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mercredi 11 juin 2014

Le jugement particulier (3)

Le jugement particulier (3)

Nous avons en cela une première réalité réconfortante : nous serons tous traités pareillement. C’est en réalité une deuxième réalité réconfortante, car la première est évidemment que notre Juge est en même temps notre Père et qu’il ne peut pas faire taire ses entrailles paternelles : « Et notre père, avec une dureté feinte dans la voix et le visage sévère, nous a réprimandés…, alors même que son cœur était attendri ; il connaissait notre faiblesse, et pensait : pauvre enfant, comme il s’efforce de bien faire ! » (saint Josémaria, Chemin, n° 247). C’est dire que notre Juge est de notre côté. Il n’est pas un accusateur acharné, vindicatif, partisan à la Saint-Just. Non ! (lire la suite) Il est acquis à notre cause, parce qu’il a envoyé son Fils donner sa vie pour nous, afin que nous puissions nous sauver, sortir de la salle d’audience blancs et non noirs. « Je ne suis pas venu, non pour condamner le monde, mais pour le sauver » (Jean 12, 47). Dieu n’a pas envie de nous condamner ! Nous pourrions même aller jusqu’à dire qu’il n’a aucun intérêt à le faire. Et qu’il ne le fera que si nous l’y contraignons, que si nous nous condamnons nous-mêmes en refusant encore, au terme du procès, de nous laisser aimer par lui et de l’aimer. Toute la question se ramène en effet à cela. Comme saint Jean de la Croix l’affirmait, « à la fin du jour [c’est-à-dire de la vie], c’est sur l’amour qu’on vous examinera. Apprenez donc à aimer Dieu comme Il désire l’être et laissez là ce que vous êtes » (St Jean de la Croix, Les Maximes, 80). Partant de ce principe, nous pouvons être sûrs que Dieu fera tout son possible pour que nous soyons innocentés. Il n’est pas un juge austère, sévère, impitoyable : « J’ai dû sourire à vous entendre parler des « comptes » que vous demandera notre Seigneur. Non, pour vous tous, il ne sera pas un juge, au sens austère du mot. Il sera simplement Jésus. » — Ces mots, écrits par un saint évêque, qui ont consolé plus d’un cœur en tribulation, peuvent parfaitement consoler le tien » (saint Josémaria, Chemin, n° 168). C’est un juge bienveillant, mais éminemment juste, équitable, qui « rend à chacun selon ses œuvres » (Romains 2, 6), qui, en quelque sorte, accepte de se plier à notre volonté, de nous suivre dans notre décision. Une volonté qui peut s’opposer à la sienne. Quelle est-elle ? Ce que Dieu veut, c’est de pouvoir nous dire à la fin des débats : « C’est bien, serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Maître » (Matthieu 25, 21). Comme saint Augustin le fait remarquer, « s’il menace de venir en qualité de juge, c’est pour ne trouver personne à punir quand il viendra. C’est pour cela que toutes les menaces des prophètes n’ont pas d’autre but que notre correction. Si Dieu voulait condamner, il se tairait. Personne, voulant en frapper une autre, ne lui dit : prend garde. Tout ce que l’Écriture nous fait entendre, mes frères, c’est la voix de Dieu qui nous dit : prends garde ; et tout ce que nous souffrons de tribulations en cette vie, c’est le fouet de Dieu qui veut nous corriger pour n’avoir pas finalement à nous damner » (Sermon 22, 4). Le même saint Augustin souligne à la fois la miséricorde et la justice de Dieu, dont l’une n’annule pas l’autre, mais la tempère seulement : « Par un effet de notre perversité nous voulons que Dieu soit miséricordieux et non pas juste ; d’autres, au contraire, trop confiant dans leur innocence, veulent que Dieu soit juste et non miséricordieux. Dieu se montre l’un et l’autre, ces deux attributs sont de son ressort ; la miséricorde n’empiète pas sur les droits de la justice et la justice ne supprime pas la miséricorde. Il est miséricordieux et juste. Comment prouvons-nous qu’il est miséricordieux ? Parce qu’il épargne aujourd’hui les pécheurs et donne le pardon à ceux qui s’accusent. Comment prouvons-nous qu’il est juste ? Parce qu’il viendra le jour du jugement. Dieu le diffère aujourd’hui, mais il ne le supprime pas, et quand ce jour sera venu, il rendra à chacun selon ses mérites » (Sermon 22, 5). (à suivre…)

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