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vendredi 16 mai 2008

Note sur le Trisagium angelicum

Note sur le Trisagium angelicum

L’ordre des Trinitaires (fondé en 1198 par saint Jean de Matha d’où le nom de « mathurins ») a élaboré une prière litanique en l’honneur de la très sainte et indivisible Trinité ; cette prière incorpore l’ancien trisagion trinitaire, en alternance avec d’autres invocations, et se développe en trois séries de 9 éléments chacune ; le chiffre 9 est en rapport avec le nombre de chœurs angéliques (selon la théologie grecque), d’où la dénomination de trisagium angélique.
Cette longue prière a un certain rapport avec une des modalités du trisagion ancien.
Le mot grec trisagion exprime la triple attribution de « saint » à Dieu ; ce qui a un sens superlatif. La formule se retrouve dans la vision d’Isaïe au temple, (lire la suite) où les séraphins « crient l’un à l’autre » (Isaïe 6, 3) la louange à la transcendance et à la gloire du Dieu unique ; une formule équivalente est reprise, selon la vision de Jean à Patmos, par la liturgie céleste ininterrompue des « quatre vivants » (Apocalypse 4,8). « Les armées » (sabaoth) du texte d’Isaïe peuvent indiquer les créatures angéliques mais aussi le peuple d’Israël ; dans l’Apocalypse il y a aussi la double référence cosmique et salvifique.
Le trisagion biblique a été très vite incorporé à la liturgie judéo-chrétienne dans un sens trinitaire ; le texte de saint Jean peut indiquer un usage liturgique primitif. Le sanctus de la messe romaine, associé à l’entrée messianique du Christ Sauveur, montre à l’évidence, par ses hébraïsmes (sabaoth, hosanna), ses origines primitives ; il a été peut-être emprunté à la liturgie antiochienne.
Le trisagion christologique (« Dieu Saint, Puissant Saint, Immortel Saint ») dépend plutôt de l’Apocalypse ; il se retrouve dans les divines liturgies orientales (orthodoxes et catholiques) : parfois avant la lecture du Nouveau Testament, parfois incorporé à l’office. Il a été récité pour la première fois, selon une tradition byzantine, à Constantinople, le 24 septembre 446 par l’archevêque Proclus, à l’occasion d’un fort tremblement de terre ; le concile de Chalcédoine l’a utilisé ; il est passé à la liturgie gallicane au VIème siècle ; il fait partie de la liturgie latine du Vendredi saint (associé aux « impropères » ou reproches du Christ à son peuple). Souvent la formule a été interprétée dans un sens trinitaire.

Antoine Fernandez, 1er juin 2007

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