ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

samedi 30 octobre 2010

Rendre amour pour amour (2)

Rendre amour pour amour (2)

Si nous comprenons bien de quoi il en retourne et donc l’importance extraordinaire de l’événement auquel nous sommes invités à prendre part, nous nous rendons compte du « but à atteindre : que ta vie devienne essentiellement — totalement ! — eucharistique » (saint Josémaria, Forge, n°826).
Notre meilleure réponse à l’Amour de Dieu consiste donc à nous imprégner de cet Amour dans la messe et la sainte communion. Il s’agit d’un amour exigeant : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout » (Jean 13, 1), c’est-à-dire jusqu’au don de sa vie. (lire la suite) Le Seigneur nous montre ce qu’il attend de nous : « Aimez-vous les uns les autres, et aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13, 34). Il attend que nous fassions de toute notre vie un sacrifice uni étroitement au sien, « pour que le monde soit sauvé par lui » (Jean 3, 17). Il escompte que nous trouverons comme lui notre nourriture à faire la volonté du Père (cf. Jean 4, 34) qui nous a envoyés aussi dans le monde pour contribuer à le sauver, précisément en étant unis à la Croix du Christ, en faisant de notre journée un sacrifice permanent, une messe continuellement actualisée.
Tel est le programme de la vie chrétienne, le programme de la sainteté, tant il est vrai que « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5). Sine dominico non possumus, répétaient les martyrs d’Abitène plus d’une fois cités par le pape Benoît XVI, sans l’Eucharistie dominicale (et même plus fréquente si possible), nous ne pouvons pas tenir notre rang dans le monde, nous ne pouvons pas vivre en chrétiens, nous ne pouvons pas nous sanctifier, ni co-racheter nos frères les hommes. Mais si nous comptons avec l’Eucharistie, alors les perspectives changent radicalement : « Tout est possible à celui qui croit » (Marc 9, 23), à celui qui fait de la sainte messe le centre et la racine de sa vie spirituelle.

(fin)

vendredi 29 octobre 2010

Rendre amour pour amour (1)

Rendre amour pour amour (1)

Au cours de son entretien avec Nicodème, bref et intense, mais qui a bouleversé sa vie, Jésus révèle qu’il a été envoyé au monde par son Père, « non pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jean 3, 17). C’est là une vérité profonde, essentielle, qui commande toute l’histoire de l’humanité et donne tout son sens à notre propre existence. Nous appartenons à ce monde pour lequel Jésus donne sa vie, qu’il veut rédimer.
Cette mission, Jésus la mène à son terme en donnant sa vie sur la Croix. Mais dans son immense Amour, il n’a pas voulu en rester là, car il ne sait que trop bien à quel point nous sommes enclins à oublier très rapidement les bienfaits dont il nous comble, y compris cette folie de la Croix. C’est pourquoi il a décidé de rester (lire la suite) dans le sacrement de l’Eucharistie, de rendre son sacrifice présent grâce à la sainte messe, que chaque prêtre célèbre en son nom et à sa place.
« Il nous est peut-être arrivé de nous demander comment répondre à tant d’amour de Dieu ; nous avons peut-être désiré voir clairement exposé un programme de vie chrétienne. La solution est facile et à la portée de tous les fidèles : participer amoureusement à la Sainte Messe, apprendre à rencontrer Dieu dans la Messe, parce que ce sacrifice contient tout ce que Dieu veut de nous » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n°88). En venant à la messe, nous ne participons pas à un spectacle plus ou moins attrayant et séduisant. Le concile Vatican II a insisté sur le fait qu’il ne s’agit pas tant d’être présent que de « participer activement » au mystère qui se déroule sous nos yeux, à l’action divine d’un amour poussé à l’extrême qui est rendue présente, réellement et non de façon figurée ou imagée.
Si l’amour se paye avec de l’amour, nous ne pouvons répondre à tant d’Amour nulle part mieux qu’en vivant la messe et en vivant de la messe, c’est-à-dire en y puisant toutes nos forces, en en faisant, comme le disait saint Josémaria, « le centre et la racine de notre vie intérieure ».

(à suivre…)


jeudi 28 octobre 2010

La porte étroite (2)

La porte étroite (2)

« Je peux tout dans celui qui me rend fort » (Philippiens 4, 13). C’est la profonde conviction du chrétien qui s’efforce, avec la grâce de Dieu, de mener une vie de prière, une vie sacramentelle, et qui se nourrit aussi de la lecture méditée de l’Evangile, des faits et gestes de notre Seigneur, au point d’être familiarisé avec la Sainte Ecriture et que les scènes de la vie de Jésus défilent sous ses yeux comme un film. Nous possédons toutes les richesses de la parole et de la science. Toute la clarté de la révélation divine résumée dans le Catéchisme de l’Eglise catholique.
Le chrétien dispose ainsi toujours des moyens surnaturels nécessaires pour avancer, pour progresser sur la voie de la sainteté. S’il n’y arrive pas, c’est qu’il ne lutte pas sérieusement, qu’il ne considère pas sa vie de foi comme l’aspect principal de son existence, qu’il est complexé d’être chrétien, au lieu d’en éprouver une saine fierté. (lire la suite)
La porte est étroite, mais on peut risquer d’avancer que celui qui inscrit habituellement la prière dans son emploi du temps, qui participe à la messe tous les dimanches et jours de précepte, voire aussi en semaine, qui se confesse régulièrement, celui-ci découvre immanquablement cette porte, et le ciel qui s’ouvre à lui. Être un « bon chrétien » n’est pas si difficile que cela. Il suffit de le vouloir, de prendre quelques bonnes résolutions et de nous appuyer sur la grâce de Dieu.
Et de recommencer autant de fois que nécessaire, ce qui, il faut bien le reconnaître, veut dire souvent. « “ Nunc cœpi ! ” En cet instant, je commence ! tel est le cri de l’âme éprise qui, à chaque instant, qu’elle se soit montrée fidèle ou qu’elle ait manqué de générosité, renouvelle son désir de servir, son désir d’aimer notre Dieu dans une entière loyauté » (saint Josémaria, Sillon, n° 161).

(fin)

mercredi 27 octobre 2010

La porte étroite (1)

La porte étroite (1)

« Luttez pour entrer par la porte étroite, car il en est beaucoup, je vous le dis, qui chercheront à entrer et qui ne le pourront pas » (Luc 13, 24). Le Seigneur ne promet pas monts et merveilles sur terre. Il n’annonce pas une vie facile, douillette. Il ne nous place pas sur une autoroute, mais sur un chemin ardu, sinueux, pentu. L’arrivée est exaltante : c’est rien de moins que le ciel, et pour l’éternité. Mais le chemin pour y accéder est parsemé de difficultés. La vie chrétienne n’est pas facile, tout comme ne l’est pas la vie tout court. Mais par rapport à celle-ci elle présente l’énorme avantage d’avoir un objectif : le ciel, la vie définitive en compagnie de Dieu.
La bonne volonté ne suffit pas. (lire la suite) « Beaucoup chercheront à entrer… » Il ne faut pas en rester au plan des velléités. La vie chrétienne demande un engagement sérieux pour Dieu, de nous prononcer résolument en faveur de Dieu, et donc de dire « non » à un tas de choses bonnes en soi, mais qui nous freineraient et nous distrairaient de l’essentiel. Le montagnard qui se propose de conquérir un sommet ne s’encombre pas de choses inutiles : il prend juste ce dont il a raisonnablement besoin, et rien que cela.
Le Seigneur nous prévient que la porte qui donne accès au ciel est étroite. En même temps, il ne joue pas à cache-cache avec nous. L’objectif qu’il nous propose est ardu, mais il n’est pas hors de portée. Et ce, d’autant moins que le Seigneur se donne à nous et, se donnant à nous, nous communique sa force, sa lumière, son amour. C’est-à-dire qu’il nous met en condition de découvrir cette porte et de la franchir. « Je ne cesse de rendre grâce à mon Dieu à votre sujet pour la grâce divine qui vous a été donnée dans le Christ Jésus : car vous avez été comblés en lui de toutes les richesses, toutes celles du discours et toutes celles de la science, dans la mesure où la prédication chrétienne a pris force chez vous. Si bien qu’aucun don spirituel ne vous fait défaut, à vous qui attendez la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ. C’est lui qui vous donnera la force jusqu’à la fin » (1 Corinthiens 1, 4-8). Voilà qui est rassurant et réconfortant.

(à suivre…)

mardi 26 octobre 2010

L’ange gardien (2)

L’ange gardien (2)

« Seigneur, dans ta mystérieuse providence, tu envoies tes saints anges pour nous garder ; daigne répondre à nos prières en nous accordant le bienfait de leur protection et la joie de vivre en leur compagnie pour toujours » (oraison de la messe des saints anges gardiens, le 2 octobre). Nous pouvons en déduire qu’une partie de notre joie au ciel consistera en la compagnie de notre ange gardien. C’est assez fabuleux. Comme nous devons déjà vivre dans cette joie de savoir qu’il nous accompagne partout et qu’il prend continuellement soin de nous ! La joie de ce qu’il intervient, même à notre insu, pour nous faciliter le chemin, pour que notre chemin soit davantage dégagé des obstacles dont le démon se charge de l’encombrer.
« Même si nous sommes tout petits et qu’il nous reste encore à parcourir un chemin long et dangereux, qu’aurons-nous à craindre avec de tels gardiens ?. (lire la suite) Ils ne peuvent être vaincus, ils ne peuvent être abusés, et moins encore peuvent-ils nous tromper, ceux qui nous protègent sur tous nos chemins. Ils sont fidèles, ils sont prudents ; qu’avons-nous à craindre ? Suivons-les, restons près d’eux et nous persévérerons sous la protection du Dieu du ciel. Considère à quel point tu as besoin de cette protection et de cette vigilance en tous les chemins » (saint Bernard, Sermo in Psalmo 90, 12).
Si notre ange gardien n’existait pas, il faudrait l’inventer, tellement il est précieux ! « Aie confiance en ton ange gardien. — Traite-le comme un ami intime — il l’est — et il saura te rendre mille petits services dans les affaires ordinaires de chaque jour » (saint Josémaria, Chemin, n°562).
Puissions-nous en faire chaque jour davantage l’expérience. C’est une bonne façon de vivre cette grande réalité surnaturelle et réconfortante qu’est la communion des saints.

(fin)

lundi 25 octobre 2010

L’ange gardien (1)

L’ange gardien (1)

« Ayez soin de ne mépriser aucun de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient constamment la face de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 18, 10). Cette mise en garde du Seigneur nous indique que chacun de nous a un ange qui se trouve en son nom, pour lui, continuellement devant Dieu. C’est notre ange gardien. Chacun a le sien. Il a pour mission de s’occuper de nous, de nous transmettre ce que Dieu veut nous faire savoir, de nous dévoiler sa Volonté dans les différentes circonstances de la vie. Et aussi de faire remonter vers Dieu nos aspirations, nos désirs saints, nos demandes de grâce, c’est-à-dire d’aide surnaturelle pour vivre notre foi avec de plus en plus de fidélité. L’ange gardien est notre grand ami, ou devrait l’être, et, pour matérialiser cette amitié, (lire la suite) pour la rendre plus efficace, nous pourrions parfaitement lui donner un prénom. Cela pourrait nous aider à le fréquenter et avoir une grande confiance en lui.
« Il a ordonné à ses anges de te garder en tout ce que tu fais » (Psaume 91, 11). Saint Bernard apporte le commentaire suivant à ce texte de l’Ecriture : « Quelle révérence doivent susciter en toi ces paroles, quelle dévotion elles doivent t’inspirer, quelle confiance elles doivent te procurer ! Révérence du fait de leur présence à tes côtés, dévotion pour leur bienveillance, confiance pour leur vigilance. Montre-toi toujours attentif comme celui qui sait que les anges sont toujours présents sur sa route. En tout endroit, en tout lieu, si caché soit-il, sois plein de révérence à l’égard de ton ange gardien. Comment aurais-tu l’audace de faire en sa présence ce que tu ne ferais pas devant moi ? Douterais-tu de sa présence parce que tu ne le vois pas ? Que serait-ce si tu le voyais ? (…) Si tu consultes la foi, elle te prouve que la présence de l’ange ne te fait pas défaut (…). Ils sont là pour ton bien ; non seulement ils sont avec toi, mais il te protègent. Ils sont là pour te protéger, ils sont là pour ton profit » (saint Bernard, Sermo in Psalmo 90, 12).
Oui, l’ange gardien est à nos côtés pour nous protéger, pour notre profit. C’est un magnifique cadeau que Dieu nous a fait. L’ange est invisible ? Mais si nous lui donnons un prénom, comme je le suggérais, si nous prenons l’habitude de lui parler, de nous adresser à lui, nous ne tarderons pas à faire l’expérience de sa présence et de son action. Car il ne se fait pas prier deux fois quand nous lui demandons d’intervenir. Il connaît pleinement sa mission. Il sait qu’il l’a reçue de Dieu. Il est un exécuteur empressé et fidélissime. Sitôt l’avons-nous invoqué qu’il s’applique à faire connaître notre besoin à Dieu. Qui sait s’il n’a pas l’habileté d’aller voir d’abord la Sainte Vierge pour qu’elle l’appuie dans sa démarche !

(à suivre…)

dimanche 24 octobre 2010

Arrêts sur christianisme (66)

Arrêts sur christianisme (66)

Seul l’amour souverain de Dieu, parce qu’il précède la bonté de ce qu’il aime et qu’il en est créateur, est aussi parfaitement désintéressé et mérite vraiment le nom d’amour. Mais, lorsque nous aimons avec l’amour de Dieu mis en nous par le Saint-Esprit, nous aimons pour un motif pris en dehors et au-dessus de nos intérêts égoïstes et personnels ; nous aimons d’un amour dont le motif et la source dépassent même la division en autrui et en moi. C’est seulement par la charité que nous pouvons aimer les autres en toute vérité comme nous-mêmes, sans pour autant porter atteinte à notre bien. C’est qu’il n’y a plus, dans la charité, de prochain qui me soit vraiment autre et étranger ; si c’est vraiment avec le cœur de Dieu que j’aime, mon amour procède d’une source où il n’est plus question de moi et d’un autre, mais du Père, du Christ et des membres du Corps du Christ : à l’image de l’amour que le Sauveur lui-même porte à son Eglise. Il ne s’agit plus, à proprement parler, d’autrui, mais des membres d’un même corps.

Yves M.-J. Congar, Esquisses du mystère de l’Eglise, Paris, Cerf, nouv. éd., 1953, p. 104.

samedi 23 octobre 2010

La prière vocale (2)

La prière vocale (2)

Nous pouvons nous appliquer également cet autre conseil, évoqué à propos de l’office divin, du bréviaire, mais que nous pouvons élargir à toute forme de prière vocale : « Voici comment un prêtre désirait s'appliquer à l'oraison, tandis qu'il récitait l'Office divin : « Je suivrai la coutume qui consiste à dire en commençant : « Je veux prier comme prient les saints », et ensuite j'inviterai mon ange gardien à chanter, avec moi, les louanges du Seigneur. »
Essaye ce chemin dans ta prière vocale, et pour que la présence de Dieu grandisse en toi pendant ton travail » (saint Josémaria, Forge, n° 747). (lire la suite)
Ce conseil vise donc à nous aider à travailler en présence de Dieu et, par suite, à transformer notre travail en prière. C’est là un des grands enseignements de saint Josémaria. La prière bien faite, l’esprit de prière – qui n’exige pas de se retirer à l’écart ni d’aller nécessairement à l’église, mais qui peut simplement se traduire par une élévation de l’âme, par une brève oraison jaculatoire – amènent à se tenir devant Dieu et, par conséquent, à lui offrir le fruit de notre activité, à tout réaliser pour lui, pour sa gloire. La prière non seulement accompagne notre travail mais se fond en lui. Et notre journée devient de la sorte une louange de plus en plus continuelle de Dieu, sachant qu’il faut « prier toujours sans jamais se lasser » (Luc 18, 1).
L’exemple des saints et l’intercession de notre ange gardien peuvent y être pour beaucoup. Répétons nous aussi : « Je veux prier comme les saints prient. » Et disons à notre bon ange : « Ange, chante avec moi les louanges de mon Seigneur. »

(fin)

vendredi 22 octobre 2010

La prière vocale (1)

La prière vocale (1)

Les apôtres voyaient le Seigneur prier constamment, sous des formes variées. La force de cet exemple les amena à lui demander un jour : « Seigneur, apprends-nous à prier » (Luc 11, 1). Ils avaient tellement conscience d’être imparfaits et inconstants dans leur façon à eux de prier, qui peut-être avait du mal à échapper au seul cadre de la synagogue. « Apprends-nous à prier ! » Pour mieux se faire entendre, si besoin était, ils ajoutent : « comme Jean l'a appris à ses Disciples » (Ibid.).
Jésus s’empresse de satisfaire ce désir, que son Esprit Saint a fait naître dans leur cœur. Il répond : (lire la suite) « Lorsque vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié ; que ton règne arrive. Donnez-nous chaque jour le pain nécessaire à notre subsistance ; et remets-nous nos péchés, car nous remettons nous-mêmes à tous ceux qui nous doivent ; et ne nous induis pas en tentation » (Luc 11, 2-4).
Depuis lors, nous disposons d’une prière merveilleuse, qui condense toutes les demandes qu’il nous faut formuler et que Dieu entend satisfaire.
Seulement il ne suffit pas de connaître une formule. Car on peut la réciter mécaniquement, comme un « moulin à prière ». Et donc sans conviction, ni profit non plus.
Saint Josémaria, le fondateur de l’Opus Dei, nous donne un conseil, et même deux, pour prier avec recueillement, et donc pour que la prière serve à notre progrès spirituel : « Si tu veux éviter la routine dans tes prières vocales, efforce-toi de les réciter avec l'amour que met la première fois dans ses paroles celui qui aime..., et aussi comme si c'était la dernière occasion que tu avais de t'adresser à Notre-Seigneur » (Forge, n° 432).
Voilà ce que nous devons faire : réciter la « formule » comme si nous venions tout juste de tomber amoureux et que c’étaient les mots qui nous venaient à l’esprit pour traduire notre ivresse amoureuse. Donc avec un sentiment de nouveauté, avec l’enthousiasme du pas encore vu qui l’accompagne. De la sorte, il ne peut y avoir de monotonie ou de routine, d’habitude entraînant un certain ennui.
L’autre conseil est de nous placer à la dernière extrémité, de nous représenter que c’est la dernière fois qu’il nous est donné de nous entretenir avec notre Seigneur, et qu’après ce sera la séparation cruelle. Dans une telle situation, l’on met tout son cœur, toute la véhémence possible, à exprimer ses sentiments, toute la flamme d’un amour ardent qui se sent en quelque sorte menacé dans son existence. Dans une telle circonstance, l’on va droit à l’essentiel, et l’on donne libre cours aux sentiments les plus fous. C’est tout l’amour avec lequel il faut aimer Dieu et s’adresser à lui. C’est au fond le seul langage qu’il puisse comprendre, puisque « Dieu est Amour » (1 Jean 4, 16).

(à suivre...)

jeudi 21 octobre 2010

Rendre amour pour amour (2)

Rendre amour pour amour (2)

Si nous comprenons bien de quoi il en retourne et donc l’importance extraordinaire de l’événement auquel nous sommes invités à prendre part, nous nous rendons compte du « but à atteindre : que ta vie devienne essentiellement — totalement ! — eucharistique » (saint Josémaria, Forge, n°826).
Notre meilleure réponse à l’Amour de Dieu consiste donc à nous imprégner de cet Amour dans la messe et la sainte communion. Il s’agit d’un amour exigeant : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout » (Jean 13, 1), c’est-à-dire jusqu’au don de sa vie. Le Seigneur nous montre ce qu’il attend de nous : « Aimez-vous les uns les autres, et aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13, 34). Il attend que nous fassions de toute notre vie un sacrifice uni étroitement au sien, « pour que le monde soit sauvé par lui » (Jean 3, 17). (lire la suite)
Il escompte que nous trouverons comme lui notre nourriture à faire la volonté du Père (cf. Jean 4, 34) qui nous a envoyés aussi dans le monde pour contribuer à le sauver, précisément en étant unis à la Croix du Christ, en faisant de notre journée un sacrifice permanent, une messe continuellement actualisée.
Tel est le programme de la vie chrétienne, le programme de la sainteté, tant il est vrai que « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5). Sine dominico non possumus, répétaient les martyrs d’Abitène plus d’une fois cités par le pape Benoît XVI, sans l’Eucharistie dominicale (et même plus fréquente si possible), nous ne pouvons pas tenir notre rang dans le monde, nous ne pouvons pas vivre en chrétiens, nous ne pouvons pas nous sanctifier, ni co-racheter nos frères les hommes. Mais si nous comptons avec l’Eucharistie, alors les perspectives changent radicalement : « Tout est possible à celui qui croit » (Marc 9, 23), à celui qui fait de la sainte messe le centre et la racine de sa vie spirituelle.

(fin)

La violence spirituelle (2)

La violence spirituelle (2)

Pour ne pas « plier », nous disposons de la grâce de Dieu, qui est d’autant plus abondante que le Seigneur nous voit entreprendre cette lutte pour la sainteté avec plus de détermination. Homme de Dieu contre vieil homme ! Il n’y a pas d’autre issue pour qui veut à la fois aller en paradis et laisser sur terre une trace de bien et de bonté. Il faut se renier soi-même, renoncer à nos goûts et à notre confort pour assurer le confort spirituel de la compagnie de Dieu et pour goûter aux choses d’en-haut, « là où est le Christ, assis à la droite de Dieu » (Colossiens 3, 2-3).
Nous ne pouvons pas lambiner ni prendre cette affaire en dilettante. « Or, y a-t-il affaire plus importante que celle de la vie éternelle ? » (saint Josémaria, Chemin, n° 235). (lire la suite) Prenons-la au sérieux. Cela en vaut la peine. Par la même occasion, prenons Dieu au sérieux. Cela en vaut encore plus la peine. D’autant qu’on ne se moque pas de Dieu impunément. Et que Dieu a droit à davantage qu’à de misérables efforts bien mesquins et mesurés. Aimer Dieu suppose de lutter pour lui ressembler, pour être fidèle, pour donner un bon exemple autour de nous, pour entraîner les autres sur le chemin de la sainteté, un chemin montant certes, mais sur lequel Dieu est continuellement présent.
« Je traite durement mon corps et je le tiens en servitude, de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même réprouvé » (1 Corinthiens 9, 27). Arrachons ainsi notre ciel à force d’élans généreux, de maîtrise de nos (mauvais) instincts, de progrès dans la vertu. Cela en vaut la peine et mérite bien quelques petits désagréments passagers. Dieu récompense largement, par le centuple ici-bas et la vie éternelle dans l’autre monde (cf. Matthieu 19, 29).

(fin)

mercredi 20 octobre 2010

La violence spirituelle (1)

La violence spirituelle (1)

« Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à maintenant, le royaume des cieux est objet de violence, et ce sont les violents qui s’en emparent » (Matthieu 11, 12). Ces paroles du Seigneur peuvent sembler énigmatiques. Surtout à celui qui mène une vie embourgeoisée, en ne se souciant que de son bien-être matériel. Cette affaire de violence ne le convainc pas. Certes, il ne s’agit pas de la violence exercée à l’encontre d’autrui, qui ne résout jamais les problèmes. Mais l’on comprend que le Seigneur vise une autre forme de violence, celle qu’il faut faire porter contre soi-même pour le suivre. N’a-t-il pas affirmé : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renonce lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive » ? (Luc 9, 23). (lire la suite))
Or, « Tout au long de leur vie quelques-uns se comportent comme si le Seigneur n’avait parlé de don de soi et de conduite droite qu’aux gens à qui il n’en coûte pas (or ils n’existent pas !) ou aux gens qui n’auraient pas besoin de lutter. Ils oublient une chose : c’est pour tous que Jésus a dit que l’on conquiert le Royaume des Cieux par la violence, par une sainte bataille de chaque instant » (saint Josémaria, Sillon, n° 130). Donc une bataille à livrer contre les forces du mal que nous découvrons en nous-mêmes. Nous sommes en réalité notre premier ennemi. Notre premier ami, mais aussi notre premier ennemi. Et il est difficile de bien nous méfier de nous-mêmes.
La violence dont le Seigneur parle ici est une violence positive, dont les conséquences sont heureuses pour les hommes, à la différence de la violence aveugle entre eux. Car elle contribue à améliorer le caractère de celui qui lutte contre ses défauts, à le rendre meilleur, plus humain et partant plus surnaturel aussi, à l’extraire de lui-même et de ses problématiques bornées, de ses considérations égoïstes, pour le rendre sensible et attentif aux besoins de ses frères les hommes.
C’est vraiment un combat de tous les instants, qui correspond à un désir de progrès spirituel, et donc d’amélioration humaine, et de fidélité. « Être fidèle à Dieu suppose qu’on lutte, d’une lutte corps à corps, d’homme à homme — le vieil homme contre l’homme de Dieu — au coup par coup, sans plier » (saint Josémaria, Sillon, n° 126).

(à suivre…)

mardi 19 octobre 2010

Le mépris du prochain (2)

Le mépris du prochain (2)

L’autre a mal agi ? Je ne dois pas le condamner. Ce n’est pas mon rôle. Ce que je peux faire, et dois faire, c’est lui tendre une main charitable, c’est lui pardonner s’il m’a offensé, c’est chercher à le comprendre et à excuser son attitude. La charité « excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout » (1 Corinthiens 13, 7). Voilà la véritable réaction d’un enfant de Dieu.
Le mépris d’autrui est incompatible avec la charité. Comment pouvons-nous oser, (lire la suite) en effet, mépriser notre prochain, notre semblable ? En nous appuyant sur quel principe ? Au nom de quelle autorité ? Peut-être convient-il de nous demander si l’autre n’a pas agi comme il l’a fait de ma faute, parce que je n’ai pas su l’aider au moment opportun, parce que je ne lui ai pas donné le bon exemple, parce que je n’ai pas prié pour lui… Plus que de m’en prendre à lui, c’est donc contre moi-même que je dois me retourner. C’est moi qui dois battre ma coulpe. Les autres ne sont pas meilleurs parce que je ne m’efforce pas sérieusement d’être meilleur moi-même. Sachant que l’exemple, le bon exemple, a une grande portée.
Notre indignation première est compréhensible dans un premier temps. Mais elle ne nous autorise pas à pontifier ni à nous présenter comme modèle de vertu. Qu'elle produise donc une réaction surnaturelle, empreinte d’affection véritable et d’un désir sincère d’aimer chacun comme sa propre mère l’aime, c’est-à-dire avec une affection qui sait passer par-dessus beaucoup de faiblesses. En escomptant que son enfant les reconnaîtra et y portera remède.

(fin)

lundi 18 octobre 2010

Le mépris du prochain (1)


Le mépris du prochain (1)

Nous avons vite fait de condamner quelqu’un dont la conduite est répréhensible, ou nous paraît telle du moins. Je ne commenterai pas ici la parabole de la paille et de la poutre : « Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, et ne remarques-tu la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment (peux-tu) dire à ton frère : « Laisse-moi ôter la paille de ton œil », lorsqu'il y a une poutre dans ton œil ? Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton œil, et alors tu verras à ôter la paille de l'œil de ton frère » (Matthieu 7, 3-5). Mais cette parabole est très illustrative de notre façon de réagir. (lire la suite) « Conducteurs aveugles, qui filtrez le moustique, et avalez le chameau ! » (Matthieu 23, 24). Autrement dit, nous réagissons avec deux poids et deux mesures. Peut-être de façon plus ou moins consciente. Mais cela ne sous absout pas pour autant.
« D’accord ! je l’admets : cette personne s’est mal comportée ; sa conduite est répréhensible et indigne ; on voit qu’elle manque de toute distinction.
— Humainement parlant elle ne mérite que mépris ! as-tu ajouté.
— Oui, j’insiste : je te comprends, mais je ne soutiendrai pas ta dernière affirmation. Cette pauvre vie est sacrée ; le Christ est mort pour la racheter ! Si lui il ne l’a pas méprisée, comment peux-tu oser le faire, toi ? » (saint Josémaria, Sillon, n°760).
Tel devrait être, en effet, le point de départ de notre raisonnement. Puisque Dieu ne méprise pas les hommes, qu’il n’en rejette aucun, mais qu’il entend, bien au contraire, en sauver le plus grand nombre (cf. 1 Corinthiens 9, 22), tous ceux qui le veulent bien, nous sommes mal placés pour mépriser les autres. D’ailleurs, qui est plus méprisable que nous-mêmes, pécheurs que nous sommes ? Et ce, malgré toutes les grâces dont nous avons bénéficié jusqu’ici.
Et pourtant Dieu ne nous repousse pas. Il continue de dire : « Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent » (Matthieu 19, 14), les petits enfants que nous sommes dans la vie spirituelle. Du moins, il faut espérer que nous nous comportons comme tels, que nous sommes conscients et fiers d’être des enfants de Dieu.

(à suivre…)




dimanche 17 octobre 2010

Enfants de Dieu, frères des hommes (2)

Enfants de Dieu, frères des hommes (2)

Dieu ne fait pas acception de personnes : « Car Yahvé, votre Dieu, est le Dieu des dieux, le Seigneur des Seigneurs, le Dieu grand, fort et terrible, qui ne fait point acception des personnes » (Deutéronome 10, 17). Il est venu appeler « les pécheurs au repentir » (Luc 5, 32). Il « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4). Nul homme ne reste en marge du plan de salut.
Ce n’est point l’aristocratie de l’intelligence ou de la finance qui assure le paradis, mais l’aristocratie du cœur. (lire la suite) Certes, Dieu ne donne pas sa grâce pareillement à tous. Il est libre de l’administrer comme il l’entend : « Je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde et j’aurai compassion de qui j’aurai compassion. Ainsi donc l’élection ne dépend ni de la volonté, ni des efforts, mais de Dieu qui fait miséricorde » (Romains, 9, 15-16).
« Qui donc es-tu, ô homme, pour contester avec Dieu ? » (Romains 9, 19). Qui sommes-nous pour établir des restrictions, mettre des limites, faire une ségrégation là où Dieu a posé l’égalité radicale de tous les hommes face à lui et à l’éternité ?
Conduisons-nous en frères de nos frères les hommes. Désirons pour eux le sort le meilleur. Réjouissons-nous de ce que d’autres, beaucoup d’autres, soient meilleurs que nous et réussissent mieux que nous. Bénie soit cette race unique des enfants de Dieu à laquelle nous appartenons tous. Remercions-en le Seigneur. Et comportons-nous avec la fierté d’un enfant de Dieu, et le sens des responsabilités que cela suppose : à savoir, de rechercher activement la sainteté.

(fin)

samedi 16 octobre 2010

Enfants de Dieu, frères des hommes (1)

Enfants de Dieu, frères des hommes (1)

« Un enfant de Dieu ne peut pas être “ classiste ”, parce que les problèmes de tous les hommes l’intéressent… Et il s’efforce de contribuer à les résoudre avec la justice et la charité de notre Rédempteur » (saint Josémaria, Sillon , n° 303). Participant de la même nature, notre sort est identique. C’est celui de l’humanité en marche vers les derniers temps, vers la fin du monde, prélude à une autre vie. Nous sommes tous appelés à l’éternité. Cela est indéniable. Le culte que nous vouons à nos défunts témoigne que nous y croyons. Mais il y a éternité et éternité. Car notre vie future se décide tandis que nous sommes sur terre.. (lire la suite) Nous sommes tous solidaires et nous devons nous aider les uns les autres à trouver la bonne voie et à la parcourir en surmontant les obstacles que nous y rencontrons, afin d’aller au ciel, non en enfer.
Les différences de caractère, d’origine, de culture, de formation, de rang social, etc., ne doivent pas s’ériger en autant de barrières entre nous. Saint Paul recommande à Philémon de considérer son esclave Onésime non comme un esclave, et donc comme quelqu’un de condition inférieure, mais comme un frère dans le Christ Seigneur. Les premiers chrétiens appartenaient à toutes les couches de la société et se côtoyaient dans la charité et la joie d’une identique vocation à la sainteté. La même pour tous, riches ou pauvres, puissants ou misérables. Ne créons pas de différences indues.
« L’Apôtre l’a indiqué, quand il nous écrivait que pour le Seigneur il n’y a pas d’acception de personnes ; et je n’ai pas hésité à traduire cela ainsi : il n’y a qu’une race, la race des enfants de Dieu ! » (saint Josémaria, Ibid.). La race des enfants de Dieu ! Il y a ceux qui savent qu’ils en font partie, parce qu’ils ont entendu le Seigneur leur dire : « Tu es mon fils ; moi-même aujourd’hui je t’ai engendré » (Psaume 2, 7). Et il y a ceux qui l’ignorent, mais qui n’en sont pas moins, eux aussi, des enfants de Dieu, appelés à aller au ciel s’ils répondent aux grâces que Dieu leur octroie, s’ils cherchent à vivre selon la loi naturelle inscrite dans leur cœur : » Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël après ces jours-là, dit le Seigneur : Je mettrai mes lois dans leur esprit et je les écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Hébreux 8, 10). Sachant que Dieu ne refuse sa grâce à personne.

(à suivre…)


vendredi 15 octobre 2010

L’idiotie humaine (2)

L’idiotie humaine (2)

« Je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour beaucoup d'années; repose-toi, mange, bois, festoie ! » Or Dieu lui dit : « Insensé ! cette nuit même on va te redemander ton âme; et ce que tu as préparé, pour qui sera-ce ? » (Luc 12, 19-20). Les hommes matérialistes ne veulent pas entendre ces avertissements, qui les dérangent dans leur folie. Tout leur semble bon à prendre. Il est vrai que souvent ils ne croient pas à la vie éternelle… Il faudra bien qu’ils changent un jour d’avis. Espérons que ce ne sera pas trop tard. Mais le moment arrivera où nous serons confrontés à notre Dieu, Créateur et Sauveur, et où il faudra choisir définitivement entre ces biens temporels (lire la suite) qui ont suscité tant de concupiscence et les biens spirituels, surnaturels, dont nous n’avons pas voulu nous rendre compte qu’ils rapportent déjà le centuple sur terre (cf. Matthieu 11, 12), et qui présentent l’immense avantage de n’être pas périssables et de combler, et eux seuls, le désir de possession que nous ressentons plus ou moins intensément, mais que rien d’ici-bas n’arrive à assouvir vraiment. Cette possession n’est rien moins que celle de Dieu, le Bien suprême et infini, le Bien absolu et éternel, le Bien véritable et unique.
Notre vrai bien ne consiste donc pas à gonfler notre compte en banque ni à devenir propriétaire de notre logement. Ce qui peut être bon. Mais si l’on s’obnubile sur de tels objectifs, ce n’est que stupidité et vanité. Nous sommes des idiots accomplis. Ma « part d'héritage est Celui qui se nomme Jéhovah des armées » (Jérémie 51, 19).

(fin)

jeudi 14 octobre 2010

L’idiotie humaine (1)

L’idiotie humaine (1)

Nous voyons les hommes fournir des efforts démesurés pour acquérir des situations matérielles jugées florissantes, des places honorifiques, ou qui passent pour telles à leurs yeux. Ils déploient une imagination débordante, font preuve d’ingéniosité et n’hésitent pas, bien souvent, à recourir à des moyens plus que douteux, pour ne pas dire illicites. La réussite humaine semble le nec plus ultra, la seule valeur consensuelle. A quels sacrifices n’est-on pas prêt à consentir pour assurer une réussite humaine, décrocher une « place au soleil » ! Tous les procédés semblent bons, du moment qu’ils permettent de « réussir ». (lire la suite)
Réussir est le maître-mot. Mais un mot pipé. Ce dont bien peu se rendent compte. Car il y a réussite et réussite. Ce qui réussit aux yeux des hommes peut se retourner contre vous du jour au lendemain, ou partir en fumée sous un quelconque effet Madoff ou, par exemple, par suite d’un incendie…, ou parce quelqu’un de moins scrupuleux que vous a réussi à vous déloger de votre place dorée. « Lorsqu’on réfléchit, à tête reposée, aux misères de la terre, et que l’on compare ce panorama aux richesses de la vie vécue avec le Christ, à mon avis, on ne trouve qu’un mot pour qualifier, et d’une formule bien frappée, le chemin que choisissent les gens : sottise, sottise, sottise ! Ce n’est pas seulement que la plupart des hommes se trompent. Ce qui nous arrive est bien pire : nous sommes de parfaits idiots » (saint Josémaria, Sillon, n° 532). Nous courons tous plus ou moins, certains presque exclusivement, après les choses de ce monde, qui ne sont que vanité, comme le souligne le livre de l’Ecclésiaste (1, 2) : « Vanité des vanités ! dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. » Il s’agit de satisfaire en effet notre vanité, notre ego, notre désir de grandeur. Mais cette réussite est toujours fragile, précaire.
Et elle n’est pas en soi le chemin qui conduit au ciel. Elle peut l’être si elle est droitement orientée, c’est-à-dire si elle est vécue comme occasion d’accomplir la volonté de Dieu. Mais nous ne pouvons pas oublier qu’« il est plus aisé pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille que pour un riche d’entrer dans le royaume de Dieu » (Luc 18, 25). Par riche, il ne faut pas entendre uniquement celui qui est pécuniairement comblé, mais aussi celui qui a accumulé d’autres richesses : réussites sociales, honneurs, estime sans condition de ses concitoyens, etc. Sottise, sottise et sottise !

(à suivre…)

mercredi 13 octobre 2010

Un nouveau livre de Stephen Hawking

Un nouveau livre de Stephen Hawking

Le physicien, prix Nobel, vient de publier un nouvel ouvrage afin de prouver que l’univers n’est pas une création divine. Le raisonnement qui appuie une telle assertion aberrante ne serait même pas formulé par un gamin de six ans. C’est affligeant de la part d’ un « grand esprit ».
L’auteur écrit, en effet, que, « parce qu’il existe des lois telle que la gravité, l’univers peut naître du néant (…). La création spontanée est la raison pour laquelle il y a quelque chose plutôt que rien, pour laquelle l’univers existe, pour laquelle nous existons ». Qui ne voit pas où ce raisonnement, (lire la suite) si on peut l’appeler ainsi, pèche, et pèche gravement ?
Quelles peuvent être les caractéristiques d’une loi de gravité, non pas tellement du vide que du néant ? Sur quoi porte-t-elle ? Quelle réponse proprement scientifique apporter à cette question ?
Comment des lois, « telle que la gravité » peuvent-elle exister si rien n’existe encore. Le prestidigitateur Hawking les tire de sa manche pour justifier l’injustifiable, et ne démontre de ce fait rien du tout. Si ce n’est qu’il est bien obligé de reconnaître l’existence de quelque chose qui lui échappe totalement. Il lui faut bien trouver un commencement à l’univers, et, par un tour de passe-passe, il lance un postulat qu’il se garde bien de démontrer, car il est indémontrable.
Il faut que la création du monde par Dieu dérange vraiment les rationalistes pour qu’ils s’y attaquent régulièrement avec des arguments aussi faibles ! C’est presque une preuve de la création !

mardi 12 octobre 2010

Arrêts sur christianisme (65)

Arrêts sur christianisme (65)



Si tous acceptaient un moment de prêter une oreille attentive à ses (du christianisme) préceptes de paix et de salut, mettant leur foi, non dans leur arrogance ou leur suffisance, mais plutôt dans ses conseils, le monde entier, détournant l’usage du fer à des fins moins violentes, écoulerait ses jours dans la tranquillité la plus sereine, et parviendrait à une salutaire concorde, tandis qu’il conserverait inviolées les clauses des traités.

Arnobe de Sicca, Adversus nationes 1, 6.

lundi 11 octobre 2010

La Croix (2)

La Croix (2)

Il serait absurde pour un chrétien de vivre comme si le Christ n’existait pas, de ne pas se référer constamment à lui, non seulement comme à notre Frère aîné, mais surtout comme à Celui à qui nous devons tout, à qui nous devons d’exister, n’en déplaise aux esprits rationalistes qui croient, ou veulent nous faire croire qu’ils croient, à la génération spontanée. Non. Nous avons bien été créés individuellement par Dieu. Nous existons parce que Dieu a créé une âme qu’il a unie à la matière, la rendant ainsi vivante, animée. (lire la suite)
Et cette âme peut mener une vie d’amitié avec Dieu précisément parce qu’elle a été rachetée par le Christ. « J’attirerai tout à moi » (Jean 12, 32). Il convient grandement de nous laisser attirer par notre Dieu qui est un Dieu d’Amour (cf. 1 Jean 4, 16). Allez chercher dans les multiples religions qui existent à travers le monde un Dieu qui s’identifie à l’Amour, qui aime les hommes et veuille leur bonheur au point de leur envoyer son Fils unique ! C’est la force et la beauté du christianisme. C’est son côté éminemment positif et encourageant. C’est un gage de vie éternelle authentique, c’est-à-dire de vie en Dieu, avec Dieu.
Quelle force vitale découle donc de la Croix. Elle balaye tout péché. Elle transforme toute faiblesse. Elle transcende le cadre de notre existence terrestre et nous plonge déjà dans l’éternité de Dieu. Ave, Crux vera, spes unica ! Salut, Croix véritable, unique espérance ! Sois bénie, Croix aimée, toi qui es source de vie, toi qui nous présentes le Christ Sauveur, toi qui l’offres à notre contemplation et fait naître en nous des désirs de réparation et de nous ressaisir pour aimer vraiment Dieu par toutes les circonstances de notre vie, pour tout vivre en Dieu, tout ramener à lui.

(fin)

dimanche 10 octobre 2010

La Croix (1)

La Croix (1)

« Oui, Dieu a aimé le monde au point de donner son Fils unique, pour que tous ceux qui croient en lui ne périssent pas, mais aient la vie éternelle » (Jean 3, 16), et qu’ils l’aient grâce à sa mort sur la Croix, source féconde de sainteté, de toute grâce, source d’où jaillissent l’Eglise – lieu de notre sanctification – et les sacrements – moyens de cette sanctification.
Si l’Eglise célèbre dans sa liturgie la Sainte Croix le 14 septembre, c’est néanmoins tous les jours de notre vie qu’elle doit être présente. (lire la suite) Elle est de fait efficace précisément par l’action de l’Eglise et par les canaux de la grâce que sont les sacrements. Nous ne pouvons pas échapper à la logique de la Croix. Dieu merci ! Elle agit dans notre vie.
Encore faut-il que nous répondions à cette action divine et ecclésiale, en manifestant notre désir de nous laisser conduire à Dieu et d’agir vraiment en chrétien. Être chrétien veut dire avoir le Christ pour référence, être centré sur la réalité de la vie, de la mort et de la Résurrection de Jésus-Christ, revenir constamment à lui, en tant que source de toute sainteté. Il nous faut tout reconduire au Christ, tout envisager avec le regard du Christ et avec l’Amour qu’il met à guider les hommes et toute la création vers son Père. « Instaurare omnia in Christo, telle est la devise que saint Paul donne aux chrétiens d’Ephèse (Ephésiens 1, 10) ; ordonner toutes choses selon l’esprit de Jésus, placer le Christ au sein même de toutes choses. Si exaltatus fuero a terra, omnia traham ad meipsum (Jean 12, 32), quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tout à moi. Le Christ, par son incarnation, par sa vie de travail à Nazareth, par sa prédication et ses miracles dans les terres de Judée et de Galilée, par sa mort sur la Croix, par sa résurrection, est le centre de la création, l’Aîné et le Seigneur de toute créature » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 105).

(à suivre…)



samedi 9 octobre 2010

Le devoir d’évangéliser

Le devoir d’évangéliser

Saint Paul invite les chrétiens à parler de Dieu opportune et importune, « à temps et à contretemps », de façon opportune et inopportune du point de vue humain (2 Timothée 4, 2), et constamment. Autant dire que les âmes nous attendent, que les gens sont assoiffés de vérité, en ont assez des discours creux et flatteurs, des mensonges convenus. Ils ont besoin de quelque chose qui les fasse réagir. Et ce quelque chose, ce peut être cette parole, opportune ou non. Nous avons l’occasion de croiser bien des gens sur notre chemin. Ne ressentons-nous pas le besoin, le devoir ! de les réveiller de leur langueur spirituelle, de leur médiocrité, de les tirer de leur désespérance peut-être ? Au moins, d’élever la température spirituelle autour de nous, comme le disait saint Josémaria. (lire la suite)
Il faut leur parler de ce que nous portons dans notre cœur, de ce Dieu d’amour qui s’intéresse à chacun de nous et qui, chose étonnante entre toutes, a donné sa vie pour tous. Il faut les entretenir de ce Dieu qui est la miséricorde en action, qui a toujours une parole de pardon à la bouche, une parole de compassion pour ses enfants que nous sommes. Il faut leur dire que Dieu a pleuré sur nos misères et sur la dureté de notre cœur. Il faut leur faire qu’ils sont appelés à la sainteté, à aller au ciel, que Dieu n’exclut personne du bonheur paradisiaque, pour peu que nous acceptions de conformer notre conduite à sa loi éternelle qu’il a gravée dans notre cœur et dont nous percevons certains impératifs que notre conscience se charge de nous rappeler de temps à autre.
Nous ne pouvons pas vivre sans nous préoccuper des autres, de leur santé spirituelle. Car la charité authentique suppose l’ouverture aux autres, le souci d’autrui. Qui aime Dieu aime nécessairement son prochain, puisque Dieu l’aime le premier, en dépit de nos péchés, si présents. Dieu aime tout homme, aime chaque homme. Et nous, nous ne pouvons pas échapper à cette dynamique de l’amour véritable.
La plus grande preuve d’amour de notre prochain, des êtres que le Seigneur met sur notre chemin, c’est précisément de les aider à vivre d’abord en hommes, et non comme des animaux, puis à vivre en chrétiens. Nous pourrions nous demander : qui suis-je pour me mêler ainsi de la vie des autres ? Je ne vaux pas mieux qu’eux. Je suis pécheur, moi aussi. Ecoutons la voix de l’Apôtre qui se fait l’écho de l’enseignement du Maître : « Prêche la parole, insiste à temps et à contretemps, convaincs, reprends, exhorte en toute patience et avec souci d’enseigner » (2 Timothée 4, 2). C’est donc le Seigneur lui-même qui l’ordonne, qui nous le demande.
Forts de cette assurance, que la grâce accompagne, allons vers nos camarades et nos collègues, vers nos amis, allons vers les autres pour mettre un peu de charité, de compréhension dans les relations humaines, pour donner un peu d’espérance, de sens à la vie, le désir de se battre pour être meilleur et donc pour bâtir un monde meilleur, duquel Dieu n’est pas exclu mais dans lequel il est, au contraire, bien présent. C’est la condition du bonheur ici-bas et du bonheur éternel.

vendredi 8 octobre 2010

Les effets de la piété mariale

Nous devrions tous nous proposer dans note prière cette aspiration de saint Augustin : Noverim te, noverim me (Soliloques 2, 2). Que je te connaisse, Seigneur, et que je me connaisse. Nous savons qu’aucun progrès n’est possible dans la vie intérieure, et dans notre connaissance amoureuse de Dieu, sans l’aide surnaturelle de la Sainte Vierge. D’où ce conseil de saint Josémaria : « Aie constamment recours à la très sainte Vierge, Mère de Dieu et Mère de l'humanité » (Forge, n°911). Il est impératif, en effet, de recourir à Marie. Non seulement parce que, (lire la suite) comme je l’ai dit ailleurs, sa présence éloigne de nous le démon, qui ressent très fortement la haine de celle qui lui a écrasé la tête de son talon et ne supporte pas d’être là où Marie se trouve. Mais surtout parce que Marie est le chemin qui conduit à Dieu, puisque par elle nous avons un accès facile à Jésus, le fils de Dieu. Et il convient d’affirmer, assurément, que Marie est vraiment Mère de Dieu, en la personne de Jésus-Christ, et Mère de tous les hommes dans le domaine spirituel. S’agissant de notre Mère, nous ne pouvons pas vivre et nous développer dans la vie spirituelle sans ses soins attentifs de tous les instants.
Ayons donc constamment recours à Marie. Saint Josémaria tire de cette fréquentation de la Sainte Vierge une conséquence à laquelle nous ne pensons pas de prime abord. En effet, il ajoute : « Et, dans sa douceur de Mère, Elle attirera l'amour de Dieu sur les âmes que tu fréquentes » (Ibid.). Autrement dit, notre fréquentation de Marie est bénéfique pour nos proches, nos amis, tous ceux avec qui nous sommes en relation peu ou prou, parce que Marie est Mère de l’humanité. Et que ce qui nous intéresse lui tient à cœur, que nos amis lui sont proches. Non seulement nous profitons personnellement – cela va sans dire – de la fréquentation de la Vierge Marie, mais encore, et nous avons là l’annotation inattendue, notre plus grande intimité avec Marie rejaillit sur ceux avec qui nous sommes en rapport.
En outre, si Marie attire l’amour de Dieu sur les âmes que nous fréquentons, c’est « afin qu'elles se décident — dans leur travail ordinaire, dans leur profession —, à être des témoins de Jésus-Christ » (Ibid.), à prendre leur vocation chrétienne au sérieux et, sous la motion de l’amour de Dieu, à se sentir responsables d’annoncer Jésus-Christ à nos contemporains, autour d’eux, notamment dans ce milieu privilégié qu’est le travail professionnel, privilégié, car nous occupant une bonne partie de la journée et nous mettant au contact régulier avec d’autres hommes.
Nous voyons ainsi que, comme le disent les scolastiques, le bien est diffusivum sui, tend à se répandre par lui-même. C’est une conséquence en quelque sorte inattendue du progrès de notre vie intérieure. C’en est même temps une conséquence logique, car l’amour de Dieu bien vécu, l’amour de la vérité, l’exemple d’une vie aussi droite que possible, ne peuvent que rayonner. C’est la lumière placée sur le lampadaire qui « brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5, 16), et qu’ils le glorifient en étant des témoins du Christ.

jeudi 7 octobre 2010

Un chant d’action de grâce (2)

Un chant d’action de grâce (2)

Depuis, toutes les générations répètent et chantent avec jubilation le Gloria in excelsis Deo, « gloire à Dieu au plus haut des cieux… » Et, dans les grandes occasions, l’Eglise entonne le Te Deum, que l’on récite également dans la liturgie des heures chaque dimanche et pour les solennités et les fêtes.
Ce sont des hymnes liturgiques qui nous aident à élever notre cœur vers Dieu et à manifester notre gratitude pour tous ses bienfaits, dont beaucoup échappent à notre sagacité. « Savez-vous ce qu’est une hymne, demande saint Augustin ? C’est un chant à Dieu accompagné d’une louange. Si tu loues Dieu, mais sans chanter, ce n’est pas une hymne ; si tu chantes et que (lire la suite) tu ne loues pas Dieu, ce n’est pas non plus une hymne. Si tu loues, mais non Dieu, bien que tu loues en chantant, ce n’est pas une hymne. L’hymne est donc ces trois choses : un chant, une louange et pour Dieu. Par conséquent la louange de Dieu chantée est une hymne » (Enarrationes in Psalmos 148).
L’hymne nous permet de chanter à l’unisson avec l’Eglise, non en solitaire mais solidairement, en union avec les chants, les hymnes de jubilation et de louange des anges au paradis. C’est ainsi une unique et même louange qui, sous des formes diverses, s’adresse au Dieu trois fois Saint, sachant que « le ciel et la terre sont remplis de ta gloire ».
Soyons généreux dans notre reconnaissance, car nous ne remercierons jamais Dieu suffisamment. C’est chose impossible.
Tâchons du moins d’imiter Marie qui, tandis qu’elle attend la naissance de son Fils, notre Sauveur, entonne son Magnificat. « Comme Elle, nous ressentirons le désir de chanter, de proclamer les merveilles de Dieu, pour que l’humanité entière participe à notre bonheur » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 144).

(fin)

mercredi 6 octobre 2010

Un chant d’action de grâce (1)

Un chant d’action de grâce (1)

La vie de l’homme sur terre devrait être un chant continuel d’action de grâces à Dieu. Il est vrai que les souffrances ne manquent pas et que la misère humaine est par moments capable d’inventer des atrocités. Mais pour qui observe les interventions de Dieu dans l’histoire, il n’est que trop évident que Dieu guide son peuple, et l’humanité entière, vers sa destinée, tout en respectant la liberté des hommes, leur détermination à suivre un chemin qui s’écarte souvent de celui qui seul peut les conduire au bonheur, le chemin de l’union à Dieu. (lire la suite)
Déjà dans l’Ancien Testament , nous trouvons de nombreux témoignages de cette reconnaissance des auteurs sacrés au vu de la proximité de Dieu de son peuple et de ses interventions en sa faveur. A titre d’exemple, le psalmiste s’écrie : « Yahvé est très grand et très digne de louange, et sa grandeur est insondable. Chaque âge dit au suivant la louange de tes œuvres, et on publie ta puissance. On parle de l’éclat glorieux de ta majesté, et on fait connaître tes œuvres prodigieuses » (Psaume 145, 3-5). Parmi ces prodiges de Dieu, il faut compter sa fidélité inébranlable à son dessein de salut qu’aucune action humaine ne pourra entraver ni même freiner. L’« heure » du Fils est inscrite dans l’éternité de Dieu. Elle sonne au temps fixé. Elle est arrivée avec la Passion et la mort du Christ sur la Croix. Nous vivons maintenant des mérites de notre Seigneur Jésus-Christ et de l’envoi du Saint-Esprit, qui féconde continuellement la sainte Eglise – corps mystique du Christ – et nous remplit de l’amour par lequel nous devenons capables d’aimer Dieu, et notre prochain.
« Les mots deviennent inutiles, parce que la langue n’arrive pas à s’exprimer. Alors le raisonnement se tait. On ne discourt plus : on se regarde ! Et l’âme se met encore une fois à chanter un chant nouveau, parce qu’elle se sent et se sait aussi sous le regard aimant de Dieu, à tout instant » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 307). Dès l’aurore du christianisme, nos frères dans la foi ont composé et entonné des cantiques d’action de grâces envers la majesté divine et la toute-puissance admirable de Dieu. « Dans la nouveauté de l’Esprit, elles (les premières communautés) composent aussi des hymnes et des cantiques à partir de l’Evénement inouï que Dieu a accompli en son Fils : son Incarnation, sa Mort victorieuse de la mort, sa Résurrection et son Ascension à sa droite » (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 2641).

(à suivre…)

mardi 5 octobre 2010

Arrêts sur christianisme (64)

Arrêts sur christianisme (64)

Le christianisme, qui attaque radicalement l’esclavage, par sa doctrine sur la fraternité divine de tous les hommes, combattit d’une manière spéciale l’esclavage des femmes par son dogme de la maternité divine de Marie. Comment les filles d’Eve auraient-elles pu rester esclaves de l’Adam déchu, depuis que l’Eve réhabilitée, la nouvelle Mère des vivants, était devenue la Reine des anges ? Lorsque nous entrons dans ces chapelles de la Vierge, auxquelles la dévotion a donné une célébrité particulière, nous remarquons, avec un pieux intérêt, les ex-voto qu’y suspend la main d’une mère dont l’enfant a été guéri, ou celle du pauvre matelot sauvé du naufrage par la patronne des mariniers. Mais, aux yeux de la raison (lire la suite) et de l’histoire, qui voient dans le culte de Marie comme un temple idéal que le catholicisme a construit pour tous les temps et pour tous les lieux, un ex-voto d’une signification plus haute, social, universel, y est attaché. L’homme avait fait peser un sceptre brutal sur la tête de sa compagne pendant quarante siècles ; il le déposa le jour où il s’agenouilla devant l’autel de Marie ; il l’y déposa avec reconnaissance ; car l’oppression de la femme était sa propre dégradation à lui-même ; il fut délivré de sa propre tyrannie.

Monseigneur Gerbet, cité par le P. Huc, L’Empire chinois, 1854.

lundi 4 octobre 2010

Persévérer (2)

Persévérer (2)

Rangés du côté de Dieu, nous n’avons donc rien à craindre. Sursum corda, « élevons notre cœur » vers le Seigneur.
Quoi qu’il arrive, parce qu’il ne se produit rien, si ce n’est que nous devons mener une lutte normale pour qui est sur terre. La loi du péché fait terriblement sentir ses exigences ? Certes, mais la loi de la grâce est autrement efficace. Elle nous tire vers le haut, vers le bien, vers Dieu. Sursum corda. Nous pouvons vaincre. Il importe de l’emporter, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. (lire la suite)
« Invoque la très Sainte Vierge. Ne manque pas de lui demander d'être toujours envers toi comme une Mère : « monstra te esse Matrem ! » Et, par la grâce de son Fils, obtiens d'elle la clarté de la bonne doctrine dans ton intelligence, l'amour et la pureté dans ton cœur, afin que tu saches aller vers Dieu et lui amener de nombreuses âmes » (saint Josémaria, Forge, n°986). Oui, luttons en pensant aussi au bien que nous faisons ainsi à d’autres âmes. Et nous vivrons alors fortifiés par la grande réalité, la réalité admirable de la communion des saints.

(fin)

dimanche 3 octobre 2010

Persévérer (1)

Persévérer (1)

« Je vois en mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de ma raison et qui me tient prisonnier de la loi du péché qui est en mes membres. Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Romains 7, 23-24). Ce cri déchirant de saint Paul pourrait ressembler à du découragement, au constat de l’inutilité de sa lutte. Il a beau faire, la loi du péché reste omniprésente et semble même prévaloir, au moins par moments. Ce constat lui arrache un désir fou : « Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort ? » (v. 24). (lire la suite)
C’est dit sous l’emprise de l’angoisse et du dépit. Mais le problème est mal posé. Il ne s’agit pas de déserter le combat d’ici-bas. Il ne nous revient pas de décider du jour et de l’heure de notre départ pour l’au-delà. Ce que nous avons à faire, c’est de persévérer dans l’effort, c’est de faire davantage appel à l’aide de la grâce divine, c’est de recommencer à faire porter notre lutte sur les points où nous pouvons plus facilement mettre l’ennemi en échec et fortifier nos défenses par la prière et la mortification habituelles.
Le découragement est un grand ennemi de l’âme. Certes, les attaques de l’orgueil et de la sensualité, les désirs de libertinage se font jour. Mais plus forte est l’action de l’Esprit Saint dans notre âme, qui nous aide et nous apprend à aimer Dieu pour de bon, et donc à apprécier l’effort pour dire résolument « non » à ces sollicitations insidieuses et trompeuses du démon. Qui d’ailleurs ne fait que se répéter, car il a l’imagination courte.
Mais si nous ne sommes pas sur nos gardes, si nous ne restons pas éveillés précisément grâce à la prière et aux sacrifices, alors l’épreuve du découragement nous guette, où le moindre effort coûte horriblement et où l’on n’en voit plus très bien l’utilité. Où il semble que la débâcle menace. Pourtant la grâce de Dieu ne nous manque à aucun moment. Non plus que l’aide empressée et attentionnée de notre Mère, Sainte Marie. « Remplis-toi de confiance: nous autres, nous avons pour Mère la Mère de Dieu, la très sainte Vierge Marie, Reine du Ciel et du monde » (saint Josémaria, Forge, n° 273). Si nous nous tournons immédiatement vers Marie, rien n’est perdu et la victoire devient possible, s’impose même. Car aucun de ceux qui l’implorent n’est abandonné d’elle (cf. le Souvenez-vous). Le contraire est métaphysiquement impossible. Courage donc !
Nous connaissons des défaites, parfois continuelles ? Nous traversons une mauvaise passe ? Nous ne trouvons plus de goût pour les choses spirituelles ? Il faut se tourner vers Marie, l’étoile de la mer, cette mer sur laquelle nous naviguons. Il faut ouvrir notre cœur à l’Amour et nous remplir de la force et de l’optimisme de Dieu, sachant que « tout est possible à celui qui croit ». « Yahvé est ma lumière et mon salut : que craindrais-je ? Yahvé est le rempart de ma vie : de qui aurais-je peur ? (…) Qu’une armée vienne camper contre moi, mon cœur ne craindra point ; que contre moi s’engage le combat, alors même j’aurai confiance » (Psaume 27, 1.3).
(à suivre…)

samedi 2 octobre 2010

Les trois archanges (4)

Les trois archanges (4)

« Ne crains pas, Marie. » « C’est comme s’il disait : Je ne suis point venu vous séduire, mais donner le pardon de la séduction ; je ne suis point venu vous enlever votre inviolable virginité, mais ouvrir sa demeure à l’auteur et au gardien de la pureté ; je ne suis point le ministre du serpent, mais l’envoyé de celui qui doit écraser le serpent ; je viens traiter de vos noces et non pas dresser des embûches. Ainsi donc, il ne la laissa point se tourmenter par des réflexions inquiétantes, afin de n’être point jugé infidèle ministre de sa négociation » (saint Thomas d’Aquin, Catenea Aurea, Paris, Vivès, t. 5, 1854, p. 44).
Saint Michel, le troisième archange connu des sept qui sont éternellement devant le Dieu Tout-Puissant, (lire la suite) serviteurs empressés de ses messages, est le grand protecteur des chrétiens, celui qui guerroie avec succès contre le démon infernal et le met en déroute. « Il y eut un combat dans le ciel : Michel et ses anges combattaient contre le Dragon. Le Dragon avec ses anges engagea le combat, mais ils ne purent l’emporter, et il n’y eut plus de place pour eux dans le ciel. Il fut précipité, le grand Dragon, le serpent antique, qu’on appelle diable et satan, le séducteur du monde entier » (Apocalypse 12, 7-9).
Ayons recours à saint Michel, non seulement pour notre lutte intérieure, mais aussi en défense de notre sainte Mère l’Eglise, si durement attaquée et décriée par certains. Il est le « prince de milice céleste », le chef des armées angéliques au service de notre Seigneur Jésus-Christ. Sa qualité exceptionnelle en fait un protecteur d’exception. Si Dieu écoute nos prières, comment ne tiendrait-il pas compte de celles que saint Michel lui adresse de notre part ? Et comment pourrait-il oublier que nous appartenons à l’armée de saint Michel, du fait de notre baptême et de notre confirmation ? Nous nous sommes enrôlés sous la bannière de Monsieur saint Michel, pour mener une guerre de paix, pour faire la guerre au diable et à ses suppôts, sur le terrain qui nous intéresse. C’est une idée-maîtresse qu’il faut conserver à l’esprit, un principe fondamental de la lutte ascétique : il faut savoir où il nous intéresse de livrer le combat, et quand. Il faut tendre des traquenards au diable. Vous me direz que ce n’est pas facile, car il est supérieurement intelligent. C’est vrai. Mais il radote aussi. De plus, il est facile de le mettre en déroute : il suffit de dire « Marie », il suffit de prononcer le doux nom de Jésus. Prononcer ces noms, saints entre tous, insupporte satan, qui a tôt fait de prendre la fuite.
« Saint Michel archange, défendez-nous dans le combat ; soyez notre secours contre la méchanceté et les embûches du démon. Que Dieu lui commande, nous vous le demandons en suppliant ; et vous, prince de la milice céleste, repoussez en enfer, par la puissance divine, satan et les autres esprits mauvais qui rôdent dans le monde pour perde nos âmes. Amen. »

(fin)

vendredi 1 octobre 2010

Les trois archanges (3)

Les trois archanges (3)

Zacharie peut jouer au sceptique, il en est quitte pour devenir muet jusqu’à ce que l’annonce devienne réalité. Quand il communique à Elisabeth ce qui lui est arrivé, qui explique pourquoi il s’est attardé dans le Temple, parce qu’il semble que la vision n’a pas été l’affaire de quelques secondes, ou alors que Zacharie était tellement interdit qu’il a mis du temps à reprendre ses esprits, Elisabeth a compris, et elle a accepté ce don de Dieu, elle a rendu grâce au Seigneur d’effacer ainsi la honte qui l’affectait. « Voici ce qu’a fait pour moi le Seigneur au temps où il a bien voulu faire disparaître mon opprobre aux yeux des hommes » (Luc 1, 25), c’est-à-dire sa stérilité. (lire la suite)
Six mois plus tard, saint Gabriel apparaît de nouveau, à une centaine de kilomètres de là, dans une petite bourgade, appelée « Nazareth, à une vierge fiancée à un homme de la maison de David, qui avait nom Joseph. Le nom de cette vierge était Marie » (Luc 1, 26-27). Ce qu’il dit, les paroles qu’il prononce ont la force de produire ce qu’elles affirment, à partir du moment où Marie a dit « oui ». « Ce n’est point un ange quelconque qui est envoyé à la Vierge Marie, mais l’archange Gabriel ; il convenait qu’un ange sublime vînt pour ce ministère qui annonçait le plus sublime événement. Il est désigné par son propre nom qui montre ce qu’il peu accomplir ; car il se nomme Gabriel, qui veut dire force de Dieu. Celui-là devait être annoncé par la force de Dieu qui, Seigneur des vertus et fort dans la lutte, venait combattre les puissances de l’air » (saint Thomas d’Aquin, Catenea Aurea, Paris, Vivès, t. 5, 1854, p. 38).
C’est la victoire de la foi sur le dragon : « Je mets une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; elle te visera à la tête et tu la viseras au talon » (Genèse 3, 15). Dieu prend son temps. Mais personne ne peut l’arrêter. Ni le grand prêtre, ni même satan, le prince des anges révoltés, l’intelligence supérieure, « l’ange de lumière » (2 Corinthiens 11, 14). Quand Gabriel parle, il doit se taire, parce que cette parole est la Parole de Dieu. Parce que cette parole engendre en Marie la Parole de Dieu qu’est le Fils ! Parce que cette parole fait, a la puissance de faire en sorte que la Parole de Dieu s’incarne, devienne un être humain, ce qui échappe pleinement à la logique déraisonnée de Méphistophélès.
L’archange Gabriel parle. Il délivre la première partie de son message. Marie est émue ? Elle tremble devant l’ampleur de la tâche qui lui est proposée. Mais elle ne recule pas. Elle est prête à accepter. Bien que cela lui semble inouï. Elle se sent si petite, si faible, si quelconque, elle, la petite paysanne de Nazareth. Alors l’ange lui dit : « Ne crains pas, Marie, car tu as trouvé faveur auprès de Dieu » (Luc 1, 30).

(à suivre…)