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lundi 8 avril 2024

Le rôle des laïcs dans l'Eglise et dans le monde (4)

Une vie spirituelle sérieuse s’impose donc.

Parlons de cette vie intérieure solide, qui nous apparaît donc comme une condition sine qua non pour avancer sur le chemin de la sainteté et de l’apostolat, de la sainteté apostolique, pourrions-nous dire.

La recherche de la sainteté tout comme l’action évangélisatrice requièrent avant tout de développer une vie de prière. Notre Seigneur nous a clairement mis en garde : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. » Et, selon l’adage classique, « nul ne donne ce qu’il n’a pas ».

La messe dominicale est un minimum établi par notre sainte mère l’Église pour notre bien. Nous devrions être enthousiastes de la messe, puisqu’il nous y donné de revivre le sacrifice libérateur de la Croix et de pouvoir, si notre âme est bien disposée, recevoir dans la sainte communion l’auteur de toutes les grâces, notre Seigneur Jésus-Christ !

Mais comme il nous serait profitable de nous proposer des moments de prière au cours de la journée, à heure fixe ! Nous faisons l’expérience de nos limites, de notre incapacité à résoudre nombre de problèmes qui se présentent à nous, de notre faiblesse en présence des tentations.

Ouvrons l’Évangile. Nous constatons que Jésus ne cesse de nous inciter à prier, sans nous décourager et avec insistance, pour obtenir des grâces de son Père. Lui-même nous donne l’exemple de quelqu’un qui prie en toute circonstances et en tous lieux.

Notre Seigneur affirme qu’il prie pour nous. Il nous apprend aussi que le Saint-Esprit intercède auprès du père en notre faveur, « avec des gémissements ineffables ».

Comment ne pas entendre ses invitations répétées ? Comment ne pas chercher à imiter notre Seigneur et l’Esprit Paraclet ?

Je sais bien que le principal obstacle qui nous retient est le manque de temps. Mais n’éprouvons-nous pas une certaine honte de consacrer si peu de temps à Dieu alors que nous prenons pas mal de temps pour nous, ne serait-ce que sur les réseaux sociaux et sur l’internet ?

Vous voyez comme il convient de nous y prendre si nous voulons faire une large place à Dieu dans nos journées. Sainte Jeanne d’Arc se proposait que Messire Dieu soit le premier servi. Nous ne nous repentirons jamais d’agir ainsi. Nous regretterons toujours de ne pas le faire.(lire la suite)Une conséquence consiste à comprendre que la vie chrétienne, pour un laïc, ne lui demande pas de passer des heures à l’église – ce serait un désordre et manquer à ses devoirs d’état – mais d’adopter une attitude habituelle de prière.

Je m’explique. Si, comme nous le disions tout à l’heure, nous offrons à Dieu toutes les activités que nous réalisons, le travail professionnel, les tâches ménagères, les occupations matérielles, les repas, les loisirs et mêle sommeil, alors tout se transforme en prière. Et si nous les offrons à une intention déterminée, tout devient occasion d’évangélisation. Saint Josémaria résumait cela en parlant de « sanctifier le travail, se sanctifier grâce à son travail et sanctifier les autres par son travail ».

Mentionnons aussi une autre forme de prière, qui n’a guère la côte de nos jours : le sacrifice, les privations volontaires. Elle s’impose pourtant, si nous voulons vivre à fond notre vocation chrétienne. Le Seigneur a clairement indiqué que la condition de disciple requiert de renoncer à soi et de porter sa croix chaque jour. Nous ne pouvons pas faire l’économie de la croix. Elle n’a rien de négatif, puisque c’est par la sainte Croix que notre Seigneur a voulu racheter le monde. Par elle, le Seigneur a donné un sens nouveau à la souffrance sous toutes ses formes, à nos renoncements volontaires pour faire face avec vision surnaturelle aux épreuves de la vie. L’Église ne nous invite-t-elle pas à vénérer la sainte Croix ?

La sanctification de la vie de chaque instant n’est pas une question de temps, mais d’amour de Dieu.

Vous connaissez peut-être l’anecdote suivante :

« Un jour un vieux professeur fut engagé pour donner une formation sur la planification efficace de son temps à un groupe d’une quinzaine de dirigeants de grandes entreprises. Ce cours constituait l’un des cinq ateliers de leur journée de formation. Le vieux professeur n’avait donc qu’une heure. Debout, il les regarda un par un, lentement, puis il leur dit : « Nous allons réaliser une expérience. » De dessous la table, le professeur sortit un immense pot de plusieurs litres qu’il posa délicatement en face de lui. Ensuite, il exhiba une douzaine de cailloux à peu près gros comme des balles de tennis et les plaça délicatement, un par un, dans le grand pot. Lorsque le pot fut rempli jusqu’au bord, et qu’il fut impossible d’y ajouter un caillou de plus, il leva les yeux vers ses élèves et leur demanda : « Est-ce que le pot est plein ? » Tous répondirent : « Oui. »

Il attendit quelques secondes et ajouta : « Vraiment ? » Alors il se pencha de nouveau et sortit de sous la table un récipient rempli de graviers. Avec minutie, il versa ces graviers sur les gros cailloux puis brassa légèrement le pot. Les morceaux de gravier s’infiltrèrent entre les cailloux jusqu’au fond du pot. Le vieux professeur leva à nouveau les yeux vers son auditoire et redemanda : « Est-ce que le pot est plein ? » Cette fois, ses brillants élèves commencèrent à comprendre son manège. L’un d’eux répondit : « Probablement pas ! »

« Bien ! » répondit le vieux professeur. Il se pencha se nouveau et cette fois sortit du sable de sous la table. Il le versa dans le pot. Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et les graviers. Encore une fois, il demanda : « Est-ce que le pot est plein ? »

Cette fois, sans hésiter et en chœur, les élèves répondirent : « Non ! » « Bien ! » répondit le vieux professeur. Et comme s’y attendaient les élèves, il prit le pichet d’eau qui était sur la table et remplit le pot jusqu’à ras bord.

Le vieux professeur dit alors : « Quelle grande vérité nous démontre cette expérience ? » Pas fou, le plus audacieux des élèves songea au sujet du cours, répondit : « Cela démontre que même lorsqu’on croit que notre agenda est complètement rempli, si l’on veut vraiment, on peut y ajouter plus de rendez-vous et plus de choses à faire. » Non, répondit le vieux professeur, ce n’est pas cela ! La grande vérité que nous démontre l’expérience est la suivante : si l’on ne met les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire tous entrer ensuite. » Il y eut un profond silence, chacun prenant conscience de l’évidence de ces propos.

Le vieux professeur leur dit alors : « Quels sont les gros cailloux dans votre vie ? Votre santé, votre famille, vos amis, vos rêves, votre carrière professionnelle ? Ce qu’il faut retenir, c’est l’importance de mettre les gros cailloux en premier dans sa vie, sinon on risque de ne pas la réussir. Si on donne la priorité aux pacotilles – le gravier, le sable – on remplira sa vie de futilités, de choses sans importance et sans valeur, et nous n’aurons plus de temps à consacrer aux éléments importants. Alors n’oubliez pas de vous poser la question : quels sont les gros cailloux de ma vie ? Ensuite mettez-les en premier dans le pot de votre existence. » D’un geste amical de la main, le vieux professeur salua son auditoire et quitta la salle lentement[1]. »

Telle est donc la façon exacte de considérer notre relation à Dieu.

En envisageant la vie sous cet angle, celui d’un enfant qui entend faire plaisir à son Père et lui témoigner de son amour, nous comprenons la grandeur de la vie ordinaire, nous sommes convaincus que la vie de la femme et de l’homme est vraiment un chemin de sainteté, une vocation chrétienne magnifique, et nous nous émerveillons à la perspective des chemins divins que le Seigneur a ouverts pour nous sur la terre, des chemins qui conduisent tout droit au paradis.



[1] Card. Robert Sarah avec Nicolas Diat, Dieu ou rien. Entretien sur la foi, Paris, Fayard, 2015, p. 172-174.

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