malades et leur taux de mortalité était inférieur. Leur prédisposition (lire la suite) aux névroses était plus faible. La conclusion à en tirer est qu’il ne suffit pas de manger à sa faim, de ne pas avoir froid et d’avoir un toit, bref de satisfaire ses besoins vitaux. Il faut tenir compte d’un facteur humain qui joue un rôle essentiel. Nous pouvons en tirer des conséquences pratiques quant à notre vie chrétienne, fondée sur une relation personnelle avec Dieu, qui se définit comme un Dieu d’Amour (1 Jean 4, 16) et qui « a aimé le monde au point de donner son Fils unique pour que tous ceux qui croient en lui ne périssent pas, mais aient la vie éternelle » (Jean 3, 16). Ceci explique que le baptisé conscient de cette paternité amoureuse de Dieu le Père, qui agit par le Fils et l’envoi de l’Esprit Saint, soit quelqu’un de joyeux. « La joie doit toujours être en contrepoint de notre chemin » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 177). Et cette joie, nous la devons aussi à la très Sainte Vierge, « Cause de notre joie » (Litanies de Lorette). Car elle est vraiment notre Mère dans l’ordre surnaturel, et elle nous aime, elle aussi, d’un amour gratuit, qui n’est autre que l’Amour mis en Elle par Dieu afin qu’elle assume son rôle de médiatrice de toutes les grâces en notre faveur. (fin)

dimanche 20 mai 2012

L’homme est bon (2)

L’homme est bon (2)

Et J. Pieper de citer C. Lewis, dont la remarque est identique : « Nous souhaitons tous être aimés à cause de notre
intelligence, de notre beauté, de notre générosité, de notre gentillesse, de notre sensibilité » (The Four Loves). Le rejet de l’amour gratuit est évidemment une réaction d’orgueil causée, qu’on le veuille ou non, par le péché originel et par les traces qu’il a laissées dans notre nature. Chez le baptisé qui vit dans la joie que lui procurent la foi et la fréquentation de Dieu, ce genre de réaction n’a pas lieu d’être. Elle ne se produit pas, bien au contraire. La conviction de faire l’objet d’un amour de Dieu que rien en nous ne justifie ou n’exige, suscite l’émerveillement et une reconnaissance sans fin. Et peut-être aussi de la commisération pour ceux qui ne comprennent pas cette réalité, une commisération qu’accompagne une prière pour que le Seigneur leur ouvre les yeux et leur accorde l’humilité de reconnaître à leur tour les bienfaits de Dieu à leur égard. (lire la suite) Il faut vraiment se fermer volontairement au transcendant, pourtant inscrit dans la nature humaine, pour ne pas réussir à capter cette logique de la gratuité de l’Amour divin. Je serai même tenté d’ajouter que ce genre de raisonnement – si jamais le raisonnement tient – laisse entrevoir une conception et une connaissance bien pauvres de la réalité de l’amour humain qui ne se limite pas à une relation purement physique mais s’étend à toute la personnalité de l’autre. Celui qui ne s’est pas engagé à fond dans le don de soi et en est resté à une donation égoïste, voire purement érotique, qui ne cherche que son plaisir, est évidemment à mille lieues de comprendre la gratuité de l’amour. Il nie ce qu’il n’est pas disposé à vivre. Il pose un postulat, dont il sait la fausseté, pour tenter de justifier à ses yeux son comportement, son style de vie. Nous pouvons dire qu’il rate sa vie, parce que l’amour est la seule vertu appelée à se pérenniser (cf. 1 Corinthiens 13, 13). Ce genre de gens fait pitié, plus encore s’il s’agit de quelqu’un d’intelligent, ou jugé tel par ses semblables. Je dis « jugé tel », car quelqu’un qui refuse le transcendant et la relation ontologique à Dieu peut-il être raisonnablement dit intelligent ? L’homme n’a pas reçu la raison droite pour s’opposer à son Créateur. D’un enfant qui conteste systématiquement tout ce que ses parents ou ses maîtres lui disent ou lui demandent, l’on dit qu’il traverse la crise de l’adolescence et qu’il est dans « l’âge bête ». C’est ce qui se produit chez l’intellectuel qui entend briller aux yeux de la galerie, et à ses propres yeux, en rejetant Dieu. Il s’enferme dans « l’âge bête ». Espérons qu’il finira par en sortir. Rien n’est moins sûr cependant, car, le temps passant, il lui sera de plus en plus difficile de revenir sur son orgueil, les passions étant bien enracinées en lui. Changer en profondeur relève presque du miracle. Mais rien n’est impossible à Dieu ! (Luc 1, 37 ; Marc 10, 27). (à suivre…)

samedi 19 mai 2012

L'homme est bon (1)

L’homme est bon (1)

Dans un petit ouvrage fort intéressant, De l’amour, publié à Genève par les éditions Ad solem, le philosophe Josef Pieper cite un auteur allemand, Ladislau Grünhut, dont l’ouvrage est introuvable. Cet auteur écrit que « comme Dieu m’aime parce que c’est moi, ainsi suis-je vraiment irremplaçable dans le monde ». Il en va ainsi parce que, à l’origine, Dieu a créé l’homme distinct du reste de l’univers inanimé et animé. Dieu lui-même a tenu à souligner cette différence pour qu’elle soit bien établie. Contemplant l’humanité sortie de ses mains, il nous a fait savoir, par l’écrivain sacré, qu’il vit que « cela était très bon » (Genèse 1, 31), et pas seulement bon comme dans le cas des autres êtres créés (Genèse 1, 10.12.18.25). Cette bonté par
ticulière vient de ce que Dieu a créé l’homme « à son image et à sa ressemblance » (Genèse 1, 26). C’est pourquoi, dans une formulation qui rejoint celle rappelée ci-dessus, le concile Vatican II affirme que l’homme – c’est-à-dire évidemment l’homme et la femme – est « la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même » (constitution pastorale Gaudium et spes, n° 24). Nous pouvons comprendre cette affirmation dans un double sens. Dieu aime l’homme tout spécialement pour ce qu’il est vraiment, c’est-à-dire un reflet de lui-même, de sa propre dignité et de sa propre liberté : liberté de choix, liberté d’aimer. Le deuxième sens de l’expression conciliaire est le suivant : l’être humain est la seule créature que Dieu a aimée de sorte qu’elle puisse participer à sa vie intratrinitaire, qu’il a destinée à entrer dans la sphère de sa propre intimité, à faire partie, en quelque sorte, du cercle de ses amis – « Je vous appelle mes amis » (Jean 15, 15) -, à être réellement ses enfants – domestici Dei, « membres de la famille de Dieu » (Éphésiens 2, 19). Dieu a aimé l’homme pour lui-même, autrement dit en lui insufflant une orientation ontologique à la sainteté – « Telle est la volonté de Dieu : votre sanctification » (1 Thessaloniciens 4, 3) -, en faisant en sorte que sa nature ait la capacité à découvrir le vrai bien, Dieu lui-même, à le désirer et à prendre les moyens lui permettant de vivre avec lui. L’homme ¬– malgré la réalité du péché originel – peut donc se sentir tout spécialement aimé de Dieu. Celui lui est encore plus facile quand ce péché originel a été effacé de son âme par l’eau purificatrice du baptême, qui l’a élevé précisément à la condition d’enfant de Dieu. « Oui, c’est par la grâce que vous êtes sauvés moyennant la foi. Et cela ne vient pas de vous : c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas non plus des œuvres, afin que nul ne puisse se glorifier » (Éphésiens 2, 8-9). Cependant, s’il est agréable à l’homme d’être aimé par quelqu’un, et a fortiori par plusieurs ou beaucoup de ses semblables, il semblerait qu’il n’apprécie pas tellement d’être aimé gratuitement. C’est ce que fait remarquer Josef Pieper, qui rapporte la remarque suivante de Nietzsche : « Les êtres ambitieux se rebellent contre le fait d’être aimés » (Humain, trop humain). (à suivre…)

mardi 15 mai 2012

LA VIERGE MARIE (4)


LA VIERGE MARIE (4)

L’archange a recueilli ces mots comme un nectar
Et va les rapporter au Très-Haut sans retard.
Mais l’Esprit Saint déjà a accompli son œuvre
En Marie, devenue un céleste chef-d’œuvre.

La création est en jubilation.
Bien que restant cachée aux yeux des nations
Jusqu’au jour fixé pour sa révélation,
C'est une espèce de transfiguration.

Satan qui alentour rôdait n’a rien compris.
Il n’a pas remarqué deux oliviers fleuris
Ni que deux chandeliers se trouvaient allumés.
Sans qu'il en soit conscient, il a été plumé ! (lire la suite)

Sa cause par ce « oui » est à jamais perdue.
Il n’a pas vu venir le Sauveur attendu.
Il est beaucoup trop fier pour capter le mystère
Qui va bouleverser en profondeur la terre.

« Mon Fils, aurai-je soin de toi comme une mère ?
Ou dois-je t’adorer plutôt comme Seigneur ?
Tu connaîtras, je le sais, des heures amères ;
Me voici prête à en endurer les frayeurs.

Dois-je t’allaiter ou plutôt chanter ta gloire ?
T’apporterai-je du lait ou des aromates ?
Dois-je choisir la Croix plutôt que la mangeoire ?
Par Amour, je viens à toi, non en automate. »

Marie dépose son Jésus dans le berceau
Qu’est l’Église muée dans le vaste vaisseau
De la Rédemption du genre humain entier
Par le Nazaréen, le Fils du charpentier.

Vous vous montrez à nous dans la chapelle axiale
Habile préposée à la vie ecclésiale.
Vous jetez alentours un regard protecteur
Qui, vers le ciel, est pour nous le fil conducteur.

Vous êtes, de Jésus, le vivant reliquaire,
Donnant son sens à mon existence précaire.
Ne permettez pas que de Dieu je me sépare,
De son intimité je veux prendre ma part.

Extrait de D. Le Tourneau, Poèmes mystiques, Éditions TerraMare, 2011.
(à suivre…)

lundi 14 mai 2012

LA VIERGE MARIE (3)


LA VIERGE MARIE (3)

L’armée des justes de la primitive Alliance,
Regroupés auprès du Sein d’Abraham, leur père,
Voient pointer enfin le jour de leur délivrance,
Et retiennent tous leur souffle, car ils espèrent.

« Hâtez-vous ! Voyez que notre attente est trop dure
À porter, disent-ils à la Vierge Marie.
À vos décisions, chaque âme se confie.
Vous ratifierez le choix, nous en sommes sûrs. »

« Tu es la gloire de Jérusalem » la sainte,
« La joie d’Israël et l’honneur de notre peuple ».
« Et grâce à l’Esprit, tu vas devenir enceinte
Pour que le ciel par nous déserté se repeuple. » (lire la suite)

Toutes les hiérarchies célestes au grand complet
Sont concentrées sur le lieu de Promission,
Où la vierge a reçu l'unique mission.
Donc qu’elle dise : « En ta Volonté, je me plais. »

Mais Gabriel reprend la parole : « L’Esprit
Viendra sur toi et son ombre te couvrira
Et du Fils de Dieu tu deviendras le pourpris.
Dieu est Saint, en tant qu’homme aussi il le sera.

Sache qu’Élisabeth, ta pieuse cousine,
Vient de concevoir, quand on l’on appelait « stérile ».
C’est son sixième mois et déjà se dessine
Son enfant, car, vois-tu, pour Dieu tout est facile. »

Le message est bref, mais il suffit pour comprendre.
Pourquoi faudrait-il faire une seconde attendre
La réponse que veut l’univers en suspend,
Car n’oublions pas que d’elle son sort dépend !

Le jour est venu de l’entendre s’exprimer :
La tête inclinée, les bras croisés sur son sein,
« Voici du Seigneur la servante, sublimée,
Qu’il soit fait selon ta parole et ton dessein. »

Extrait de D. Le Tourneau, Poèmes mystiques, Éditions TerraMare, 2011.
(à suivre…)

dimanche 13 mai 2012

LA VIERGE MARIE (2)

LA VIERGE MARIE (2)

L’Esprit Saint a vu sa très haute pureté
Et a préparé des épousailles mystiques.
Il savait que son Fils aurait pour sûreté
Un tabernacle alors déjà eucharistique.

Or, la voici tout de go qualifiée de Mère
De ce Messie dont la venue serait prochaine.
C’est l’Amour de Dieu pour ses fils qui se déchaîne
Apportant un terme à un état éphémère.

L’humanité était privée d’éternité.
La jeune fille va en son sein abriter
Notre Sauveur grâce à l’ombre du Paraclet
Corroborée dans les vertus qu’elle exhalait. (lire la suite)

Les pommettes de ses joues rosissent à peine,
Surprise de savoir qu’on la proclame reine.
Tout lui apparaît sous un jour si naturel
Qu’elle entend le message, et voit ce qu’il recèle.

Immaculée dans sa conception, ornée
D’une sainteté hors pair, elle est qualifiée
Pour aimer le vouloir divin, se prosterner
Et accepter de mettre au monde un crucifié.

La Vierge se surprend, mais ne s’emballe pas :
Elle se tasse en se faisant toute petite,
Dans la dilection de Dieu elle s’abrite
Pour s’assurer que c’est bien un divin appât.

L’univers, même le temps, suspendent leur vol.
Partout, chacun retient sa respiration
En voyant s’accomplir cette aspiration
Des pécheurs, désireux de prendre leur envol.

L’espoir du monde se concentre à Nazareth,
Il dépend d’un mot, d’un seul, que doit prononcer
Myriam, et aussi de ce qu’elle veuille admettre
La vérité qui lui est ainsi annoncée.

Extrait de D. Le Tourneau, Poèmes mystiques, Éditions TerraMare, 2011.

(à suivre…)

samedi 12 mai 2012

LA VIERGE MARIE (1)


LA VIERGE MARIE (1)

De toute éternité Dieu vous choisit pour être
Vrai paradis terrestre au tout nouvel Adam,
De celui par qui nous, les humains, recevons l’être,
Et qui du contingent gagnons le transcendant.

L’archange Gabriel, dans un flot de lumière,
Vient rencontrer la vierge, abîmée en prière,
Au lieudit Nazareth. Elle est dans sa chaumière.
Il lui annonce que sa lignée est princière.

Gabriel dit : « Voici que tu enfanteras. »
Aussitôt Marie a en mémoire l’oracle :
Du prophète Isaïe : « La vierge concevra
Un fils », dit l’Emmanuel. Elle croit au miracle. (lire la suite)

Puis l’archange dit : « Il sera Fils du Très-Haut.
Il succédera au grand roi David, son Père,
Son règne s’étendra à la lignée entière
De Jacob, mais il ne fera pas de vieux os. »

Cette vierge, c’est elle, ô suprême évidence !
Elle l’est restée, et ce n’est pas qu’apparence.
Mais sa surprise va cependant s’exprimer
À haute voix, dans un dialogue avec l’Aimé :

« Comment cela peut-il être ? Je ne connais
Point d’homme ! J’épouse, il est vrai, Joseph sous peu
Mais que nous nous soyons engagés tous les deux
À rester chastes à tout jamais, tu le sais.

C’est mystère pour moi qui ai toujours voulu
Accomplir en tout ta très sainte Volonté,
Mais je vois bien que tu me choisis par Bonté
Et que tu as jeté sur moi ton dévolu. »

L'annonce la surprend, car de devenir mère,
Nul n’avait évoqué jusqu’ici ce sujet.
Marie voulait vivre en restant dans les brisées
De son Dieu, disparaître, effacée, et se taire.

Extrait de D. Le Tourneau, Poèmes mystiques, Éditions TerraMare, 2011.

(à suivre…)

jeudi 10 mai 2012

Homélie en l’honneur de sainte Jeanne d’Arc




Homélie en l’honneur de sainte Jeanne d’Arc

prononcée en la cathédrale de Reims

Jeanne affirmera à ses juges : « Je suis venue au roi de France de par Dieu, de par la Vierge Marie et tous les saints et saintes du paradis et l'Église victorieuse d'en-haut, et par leur commandement. » Notre Dame, titre de cette église cathédrale de Reims, si présente dans la vie de Jeanne. Reims qui marque l’aboutissement de la première partie de la mission de Jeanne. Cette cathédrale, huit fois centenaire, dont les voûtes nous semble retentir encore des acclamations des sacres royaux.
« Tout d'abord, c'est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui de la Vierge d'Orléans, enfin de la Vierge de Reims, devait souligner le pape Pie XI, qu'elle entreprit d'un cœur viril une si grande œuvre, qu'elle demeura sans peur en face des épées dégainées, et sans tache au milieu de la licence des camps, qu'elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit le sort de la France. [...] C'est après en avoir reçu le conseil de ses voix célestes qu'elle ajouta sur son glorieux étendard le nom de Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher, c'est en murmurant au milieu des flammes, en un cri suprême, les noms de Jésus et Marie qu'elle s'envola au ciel » (Pie XI, Lettre ap. Galliam Ecclesiæ filiam, 2 mars 1922). (lire la suite) Or, « il n’est sous le ciel, d’entre les noms qui se donnent chez les hommes, aucun autre qui doive nous sauver » (Actes 4, 12) que celui de notre Seigneur Jésus-Christ. Et, d’autre part, c’est par Marie que nous viennent toutes les grâces, et donc celle, décisive et vitale, du salut éternel.

Par conséquent, chez sainte Jeanne d’Arc, « au Nom de Jésus est toujours uni le Nom de Marie et ainsi, sur un fond de religiosité populaire, la spiritualité de Jeanne est profondément christocentrique et mariale. Depuis l'enfance, elle démontre une grande charité et compassion envers les plus pauvres, les malades et tous les souffrants, dans le contexte dramatique de la guerre » (Benoît XVI, Audience générale, 26 janvier 2011).

Il faut souligner le caractère profondément spirituel, et même mystique, de la vie de notre sainte. « À travers la « voix » de l'archange saint Michel, Jeanne se sent appelée par le Seigneur à intensifier sa vie chrétienne ainsi qu'à s'engager personnellement pour la libération de son peuple. Sa réponse immédiate, son « oui », est le vœu de virginité, avec un nouvel engagement dans la vie sacramentelle et dans la prière : participation quotidienne à la Messe, confession et communion fréquentes, longs temps de prière silencieuse devant le Crucifix ou l'image de la Vierge. La compassion et l'engagement de la jeune paysanne française face à la souffrance de son peuple, nous fait remarquer le saint-père, sont encore renforcés par son rapport mystique avec Dieu. L'un des aspects les plus originaux de la sainteté de cette jeune fille est précisément ce lien entre l'expérience mystique et la mission politique. Après les années de vie cachée et de maturation intérieure s'ensuivent deux brèves, mais intenses années de sa vie publique : une année d'action et une année de passion » (Benoît XVI, Ibid.).
« Dieu écrit droit avec des lignes courbes », disait saint Jean de la Croix. Jeanne devait en faire l’expérience. La trahison d’abord, l’absence d’empressement à payer la rançon qui eût pu l’arracher à la prison, l’esprit retors d’hommes d’Église eurent pour dénouement sa mort sur le bûcher et sa véritable heure de gloire. Elle peut alors proclamer, avec le psalmiste : « Le Seigneur est ma force et l'objet de mes chants ; il a été mon salut. Des cris de triomphe et de délivrance retentissent dans les tentes des justes. La droite du Seigneur a déployé sa force ; la droite du Seigneur est élevée, la droite du Seigneur a déployé sa force. Je ne mourrai pas, je vivrai, et je raconterai les œuvres du Seigneur » (Psaume 117, 14-17).
Sainte Jeanne d’Arc prononce les noms de Jésus et de Marie de bouche et de cœur tout au long de sa vie. Ils alimentent une dernière fois sa prière, tandis que les flammes commencent à lécher son corps. Ces noms qu’elle fit broder sur son étendard, puissent-ils orienter et guider aussi toute notre vie.

mercredi 9 mai 2012

Homélie en l’honneur de sainte Jeanne d’Arc


Homélie en l’honneur de sainte Jeanne d’Arc

prononcée en la cathédrale de Reims

Il est des noms qui sont particulièrement chers à notre cœur et que nous aimons prononcer en les savourant. Ceux de « Jésus » et de « Marie » au premier chef, bien entendu.
Mais depuis six cents ans, celui de Jeanne, de la « Pucelle d’Orléans », fascine les générations de Français. Nous l’invoquons spécialement quand un danger menace notre pays. Nous voyons en elle un modèle de sainte laïque. Nous trouvons chez elle l’exemple d’une femme chrétienne qui occupe pleinement sa place dans la société.

Ni bâtarde de sang royal, ni bergère, de ses parents Jeanne reçoit une « bonne éducation religieuse, avec une influence importante de la spiritualité du Nom de Jésus, enseignée par saint Bernardin de Sienne et répandue en Europe par les franciscains » (lire la suite) (Benoît XVI, Audience générale, 26 janvier 2011). C’est dans le jardin de son père qu’elle entend ses « voix ». La Pucelle vit « pour le bon plaisir » de Jésus et de Marie. À Domremy, elle tresse des guirlandes et des « cappiaux » de fleurs pour Notre Dame. Pendant ses campagnes militaires, elle fait chanter deux fois par jour antiennes et hymnes à Marie par les prêtres qui l'accompagnent.
Nous venons d’entendre le récit des apparitions du Seigneur, le jour de Pâques, à Marie-Madeleine, aux deux disciples d’Emmaüs puis aux Onze eux-mêmes (cf. Marc 16, 9-15). Il se manifeste pour conforter dans la foi et fortifier en vue de la mission qu’il va leur confier avant de remonter auprès de son Père. Pour Jeanne, cette intervention prend la forme de ses « voix ». Elle ne doutera jamais de leur origine vraiment divine, de leur caractère surnaturel. C’est pourquoi elle ne se départira jamais de son courage face aux juges qui lui tendent des pièges théologiques. Tout comme pour Pierre et Jean, les Anciens et les scribes, « sachant qu'ils étaient des hommes sans instruction et du commun, étaient étonnés » (Actes 4, 13), pareillement Cauchon et ses sbires étaient stupéfaits des réponses de Jeanne, mais la droiture d’intention leur manquait qui leur aurait permis d’établir son innocence.
Dieu parle à l’homme en utilisant les canaux qu’il veut. Il s’adresse aussi à nous, plus modestement, si nous voulons bien l’écouter. Il s’ouvre à nous, notamment, dans la prière personnelle, dans la méditation, qui est comme la conversation d’un enfant avec son père. Car prier, à partir de notre vie ordinaire, c’est cela : se fréquenter, mieux se connaître soi-même et apprendre à connaître Dieu, pour savoir de source sûre ce qu’il attend de nous à chaque instant. C’est la voix de l’Esprit Saint qui nous amène à prier et à reconnaître Dieu pour Père.
Comment pouvons-nous vivre saintement et réaliser l’évangélisation jour après jour, conformément au programme qui résume tout l’enseignement du concile Vatican II : l’appel universel à la sainteté et à l’apostolat ? La Pucelle d’Orléans nous livre la réponse : « Messire Dieu premier servi. » « Soir que vous mangier, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10, 31). Oui, il nous faut nous sanctifier vraiment dans notre vie de tous les jours, à partir des menus faits de notre existence quotidienne.

(à suivre...)

mardi 8 mai 2012

La République et sainte Jeanne d’Arc


La République et sainte Jeanne d’Arc

Loi instituant une fête nationale de Jeanne d’Arc, fête du patriotisme.

Le Sénat et la Chambre des députés ont adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Art. 1er. – La République française célèbre annuellement la fête de Jeanne d’Arc, fête du Patriotisme.

Art. 2. – Cette fête a lieu le deuxième dimanche de mai, jour anniversaire de la délivrance d’Orléans. (lire la suite)

Art. 3. – Il sera élevé en l’honneur de Jeanne d’Arc, sur la place de Rouen, où elle fut brûlée vive, un monument avec cette inscription

À Jeanne d’Arc
LE PEUPLE FRANÇAIS RECONNAISSANT

La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des députés, sera exécutée comme loi de l’État.

Fait à Rambouillet, le 10 juillet 1920.
P. DESCHANEL

Par le Président de la République française :

Le ministre de l’Intérieur,
T. STEZO

Le garde des sceaux, ministre de la justice, président du conseil par intérim,
L. Hopiteau


lundi 7 mai 2012

Chant à Jeanne d'Arc

Chant à Jeanne d'Arc

À la veille de la Sainte-Jeanne d'Arc, voici un ancien chant en son honneur :
1. Pour le salut de la Patrie
Prions, Français, d’un même cœur ;
Quand un pays espère et prie,
C’est le réveil de sa grandeur.

Refrain
Jeanne d’Arc, ô Vierge bénie
Par qui la France à l’agonie
Fut arrachée à l’oppresseur,
Ne laisse pas dans la tempête,
Périr le fruit de ta conquête
Garde la France, (ter)
Ô noble sœur ! (lire la suite)


2. Un jour, hélas ! Au cœur frappé,
La belle France allait mourir
Sur les débris de son épée ;
Mais le ciel vint la secourir.


3. Des voix d’en haut, Jeanne inspirée
Quitte sa mère et son troupeau,
Et la victoire inespérée
Suit désormais son blanc drapeau.


4. Tout se relève en la patrie,
Comme la fleur au beau soleil,
Et Jeanne alors, l’âme attendrie,
Rend gloire à Dieu de ce réveil.


5. Pour couronner sa foi sublime,
La France, hélas, avait trop peu :
Sur le bûcher, pure victime,
Jeanne rendra son âme à Dieu.


6. Lorsque le Christ, aux Francs qu’il aime
A prodigué tant de faveurs,
Le désespoir est un blasphème :
Non, non, Français en haut les cœurs !


7. Autour de nous si tout chancelle,
Gardons encore le souvenir ;
Sous l’étendard de la Pucelle
Est abrité notre avenir.

samedi 5 mai 2012

Les dix vierges (8)


Les dix vierges (8)

Nous serions tentés de dire « pauvres vierges folles » ! Mais au fin fond de la réalité, ce ne sont pas elles qui sont à plaindre, mais Dieu qui n’est pas honoré, Dieu dont les dons n’ont pas fructifié, Dieu dont les grâces sont lamentablement gaspillées. C’est Dieu qui est à plaindre, dont le Sacrifice sur la Croix pourrait paraître inutile. Mais il a choisi de nous rendre libres de nos actes… Et il ne perd rien. Il n’a rien à perdre. Alors que nous, nous pouvons tout perdre si nous ne misons pas sur Dieu, et exclusivement sur Dieu.
Parce qu’en étant éloignés de moi, quand vous parlez en mon nom, comme vous dites, vous m’instrumentalisez. Vous donnez de moi une image déformée, qui sert vos intérêts, non ceux de mon Père. Vous dites que vous parlez (lire la suite) en mon nom, mais, en réalité, vous vous écoutez parler en vous servant de moi comme d’un paravent. C’est pourquoi, je vous le répète, « je ne vous ai jamais connus ! Éloignez-vous de moi, fauteurs d’iniquité ! » (Matthieu 7, 23). Vous étiez prévenus que « qui mange et boit mange et boit sa propre condamnation, s’il n’a pas égard au Corps du Seigneur » (1 Corinthiens 11, 29).
Et à vous tous qui êtes témoins de la scène, je dis : « Donc veillez, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » (Matthieu 25, 13) de ma venue. « C’est à une heure imprévue que va venir le Fils de l’homme » (Luc 12, 40). Ce sera une surprise, une sacrée surprise. Et j’aimerais tant que ce soit pour vous une surprise on ne peut plus agréable, la surprise des surprises. Une surprise qui s’épanouira en un émerveillement et une action de grâce éternels.

(fin)

vendredi 4 mai 2012

Les dix vierges (7)


Les dix vierges (7)

Je vous avais effectivement marquées du signe de la Croix, destinées à partager ma vie au paradis. Je me réjouissais de pouvoir vous dire : « Tu es mon enfant » (Psaume 2, 7) et vous appeler « mes amies » (Jean 15, 15). Mais vous avez préféré mener votre vie de votre côté. Et vous avez profané ce qu’il y a de plus sacré. « Allez loin de moi, maudits, au feu éternel, préparé pour le diable et pour ses anges » (Matthieu 25, 41), « au feu qui ne s’éteint pas » (Matthieu 3, 12). Je ne sais pas qui vous êtes ni d’où vous venez. Vous n’avez pas votre place au banquet céleste.
Vous avez beau frapper, « ceux qui voudraient passer d’ici chez vous ne le pourraient pas, et [ceux] de là-bas ne traversent pas non plus pour venir à nous » (Luc 16, 26). Au-delà de cette porte commence (lire la suite) un monde nouveau, « un ciel nouveau et une terre nouvelle » (Apocalypse 21, 1), et nul n’y accède s’il n’a pas revêtu « l’habit de noces » (Matthieu 22, 12).
Je vous avais pourtant prévenu que « qui n’amasse pas avec moi disperse » (Luc 11, 23). Vous n’avez pas voulu produire de l’huile au pressoir de votre vie ordinaire, par lequel vous auriez tiré un bon parti de tous les événements, petits ou grands, de chaque journée. En serrant le pressoir par l’esprit de sacrifice, par la mortification, il faut voir l’huile, riche et parfumée, que vous auriez pu produire ! Mais au lieu de cela, vous avez donné des épines et des ronces (cf. Luc 8, 4-15), du verjus (Isaïe 5, 4) !
J’ai peut-être enseigné dans vos rues, car je me devais d’aller évangéliser toutes les villes et les villages : « Jésus circulait par toutes les villes et les bourgades, enseignant dans les synagogues, proclamant le Bon message du royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité » (Matthieu 9, 35). Et vous, vous me direz peut-être, « n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, par ton nom que nous avons chassé les démons et par ton nom que nous avons fait quantité de miracles ? » (Matthieu 7, 22). J’avoue ne pas me les rappeler. Vous vous souvenez de moi maintenant que cela vous arrange. Mais ce que j’attendais, c’est que vous me placiez au centre de votre vie, au cœur de votre existence et ce, en permanence. Non de manière adventice. Non comme une bouée de sauvetage.

(à suivre…)

jeudi 3 mai 2012

Les dix vierges (6)


Les dix vierges (6)

L’époux est donc arrivé. Peu après le départ des cinq étourdies. « Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et on ferma la porte » (Matthieu 25, 10). Une fois que la porte est close, nul ne peut entrer. On ne dérange pas la fête. C’est comme lorsque l’on va écouter un concert. Celui qui arrive en retard n’entre pas dans la salle. Certes, il pourra y accéder à l’entracte…
Mais il n’y a pas d’entracte au paradis, ce n’est nullement nécessaire : l’on ne se fatigue pas d’écouter et de contempler Dieu. L’on s’y trouve une fois pour toutes et pour l’éternité. Ou bien l’on reste à l’extérieur à tout jamais, « dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matthieu 25, 30).
« Finalement arrivèrent aussi les autres jeunes filles » (Matthieu 25, 11). Il est sous-entendu (lire la suite) qu’elles ont quand même réussi à s’approvisionner en huile. Sinon il leur serait inutile de se présenter chez le Maître. Elles disent alors : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! » (Matthieu 25, 11). Le Seigneur avait indiqué qu’« après que le maître de maison se sera levé pour fermer la porte, et que, restés dehors, vous vous mettrez à frapper à la porte, disant : « Seigneur, ouvre-nous ! » et qu’il vous aura répondu : « Je ne sais d’où vous êtes », alors vous vous prendrez à dire : « Nous avons mangé et bu sous tes yeux, et tu as enseigné dans nos rues. » Mais il vous dira : « Je vous dis que je ne sais pas d’où vous êtes. Écartez-vous de moi, vous tous, fauteurs d’iniquité » (Luc 13, 25-27). C’est dur à entendre. Dieu ne reconnaît plus celui qui l’a suivi du bout des lèvres, timidement, et qui ne s’est pas prononcé franchement pour lui devant ses congénères : « Celui qui m’aura renié devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 10, 33).
Et c’est bien ce qui se passe ici. Mais il répondit : « En vérité, je vous le dis : Je ne sais qui vous êtes » (Matthieu 25, 11). « Veillez donc, avait-il dit, car vous ne savez pas quel jour votre Maître doit venir » (Matthieu 24, 42), « ou le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou le matin » (Marc 13, 35). En l’occurrence, ce fut en pleine nuit. Je ne vous connais pas. Je ne sais pas qui vous êtes. « Mais nous avons mangé sous tes yeux. » Nous t’avons accompagné. Nous sommes baptisés. Nous sommes marqués du signe de la Croix ! « Vous m’avez peut-être mangé dans l’Eucharistie. Mais vous n’en étiez pas dignes. Et vous avez commis autant de sacrilèges que de fois que vous vous êtes approchés de la sainte table. Vous m’avez à chaque fois cloué sur cette Croix que vous revendiquez. Vous avez communié en état de péché, et c’est ce que vous pouviez me faire de pire…
Moi, j’ai joué de la flûte et vous n’avez pas dansé ; j’ai chanté une lamentation, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine » (cf. Matthieu 11, 17).

(à suivre…)

mercredi 2 mai 2012

Les dix vierges (5)


Les dix vierges (5)

« Celles [des dix jeunes filles] qui étaient avisées leur répondirent : « Il se pourrait qu’il n’y en ait pas suffisamment pour vous et pour nous. allez plutôt chez le marchand et achetez-en pour vous » (Matthieu 25, 9). C’est un peu une proposition de Gascon, car, à cette heure avancée de la nuit, il est peu probable qu’elles trouvent un commerçant disposé à se réveiller et à ouvrir sa boutique. Ou alors il faudrait qu’elles y mettent tant d’insistance qu’elles finissent peut-être par être entendues. Mais avec une perte de temps considérable et irrémédiable : le cortège se sera évanoui dans la nuit quand elles reviendront. (lire la suite)
Nous nous rappelons la parabole de l’« ami importun » qui, pour honorer un ami arrivé inopinément de voyage, va trouver son autre ami, le boulanger, au milieu de la nuit, alors que celui-ci est légitimement couché et ses enfants aussi. « S’il ne se lève pas pour les lui donner parce qu’il est son ami, il se lèvera du moins à cause de son insistance pour lui donner tout ce dont il a besoin » (Luc 11, 5-8).
Mais ici il y a une urgence. Les cinq femmes imprévoyantes donnent de la voix, battent des mains et tambourinent à la porte. Elles vont sans doute arriver à leur fin avec ce tintamarre qui incommode de surcroît tout le quartier. « Mais, comme elles allaient pour en acheter, l’époux arriva » (Matthieu 25, 10). Manque de chance, serions-nous tentés de dire. Mais en même temps une analyse sereine de la situation nous montre qu’il faut prendre Dieu au sérieux à toute heure du jour et de la nuit, et à toutes les époques de notre existence. Il existe tant de gens qui ignorent que Dieu est leur Père, que Jésus-Christ est mort pour eux sur la Croix et est resté présent dans l’Eucharistie, que l’Esprit Saint est chargé de les conduire vers Dieu ! Il se trouve tant de gens qui attendent peut-être Dieu, un Dieu qu’ils ignorent, mais avec la nonchalance de ces vierges, c’est-à-dire en ne prenant aucun soin de leur âme, ou en ne priant que si rarement, si petitement, que c’en est comme ridicule, presque blasphématoire. Et que le niveau de l’huile de leur lampe est extrêmement bas. Ce sont des âmes d’une extraordinaire fragilité. Elles rient, elles s’amusent, elles se font plaisir… Mais elles ne se soucient pas de faire ce qui plaît à Dieu (cf. Jean 8, 29).
Ces femmes sont qualifiées de moros, en grec, ce qui revient à dire « qui a perdu le sens » et qui a donc perdu son sens, son bon sens, désignant ainsi une certaine folie douce…

(à suivre…)

mardi 1 mai 2012

Mois de Marie

Mois de mai, consacré à la Vierge. « Chaque année, pendant le temps pascal, nous revivons de manière plus intense cette expérience et peut-être précisément pour cette raison, la tradition populaire a consacré le mois de mai, qui tombe normalement entre Pâque et la *Pentecôte, à Marie. Ce mois de mai (...) nous est par conséquent utile pour redécouvrir la fonction maternelle qu'elle remplit dans notre vie, afin que nous soyons toujours des disciples dociles et des témoins courageux du Seigneur ressuscité » (Benoît XVI, Angélus, 30 avril 2006). La première nouvelle que nous ayons de cette pratique se trouve dans une Cantigas d’*Alphonse X le Sage (1221-1284). À Paris, elle remonterait à l’époque de la Renaissance et le 1er mai les joailliers apportaient à Notre-Dame un « mai », une plante ornée de pierres précieuses et d’emblèmes. En Italie, le Mois de Marie, d’A. Muzzarelli, s.j. a connu un succès extraordinaire. Cette pratique a reçu l’approbation pontificale en 1815 et a été accompagnée d'indulgences, remise de la peine due pour les péchés. Il est traditionnel d’effectuer des *pèlerinages à un *sanctuaire marial ce mois-là, par exemple les pèlerinages à Notre-Dame de *Chartres, remis en vigueur par *Péguy
(lire la suite) (1873-1914). C’est aussi un mois choisi pour les mariages. Rappelant la présence de Marie au *Cénacle, dans l’attente de la *Pentecôte, le pape Benoît XVI commente : « Chaque année, pendant le temps pascal, nous revivons de manière plus intense cette expérience et peut-être précisément pour cette raison, la tradition populaire a consacré le mois de mai, qui tombe normalement entre Pâques et la Pentecôte, à Marie. ce mois de mai (…) nous est par conséquent utile pour redécouvrir la fonction maternelle qu’Elle remplit dans notre vie, afin que nous soyons toujours des disciples dociles et des témoins courageux du Seigneur resssuscité » (Angélus, 30 avril 2006). « En se limitant à l’évocation de la coutume occidentale de célébrer un « mois marial » en mai (en novembre, dans certains pays de l’hémisphère sud), (...) la solution la plus opportune vise à harmoniser les éléments du « mois marial » avec le temps de l’Année liturgique, dans lequel il se situe. Ainsi, par exemple, durant le mois de mai, qui coïncide en grande partie avec les cinquante jours du temps liturgique de Pâques, les pieux exercices doivent mettre en évidence la participation de la Vierge Marie au mystère pascal (cf. Jean 19, 25-27) et à l’événement de la Pentecôte (cf. Actes 1, 14), qui inaugure le chemin de l’Église, c’est-à-dire un itinéraire qu’elle-même, en participant à la nouveauté inaugurée par le Ressuscité, parcourt sous la conduite de l’Esprit Saint. Et puisque cette période des « cinquante jours » est le temps liturgique particulièrement consacré à la célébration et à la mystagogie des sacrements de l’initiation chrétienne, les pieux exercices du mois de mai peuvent utilement mettre en évidence la place éminente que la Vierge Marie, glorifiée dans le ciel, occupe sur la terre, « ici et maintenant », dans la célébration des sacrements du baptême, de la confirmation et de l’*Eucharistie ». Dans l’hémisphère sud, le mois de Marie peut ne pas être le mois de mai. Par exemple, au Chili, c’est le mois qui va du 8 novembre au 8 décembre. Les Églises byzantines ont les premières un mois de Marie, qui provient de la liturgie, le mois d’août. Dans l'Église copte, le mois marial est le mois de Kiahk, le quatrième mois du calendrier copte. Il prépare la fête de *Noël.