Pourquoi celebre-t-on la naissance de Jesus le 25 decembre ?
Pourquoi célèbre-t-on la naissance de Jésus le 25 décembre ?
Il ne semble pas que les premiers chrétiens célébraient leur anniversaire de naissance. Ils célébraient le dies natalis, le jour de l'entrée des défunts dans la patrie définitive (par ex., Le Martyr de Polycarpe 18, 3), comme participation au salut accompli par Jésus en vainquant la mort par sa passion glorieuse. Ils se rappellent avec précision le jour de la glorification de Jésus, le 14/15 de Nisan, mais pas la date de sa naissance, dont les récits évangéliques ne nous disent rien.Jusqu’au 3e siècle, nous n’avons pas d’informations sur la date de naissance de Jésus. (lire la suite) Les premiers témoignages des Pères et des écrivains ecclésiastiques donnent diverses dates. Le premier témoignage indirect situant la naissance du Christ le 25 décembre est apporté par Sextus Julius l’Africain, en 221. La première référence directe de sa célébration liturgique est celle du calendrier liturgique philocalien de l’an 354 : VIII kal. Ian. natus Christus in Betleem Iudeae (« le 25 décembre le Christ est né à Bethléem, en Judée »). À partir du 4e siècle, les témoignages de ce jour comme date de la naissance du Christ sont communs dans la tradition occidentale. En revanche, dans celle orientale prévaut la date du 6 janvier.
Une explication assez répandue est que les chrétiens ont opté pour ce jour du mois de décembre parce que, à partir de l’an 274, le 25 décembre on célèbre à Rome le dies natalis Solis invicti, le jour de la naissance du Soleil Victorieux, la victoire de la lumière sur la nuit la plus longue de l’année. Cette explication est étayée par le fait que la liturgie de la Nativité et les Pères de l’époque établissent un parallélisme entre la naissance de Jésus-Christ et des expressions bibliques comme « soleil de justice » (Malachie 3, 20) et « lumière du monde » (Jean 1, 4 et suivants). Cependant, rien ne prouve qu'il en ait été ainsi et il semble difficile d’imaginer que les chrétiens d’alors aient voulu adapter des fêtes païennes au calendrier liturgique, surtout quand on sait qu’ils venaient de subir la persécution. Il est possible, toutefois, qu’au fil du temps, la fête chrétienne se soit substituée à la fête païenne.
Une autre explication plus plausible fait dépendre la date de la naissance de Jésus de celle de son incarnation, neuf mois plus tôt, qui à son tour était liée à la date de sa mort. Dans un traité anonyme sur les solstices et les équinoxes, il est affirmé que « notre Seigneur fut conçu le 8 des calendes d’avril au mois de mars (25 mars), qui est le jour de la Passion du Seigneur et de sa conception, puisqu’il a été conçu le même jour qu’il mourut » (B. Botte, Les Origines de la Noël et de l’Épiphanie, Louvain, 1932, p. 230-33). Dans la tradition orientale, en s’appuyant sur un autre calendrier, la Passion et l'incarnation du Seigneur étaient célébrées le 6 avril, date qui concorde avec la célébration de la Nativité le 6 janvier.
La relation entre la Passion et l’incarnation est une idée qui est en accord avec la mentalité antique et médiévale, qui admirait la perfection de l’univers comme un tout, où les grandes interventions de Dieu étaient liées entre elles. Il s’agit d’une conception qui s'enracine également dans le judaïsme, où la création et le salut étaient liés au mois de Nisan. L’art chrétien a reflété cette même idée au long de l’histoire en peignant dans l’Annonciation de la Vierge l’enfant Jésus descendant du ciel avec une croix. Aussi est-il possible que les chrétiens aient lié la rédemption réalisée par le Christ avec sa conception, et que cela ait déterminé la date de sa naissance neuf mois plus tard. « Le plus décisif a été la relation existant entre la création et la croix, entre la création et la conception du Christ » (J. Ratzinger, L’esprit de la liturgie, 131).
original en espagnol, par Juan Chapa,
professeur à la faculté de théologie de l'Université de Navarre
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