28 decembre : les saints Innocents
En quoi a consisté le massacre des innocents ? S'agit-il d'un fait historique ?
Le massacre des Innocents appartient, comme l’épisode de l’étoile des mages, à l’Évangile de l’enfance de saint Matthieu. Les rois Mages s’étaient enquis au sujet du roi des Juifs (Matthieu 2, 1) et Hérode - qui se savait le roi des Juifs - invente un stratagème pour vérifier qui peut bien être celui qu’il considère comme un possible usurpateur, en demandant aux mages de l’informer à leur retour. Quand il se rendit compte qu’ils étaient repartis par un autre chemin, (lire la suite) « il entra dans une grande colère ; et il envoya tuer dans Bethléem et dans tout le pays d’alentours les enfants âgés de deux ans et au dessous, selon le temps dont il s’était enquis exactement auprès des mages » (Matthieu 2, 16). Le passage évoque d’autres épisodes de l’Ancien Testament : le Pharaon avait également ordonné de tuer tous les nouveaux-nés des hébreux, selon ce que raconte le livre de l’Exode, mais Moïse fut sauvé, précisément celui qui libéra ensuite le peuple (Exode 1, 8-2,10). Saint Matthieu dit également dans ce passage qu’avec le martyr de ces enfants s’accomplissait un oracle de Jérémie (Jérémie 31, 15) : le peuple d’Israël fut exilé à Babylone, d'où le Seigneur le fit sortir, par un nouvel exode, et le ramena chez lui, en lui promettant une nouvelle alliance (Jérémie 31, 31). Du coup, le sens du passage de Matthieu est clair : les puissants de la terre ont beau faire, ils ne peuvent s’opposer aux plans de Dieu pour sauver les hommes.C’est dans ce contexte qu’il faut examiner l’historicité du martyre des saints Innocents, dont nous n’avons de nouvelle que par saint Matthieu. Dans la logique de la recherche historique moderne, on soutient que « testis unus testis nullus », un seul témoin n’est pas recevable. Toutefois il est permis de penser que le nombre d'enfants massacrés à Bethléem, village au faible nombre d’habitants, n'a pas dû être élevé, ce qui explique qu'il ne soit pas passé dans les annales. Ce qui est certain, c’est que la cruauté que manifeste le massacre des innocents concorde bien avec la brutalité que Flavius Josèphe rapporte au sujet d’Hérode : il fit noyer son beau-frère Aristobule quand celui-ci acquit une grande popularité (Antiqutés Juives, 15, 54-56), il fit assassiner son beau-père Hircanus II (15, 174-178), un autre beau-frère Costobar (15, 247-251), sa femme Marianne (15, 222-239) ; dans les dernières années de sa vie, il fit assassiner ses fils Alexandre et Aristobule (16, 130-135), et cinq jours avant sa propre mort, un autre de ses enfants, Antipater (17, 145) ; enfin il ordonna que des notables du Royaume soient exécutés avant sa mort, pour que le peuple de Judée, qu’il le veuille ou non, pleure sa mort (17, 173-175).
original en espagnol par Vicente Balaguer,
professeur de la faculté de Théologie de l'Université de Navarre
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