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mercredi 20 janvier 2010

Le paralytique de la piscine probatique (2)

Ils se rendent à l'endroit choisi non sans difficulté, car quantité d'infirmes y étaient étendus dans tous les espaces disponibles à proximité de la piscine, aveugles, boiteux, perclus (Jean 5, 3), une vraie « cour des miracles ». Et c'était bien le cas !
Ces pauvres gens vivaient d'espoir. Ils avaient foi dans le pouvoir de Dieu et de son ange. Ce qui les avait attirés là, c'était l'expérience, si souvent vérifiée, que, de temps à autre, un ange descendait dans l'eau de la piscine et agitait l'eau ; celui qui était le premier à descendre après que l'eau avait été agitée était guéri de son mal, quel qu'il fût (Jean 5, 4).
- Tu as vu, Demas, comment tous ces malades ont le regard fixé sur l'eau, comme hypnotisés ?
- Ils ont intérêt à le faire, Sosthène. Mais je pense que certains d'entre eux perdent leur temps à rester ici, car ils ne pourront jamais se jeter à l'eau le premier, ils n'en ont pas la force. Tiens, regarde ce paralytique, là-bas, sous le deuxième portique, celui qui a une gargoulette avec lui. Tu le vois ? Plus à droite, celui qui a les cheveux couleur filasse.
- Ça y est, je l'aperçois.
- Comment veux-tu qu'il se lève et parcoure la distance qui le sépare de l'eau ?
- Ce serait déjà un miracle.
- Assurément. Mais on s'agite beaucoup par là-bas...
- C'est peut-être l'ange...
- Non, pas du tout. Tu vois bien que ce n'est pas l'eau qui bouge. C'est peut-être le rabbi... Oui, c'est cela, c'est Jésus de Nazareth qui arrive... Je t'avais bien dit qu'il viendrait à la Ville Sainte !
- Ah ! eh bien ! nous avons de la chance !
- Tu le dis.
- Essayons de nous rapprocher un peu.
- Par ici, viens, passons par ici.
Sosthène et Demas parviennent non sans peine à se placer dans une certaine proximité du Seigneur, à un endroit d'où ils peuvent le voir passer.
Quelle n'est pas leur surprise de constater qu'il s'arrête justement devant le paralytique que Demas avait signalé à son ami. Il lui dit à voix basse :
- Regarde, Sosthène. C'est à peine croyable, le rabbi semble vouloir s'intéresser à ce pauvre hère étique que je t'ai indiqué tout à l'heure.
- Ça va peut-être changer pour lui. S'il ne peut pas se remuer tout seul, le Maître, lui, peut le porter...
- Ne dis pas de bêtises. Tu l'as déjà vu porter quelqu'un ?
- Non, je ne l'ai jamais vu d'ailleurs. Mais enfin, il va peut-être faire quelque chose pour lui.
- J'en ai le pressentiment, autrement il ne se serait pas arrêté comme cela.
- J'aimerais bien savoir ce qu'il lui dit.
- Attends un peu, nous le saurons bien quand Jésus sera reparti.
Pendant ce temps-là, Jésus et, du même coup, tous ceux qui l'escortaient, s'étaient détenus devant un homme qui était infirme depuis trente-huit ans (Jean 5, 5).
Trente-huit ans ! À l'époque, c'est toute une vie, plus qu'une génération. Il vit, il survit, le malade, tributaire de la générosité publique. Il attend. Sa situation est humainement désespérée. Il le sait. Mais il attend toujours. Quoi ? Il serait incapable de le dire. Où aller d'ailleurs ? Il n'a pas de maison. Il n'a plus de parents. Pas même d'amis. Il est seul. Alors il attend, il passe son temps à attendre, tout en gardant une lueur d'espérance, malgré un compère-loriot à l'œil droit qui l'empêche de voir en toute clarté. On ne sait jamais...
Peut-être prie-t-il secrètement le Tout-Puissant de conduire ce Jésus de Nazareth dont il a entendu parler comme tout le monde, ici, à Béthesda, et de le guérir...
Il n'ose pas trop l'espérer.
Qui peut s'intéresser à moi, se demande-t-il ? Lui, justement ! Je ne vois que lui. Ô mon Seigneur, faites quelques chose pour moi. Je n'en peux plus, vous le savez. Je ne suis pas loin de terminer ma vie, toujours grabataire...

(à suivre...)

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