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vendredi 3 avril 2015

Dictionnaire de Marie

Dictionnaire de Marie

Préface du cardinal Barbarin au Dictionnaire encyclopédique de Marie, de P.-R. Ambrogi et D. Le Tourneau, paraissant le 2 avril 2015 chez Descéle de Brouwer: Étrange paradoxe ! Comment cette « humble servante », toujours si discrète, peut-elle susciter tant de travaux depuis des siècles, et aujourd’hui encore, cette encyclopédie si abondante, si dense et si riche ? Car la Vierge Marie est habitée par le silence. D’elle, au fond, l’Évangile nous rapporte assez peu de choses : rien sur ses origines, son enfance ou la fin de sa vie terrestre, et seulement quelques éléments, essentiels, sur sa maternité (l’Annonciation et la Visitation, la Nativité, les épisodes au Temple…) et sa présence à certaines étapes du ministère public de Jésus comme Cana, « le premier signe », et lors de sa mort, au Golgotha. Dans le reste du Nouveau Testament, quasiment rien : on la voit priant avec les Apôtres avant la Pentecôte (Act 1, 14), et dans ses nombreuses épîtres, saint Paul ne fait qu’une allusion à elle : « Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme… » (Gal 4, 4). Les débats théologiques des premiers siècles . (lire la suite) l’ignorent ; ils tournent autour de la personne de Jésus, en qui nous est révélé le mystère de Dieu Trinité. Mais, au fur et à mesure que la réflexion chrétienne se développe, on la regarde davantage pour découvrir la façon dont Dieu avait préparé la venue de son Fils. Les débats sont rudes au Concile d’Éphèse pour affirmer qu’on peut et qu’on doit l’appeler « Theotokos », puisque celui qu’elle a mis au monde est vraiment Dieu. Puis, ils sont de plus en plus nombreux, les disciples du Christ, à parler d’elle et à la chanter au fil des siècles et jusqu’à nos jours. Parmi eux, saint Bernard a peut-être droit à une place particulière… En fait, une lecture plus approfondie ou plus priante et contemplative nous laisse imaginer que cette vie de silence est surtout habitée par une Parole. La première réponse de Marie à l’appel de Dieu est l’accueil de la parole-promesse (rhèma) que l’Ange Gabriel vient de lui délivrer : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole » (Luc 1, 38). Enfin, la Parole de Dieu qui poursuit sa course depuis des siècles (cf. Ps 147, 15) va atteindre son terme. Et sans doute est-ce parce qu’elle est entièrement habitée par cette parole vivante, que Marie devient demeure pour la Parole, quand le Verbe se fait chair. C’est vers Lui qu’elle ne cesse de nous conduire. Depuis vingt siècles, les disciples du Christ reçoivent pour eux la seule consigne que la Toute-Sainte ait donnée dans l’Évangile, et qui s’adressait aux serviteurs du repas, lors des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jean 2, 5) ! 8 Nous savons peu de choses sur elle, mais en un certain sens, nous en savons assez, nous savons tout, du moins pour ce qui est utile à notre salut. En Marie, se déploient la Création, l’Incarnation, la Rédemption et l’ouverture des portes du Royaume. Tout cela s’est fait discrètement, presque sans bruit, sans mots… Excepté bien sûr quand sort de ses lèvres le chant du Magnificat, où éclate sa joie. Quand j’entends Marie proclamer que « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge… » (Luc 1, 50), je considère ce demi-verset comme sa manière de résumer toute la Révélation biblique. Elle nous décrit alors comment l’Amour infini et éternel vient s’inscrire dans le temps et dans la variété des existences humaines… La promesse faite à Abraham s’est réalisée de génération en génération, et elle atteint son sommet quand l’amour du Père fait irruption dans le corps et le coeur de cette jeune fille juive de Palestine : « l’enfant qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint » dit l’ange apparu en songe à Joseph (Mat 1, 20). Et depuis des siècles, les chrétiens scrutent, contemplent ce « chef-d’oeuvre de la grâce » (ce serait peut-être une bonne manière de rendre l’intraduisible kécharitoménè de Luc 1, 28, le « pleine de grâce du Je vous salue, Marie »). Et cette somme, comme tant de travaux qui l’ont précédée, ne fait jamais qu’effleurer, malgré son volume et sa richesse, un si grand mystère. Quels mots sauraient rendre compte de ce silence… et surtout de cette Parole infinie et éternelle ? Les livres sont bavards, les hommes s’agitent et s’inquiètent, « les pasteurs courent et parlent ; et Marie est en silence », disait Pierre de Bérulle. Je suis heureux d’avoir été invité à introduire cet énorme travail. Qu’il me soit permis de placer les auteurs et leurs lecteurs sous le regard bienveillant et paisible de Notre- Dame de Fourvière, au pied de laquelle j’écris ces lignes, en ce mois du Rosaire. Oui, je les confie tous à son intercession, car comme l’a dit Péguy, il faut s’adresser « À celle qui est Marie. Parce qu’elle est pleine de grâce. À celle qui est pleine de grâce. Parce qu’elle est avec nous. À celle qui est avec nous. Parce que le Seigneur est avec elle. » S’adresser à elle, poursuit le pape François, « comme une vraie mère, qui marche avec nous, lutte avec nous, et répand sans cesse la proximité de l’amour de Dieu. » Nul doute que les lecteurs trouveront dans ces pages des chemins pour renouveler leur manière de s’adresser à elle. Merci à leurs auteurs ! Et surtout, comme le chantent les innombrables affiches qui s’offrent à nos regards à l’approche du 8 décembre, puis de Noël : « MERCI, MARIE » ! Philippe cardinal Barbarin

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